La dictature du "bonheur"

[Beetlejuice]

Salut les ami(e)s. 

Je voulais vous partager quelque chose qui me tenait à coeur, pour peut-être en aider certain(e)s à ne pas rester/tomber dans le même piège que moi.

De mes 20 ans a 30 ans, je me suis intéressé à la spiritualité et au développement personnel. 
J'ai testé et écouté un peu de tout, taoïsme, stoïcisme, développement personnel plus à "la mode" (go muscu, douche froide etc...)

J'ai médité chaque jour sauf que je l'ai fait dans un but d'atteindre quelque chose : un bien être, une expérience "mystique" ou encore l'éveil. C'est l'erreur que j'ai fais et je m'en suis rendu compte il y a un an. 
Maintenant quand je médite, je ne fais rien. Méditer c'est simplement rester assis avec soi-même et observer/être présent. Ou ça peut-être aussi pendant la journée, s'arrêter, observer les gens, la nature, un objet... ou encore respirer l'air consciemment, se concentrer sur une sensation physique (vent, chaud, froid etc...)
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Mais le plus important ici c'est que j'aimerai vous dire de faire attention à ne pas tomber dans un piège qu'il soi scientifique, philosophique, culturel ou spirituel en pensant que ça va vous rendre "meilleur" ou heureux.

De ce que j'expérimente depuis 2 mois, la meilleure option pour être plus heureux, c'est de ne pas trop prendre la vie et les croyances collectives/personnel trop au sérieux. 
C'est de s'aimer (au moins d'essayer chaque jour) et surtout se laisser vivre et parfois ça veut dire que si vous vous sentez en colère ou triste, c'est tout à fait normal et OK. 
Juger les gens aussi et parfois ça fait même du bien! Si vous voyez des gens faire des truc ridicules ou être méchant, ça peut faire du bien d'avoir un dialogue interne et tourner ça à la dérision et d'en rigoler ou de lâcher une bonne insulte. 

Je pense que tant que vous n'avez pas tué quelqu'un ou que vous n'abusez pas d'une personne psychologiquement ou physiquement, alors vous n'avez aucune raison de vous sentir mal ou honteux. 
Vous pouvez décider maintenant de vous juger moins et même si vous continuez à vous auto-juger, vous dire que c'est okay et que ça prend du temps pour s'aimer et se sentir mieux dans sa peau. 

Au fur et à mesure que vous vous sentirez mieux dans votre peau, vous verrez votre vision de vous même et du monde externe changer. (ça influencera fortement aussi le regard des gens qui vous verrons plus souvent d'une manière neutre ou positive plutôt que négative car vous leur enverrez une image de quelqu'un de "relax" ou "bien dans sa peau")

Il y aura toujours des moments négatif (ça fait partie de la vie et tant mieux, pas de bien sans mal et vice-versa) mais dans l'ensemble, les choses vous impacteront moins, vous sourirez aux gens par plaisir et vous aurez aussi plus de facilité à interagir avec eux, prendre MOINS ou PAS personnellement leurs jugements/comportements envers vous ou les autres etc... 

A notre époque on est bombardé avec le marketing, le développement personnel, les idéologies spirituelles ou psychologie positive... tout ça fait qu'on devient trop sensible au moindre petit inconfort et qu'on à vite l'impression que quelque chose cloche chez nous ou encore qu'il faut devenir "meilleur". Non, c'est toxique et dangereux tout ça, mettez ça de côté un moment et vivez. 
Un jour à la fois. 

 

[NiamorV]

Tout à fait.

Voiloir le bonnheur, vouloir "lâcher prise", vouloir s'améliorer, si ça vient d'un élan de volonté, guerrier, où on va y aller en force et avec le mental, et on entretiens le cycle de violences qu'on se fait à soi même.
Le bien être, il arrive quand on arrète de le rechercher... quand on accepte tout ce qui est, y compris les souffrances, dans la conscience de chaque instant.

 

[Sorence]

@NiamorV, je ne peux m’empêcher de voir une contradiction (ou une identité, je sais pas exactement) entre tes deux paragraphes.
Je veux dire : en lisant le second, comment ne pas vouloir arrêter, accepter (ce qu’on pourrait appeler lâcher prise) ? Et on en revient au premier.

