Saankan
Holofractale de l'hypervérité
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Disclaimer: Ce que je poste ici, c'est une série de petits textes écrits à diverses periodes pendant l'année écoulée, en écriture automatique, retravaillés, et mis bout à bout dans ce qui me semble être un semblant de continuité, en un processus introspectif exhibitioniste, dans lequel vous me servirez de psy par procuration si vous le voulez bien.
Je me présente donc devant vous en une petite saynette dans laquelle je joue le rôle d'acteur, de scénario et de réalisateur, ou je vous présente certains pans de moi même, certaines peurs, certains rêves, certains fantasmes.
C'est moche, cru, parfois pédant, souvent barré, mais c'est vrai, même si parfois un peu allégorique.
J'espère que le concept de la chose vous plaira autant qu'à moi. Sinon, je suis désolé.
Descente au fond du gouffre
Mon plus gros problème lors de l'écriture d'un texte -n'importe quel texte- vient de ma difficulté à introduire correctement. Du coup, la voie de la facilité consiste à faire part aux éventuels lecteurs de la difficulté que j'ai d'introduire, ce qui me permet du même coup une introduction originale sinon élégante, et ce à peu de frais.
Ceci étant dit, je devrais être couché. Je devrais dormir, rêver, naviguer sur le long fleuve tranquille du sommeil réparateur, titiller mes fantasmes du doigt, buvant la tasse dans de sombres et indicibles cauchemars, englué dans des toiles d'araignées géantes, encroûté d'ichor sirupeux et gluant une terreur sourde et primaire provenant de ces empaffés de grands anciens me gelant le cerveau.
Mais j'ai du temps à perdre. Si vous ne voyez pas la relation de causalité entre l'un et l'autre, c'est normal, moi non plus.
Je manque de temps, tout en ayant à revendre. Assez paradoxal n'est il pas? C'est dingue comme le temps passe vite quand vous ne faites rien, ne trouvez vous pas? L'inaction est peut être l'activité la plus prenante de toutes.
Est-ce que je vous ai déjà dit que j'avais tendance à partir un peu dans tous les sens, me laisser porter au gré de mes pensées, puis à me perdre dans les méandres de mon esprit tortueux?
Avais-je déjà fait part de mon exaspérante manie de toujours poser des questions?
D'ailleurs, Ou en «étais-je?
Ah oui, je suis crevé. Et déchiré. L'enivrante douceur opiacée me porte à bout de bras, me caresse les centres du plaisir, endort mes pensées, recouvre mon regard d'un voile fin et translucide et donne une sensation de rêve éveillé à tout ce que je vis, exacerbant la sensation onirique qui accompagne l'épuisement en phase terminal.
La fatigue. Je flirte avec le point éclair de mon esprit. Le point d'embrasement. Mon corps grince, hurle. Mon esprit demande du repos. Mes muscles sont fatigués, mes os me font mal. Ma tête résonne. Mon ventre gargouille. Mes boyaux se tordent. Ma vision se brouille, mes yeux se ferment. Je vole de micro sommeil en micro sommeil. Mes cornées s'assèchent, je vois tout flou. Floue est ma vision, floues sont mes pensées. Perceptions distordues, réalité tangente.
Je rêve.
Je cauchemarde.
Je suis insomniaque et je suis éveillé.
Tout est bien réel.
Je fume comme un pompier. Divin tube de poison. Chaque cigarette raccourcit mon espérance de vie. Cela tombe bien, je n'ai nullement envie d'atteindre les 80 ans. Car l'espérance de vie s'allonge, mais pas l'espérance de vie en bonne santé. Je me vois déjà, grabataire, me bavant dessus, végétant au soleil, dans une maison de retraite décrépie, tel une plante en pot jaunie. Ma peau parcheminée et ridée, puant la merde, le pantalon souillé, les fesses enveloppées dans une couche qui aurait déjà du être changée. Mal rasé, sale, édenté, miséreux, habillé comme un clochard, bedonnant, flasque, aveugle, attendant la mort. Dément mort vivant, déshydrate, aspergé d'eau de Cologne passée, plein d'escarres, je ferai un bon figurant pour un film de Romero.
Alors j'allume une autre clope. La fumée monte au plafond. Elle tourbillonne, air chaud contre air froid. Elle se fraie un passage jusqu'à mes poumons encombrés, laissant un gout acre dans ma gorge. Fumer, cela m'occupe le corps, cela me dégage l'esprit.
Je ne suis éclairé que par mon écran. J'attends.
Et j'écris.
Je découpe mes phrases.
Je recolle les lambeaux de mes pensées.
Je rassemble les souvenirs. Je fais un puzzle avec ma mémoire. Telle pièce s'emboite dans tel pan de mur mnémique ravagé et colmate la fuite de connaissances, de lieux, d'époques, de petits fragments de mon être passé. J'endigue hémorragie, j'écope les pesées inutiles, car je fuis de partout.
L'écriture automatique. Un concept qui me fascine et m'effraie à la fois. Une expérience au plus profond de moi, une porte ouverte vers des lieux que je ne suis pas sûr de vouloir visiter. Je m'explore.
J'écris, au fur et à mesure que je chemine à l'intérieur de mon moi immatériel. Je braque le projecteur de ma conscience vers lui-même, un peu comme un Sauron penché à »la fenêtre de l’Œil dans sa forteresse habillée d’ombre ».
J'écris, et je découpe.
Je suis las de découper.
Mes messages. Car les humains, les découper, je ne crois pas être capable de pouvoir m'en lasser, tout comme je suis incapable de cesser, ne serait-ce qu'un instant d'être aigri ou de respirer.
Bref, où en étais-je? Je crois que je me suis, une fois de plus perdu dans le labyrinthe de mon esprit, que j'ai perdu le fil d'Ariane de mes pensées, que je me suis embourbé dans les méandres et autres tréfonds de mon esprit tortueux, bref, que je ne sais plus ou je suis.
Vous êtes ici.
Une affirmation simple, claire, précise et concise. Rassurante pour certains, terrorisante pour d'autres.
Si je suis ici, c'est donc que je suis. Je vais passer sur les mécanismes qui m'ont conduit à exister, on est pas dans un putain de cours d'éducation sexuelle pour ados attardés, pour tenter de m'étendre sur les divers événements qui font que je suis toujours et que ce être ne s'est pas - encore - transformé en avoir été. Et puis au passage, si je peux tenter d'analyser les différents processus qui m'ont conduit ici ça pourrait être pas mal.
Tiens donc, je me sens la verve verbeuse ce soir. Donc, baste, on va tenter de faire du plus court, synthétique, percutant, de donner dans les tripes et le sang plutôt que dans le verbiage, on va tenter de dire merde à cette logorrhée.
Putain, je me suis encore perdu.
C'est tout moi ça, je digresse et m'égare par mégarde sans égard aucun pour mon interlocuteur.
Ha, cette tournure de phrase, si elle me fait sourire, est quand même relativement lourde. Mais elle me fait sourire, donc hop, on la garde.
Penser.
Ah oui, le début.
First, commencer par se donner une touche JCVD en insérant des english words dans une phrase en français. Check.
Deuxièmement, sortir de l'ornière littéraire dans laquelle je me suis vautré.
Check.
Le début. Commençons par ici, c'est aussi bien qu'ailleurs.
Ah oui, niveau cynisme et aigritude, la mienne est plus grosse que la votre. Postulat de base.
