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La pétition pour la dépénalisation de toutes les drogues a été classée par l'Assemblée nationale.
Vous pouvez trouver les débats parlementaires qui ont abouti à cette décision ici, à partir de 3h11m49s.
Moi j'ai trouvé intéressant d'écouter les arguments, même s'ils n'étaient pas de haute volée.
Tous les "contre" font le lien dépénalisation -> hausse de la demande -> hausse de l'offre -> hausse du trafic. Et comme le gouvernement est engagé dans une politique très répressive à l'égard du trafic, pour eux ça n'aurait aucun sens de dépénaliser au risque d'augmenter le trafic. Je trouve que ça montre bien qu'on ne peut pas aborder la question sous un angle purement sanitaire, comme tentait de le faire la Fédération Addiction. Il faut une articulation avec un projet de société à grande échelle, parce que sinon, les contradictions entre lutte pour la santé et lutte contre l'économie illégale deviennent trop béantes pour être appréhendées. Des députés obsédés par la sécurité ne peuvent pas s'intéresser à la santé d'un junkie. Il faut s'attaquer à la prohibition au sens large, parce que c'est ça qui cause de l'insécurité.
Ils ont aussi rappelé les "ravages" de "la drogue", ce fléau. Sur ce coup ils ont vraiment démontré leur ignorance. Parfois ils disent "la drogue" comme si y'en avait qu'une. D'autres fois ils reprochent au texte de pas distinguer drogues "dures" et "douces".
On a droit à plein d'anecdotes tire-larme sur des "vies brisées", alors que c'est la prévention et la RDR qui peuvent sauver des vies, pas la pénalisation. Et plusieurs rappellent que les ravages des drogues sont "prouvés scientifiquement", jusqu'à la rapporteuse qui assène que l'alcool est moins dangereux que le cannabis. Y'a même un [renaissance ou RN je sais plus] qui a dit que les auteurices de cette pétition ne connaissaient rien aux addictions ; sachant que ça a été déposé par une déléguée de la.... Fédération Addiction.
Je trouve que leur assurance montre combien le niveau de connaissance est atrocement bas. Et en même temps, ça montre le pouvoir de ces définitions, et du recours à la scientificité. Je pense qu'il y a un gros travail de plaidoyer nécessaire pour intégrer aux imaginaires les travaux pharmacologiques, sociologiques, épidémiologiques, qui nous apportent d'autres éclairages des drogues. La pétition était trop light sur tout ça, elle était trop sûre de son bon droit, en oubliant combien 50 ans de prohibition ont laissé notre société intellectuellement à la masse.
La dépénalisation était censée être une "petite porte" par laquelle faire entendre les revendications des usagers, mais "toutes les drogues" c'est inaudible. Peut-être que ça fonctionnerait mieux de demander plutôt la légalisation du cannabis, même si j'aime pas participer à cette hiérarchisation des drogues. Ils sont trop ignares sur les drogues en général.
C'est l'esprit même de réduction des risques qui a été désavoué dans cette séance, même si le mot n'a pas été une seule fois prononcé. Je sais pas si tant mieux (autant qu'ils continuent à l'ignorer vu le climat politique) ou tant pis.
Seuls trois ont voté pour que le texte ne soit pas classé :
Élisa Martin (LFI), qui a rappelé le rôle de la prohibition dans la stigmatisation de certains groupes sociaux (son exemple : interdiction de l'opium et stigmatisation des immigrés chinois aux USA, était délibérément inactuel, ce que je trouve plutôt malin).
Jérémie Iordanoff (EELV), qui a fait le parallèle avec l'alcool pour rappeler que c'est la prohibition qui est dangereuse et qu'on peut très bien faire de la prévention sur un produit légal. C'est quand même fou qu'il ait été le seul à se rappeler que l'alcool c'est de "la drogue" aussi.
Antoine Léaument (LFI), qui prépare un rapport parlementaire sur l'efficacité de la répression sur la sécurité, et qui pense que la dépénalisation pourrait constituer une réponse intéressante.
Vers la fin, les associations soutenant le projet ont été traitées d' « associations d'extrême-gauche qui ne représentent qu'elles-mêmes ». Ambiance !
