Quoi de neuf ?

Bienvenue sur Psychonaut.fr !

Le forum des amateur.ices de drogues et de l'exploration de l'esprit

[Fermeture salles de consommation - HSAs] /!\ Catastrophe potentielle.

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Morning Glory
  • Date de début Date de début

Morning Glory

Holofractale de l'hypervérité
Adhérent·e
Inscrit
13/10/12
Messages
1 475
Les Haltes Soin Addiction sont, y compris par des organismes bien français, reconnues pour leur multiples bénéfices sur la santé publique, la paix sociale, le désengorgement des services publics de soin et policiers, la réduction des coûts économiques et la valorisation de la RdR comme un outil majeur et puissant pour tous ces domaines.

Nous les avons nommées salles de consommation à moindre risque, et les médias adooorent en parler en tant que "salles de shoot". Elles sont un outil très important de RdR consistant à donner un espace propre et le plus sécurisé possible aux personnes usagères de drogues ne bénéficiant pas de ces conditions chez elles, ou tout simplement pas de chez elles, ou même ayant à cœur de réduire les risques encourus (OD notamment). Le personnel en équipe pluridisciplinaire veille au meilleur déroulé possible de la consommation et ces dispositifs ont de très nombreux autres avantages tels l'apprentissage aux personnes accueillies de méthodes de réduction des risques qu'elles n'auraient pas cherché sinon, le cheminement pour certaines d'entre elles vers une volonté de réduction ou d'arrêt de leur consommation, et d'innombrables bénéfices cités ci-dessous.


Elles sont aujourd'hui vous le savez, menacées de fermeture (plus joliment dit par notre cher et bienveillant gouvernement : "fin de leur expérimentation" (en cours et en stand by depuis des années).

Leur fermeture, potentiellement prévue pour le 31/12/2025, aura des conséquences catastrophiques pour :

- Les usagers eux-mêmes

Les milliers d'usagers de ces structures seront privés de cet outil, ce qui impliquera indéniablement une hausse du nombre de surdoses fatales (les HSA permettent une intervention immédiate en cas d'urgence), de celui des nouvelles infections, notamment (mais non limitées) au VIH et hépatites par partage et réutilisation de matériel et faute de lieux aux conditions sanitaires saines pour utiliser leurs produits. Mais aussi moins d'accès au soin, car les HSA sont une porte d'entrée pour renouer avec le système de soins pour les personnes les plus démunies et en rupture avec celui-ci. Une stigmatisation accrue : si une telle décision est prise, les médias pourraient s'emparer du sujet comme on les sait si bien le faire, et la population sous couvert de biais cognitifs, croire qu'il y a de bonnes raisons à cette fermeture. Couplée à la dernière campagne de culpabilisation n'apportant que des problèmes et aucune solution, une telle fermeture enverrait un message fort et faussé à l'opinion publique, renforçant toujours plus l'hostilité envers les PUD/PCPP/usagers/drogué-es. Leur marginalisation et le rejet social duquel ils sont victimes accroit de facto leur addiction (voir Rat Parc). En somme, une détérioration de l'état de santé général, multidimensionnel et potentiellement grave.

- Les riverains

Malgré leur hostilité apparente (en tout cas si on s'en fie aux médias mainstream) envers ces structures, les riverains en profitent directement : moins de consommations dans l'espace public, moins de matériel usagé laissé sur voie publique et une certaine paix sociale. D'après un des liens ci-dessous d'ailleurs, à Strasbourg, la salle de consommation aurait suscité une "adhésion générale", bien loin de l'idée qu'on s'en fait dans ce qui est minutieusement trié par les médias. Ces bénéfices seront perdus.

- L'économie :

Le ratio coût/bénéfice des HSA est reconnu positif. Prévention des infections et surdoses, désengorgement des services d'urgence et de police, moins de coûts liés au nettoyage des espaces publics, baisse de la nécessité de mise en place de traitements coûteux comme les ARV ("anti-VIH"). Tous ces bénéfices seront eux aussi PERDUS.

- Les professionnels de la RdR :

Pertes d'emplois, et un lien évident que je fais avec la fermeture du CAARUD de Paris Centre, ainsi que la montée de l'extrême droite : la Réduction des Risques au sens large est en danger en France, en contradiction totale avec la loi française dans laquelle elle est inscrite.


