Loutre
Holofractale de l'hypervérité
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Bonjour, bonsoir.
En qualité de jeune écervelée avide de découvertes et d’états de consciences remaniés, j’expérimente depuis quelques temps déjà, au gré des occasions, des trouvailles et des envies, diverses surprises illicites. Mon cervelet en frétille.
Cela fait quelques temps que je furette dans le coin, sans pour autant poster quoique ce soit. Voilà qui sera fait. Je présente mes condoléances par avance aux yeux vaillants qui liront, c’est long (mais pas chiant.)(si ?). Et merci aux monsieurs et aux madames qui peut être y répondront.
Cela faisait quelques temps que j’étais assez curieuse de la kétamine. Puis, l’occasion s’est présentée. Je n’avais jamais pris de dissociatifs auparavant, et même si je m’étais documentée, j’ai pris cher dans mon popotin, pour ainsi dire. Ca ne ressemble à rien de ce que j’ai pu essayer, et je suis incapable de dire, au final, si j’ai apprécié ou non.
Je ne sais pas jusqu’à quel point je suis allée, je ne sais pas si c’est « ça » la kéta, je ne sais pas si cela aurait pu se passer différemment, je ne sais pas si cette came est faite pour moi, je ne sais pas si des améliorations sont possibles, si c’est censé être plus agréable, ou non. On pourra peut être m’éclairer ? M’expliquer ce qu’il m’est arrivé ? Ou pas. Ce que je sais en revanche, c’est que j’ai eu la main un peu (trop) lourde en ce qui concerne mon dosage.
J’ai fait un micro test, 1 semaine avant le vrai test. Une ligne de la longueur d’une phalange, épaisse de quelque chose comme 2 millimètres. Quasiment rien senti, si ce n’est une très très légère sensation cotonneuse. Je décide de reprendre une ligne 1 heure plus tard, du double en longueur. Je me suis sentie très vite bourrée. Je pouvais me lever et me mouvoir, je me sentais juste bourrée. Fin du micro test.
Nous voilà donc une semaine plus tard au vrai test. Nous sommes deux, mon monsieur et moi.
Cette fois ci, je décide de me faire deux lignes d’environ 5 cm chacune (toujours de 2 mm d’épaisseur). J’en mets moins à mon mec (2 lignes de 4 cm), parce que bon, hein, faut pas déconner, pas envie de lui faire courir le risque d’un « trop ».
Sniff sniff sniff. Sniff sniff sniff.
Oh tiens, je sens quasiment pas le goût dégueulasse cette fois. Ca fait froid.
C’est là que ça se complique.
Perdue, perdue. Très rapidement, ma perception « consciente » du monde extérieur s’est restreinte pour n’être réduite qu’au coin de la table basse qui me faisait face. Coin de table, tapis, sac en plastique solide (je suis prévoyante, n’est-il pas). Le reste de la pièce ne me semblait plus vraiment familière, et bien trop loin de moi pour que je m’en occupe.
J’avais perdu le contexte, l’avant et l’après. J’étais incapable de relier l’instant présent, le maintenant, à quelque chose d’antérieur, ou de postérieur. Les raisons qui m’avaient conduite ici, maintenant, m’échappaient complètement.
« Putain, qu’est-ce que je fous là déjà ? »
Ca avait l’air de se passer tout autrement pour mon mec. Je sentais du mouvement, il allait et venait. J’étais incapable de le regarder en revanche, cela demandait que je lève la tête, et regarder au dessus m’était très difficile (j’étais assise sur ma moquette). Il me parlait, se marrait et je me suis entendue répondre. Plusieurs fois, des réponses très courtes, type « oui/non». Je ne savais pas ce qu’il me disait, et je ne savais pas ce que je lui répondais, mais ma bouche émettait des sons, ça j’en étais sûre. Bon signe, elle fonctionnait donc encore, joie et félicité. Il fallait que je lui signifie ce qu’il m’arrivait. Il fallait que je lui fasse comprendre que j’étais hors service, là. Je me suis concentrée (très fort) pour ne finalement parvenir qu’à un « je comprends plus rien » judicieux, qui exprimait très pertinemment, et en un minimum de mot, l’essentiel. Il se passait plein de choses en moi, mais mon interface avec le monde extérieur semblait avoir pris congé, pour l’heure.
