Hoffmansdream
Glandeuse pinéale
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- 6 Nov 2009
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Je pensais pas écrire de TR, mais ça m'a fait du bien de me souvenir de tout ça, il s'agit donc d'un petit témoignage (parmis tant d'autres) d'abord pour mon souvenir, ensuite pour ceux qui veulent y jeter un oeil. je ne rentrerai pas dans les détails de mes trips mentaux, exercice pas facile avec des mots!
Si je travaille toute l'année comme un goret, c'est pour pouvoir faire des choses que j'aime à côté. Sauf que j'ai pas tellement le temps vu que je travaille... (ne rentrons pas dans ce débat). L'été, je me fait un mois à moi à trainer la rue dans une contrée que j'affectionne. Pendant plusieurs années, ma destination phare a été Berlin que j'ai parcourue en long, en large et en travers de porc (sel, poivre). A l'époque, j'avais déjà fait l'expérience d'un certain nombre de substances psychoactives, mais pas encore de véritables expériences psychédéliques.
Dernier soir à Berlin, avec deux potos français que j'ai recroisé après qq années de silence radio A est un psychonaute averti et G a qq expériences. Ca fait plaisir de les voir. Il est 10h00. Apres une demi bouteille de whiskey, on se demande ou on pourrait aller fêter mon départ. club? club ! (si je tappais toutes les soirées noise / expérimental / electro / trash, je n'avais pas encore fait beaucoup de soirées clubs à Berlin). Petite soirée de semaine au Berghain (Kantine - club à l'exterieur). "Ca vous dit un trip?" - "OK!", pas le temps de vouloir réflechir, c'est une nouvelle expérience, la rareté de l'occasion lui donne d'autant plus de valeur.
+1h00 : Les premiers effets arrivent subtilement. Au Yaam, bar/plage de 6000 m², nous cherchons un endroit pour se poser fumer. A quelques dixaines de metres, au bord de l'eau, sous une guirlande de lumières chattoyantes, trois chaises longues nous attendent. La scène m'éblouit, et l'enthousiasme apparu rend le tableau incroyablement puissant et magnifique. La petite musique calypso réhausse mon humeur encore plus, je jubile.
Première surprise : pas facile de rouler, derrière nous, des jeunes font du bruit, s'interpellent de manière "légèrement" agressive et rient fort. G : "ils se foutent de notre gueule ou quoi?" La phrase m'attriste et ne me rassure pas tellement. Le décor s'assombrit, et devient un peu plus lugubre. la musique a perdu de sa chaleur et les couleurs deviennent plus froides. Prise de conscience : je me rend compte qu'on peut vite se faire embarquer dans le trip de quelqu'un d'autre. Je ne veux pas voir cela : "arrete donc d'être parano G, regarde les lumières, l'eau, c'est joli". Tiens, ça marche! tout se réchauffe. Ca a l'air de marcher pour G aussi.
+2h00 : arrivée au Berghain, je ne reconnais plus l'endroit ou j'étais passé il y a qq semaines. Tout parait bien plus grand quand il n'y a pas grand monde. Je suis en pleine montée, et j'ai du mal à comprendre ce que je dois faire. La file d'attente n'est pas longue. 3 homos sortent. Le genre super assumé, déguisés y tout. Normal finalement, ici c'est Berlin, en plus on est au Berghain, tout le monde se mélange et ça pose pas de problème, je ne suis pas homophobe pour un poil. Là, je flippe : j'imagine le sous sol, rempli QUE de mecs au torse nu, ultra chauds, qui se frottent contre moi l'air diabolique. Je me rend compte que je perds un peu le contrôle. On s'assoit fumer une clope. D'ici, la musique n'a pas l'air géniale, je suis pas très chaud et je ne me sens pas trop dans mon élement. G non plus. A est assez rassurant et nous explique ce qui se passe : on est bien allumés et on peut rester là à parler pendant des heures sans jamais prendre une décision, on rentre ou pas? On est pas pressés. Entre potes on se sent bien.
Chaque pensée que j'ai s'amplifie exponentiellement. quelque chose qui m'est désagréable me met dans un état d'esprit étrange. l'étrange se transforme en malaise. A l'inverse, une pensée agréable et rassurante devient belle, cela me fait sourire et mon humeur réhaussée rend la pensée encore plus splendide. Je commence à comprendre comment ça fonctionne, et ça me rend extatique.
