Ann
Neurotransmetteur
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Disclaimer : Bon, avant toute chose, on va mettre une chose au clair : J'ai fait mon gros con irresponsable. Ça fait plus ou moins trois ans que j'ai pas touché un truc un tant soit peu violent (la dernière, c'était des champis à Amsterdam, toujours avec Mario), j'avais pris qu'une fois du DXM, une semaine avant, 500mg. Tout ça pour dire, niveaux drogues, je suis largement revenu au stade de newbie. A la base, ce trip, j'pensais le faire "480mg, j'augmente un peu la dose si ça se passe bien mais c'est tout". Au final, j'suis monté à 720mg avec le pamplemousse blanc. Alors oui, ça s'est bien passé en fin de compte, mais vu l'état dans lequel j'étais, ça aurait pu être complètement autre chose. Un trop plein d'enthousiasme, sans doute couplé à une bonne dose d'arrogance/insouciance en somme toute prépubère m'a poussé trop loin, par chance j'ai pas fait de connerie, mais la raison impose qu'un néophyte comme moi ne prenne pas autant pour son deuxième trip sous DXM. C'est dangereux, et en plus, vous avez tout votre temps pour monter à des doses équivalentes.
Point beaucoup moins important, je m'excuse par avance du style bien lourd du texte, j'ai pas réussi à m'en débarrasser, ahah. Et ça manque aussi beaucoup de réflexions intelligentes sur mon trip, mais en même temps, je maitrisais vraiment plus grand chose, du coup pour les révélations existentielles faudra attendre une autre expérience.
(Pour une meilleure vision d'ensemble, vous pouvez lire le TR de Mario ici : http://www.psychonaut.com/dxm/43045-dxm-720mg-11mg-kg-%97-pamplemousse-n%E9ant-aquarelle.html)
Before the Beginning
Donc ouais, j'arrive chez Mario vers 14h30/15h, on boit directement le jus de pamplemousse blanc que je venais d'acheter, et on vaque à nos occupations. Le temps passant beaucoup trop lentement à notre goût, on se décide enfin à se poser devant Spaced, histoire de se vider un peu le crâne.
18h30, on commence à prendre nos cachets. Pour Mario, la dose avoisine les 550 mg, pour ma part, je décide de la jouer plus calmement, n'en étant qu'à ma seconde prise de DXM : 450mg devraient faire l'affaire. Au pire, il nous reste suffisamment de cachets pour recalibrer tout ça par la suite.
Les épisodes de Spaced s'enchainent, la montée ne se montre toujours pas. Jusqu'au moment où la série ne fait plus aucun sens. J'ai beau avoir vu ces épisodes des dizaines de fois, impossible de les suivre ni de les comprendre. Parfois j'oublie même carrément qu'on est en train de regarder une série, je décroche totalement. Plateau 2, enfin. Avec Mario, on essaye de se lever, juste pour réaliser que se tenir debout tient du miracle. Effets normaux, quoi. On se repose devant la série, dans l'espoir de finir l'épisode, mais impossible. Finalement, on lance de la musique, et on se pose.
Going Inside
Même si le plateau 2 est plutôt marrant, j'avais quand même vraiment hâte de passer au troisième. Si c'est du à cette volonté, au nombre de cachetons ou à la prise progressive de ces derniers, je ne sais pas, mais le changement de plateau se fait extrêmement rapidement. La chambre dans laquelle on est, sans véritablement changer dans sa structure et son organisation, se transforme en vaisseau spatial. Il est encore pas trop tard, sans doute 20h, au plus tard, 20h30, mais dehors, tout est noir. Pas un noir nocturne, un noir spatial. Je sens la chambre qui file à travers le vide spatial à toute vitesse, l'inertie me cloue sur le lit. De temps à autre, la lumière revient à l'extérieur, et même si rien n'a vraiment changé au dehors, je sais que nous ne sommes plus dans le petit village où nous étions. Tout est nouveau, inconnu. Les arbres que je voyais, aussi terrestres soient-ils, m'apparaissaient comme étrangers, insolites. Impossible de savoir si j'étais sur une nouvelle planète, ou si j'avais simplement perdu mon identité terrienne. Les dimensions de la chambre sont aléatoires, tout change d'une seconde sur l'autre. Le temps n'est pas en reste, tout semble durer une éternité, et j'ai vite l'impression que nous voyagions depuis toujours.