Les cons s'en sortent mieux dans la vie que les êtres doués de réflexion, truisme. On ne va pas épiloguer dessus. Heureux les pauvres en esprit dit la bible, et pourquoi n'aurait-elle pas tort, sur ce point précis?
Depuis quelques temps, je caresse l'idée de partir, une fois mon internat terminé, vers une zone de conflits. L'idée me plait. Un collègue, ami, compagnon de route et de trips veut, lui, intégrer la légion étrangère (Il n'est pas français.). Il souhaite, tout comme moi, partir, découvrir, aller la ou ça chauffe, et ou les règles deviennent plus simple, au niveau du point de perspective, la ou toute les lignes se rejoignent et se confondent, ou les instructions sont limpides: rester en vie.
Ça me botte comme programme. Vraiment, ça m'attire, comme un papillon qui s'approche d'une bougie et finit par mourir dans un flash d'extase, un Icare de carton-pâte brûlé par le feu du savoir.
Ça me paraît être une étape indispensable pour savoir vraiment qui je suis. Comprendre mes motivations, mes réactions, mes instincts et réflexes. Connaître le stress, le vrai, la pression écologique, celle qui induit indubitablement une évolution ou la mort.
Pile ou Face. Simple comme bonjour.
La légion, en revanche, je ne sais pas si c'est fait pour moi. En plus de franches tendances antisociales, de ma misanthropie maladive, mon refus absolu pour toute forme de hiérarchie, d'autorité, et mon impossibilité quasi-physique voir épidermique d'appartenance à un groupe ne me permettraient pas de tenir plus de 5 secondes dans un tel milieu sans tuer un de mes co-légionnaires, bien que la perspective de pouvoir être payé pour tuer des gens soient tentante.
Mais j'évolue, qui sait? Peut-être que.
Et comme j'vais être honnête, les bouts de texte que je rassemble aujourd'hui, que je réécris, que je mets en forme et tisse, proviennent eux-aussi, tout comme mes souvenirs, de Moi différents dans le temps et l'Espace, et ma vision des chose, a un peu évolué.
Avant, c'était Niet la légion. Maintenant j'y pense, j'y songe et je me dis que, pourquoi pas?
En revanche, je bloque toujours sur certains points, je crois que je ne pourrais supporter le fait de "servir" une "patrie" pour laquelle je n'éprouve aucun respect, aucune reconnaissance, pas une once d'amour, voir même plutôt le contraire.
A chaque fois que j'ai du vivre en groupe, je me contentais de rester au fond, à l'écart, de foutre sur la gueule de ceux qui se sentaient péter plus haut que leurs culs et qui se croyaient mes égaux. Or, personne, mis à part mes chaussettes et mes rangers, ne m'arrive à la cheville, modeste que je suis.
Hin hin. Parfois, je me fait rire tout seul comme un con.
J'ai du mal à partager ça.
J'ai du mal à me partager, et c'est pour ça que j'écris quand je suis épuisé, défoncé, bourré, et que plus rien ne me retient. C'est pour ça que je prends ces bouts de texte sans queue ni tête, en retravaille la forme et les accole, comme un patchwork de facettes de moi même et les fait lire à de parfaits inconnus.
Je ne sais même pas ce que je cherche dans ma démarche. Je ne sais même pas si je cherche quelque chose, je n'en espère rien d'autre que de pouvoir me relire et me comprendre. Et tant mieux si ça me permet de parler de moi, je crois que ça fait du bien, ou du moins c'est ce qu'on m'a dit.
Alors je tente. Et vous, parfaits inconnus, dont j'ai une représentation mentale, en voyant vos tronches, en lisant vos proses, vos TR, vos expériences, image mentale qui ne correspond pas à ce que vous êtes réellement, êtes mon public fictif. Et c'est très bien comme ça, vous avez le choix de me lire, ou de ne pas le faire, de me commenter, de me juger, d'apprécier ce que vous entrevoyez, ou de me haïr, de me critiquer, de me vilipender, tout ceci sans que cela n'entache mon masque social normal, celui qui régit mes rapports sociaux avec les gens en chair et en os, ceux qui sont si proche de moi que je peux sentir leurs odeurs corporelles, lire leur langage corporel, analyser leurs réactions et leurs paroles. C'est juste parfait, parce que je crois que si je peux les déchiffrer aussi pleinement, eux le peuvent, et que dans ces conditions je ne pourrais pas baisser ma garde.
En gros, vous me servez d'auditeurs virtuels vers lesquels je peux cristalliser et focaliser ma vision de moi même, dévoiler mon weltanschauung, sans pour autant me mettre en péril. Alors pour ça, j'vous remercie, même si je sais que, de part la nature de ma démarche en plusieurs temps, de par la réécriture que j'impose à mes textes, ma démarche introspective ne sera ni pleine ni totale, mais j'ai néanmoins envie de tenter l'expérience, aussi faussée soit-elle. Alors je reprends.
En ce qui concerne ma facilité à "sociabiliser", se faire écouter et avoir des rapports superficiels avec le bétail bête et méchant qui partage 99.9% de mon ADN, je la perçois comme nullement incompatible avec ma misanthropie. D'ailleurs, parmi mes quelques amis, la majorité n'aime pas vraiment l'Espèce, et tous sont présentés par les mêmes asticots sur lesquels ils crachent comme des bons orateurs, charismatiques, sociables et se liant facilement. J'en viens même à commencer à croire que la misanthropie et le charisme sont deux traits indissociables de l'acuité intellectuelle, et j'aime me jeter des fleurs.
Mais derrière la façade, le fossé. Le gouffre, l'abîme. Elle nous sépare, eux et moi. Quand je les insulte, ils ne comprennent rien et rigolent de ma "bonne blague". Quand je leur crache ma haine à la figure, ils disent aussi m'aimer et rigolent tout en mordant leurs langues pendantes dépassant de leurs bouches tordues, sphincters putrides ouverts sur leurs faces de mongoloïdes. Putain ce que je les hais, ces parasites, ce cancer au sein duquel je me trouve enkysté. J'ai l'impression d'être un loup au milieu du troupeau de moutons de panurge pas nets, de ne partager aucune similitude dans mon schéma mental avec ces êtres fats et fades, de n'être qu'un imposteur, un intrus, une erreur de la nature, une putain de mauvaise blague cosmique, un raté de l'évolution condamné à contempler la médiocrité de ma propre espèce, brûlant d'envie de mettre fin à la mascarade, désirant ces indésirables, enviant ces mollassons, je m'aperçois de ces désirs, réminiscences de millions d'évolution de notre espèce grégaire et me met à me mépriser, moi ce désabusé chantre du chancre.
Et merde, voila que je remets ça.
Putain, moi qui voulais parler peu mais parler d'or, faire dans le percutant, le dense, le lapidaire le succinct.
Penser à la constipation mentale.
Bien. Juguler mes pensées. Simple schématique.
Donc.
Pourquoi suis-je encore la, et pourquoi suis-je ou je suis?
Merde, je n'ai aucune envie de tout confier. Pas maintenant tout du moins. Je vais donc esquiver la question qui n'était pas posée et me contenter de répondre à celles auxquelles je peux penser.
Comment en suis-je arrivé à avoir mon bac à l'âge de 16 ans et de me retrouver, à bientôt 24 ans un vieux con aigri, frustré, ayant accumulé les années de fac inutiles comme une pute bulgare accumule les MST, paumé au fin fond de l'Europe de l'Est à faire des études qui semblent en totale contradiction avec ma vision de l'Espèce?
En maternelle, je savais déjà lire, écrire et compter. Je m'ennuyais.