Des images mentales : sensation d'infini, je le visualise comme un double miroir ou où la reflexion s'accélère et s'infinise (vous vous êtes déja regardé entre deux miroirs?). Chaque objet que je regarde et entouré d'un halo qui créé une mise en abime des multiples réalités... un peu comme si chaque objet se trouvait entre ces deux miroirs... (A noter que sur le moment, il s'agissait d'une évidence métaphysique...!). Je visualise mon trip comme une grosse pâte molle qui flotte entre mes mains, que je peux lancer dans une direction ou dans une autre. Si un élément ne me plait pas, et que cela s'accélère vers des pensées désagréables, je me retire et je relance vers autre chose. je contrôle, je suis bluffé. Je me rend compte finalement qu'il suffit de se concentrer sur la simple beauté de ce qui m'entoure. Je prends conscience que j'oublie trop souvent d'y prêter attention.
Prise de recul : C'est ma dernière soirée ici, je suis défoncé et j'en ai encore pour 6 heures, qu'est-ce que je vais en faire de ce trip? C'est décidé, je vais en faire un moment magnifique. Facile, il suffit de sourire à tout ce que je vois. Motivé à bloc, je partage mes pensées optmistes à mes camarades en leur disant que l'on va rendre cette soirée inoubliable. On finit par rentrer dans le club... (je crois que la décision d'accepter de rentrer dans l'univers du club, c'était finalement accepter de me laisser emporter par le trip. Si je ne savais pas ou ça allait m'emmener, j'étais rassuré par le fait que j'arrivais à contrôler la direction que je voulais lui faire prendre)
+3:00 : La musique est bonne, ou du moins j'ai décidé d'arrêter de trop juger et d'y trouver mon bonheur, donc ça le fait. Il fait soif, je gère, je vais au bar choper des bières. "Drei Bier, bitte". Cool ça marche. Qu'est-ce qu'il dit là? Ah ouais c'est vrai faut payer. Là ça devient un peu plus compliqué. Je n'arrive plus du tout à compter et la vue des sous dans ma main me fait partir dans des délires sur le mercantilisme... Concentre-toi putain. je finis par vider mes poches sur le comptoir en regardant le barman se démerder avec toutes les pièces.
Ca monte, ça redescend et ça remonte de plus belle. Un petit son electronique joue la locomotive et me propulse dans un nirvana absolu. La musique monte par vagues et je me laisse emporter. J'ouvre les yeux. tout est au ralenti, j'ai une perstistence rétinienne assez forte et chaque fois qu'un projo balaye la foule, celle-ci reste illuminée un peu plus longtemps. Tout est assez lumineux autour de moi. J'ai l'impression d'avoir un recul énorme, d'être témoin d'une multitudes de scènes sociologiques : la musique monte petit à petit et met les gens en transe, les connexions H/F se font par la danse, quand ça redescend, le volume abaissé leur permet de se glisser quelques mots à l'oreille et d'aller boire un verre... Une sorte d'agence matrimoniale tout ça. Nan enfait c'est une sorte de bunker avec des projecteurs et des gens qui marchent aux féromones. Mais qu'est-ce que je fout là moi? Je trippe c'est vrai. Je me marre bien en plus. Cool.
+7h00 : Petit dej sur une terasse, le soleil se lève, les effets se sont dissipés sauf pour les visuels auxquels je n'avais pas eu le temps de preter attention. Le ciel est plein de petits nuages gonflés. Si je me concentre, j'arrive à visualiser n'importe quel objet de mon imagination dans ce ciel : et hop ! un arrosoir ! Et maintenant, un canard !
+10h00 : Je m'endors enfin sur fond d'Autechre et d'hallus yeux fermés confuses, mais vu mon état de fatigue. Je me réveille 1h30 plus tard, assez frais, je fais mon sac en vitesse direction aéroport.
Pas mal de nostalgie en repensant à tout ça. Mine de rien ce trip m'a appris des choses : à contrôler mon humeur et mon optimisme, dans la vie de tous les jours. Je me suis rendu compte que je ne regardais pas assez le bon côté des choses, et que la beauté se cache un peu partout, du moment qu'on a les yeux ouverts... J'aime assez regarder le monde comme le ferait un enfant, essayer de ne pas juger de suite et se baser d'abord sur le ressenti. Comme pour beaucoup, ça m'a aussi fait poser pas mal de questions, notamment sur les notions de réalité et des interprétations de celle-ci (celles-ci...?)
Je pense que pour une première, le côté club, social, etc. n'etait pas des plus appropriés et surement un peu risqué, mais sur le coup j'ai eu un peu l'impression d'avoir sauté dans le grand bain sans être passé par le petit. Si sous trip, je ne me sens pas à l'aise à devoir intéragir socialement (quoique j'ai testé le bar de campagne tout récemment...), ça ne me dérange pas de me balader en mode "témoin de la vie qui m'entoure", même s'il s'agit de la vie sociale. J'ai arrêté d'être mysantrope.
