JanisJoplin
Matrice Périnatale
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- 24/9/16
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Dosages : DOM (2.5mg) + DOB (1.4mg).
Protagonistes : RE, VA et moi.
Il est 19h, je suis en chemin pour rejoindre RE qui habite à Paris pour un petit before posé avant la soirée. Je décide de prendre mon carton de DOM vers 20h dans le RER connaissant la durée importante du trip (pas envie de faire une nuit blanche). Je tente de le faire discrètement mais un môme me voit et susurre à ses parents « Beurk le monsieur il a mangé du papier ». Sur le moment je me suis dit « si tu savais ».
T+1 : j’arrive chez RE, on commence à tiser et lui enchaine les joints. Je sens le produit monter lentement, progressivement et de façon prévisible. L’efflorescence d’une envie de bouger et de parler aux gens nait en moi puis s’intensifie. Cette énergie devient rapidement irrépressible et je me gendarme pour ne pas sauter dans tous les sens. Je regarde les passants dans la rue depuis la fenêtre de son appart (Il habite au 2eme étage). Le spectacle est magnifique : les réverbères sont nimbés d’un halo de lumière. Cet effet me rappelle la vision troublée que l’on a parfois avec l’alcool. A certains endroits de ces sphères lumineuses qui jalonnent la rue, des rayons de lumière s’échappent davantage et s’orientent vers le ciel. J’assiste à une véritable éruption solaire.
T+ 3 : VA point à son tour à l’appart : c’est le moment de jouer les filles de l’air. Habité par l’éphorie du moment et l’effet grisant du DOM, je décide de prendre mon carton de DOB. Erreur magistrale de ma part qui va couter cher par la suite. On arrive 30 minutes plus tard dans un club sur Pigalle certifié pour l’occasion Redbull Music Academy. La musique me traverse et plus encore. J’ai l’impression d’ETRE la musique, d’être une onde sonore, d’être une marionnette dont les ficelles sont raccordées à la table de mixage.
T + 5 : Je pense sentir les effets prodromiques du DOB qui s’ajoutent à ceux du DOM subrepticement. Les hallucinations visuelles deviennent plus vives mais elles sont plus saillantes les yeux fermés. Tantôt je vois le tronc d’un arbre transparent au sein duquel la sève multicolore monte et descend au rythme des basses tantôt des numéros aléatoires difficilement discernables et des cartes de jeu défilent à une vitesse incroyable en spirale, en tourbillon et disparaissent. Parfois des fresques aux motifs préhistoriques colorés d’hommes et d’animaux prennent vie et bougent avec la musique. La musique se confond avec les couleurs. Chaque note est une couleur et le rythme un mouvement. Des picotements légers et agréables parsèment mon corps. A de multiples occurrences je crois être touché physiquement par quelqu’un mais il n’en n’est rien.
T + 9 : Le club va fermer et mes amis m’enjoignent de les rejoindre diligemment ; le train pour rentrer est dans peu de temps. Résigné, je décide de les suivre malgré cette énergie incroyable qui continue d’irradier en moi mais qui n’a plus d’exutoire où se consumer. Mon cœur devient lourd et brouillé. J’ai le sentiment qu’il va m’abandonner là. Je termine le trajet en RER seul car mes amis sont descendus à la station précédente. En marchant, je croise des gens qui vont au travail. Je ne me sens pas à l’aise ; un étranger défoncé en pleine semaine en marge de cet aréopage de gens bien dociles. Je m’engouffre à travers un tunnel éclairé pour monter les escaliers qui mènent à chez moi mais la lumière me parait froide et glaçante, similaire à celle qu’on trouve dans un bloc opératoire et qui vous hôte toute forme de joie. Je me sens vulnérable à l’image de celui qui, allongé sur son lit d’hôpital, s’apprête à être opéré. Les rampes d’escalier que j’aperçois alors de chaque côté vibrent : ma vision raisonne. Je jette un coup d’œil au ciel pour observer les étoiles non pour implorer le divin d’abréger mon trip. A quoi bon demander de l’aide aux nuages, aux étoiles et à l’air. Mon regard est alors attiré vers la lune gibbeuse qui s’est dédoublée. Suspendues dans la nuit, mes compagnes blanches éclairent mon teint déjà lunaire. Je profite davantage du spectacle. Je poursuis mon chemin. Les fissures qui jonchent le sol goudronneux m’apparaissent comme autant de visages aux expressions plus terrifiantes les unes que les autres. Le silence de la nuit est oppressant. Je n’ai qu’une hâte : rentrer chez moi et quitter cet environnement hostile et froid.