J'ai donc sauté des classes.
Je m'ennuyais toujours en primaire, alors je lisais en cours et emmerdais mes profs quand ils m'en empêchaient.
Quelle belle ordure de petit glaire de gamin j'étais, je m'aime.
Mais je m'ennuyais toujours.
Ensuite, je suis entré dans un collège de secteur, banlieue ouest de Paris, au milieu des déchets, des grouillots et de la racaille. Autant dire que ça se passait mal. J'ai appris à me servir de mes poings, de mes pieds, et de tout objet pouvant servir à faire mal. J'ai appris à manier une lame, un extincteur, un bâton.
J'ai aussi appris à toujours avoir un œil derrière moi. A fuir les groupes, à ne jamais s'assoir autrement que dos au mur, face à une issue.
Et je m'emmerdais toujours autant.
La, mon proviseur et mes enseignants m'ont envoyé dans un collège un peu particulier, le collège du Cèdre au vésinet. Dans une classe pour "intellectuellement précoces". Parqués, gardés, surveillés, formatés, nos cerveaux lavés, étudiés, analysés. La seule condition pour intégrer cette classe était de se faire tester par une psy bossant avec l'établissement, et d'avoir plus de 130 de QI.
Ha, la belle affaire. J'en reviens pas de voir à quel point on nous a mystifié, nous pauvres gamins inadaptés, nous endoctrinant à coup de Propaganda quasi-eugéniste sur l'importance du QI et sur notre propre supériorité envers le reste des Hommes. Et le plus dur, est que je n'arrive pas toujours à me défaire de ce conditionnement, je dois balayer la condescendance primitive qui m'habite quand je rencontre quelqu'un, d'un geste trop conscient, me forcer à m'ouvrir, à écouter et à ne pas ricaner intérieurement sur cet être qui tente de partager avec moi sa vie. Putain, je dois le faire de manière consciente. Mon premier réflexe, est le mépris. Impossible de s'en débarrasser.
Et au lieu d'être seul contre tous, dans ce mirifique collège, j'avais des gamins dans les pattes, et j'étais toujours seul contre toutes les autres classes.
Et je m'emmerdais toujours.
Ensuite, j'ai intégré le Lycée Hoche, Versailles, berceau des élites de la nation et des trous du culs en tous genres.
J'ai tiré mon temps, en buvant, fumant, baisant, me camant le plus possible. J'ai passé mon bac et j'ai été libéré de cette merde.
Du moins le croyais-je.
Enfin bref, j'en ai marre, et j'ai la flemme de me relire.
Écrire, ce n'est pas trop mon truc, j'ai, comme vous avez pu le constater, tendance à m'embrouiller.
Donc, rideau. Fin de l'acte I, de cette mise en scène grotesque avec moi comme pantin, la marionnette dans laquelle je mets moi-même les doigts.
I HAVE a rendez-vous with Death...
"...At some disputed barricade,
When Spring comes back with rustling shade
And apple-blossoms fill the air—
I have a rendezvous with Death
When Spring brings back blue days and fair."
Alan Seeger
*Entracte, les rafraîchissements sont prévus au comptoir, reprise dans quelques minutes*
J'ai un rendez-vous avec la mort. Un rendez-vous galant, nous danserons, je la regarderai droit dans les yeux, puis l'embrasserai, tandis qu'elle m'embrasera. Je n'ai juste pas encore choisi la date, ni le lieu ni l'heure.
D'ailleurs, la mort étant une traînée, nous avons tous rendez-vous avec elle. Je l'accepte et ferme les yeux sur ses infidélités, sur ses infidélités, après tout voila bientôt 24 ans que je me refuse à elle, et nulle femme ne saurait se pâmer et se languir de moi pendant si longtemps sans en devenir volage.
Pute, je te dis que j'ai rendez-vous avec toi. Mais pas tout de suite, calme tes ardeurs, le moment viendra bien assez tôt.
Je ne mourrai pas vieux, cette chose est sûre. En revanche, je mourrai sans doute seul, en vain, dans un quelconque coin paumé du monde, mon sang se mêlant à la boue, le corps percé. A moins que je ne meure d'une overdose dans un bouge minable et crade d'un pays du tiers monde, une pute sidaïque au bout de la bite et une seringue dans le bras. Il se peut aussi que je finisse mes jours après une lente agonie, une descentes aux enfers au delà du Styx, mon corps affaibli se mourant lentement, la peau parcheminée, jaunâtre, suant et me faisant dessus de douleur. Qu'importe, je ne mourrai pas vieux, et ça me va. Tel Vian, je mourrai d'un cancer de la colonne vertébrale, sans passion, mais avec intérêt.
Mais ma mort je la choisirai. Je la mettrai en scène, et j'en serai l'acteur, le réalisateur, l'instigateur et le régisseur. Je mourrai quand bon me semblera. Et pas avant.
Je n'ai pas peur de mourir. Au contraire. J'ai peur de vivre. Peur de moi, peur de mes semblables. Peur de finir débilité, légume blet, coquille vide, triste relique d'une splendeur mentale disparue. Je refuse de même de voir mes fonctions physiques décliner avec l'âge, et de sentir mon esprit intact pris au piège dans un vaisseau ne pouvant le servir. J'ai peur de finir comme eux de transiger avec moi même, de tomber de mon socle d'arrogance, de déconsidérer ce qui est mon essence, ma morgue et la certitude d'être au dessus de la masse grouillante puante et rampante.
J'ai peur de faire des compromis avec moi même, ainsi je me livre entier, amer, aigri, maudit, inexorablement et inhumainement humain. Je suis paradoxe, je suis nuance, je suis très certainement fou, je suis né au mauvais millénaire, je suis fondamentalement nihiliste, intrinsèquement déplacé, mais je suis entier. Jamais je ne serai compromis, conciliation ou demi-mesure. Jamais je ne serai autre que moi même, ce qui est déjà beaucoup, voire bien plus que ce qu'ont à offrir la plupart des gens. Et voilà, encore ce sentiment de supériorité minable, ce masque qui cache je ne sais quoi, même si je subodore que ce n'est pas plaisant.
J'ai une certaine intégrité, si ce n'est une intégrité certaine. Et ce que je ne peux me résoudre à faire, c'est à me complaire dans l'hypocrisie et dans la fausse abnégation: Je vis pour moi et moi seul, le clame et l'assume. Aimez moi ou haïssez moi, respectez moi ou méprisez moi, écoutez moi ou ignorez moi: c'est avant pour moi que je suis, que je parle et que j'agis, que j'écris. Et si je ne sais pas bien pourquoi j'en suis à me livrer à vous, je pense vouloir rechercher un peu de complicité, une sorte de solidarité d'anciens combattants, de vétérans, d'éclopés, une confiance de cour des miracles, comme ce réconfort qu'apporte le fait de ne pas se savoir seul.
Donc, oui, nous sommes des carnivores, des prédateurs. Du moins, je le suis. Putain, je suis né pour être un chasseur. Born to kill.
Mais je me contrôle. J'intellectualise ma folie, mes émotions, mes sentiments, mes pulsions. Je suis un torrent de montagne, calme en apparence, puissant et tortueux, meurtrier les nuits d'orage, imprévisible et sans pitié. D'ailleurs, j'attends le prochain qui va tenter de me baiser. Je n'attends que ça.
