LSDumb
Neurotransmetteur
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Bonjour/bonsoir ! Petite nouvelle que je suis, aussi bien sur le forum que dans le domaine des drogues (je prode depuis plus ou moins deux mois), je m’essaye pour la toute première fois à l’exercice du trip report, en espérant que ce sera intéressant et que je vais pas faire n’importe quoi...
Nous sommes donc un samedi soir. Il est environ dix-neuf heures, je retrouve D. (une amie avec une expérience plus grande que la mienne niveau prods) et d’autres gens à Bercy. Ces autres gens se préparent à aller en teuf, et malgré ma folle envie d’y retourner depuis celle du 15 novembre, je me retiens : le plan pour ce soir, c’est petite soirée transe jusqu’à minuit puis soirée drum’n’bass jusqu’à l’aube (ces deux soirées ayant l’avantage non-négligeable d’être toutes deux gratuites), le tout accompagné d’un trip au 25i. D. en a pris plus d’une fois, elle m’a longuement parlé des effets et, ayant déjà testé le LSD, je sais plus ou moins à quoi m’attendre. Le mec me met donc deux gouttes sur la langue et me dit de ne pas avaler ma salive (pour que le prod’ se dilue/s’infiltre, quelque chose du genre) pendant une quinzaine de minutes. Une quinzaine de minutes pendant laquelle je galère à parler (ce qui me fait rire, ce qui me fait encore plus galérer, et ainsi de suite) jusqu’à ce qu’un gars, prenant lui aussi ses petites gouttes, me signale charitablement que je peux avaler. J’ai la langue et les dents anesthésiées, ça me fait glousser bêtement.
Environ une demi-heure plus tard, D. et moi partons pour rejoindre notre groupe d’amis à la soirée transe. Elle me demande si ça monte et, un peu déçue je lui réponds que non sans n’en rien laisser paraître. J’ai peur d’avoir mal mis le truc, d’avoir avalé trop tôt sans faire exprès, je me dis que comme pour la d ça ne va rien me faire... Vingt minutes plus tard il me semble néanmoins ressentir la première montée. Vous savez, cette petite montée comme une bouffée de chaleur qui monte jusqu’au cerveau, étirant au passage un grand sourire niais sur les lèvres. Je regarde partout autour de moi, les petits points noirs du sol dansent sous mes yeux, je me sens toute légère en montant dans le métro, métro dont la tridimensionnalité me paraît alors démente ! Je partage cette réflexion avec D. Elle sourit et me dit : « Toi t’es chép’ ! » Et je rigole parce que oui, effectivement, je suis chép’, ça marche ! (depuis mes petits déboires avec la d, le prod’ qui ne fait pas effet est l’une de mes plus grandes hantises, ce qui est stupide vu que c’est de ma faute si ça marche plus) Pendant tout le trajet je m’amuse à me frotter à elle en ricanant, « Prends tout mon acide dans ta gueule ! » que je lui sors à chaque fois (selon la légende qui veut qu’on peut percher au toucher sous acides, mais comme le 25i est un RC si je me souviens bien...). Nous arrivons à destination et rejoignons nos amis qui se trouvent dehors pas loin du bar. Les lumières m’éblouissent tellement que j’en pleure (habituée que je suis car j’ai l’œil sensible, je chuchote à D. : « Eh meuf, je pleure de l’acide hahaha ! ») mais je salue joyeusement tout le monde. D. traîne un peu, puis elle va au bar pour « voir si c’est bien », nous on préfère rester dehors le temps de tout boire et de fumer encore (d’autant que nous attendons encore des gens). Je crois alors atteindre un genre de plateau qui me déçoit presque, tout ce que je regarde me paraît magnifique et je suis d’humeur euphorique mais c’est carrément moins intense que mon expérience sous LSD. En plus, je sais que ça dure moins longtemps et ça fait déjà trois heures.