T + 11 : Il doit être sur les coups de 6h30 lorsque je parviens enfin à bon port. Ma mère est déjà levée et petit déjeune paisiblement bercée par la radio. Je perçois le contraste saisissant entre son état d’esprit calme et reposé et le mien éruptif et incoercible. J’ai du mal à donner le change au niveau conversationnel pour passer incognito. Je parle le moins possible et évite comme la peste son regard. Mes pupilles en diraient plus sur moi que tous les discours les plus convaincants. Je me prépare une ricoré tant bien que mal et me prends des petits pains que j’emmène dans ma chambre pour ne pas avoir à jouer cette comédie un instant de plus. Cela me demande trop d’efforts. A ce moment-là il m’apparait que ne je pourrai pas dormir avant un long moment. Je décide donc d’allumer mon ordinateur pour passer le temps sur le net. Sur mon écran, c’est la valse des polices. Le texte me nargue, esquive mon curseur parkinsonien, se superpose, parfois il disparait, une autre fois il change de taille, se distend puis reprend sa forme initiale. Je me concentre et tombe fortuitement sur une vidéo idoine pour calmer l’angoisse. J’enfile mon casque mais j’entends de la musique dans les oreillettes qui me rappelle celle de la soirée. Pourtant il n’est pas branché.
Vers 10h, je souhaite me reposer mais cette entreprise reste vaine. Les visuels les yeux fermés que j’ai sont trop envahissants. De plus j’entends encore des sons bourdonnants qui n’existent pas. Quand j’entrouvre les yeux, des lumières multicolores stroboscopiques scintillent et les objets semblent fondre littéralement lorsque je me focalise sur eux. J’ouvre ma fenêtre pour écouter le bruit du vent caressant les arbres et le chant des oiseaux afin de me relaxer. Mes sens sont aiguisés comme une lionne affamée à l’affut de sa proie, surtout l’ouïe. Usuellement on entend les sons qui se succèdent temporellement en même temps dans une sorte de brouhaha ou d’accord musical mais dans cette situation, j’arrive à dissocier chaque son l’un après l’autre très distinctement comme si je décomposais cette coalescence de sons. J’analyse tout à une vitesse sidérale. Les vidéos que je regarde paraissent tourner au ralenti. Le temps semble se dilater. Ostracisé que je suis sur ma planète Psyché, les lois de la gravité terrestre n’ont plus de prise. Je commence à subir.
Cet état va durer jusque vers 15h tout en s’attiédissant. Je parviendrai à trouver le sommeil vers 23h avec pour seul viatique dans ma quête de Morphée une bonne barrette de Lexomil.
Pas de séquelles le lendemain.
Protagonistes : RE, VA et moi.
Il est 19h, je suis en chemin pour rejoindre RE qui habite à Paris pour un petit before posé avant la soirée. Je décide de prendre mon carton de DOM vers 20h dans le RER connaissant la durée importante du trip (pas envie de faire une nuit blanche). Je tente de le faire discrètement mais un môme me voit et susurre à ses parents « Beurk le monsieur il a mangé du papier ». Sur le moment je me suis dit « si tu savais ».
T+1 : j’arrive chez RE, on commence à tiser et lui enchaine les joints. Je sens le produit monter lentement, progressivement et de façon prévisible. L’efflorescence d’une envie de bouger et de parler aux gens nait en moi puis s’intensifie. Cette énergie devient rapidement irrépressible et je me gendarme pour ne pas sauter dans tous les sens. Je regarde les passants dans la rue depuis la fenêtre de son appart (Il habite au 2eme étage). Le spectacle est magnifique : les réverbères sont nimbés d’un halo de lumière. Cet effet me rappelle la vision troublée que l’on a parfois avec l’alcool. A certains endroits de ces sphères lumineuses qui jalonnent la rue, des rayons de lumière s’échappent davantage et s’orientent vers le ciel. J’assiste à une véritable éruption solaire.
T+ 3 : VA point à son tour à l’appart : c’est le moment de jouer les filles de l’air. Habité par l’éphorie du moment et l’effet grisant du DOM, je décide de prendre mon carton de DOB. Erreur magistrale de ma part qui va couter cher par la suite. On arrive 30 minutes plus tard dans un club sur Pigalle certifié pour l’occasion Redbull Music Academy. La musique me traverse et plus encore. J’ai l’impression d’ETRE la musique, d’être une onde sonore, d’être une marionnette dont les ficelles sont raccordées à la table de mixage.
T + 5 : Je pense sentir les effets prodromiques du DOB qui s’ajoutent à ceux du DOM subrepticement. Les hallucinations visuelles deviennent plus vives mais elles sont plus saillantes les yeux fermés. Tantôt je vois le tronc d’un arbre transparent au sein duquel la sève multicolore monte et descend au rythme des basses tantôt des numéros aléatoires difficilement discernables et des cartes de jeu défilent à une vitesse incroyable en spirale, en tourbillon et disparaissent. Parfois des fresques aux motifs préhistoriques colorés d’hommes et d’animaux prennent vie et bougent avec la musique. La musique se confond avec les couleurs. Chaque note est une couleur et le rythme un mouvement. Des picotements légers et agréables parsèment mon corps. A de multiples occurrences je crois être touché physiquement par quelqu’un mais il n’en n’est rien.