J’ai lu beaucoup de choses sur le fait de se voir « de l’extérieur ». J’avais le sentiment inverse, pour ma part. J’avais l’impression de m’être enfoncée à l’intérieur de moi, comme on s’enfonce dans un canapé très mou. L’extérieur me semblait donc très loin, ainsi que mes bras, mon corps.
Donc. Nous en étions, après la perte de contexte, à cette question essentielle, bouleversante, existentielle, capitale, transcendantale, et stupide : Qu’est-ce que je fous là déjà ?
Et là, c’est le drame.
Ma vie m’est apparue avec un recul effrayant, et froid, très froid. De toute façon, à ce stade là, je ne savais plus ce qu’était une émotion. Ca m’a paru d’une insignifiance terrible, cette vie, ces mouvements, ces actions, ces interactions. D’ailleurs, pourquoi avais-je des interactions, déjà ? Surement parce que cela servait mes intérêts. Et pourquoi j’avais un mec déjà ? C’est quoi aimer, déjà ? J’ai considéré mes relations avec mes proches, je ne comprenais plus pourquoi elles existaient. Peut être qu’elles me servaient à quelque chose ? Je ne comprenais plus comment j’arrivais à ressentir quelque chose.
Mais d’ailleurs, j’étais qui ? Comment est-ce que j’étais, normalement ? C’était quoi, ma personnalité déjà ? Où est-ce qu’elle est passée ? J’ai oublié.
What the fuck ? (Coin de table, monde extérieur, coin de table, coin-de-table-coin-de-table-monde-extérieur-coin-de-table).
Et puis je me suis remise à considérer mes interactions avec les autres. Je me suis demandé pourquoi on enrobait toujours tout. Pourquoi est-ce que ce n’est pas plus simple, tel « Oui, non », « Je veux ça. Tu veux ça. ». D’ailleurs, pourquoi il y avait des conflits, déjà ? Ca sert à quoi ?
Je me suis sentie trèèèès seule, là perdue à l’intérieur de moi, et incapable d’avoir un quelconque rapport avec l’extérieur.
Pendant que je me perdais dans des considérations existentielles du pourquoi du comment, j’avais reçu un recommandé de mon organisme, de mon estomac plus exactement. Un genre de courrier très laconique avec accusé de réception qui disait « Bonjour. Vous allez probablement vomir. Cordialement. ». Ah ouais, cool. Où j’en étais ? Ah, mes rapports avec les autres. Bla-blablabla.
[15 minutes plus tard.]
Hum ?
J’ai vomi ? Ah, oui, je crois que j’ai vomi il y a quelques temps.
Les images de moi saisissant le sac en plastique calmement, y plongeant ma tête, me vidant de ma substance (BOOOUEHHHRGH, c’est ma substance), pour reposer le sac, puis d’essuyer ma bouche avec du papier toilette, toutes ces images me sont revenues, mais cette fois ci elles étaient parvenues jusqu’à moi. Ah oui, j’avais vomi, c’était évident. Je m’étais même essuyé la bouche. Comme quoi je suis fondamentalement propre, comme fille, même totalement déconnectée de la réalité.
J’ai regardé à côté de moi, et mon mec était là, en train de se marrer. Il était venu près de moi lorsqu’il a vu que je vomissais, mais avait très rapidement compris que je n’étais pas vraiment en état de souffrir de ma gerbe.
A partir de ce moment là, j’étais un peu plus consciente de ce qui m’entourait. La musique (un truc vaguement minimal) m’est devenue insupportable. Cette répétition de boucles m’agressaient, j’ai formulé, non sans effort, à mon mec le vœu pressant de changer immédiatement cette putain de musique qui me rendait encore plus malade. Physiquement, ça commençait à être franchement pénible. Je me sentais incapable de bouger, et j’étais persuadée que le moindre mouvement ferait se désintégrer mon estomac dans ce nouveau sac en plastique propre, disposé là à mon attention par mon monsieur-mort-de-rire.
La suite n’a que peu d’intérêt. En bref, je me déplace de la table basse au plumard en gerbant deux fois et péniblement sur le trajet (mais toujours en visant juste, dans le sac en plastique), et baste.
En revanche, je peux affirmer que la descente a été la meilleure de ma vie : « OH PUTAIN CA Y EST JE COMMENCE A REDEVENIR NORMALE OH PUTAIN OH PUTAIN C’EST TROP BIEN ».
Voilà.
C’est grave, docteurs ?
Merci de m’avoir lue, et au plaisir.