Si je travaille toute l'année comme un goret, c'est pour pouvoir faire des choses que j'aime à côté. Sauf que j'ai pas tellement le temps vu que je travaille... (ne rentrons pas dans ce débat). L'été, je me fait un mois à moi à trainer la rue dans une contrée que j'affectionne. Pendant plusieurs années, ma destination phare a été Berlin que j'ai parcourue en long, en large et en travers de porc (sel, poivre). A l'époque, j'avais déjà fait l'expérience d'un certain nombre de substances psychoactives, mais pas encore de véritables expériences psychédéliques.
Dernier soir à Berlin, avec deux potos français que j'ai recroisé après qq années de silence radio A est un psychonaute averti et G a qq expériences. Ca fait plaisir de les voir. Il est 10h00. Apres une demi bouteille de whiskey, on se demande ou on pourrait aller fêter mon départ. club? club ! (si je tappais toutes les soirées noise / expérimental / electro / trash, je n'avais pas encore fait beaucoup de soirées clubs à Berlin). Petite soirée de semaine au Berghain (Kantine - club à l'exterieur). "Ca vous dit un trip?" - "OK!", pas le temps de vouloir réflechir, c'est une nouvelle expérience, la rareté de l'occasion lui donne d'autant plus de valeur.
+1h00 : Les premiers effets arrivent subtilement. Au Yaam, bar/plage de 6000 m², nous cherchons un endroit pour se poser fumer. A quelques dixaines de metres, au bord de l'eau, sous une guirlande de lumières chattoyantes, trois chaises longues nous attendent. La scène m'éblouit, et l'enthousiasme apparu rend le tableau incroyablement puissant et magnifique. La petite musique calypso réhausse mon humeur encore plus, je jubile.
Première surprise : pas facile de rouler, derrière nous, des jeunes font du bruit, s'interpellent de manière "légèrement" agressive et rient fort. G : "ils se foutent de notre gueule ou quoi?" La phrase m'attriste et ne me rassure pas tellement. Le décor s'assombrit, et devient un peu plus lugubre. la musique a perdu de sa chaleur et les couleurs deviennent plus froides. Prise de conscience : je me rend compte qu'on peut vite se faire embarquer dans le trip de quelqu'un d'autre. Je ne veux pas voir cela : "arrete donc d'être parano G, regarde les lumières, l'eau, c'est joli". Tiens, ça marche! tout se réchauffe. Ca a l'air de marcher pour G aussi.
+2h00 : arrivée au Berghain, je ne reconnais plus l'endroit ou j'étais passé il y a qq semaines. Tout parait bien plus grand quand il n'y a pas grand monde. Je suis en pleine montée, et j'ai du mal à comprendre ce que je dois faire. La file d'attente n'est pas longue. 3 homos sortent. Le genre super assumé, déguisés y tout. Normal finalement, ici c'est Berlin, en plus on est au Berghain, tout le monde se mélange et ça pose pas de problème, je ne suis pas homophobe pour un poil. Là, je flippe : j'imagine le sous sol, rempli QUE de mecs au torse nu, ultra chauds, qui se frottent contre moi l'air diabolique. Je me rend compte que je perds un peu le contrôle. On s'assoit fumer une clope. D'ici, la musique n'a pas l'air géniale, je suis pas très chaud et je ne me sens pas trop dans mon élement. G non plus. A est assez rassurant et nous explique ce qui se passe : on est bien allumés et on peut rester là à parler pendant des heures sans jamais prendre une décision, on rentre ou pas? On est pas pressés. Entre potes on se sent bien.
Chaque pensée que j'ai s'amplifie exponentiellement. quelque chose qui m'est désagréable me met dans un état d'esprit étrange. l'étrange se transforme en malaise. A l'inverse, une pensée agréable et rassurante devient belle, cela me fait sourire et mon humeur réhaussée rend la pensée encore plus splendide. Je commence à comprendre comment ça fonctionne, et ça me rend extatique.