Il s'agirait d'un pas en arrière majeur pour tout le monde, sauf peut-être... deux catégories de population : l'électorat de droite à extrême droite, et le gouvernement en place pour sa réélection par cette catégorie de population.


Il est urgent de se mobiliser contre cette mesure allant totalement à contre-courant de tous les résultats des études scientifiques et statistiques sur le sujet. En dépis des tentatives de débunkage de certaines institutions reconnues et de mairies (Strasbourg, Paris 10), le projet destructeur est lancé.
Le ministre de la santé rendra son avis ce mois-ci. Si le sujet atteint l'assemblée nationale, nous nous devrons, quel que soit notre lien, plus ou moins direct, avec cette mesure, de réagir.

Je ne suis que Morning, je ne représente pas Psychonaut. Je vous le demande en mon nom. Saisissez toute opportunité que vous pourrez qui pourrait sauver les HSA, car si nous ne nous mobilisons pas, personne ne le fera. Chaque voix compte. Et si demain les HSA fermaient, après-demain qui sait ce qu'adviendra de ce forum, des CAARUDs, peut-être même des CSAPAs et des TSOs? Si vous n'êtes pas touchés par cette mesure, vous le serez par celles qui suivront. Et si vous ne réagissez pas à celle-ci, les suivantes seront plus difficiles à arrêter encore.

Merci pour votre lecture. S'il vous plaît, agissez dès que le pouvez, si vous le pouvez.


Sources :






 
Dernière édition:
Merci du post et de toutes ces explications ! Ce serait possible d'ajouter au début une petite explication de ce que sont les HSA/salles de conso, pour les gens qui connaissent pas ?
 
Merci du post et de toutes ces explications ! Ce serait possible d'ajouter au début une petite explication de ce que sont les HSA/salles de conso, pour les gens qui connaissent pas ?
Done ~
 
Je me permets d'ajouter le lien vers un documentaire concernant la HSA de Paris, la bande annonce est sur le site.


https://www.alchimistesfilms.com/ici-je-vais-pas-mourir


SYNOPSIS
Une salle de consommation de drogue à moindre risque a ouvert à Paris.
Hors de la violence destructrice de la vie dans la rue, qu'est-ce qui se répare dans l'espace pacifié de la salle de consommation ?
Pour ces femmes et ces hommes aux vies malmenées, recevoir des soins, recouvrer des droits, regagner l'humanité.
Grâce à la salle les rencontres sont possibles.
Alors, ici, faire un film.

Une version 52 minutes existe sous le titre Le Moindre Risque. Sur cette même trame, elle aborde également le débat que suscite l'ouverture d'une telle salle en se concentrant sur les réunions du Comité de voisinage, représentation à petit échelle de notre société. On y questionne, critique et se divise autour de cette innovation sociale et médicale.
 
Il y a des gens qui sont contre les salles de conso parce qu'ils pensent que quand on aide des gens à se droguer, on ne les aide pas à s'éloigner des drogues. Donc c'est immoral car on ne les soigne pas ; à la place,on les maintient dans leur dépendance. Les salles de conso, ce serait du laxisme. Il vaudrait mieux fermer les salles et soigner les gens. On pourrait les pousser à sortir de la drogue en exerçant une sorte de chantage : le sevrage ou rien !

C'est exactement la situation dans laquelle étaient les drogués il y a... quarante ans. A l'époque, on les appelait les "toxicomanes". La réduction des risques n'existait pas. L'addictologie non plus, d'ailleurs. L’État avait même interdit la vente libre de seringues, car pourquoi aider les gens à se droguer ? On voyait l'usage de drogues comme un problème moral, symptomatique de désordres mentaux. Le seul soin possible était le sevrage accompagné d'un soutien thérapeutique. Les personnes qui ne voulaient pas s'y plier (ou qui n'en avaient pas les moyens) ne recevaient aucune aide. Du coup, plein de gens n'étaient jamais aidé. Et le fait qu'il ne faille pas "aider les gens à se droguer" contribuait même à éloigner les toxicomanes du soin. En effet, par peur du manque, ils évitaient d'aller à l'hôpital : à l'époque, on ne donnait pas de produit de substitution, ça aurait été immoral, donc ils subissaient un sevrage en plus de leur appendicite. Même quand il y allaient, ils étaient mal vus et mal traités par le personnel médical. Pourtant ils étaient souvent malades, car faute de seringues jetables, ils partageaient celles qu'ils avaient, et leurs maladies avec. Ils avaient souvent des plaies, des abcès, à cause de piqûres effectuées dans de mauvaises conditions, et puis ça s'infectait, et ils perdaient des membres ou mourraient.