Un petit flashback s'impose pour la suite : Depuis quelques temps, j'ai tendance à trouver toutes formes d'occupations pour fuir mes problèmes plus importants. Il y a quelques jours, avec Mario, on a téléchargé Minecraft, pour enfin essayer ce Lego virtuel. Lui ne s'y est pas vraiment penché, mais j'ai finalement passé deux jours entiers à empiler des briques les unes sur les autres.
Résultat, pendant ce voyage interplanétaire, la chambre a commencé à se transformer, progressivement, en amas de cubes. Des cubes que je pouvais détacher les uns des autres, remodeler à l'infini. Pouvais, simplement, car je n'ai pas mis l'idée en pratique : Elle me semblait inutile, et pas vraiment pertinente. En revanche, je sentais que j'étais une anomalie dans ce monde cubique. Moi, plein de courbes et autres formes ondulées. J'ai donc décidé de devenir un amas de cubes. Mais j'étais encore trop complexe. Un cube, simple et unique, voilà ma véritable forme. En tant que cube, je n'avais plus à répondre aux limitations de mon corps humain. Plus de gravité, plus de besoins. Le vaisseau n'avait plus vraiment de sens, je l'ai donc quitté, pour voyager en bon cube que j'étais. Même si j'avais perdu ma conscience humaine, je possédais toujours une certaine forme d'existence. Cubique, mais concrète. Les atomes filaient à toute vitesse autour de moi, dans le chaos le plus pur qu'on puisse concevoir. On pense souvent à l'Univers comme une sorte de Tout harmonieux, infini dans le temps et l'espace, immuable, moi y compris, convaincu de mes opinions panthéistes. Mais cet Univers là, s'il était nôtre, ne correspondait pas du tout à cette image. Ses dimensions, son fonctionnement, sa base la plus fondamentale, fluctuaient à chaque instant. J'étais la Conscience Cube au centre de l'Univers, et je voyais que cela ne signifiait rien. Ou tout. Ou probablement les deux à la fois.
Je suis vite retourné dans le vaisseau, là où les choses pouvaient encore avoir un sens, ou du moins, une constance. Les cubes avaient disparu, j'avais retrouvé notre monde. Ça faisait une éternité qu'on voyageait dans cet engin, sans but apparent. Cette fois, tout est resté noir à l'extérieur. De nouveau pris par mes considérations humaines, j'ai voulu fumer une cigarette. Avec beaucoup de difficultés, j'essaye d'en rouler une. Mais le résultat ne me convient pas : Ma cigarette est en six dimensions, et ne peut définitivement pas convenir à ma bouche en trois dimensions. J'essaye d'en rouler une deuxième, avec les mêmes difficultés, et le même résultat dimensionnel. Avec toujours autant de détermination, j'essaye de rouler une deuxième feuille par dessus la première, pour compresser les six dimensions et n'en conserver que trois, sans succès. Déçu par le résultat, je finis par déchirer ces mêmes dimensions, que je refuse, qui ne conviennent pas au monde dans lequel elles évoluent (on retrouvera finalement les restes de cette cigarette le lendemain, avec les cicatrices de ces dimensions superflues). Mario me roule finalement une cigarette, celle-là convient, et je peux enfin résoudre mes problèmes dimensionnels.
A Fall Thru The Ground
A partir de là, les choses deviennent beaucoup plus floues. J'ai vu que je pouvais tenir cette dose, et que je pouvais aller plus loin. Avec Mario, on décide de finir nos deuxièmes tablettes respectives. 720mg dans le gosier, donc. 12mg/kg dans ma face. On continue nos divagations. De mon côté, mon corps recommence à faire n'importe quoi, J'ai un troisième bras qui pousse sur mon coude gauche, et qui existe en alternance avec son voisin, selon la position que je lui donne. J'ai des ventouses sur le bout des doigts, mes jambes s'allongent, se raccourcissent, pour finalement se stabiliser à une taille qui doit pas dépasser la vingtaine de centimètres.