Je décide donc de rejoindre D. avec une autre amie que nous avons en commun, B. pour profiter de mes dernières heures de trip en musique. Désillusion lorsque nous descendons dans la cave : si la musique et l’ambiance sont franchement bonnes, l’espace est lui minuscule et la foule est telle que toute circulation devient une traversée de l’Egypte. On retrouve quand même D. devant le « mur », on danse nous aussi. Et si la défonce décuple ma perception du son, j’ai cependant du mal à m’abandonner à lui comme le font tous autour de moi. Je les vois onduler nonchalamment, certains ont l’air d’être transcendés par le son, et moi aussi le son me transcende, c’est juste que moi j’ai envie de taper du pied, je le sens aux tressaillements de ma jambe (qui parfois, indépendamment de ma volonté, met un coup sec au parquet, ce qui me soulage autant que ça me frustre). Définitivement, je suis core plutôt que transe. Fort heureusement on finit par se diriger vers le fumoir... Tout petit petit fumoir bondé de gens, étouffant de fumée. Et là, bim, ça me frappe. Je sais pas si c’est la fumée ou le fait d’être restée devant le son ou juste les couleurs changeantes des lumières du fumoir, en tout cas mon trip me surprend en passant à un niveau supérieur. Les couleurs m’obsèdent, m’hypnotisent, et je suis fascinée de constater que selon la couleur de l’éclairage les gens gagnent un tout autre visage : le bleu glacial leur durcit les traits, le vert leur donne l’air maladif et sournois... j’ai l’impression de voir des nouvelles personnes à chaque fois.
Ce que je ne remarque pas pendant ce temps-là, c’est que D. est en train même de se trouver un taz. Je finis par m’approcher, intéressée (le plan de base c’était de taper du speed avec le 25i, mais pas de speed), en précisant au dealer que je suis sous 25i. Apparemment je fais bien : celui-ci insiste lourdement pour que je fasse attention, que je prenne demi par demi (ce que je fais toujours de toute façon) et que j’attende d’être redescendue pour gober. D. gobe aussitôt un demi de son taz tandis que je range le mien. Je sors du bar et retrouve les potes restés dehors, en plus de ceux qui devaient nous rejoindre. Je ne connais presque personne de ce monde mais je cours vers eux, toute contente de les voir comme s’ils s’agissaient d’amis de toujours. En même temps je constate que tout le décor est devenu bizarre, tout flou avec les contours qui se « détachent », se dédoublent, exactement l’image qu’on a quand on regarde un film 3D sans les lunettes adéquates. C’est sublime, ça m’enchante, et en plus je me sens tellement bien avec ces gens (et surtout tellement mieux qu’avec certains gens du bar...). Suit un enchaînement de va et vient entre le bar et le dehors (évènement notable pour la suite : je retrouve mon amie D. en compagnie d’un mec chelou sous c qui veut pas la lâcher, et si elle m’assure qu’elle gère la situation moi tout ce que vois c’est que son taz l’a bien défoncée).
Il est environ vingt-trois heures, je suis avec plusieurs personnes de la bande (que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam) et j’essaye péniblement de rouler un joint. Péniblement, parce que mon cerveau est tout à fait incapable de penser pratique : j’effrite sans penser à sortir le reste, je galère à trouver mes feuilles, je galère à trouver mes clopes et reperds mes feuilles dans le processus... J’ai littéralement l’impression que mes neurones sont grillés (et le pire c’est qu’au moment même l’idée me fait joyeusement rigoler). M., gentil bonhomme de la bande, se dévoue pour me rouler mon joint et en attendant, je me fais une rétrospective des événements. Je me rends compte d’à quel point le 25i me rend insouciante, je cours après des gens que je ne connais pas sans même me poser de questions, j’agis comme si le monde entier il était beau il était gentil... J’ai l’impression d’être redevenue une gamine. Malgré la conscience de cette inconscience, je n’ai pas envie de reprendre des réflexes plus « sûrs », « précautionneux », etc., j’ai le sentiment que ce serait aller à l’encontre de mon trip. Finalement j’éclate mon joint et tire quelques barres en faisant connaissance avec M. lorsque la police débarque (sans doute appelés par le voisinage du bar). Fumeuse régulière depuis deux ans maintenant, j’aurais simplement rangé mon joint dans ma poche si toutes mes émotions n’avaient pas été démultipliées par le prod’ : prise de court, j’écrase mon joint à peine entamé. Les flics font leur tournée, à côté de nous (nous sommes revenus exactement à l’entrée du bar, fuite stratégique) un jeune homme se prend la tête avec le videur. Leur altercation, bien que purement verbale, me met profondément mal à l’aise. Vient alors Ba., un ami de D. que personne de nous ne connaît (je l’ai déjà vu plus tôt dans la soirée : il prenait alors son premier taz et je l’ai suivi un certain pour être sûre qu’il gère bien). Lui aussi me met mal à l’aise : il a les mâchoires tellement crispées et parle tellement vite en même temps qu’on ne le comprend pas, il est visiblement à balles mais il me dit qu’il redescend et qu’il doit vite en reprendre un autre, ça me fait peur, ça me dégoûte, je tente de l’éviter, de m’éloigner de lui, mais il me lâche pas (ce que malgré mon dégoût je comprends : il est prodé et je suis son seul semblant de repère). C’est lorsqu’il repart acheter un deuxième taz que je comprends mieux mon trip : le 25i ne me rend pas inconsciente, légère ou enfantine, il exacerbe mon empathie et mes instincts (tous deux déjà assez développés en temps normal). Les personnes saines ont tout de suite toute ma confiance, les personnes malsaines m’effrayent et me déstabilisent. Je repense notamment au mec sous c, et au fait que depuis je n’ai pas revu D. De cela découle une recherche acharnée de B., que j’informe de la situation (j’aurais préféré gérer ça toute seule mais dans mon état je préfère déléguer ça à quelqu’un de clean).