C'est l'épidémie de SIDA qui a tout changé. Elle a fait une hécatombe chez les toxicomanes, car ceux-ci se transmettaient le virus dans les seringues. Et comme plein de gens se droguent dans plein de couches de la société, les toxicomanes sont devenus un "foyer infectieux" pour les reste de la population. C'est ainsi que l'on a commencé à s'intéresse à la santé des drogués. On a réalisé que c'est impossible d'aider une personne à se sevrer quand elle est déjà morte du SIDA. On a aussi réalisé que laisser les gens sans aucun soin, même quand ils sont en bas de l'échelle sociale, c'est un problème pour toute la population. Alors on a commencé à distribuer des seringues jetables et des traitements de substitution, afin que les drogués puissent éviter de tomber malade et avoir une vie normale, même quand ils continuent de se droguer.

Les salles de conso sont dans la continuité de cette histoire. On y distribue du matériel, on permet aux gens de se droguer calmement, de se reposer, et d'entamer des démarches. Les salles de conso (et la réduction des risques en général) ne s'opposent en rien à l'aide au sevrage. En France, le dispositif des CSAPA permet de consulter gratuitement des addictologues pour réduire sa consommation ou même l'arrêter. Le souci, c'est que les personnes qui vont à la salle sont souvent en trop mauvais état pour songer à arrêter leur conso. Elles consomment parce qu'elles ont trop mal, trop froid, parce qu'elles ont peur. Se débarrasser d'une addiction, c'est un processus long et engageant. Les personnes ont besoin de se stabiliser avant de s'y engager (si elles le veulent). En allant à la salle, elles font un pas vers la stabilisation. Un jour, peut-être passeront-elles de la salle au CSAPA. Ou pas, mais au moins elles sont en meilleur état : leurs plaies sont soignées, elles utilisent du matériel jetable ; elles évitent d'attraper l'hépatite B ou de perdre un bras. Ces personnes n'auraient jamais eu accès à ces soins si on leur laissait le choix entre le sevrage ou rien. Donc elles iraient plus mal, et la société aussi. C'est ce que nous a appris le SIDA il y a quarante ans. Pourquoi revenir en arrière ?

Certaines personnes vont plus loin et considèrent que dans ce cas, on n'a qu'à ne pas leur laisser le choix. C'est la proposition de plusieurs élus de droite qui proposent par exemple d'enfermer les consommateurs de crack dans des centres de sevrage fermés à l'extérieur de Paris. L'idée sous-jacente, c'est qu'une fois sevrée, la personne est libérée de la drogue, et on peut entamer sa réinsertion.
Déjà, j'espère que vous imaginez le niveau de violence si on met ça en œuvre. Il faudrait rafler les gens, les enfermer, et les sangler sur un lit pendant un mois, avec des symptômes de sevrage ? Moi j'appelle ça de la torture, pas du soin. En France, autant que possible, les soins doivent être consentis. Ce n'est pas pour rien : les soins contraints sont extrêmement violents à vivre. On se retrouverait avec des personnes complètement traumatisées par leur sevrage forcé. Super le soin !

Mais même si c'était possible éthiquement parlant, ça ne servirait à pas grand-chose. L'idée vient de ce qu'0n s'imagine la drogue comme un démon tout-puissant, que des gens ont consommé par faiblesse d'esprit, et auxquels ils sont soumis jusqu'à ce qu'on les en libère, de gré ou de force. C'est vrai que l'accoutumance joue un rôle dans l'addiction, mais elle n'est pas la seule. L'usage de drogues est un comportement. Les gens consomment pour répondre à un besoin : se sentir mieux, avoir moins froid, moins peur, moins mal Ce comportement est très difficile à rectifier tant qu'il n'y a pas eu de "déclic" dans l'esprit de la personne elle-même. Le "déclic" qui fait qu'une personne change de comportement, le plus souvent, c'est qu'elle a compris elle-même que ça ne lui apportait plus assez pour continuer. Si on force une personne à arrêter de se droguer, ou si elle le fait par conformisme, pour faire plaisir à d'autres, ou éviter une sanction, le plus probable, c'est que dès qu'elle retrouvera son environnement habituel, elle se remettra à consommer. Donc on aura traumatisé des gens pour rien. Et ces gens se méfieront de tout ce qui ressemble de près ou de loin à une institution, ce qui empirera encore leur situation de désaffiliation sociale, et les éloignera du soin et du rétablissement.