Et là, trou. J'imagine que j'ai touché le plateau 4. Je sais pas combien de temps il s'est passé, ce qui était vrai ou non. J'ai purement arrêté d'exister, plus rien, plus de conscience, plus d'univers, plus rien. C'est la voix de Mario qui m'a arraché au vide. J'ai eu beaucoup de mal à reconstituer le monde autour de moi, mais j'ai finalement réalisé que j'étais dans les chiottes de la maison. Sans savoir comment j'avais pu arriver là, ni depuis combien de temps, ni pourquoi. Mais le vide m'a très vite aspiré à nouveau, et j'ai arrêté d'exister à nouveau, pour une durée de temps indéterminée (je contrôlais absolument rien, ça partait et ça venait sans prévenir et sans me laisser la moindre once de décision). C'était vraiment une sensation bizarre (bien plus que d'être un cube dans l'espace, en tout cas) : Je non-existais en tant que néant, j'étais le néant, sans conscience, sans forme, sans contexte. Enfin je dis "non-exister", mais tout vocabulaire qui s'apparente à l'existence est pas adapté. Ni celui de la mort, je ne l'étais pas, car je n'avais jamais vécu. Je sais pas si y'a des fans de Doctor Who ici, mais j'imagine que ça doit plutôt bien correspondre à se faire aspirer par une des failles de la saison 5 de la nouvelle série. J'ai vraiment du mal à expliquer la forme de conscience que j'avais, parce que je devais en avoir une quand même, faute de quoi j'pourrais pas vous raconter ça. J'imagine que ça doit correspondre à une sorte de blip de conscience, une activité cérébrale réduite au minimum, mais juste assez suffisante pour pas mourir cérébralement. Bref, il n'y avait véritablement plus rien.
Bref, Mario m'appelle une seconde fois, même reconstitution difficile du réel, mêmes chiottes. Cette fois, j'arrive à me concentrer suffisamment pour me lever et me rediriger vers la chambre. Enormément de mal à marcher, déjà jusqu'à la porte des toilettes, mais le reste du trajet est encore plus difficile. Le couloir est éteint quand j'y arrive, tout est noir. Je marche littéralement millimètre par millimètre pour rejoindre Mario, et à vrai dire, mes bras me sont bien plus utiles, plus fiables, que mes jambes. La chambre baigne dans un rouge évolutif, tantôt orangé et chaud qui me fait suffoquer, tantôt un rouge brumeux, plus terne, qui m'évoque une scène onirique dans l'art-game The Path (très proche de ça, en fait The Path (PC) - Ruby's Ending - YouTube). Je m'allonge sur le lit, à côté de Mario, qui en profite pour me prendre dans ses bras. D'un côté, je me sens rassuré, mon corps revient petit à petit, je sens mon existence qui reprend, mais de l'autre, je commence à ressentir une douleur assez violente. J'ai l'impression qu'on vient de nous jeter dans un bac d'acide et que, malgré notre dissolution, nous existons toujours avec la même perception, les mêmes sensations, et cette douleur ne disparait pas. On a totalement fusionné, et mon corps n'est pas prêt pour ça. Mario retourne à son activité du moment (expérimenter des dxm-holes en se mettant les mains devant les yeux, mais il vous l'expliquera bien mieux que moi dans son TR), et moi, je ressens à nouveau mon corps disparaitre. Cette fois, je sens le néant arriver, mais l'impuissance reste la même. Le reste de l'univers et moi-même disparaissons à nouveau, mais cette fois, j'ai l'impression que ça se passe sur une durée objective beaucoup plus courte. Quand je reviens à moi, Mario a toujours les mains sur les yeux.
One More of Me
A partir de là, je commence à redescendre. Il n'y aura plus de vide. Toutes les textures de la chambre ont changé, ma vision grésille, comme une vieille pellicule de film. Des glyphes en vert pomme-radioactive défilent au plafond, la chambre baigne toujours dans le même rouge, mais cette fois, il ne flotte plus dans l'air, il s'est imprégné dans les murs et les objets. L'occasion, me semble-t-il, de quelques câlins supplémentaires avec Mario, cette fois bien moins ambivalents que le premier. Le vide avait beau être parfait, j'étais heureux de revenir à la réalité, et je recommençais à ressentir des émotions humaines, l'amour, en particulier, une sorte d'overdose euphorique envers Mario.