Des images mentales : sensation d'infini, je le visualise comme un double miroir ou où la reflexion s'accélère et s'infinise (vous vous êtes déja regardé entre deux miroirs?). Chaque objet que je regarde et entouré d'un halo qui créé une mise en abime des multiples réalités... un peu comme si chaque objet se trouvait entre ces deux miroirs... (A noter que sur le moment, il s'agissait d'une évidence métaphysique...!). Je visualise mon trip comme une grosse pâte molle qui flotte entre mes mains, que je peux lancer dans une direction ou dans une autre. Si un élément ne me plait pas, et que cela s'accélère vers des pensées désagréables, je me retire et je relance vers autre chose. je contrôle, je suis bluffé. Je me rend compte finalement qu'il suffit de se concentrer sur la simple beauté de ce qui m'entoure. Je prends conscience que j'oublie trop souvent d'y prêter attention.
Prise de recul : C'est ma dernière soirée ici, je suis défoncé et j'en ai encore pour 6 heures, qu'est-ce que je vais en faire de ce trip? C'est décidé, je vais en faire un moment magnifique. Facile, il suffit de sourire à tout ce que je vois. Motivé à bloc, je partage mes pensées optmistes à mes camarades en leur disant que l'on va rendre cette soirée inoubliable. On finit par rentrer dans le club... (je crois que la décision d'accepter de rentrer dans l'univers du club, c'était finalement accepter de me laisser emporter par le trip. Si je ne savais pas ou ça allait m'emmener, j'étais rassuré par le fait que j'arrivais à contrôler la direction que je voulais lui faire prendre)
+3:00 : La musique est bonne, ou du moins j'ai décidé d'arrêter de trop juger et d'y trouver mon bonheur, donc ça le fait. Il fait soif, je gère, je vais au bar choper des bières. "Drei Bier, bitte". Cool ça marche. Qu'est-ce qu'il dit là? Ah ouais c'est vrai faut payer. Là ça devient un peu plus compliqué. Je n'arrive plus du tout à compter et la vue des sous dans ma main me fait partir dans des délires sur le mercantilisme... Concentre-toi putain. je finis par vider mes poches sur le comptoir en regardant le barman se démerder avec toutes les pièces.
Ca monte, ça redescend et ça remonte de plus belle. Un petit son electronique joue la locomotive et me propulse dans un nirvana absolu. La musique monte par vagues et je me laisse emporter. J'ouvre les yeux. tout est au ralenti, j'ai une perstistence rétinienne assez forte et chaque fois qu'un projo balaye la foule, celle-ci reste illuminée un peu plus longtemps. Tout est assez lumineux autour de moi. J'ai l'impression d'avoir un recul énorme, d'être témoin d'une multitudes de scènes sociologiques : la musique monte petit à petit et met les gens en transe, les connexions H/F se font par la danse, quand ça redescend, le volume abaissé leur permet de se glisser quelques mots à l'oreille et d'aller boire un verre... Une sorte d'agence matrimoniale tout ça. Nan enfait c'est une sorte de bunker avec des projecteurs et des gens qui marchent aux féromones. Mais qu'est-ce que je fout là moi? Je trippe c'est vrai. Je me marre bien en plus. Cool.
+7h00 : Petit dej sur une terasse, le soleil se lève, les effets se sont dissipés sauf pour les visuels auxquels je n'avais pas eu le temps de preter attention. Le ciel est plein de petits nuages gonflés. Si je me concentre, j'arrive à visualiser n'importe quel objet de mon imagination dans ce ciel : et hop ! un arrosoir ! Et maintenant, un canard !
+10h00 : Je m'endors enfin sur fond d'Autechre et d'hallus yeux fermés confuses, mais vu mon état de fatigue. Je me réveille 1h30 plus tard, assez frais, je fais mon sac en vitesse direction aéroport.
Pas mal de nostalgie en repensant à tout ça. Mine de rien ce trip m'a appris des choses : à contrôler mon humeur et mon optimisme, dans la vie de tous les jours. Je me suis rendu compte que je ne regardais pas assez le bon côté des choses, et que la beauté se cache un peu partout, du moment qu'on a les yeux ouverts... J'aime assez regarder le monde comme le ferait un enfant, essayer de ne pas juger de suite et se baser d'abord sur le ressenti. Comme pour beaucoup, ça m'a aussi fait poser pas mal de questions, notamment sur les notions de réalité et des interprétations de celle-ci (celles-ci...?)
Je pense que pour une première, le côté club, social, etc. n'etait pas des plus appropriés et surement un peu risqué, mais sur le coup j'ai eu un peu l'impression d'avoir sauté dans le grand bain sans être passé par le petit. Si sous trip, je ne me sens pas à l'aise à devoir intéragir socialement (quoique j'ai testé le bar de campagne tout récemment...), ça ne me dérange pas de me balader en mode "témoin de la vie qui m'entoure", même s'il s'agit de la vie sociale. J'ai arrêté d'être mysantrope.
