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Neurotransmetteur
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Salut ! Voilà mon premier TR, je ne raconte pas tout ce dont je voulais parler par manque de temps et de courage… J’espère quand même que ça vous plaira. 
Set & Setting
Ça a commencé comme une journée banale. Je me suis rendu chez Arthur et Nina, un couple d’amis. On avait décidé de prendre de l’acide tous ensemble. Pierre, le petit frère de Nina, était aussi de la partie. J’étais le seul à avoir déjà pris des psychédéliques. (3 fois du LSD et deux fois de la Salvia) Mes futur camarades de trip avaient déjà fumé du cannabis, bu de l’alcool et pris de la md, mais bon, c’est pas la même chose. J’étais content de les initier à une de mes drogues favorites mais j’ai pris mon rôle trop à la légère : mon dealer m’avait conseillé de commencer par un demi-buvard et comme un idiot, j’étais persuadé qu’il disait ça « pour faire genre ». Alors hop, on s’est tous enfilé un carton entier devant Alice au pays des merveilles de Walt Disney. On s’est même payés le luxe de fumer un pétard en attendant la montée. J’avais briefé mes potes pour qu’ils ne se fassent pas surprendre par les effets du LSD, mais ce que je ne savais pas, c’est que mes précédents voyages avaient été plutôt soft. Mes conseils ne portaient donc pas du tout sur la réaction à avoir en cas de knock-out lysergique de l’hyper-espace…
La montée
Il est 14h30. Le film est de plus en plus bizarre, sobre, c’est déjà délicieusement barré, alors sous psychédélique… Lorsqu’Alice rencontre le chapelier fou, je regarde Arthur qui me gratifie en retour d’un large sourire. Je connais ce regard pétillant, pour lui aussi, les choses sérieuses commencent. Alice est maintenant au tribunal, elle fait face à la terrible Dame de cœur. Pour être franc, je ne suis plus vraiment l’histoire et je m’intéresse surtout aux premiers visuels qui apparaissent. A côté de moi, Nina commence aussi à s’agiter. Un peu avant la fin du film, Pierre nous dit qu’il est déçu, qu’il ne sent rien. Je me moque gentiment de lui, je ne peux pas m’empêcher de penser au sketch du palmashow sur les drogues. Le film se termine enfin et c’est une délivrance, la montée devient violente et on ne supportait plus de rester assis silencieusement sur le canapé. Je mets une playlist de rock des années 60 et on se lève pour redécouvrir le salon. Je m’adonne à mon petit rituel de trippé : je contemple mes bras et mes mains. Je crois que je serai toujours fasciné par la beauté et l’étrangeté de la chair, des muscles et des veines… Arthur, Pierre et Nina m’imitent et s’extasient autant que moi. Cool, je ne serai plus le seul à me livrer à ce jeu bizarre. ^^ Les visuels sont de plus en plus impressionnants et le réel commence à se dissoudre. Je montre à pierre une table et lui dis d’un ton péremptoire : tu vois, ça c’est « une table ». Il rigole et me répond que ça n’a aucun sens. On nomme une à une les choses qui se trouvent autour de nous et c’est délicieusement absurde. Quand le réel s’efface, le langage, ce n’est plus que de la logique pure ; les concepts, ce ne sont plus que des mots creux. Seules les sensations persistent, et elles sont bien plus nombreuses, fortes, agressives et agréables qu’à l’accoutumée.