 

[NiamorV]

Eh oui, tout le paradoxe de la volonté est bien là.
Comment vouloir ne pas vouloir?
...la réponse que j'ai est que la volonté est une étape nécessaire, qui permet d'expérimenter la confiance, et que, peu à peu, on finit par s'abandonner à "plus grand que soi", en (se) laissant être, depuis un endroit qui est en lien avec le flot de la vie et pas dans une forme de lutte.

Je ne sais pas si c'est plus clair? (j'ai un doute lol).

J'ai une citation d'OSHO qui je trouve illustre bien ce processus.

OSHO - La voie de l'amour
On devrait d’abord aller dans le monde; dans le monde la volonté est nécessaire. Il faut aller combattre, lutter, car le combat vous donne de l’acuité, de l’intelligence. Mais on ne devrait pas continuer à se battre sans cesse jusqu’à la fin.
Tout d’abord, aiguisez votre intelligence, connaissez les voies du monde, parcourez le monde, soyez un conquérant, et puis... tournez-vous vers l’intérieur. Vous avez connu l’extérieur, maintenant essayez de connaître l’intérieur.
Et pour connaître l’intérieur, il faut se détendre, s’abandonner. Il faut oublier l’anxiété, l’angoisse, la tension. Il ne faut pas avoir l’esprit de compétition; la volonté n’est pas nécessaire. La volonté est nécessaire pour conquérir le monde, mais pas pour rencontrer le divin.
Seuls des egos forts peuvent s’abandonner; des egos faibles ne le peuvent pas. Un ego faible hésite; s’abandonner ou ne pas s’abandonner. Pourquoi a-t-il peur ? Il a peur parce qu’il sait qu’il a un ego très faible; s’il s’abandonne, il est perdu. Il ne sera pas capable de résister. Il a peur de sa faiblesse intérieure. A l’extérieur, il donne le change, mais il connaît sa réalité intérieure — il sait qu’il est prêt. Alors il se protège, il se met sur la défensive. Quand une personne dotée d’un fort ego vient à moi, elle dit : « D’accord. Voyons. Essayons aussi cela. ». Il est assez confiant pour savoir que même s’il s’engage sur un chemin inconnu, il pourra encore se protéger. Et s’il décide de revenir en arrière, il pourra le faire; il a assez de confiance, assez de confiance en lui. Il a assez de volonté.
Souvenez-vous en, l’abandon est le plus grand acte de volonté, et le dernier. L’abandon n’est ni bon marché, ni facile. L’abandon n’est pas l’impuissance. L’abandon ne vient pas de l’impuissance, mais d’un immense pouvoir.
Vous avez vécu les voies de la volonté et vous n’avez rien trouvé. Vous avez considéré toutes les possibilités de l’ego, et vous avez seulement souffert, vous êtes tout simplement meurtri. Alors vous décidez : « Maintenant, essayons l’ultime solution : laissons tomber l’ego. »
Pour laisser tomber l’ego, vous aurez besoin d’une grande volonté. Sans volonté, ce n’est pas facile de le laisser tomber. C’est le plus grand acte du monde, le dernier. Seuls des gens très courageux peuvent le faire. »

 

[Beetlejuice]

D'ailleurs il y a une très belle chanson qui illustre ce que je dis:

[video=youtube]

[font=arial, sans-serif]A picture paints a thousand words
As one door closes another door opens
Two wrongs don't make a right[/font]
[font=arial, sans-serif]Now good things come to those who wait
Take the highs with the lows dear
You'll get what you're given
And everything's gonna be alright[/font]
[font=arial, sans-serif]Just 'cause you're old you think you're wise
(Who the hell are you though?)
I didn't even ask for your advice
(You wanna keep your mouth shut?)
You wanna take your thoughts elsewhere?
('Cause you're doing in my nut)
And do you think I care?[/font]
[font=arial, sans-serif]Say what you say, do what you do
Feel what you feel as long as it's real
I said take what you take and give what you give
Just be what you want just as long as it's real[/font]
[font=arial, sans-serif]Now by a horse I once was told
That all that glitters is not gold
And all that is to fear is fear itself[/font]
[font=arial, sans-serif]This horsey also told me
I should keep my friends close
But keep my enemies closer
So as to protect myself[/font]
[font=arial, sans-serif]Just 'cause you're old you think you're wise
(Who the hell are you though?)
I didn't even ask for your advice
(You wanna keep your mouth shut?)
You wanna take your thoughts elsewhere?
('Cause you're doing in my nut)
And do you think I care?[/font]
[font=arial, sans-serif]Say what you say, do what you do
Feel what you feel as long as it's real
I said take what you take and give what you give
Just be what you want just as long as it's real[/font]
[font=arial, sans-serif]Say what you say, do what you do
Feel what you feel as long as it's real
I said take what you take and give what you give
Just be what you want just as long as it's real[/font]
[font=arial, sans-serif]Say what you say, do what you do
Feel what you feel as long as it's real
I said take what you take and give what you give
Just be what you want just as long as it's real[/font]
[font=arial, sans-serif]Say what you say, do what you do
Feel what you feel as long as it's real
I said take what you take and give what you give
Just be what you want just as long as it's real[/font]