A la fin de cette première soirée, il est presque minuit et demi, nous avons retrouvé D. saine et sauve et nous partons pour la soirée drum’n’bass. Enfin la redescente, ou ce qui me semble être une redescente : le décor redevient peu à peu « normal », je sens mes perceptions perdre en intensité... et surtout je suis soulagée de redescendre, pour la première fois de ma vie. Le trip a été génial mais intense, trop intense, je me sentirais vidée si l’énergie du groupe n’était pas communicative. Et surtout il me laisse une impression d’étrangeté, je ne sais pas quoi penser de tout ce que j’ai ressenti, je me promets de m’y pencher plus longuement plus tard (ce que je fais maintenant).
[ellipse pour vous éviter le récit inutile du trajet jusqu’à la soirée drum’n’bass, le TR étant déjà trop long. seul détail important sur cette période : je prends la moitié de mon taz généreusement arrosé de Smirnoff Ice – ouiouipasRDRtoutçapardonpastaper.]
La moitié de mon taz ne fait pas effet mais peu m’importe, je suis devant le mur, je peux enfin sauvagement taper du pied (bon c’est pas une teuf et ça manque clairement de kW mais c’est quand même bien hein), avec D. on ne cesse de faire des allers-retours entre le son et le fumoir (lui aussi riquiqui et sévèrement enfumé, avec option zéro climatisation). Et ainsi jusqu’à presque quatre heures du matin, où je décide de prendre la moitié de mon deuxième taz. La montée ne se fait pas attendre, mais elle est franchement bizarre : estomac noué, gorge serrée, tremblements, j’ai plus l’impression que c’est une montée de peur qu’une montée tout court. Un peu inquiète, je retourne dans le fumoir où sont quelques potes à moi, Dieu merci. Je m’affale dans l’un des rares sièges en expliquant à B. que « j’ai une montée chelou mais t’inquiète, je vais gérer ça tranquille ». D. ressortie du son me traîne jusqu’aux toilettes pour boire un bon coup puis me ramène au fauteuil qui deviendra mon trône pour le reste de la nuit, M. se cale à côté de moi et me rassure en me caressant doucement les cheveux, les bras, tout en me parlant de comment il a galéré pour taper son demi-para de d. Finalement je me sens relativement apaisée, mais je sens que ce calme « mental » est fragile et que pour moi le gros de la soirée est terminée : je n’aurais certainement pas la force d’aller danser. Mais je suis pas la seule : plusieurs de mes potes stationneront au fumoir jusqu’à la fin de la soirée.
Et je vous épargnerais la fin où je rentre avec M. pour s’endormir à neuf heures et demi, épuisée et trempée de sueur. En fait je vais même m’excuser pour la longueur monstre de ce TR, pour les imprécisions (par exemple la dose de 25i) voire les erreurs (est-ce que c’est considéré comme un acide à proprement parler ?), les conduites pas forcément RDR (l’alcool en quantité pas si raisonnable, le combo malgré les mises en garde). Je suis pour ma part contente d’avoir écrit ce premier TR, car il m’a permis de beaucoup mieux comprendre mon trip qui m’a vraiment paru particulièrement étrange et intense (je comprends mieux un de mes amis qui a badé sous LSD car il y avait trop de gens malsains...), de mettre des mots dessus et de définir les comportements qu’il m’a fait avoir.
Dernière chose/question : Quelqu’un saurait ce qui a pu provoquer cette « montée cheloue » ? Est-ce que c’est le combo en lui-même ou le set and setting qui n’était pas propice au combo, ou tout simplement à la prise de taz... ? Si vous pouvez m’éclairer, merci d’avance ! (moi qui pensais que ça passerait comme un candy flip...)