Ha. Mais voila que je recommence. Je suis fatigue. Je choie encore le point éclair de mon esprit, j'approche la température d'embrasement de la pensée, tendant vers l'auto-combustion mentale. Décousu est mon schéma mental. Sinueuse est ma syntaxe. Je ne sais plus ou j'en suis, mais je parle. Peut-être effectivement suis-je en train de m'écouter (lire?) parler. Peut-être est-ce de l'auto satisfaction. Mais qu'importe, si je tente (je n'ai pas la prétention de réussir) de ne pas me mentir à moi même: Si je n'ai pas d'autosatisfaction, qui sera satisfait pour moi, de moi?
Merde.
Ne pas oublier, quand je mourrai, ça sera dans la merde.
Et si jamais une quelconque divinité existe, "merde" sera le seul mot que je lui dirai. J'aime ce mot.
Et je pense à la mort. Alors que je suis quasi-catatonique, à contempler le plafond de ma chambre ou s'échouent les volutes de fumée, nuages toxiques qui montent et se brisent contre le mur immuable qui clôt l'espace.
Ma vie est comme cette fumée de cigarette. Elle nait brièvement d'un point A, s'effiloche, et se finit brutalement en un point B, avant d'avoir pu parcourir une longue distance.
Pour en revenir à la mort.
...car au final, nous en revenons toujours à la mort. Elle nous hante, et est la raison même de notre vie.
Mon ami penses que la légion est le seul moyen de s'offrir une mort au combat, une fin brève, glorieuse, brillante. J'ai choisi, je crois, une autre voie. Je pense, comme je le disais plus haut, une fois mon internat fini, partir vadrouiller, en Irak, Corée, Afghanistan, au fin fond de l'Afrique noire, n'importe ou sera la guerre je la suivrai. Sentir la cordite, le sang, la merde, la bile, les pleurs, la mort, la pisse et les larmes.
Je serai un voyageur, car comme Dylan Thomas le disait "And Death shall have no dominion", "Et la mort n'aura pas d'Empire". Je compte trouver ma mort ainsi: en me déplaçant la ou elle se trouve, pas la ou on me l'ordonne. Je me déplacerai pour moi, pas pour quelqu'un d'autre, pas pour une cause ou pour un pays.
Bordel, je suis né au mauvais millénaire je crois.. J'aimerais tellement pouvoir passer mes ennemis au fil de l'épée, qui ne se contenterait pas de rester, emmaillotée dans des chiffons graisseux dans ma cave. Merde, j'aimerais. Mais je compose avec le monde tel qu'il est, je fais avec. Ou sans.
D'ailleurs, le monde fait bien sans moi. Et moi sans lui.
Bref, je n'ai plus la force de me relire.
Pour le reste, je trouve mon compte sous terre, ou dans des friches industrielles. Sous terre, dans le noir absolu, c'est un des seuls endroits au monde ou il m'est encore possible d'explorer.
Sur ce, et puisque, je crois, vous le méritez:
Anthem for doomed Youth
What passing bells for those who die as cattle?
Only the monstrous anger of the guns,
Only the stuttering rifles' rapid rattle
Can patter out their hasty orisons,
No mockeries for them from prayers and bells,
Nor any voice of mourning save the choirs, –
The shrill, demented choirs of wailing shells;
What candles may be held to speed them all?
Not in the hands of boys, but in their eyes
Shall shine the holy glimmers of good-byes,
The pallor of girls' brows shall be their pall;
Their flowers the tenderness of silent minds,
And each slow dusk a drawing-down of blinds.
Wilfred Owen, 1917
Je suis ivre.
Je ne suis pas sorti de chez moi aujourd'hui. J'ai tourné en rond, tel un zombie décérébré, usant la moquette de mon pas rageur. Il faisait trop chaud à l'intérieur, trop froid à l'extérieur, trop de soleil, trop de nuages, un temps lourd et pesant dedans, froid et humide dehors.
Je suis resté devant mon écran. Et la, alors que tous dorment, je ne suis éclairé que par la dalle, les cristaux liquides me servant de lucioles, illuminant ma face d'une pâleur de mort. La fumée de ma cigarette monte au plafond en de longs filins de brume nocive. Fumer, c'est un suicide à long terme. Est-ce du masochisme, mais me tuer procure du plaisir? Je meurs lentement, et je revis à chaque taffe. La fumée emplit mes poumons, âcre et puissante. Elle amène avec elle le parfum de la ruine, de la déchéance, parfum de la déliquescence qui promet une coercition cancéreuse.
Je m'en fous, je ne serai plus bien avant que mon cancer soit. Ha.
Carpe fucking diem. Je profite de l'instant, vis par et pour l'instant.
L'ivresse parle. L'ephedrine et la caféine me maintiennent en état compatible avec la vie, crient à mes oreilles. La codéine murmure.
Et je l'écoute, j'entends son doux chant, je me laisse bercer au rythme des sirènes de mon esprit détruit.
Promesse de joie malsaine. Promesse de gueule de bois carabinée, une tête enflée qui résonne, et vibre à la fréquence du glas sourd de mon cœur qui bat.
Putain. Je sens mon sang circuler, charrier l'alcool jusqu'à mon cerveau, alcool qui s'infiltre, court-circuite mes neurones, transige avec mes pensées, les brouille, floute ma raison en même temps que ma vision.
Ha.
Ma vie est un désastre, et je mourrai sans doute comme j'ai vécu, en manquant de savoir-vivre.
Sauf que, j'aurai pris mon pied. J'aurai vécu. Vraiment. A 100 à l'heure, je me dirige droit dans le mur, et j'accélère.
Ne pas fermer les yeux.
Aucun regret.
Putain, dehors, le jour se lève, les oiseaux chantent, on est entre chien et loup, et j'ai envie d'hurler à la lune.*
Je veux crier au monde ma soif de sang. Mon envie de chasser. Je veux sentir l'adrénaline induire des modifications physiologiques dans mon corps, accélérer, courir, sentir le sang dans ma bouche.
Je veux me laver les mains dans des tripes, festoyer sur un tapis de cadavres, je veux que la bière coule à flots et que les filles dansent nues sur les tables.
Putain.
Je suis né pour être un viking, aller la ou la marée me pousse, broyer des crânes avec ma hache, embrocher mes ennemis sur le fil de ma lame, emporter leurs trophées, leurs vies, leurs femmes, leurs enfants.
Mais c'est la testostérone qui parle.
Je voudrais vivre l'histoire. Je voudrais avoir vécu ailleurs, au passé.
Mais je ne peux. Alors je rêve, je rêve éveillé, jamais endormi.
Je passe mon temps à le perdre, perdu ailleurs. En des temps, sous des cieux plus cléments. Quand la valeur d'un homme se mesurait à son courage, son intelligence et son honneur, pas à la marque de son costard, la taille de sa queue ou le nombre de zéros sur son compte en banque.
Conneries, foutaises.
Votre monde me dégoûte. Il me donne la nausée. Superficiel et vain, voici les deux maîtres mots qui guident nos vies. Allez tous vous faire mettre, je vis la mienne comme bon me semble. Ce que je le veux, je le prends. Ou je veux, je vais. Quand je veux, j'agis. Point.
Putain. Ou en étais-je. Ha, TS Eliot Et Wilfred Owen m'auraient détesté. Mais je m'en fous, je suis. Point. Et eux sont morts. J'ai l'avantage.
Ma vie, ma mort m'appartiennent.
Je devrais faire en sorte de ne pas les gâcher.