 

[Sorence]

@NiamorV je comprends la citation mais je ne trouve pas qu’elle règle le problème, loin de là…

D’abord, il y une succession temporelle, ok, mais du coup quand vient le moment de vouloir ne pas vouloir, le mystère reste entier.
Ensuite et surtout, ce mystère, ce paradoxe, reste dans la dialectique du fort et du faible (au moins c’est dit clairement lol), de l’exigence culpabilisante que dénonçait justement Beetlejuice… en gros si t’arrives pas à faire ce truc impossible, c’est parce que t’es faible.
Merci bien ^^

Je préfère de loin les sagesses antiques… à l’époque on ne considérait pas le « mental » comme un ennemi, mais comme un outil. Il y avait l’étude des textes, et la réflexion et le dialogue, et la pratique. Selon les écoles on allait s’exercer à distinguer ce qui dépend de nous et de qui ne dépend pas de nous, ou à reconnaître et apprécier les petits plaisirs du quotidien… la pensée conscience ayant une place importante dans le processus. Ainsi en rentrant chez moi, fatigué et énervé, tourmenté par le passé et angoissé par l’avenir, je m’exerce à me dire : j’ai un toit, je mange à ma faim, personne n’est mort aujourd’hui. Je me concentre sur mes sensations, ai-je mal ? Pas vraiment. Ai-je froid ? Pas vraiment. Alors quoi ? C’est l’épicurisme.
En comparaison, les discours sur la mort de l’ego me semblent complètement hors-sol… tout juste bons à alimenter une quête sans limite pour un état inatteignable.

 

[Sandman]

En comparaison, les discours sur la mort de l’ego me semblent complètement hors-sol… tout juste bons à alimenter une quête sans limite pour un état inatteignable.

La mort de l'ego est impossible, par contre je pense que l'ego tel qu'on l'entend familièrement est producteur de passions tristes et qu'une partie de la philosophie antique consiste à mettre de la rationalité dans ces passions.

Et je pense que par ce processus il est possible d'avoir moins d'ego. Donc d'être moins touché par ce qui ne dépend pas de nous (bonjour Epictète), d'être moins affecté par la jalousie, la colère, le mépris, la peur etc...

Et pour avoir lu beaucoup de témoignage sur la perte d'ego il me semble que c'est plus ce coté qui est recherché plutôt qu'une sorte de Nirvana permanent ou les être serait illuminés par la présence de l'instant dans une sorte de béatitude plate.

 

[Sorence]

Je serais d'accord avec toi si dans la mouvance new-age slash développement personnel, la rationalité n'était pas justement vue comme une ennemie, rangée du côté de l'ego.
Ce qui participe d'ailleurs de ce que je trouve dangereux dans tout ça... en gros si tu remets des trucs en question on te répond que t'as trop d'ego. C'est le contraire d'apprendre à penser par soi-même. On devrait pas appeler ça du développement ^^

Ce podcast d'une ancienne adepte de la pensée positive explique très bien tout ça, elle ne parle pas que de pensée positive d'ailleurs mais aussi de tout le rapport du développement personnel à la pensée en général, à l'ego...
https://metadechoc.fr/podcast/chron...aine/les-dangers-de-la-pensee-positive-bonus/

 

[Beetlejuice]

Ca y est vous êtes déjà entrain de faire des discours et débats... vivez c'est tout, faites ce que vous aimez et vous posez plus de question, du jour au lendemain la mort viendra pour chacun