Je me saisis d’un T-shirt d’Arthur qui représente un tigre et je dis à Pierre : viens, on va reconstruire le monde dessus. S’en suit une scène surréaliste où lui et moi formons des continents sur le T-shirt. On voit même des personnages se balader le long des coutures du vêtement. On éclate de rire lorsqu’on réalise que le tshirt est devenu un totem, on commence à danser autour mais Arthur décide de le récupérer… C’est *terriblement* injuste. ^^ De son côté, Nina ne dit rien et semble fascinée par tout ce qu’elle voit. On continue de monter et je décide de m’isoler pendant quelques minutes dans une chambre pour me laisser emporter par la molécule. Problème, je dis à mes potes qui sont à balle : « les gars, je m’isole pendant 5 minutes, si je ne reviens pas d’ici là, venez me chercher… » Ces idiots ont cru que je partais en vrille et que j’allais faire une connerie. Je n’ai toujours pas compris pourquoi mais une fois rassurées, ils ont décidé de m'imiter et se sont aussi isolés dans la même pièce que moi. Quand on se retrouve un peu plus tard dans le salon, la montée n’est toujours pas terminée. Pierre appelle un de ses amis et tente tant bien que mal de lui expliquer ce qui nous arrive : fous rires assurés !
Arthur, lui, traînasse sur le sol, il ressemble à une flaque psychédélique. Je vais sur le PC et je lance un album live de Goasia. Il est quelque chose comme 16h30… C’est à ce moment-là qu’on passe de « l’autre côté ».
Le cœur du maelstrom
Je me relève péniblement et rejoins Arthur au centre du salon. Son corps est enveloppé d’une sorte de halo bleuâtre qui le fait ressembler à une divinité indienne. Il commence à danser, des trainées lumineuses accompagnent ses mouvements. Il ne fait plus qu’un avec les visuels que je perçois. Je m’allonge sur le parquet, le sol vibre au rythme des basses, il est vivant. C’est comme si j’étais étendu sur la branche d’un chêne centenaire. La goa résonne autour de moi, en moi ; elle vient à la fois du sol, du plafond, des quatre coins de la pièce… elle est désormais mon seul point d’ancrage à la réalité. Je ferme les yeux. Je m’attends à avoir des visions splendides mais au début, je ne vois qu’une grande tâche de couleur orange. Je suis un peu déçu. Je m’apprête à rouvrir les yeux lorsque la « tâche » se fend en deux et me laisser admirer... je n’arriverais pas à le décrire, mais c’était très beau. Quand je rouvre finalement les yeux, une grande fresque psychédélique remplace l’appartement. Bienvenu au pays des trippés ! Aucune révélation métaphysique à l’horizon mais la distinction entre moi et le reste du monde s’évapore.
C’est à ce moment qu’Arthur a une idée-géniale-mais-pas-franchement RDR : il allume une dizaine de bougies qu’il dispose en cercle dans le salon. Il retire son T-shirt et recommence à danser. Je le rejoins, Pierre et Nina font de même, on se prend tous par la main et au rythme de la musique, on entre en transe. J’entends Pierre demander si l’expérience qu’on vit est toujours « agréable », Arthur lui répond fort à propos qu’on est au-delà du principe de plaisir… Il y a définitivement quelque chose de primitif dans le psychédélisme. A mon avis, avant de manger le fruit de la connaissance, Adam et Eve étaient trippés : leur ego ne faisait qu’un avec l’universel jardin d’Eden.
Flash. Je suis assis face au PC et les mains de Nina sont dans les miennes. Je ne sais pas comment mais j’ai réussi à changer la musique et à lancer un album de dimension 5. Nous sommes hors du temps, hors de l’espace, dans une espèce de… caverne ?!?
Flash. « Et les gars, vous ne trouvez pas que ça sent le cramé ? » Panique ! Les flammes se répandent dans l’appartement, on se rue dans la cuisine pour réaliser que ce n’était… que le fruit de notre imagination. On rit jaune, on se rassure comme on peut.
Flash. Je danse de nouveau, la musique me fait des « choses ». Je n’existe plus que dans mes mouvements, je me perds dans l’instant présent et c’est… trop fort. Je veux résister mais je sais qu'il ne faut pas surtout pas essayer de lutter contre la substance. Je m’assois sur le canapé pour reprendre mes esprits lorsque Nina vient me voir, l’air perdue ; j’essaie de la rassurer, je lui conseille tant bien que mal de lâcher prise, d’accepter ce qui est en train de lui arriver. Elle ne répond pas et continue de me regarder avec les yeux écarquillés. Je m’imagine qu’elle va mieux et retourne danser.