Et sur ce, mon verre est vide, et je suis plein, il est temps de clôturer l'expérience. Merci de votre patience et de votre indulgence, je sais que je ne me présente pas sous un beau jour, je sais que je parle de moi et de ma vie, que vous vous en foutez, alors merci du temps que vous m'avez consacré.
A la prochaine.
Je me présente donc devant vous en une petite saynette dans laquelle je joue le rôle d'acteur, de scénario et de réalisateur, ou je vous présente certains pans de moi même, certaines peurs, certains rêves, certains fantasmes.
C'est moche, cru, parfois pédant, souvent barré, mais c'est vrai, même si parfois un peu allégorique.
J'espère que le concept de la chose vous plaira autant qu'à moi. Sinon, je suis désolé.
Descente au fond du gouffre
Mon plus gros problème lors de l'écriture d'un texte -n'importe quel texte- vient de ma difficulté à introduire correctement. Du coup, la voie de la facilité consiste à faire part aux éventuels lecteurs de la difficulté que j'ai d'introduire, ce qui me permet du même coup une introduction originale sinon élégante, et ce à peu de frais.
Ceci étant dit, je devrais être couché. Je devrais dormir, rêver, naviguer sur le long fleuve tranquille du sommeil réparateur, titiller mes fantasmes du doigt, buvant la tasse dans de sombres et indicibles cauchemars, englué dans des toiles d'araignées géantes, encroûté d'ichor sirupeux et gluant une terreur sourde et primaire provenant de ces empaffés de grands anciens me gelant le cerveau.
Mais j'ai du temps à perdre. Si vous ne voyez pas la relation de causalité entre l'un et l'autre, c'est normal, moi non plus.
Je manque de temps, tout en ayant à revendre. Assez paradoxal n'est il pas? C'est dingue comme le temps passe vite quand vous ne faites rien, ne trouvez vous pas? L'inaction est peut être l'activité la plus prenante de toutes.
Est-ce que je vous ai déjà dit que j'avais tendance à partir un peu dans tous les sens, me laisser porter au gré de mes pensées, puis à me perdre dans les méandres de mon esprit tortueux?
Avais-je déjà fait part de mon exaspérante manie de toujours poser des questions?
D'ailleurs, Ou en «étais-je?
Ah oui, je suis crevé. Et déchiré. L'enivrante douceur opiacée me porte à bout de bras, me caresse les centres du plaisir, endort mes pensées, recouvre mon regard d'un voile fin et translucide et donne une sensation de rêve éveillé à tout ce que je vis, exacerbant la sensation onirique qui accompagne l'épuisement en phase terminal.
La fatigue. Je flirte avec le point éclair de mon esprit. Le point d'embrasement. Mon corps grince, hurle. Mon esprit demande du repos. Mes muscles sont fatigués, mes os me font mal. Ma tête résonne. Mon ventre gargouille. Mes boyaux se tordent. Ma vision se brouille, mes yeux se ferment. Je vole de micro sommeil en micro sommeil. Mes cornées s'assèchent, je vois tout flou. Floue est ma vision, floues sont mes pensées. Perceptions distordues, réalité tangente.
Je rêve.
Je cauchemarde.
Je suis insomniaque et je suis éveillé.
Tout est bien réel.
Je fume comme un pompier. Divin tube de poison. Chaque cigarette raccourcit mon espérance de vie. Cela tombe bien, je n'ai nullement envie d'atteindre les 80 ans. Car l'espérance de vie s'allonge, mais pas l'espérance de vie en bonne santé. Je me vois déjà, grabataire, me bavant dessus, végétant au soleil, dans une maison de retraite décrépie, tel une plante en pot jaunie. Ma peau parcheminée et ridée, puant la merde, le pantalon souillé, les fesses enveloppées dans une couche qui aurait déjà du être changée. Mal rasé, sale, édenté, miséreux, habillé comme un clochard, bedonnant, flasque, aveugle, attendant la mort. Dément mort vivant, déshydrate, aspergé d'eau de Cologne passée, plein d'escarres, je ferai un bon figurant pour un film de Romero.
Alors j'allume une autre clope. La fumée monte au plafond. Elle tourbillonne, air chaud contre air froid. Elle se fraie un passage jusqu'à mes poumons encombrés, laissant un gout acre dans ma gorge. Fumer, cela m'occupe le corps, cela me dégage l'esprit.
Je ne suis éclairé que par mon écran. J'attends.
Et j'écris.
Je découpe mes phrases.
Je recolle les lambeaux de mes pensées.
Je rassemble les souvenirs. Je fais un puzzle avec ma mémoire. Telle pièce s'emboite dans tel pan de mur mnémique ravagé et colmate la fuite de connaissances, de lieux, d'époques, de petits fragments de mon être passé. J'endigue hémorragie, j'écope les pesées inutiles, car je fuis de partout.
L'écriture automatique. Un concept qui me fascine et m'effraie à la fois. Une expérience au plus profond de moi, une porte ouverte vers des lieux que je ne suis pas sûr de vouloir visiter. Je m'explore.
J'écris, au fur et à mesure que je chemine à l'intérieur de mon moi immatériel. Je braque le projecteur de ma conscience vers lui-même, un peu comme un Sauron penché à »la fenêtre de l’Œil dans sa forteresse habillée d’ombre ».
J'écris, et je découpe.
Je suis las de découper.
Mes messages. Car les humains, les découper, je ne crois pas être capable de pouvoir m'en lasser, tout comme je suis incapable de cesser, ne serait-ce qu'un instant d'être aigri ou de respirer.
Bref, où en étais-je? Je crois que je me suis, une fois de plus perdu dans le labyrinthe de mon esprit, que j'ai perdu le fil d'Ariane de mes pensées, que je me suis embourbé dans les méandres et autres tréfonds de mon esprit tortueux, bref, que je ne sais plus ou je suis.
Vous êtes ici.
Une affirmation simple, claire, précise et concise. Rassurante pour certains, terrorisante pour d'autres.
Si je suis ici, c'est donc que je suis. Je vais passer sur les mécanismes qui m'ont conduit à exister, on est pas dans un putain de cours d'éducation sexuelle pour ados attardés, pour tenter de m'étendre sur les divers événements qui font que je suis toujours et que ce être ne s'est pas - encore - transformé en avoir été. Et puis au passage, si je peux tenter d'analyser les différents processus qui m'ont conduit ici ça pourrait être pas mal.
Tiens donc, je me sens la verve verbeuse ce soir. Donc, baste, on va tenter de faire du plus court, synthétique, percutant, de donner dans les tripes et le sang plutôt que dans le verbiage, on va tenter de dire merde à cette logorrhée.
Putain, je me suis encore perdu.
C'est tout moi ça, je digresse et m'égare par mégarde sans égard aucun pour mon interlocuteur.
Ha, cette tournure de phrase, si elle me fait sourire, est quand même relativement lourde. Mais elle me fait sourire, donc hop, on la garde.
Penser.
Ah oui, le début.
First, commencer par se donner une touche JCVD en insérant des english words dans une phrase en français. Check.
Deuxièmement, sortir de l'ornière littéraire dans laquelle je me suis vautré.
Check.
Le début. Commençons par ici, c'est aussi bien qu'ailleurs.
Ah oui, niveau cynisme et aigritude, la mienne est plus grosse que la votre. Postulat de base.
Les cons s'en sortent mieux dans la vie que les êtres doués de réflexion, truisme. On ne va pas épiloguer dessus. Heureux les pauvres en esprit dit la bible, et pourquoi n'aurait-elle pas tort, sur ce point précis?