Mon corps revenait peu à peu à lui, ainsi que ma lucidité, et mon cerveau a d'un coup réalisé quelque chose : J'avais perdu tout contrôle de mon corps pendant la soirée, et je transpirais comme jamais. Et j'avais la sincère impression de m'être chié dessus. Du coup, je retourne aux chiottes, en pleine conscience, cette fois, pour régler la question. Finalement, rien du tout, juste une psychose qui, je pense, est plutôt normale après un trip pareil. Par contre, le reste est moins agréable. J'ai beau redescendre, je suis toujours encore salement trippé, et mon corps est distordu à l'extrême. Je suis maigre, affreusement maigre, jauni. Comme le corps d'un cancéreux en phase terminale, qui enchaine chimiothérapie sur chimiothérapie. J'imagine que c'est un mélange de beaucoup de choses dans ma psyché, déjà, la hantise de mon poids (60kg pour 1m90, beaucoup trop maigre même dans la réalité), et de vieilles réminiscences comme la dernière vision que j'ai eu de mon oncle sur son lit d'hôpital, la veille de sa mort d'un cancer particulièrement agressif. Mes poils s'organisent dans des configurations complexes et raisonnées, prennent des formes torturées (avec le recul, je réalise que ça rejoint assez l'esthétique de Tetsuo, de Shinya Tsukamoto). Mon corps me dégoûtait, simplement. J'avais quitté la dimension du néant, et je m'étais pas encore habitué au monde physique.
Je retourne dans la chambre, avec plus de facilité que précédemment, mais la psychose reste, amplifié cette fois par mon dégoût corporel. Je n'ai plus que la peau sur les os, peau que j'étire à volonté, qui m'effraie car vide de toute chair. J'essaye à nouveau de me rouler une cigarette, toujours autant de mal, et Mario vient une nouvelle fois à ma rescousse en m'en roulant une. La chambre n'a pas changé d'atmosphère, et les glyphes au plafond défilaient encore plus vite que précédemment. Très vite, ma hantise a repris le dessus, et j'ai du retourner aux toilettes pour apaiser mes craintes, à nouveau. Mon corps empirait de plus en plus, et mon cerveau n'arrangeait rien. Et si j'étais totalement redescendu, et que ce corps, ce monde, était la vraie réalité, celle que je devrais supporter jusqu'à la fin de mes jours ? La peur que je ressentais était pourtant totalement artificielle, je savais qu'elle n'était qu'une coquille vide, et elle se transformait bien vite en un simple agacement, comme un moustique qu'on entend tourner autour de soit quand on est dans son lit, en train d'essayer de dormir. Pourtant, mon corps n'arrêtait pas de changer, et cette fois, dans des proportions inquiétantes. Je sentais ma cage thoracique doucement se contracter, s'écraser à l'intérieur de moi. J'essayais de tirer mes côtes pour les ramener à leur place originelle, et le premier véritable élan de conscience réelle est arrivé : Je me suis arrêté net, réalisant que je pouvais facilement me briser une côte ou quelque chose dans le genre, n'ayant toujours aucune perception réelle.
After the Ending
Je suis une fois encore retourné dans la chambre, et à partir de là, la fin de soirée n'a été qu'un enchainement d'aller/retour aux toilettes, cette fois, beaucoup plus dans une optique malsaine d'observer ce corps qui me repoussait tant et observer mon lent retour à la clarté d'esprit. Vers 2h du matin, je suis suffisamment redescendu, j'me sens complètement crevé. J'fais signe à Mario que j'vais me coucher, et j'm'endors aussi sec. J'me réveille un peu avant huit heures, pas vraiment crevé sur le coup, mais la fatigue reviendra dans la journée. J'ai encore subi quelques relents le lendemain et le surlendemain (principalement un gros manque d'appétit et une bonne grosse flemme), mais rien de véritablement notable.