Flash. « Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortir !........ » Nina est assise par terre et se tient la tête entre les mains, elle répète inlassablement ces quelques mots. Arthur et moi comprenons vite ce qui en train de se passer. Nina fait un bad trip. Retour VIOLENT à la réalité. J'ai l'impression de recevoir un coup de poing dans l'estomac. On va la voir pour tenter de communiquer avec elle, pour lui demander ce qui ne va pas. Mais les choses ne se passent pas comme il faudrait : Nina est assise, seule, au centre de la pièce, pendant qu’on l’assaille de questions en essayant d’avoir l’air normaux... A nos questions, elle répond seulement qu’elle veut sortir, qu’elle veut partir à tout prix. Mais de quoi... d'elle même ? Arthur, qui « résiste » plutôt bien aux effets de la drogue décide de prendre les choses en main et s’assoit à côté d’elle pour lui parler seul à seul. Il me demander de couper la musique, je m’exécute. Pierre commence seulement à prendre conscience de ce qui se passe, il me demande si sa sœur va bien… je lui réponds que non, non elle ne va pas bien. Il me dit aussi qu’il étonné de voir que nous ne sommes que 4 dans la pièce, il pensait que nous étions des centaines à danser en cercle. Ce serait presque comique si la situation n’était pas aussi terrifiante. Un silence de mort règne désormais dans l’appartement. Je n’ai plus aucun visuel psychédélique, tout ce que je vois, c’est une atmosphère grisâtre et dérangeante qui enveloppe la totalité du salon. La tension n’est pas seulement palpable : elle m’écrase. Arthur propose finalement qu’on fasse un « petit bilan de mi-parcours » pour partager nos impressions sur le trip. Ça nous force à communiquer, c’est toujours ça de gagné. Nina reste prostrée mais elle semble aller légèrement mieux. Lorsqu’on lui parle de ce qui vient d’arriver, elle nous répond seulement : « mais… attendez… la danse… les bougies… ça s’est réellement passé ?!! » Creepy. On décide de poser un matelas par terre pour s’allonger et écouter un peu de musique calme. Je choisis les Beatles, je sais que Nina adore ce groupe.
Réveil psychédélique et lendemains qui (dé)chantent.
Je n’ai pas grand-chose à dire du reste du trip, c’était plus récréatif et donc moins riche sur le plan de l’expérience. Je vais zapper pas mal d’évènements pour aller à l’essentiel.
Une fois qu’on s’est tous installés sur le lit, Nina semblait moins terrifiée qu’auparavant, elle recommençait même à rire et à s’amuser avec nous. Quand j’ai réalisé que le pire était passé, j’ai eu le sentiment de me réveiller d’un long cauchemar. C’était une expérience à la fois étrange et particulièrement grisante. J’ai vécu un "réveil psychédélique". On aurait dit que le « vrai » trip pouvait commencer maintenant que le démon du bad avait été écarté, que le réel avait repris une consistance vaguement humaine, et qu’on avait été réduit en miette puis reconstitués par le LSD. L’ambiance commençait enfin à se détendre. On se comptait pour être sûr de n'avoir oublié personne "là-bas" et on a passé près d’une heure à jouer, emmitouflés les uns sur les autres dans les couettes. Knock out lysergique : retour en enfance. Qu'est-ce que c'était bon. J’ai fini par allumer un pétard. Je ne me suis jamais senti aussi proche des hippies qu’à ce moment-là. On en a profité pour écouter une à une toutes nos références rock / funk des années 60/70, c’était génial ! En plus, la texture de nos vêtements et des objets de la pièce semblait sortir tout droit d’un film ringard sur la culture psychédélique.
