Quoi de neuf ?

Bienvenue sur Psychonaut.fr !

En vous enregistrant, vous pourrez discuter de psychotropes, écrire vos meilleurs trip-reports et mieux connaitre la communauté

Je m'inscris!

L'ADDICTION 4 - Le retour du refoulé, et la recherche de sensation

  • Auteur de la discussion Deleted-1
  • Date de début
D

Deleted-1

Invité
RETOUR DU REFOUL[size=medium]É, REVIVISCENCE DES TRAUMAS ET ANGOISSES PASSÉES[/size]


[size=medium]Cet article est une recomposition de paragraphes prélevés dans différents articles, dont les sources sont dans l'introduction.[/size]


La mise en acte et les sensations corporelles et psychiques induites par l’addiction, quel que soit le rôle d’une éventuelle prédisposition biologique, activent les traces mnésiques des expériences primaires de satisfaction et d’insatisfaction. A l'adolescence, les souvenirs remontent alors naturellement comme dans un retour du refoulé.


QUELLES ANGOISSES RECHERCHENT-ON A RETROUVER AU FOND DE NOUS ?

Si « trouver un objet d’amour n’est aussi que le retrouver » (Freud), trouver la dépression n’est aussi que la retrouver. Ainsi la majorité des addicts effectuent une lecture du passé comme narcissiquement douloureuse et le relient au présent à travers des expériences traumatiques désorganisatrices précoces ou tardives (maltraitance, sensation d'abandon, divorce des parents, humiliations, inceste, etc). Ces expériences les placent face à un vécu d’impuissance ou d’incapacité à percevoir, élaborer et contrôler une situation de détresse et de déception vitale pour leur narcissisme, et entraînent la dépression essentielle. Celle-ci est caractérisée par la peur de la défaillance ou de l’éloignement de l’objet (plus d’ailleurs que de sa disparition), objet alors qualifié de décevant (après avoir été idéalisé). Cet objet décevant soumet le sujet à la précarité, au manque ; il ne terrorise ni ne persécute comme l’objet de la psychose ; il ne culpabilise ni n’interdit comme l’objet de la névrose ; mais il abandonne le sujet à sa détresse, à sa solitude, sans secours, sans recours. Semblables, mais non identiques, sont les étapes de l’illusion, de la désillusion, de la dépendance, de l’inversion de la jouissance en souffrance, du déni au désarroi.

Revivre les angoisses infantiles au travers d'actes répétés et plus ou moins contrôlés

Le collage sans écart des réflexes primitifs de survie à un objet réel conduit à supposer dans les toxicomanies des carences gravissimes de la relation maternelle primaire. Deux hypothèses se présentent à ce propos, non exclusives l’une de l’autre : d’une part, un environnement qui n’aurait pas apporté de signification aux excitations corporelles (angoisses qui marquent), d’autre part, des zones corporelles que des traumas ou des failles biologiques auraient laissées inertes (dépersonnalisation quand à des parties de soi).

La première possibilité serait donc la suivante : le toxicomane chercherait à revivre, dans les modifications cénesthésiques apportées par le psychotrope, des stimulations indifférenciées, mêlant le corporel et l’émotionnel, analogues aux excitations précoces qui assaillent le nouveau-né impuissant à les démêler. Ces stimulations auraient été vécues par le bébé sans qu’on lui ait apporté suffisamment de nomination, discrimination ou ordonnancement (il reste confus et indéterminé quand à ce qu'il éprouve). Les excitations psycho-corporelles seraient restées en partie sans signification, sans explication, et elles seraient donc traumatiques, angoissantes. D'où le besoin de rechercher des sensations afin de se sentir exister dans son être, pour se comprendre.


LE MODÈLE DE LA RECHERCHE DE SENSATION - Dans l’addiction, il y a remplacement d’une émotion par une sensation


Ce besoin peut être considéré comme un facteur explicatif des conduites addictives. La recherche de sensations correspond au besoin d’expériences nouvelles, complexes et variées. Pour avoir de telles expériences, des risques physiques et sociaux sont ainsi pris par le sujet addict, afin de maintenir un niveau optimal élevé d’activation cérébrale. Ce modèle paraît assez bien correspondre à certaines conduites addictives et il démontre leur aspect d’élation et d’hédonisme.

Il faut alors distinguer deux périodes : la phase d’initiation et celle de l’installation de la dépendance.

- La recherche de sensations pourrait jouer un rôle dans la rencontre du produit, qui servira de base à l’addiction et à son pouvoir initiatique : la recherche d’expériences nouvelles, l’attrait pour les situations fortes, pour le changement, la nouveauté et la sensibilité à l’ennui peuvent donner à certains produits le pouvoir d’accroître les sensations.