Depuis quelques temps, je caresse l'idée de partir, une fois mon internat terminé, vers une zone de conflits. L'idée me plait. Un collègue, ami, compagnon de route et de trips veut, lui, intégrer la légion étrangère (Il n'est pas français.). Il souhaite, tout comme moi, partir, découvrir, aller la ou ça chauffe, et ou les règles deviennent plus simple, au niveau du point de perspective, la ou toute les lignes se rejoignent et se confondent, ou les instructions sont limpides: rester en vie.
Ça me botte comme programme. Vraiment, ça m'attire, comme un papillon qui s'approche d'une bougie et finit par mourir dans un flash d'extase, un Icare de carton-pâte brûlé par le feu du savoir.
Ça me paraît être une étape indispensable pour savoir vraiment qui je suis. Comprendre mes motivations, mes réactions, mes instincts et réflexes. Connaître le stress, le vrai, la pression écologique, celle qui induit indubitablement une évolution ou la mort.
Pile ou Face. Simple comme bonjour.
La légion, en revanche, je ne sais pas si c'est fait pour moi. En plus de franches tendances antisociales, de ma misanthropie maladive, mon refus absolu pour toute forme de hiérarchie, d'autorité, et mon impossibilité quasi-physique voir épidermique d'appartenance à un groupe ne me permettraient pas de tenir plus de 5 secondes dans un tel milieu sans tuer un de mes co-légionnaires, bien que la perspective de pouvoir être payé pour tuer des gens soient tentante.
Mais j'évolue, qui sait? Peut-être que.
Et comme j'vais être honnête, les bouts de texte que je rassemble aujourd'hui, que je réécris, que je mets en forme et tisse, proviennent eux-aussi, tout comme mes souvenirs, de Moi différents dans le temps et l'Espace, et ma vision des chose, a un peu évolué.
Avant, c'était Niet la légion. Maintenant j'y pense, j'y songe et je me dis que, pourquoi pas?
En revanche, je bloque toujours sur certains points, je crois que je ne pourrais supporter le fait de "servir" une "patrie" pour laquelle je n'éprouve aucun respect, aucune reconnaissance, pas une once d'amour, voir même plutôt le contraire.
A chaque fois que j'ai du vivre en groupe, je me contentais de rester au fond, à l'écart, de foutre sur la gueule de ceux qui se sentaient péter plus haut que leurs culs et qui se croyaient mes égaux. Or, personne, mis à part mes chaussettes et mes rangers, ne m'arrive à la cheville, modeste que je suis.
Hin hin. Parfois, je me fait rire tout seul comme un con.
J'ai du mal à partager ça.
J'ai du mal à me partager, et c'est pour ça que j'écris quand je suis épuisé, défoncé, bourré, et que plus rien ne me retient. C'est pour ça que je prends ces bouts de texte sans queue ni tête, en retravaille la forme et les accole, comme un patchwork de facettes de moi même et les fait lire à de parfaits inconnus.
Je ne sais même pas ce que je cherche dans ma démarche. Je ne sais même pas si je cherche quelque chose, je n'en espère rien d'autre que de pouvoir me relire et me comprendre. Et tant mieux si ça me permet de parler de moi, je crois que ça fait du bien, ou du moins c'est ce qu'on m'a dit.
Alors je tente. Et vous, parfaits inconnus, dont j'ai une représentation mentale, en voyant vos tronches, en lisant vos proses, vos TR, vos expériences, image mentale qui ne correspond pas à ce que vous êtes réellement, êtes mon public fictif. Et c'est très bien comme ça, vous avez le choix de me lire, ou de ne pas le faire, de me commenter, de me juger, d'apprécier ce que vous entrevoyez, ou de me haïr, de me critiquer, de me vilipender, tout ceci sans que cela n'entache mon masque social normal, celui qui régit mes rapports sociaux avec les gens en chair et en os, ceux qui sont si proche de moi que je peux sentir leurs odeurs corporelles, lire leur langage corporel, analyser leurs réactions et leurs paroles. C'est juste parfait, parce que je crois que si je peux les déchiffrer aussi pleinement, eux le peuvent, et que dans ces conditions je ne pourrais pas baisser ma garde.
En gros, vous me servez d'auditeurs virtuels vers lesquels je peux cristalliser et focaliser ma vision de moi même, dévoiler mon weltanschauung, sans pour autant me mettre en péril. Alors pour ça, j'vous remercie, même si je sais que, de part la nature de ma démarche en plusieurs temps, de par la réécriture que j'impose à mes textes, ma démarche introspective ne sera ni pleine ni totale, mais j'ai néanmoins envie de tenter l'expérience, aussi faussée soit-elle. Alors je reprends.
En ce qui concerne ma facilité à "sociabiliser", se faire écouter et avoir des rapports superficiels avec le bétail bête et méchant qui partage 99.9% de mon ADN, je la perçois comme nullement incompatible avec ma misanthropie. D'ailleurs, parmi mes quelques amis, la majorité n'aime pas vraiment l'Espèce, et tous sont présentés par les mêmes asticots sur lesquels ils crachent comme des bons orateurs, charismatiques, sociables et se liant facilement. J'en viens même à commencer à croire que la misanthropie et le charisme sont deux traits indissociables de l'acuité intellectuelle, et j'aime me jeter des fleurs.
Mais derrière la façade, le fossé. Le gouffre, l'abîme. Elle nous sépare, eux et moi. Quand je les insulte, ils ne comprennent rien et rigolent de ma "bonne blague". Quand je leur crache ma haine à la figure, ils disent aussi m'aimer et rigolent tout en mordant leurs langues pendantes dépassant de leurs bouches tordues, sphincters putrides ouverts sur leurs faces de mongoloïdes. Putain ce que je les hais, ces parasites, ce cancer au sein duquel je me trouve enkysté. J'ai l'impression d'être un loup au milieu du troupeau de moutons de panurge pas nets, de ne partager aucune similitude dans mon schéma mental avec ces êtres fats et fades, de n'être qu'un imposteur, un intrus, une erreur de la nature, une putain de mauvaise blague cosmique, un raté de l'évolution condamné à contempler la médiocrité de ma propre espèce, brûlant d'envie de mettre fin à la mascarade, désirant ces indésirables, enviant ces mollassons, je m'aperçois de ces désirs, réminiscences de millions d'évolution de notre espèce grégaire et me met à me mépriser, moi ce désabusé chantre du chancre.
Et merde, voila que je remets ça.
Putain, moi qui voulais parler peu mais parler d'or, faire dans le percutant, le dense, le lapidaire le succinct.
Penser à la constipation mentale.
Bien. Juguler mes pensées. Simple schématique.
Donc.
Pourquoi suis-je encore la, et pourquoi suis-je ou je suis?
Merde, je n'ai aucune envie de tout confier. Pas maintenant tout du moins. Je vais donc esquiver la question qui n'était pas posée et me contenter de répondre à celles auxquelles je peux penser.
Comment en suis-je arrivé à avoir mon bac à l'âge de 16 ans et de me retrouver, à bientôt 24 ans un vieux con aigri, frustré, ayant accumulé les années de fac inutiles comme une pute bulgare accumule les MST, paumé au fin fond de l'Europe de l'Est à faire des études qui semblent en totale contradiction avec ma vision de l'Espèce?
En maternelle, je savais déjà lire, écrire et compter. Je m'ennuyais.
J'ai donc sauté des classes.
Je m'ennuyais toujours en primaire, alors je lisais en cours et emmerdais mes profs quand ils m'en empêchaient.