Tout ça, tout ça.
En qualité de jeune écervelée avide de découvertes et d’états de consciences remaniés, j’expérimente depuis quelques temps déjà, au gré des occasions, des trouvailles et des envies, diverses surprises illicites. Mon cervelet en frétille.
Cela fait quelques temps que je furette dans le coin, sans pour autant poster quoique ce soit. Voilà qui sera fait. Je présente mes condoléances par avance aux yeux vaillants qui liront, c’est long (mais pas chiant.)(si ?). Et merci aux monsieurs et aux madames qui peut être y répondront.
Cela faisait quelques temps que j’étais assez curieuse de la kétamine. Puis, l’occasion s’est présentée. Je n’avais jamais pris de dissociatifs auparavant, et même si je m’étais documentée, j’ai pris cher dans mon popotin, pour ainsi dire. Ca ne ressemble à rien de ce que j’ai pu essayer, et je suis incapable de dire, au final, si j’ai apprécié ou non.
Je ne sais pas jusqu’à quel point je suis allée, je ne sais pas si c’est « ça » la kéta, je ne sais pas si cela aurait pu se passer différemment, je ne sais pas si cette came est faite pour moi, je ne sais pas si des améliorations sont possibles, si c’est censé être plus agréable, ou non. On pourra peut être m’éclairer ? M’expliquer ce qu’il m’est arrivé ? Ou pas. Ce que je sais en revanche, c’est que j’ai eu la main un peu (trop) lourde en ce qui concerne mon dosage.
J’ai fait un micro test, 1 semaine avant le vrai test. Une ligne de la longueur d’une phalange, épaisse de quelque chose comme 2 millimètres. Quasiment rien senti, si ce n’est une très très légère sensation cotonneuse. Je décide de reprendre une ligne 1 heure plus tard, du double en longueur. Je me suis sentie très vite bourrée. Je pouvais me lever et me mouvoir, je me sentais juste bourrée. Fin du micro test.
Nous voilà donc une semaine plus tard au vrai test. Nous sommes deux, mon monsieur et moi.
Cette fois ci, je décide de me faire deux lignes d’environ 5 cm chacune (toujours de 2 mm d’épaisseur). J’en mets moins à mon mec (2 lignes de 4 cm), parce que bon, hein, faut pas déconner, pas envie de lui faire courir le risque d’un « trop ».
Sniff sniff sniff. Sniff sniff sniff.
Oh tiens, je sens quasiment pas le goût dégueulasse cette fois. Ca fait froid.
C’est là que ça se complique.
Perdue, perdue. Très rapidement, ma perception « consciente » du monde extérieur s’est restreinte pour n’être réduite qu’au coin de la table basse qui me faisait face. Coin de table, tapis, sac en plastique solide (je suis prévoyante, n’est-il pas). Le reste de la pièce ne me semblait plus vraiment familière, et bien trop loin de moi pour que je m’en occupe.
J’avais perdu le contexte, l’avant et l’après. J’étais incapable de relier l’instant présent, le maintenant, à quelque chose d’antérieur, ou de postérieur. Les raisons qui m’avaient conduite ici, maintenant, m’échappaient complètement.
« Putain, qu’est-ce que je fous là déjà ? »
Ca avait l’air de se passer tout autrement pour mon mec. Je sentais du mouvement, il allait et venait. J’étais incapable de le regarder en revanche, cela demandait que je lève la tête, et regarder au dessus m’était très difficile (j’étais assise sur ma moquette). Il me parlait, se marrait et je me suis entendue répondre. Plusieurs fois, des réponses très courtes, type « oui/non». Je ne savais pas ce qu’il me disait, et je ne savais pas ce que je lui répondais, mais ma bouche émettait des sons, ça j’en étais sûre. Bon signe, elle fonctionnait donc encore, joie et félicité. Il fallait que je lui signifie ce qu’il m’arrivait. Il fallait que je lui fasse comprendre que j’étais hors service, là. Je me suis concentrée (très fort) pour ne finalement parvenir qu’à un « je comprends plus rien » judicieux, qui exprimait très pertinemment, et en un minimum de mot, l’essentiel. Il se passait plein de choses en moi, mais mon interface avec le monde extérieur semblait avoir pris congé, pour l’heure.
J’ai lu beaucoup de choses sur le fait de se voir « de l’extérieur ». J’avais le sentiment inverse, pour ma part. J’avais l’impression de m’être enfoncée à l’intérieur de moi, comme on s’enfonce dans un canapé très mou. L’extérieur me semblait donc très loin, ainsi que mes bras, mon corps.
Donc. Nous en étions, après la perte de contexte, à cette question essentielle, bouleversante, existentielle, capitale, transcendantale, et stupide : Qu’est-ce que je fous là déjà ?
Et là, c’est le drame.
Ma vie m’est apparue avec un recul effrayant, et froid, très froid. De toute façon, à ce stade là, je ne savais plus ce qu’était une émotion. Ca m’a paru d’une insignifiance terrible, cette vie, ces mouvements, ces actions, ces interactions. D’ailleurs, pourquoi avais-je des interactions, déjà ? Surement parce que cela servait mes intérêts. Et pourquoi j’avais un mec déjà ? C’est quoi aimer, déjà ? J’ai considéré mes relations avec mes proches, je ne comprenais plus pourquoi elles existaient. Peut être qu’elles me servaient à quelque chose ? Je ne comprenais plus comment j’arrivais à ressentir quelque chose.
Mais d’ailleurs, j’étais qui ? Comment est-ce que j’étais, normalement ? C’était quoi, ma personnalité déjà ? Où est-ce qu’elle est passée ? J’ai oublié.
What the fuck ? (Coin de table, monde extérieur, coin de table, coin-de-table-coin-de-table-monde-extérieur-coin-de-table).
Et puis je me suis remise à considérer mes interactions avec les autres. Je me suis demandé pourquoi on enrobait toujours tout. Pourquoi est-ce que ce n’est pas plus simple, tel « Oui, non », « Je veux ça. Tu veux ça. ». D’ailleurs, pourquoi il y avait des conflits, déjà ? Ca sert à quoi ?
Je me suis sentie trèèèès seule, là perdue à l’intérieur de moi, et incapable d’avoir un quelconque rapport avec l’extérieur.
Pendant que je me perdais dans des considérations existentielles du pourquoi du comment, j’avais reçu un recommandé de mon organisme, de mon estomac plus exactement. Un genre de courrier très laconique avec accusé de réception qui disait « Bonjour. Vous allez probablement vomir. Cordialement. ». Ah ouais, cool. Où j’en étais ? Ah, mes rapports avec les autres. Bla-blablabla.
[15 minutes plus tard.]
Hum ?
J’ai vomi ? Ah, oui, je crois que j’ai vomi il y a quelques temps.
Les images de moi saisissant le sac en plastique calmement, y plongeant ma tête, me vidant de ma substance (BOOOUEHHHRGH, c’est ma substance), pour reposer le sac, puis d’essuyer ma bouche avec du papier toilette, toutes ces images me sont revenues, mais cette fois ci elles étaient parvenues jusqu’à moi. Ah oui, j’avais vomi, c’était évident. Je m’étais même essuyé la bouche. Comme quoi je suis fondamentalement propre, comme fille, même totalement déconnectée de la réalité.
J’ai regardé à côté de moi, et mon mec était là, en train de se marrer. Il était venu près de moi lorsqu’il a vu que je vomissais, mais avait très rapidement compris que je n’étais pas vraiment en état de souffrir de ma gerbe.
A partir de ce moment là, j’étais un peu plus consciente de ce qui m’entourait. La musique (un truc vaguement minimal) m’est devenue insupportable. Cette répétition de boucles m’agressaient, j’ai formulé, non sans effort, à mon mec le vœu pressant de changer immédiatement cette putain de musique qui me rendait encore plus malade. Physiquement, ça commençait à être franchement pénible. Je me sentais incapable de bouger, et j’étais persuadée que le moindre mouvement ferait se désintégrer mon estomac dans ce nouveau sac en plastique propre, disposé là à mon attention par mon monsieur-mort-de-rire.
La suite n’a que peu d’intérêt. En bref, je me déplace de la table basse au plumard en gerbant deux fois et péniblement sur le trajet (mais toujours en visant juste, dans le sac en plastique), et baste.
En revanche, je peux affirmer que la descente a été la meilleure de ma vie : « OH PUTAIN CA Y EST JE COMMENCE A REDEVENIR NORMALE OH PUTAIN OH PUTAIN C’EST TROP BIEN ».
Voilà.
C’est grave, docteurs ?
Merci de m’avoir lue, et au plaisir.
Tout ça, tout ça.