Plus tard, une fois la descente pourtant bien amorcée, Nina nous a dit qu’elle pensait toujours que nous ne formions qu’une seule entité collective. Elle faisait des bruits étranges avec sa bouche et nous adressait constamment la parole pour s’assurer de notre présence. Elle était toujours prisonnière d’une « boucle » et ne parvenait pas à retrouver le chemin de réalité. Elle nous a expliqué que si elle avait passé plus d’une heure agrippée au Tshirt à l’effigie de tigre avec lequel nous avions joué auparavant, c’est parce que c’était le seul « morceau d’espace-temps » qui était resté à peu près stable durant le trip. Elle m’a aussi déclaré sur un ton sentencieux que « tout était faux ». C’était étrange de l’entendre dire ça... Le lendemain, Pierre est rentré chez lui et je suis allé me promener en ville avec Nina et Arthur. J’adore la sensation de gueule de bois lysergique, je suis beaucoup plus sensible à mon environnement ; c’est comme si les barrières que je dressais pour me protéger du reste du monde étaient de nouveau en place mais peinaient à filtrer correctement les informations qui me parviennent. Nina, en revanche, allait encore très mal, elle n’avait plus du tout de visuels mais elle ne s’était toujours pas remise du choc émotionnel causé par son expérience mystique… je ne développe pas… c’était pénible de la voir dans cet état. J’avais peur pour son esprit. Quand on est rentrés à l’appartement, elle s'est allongée sur son lit et s’est mise à sangloter. J’ai décidé qu’il était temps que je m’en aille parce que je commençais à me sentir méchamment coupable, et parce que je savais qu’Arthur préférerait être seul pour s’occuper d’elle. C’est sa copine après tout.
....
J’ai reçu un sms d’Arthur le lendemain : Nina allait mieux et elle était même prête à retenter l’expérience. Hahaha.
Bref, c'était une belle expérience très (trop ?) mouvementée. Pour une fois, la GRANDE révélation qui ressort du trip n'est pas d'ordre spirituel mais d'ordre pratique : même sans risque d'OD, on déconne pas avec le dosage. :jook:

Set & Setting
Ça a commencé comme une journée banale. Je me suis rendu chez Arthur et Nina, un couple d’amis. On avait décidé de prendre de l’acide tous ensemble. Pierre, le petit frère de Nina, était aussi de la partie. J’étais le seul à avoir déjà pris des psychédéliques. (3 fois du LSD et deux fois de la Salvia) Mes futur camarades de trip avaient déjà fumé du cannabis, bu de l’alcool et pris de la md, mais bon, c’est pas la même chose. J’étais content de les initier à une de mes drogues favorites mais j’ai pris mon rôle trop à la légère : mon dealer m’avait conseillé de commencer par un demi-buvard et comme un idiot, j’étais persuadé qu’il disait ça « pour faire genre ». Alors hop, on s’est tous enfilé un carton entier devant Alice au pays des merveilles de Walt Disney. On s’est même payés le luxe de fumer un pétard en attendant la montée. J’avais briefé mes potes pour qu’ils ne se fassent pas surprendre par les effets du LSD, mais ce que je ne savais pas, c’est que mes précédents voyages avaient été plutôt soft. Mes conseils ne portaient donc pas du tout sur la réaction à avoir en cas de knock-out lysergique de l’hyper-espace…
La montée