- La seconde phase, correspondant à l’installation de la dépendance, est marquée par la poursuite de l’usage du produit sous l’influence des exigences adaptatives liées à l’anxiété et au sevrage, conséquences de l’addiction (se sevrer est anxiogène et ça donne envie de consommer d'autant plus pour fuir l'anxiété, il y a là un cercle vicieux).

Se prémunir des effets de la dépersonnalisation

La nécessité de créer à tout prix des sensations corporelles grâce aux propriétés pharmacologiques de l’objet ouvre une autre possibilité : le corps, sans la drogue, serait ressenti comme inerte, dans une absence ou une insuffisance de sensations générant une angoisse de non-existence (dépersonnalisation). Le toxicomane n’aurait pas d’enveloppe corporelle close sur elle-même, auto-suffisante, délimitant une appropriation de soi. Il s’agit dans l'addiction d’assurer la continuité d’un contenu psychique sans contenant, le corps étant ce contenant non reconnu quand on est dépersonnalisé, détaché de ses affects. Rappelons nous que notre part psychotique cherche à nous définir une identité quand on doute de soi, quand on a du mal à se reconnaitre pour donner sens et consistance à son existence.

Il est utile de souligner qu'à l’ordinaire les émotions connaissent habituellement des modulations fines et sensibles, les drogues, au contraire, produisent un effet brutal de sensation en lieu et place des émotions. Ce fait semble déterminant pour éclairer un des motifs de l’intérêt du sujet psychotique quant à l’effet que produit la drogue sur sa psyché. Plus précisément il s'agirait d’un monde de représentations indésirables plutôt que des émotions. Les sensations produites par les drogues viennent évincer les émotions et les représentations marquées par des angoisses. En résumé, les drogues favorisent la stimulation du système dopaminergique et font émerger des sensations là où il y avait auparavant des représentations menaçantes, dépersonnalisantes. L’être serait ainsi apaisé en installant en son sein un univers déconnecté de toute inquiétante sollicitation. Plus de réel menaçant, plus de signifiant despotique et colonisateur de l’âme.

Ce complément qu'est la drogue serait cherché dans la réalité pour tenter d’éveiller ces « zones corporelles muettes », et ainsi dépasser cet état de dépersonnalisation où l'on a l'impression d'être scindé dans son être, qu'il nous manque une part de soi. Or, une inertie corporelle laisse toujours supposer des traumatismes précoces : sévices, soins vécus comme agressifs, douleurs corporelles du bébé d’origine diverse, stimulations excessives. Les zones corporelles vides de représentation pourraient aussi correspondre à de petites failles biologiques, éventuellement d’ordre génétique, créant chez le bébé un malaise psycho-corporel, très perturbant, incompris par l’environnement et donc affectant l’établissement de l’appropriation corporelle.

Fonction de la drogue vis à vis des sensations

La répétition de la prise de drogue tenterait de re-susciter l’afflux de sensations, de douleurs (besoin de revivre un évènement traumatique), ou bien de provoquer un ressenti (bon ou mauvais), dans la recherche incessante d’une représentation corporelle signifiante. Toute répétition indique qu’un traumatisme est resté actif et cherche sans cesse et sans succès à s'échapper de soi. L’addiction s’établit, si les effets de la drogue sont capables chez le sujet de permettre la reviviscence d’éléments angoissants en restituant l’expérience traumatique passée. En ce sens la nature spécifique du produit et le noyau pathogène de celui qui s’y adonne sont inséparables, l'addiction ne résulte donc pas d'une envie, mais d'un besoin.

Cette expérience de répétition traumatique est marquée par l’angoisse de mort, que celle-ci se soit imposée d’un coup par un trauma isolé ou plus insidieusement par des traumatismes cumulatifs. La prise de toxique remet en jeu les pulsions de mort latentes, refoulées jusque là. En même temps que l’autodestruction s’opère, la drogue donne l’illusion d’en triompher, de maitriser sa personne dans une reconnexion avec soi, une retrouvaille avec son enfant intérieur dans un dialogue rompu jusque là. Les pathologies toxicomaniaques sont essentiellement paradoxales, non dans un double discours, mais dans une aporie existentielle : ce qui donne la mort assure la survie. Le travail effectué en service d’Addictologie pourrait être ainsi décrit : il s’agit d’un travail qui va au-delà d’un simple sevrage. C’est un soin « renarcissisant ». L’objectif étant d’élever le sujet du besoin vers le désir, d’un univers de sensations à un monde d’émotions.


LE CIRCUIT DE RÉCOMPENSE

Il faudrait dédier un article entier au circuit de récompense, mais je n'en ai pas le temps pour le moment, donc je dépose juste un lien vers la page Wikipédia, en attendant de voir ce que j'en ferais, quand j'aurais terminé de poster la suite des articles.

 
Haut