Du coup ouais, je partais pour un trip posé en plateau trois, j'ai joué au con, j'me suis pris une bonne grosse claque dans la tronche. J'regrette pas le trip en lui-même, l'expérience était intéressante, mais par contre, je trouve ça vachement triste de plus avoir toute ma tête pour avoir de vraies réflexions sur ce qui m'arrivait. Du coup, le DXM, j'vais probablement attendre un bon moment avant d'en reprendre, et même là, j'partirai sur des dosages moins élevés. La prochaine fois, j'aimerais bien pouvoir avoir au moins une pensée constructive dans la soirée, ahahah.
Point beaucoup moins important, je m'excuse par avance du style bien lourd du texte, j'ai pas réussi à m'en débarrasser, ahah. Et ça manque aussi beaucoup de réflexions intelligentes sur mon trip, mais en même temps, je maitrisais vraiment plus grand chose, du coup pour les révélations existentielles faudra attendre une autre expérience.
(Pour une meilleure vision d'ensemble, vous pouvez lire le TR de Mario ici : http://www.psychonaut.com/dxm/43045-dxm-720mg-11mg-kg-%97-pamplemousse-n%E9ant-aquarelle.html)
Before the Beginning
Donc ouais, j'arrive chez Mario vers 14h30/15h, on boit directement le jus de pamplemousse blanc que je venais d'acheter, et on vaque à nos occupations. Le temps passant beaucoup trop lentement à notre goût, on se décide enfin à se poser devant Spaced, histoire de se vider un peu le crâne.
18h30, on commence à prendre nos cachets. Pour Mario, la dose avoisine les 550 mg, pour ma part, je décide de la jouer plus calmement, n'en étant qu'à ma seconde prise de DXM : 450mg devraient faire l'affaire. Au pire, il nous reste suffisamment de cachets pour recalibrer tout ça par la suite.
Les épisodes de Spaced s'enchainent, la montée ne se montre toujours pas. Jusqu'au moment où la série ne fait plus aucun sens. J'ai beau avoir vu ces épisodes des dizaines de fois, impossible de les suivre ni de les comprendre. Parfois j'oublie même carrément qu'on est en train de regarder une série, je décroche totalement. Plateau 2, enfin. Avec Mario, on essaye de se lever, juste pour réaliser que se tenir debout tient du miracle. Effets normaux, quoi. On se repose devant la série, dans l'espoir de finir l'épisode, mais impossible. Finalement, on lance de la musique, et on se pose.
Going Inside
Même si le plateau 2 est plutôt marrant, j'avais quand même vraiment hâte de passer au troisième. Si c'est du à cette volonté, au nombre de cachetons ou à la prise progressive de ces derniers, je ne sais pas, mais le changement de plateau se fait extrêmement rapidement. La chambre dans laquelle on est, sans véritablement changer dans sa structure et son organisation, se transforme en vaisseau spatial. Il est encore pas trop tard, sans doute 20h, au plus tard, 20h30, mais dehors, tout est noir. Pas un noir nocturne, un noir spatial. Je sens la chambre qui file à travers le vide spatial à toute vitesse, l'inertie me cloue sur le lit. De temps à autre, la lumière revient à l'extérieur, et même si rien n'a vraiment changé au dehors, je sais que nous ne sommes plus dans le petit village où nous étions. Tout est nouveau, inconnu. Les arbres que je voyais, aussi terrestres soient-ils, m'apparaissaient comme étrangers, insolites. Impossible de savoir si j'étais sur une nouvelle planète, ou si j'avais simplement perdu mon identité terrienne. Les dimensions de la chambre sont aléatoires, tout change d'une seconde sur l'autre. Le temps n'est pas en reste, tout semble durer une éternité, et j'ai vite l'impression que nous voyagions depuis toujours.
Un petit flashback s'impose pour la suite : Depuis quelques temps, j'ai tendance à trouver toutes formes d'occupations pour fuir mes problèmes plus importants. Il y a quelques jours, avec Mario, on a téléchargé Minecraft, pour enfin essayer ce Lego virtuel. Lui ne s'y est pas vraiment penché, mais j'ai finalement passé deux jours entiers à empiler des briques les unes sur les autres.
