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(cannabis fumé) Devenir des enfants

  • Auteur de la discussion Styloplume
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S

Styloplume

Invité
On est jeudi. Après-midi passée à préparer le week-end chez Mouette. Je rentre dans une pharmacie en quête de DXM.

- Bonjour madame, je cherche tel médicament.
Madame la pharmacienne regarde son ordinateur puis semble faire la moue, comme dans le Cinquième Élément de Luc Besson. Vous savez, à l'astroport, les gros méchants extraterrestres baveux déguisés en humain se font passer pour le type joué par Bruce Willis. Derrière son guichet, la caissière voit sur son ordi une alarme s'afficher : "Attention, c'est un gros méchant baveux déguisé en humain". Et bien, je pense que madame la pharmacienne ressent exactement la même chose, que sur son écran le mot "dextrométhorphane" s'est affiché et qu'elle a compris que ce médicament j'en veux pour me défoncer.
- Ah, non, on n'en a pas.
C'est foutu, Stylo, c'est foutu.
- Heu, vous pouvez m'en commander ? Je dis.
Elle fait semblant de regarder son écran. Bien sûr qu'elle peut le commander, n'importe quelle pharmacie le peut.
- Non, on peut pas, dit-elle.
Bon, Stylo, enfonce-toi, enfonce-toi.
- Bon, et est-ce que vous avez des seringues sans aiguilles ? (pour me pluguer chez Mouette bien sûr)
Elle va voir dans son tiroir, puis elle revient en secouant la tête et me sors LA réplique :
- Non, je n'ai rien pour vous faire plaisir.
Je la regarde droit dans les yeux. C'est une mère de famille sûrement, quelqu'un de bien, avec un visage lumineux et sûr de lui. Je lui fait un grand sourire plein de Loving Kindness, j'accepte l'instant et lui dit "Bonne journée, madame."

Je sors avec un gros smile. Je m'assume de mieux en mieux en tant que drogué.

Bon ! Je fais les courses pour chez Mouette (des pâtes chinoises, tout plein les copains), je commande du DXM à une autre pharmacie (la pharmacienne me fait un grand sourire, c'est parfait), et hop-là j'ai une connexion à faire. Je vais présenter mon pote Allemand, appelons-le Günter, à mon pote Noé. Y'a une connexion à faire, humainement, et puis les deux bonhommes partagent un intérêt pour la weed. Noé j'en ai pas mal parlé dans mes TRs au THC. Günter, c'est un étudiant en psycho qui étudie avec moi, il est venu en France plus pour faire du tourisme universitaire que pour apprendre des trucs. C'est qu'il a un putain de niveau en psycho, les Allemands en psycho c'est pas des glandus comme en France.

Bref. Je fais la connexion, Noé et Günter se parlent en anglais et en français, ça passe. On fume, il y a de la bonne weed.

Bienvenue sur Mars mon pote. Je fume et ça me dégoûte la fumée, ah, j'aime pas ça, mais je fume quand même, allez chercher l'erreur. Je veux percher, je veux lâcher prise. Depuis que je suis avec Hatsu on s'influence réciproquement, et pour moi c'est clairement un commandement : "Lâche tes peurs liées aux prods." Alors je fume.

J'étale mes plans de secours, je part boire, je vais aux toilettes au cas où je dois vomir, j'enlève mon pull et je me passe de l'eau sur la tête, ça va mieux. Günter s'inquiète, mais Noé le rassure : avec Stylo c'est normal, il fait ça pour aller mieux. Haha c'est le délire mon gars. Je rejoins les copains et ça tripe ça tripe.

Entre autres, on parle de la langue. Je phase sur le mot allemand pour magie. Le mot c'est Zauber, prononcer Tsawba avec l'accent anglais. Ah, ouais, la magie ça me parle, c'est comme Hallucinogen, ça fait de la magie, ça crépite, ça fait psshhhhiiiiouuu, c'est zziiiouuu tststsssss. Le mot Zauber passe super bien.
Noé demande comment on dit guerrier. Guerrier c'est Krieger ! Ça encore c'est un putain de mot ! Je le crie : KRIEGER !

