Noir total. Je tire, ça pousse, je m'envole.
Je suis seul, désemparé. Merde. Me voilà bloqué, parti sans l'être. Entre deux mondes, si ce n'est plus. Peu importe. Enfin, une sortie apparaît, vibrante, chaude. Une voix. Elle parle, m'ordonne. Je dois lâcher la pipe, petit engin de mort désormais brûlant, simple pièce métallique menant à d'autres lieux. Et m'allonger.
Fusion. La matière s'emballe, la réalité se fissure. Le noir, l'obscurité est désormais une entité à part entière. La nuit, que je pensais vide et froide, se révèle colorée, animée.
Transformation. Lumière / obscurité : opposition. Je fixe un œil vert, lumineux. Energie électrique, technologie maudite, vibration malsaine, que sais-je ? La veilleuse de mon lecteur MP3, minuscule point de clarté dans toute cette obscurité multicolore m'obsède. Elle m'attire, fini par me happer.
Révélation. La lumière engendre l'obscurité. Pas de noir sans blanc. Oppositions, relations. Contrastes nécessaires à la compréhension. Changement d'échelle, de dimension. Je deviens petit, insignifiant.
Agression. L'opposition / contraste est créatrice. La matière produit son propre inverse. La veilleuse, usine lumineuse productrice d'obscurité, mécanique sans but ni conscience, tente de m'intégrer à la nuit environnante. Création. Changements.
Résistance. Je rejette la transformation en bloc. J'ai peur de perdre mon intégrité si je me laisse aller, fondre dans ce qui m'entoure. Rejet. Violence, terreur. Je regagne la réalité, dans un effort désespéré mais efficace. Simple humain confronté à ce qui le dépasse. Il est trop tôt, je le sens.
Calme. Douceur. Je suis allongé, trempé de sueur. Tremblant, hyper-sensible. Assimilation, tri, compréhension. Tout est fini.
Je m'endors.