Nous sommes donc un samedi soir. Il est environ dix-neuf heures, je retrouve D. (une amie avec une expérience plus grande que la mienne niveau prods) et d’autres gens à Bercy. Ces autres gens se préparent à aller en teuf, et malgré ma folle envie d’y retourner depuis celle du 15 novembre, je me retiens : le plan pour ce soir, c’est petite soirée transe jusqu’à minuit puis soirée drum’n’bass jusqu’à l’aube (ces deux soirées ayant l’avantage non-négligeable d’être toutes deux gratuites), le tout accompagné d’un trip au 25i. D. en a pris plus d’une fois, elle m’a longuement parlé des effets et, ayant déjà testé le LSD, je sais plus ou moins à quoi m’attendre. Le mec me met donc deux gouttes sur la langue et me dit de ne pas avaler ma salive (pour que le prod’ se dilue/s’infiltre, quelque chose du genre) pendant une quinzaine de minutes. Une quinzaine de minutes pendant laquelle je galère à parler (ce qui me fait rire, ce qui me fait encore plus galérer, et ainsi de suite) jusqu’à ce qu’un gars, prenant lui aussi ses petites gouttes, me signale charitablement que je peux avaler. J’ai la langue et les dents anesthésiées, ça me fait glousser bêtement.
Environ une demi-heure plus tard, D. et moi partons pour rejoindre notre groupe d’amis à la soirée transe. Elle me demande si ça monte et, un peu déçue je lui réponds que non sans n’en rien laisser paraître. J’ai peur d’avoir mal mis le truc, d’avoir avalé trop tôt sans faire exprès, je me dis que comme pour la d ça ne va rien me faire... Vingt minutes plus tard il me semble néanmoins ressentir la première montée. Vous savez, cette petite montée comme une bouffée de chaleur qui monte jusqu’au cerveau, étirant au passage un grand sourire niais sur les lèvres. Je regarde partout autour de moi, les petits points noirs du sol dansent sous mes yeux, je me sens toute légère en montant dans le métro, métro dont la tridimensionnalité me paraît alors démente ! Je partage cette réflexion avec D. Elle sourit et me dit : « Toi t’es chép’ ! » Et je rigole parce que oui, effectivement, je suis chép’, ça marche ! (depuis mes petits déboires avec la d, le prod’ qui ne fait pas effet est l’une de mes plus grandes hantises, ce qui est stupide vu que c’est de ma faute si ça marche plus) Pendant tout le trajet je m’amuse à me frotter à elle en ricanant, « Prends tout mon acide dans ta gueule ! » que je lui sors à chaque fois (selon la légende qui veut qu’on peut percher au toucher sous acides, mais comme le 25i est un RC si je me souviens bien...). Nous arrivons à destination et rejoignons nos amis qui se trouvent dehors pas loin du bar. Les lumières m’éblouissent tellement que j’en pleure (habituée que je suis car j’ai l’œil sensible, je chuchote à D. : « Eh meuf, je pleure de l’acide hahaha ! ») mais je salue joyeusement tout le monde. D. traîne un peu, puis elle va au bar pour « voir si c’est bien », nous on préfère rester dehors le temps de tout boire et de fumer encore (d’autant que nous attendons encore des gens). Je crois alors atteindre un genre de plateau qui me déçoit presque, tout ce que je regarde me paraît magnifique et je suis d’humeur euphorique mais c’est carrément moins intense que mon expérience sous LSD. En plus, je sais que ça dure moins longtemps et ça fait déjà trois heures.