On fait du son aussi, je prends la guitare, on part en impro, Günter s'en mêle, on voyage, on voyage pour de bon. Dur de trouver des mots pour décrire là où on est allés. On a fait la Jamaïque, la palestine, l'Italie des partisans, et notre vie quotidienne slamée par Noé, ça envoie du pâté. C'est dur la vie, le grand-père de Noé est sur le point de mourir, Noé en chie, mais c'est un guerrier, il slame il rape il étale ses sentiments.

Je me retrouve à l'écouter, je lui fait un câlin. J'apprends le mot câlin à Günter, je lui fait un gros câlin et je lui apprends l'expression "faire un câlin". Ça c'est un mot important, c'est bien qu'il l'apprenne.

Et puis, je parle avec Günter, mais là on a un truc pas pratique. Je lui parle en allemand alors qu'il réponds en français... Mouais, c'est pas idéal qu'on ait des langues différentes, et puis du coup si on parle allemand on met Noé à part... du coup Günter est pas partant pour dire comment il va, comment il se sent, alors que ça se voit qu'il se fait chier des fois en France. Et moi comme un con j'insiste, je suis un vrai gamin hippie "Allez, dis-nous comment tu te sens" et Günter résiste. J'arrête.

Cinq minutes après, on se rends compte que j'ai vraiment fait mon gourou, Günter me le reproche sans me le dire, je m'en veux.

En psychologie du développement là en cours (oui j'écris mon TR en cours du coup ça devient super cool les parallèles), on nous montre un film où on voit des enfants à la crèche, en train de jouer. Et là BAM je comprends : quand on fume on devient des enfants, quand on tripe on est comme ces gamins dans la crèche, qui ne savent pas parler entre eux, qui ont n'ont pas de mots mais plein de joie, de curiosité envers les choses et envers les autres. Jésus a dit : "pour entrer dans le Royaume de Dieu, devenez comme des enfants". Et c'est vraiment ça le truc. Il est génial ce cours.

Seulement, ces enfants sont perdus, ils n'ont pas de morale, pas de père. D'où l'idée de Jésus qui passe son temps à parler du père céleste. "Bla bla bla votre père qui est dans les cieux, bla bla bla soyez des enfants, bla bla bla votre père céleste vous aime alors faites-lui confiance."

Ce qu'il y a de bien, quand on est des enfants, c'est qu'on est une vrai éponge face à son environnement et face aux autres. Il n'y a pas de mécanisme de défense. Ce gamin qui pleure dès qu'on le tape, c'est parce qu'il ne connaît pas la haine ou le ressentiment, il ne peut pas refouler sa peine. De même, ces enfants qui se donnent la main en riant aux éclats ne connaissent pas les complexes d'adultes qui consistent à avoir peur les uns des autres.

Jeux d'alternance : donner, reprendre, donner. Découverte d'actes moteurs nouveaux. Le monde est un terrain de trip inépuisable en possibilité.

Je me souviens quand j'avais fumé avec Hatsu et Ubik, à un moment Ubik et moi on avait dansé avec nos mains l'un en face de l'autre, le truc très psyché où les mains virevoltent. On était justement en train de s'amuser à devenir des enfants, qui parlent avec le corps, sans mots, une langue simple. Cette langue dit : "Toi et moi c'est la même chose. Il n'y a même pas de toi et de moi, il n'y a qu'une seule chose."

C'est ce vers quoi nous tendons, après tout.