Résultat, pendant ce voyage interplanétaire, la chambre a commencé à se transformer, progressivement, en amas de cubes. Des cubes que je pouvais détacher les uns des autres, remodeler à l'infini. Pouvais, simplement, car je n'ai pas mis l'idée en pratique : Elle me semblait inutile, et pas vraiment pertinente. En revanche, je sentais que j'étais une anomalie dans ce monde cubique. Moi, plein de courbes et autres formes ondulées. J'ai donc décidé de devenir un amas de cubes. Mais j'étais encore trop complexe. Un cube, simple et unique, voilà ma véritable forme. En tant que cube, je n'avais plus à répondre aux limitations de mon corps humain. Plus de gravité, plus de besoins. Le vaisseau n'avait plus vraiment de sens, je l'ai donc quitté, pour voyager en bon cube que j'étais. Même si j'avais perdu ma conscience humaine, je possédais toujours une certaine forme d'existence. Cubique, mais concrète. Les atomes filaient à toute vitesse autour de moi, dans le chaos le plus pur qu'on puisse concevoir. On pense souvent à l'Univers comme une sorte de Tout harmonieux, infini dans le temps et l'espace, immuable, moi y compris, convaincu de mes opinions panthéistes. Mais cet Univers là, s'il était nôtre, ne correspondait pas du tout à cette image. Ses dimensions, son fonctionnement, sa base la plus fondamentale, fluctuaient à chaque instant. J'étais la Conscience Cube au centre de l'Univers, et je voyais que cela ne signifiait rien. Ou tout. Ou probablement les deux à la fois.
Je suis vite retourné dans le vaisseau, là où les choses pouvaient encore avoir un sens, ou du moins, une constance. Les cubes avaient disparu, j'avais retrouvé notre monde. Ça faisait une éternité qu'on voyageait dans cet engin, sans but apparent. Cette fois, tout est resté noir à l'extérieur. De nouveau pris par mes considérations humaines, j'ai voulu fumer une cigarette. Avec beaucoup de difficultés, j'essaye d'en rouler une. Mais le résultat ne me convient pas : Ma cigarette est en six dimensions, et ne peut définitivement pas convenir à ma bouche en trois dimensions. J'essaye d'en rouler une deuxième, avec les mêmes difficultés, et le même résultat dimensionnel. Avec toujours autant de détermination, j'essaye de rouler une deuxième feuille par dessus la première, pour compresser les six dimensions et n'en conserver que trois, sans succès. Déçu par le résultat, je finis par déchirer ces mêmes dimensions, que je refuse, qui ne conviennent pas au monde dans lequel elles évoluent (on retrouvera finalement les restes de cette cigarette le lendemain, avec les cicatrices de ces dimensions superflues). Mario me roule finalement une cigarette, celle-là convient, et je peux enfin résoudre mes problèmes dimensionnels.
A Fall Thru The Ground
A partir de là, les choses deviennent beaucoup plus floues. J'ai vu que je pouvais tenir cette dose, et que je pouvais aller plus loin. Avec Mario, on décide de finir nos deuxièmes tablettes respectives. 720mg dans le gosier, donc. 12mg/kg dans ma face. On continue nos divagations. De mon côté, mon corps recommence à faire n'importe quoi, J'ai un troisième bras qui pousse sur mon coude gauche, et qui existe en alternance avec son voisin, selon la position que je lui donne. J'ai des ventouses sur le bout des doigts, mes jambes s'allongent, se raccourcissent, pour finalement se stabiliser à une taille qui doit pas dépasser la vingtaine de centimètres.