Le seul moyen de vraiment aider des personnes qui se droguent, c'est de leur permettre d'aller mieux en général : avoir moins mal, moins peur, moins froid. En attendant, il faut les garder en vie. Les salles de conso participent à cela : les gens sont en sécurité, ils peuvent voir un docteur, refaire leurs papiers, prendre du matériel propre. Ça les aide beaucoup plus que la contrainte.

Tout cela est dit d'un point de vue pragmatique et conséquentialiste, dans une perspective de santé publique. Mais il y a encore un aspect à aborder : le droit à l'accès aux soins. Les drogués ne sont pas des sous-citoyens ni des sous-humains, ils ont les mêmes droits que n'importe-qui. Ce ne sont pas des bestiaux. Ils ont droit aux moyens d'éviter les maladies, les abcès, l'insécurité. Ils ont droit à donner leur consentement. Certaines personnes voudraient leur retirer ces droits, parce que ne les considèrent pas assez insérés, productifs, rationnels, et compagnie. Réflechissez à ce que cela signife, si l'on retire des droits fondamentaux aux gens pour ces raisons. Réfléchissez à ce que cela pourrait signifier un jour pour vous et les gens que vous aimez :)
 
xxx xxx A l'époque, on les appelait les "toxicomanes". La réduction des risques n'existait pas. L'addictologie non plus, d'ailleurs. L’État avait même interdit la vente libre de seringues, car pourquoi aider les gens à se droguer ? On voyait l'usage de drogues comme un problème moral, symptomatique de désordres mentaux. Le seul soin possible était le sevrage accompagné d'un soutien thérapeutique. Les personnes qui ne voulaient pas s'y plier (ou qui n'en avaient pas les moyens) ne recevaient aucune aide. Du coup, plein de gens n'étaient jamais aidé.xxx xxx
Avant la RdR les gens n'étaient pas "aidés" comme on l'entend aujourd'hui mais à un certain stade d'urgence le médecin (ou le pharmacien) procurait la dose car le serment d'Hypocrate trouve sa pleine mesure en live de l'extrême... Pour comprendre ça, si on veut bien, il subsistait encore une proximité entre ce que fût le monopole de l'Etat Français avec la Régie de l'opium, puis la French Connection qui prit le relais en entrant dans la clandestinité par une forme de déontologie des institutions orientée vers la suppression de la banalité des drogues...

Le cas de conscience d'une responsabilité médicale devant un cas critique d'urgence pouvait induire le médecin en mode ascendant, un peu comme quand le nouveau franc français a succédé aux francs français anciens alors que les spéculations se sont longtemps poursuivies en francs anciens sans erreur pour autant... L'évaluation en francs anciens était la caractéristique d'une sphère humaine avertie...
 
C'est l'épidémie de SIDA qui a tout changé. Elle a fait une hécatombe chez les toxicomanes, car ceux-ci se transmettaient le virus dans les seringues. Et comme plein de gens se droguent dans plein de couches de la société, les toxicomanes sont devenus un "foyer infectieux" pour les reste de la population. C'est ainsi que l'on a commencé à s'intéresse à la santé des drogués.
C'pas juste un geste raisonnable : il a aussi fallu que les personnes s'mobilisent et jettent des cendres de camarades morts du SIDA à des conférences de labo pharmaceutiques pour que les gens en aient quelque chose à faire. Pour parler juste d'un truc de l'activisme de AIDES que j'trouve hyper impressionnant.
J'ai rien à redire à ton texte, suis particulièrement d'accord avec le dernier paragraphe. C'est juste qu'on pourrait croire que c'était ineluctable que la situation allait s'améliorer et j'en suis pas sûr.
 
Retour
Haut