T + 9 : Le club va fermer et mes amis m’enjoignent de les rejoindre diligemment ; le train pour rentrer est dans peu de temps. Résigné, je décide de les suivre malgré cette énergie incroyable qui continue d’irradier en moi mais qui n’a plus d’exutoire où se consumer. Mon cœur devient lourd et brouillé. J’ai le sentiment qu’il va m’abandonner là. Je termine le trajet en RER seul car mes amis sont descendus à la station précédente. En marchant, je croise des gens qui vont au travail. Je ne me sens pas à l’aise ; un étranger défoncé en pleine semaine en marge de cet aréopage de gens bien dociles. Je m’engouffre à travers un tunnel éclairé pour monter les escaliers qui mènent à chez moi mais la lumière me parait froide et glaçante, similaire à celle qu’on trouve dans un bloc opératoire et qui vous hôte toute forme de joie. Je me sens vulnérable à l’image de celui qui, allongé sur son lit d’hôpital, s’apprête à être opéré. Les rampes d’escalier que j’aperçois alors de chaque côté vibrent : ma vision raisonne. Je jette un coup d’œil au ciel pour observer les étoiles non pour implorer le divin d’abréger mon trip. A quoi bon demander de l’aide aux nuages, aux étoiles et à l’air. Mon regard est alors attiré vers la lune gibbeuse qui s’est dédoublée. Suspendues dans la nuit, mes compagnes blanches éclairent mon teint déjà lunaire. Je profite davantage du spectacle. Je poursuis mon chemin. Les fissures qui jonchent le sol goudronneux m’apparaissent comme autant de visages aux expressions plus terrifiantes les unes que les autres. Le silence de la nuit est oppressant. Je n’ai qu’une hâte : rentrer chez moi et quitter cet environnement hostile et froid.
T + 11 : Il doit être sur les coups de 6h30 lorsque je parviens enfin à bon port. Ma mère est déjà levée et petit déjeune paisiblement bercée par la radio. Je perçois le contraste saisissant entre son état d’esprit calme et reposé et le mien éruptif et incoercible. J’ai du mal à donner le change au niveau conversationnel pour passer incognito. Je parle le moins possible et évite comme la peste son regard. Mes pupilles en diraient plus sur moi que tous les discours les plus convaincants. Je me prépare une ricoré tant bien que mal et me prends des petits pains que j’emmène dans ma chambre pour ne pas avoir à jouer cette comédie un instant de plus. Cela me demande trop d’efforts. A ce moment-là il m’apparait que ne je pourrai pas dormir avant un long moment. Je décide donc d’allumer mon ordinateur pour passer le temps sur le net. Sur mon écran, c’est la valse des polices. Le texte me nargue, esquive mon curseur parkinsonien, se superpose, parfois il disparait, une autre fois il change de taille, se distend puis reprend sa forme initiale. Je me concentre et tombe fortuitement sur une vidéo idoine pour calmer l’angoisse. J’enfile mon casque mais j’entends de la musique dans les oreillettes qui me rappelle celle de la soirée. Pourtant il n’est pas branché.
Vers 10h, je souhaite me reposer mais cette entreprise reste vaine. Les visuels les yeux fermés que j’ai sont trop envahissants. De plus j’entends encore des sons bourdonnants qui n’existent pas. Quand j’entrouvre les yeux, des lumières multicolores stroboscopiques scintillent et les objets semblent fondre littéralement lorsque je me focalise sur eux. J’ouvre ma fenêtre pour écouter le bruit du vent caressant les arbres et le chant des oiseaux afin de me relaxer. Mes sens sont aiguisés comme une lionne affamée à l’affut de sa proie, surtout l’ouïe. Usuellement on entend les sons qui se succèdent temporellement en même temps dans une sorte de brouhaha ou d’accord musical mais dans cette situation, j’arrive à dissocier chaque son l’un après l’autre très distinctement comme si je décomposais cette coalescence de sons. J’analyse tout à une vitesse sidérale. Les vidéos que je regarde paraissent tourner au ralenti. Le temps semble se dilater. Ostracisé que je suis sur ma planète Psyché, les lois de la gravité terrestre n’ont plus de prise. Je commence à subir.
Cet état va durer jusque vers 15h tout en s’attiédissant. Je parviendrai à trouver le sommeil vers 23h avec pour seul viatique dans ma quête de Morphée une bonne barrette de Lexomil.
Pas de séquelles le lendemain.