Vous pouvez trouver les débats parlementaires qui ont abouti à cette décision ici, à partir de 3h11m49s.
Moi j'ai trouvé intéressant d'écouter les arguments, même s'ils n'étaient pas de haute volée.
Tous les "contre" font le lien dépénalisation -> hausse de la demande -> hausse de l'offre -> hausse du trafic. Et comme le gouvernement est engagé dans une politique très répressive à l'égard du trafic, pour eux ça n'aurait aucun sens de dépénaliser au risque d'augmenter le trafic. Je trouve que ça montre bien qu'on ne peut pas aborder la question sous un angle purement sanitaire, comme tentait de le faire la Fédération Addiction. Il faut une articulation avec un projet de société à grande échelle, parce que sinon, les contradictions entre lutte pour la santé et lutte contre l'économie illégale deviennent trop béantes pour être appréhendées. Des députés obsédés par la sécurité ne peuvent pas s'intéresser à la santé d'un junkie. Il faut s'attaquer à la prohibition au sens large, parce que c'est ça qui cause de l'insécurité.
Ils ont aussi rappelé les "ravages" de "la drogue", ce fléau. Sur ce coup ils ont vraiment démontré leur ignorance. Parfois ils disent "la drogue" comme si y'en avait qu'une. D'autres fois ils reprochent au texte de pas distinguer drogues "dures" et "douces".
On a droit à plein d'anecdotes tire-larme sur des "vies brisées", alors que c'est la prévention et la RDR qui peuvent sauver des vies, pas la pénalisation. Et plusieurs rappellent que les ravages des drogues sont "prouvés scientifiquement", jusqu'à la rapporteuse qui assène que l'alcool est moins dangereux que le cannabis. Y'a même un [renaissance ou RN je sais plus] qui a dit que les auteurices de cette pétition ne connaissaient rien aux addictions ; sachant que ça a été déposé par une déléguée de la.... Fédération Addiction.
Je trouve que leur assurance montre combien le niveau de connaissance est atrocement bas. Et en même temps, ça montre le pouvoir de ces définitions, et du recours à la scientificité. Je pense qu'il y a un gros travail de plaidoyer nécessaire pour intégrer aux imaginaires les travaux pharmacologiques, sociologiques, épidémiologiques, qui nous apportent d'autres éclairages des drogues. La pétition était trop light sur tout ça, elle était trop sûre de son bon droit, en oubliant combien 50 ans de prohibition ont laissé notre société intellectuellement à la masse.
La dépénalisation était censée être une "petite porte" par laquelle faire entendre les revendications des usagers, mais "toutes les drogues" c'est inaudible. Peut-être que ça fonctionnerait mieux de demander plutôt la légalisation du cannabis, même si j'aime pas participer à cette hiérarchisation des drogues. Ils sont trop ignares sur les drogues en général.
C'est l'esprit même de réduction des risques qui a été désavoué dans cette séance, même si le mot n'a pas été une seule fois prononcé. Je sais pas si tant mieux (autant qu'ils continuent à l'ignorer vu le climat politique) ou tant pis.
Seuls trois ont voté pour que le texte ne soit pas classé :
Élisa Martin (LFI), qui a rappelé le rôle de la prohibition dans la stigmatisation de certains groupes sociaux (son exemple : interdiction de l'opium et stigmatisation des immigrés chinois aux USA, était délibérément inactuel, ce que je trouve plutôt malin).
Jérémie Iordanoff (EELV), qui a fait le parallèle avec l'alcool pour rappeler que c'est la prohibition qui est dangereuse et qu'on peut très bien faire de la prévention sur un produit légal. C'est quand même fou qu'il ait été le seul à se rappeler que l'alcool c'est de "la drogue" aussi.
Antoine Léaument (LFI), qui prépare un rapport parlementaire sur l'efficacité de la répression sur la sécurité, et qui pense que la dépénalisation pourrait constituer une réponse intéressante.
Vers la fin, les associations soutenant le projet ont été traitées d' « associations d'extrême-gauche qui ne représentent qu'elles-mêmes ». Ambiance !