Quelle belle ordure de petit glaire de gamin j'étais, je m'aime.
Mais je m'ennuyais toujours.
Ensuite, je suis entré dans un collège de secteur, banlieue ouest de Paris, au milieu des déchets, des grouillots et de la racaille. Autant dire que ça se passait mal. J'ai appris à me servir de mes poings, de mes pieds, et de tout objet pouvant servir à faire mal. J'ai appris à manier une lame, un extincteur, un bâton.
J'ai aussi appris à toujours avoir un œil derrière moi. A fuir les groupes, à ne jamais s'assoir autrement que dos au mur, face à une issue.
Et je m'emmerdais toujours autant.
La, mon proviseur et mes enseignants m'ont envoyé dans un collège un peu particulier, le collège du Cèdre au vésinet. Dans une classe pour "intellectuellement précoces". Parqués, gardés, surveillés, formatés, nos cerveaux lavés, étudiés, analysés. La seule condition pour intégrer cette classe était de se faire tester par une psy bossant avec l'établissement, et d'avoir plus de 130 de QI.
Ha, la belle affaire. J'en reviens pas de voir à quel point on nous a mystifié, nous pauvres gamins inadaptés, nous endoctrinant à coup de Propaganda quasi-eugéniste sur l'importance du QI et sur notre propre supériorité envers le reste des Hommes. Et le plus dur, est que je n'arrive pas toujours à me défaire de ce conditionnement, je dois balayer la condescendance primitive qui m'habite quand je rencontre quelqu'un, d'un geste trop conscient, me forcer à m'ouvrir, à écouter et à ne pas ricaner intérieurement sur cet être qui tente de partager avec moi sa vie. Putain, je dois le faire de manière consciente. Mon premier réflexe, est le mépris. Impossible de s'en débarrasser.
Et au lieu d'être seul contre tous, dans ce mirifique collège, j'avais des gamins dans les pattes, et j'étais toujours seul contre toutes les autres classes.
Et je m'emmerdais toujours.
Ensuite, j'ai intégré le Lycée Hoche, Versailles, berceau des élites de la nation et des trous du culs en tous genres.
J'ai tiré mon temps, en buvant, fumant, baisant, me camant le plus possible. J'ai passé mon bac et j'ai été libéré de cette merde.
Du moins le croyais-je.
Enfin bref, j'en ai marre, et j'ai la flemme de me relire.
Écrire, ce n'est pas trop mon truc, j'ai, comme vous avez pu le constater, tendance à m'embrouiller.
Donc, rideau. Fin de l'acte I, de cette mise en scène grotesque avec moi comme pantin, la marionnette dans laquelle je mets moi-même les doigts.
I HAVE a rendez-vous with Death...
"...At some disputed barricade,
When Spring comes back with rustling shade
And apple-blossoms fill the air—
I have a rendezvous with Death
When Spring brings back blue days and fair."
Alan Seeger
*Entracte, les rafraîchissements sont prévus au comptoir, reprise dans quelques minutes*
J'ai un rendez-vous avec la mort. Un rendez-vous galant, nous danserons, je la regarderai droit dans les yeux, puis l'embrasserai, tandis qu'elle m'embrasera. Je n'ai juste pas encore choisi la date, ni le lieu ni l'heure.
D'ailleurs, la mort étant une traînée, nous avons tous rendez-vous avec elle. Je l'accepte et ferme les yeux sur ses infidélités, sur ses infidélités, après tout voila bientôt 24 ans que je me refuse à elle, et nulle femme ne saurait se pâmer et se languir de moi pendant si longtemps sans en devenir volage.
Pute, je te dis que j'ai rendez-vous avec toi. Mais pas tout de suite, calme tes ardeurs, le moment viendra bien assez tôt.
Je ne mourrai pas vieux, cette chose est sûre. En revanche, je mourrai sans doute seul, en vain, dans un quelconque coin paumé du monde, mon sang se mêlant à la boue, le corps percé. A moins que je ne meure d'une overdose dans un bouge minable et crade d'un pays du tiers monde, une pute sidaïque au bout de la bite et une seringue dans le bras. Il se peut aussi que je finisse mes jours après une lente agonie, une descentes aux enfers au delà du Styx, mon corps affaibli se mourant lentement, la peau parcheminée, jaunâtre, suant et me faisant dessus de douleur. Qu'importe, je ne mourrai pas vieux, et ça me va. Tel Vian, je mourrai d'un cancer de la colonne vertébrale, sans passion, mais avec intérêt.
Mais ma mort je la choisirai. Je la mettrai en scène, et j'en serai l'acteur, le réalisateur, l'instigateur et le régisseur. Je mourrai quand bon me semblera. Et pas avant.
Je n'ai pas peur de mourir. Au contraire. J'ai peur de vivre. Peur de moi, peur de mes semblables. Peur de finir débilité, légume blet, coquille vide, triste relique d'une splendeur mentale disparue. Je refuse de même de voir mes fonctions physiques décliner avec l'âge, et de sentir mon esprit intact pris au piège dans un vaisseau ne pouvant le servir. J'ai peur de finir comme eux de transiger avec moi même, de tomber de mon socle d'arrogance, de déconsidérer ce qui est mon essence, ma morgue et la certitude d'être au dessus de la masse grouillante puante et rampante.
J'ai peur de faire des compromis avec moi même, ainsi je me livre entier, amer, aigri, maudit, inexorablement et inhumainement humain. Je suis paradoxe, je suis nuance, je suis très certainement fou, je suis né au mauvais millénaire, je suis fondamentalement nihiliste, intrinsèquement déplacé, mais je suis entier. Jamais je ne serai compromis, conciliation ou demi-mesure. Jamais je ne serai autre que moi même, ce qui est déjà beaucoup, voire bien plus que ce qu'ont à offrir la plupart des gens. Et voilà, encore ce sentiment de supériorité minable, ce masque qui cache je ne sais quoi, même si je subodore que ce n'est pas plaisant.
J'ai une certaine intégrité, si ce n'est une intégrité certaine. Et ce que je ne peux me résoudre à faire, c'est à me complaire dans l'hypocrisie et dans la fausse abnégation: Je vis pour moi et moi seul, le clame et l'assume. Aimez moi ou haïssez moi, respectez moi ou méprisez moi, écoutez moi ou ignorez moi: c'est avant pour moi que je suis, que je parle et que j'agis, que j'écris. Et si je ne sais pas bien pourquoi j'en suis à me livrer à vous, je pense vouloir rechercher un peu de complicité, une sorte de solidarité d'anciens combattants, de vétérans, d'éclopés, une confiance de cour des miracles, comme ce réconfort qu'apporte le fait de ne pas se savoir seul.
Donc, oui, nous sommes des carnivores, des prédateurs. Du moins, je le suis. Putain, je suis né pour être un chasseur. Born to kill.
Mais je me contrôle. J'intellectualise ma folie, mes émotions, mes sentiments, mes pulsions. Je suis un torrent de montagne, calme en apparence, puissant et tortueux, meurtrier les nuits d'orage, imprévisible et sans pitié. D'ailleurs, j'attends le prochain qui va tenter de me baiser. Je n'attends que ça.
Ha. Mais voila que je recommence. Je suis fatigue. Je choie encore le point éclair de mon esprit, j'approche la température d'embrasement de la pensée, tendant vers l'auto-combustion mentale. Décousu est mon schéma mental. Sinueuse est ma syntaxe. Je ne sais plus ou j'en suis, mais je parle. Peut-être effectivement suis-je en train de m'écouter (lire?) parler. Peut-être est-ce de l'auto satisfaction. Mais qu'importe, si je tente (je n'ai pas la prétention de réussir) de ne pas me mentir à moi même: Si je n'ai pas d'autosatisfaction, qui sera satisfait pour moi, de moi?