Et là, trou. J'imagine que j'ai touché le plateau 4. Je sais pas combien de temps il s'est passé, ce qui était vrai ou non. J'ai purement arrêté d'exister, plus rien, plus de conscience, plus d'univers, plus rien. C'est la voix de Mario qui m'a arraché au vide. J'ai eu beaucoup de mal à reconstituer le monde autour de moi, mais j'ai finalement réalisé que j'étais dans les chiottes de la maison. Sans savoir comment j'avais pu arriver là, ni depuis combien de temps, ni pourquoi. Mais le vide m'a très vite aspiré à nouveau, et j'ai arrêté d'exister à nouveau, pour une durée de temps indéterminée (je contrôlais absolument rien, ça partait et ça venait sans prévenir et sans me laisser la moindre once de décision). C'était vraiment une sensation bizarre (bien plus que d'être un cube dans l'espace, en tout cas) : Je non-existais en tant que néant, j'étais le néant, sans conscience, sans forme, sans contexte. Enfin je dis "non-exister", mais tout vocabulaire qui s'apparente à l'existence est pas adapté. Ni celui de la mort, je ne l'étais pas, car je n'avais jamais vécu. Je sais pas si y'a des fans de Doctor Who ici, mais j'imagine que ça doit plutôt bien correspondre à se faire aspirer par une des failles de la saison 5 de la nouvelle série. J'ai vraiment du mal à expliquer la forme de conscience que j'avais, parce que je devais en avoir une quand même, faute de quoi j'pourrais pas vous raconter ça. J'imagine que ça doit correspondre à une sorte de blip de conscience, une activité cérébrale réduite au minimum, mais juste assez suffisante pour pas mourir cérébralement. Bref, il n'y avait véritablement plus rien.
Bref, Mario m'appelle une seconde fois, même reconstitution difficile du réel, mêmes chiottes. Cette fois, j'arrive à me concentrer suffisamment pour me lever et me rediriger vers la chambre. Enormément de mal à marcher, déjà jusqu'à la porte des toilettes, mais le reste du trajet est encore plus difficile. Le couloir est éteint quand j'y arrive, tout est noir. Je marche littéralement millimètre par millimètre pour rejoindre Mario, et à vrai dire, mes bras me sont bien plus utiles, plus fiables, que mes jambes. La chambre baigne dans un rouge évolutif, tantôt orangé et chaud qui me fait suffoquer, tantôt un rouge brumeux, plus terne, qui m'évoque une scène onirique dans l'art-game The Path (très proche de ça, en fait The Path (PC) - Ruby's Ending - YouTube). Je m'allonge sur le lit, à côté de Mario, qui en profite pour me prendre dans ses bras. D'un côté, je me sens rassuré, mon corps revient petit à petit, je sens mon existence qui reprend, mais de l'autre, je commence à ressentir une douleur assez violente. J'ai l'impression qu'on vient de nous jeter dans un bac d'acide et que, malgré notre dissolution, nous existons toujours avec la même perception, les mêmes sensations, et cette douleur ne disparait pas. On a totalement fusionné, et mon corps n'est pas prêt pour ça. Mario retourne à son activité du moment (expérimenter des dxm-holes en se mettant les mains devant les yeux, mais il vous l'expliquera bien mieux que moi dans son TR), et moi, je ressens à nouveau mon corps disparaitre. Cette fois, je sens le néant arriver, mais l'impuissance reste la même. Le reste de l'univers et moi-même disparaissons à nouveau, mais cette fois, j'ai l'impression que ça se passe sur une durée objective beaucoup plus courte. Quand je reviens à moi, Mario a toujours les mains sur les yeux.
One More of Me
A partir de là, je commence à redescendre. Il n'y aura plus de vide. Toutes les textures de la chambre ont changé, ma vision grésille, comme une vieille pellicule de film. Des glyphes en vert pomme-radioactive défilent au plafond, la chambre baigne toujours dans le même rouge, mais cette fois, il ne flotte plus dans l'air, il s'est imprégné dans les murs et les objets. L'occasion, me semble-t-il, de quelques câlins supplémentaires avec Mario, cette fois bien moins ambivalents que le premier. Le vide avait beau être parfait, j'étais heureux de revenir à la réalité, et je recommençais à ressentir des émotions humaines, l'amour, en particulier, une sorte d'overdose euphorique envers Mario.