Je décide donc de rejoindre D. avec une autre amie que nous avons en commun, B. pour profiter de mes dernières heures de trip en musique. Désillusion lorsque nous descendons dans la cave : si la musique et l’ambiance sont franchement bonnes, l’espace est lui minuscule et la foule est telle que toute circulation devient une traversée de l’Egypte. On retrouve quand même D. devant le « mur », on danse nous aussi. Et si la défonce décuple ma perception du son, j’ai cependant du mal à m’abandonner à lui comme le font tous autour de moi. Je les vois onduler nonchalamment, certains ont l’air d’être transcendés par le son, et moi aussi le son me transcende, c’est juste que moi j’ai envie de taper du pied, je le sens aux tressaillements de ma jambe (qui parfois, indépendamment de ma volonté, met un coup sec au parquet, ce qui me soulage autant que ça me frustre). Définitivement, je suis core plutôt que transe. Fort heureusement on finit par se diriger vers le fumoir... Tout petit petit fumoir bondé de gens, étouffant de fumée. Et là, bim, ça me frappe. Je sais pas si c’est la fumée ou le fait d’être restée devant le son ou juste les couleurs changeantes des lumières du fumoir, en tout cas mon trip me surprend en passant à un niveau supérieur. Les couleurs m’obsèdent, m’hypnotisent, et je suis fascinée de constater que selon la couleur de l’éclairage les gens gagnent un tout autre visage : le bleu glacial leur durcit les traits, le vert leur donne l’air maladif et sournois... j’ai l’impression de voir des nouvelles personnes à chaque fois.
Ce que je ne remarque pas pendant ce temps-là, c’est que D. est en train même de se trouver un taz. Je finis par m’approcher, intéressée (le plan de base c’était de taper du speed avec le 25i, mais pas de speed), en précisant au dealer que je suis sous 25i. Apparemment je fais bien : celui-ci insiste lourdement pour que je fasse attention, que je prenne demi par demi (ce que je fais toujours de toute façon) et que j’attende d’être redescendue pour gober. D. gobe aussitôt un demi de son taz tandis que je range le mien. Je sors du bar et retrouve les potes restés dehors, en plus de ceux qui devaient nous rejoindre. Je ne connais presque personne de ce monde mais je cours vers eux, toute contente de les voir comme s’ils s’agissaient d’amis de toujours. En même temps je constate que tout le décor est devenu bizarre, tout flou avec les contours qui se « détachent », se dédoublent, exactement l’image qu’on a quand on regarde un film 3D sans les lunettes adéquates. C’est sublime, ça m’enchante, et en plus je me sens tellement bien avec ces gens (et surtout tellement mieux qu’avec certains gens du bar...). Suit un enchaînement de va et vient entre le bar et le dehors (évènement notable pour la suite : je retrouve mon amie D. en compagnie d’un mec chelou sous c qui veut pas la lâcher, et si elle m’assure qu’elle gère la situation moi tout ce que vois c’est que son taz l’a bien défoncée).
Il est environ vingt-trois heures, je suis avec plusieurs personnes de la bande (que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam) et j’essaye péniblement de rouler un joint. Péniblement, parce que mon cerveau est tout à fait incapable de penser pratique : j’effrite sans penser à sortir le reste, je galère à trouver mes feuilles, je galère à trouver mes clopes et reperds mes feuilles dans le processus... J’ai littéralement l’impression que mes neurones sont grillés (et le pire c’est qu’au moment même l’idée me fait joyeusement rigoler). M., gentil bonhomme de la bande, se dévoue pour me rouler mon joint et en attendant, je me fais une rétrospective des événements. Je me rends compte d’à quel point le 25i me rend insouciante, je cours après des gens que je ne connais pas sans même me poser de questions, j’agis comme si le monde entier il était beau il était gentil... J’ai l’impression d’être redevenue une gamine. Malgré la conscience de cette inconscience, je n’ai pas envie de reprendre des réflexes plus « sûrs », « précautionneux », etc., j’ai le sentiment que ce serait aller à l’encontre de mon trip. Finalement j’éclate mon joint et tire quelques barres en faisant connaissance avec M. lorsque la police débarque (sans doute appelés par le voisinage du bar). Fumeuse régulière depuis deux ans maintenant, j’aurais simplement rangé mon joint dans ma poche si toutes mes émotions n’avaient pas été démultipliées par le prod’ : prise de court, j’écrase mon joint à peine entamé. Les flics font leur tournée, à côté de nous (nous sommes revenus exactement à l’entrée du bar, fuite stratégique) un jeune homme se prend la tête avec le videur. Leur altercation, bien que purement verbale, me met profondément mal à l’aise. Vient alors Ba., un ami de D. que personne de nous ne connaît (je l’ai déjà vu plus tôt dans la soirée : il prenait alors son premier taz et je l’ai suivi un certain pour être sûre qu’il gère bien). Lui aussi me met mal à l’aise : il a les mâchoires tellement crispées et parle tellement vite en même temps qu’on ne le comprend pas, il est visiblement à balles mais il me dit qu’il redescend et qu’il doit vite en reprendre un autre, ça me fait peur, ça me dégoûte, je tente de l’éviter, de m’éloigner de lui, mais il me lâche pas (ce que malgré mon dégoût je comprends : il est prodé et je suis son seul semblant de repère). C’est lorsqu’il repart acheter un deuxième taz que je comprends mieux mon trip : le 25i ne me rend pas inconsciente, légère ou enfantine, il exacerbe mon empathie et mes instincts (tous deux déjà assez développés en temps normal). Les personnes saines ont tout de suite toute ma confiance, les personnes malsaines m’effrayent et me déstabilisent. Je repense notamment au mec sous c, et au fait que depuis je n’ai pas revu D. De cela découle une recherche acharnée de B., que j’informe de la situation (j’aurais préféré gérer ça toute seule mais dans mon état je préfère déléguer ça à quelqu’un de clean).