 

[Sandman]

Je serais d'accord avec toi si dans la mouvance new-age slash développement personnel, la rationalité n'était pas justement vue comme une ennemie, rangée du côté de l'ego.
Ce qui participe d'ailleurs de ce que je trouve dangereux dans tout ça... en gros si tu remets des trucs en question on te répond que t'as trop d'ego. C'est le contraire d'apprendre à penser par soi-même. On devrait pas appeler ça du développement ^^

Ce podcast d'une ancienne adepte de la pensée positive explique très bien tout ça, elle ne parle pas que de pensée positive d'ailleurs mais aussi de tout le rapport du développement personnel à la pensée en général, à l'ego...
https://metadechoc.fr/podcast/chron...aine/les-dangers-de-la-pensee-positive-bonus/

Je suis d'accord avec toi. Le mot "ego" est un fourre tout dont beaucoup se serve pour passer leurs idées.

Malgré ça je pense qu'on devrait pouvoir l'utiliser pour définir ce phénomène comportemental narcissique. Par exemple c'est pas parce que le mot "énergie" est utilisé à toutes les sauces par les gourous du new-age que les physiciens vont cesser de l'utiliser.

Ca y est vous êtes déjà entrain de faire des discours et débats... vivez c'est tout, faites ce que vous aimez et vous posez plus de question, du jour au lendemain la mort viendra pour chacun

La vie c'est aussi discourir et débattre. Au fond quand on y met pas trop d'ego et qu'on sait écouter le débat et la discussion font partie de ce qu'il y a de plus jouissif dans la vie je trouve.

 

[Sorence]

Malgré ça je pense qu'on devrait pouvoir l'utiliser pour définir ce phénomène comportemental narcissique. Par exemple c'est pas parce que le mot "énergie" est utilisé à toutes les sauces par les gourous du new-age que les physiciens vont cesser de l'utiliser.

Haha ouais bonne comparaison. C’est juste que c’est compliqué aujourd’hui de distinguer ce qui en serait l’usage bon ou commun.
Pour coller aux pratiques méditatives (que je trouve pas forcément degueu) sans parler d’ego, je dirais que ce sont les ruminations qui produisent des passions tristes.
Écoute, j’ai cédé à la mode et ouvert le bouquin de Pollan, dedans il y a un type qui parle du réseau neuronal par défaut, qui s’activerait entre autres lorsqu’on rumine, et d’après ce type, ce serait littéralement la matérialisation de l’ego freudien.

Ca y est vous êtes déjà entrain de faire des discours et débats... vivez c'est tout, faites ce que vous aimez et vous posez plus de question, du jour au lendemain la mort viendra pour chacun

Du coup chut non ? ^^

 

[Sandman]

Écoute, j’ai cédé à la mode et ouvert le bouquin de Pollan, dedans il y a un type qui parle du réseau neuronal par défaut, qui s’activerait entre autres lorsqu’on rumine, et d’après ce type, ce serait littéralement la matérialisation de l’ego freudien.

Intéressant j'y jetterais un œil. Pour le coup le terme de "ruminations" me parait un peu générique mais après tout le terme "ego" l'est tout autant.

Pour ma part la ou je suis pas tout à fait d'accord c'est que l'ego négatif peut intervenir d'une manière plutôt spontanée et pulsionnelle.

Ce que je trouve juste en revanche c'est le coté purement fantasmé et intérieur de la rumination, purement tourné exclusivement vers le moi sans prendre en compte les aspect comportementales et personnel du problème. Comme si tous les soucis du moi venait d'un antagoniste hostile au moi qui venait constamment de l'extérieur.

Au final l'ego se nourrit de lui même et se pense tellement unique et hermétique à l'empathie qu'il y a comme une surcharge qui viendrait se mettre entre lui et le monde, l'altérité. Souvent je trouve que cette réaction émane d'un aspect foncièrement défensif, comme si l'individu dans son unité psychique se sentait agressé constamment. Surement une compensation due à un manque de confiance et/ou à de l'anxiété sociale.

J'ai eu des périodes très égotique et c'est comme cela que je l'ai ressenti en tout cas. Mais on pourrait parler des egos narcissiques gonflés au pouvoir, à l'argent, à la jalousie, aux croyances religieuses.

Bref c'est large comme sujet.