Il est 14h30. Le film est de plus en plus bizarre, sobre, c’est déjà délicieusement barré, alors sous psychédélique… Lorsqu’Alice rencontre le chapelier fou, je regarde Arthur qui me gratifie en retour d’un large sourire. Je connais ce regard pétillant, pour lui aussi, les choses sérieuses commencent. Alice est maintenant au tribunal, elle fait face à la terrible Dame de cœur. Pour être franc, je ne suis plus vraiment l’histoire et je m’intéresse surtout aux premiers visuels qui apparaissent. A côté de moi, Nina commence aussi à s’agiter. Un peu avant la fin du film, Pierre nous dit qu’il est déçu, qu’il ne sent rien. Je me moque gentiment de lui, je ne peux pas m’empêcher de penser au sketch du palmashow sur les drogues. Le film se termine enfin et c’est une délivrance, la montée devient violente et on ne supportait plus de rester assis silencieusement sur le canapé. Je mets une playlist de rock des années 60 et on se lève pour redécouvrir le salon. Je m’adonne à mon petit rituel de trippé : je contemple mes bras et mes mains. Je crois que je serai toujours fasciné par la beauté et l’étrangeté de la chair, des muscles et des veines… Arthur, Pierre et Nina m’imitent et s’extasient autant que moi. Cool, je ne serai plus le seul à me livrer à ce jeu bizarre. ^^ Les visuels sont de plus en plus impressionnants et le réel commence à se dissoudre. Je montre à pierre une table et lui dis d’un ton péremptoire : tu vois, ça c’est « une table ». Il rigole et me répond que ça n’a aucun sens. On nomme une à une les choses qui se trouvent autour de nous et c’est délicieusement absurde. Quand le réel s’efface, le langage, ce n’est plus que de la logique pure ; les concepts, ce ne sont plus que des mots creux. Seules les sensations persistent, et elles sont bien plus nombreuses, fortes, agressives et agréables qu’à l’accoutumée.
Je me saisis d’un T-shirt d’Arthur qui représente un tigre et je dis à Pierre : viens, on va reconstruire le monde dessus. S’en suit une scène surréaliste où lui et moi formons des continents sur le T-shirt. On voit même des personnages se balader le long des coutures du vêtement. On éclate de rire lorsqu’on réalise que le tshirt est devenu un totem, on commence à danser autour mais Arthur décide de le récupérer… C’est *terriblement* injuste. ^^ De son côté, Nina ne dit rien et semble fascinée par tout ce qu’elle voit. On continue de monter et je décide de m’isoler pendant quelques minutes dans une chambre pour me laisser emporter par la molécule. Problème, je dis à mes potes qui sont à balle : « les gars, je m’isole pendant 5 minutes, si je ne reviens pas d’ici là, venez me chercher… » Ces idiots ont cru que je partais en vrille et que j’allais faire une connerie. Je n’ai toujours pas compris pourquoi mais une fois rassurées, ils ont décidé de m'imiter et se sont aussi isolés dans la même pièce que moi. Quand on se retrouve un peu plus tard dans le salon, la montée n’est toujours pas terminée. Pierre appelle un de ses amis et tente tant bien que mal de lui expliquer ce qui nous arrive : fous rires assurés !

Le cœur du maelstrom
Je me relève péniblement et rejoins Arthur au centre du salon. Son corps est enveloppé d’une sorte de halo bleuâtre qui le fait ressembler à une divinité indienne. Il commence à danser, des trainées lumineuses accompagnent ses mouvements. Il ne fait plus qu’un avec les visuels que je perçois. Je m’allonge sur le parquet, le sol vibre au rythme des basses, il est vivant. C’est comme si j’étais étendu sur la branche d’un chêne centenaire. La goa résonne autour de moi, en moi ; elle vient à la fois du sol, du plafond, des quatre coins de la pièce… elle est désormais mon seul point d’ancrage à la réalité. Je ferme les yeux. Je m’attends à avoir des visions splendides mais au début, je ne vois qu’une grande tâche de couleur orange. Je suis un peu déçu. Je m’apprête à rouvrir les yeux lorsque la « tâche » se fend en deux et me laisser admirer... je n’arriverais pas à le décrire, mais c’était très beau. Quand je rouvre finalement les yeux, une grande fresque psychédélique remplace l’appartement. Bienvenu au pays des trippés ! Aucune révélation métaphysique à l’horizon mais la distinction entre moi et le reste du monde s’évapore.