A la fin de cette première soirée, il est presque minuit et demi, nous avons retrouvé D. saine et sauve et nous partons pour la soirée drum’n’bass. Enfin la redescente, ou ce qui me semble être une redescente : le décor redevient peu à peu « normal », je sens mes perceptions perdre en intensité... et surtout je suis soulagée de redescendre, pour la première fois de ma vie. Le trip a été génial mais intense, trop intense, je me sentirais vidée si l’énergie du groupe n’était pas communicative. Et surtout il me laisse une impression d’étrangeté, je ne sais pas quoi penser de tout ce que j’ai ressenti, je me promets de m’y pencher plus longuement plus tard (ce que je fais maintenant).
[ellipse pour vous éviter le récit inutile du trajet jusqu’à la soirée drum’n’bass, le TR étant déjà trop long. seul détail important sur cette période : je prends la moitié de mon taz généreusement arrosé de Smirnoff Ice – ouiouipasRDRtoutçapardonpastaper.]
La moitié de mon taz ne fait pas effet mais peu m’importe, je suis devant le mur, je peux enfin sauvagement taper du pied (bon c’est pas une teuf et ça manque clairement de kW mais c’est quand même bien hein), avec D. on ne cesse de faire des allers-retours entre le son et le fumoir (lui aussi riquiqui et sévèrement enfumé, avec option zéro climatisation). Et ainsi jusqu’à presque quatre heures du matin, où je décide de prendre la moitié de mon deuxième taz. La montée ne se fait pas attendre, mais elle est franchement bizarre : estomac noué, gorge serrée, tremblements, j’ai plus l’impression que c’est une montée de peur qu’une montée tout court. Un peu inquiète, je retourne dans le fumoir où sont quelques potes à moi, Dieu merci. Je m’affale dans l’un des rares sièges en expliquant à B. que « j’ai une montée chelou mais t’inquiète, je vais gérer ça tranquille ». D. ressortie du son me traîne jusqu’aux toilettes pour boire un bon coup puis me ramène au fauteuil qui deviendra mon trône pour le reste de la nuit, M. se cale à côté de moi et me rassure en me caressant doucement les cheveux, les bras, tout en me parlant de comment il a galéré pour taper son demi-para de d. Finalement je me sens relativement apaisée, mais je sens que ce calme « mental » est fragile et que pour moi le gros de la soirée est terminée : je n’aurais certainement pas la force d’aller danser. Mais je suis pas la seule : plusieurs de mes potes stationneront au fumoir jusqu’à la fin de la soirée.
Et je vous épargnerais la fin où je rentre avec M. pour s’endormir à neuf heures et demi, épuisée et trempée de sueur. En fait je vais même m’excuser pour la longueur monstre de ce TR, pour les imprécisions (par exemple la dose de 25i) voire les erreurs (est-ce que c’est considéré comme un acide à proprement parler ?), les conduites pas forcément RDR (l’alcool en quantité pas si raisonnable, le combo malgré les mises en garde). Je suis pour ma part contente d’avoir écrit ce premier TR, car il m’a permis de beaucoup mieux comprendre mon trip qui m’a vraiment paru particulièrement étrange et intense (je comprends mieux un de mes amis qui a badé sous LSD car il y avait trop de gens malsains...), de mettre des mots dessus et de définir les comportements qu’il m’a fait avoir.
Dernière chose/question : Quelqu’un saurait ce qui a pu provoquer cette « montée cheloue » ? Est-ce que c’est le combo en lui-même ou le set and setting qui n’était pas propice au combo, ou tout simplement à la prise de taz... ? Si vous pouvez m’éclairer, merci d’avance ! (moi qui pensais que ça passerait comme un candy flip...)