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[Alcool] Deux pintes de bière et une indus taxée

Acromyrex

Fouri croonde
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19/5/14
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Trente et un an, j'ai pas idée de mon poids, peut-être autour de 65kg, et 1m73. À jeun, buvant pas régulièrement mais avec quand même une période du litre et demi de bière le week-end au premier trimestre. 2 pintes de bière et une indus taxée, en intérieur de bar sous ventilo puis en terrasse de bar, puis en marchant, puis ayant mangé sur la terrasse de potes.

Pinte de neipa de bar classique par 38°. J'crève de chaud. J'bois la première moitié lentement et suis déjà un peu saoul. Ça veut dire : j'rigole trop fort, j'passe du coq à l'âne dans la discussion et j'commence à être très présent dans ma tête et pas ailleurs dans mon corps. J'me dissocie entre la conversation de la table d'à côté et celle que ma pote en face essaie d'avoir avec moi. Mon attention est cassée. Tout est au même volume, tout a la même importance. Quand je fais des efforts pour l'écouter, des mots-clés d'à côté me happent. J'suis nulle part, j'comprends ni l'un ni l'autre. J'ai comme presque plus de flux de pensées, je peux phaser sans mot sur les trucs devant moi.

J'crois que j'deviens bête et c'est facile de pas retenir ce que j'pense parce que j'le pense en le disant.

La pinte finie, ma pote veut continuer à boire, on sort si peu souvent ensemble en bar. On s'marre de comme c'est drôle la bière quand on a pas de tolérance et pas de bouffe dans le ventre et qu'il fait chaud (les 2 dernières étant les pires conditions) : on est euphoriques mais de manière qui semble pas induite par le produit.

J'calcule mes habitudes et convertis 4 bouteilles en 2 pintes. Le barman fait gouter : c'est dégueulasse genre limonade-sirop-super-sucré-bière. J'prends autre chose. La deuxième pinte descend doucement. Après des années, je peux le dire : j'aime que la montée de l'alcool ça devient clair. Alors je préfère ce qu'il faut pas faire (vite, fort, ventre vide, sans eau).

La pote me colle son casque sur les oreilles, musique de fin du film d'animation Fate à fond, j'dévisage les passant·es. Tout colle à ce que j'entends. J'suis à peine dans mes mains, on dirait qu'elles m'appartiennent pas quand elles bougent pas. J'm'asseois trop mal j'm'en balek. Les pas des gens c'est un peu le morceau de musique qui passe, la scène de presque film mais pas vraiment. Je cherche à pousser le truc, j'gratte voir si y'aurait pas la profondeur d'un space cookie, mais je choppe pas mieux qu'un truc un peu vide, contemplatif comme une fenêtre de train.

Y'a des couples qui marchent, le mec a la main autour des épaules de la meuf. Voir ça c'est comme avoir des insectes qui crawlent sous la peau du dos mais dans mon cerveau. Y'a aussi : le mec qui tient le guidon de la trotinette électrique et se fait tenir par les hanches et les meufs chalées à vélo (alors que j'aime bien me faire chaler). C'pas si pire, ça devrait pas me mettre dans cet état, faudrait vraiment que je dose...

J'ai un crush sur la meuf à la table derrière nous. Il s'avère qu'elle ressemble vraiment à un mix entre deux de nos potes.

Un type nous fait un cri bizarre en passant, et se casse. Elle et son partenaire de boisson se retournent surpris·es aussi : sociabilisation alcoolisée éphémère. Ma pote leur confie qu'on aurait voulu lancer notre chaise sur le type qui vient de passer. J'suis sacrément énervé·e en ce moment et mon imagination monte vite dans les tours, à fantasmer des cadres de vélo qui s'écrasent sur tout ce qui porte un uniforme.

Un type vient nous taper la discute en ayant conscience d'être potentiellement relou. Il dit qu'il boit aussi pour parler aux gens mais le temps d'une clope pour pas trop être chiant. J'lui en taxe une que je finis pas mais que j'arrête trop tard, le goût sur ma langue est immonde. J'sens pas les effets du tabac, pas même vite faire la tête qui tourne, j'ai le seum.
Il me dit qu'il utilise ses indus cassées pour rouler des joints mais chuuuuuut. On lui parle de LSD. Il parle de son fils de 16 ans. Il nous donne l'âge qu'on a, c'est assez rare. J'me projette grave dans ce qu'il raconte : il a 40 berges et 10 tafs différents derrière lui pour finir manager dans une fameuse chaîne de fastfood, à danser le rock pour divertir ses sous-fifres d'équipier·ères (le nom consacré). Par contre, il a passé sa jeunesse à devoir gérer son alcoolisme campagnard plein de whisky avec la beuh. J'm'y retrouve moins, j'ai eu une adolescence de sexagénaire straight-edge.

J'attaque le plateau qu'a tout l'air d'une descente pendant qu'il parle, ça me donne envie de finir la conversation, me forcer à boire de l'eau et à manger. Ca y est c'est déjà plus drôle.

J'commence à déprimer. Encore absent à moi-même sauf dans les yeux et j'peine à lire sur mon écran les choses sont lourdes et se superposent. J'nous trouve hilarant·es mais le monde c'est de la merde. J'aimerais dire : je suis un désastre ! Vaillamment. Mais j'me dis juste que j'suis un désastre en buvant des pintes de flotte.

J'aurais pas de gueule de bois. Juste la texture de tabac-brûlure sur la langue, trop d'argent en moins, et les parois de la bouche anesthésiées de bière. Nausée discrète qui pop ci et là. Faut imaginer une nausée avec remontées acides concrètes, mais discrète. C'pas du tout la nausée omniprésente due à l'acide qui parait jamais pouvoir devenir effectivement du vomis. J'rédige en allant me coucher, toujours une vague, légère, nausée de fond.
 
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