Ah, oui, je digresse, je ne parle plus de cette soirée... Günter et parti, et je n'ai pas tardé, parce que j'avais des trucs à faire. J'ai eu beaucoup de mal à faire face à toutes mes pensées, mais je ne veux pas les détailler ici, j'ai plus envie de raconter les mêmes choses qu'avant dans mes TRs. Les mêmes angoisses que d'habitudes, principalement "Je vais chez Mouette alors que j'ai des statistiques à rattraper" et du coup je tourne en rond.

Un grand merci à Hatsu qui m'a aidé à sortir de ma boucle, parce que oui j'ai salement bouclé.
 

Quetzal

Holofractale de l'hypervérité
Inscrit
19 Mai 2008
Messages
3 436
:love: , j'ai l'impression de lire à travers l'écran, pas sur l'écran! je vois tes boucles de pensées, je vois la beauté et à la foi la complexité, je vois comment tu as déroulé ca en un texte-linéaire, et c'est la que j'applaudis.
Redevenir l'enfant, celui qui rayonne
qui ne savent pas parler entre eux, qui ont n'ont pas de mots mais plein de joie, de curiosité envers les choses et envers les autres.

Ca me parle tout ca ;)

Par contre, faut s'accroher pour fumer un pétard avec toi, tu le monte au niveau +++ ^^

"Lache tes peurs liées aux prods" , mais carrément, c'est ton chemin, mais il est valide parce que justement tu es capable d'en faire qqchose, de ta conso; Ca ressemble a une pente glissante, mais en fait, dans ton cas ,je le vois en effet comme un bon conseil; éviter tes peurs, c'est éviter la lutte que tu as menè avec elles, cette lutte paradoxale menant aux impulsions les moins enviables! Le but est de faire de l'impulsion qqchose de créateur et volontaire, pas une arme contre toi meme, contre tes propres peurs ;)
 

CannaManPeace

Alpiniste Kundalini
Inscrit
17 Sept 2012
Messages
524
Salut à vous :)

Comme quoi, prise dans un contexte et avec un état d'esprit propice, la Ganja fait vraiment travailler, hein ?

Je trouve cette substance juste parfaite, la polyvalence même: sociale comme introspective, récréative comme méditative...
Parfois hallucinogène !
Et avec une vraie histoire, et même des dizaines d'utilités, bref, inutile de (re)lancer le débat !

J'ai trouvé mon équilibre avec la Ganja, ingérée surtout, et en lisant tes différents TRs j'ai de plus en plus l'impression que toi aussi, si je ne m'abuse, hein...

Mais tu n'arrives vraiment pas à te ''séparer'' des tes petits rituels ?
Passage aux toilettes, isolement etc...
Ça te rassure surement, mais je pense que d'une certaine manière cela peut t'empêcher d'avancer...

La Ganja nécessite vraiment de se donner de la peine pour en profiter !
Et je pense qu'à jouer un ''rôle'', en répétant tes habitudes, cela t'empêche de te libérer...

La Ganja peut te montrer des trucs assez ''sales'' de toi-même, il faut être intègre pour les assumer ;)

C'est ce qui fera la différence entre celui qui tape des douilles dans son canapé devant les Simpsons à longueur de journées, et celui qui cherche à avancer...

Et toi tu le veux, ça se ressent ;)

Peacee
 

freeyourself

Elfe Mécanique
Inscrit
5 Sept 2011
Messages
336
Mouaih...

Sur ce dernier point [Edit : pris de vitesse, cet avant-dernier point], excusez-moi de faire mon chiant, mais Stylo, perd quand même pas trop la peur de devenir dépendant, la peur de ne pas pouvoir passer 1 semaine sans tripper, la peur du gendarme, la peur de l'HP,... La peur, c'est aussi une manifestation de l'instinct de survie.

Sinon, j'ai adoré le parallele du début à la pharmacie, très bien vu.

On dirait aussi que les retours, pas toujours très love, que tu as pu recevoir sur le forum t'ont impacté : v'la que tu t'assumes en tant que "drogué", et que tu parviens à autocensurer ton gourou intérieur. Good (je pense).
 
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