C’est à ce moment qu’Arthur a une idée-géniale-mais-pas-franchement RDR : il allume une dizaine de bougies qu’il dispose en cercle dans le salon. Il retire son T-shirt et recommence à danser. Je le rejoins, Pierre et Nina font de même, on se prend tous par la main et au rythme de la musique, on entre en transe. J’entends Pierre demander si l’expérience qu’on vit est toujours « agréable », Arthur lui répond fort à propos qu’on est au-delà du principe de plaisir… Il y a définitivement quelque chose de primitif dans le psychédélisme. A mon avis, avant de manger le fruit de la connaissance, Adam et Eve étaient trippés : leur ego ne faisait qu’un avec l’universel jardin d’Eden.

Flash. Je suis assis face au PC et les mains de Nina sont dans les miennes. Je ne sais pas comment mais j’ai réussi à changer la musique et à lancer un album de dimension 5. Nous sommes hors du temps, hors de l’espace, dans une espèce de… caverne ?!?
Flash. « Et les gars, vous ne trouvez pas que ça sent le cramé ? » Panique ! Les flammes se répandent dans l’appartement, on se rue dans la cuisine pour réaliser que ce n’était… que le fruit de notre imagination. On rit jaune, on se rassure comme on peut.
Flash. Je danse de nouveau, la musique me fait des « choses ». Je n’existe plus que dans mes mouvements, je me perds dans l’instant présent et c’est… trop fort. Je veux résister mais je sais qu'il ne faut pas surtout pas essayer de lutter contre la substance. Je m’assois sur le canapé pour reprendre mes esprits lorsque Nina vient me voir, l’air perdue ; j’essaie de la rassurer, je lui conseille tant bien que mal de lâcher prise, d’accepter ce qui est en train de lui arriver. Elle ne répond pas et continue de me regarder avec les yeux écarquillés. Je m’imagine qu’elle va mieux et retourne danser.
Flash. « Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortir !........ » Nina est assise par terre et se tient la tête entre les mains, elle répète inlassablement ces quelques mots. Arthur et moi comprenons vite ce qui en train de se passer. Nina fait un bad trip. Retour VIOLENT à la réalité. J'ai l'impression de recevoir un coup de poing dans l'estomac. On va la voir pour tenter de communiquer avec elle, pour lui demander ce qui ne va pas. Mais les choses ne se passent pas comme il faudrait : Nina est assise, seule, au centre de la pièce, pendant qu’on l’assaille de questions en essayant d’avoir l’air normaux... A nos questions, elle répond seulement qu’elle veut sortir, qu’elle veut partir à tout prix. Mais de quoi... d'elle même ? Arthur, qui « résiste » plutôt bien aux effets de la drogue décide de prendre les choses en main et s’assoit à côté d’elle pour lui parler seul à seul. Il me demander de couper la musique, je m’exécute. Pierre commence seulement à prendre conscience de ce qui se passe, il me demande si sa sœur va bien… je lui réponds que non, non elle ne va pas bien. Il me dit aussi qu’il étonné de voir que nous ne sommes que 4 dans la pièce, il pensait que nous étions des centaines à danser en cercle. Ce serait presque comique si la situation n’était pas aussi terrifiante. Un silence de mort règne désormais dans l’appartement. Je n’ai plus aucun visuel psychédélique, tout ce que je vois, c’est une atmosphère grisâtre et dérangeante qui enveloppe la totalité du salon. La tension n’est pas seulement palpable : elle m’écrase. Arthur propose finalement qu’on fasse un « petit bilan de mi-parcours » pour partager nos impressions sur le trip. Ça nous force à communiquer, c’est toujours ça de gagné. Nina reste prostrée mais elle semble aller légèrement mieux. Lorsqu’on lui parle de ce qui vient d’arriver, elle nous répond seulement : « mais… attendez… la danse… les bougies… ça s’est réellement passé ?!! » Creepy. On décide de poser un matelas par terre pour s’allonger et écouter un peu de musique calme. Je choisis les Beatles, je sais que Nina adore ce groupe.