Mon corps revenait peu à peu à lui, ainsi que ma lucidité, et mon cerveau a d'un coup réalisé quelque chose : J'avais perdu tout contrôle de mon corps pendant la soirée, et je transpirais comme jamais. Et j'avais la sincère impression de m'être chié dessus. Du coup, je retourne aux chiottes, en pleine conscience, cette fois, pour régler la question. Finalement, rien du tout, juste une psychose qui, je pense, est plutôt normale après un trip pareil. Par contre, le reste est moins agréable. J'ai beau redescendre, je suis toujours encore salement trippé, et mon corps est distordu à l'extrême. Je suis maigre, affreusement maigre, jauni. Comme le corps d'un cancéreux en phase terminale, qui enchaine chimiothérapie sur chimiothérapie. J'imagine que c'est un mélange de beaucoup de choses dans ma psyché, déjà, la hantise de mon poids (60kg pour 1m90, beaucoup trop maigre même dans la réalité), et de vieilles réminiscences comme la dernière vision que j'ai eu de mon oncle sur son lit d'hôpital, la veille de sa mort d'un cancer particulièrement agressif. Mes poils s'organisent dans des configurations complexes et raisonnées, prennent des formes torturées (avec le recul, je réalise que ça rejoint assez l'esthétique de Tetsuo, de Shinya Tsukamoto). Mon corps me dégoûtait, simplement. J'avais quitté la dimension du néant, et je m'étais pas encore habitué au monde physique.
Je retourne dans la chambre, avec plus de facilité que précédemment, mais la psychose reste, amplifié cette fois par mon dégoût corporel. Je n'ai plus que la peau sur les os, peau que j'étire à volonté, qui m'effraie car vide de toute chair. J'essaye à nouveau de me rouler une cigarette, toujours autant de mal, et Mario vient une nouvelle fois à ma rescousse en m'en roulant une. La chambre n'a pas changé d'atmosphère, et les glyphes au plafond défilaient encore plus vite que précédemment. Très vite, ma hantise a repris le dessus, et j'ai du retourner aux toilettes pour apaiser mes craintes, à nouveau. Mon corps empirait de plus en plus, et mon cerveau n'arrangeait rien. Et si j'étais totalement redescendu, et que ce corps, ce monde, était la vraie réalité, celle que je devrais supporter jusqu'à la fin de mes jours ? La peur que je ressentais était pourtant totalement artificielle, je savais qu'elle n'était qu'une coquille vide, et elle se transformait bien vite en un simple agacement, comme un moustique qu'on entend tourner autour de soit quand on est dans son lit, en train d'essayer de dormir. Pourtant, mon corps n'arrêtait pas de changer, et cette fois, dans des proportions inquiétantes. Je sentais ma cage thoracique doucement se contracter, s'écraser à l'intérieur de moi. J'essayais de tirer mes côtes pour les ramener à leur place originelle, et le premier véritable élan de conscience réelle est arrivé : Je me suis arrêté net, réalisant que je pouvais facilement me briser une côte ou quelque chose dans le genre, n'ayant toujours aucune perception réelle.
After the Ending
Je suis une fois encore retourné dans la chambre, et à partir de là, la fin de soirée n'a été qu'un enchainement d'aller/retour aux toilettes, cette fois, beaucoup plus dans une optique malsaine d'observer ce corps qui me repoussait tant et observer mon lent retour à la clarté d'esprit. Vers 2h du matin, je suis suffisamment redescendu, j'me sens complètement crevé. J'fais signe à Mario que j'vais me coucher, et j'm'endors aussi sec. J'me réveille un peu avant huit heures, pas vraiment crevé sur le coup, mais la fatigue reviendra dans la journée. J'ai encore subi quelques relents le lendemain et le surlendemain (principalement un gros manque d'appétit et une bonne grosse flemme), mais rien de véritablement notable.
Du coup ouais, je partais pour un trip posé en plateau trois, j'ai joué au con, j'me suis pris une bonne grosse claque dans la tronche. J'regrette pas le trip en lui-même, l'expérience était intéressante, mais par contre, je trouve ça vachement triste de plus avoir toute ma tête pour avoir de vraies réflexions sur ce qui m'arrivait. Du coup, le DXM, j'vais probablement attendre un bon moment avant d'en reprendre, et même là, j'partirai sur des dosages moins élevés. La prochaine fois, j'aimerais bien pouvoir avoir au moins une pensée constructive dans la soirée, ahahah.