Merde.
Ne pas oublier, quand je mourrai, ça sera dans la merde.
Et si jamais une quelconque divinité existe, "merde" sera le seul mot que je lui dirai. J'aime ce mot.
Et je pense à la mort. Alors que je suis quasi-catatonique, à contempler le plafond de ma chambre ou s'échouent les volutes de fumée, nuages toxiques qui montent et se brisent contre le mur immuable qui clôt l'espace.
Ma vie est comme cette fumée de cigarette. Elle nait brièvement d'un point A, s'effiloche, et se finit brutalement en un point B, avant d'avoir pu parcourir une longue distance.
Pour en revenir à la mort.
...car au final, nous en revenons toujours à la mort. Elle nous hante, et est la raison même de notre vie.
Mon ami penses que la légion est le seul moyen de s'offrir une mort au combat, une fin brève, glorieuse, brillante. J'ai choisi, je crois, une autre voie. Je pense, comme je le disais plus haut, une fois mon internat fini, partir vadrouiller, en Irak, Corée, Afghanistan, au fin fond de l'Afrique noire, n'importe ou sera la guerre je la suivrai. Sentir la cordite, le sang, la merde, la bile, les pleurs, la mort, la pisse et les larmes.
Je serai un voyageur, car comme Dylan Thomas le disait "And Death shall have no dominion", "Et la mort n'aura pas d'Empire". Je compte trouver ma mort ainsi: en me déplaçant la ou elle se trouve, pas la ou on me l'ordonne. Je me déplacerai pour moi, pas pour quelqu'un d'autre, pas pour une cause ou pour un pays.
Bordel, je suis né au mauvais millénaire je crois.. J'aimerais tellement pouvoir passer mes ennemis au fil de l'épée, qui ne se contenterait pas de rester, emmaillotée dans des chiffons graisseux dans ma cave. Merde, j'aimerais. Mais je compose avec le monde tel qu'il est, je fais avec. Ou sans.
D'ailleurs, le monde fait bien sans moi. Et moi sans lui.
Bref, je n'ai plus la force de me relire.
Pour le reste, je trouve mon compte sous terre, ou dans des friches industrielles. Sous terre, dans le noir absolu, c'est un des seuls endroits au monde ou il m'est encore possible d'explorer.
Sur ce, et puisque, je crois, vous le méritez:
Anthem for doomed Youth
What passing bells for those who die as cattle?
Only the monstrous anger of the guns,
Only the stuttering rifles' rapid rattle
Can patter out their hasty orisons,
No mockeries for them from prayers and bells,
Nor any voice of mourning save the choirs, –
The shrill, demented choirs of wailing shells;
What candles may be held to speed them all?
Not in the hands of boys, but in their eyes
Shall shine the holy glimmers of good-byes,
The pallor of girls' brows shall be their pall;
Their flowers the tenderness of silent minds,
And each slow dusk a drawing-down of blinds.
Wilfred Owen, 1917
Je suis ivre.
Je ne suis pas sorti de chez moi aujourd'hui. J'ai tourné en rond, tel un zombie décérébré, usant la moquette de mon pas rageur. Il faisait trop chaud à l'intérieur, trop froid à l'extérieur, trop de soleil, trop de nuages, un temps lourd et pesant dedans, froid et humide dehors.
Je suis resté devant mon écran. Et la, alors que tous dorment, je ne suis éclairé que par la dalle, les cristaux liquides me servant de lucioles, illuminant ma face d'une pâleur de mort. La fumée de ma cigarette monte au plafond en de longs filins de brume nocive. Fumer, c'est un suicide à long terme. Est-ce du masochisme, mais me tuer procure du plaisir? Je meurs lentement, et je revis à chaque taffe. La fumée emplit mes poumons, âcre et puissante. Elle amène avec elle le parfum de la ruine, de la déchéance, parfum de la déliquescence qui promet une coercition cancéreuse.
Je m'en fous, je ne serai plus bien avant que mon cancer soit. Ha.
Carpe fucking diem. Je profite de l'instant, vis par et pour l'instant.
L'ivresse parle. L'ephedrine et la caféine me maintiennent en état compatible avec la vie, crient à mes oreilles. La codéine murmure.
Et je l'écoute, j'entends son doux chant, je me laisse bercer au rythme des sirènes de mon esprit détruit.
Promesse de joie malsaine. Promesse de gueule de bois carabinée, une tête enflée qui résonne, et vibre à la fréquence du glas sourd de mon cœur qui bat.
Putain. Je sens mon sang circuler, charrier l'alcool jusqu'à mon cerveau, alcool qui s'infiltre, court-circuite mes neurones, transige avec mes pensées, les brouille, floute ma raison en même temps que ma vision.
Ha.
Ma vie est un désastre, et je mourrai sans doute comme j'ai vécu, en manquant de savoir-vivre.
Sauf que, j'aurai pris mon pied. J'aurai vécu. Vraiment. A 100 à l'heure, je me dirige droit dans le mur, et j'accélère.
Ne pas fermer les yeux.
Aucun regret.
Putain, dehors, le jour se lève, les oiseaux chantent, on est entre chien et loup, et j'ai envie d'hurler à la lune.*
Je veux crier au monde ma soif de sang. Mon envie de chasser. Je veux sentir l'adrénaline induire des modifications physiologiques dans mon corps, accélérer, courir, sentir le sang dans ma bouche.
Je veux me laver les mains dans des tripes, festoyer sur un tapis de cadavres, je veux que la bière coule à flots et que les filles dansent nues sur les tables.
Putain.
Je suis né pour être un viking, aller la ou la marée me pousse, broyer des crânes avec ma hache, embrocher mes ennemis sur le fil de ma lame, emporter leurs trophées, leurs vies, leurs femmes, leurs enfants.
Mais c'est la testostérone qui parle.
Je voudrais vivre l'histoire. Je voudrais avoir vécu ailleurs, au passé.
Mais je ne peux. Alors je rêve, je rêve éveillé, jamais endormi.
Je passe mon temps à le perdre, perdu ailleurs. En des temps, sous des cieux plus cléments. Quand la valeur d'un homme se mesurait à son courage, son intelligence et son honneur, pas à la marque de son costard, la taille de sa queue ou le nombre de zéros sur son compte en banque.
Conneries, foutaises.
Votre monde me dégoûte. Il me donne la nausée. Superficiel et vain, voici les deux maîtres mots qui guident nos vies. Allez tous vous faire mettre, je vis la mienne comme bon me semble. Ce que je le veux, je le prends. Ou je veux, je vais. Quand je veux, j'agis. Point.
Putain. Ou en étais-je. Ha, TS Eliot Et Wilfred Owen m'auraient détesté. Mais je m'en fous, je suis. Point. Et eux sont morts. J'ai l'avantage.
Ma vie, ma mort m'appartiennent.
Je devrais faire en sorte de ne pas les gâcher.
Et sur ce, mon verre est vide, et je suis plein, il est temps de clôturer l'expérience. Merci de votre patience et de votre indulgence, je sais que je ne me présente pas sous un beau jour, je sais que je parle de moi et de ma vie, que vous vous en foutez, alors merci du temps que vous m'avez consacré.
A la prochaine.