Réveil psychédélique et lendemains qui (dé)chantent.
Je n’ai pas grand-chose à dire du reste du trip, c’était plus récréatif et donc moins riche sur le plan de l’expérience. Je vais zapper pas mal d’évènements pour aller à l’essentiel.
Une fois qu’on s’est tous installés sur le lit, Nina semblait moins terrifiée qu’auparavant, elle recommençait même à rire et à s’amuser avec nous. Quand j’ai réalisé que le pire était passé, j’ai eu le sentiment de me réveiller d’un long cauchemar. C’était une expérience à la fois étrange et particulièrement grisante. J’ai vécu un "réveil psychédélique". On aurait dit que le « vrai » trip pouvait commencer maintenant que le démon du bad avait été écarté, que le réel avait repris une consistance vaguement humaine, et qu’on avait été réduit en miette puis reconstitués par le LSD. L’ambiance commençait enfin à se détendre. On se comptait pour être sûr de n'avoir oublié personne "là-bas" et on a passé près d’une heure à jouer, emmitouflés les uns sur les autres dans les couettes. Knock out lysergique : retour en enfance. Qu'est-ce que c'était bon. J’ai fini par allumer un pétard. Je ne me suis jamais senti aussi proche des hippies qu’à ce moment-là. On en a profité pour écouter une à une toutes nos références rock / funk des années 60/70, c’était génial ! En plus, la texture de nos vêtements et des objets de la pièce semblait sortir tout droit d’un film ringard sur la culture psychédélique.
Plus tard, une fois la descente pourtant bien amorcée, Nina nous a dit qu’elle pensait toujours que nous ne formions qu’une seule entité collective. Elle faisait des bruits étranges avec sa bouche et nous adressait constamment la parole pour s’assurer de notre présence. Elle était toujours prisonnière d’une « boucle » et ne parvenait pas à retrouver le chemin de réalité. Elle nous a expliqué que si elle avait passé plus d’une heure agrippée au Tshirt à l’effigie de tigre avec lequel nous avions joué auparavant, c’est parce que c’était le seul « morceau d’espace-temps » qui était resté à peu près stable durant le trip. Elle m’a aussi déclaré sur un ton sentencieux que « tout était faux ». C’était étrange de l’entendre dire ça... Le lendemain, Pierre est rentré chez lui et je suis allé me promener en ville avec Nina et Arthur. J’adore la sensation de gueule de bois lysergique, je suis beaucoup plus sensible à mon environnement ; c’est comme si les barrières que je dressais pour me protéger du reste du monde étaient de nouveau en place mais peinaient à filtrer correctement les informations qui me parviennent. Nina, en revanche, allait encore très mal, elle n’avait plus du tout de visuels mais elle ne s’était toujours pas remise du choc émotionnel causé par son expérience mystique… je ne développe pas… c’était pénible de la voir dans cet état. J’avais peur pour son esprit. Quand on est rentrés à l’appartement, elle s'est allongée sur son lit et s’est mise à sangloter. J’ai décidé qu’il était temps que je m’en aille parce que je commençais à me sentir méchamment coupable, et parce que je savais qu’Arthur préférerait être seul pour s’occuper d’elle. C’est sa copine après tout.
....
J’ai reçu un sms d’Arthur le lendemain : Nina allait mieux et elle était même prête à retenter l’expérience. Hahaha.
Bref, c'était une belle expérience très (trop ?) mouvementée. Pour une fois, la GRANDE révélation qui ressort du trip n'est pas d'ordre spirituel mais d'ordre pratique : même sans risque d'OD, on déconne pas avec le dosage. :jook: