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dose modérée de psilos

rosiernain

Neurotransmetteur
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30 Jan 2020
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Session ‘champignons’ avec deux amis, A. et J. (pour une partie du temps)
Nous avons une intention cérémonielle, d’exploration consciente.
On prend le temps d’accueillir les émotions de J. , son ambivalence à rester avec nous ou pas, à cause d’une préoccupation relationnelle avec son amie M.
Il nous en parle un peu, et puis on médite ensemble ; il est sur le point de partir, je  propose une voie du milieu où il prendrait une micro dose avec nous, irait méditer seul au parc, et pourrait revenir avec nous si besoin. Cela semble juste et nous décidons cela.
J’apprécie ce temps qu’on a pris à sentir ce qui était juste, sans préjugés, sans précipitation.
Chacun partage ses intentions ; en ce qui me concerne, je dépose mon souhait de grandir dans la capacité à accueillir avec amour tout ce qui surgit (à l’intérieur de moi et dans ma vie), à reconnaitre mes peurs mêmes les plus ténues et à les traverser, et à grandir dans la capacité à avoir de l’intuition et à faire des choix inspirés par cette intuition.
Je prends 4 champignons (soit 1,2 g) ce qui me semble raisonnable vu ma dernière prise de 3 champignons, il y a quelques semaines et mon extrême sensibilité. J’ai envie que ce soit un peu plus fort mais pas trop non plus.
Et je suis content cette fois d’avoir bien évalué le dosage.
Ca monte assez vite et dès le début je sens fort une hypersensibilité; chaque perception est amplifiée, exacerbée ; comme si je n’avais presque pas de frontière psychique pour filtrer la perception.
Et je comprends que cela me fait peur ; peur d’être blessé par la perception trop intense ? peur d’être envahi par cette  perception exacerbée au point de ne plus avoir de place à l’intérieur pour être qui je suis ? peur que cette hypersensibilité soit une sorte de défaut psychique inquiétant ?
En tous cas je respire dans cette peur, et la traverse au moins en bonne part ; et cela me détend ; je peux accueillir plus tranquillement  cette expérience d’être une sorte d’éponge perceptive.
Je ferme les yeux. Je ressens l’élan de me relier à des amis proches. Je sens leur présence chaleureuse.
Les petits frères continuent de s’installer en moi; je suis plutôt en méditation et quand une pensée me traverse elle explose en formes lumineuses, filaments serrés, arrondis et entremêlés en nappes dans différentes directions, un peu comme des bottes de foin mouvantes.  Je reconnais cet état, cette sorte de pulvérisation de l’égo que j’ai déjà vécu dans d’autres voyages. Je suis presque déçu de cette familiarité. L’envie me traverse d’expérimenter de nouvelles substances.
Je sens le désir de me relier à l’état du monde, de la planète, et ça me fait très peur. Je devine que l’angoisse serait insupportable à éprouver. Je renonce. Je me répète une sorte de mantra : « Quoiqu’il arrive dans le futur j’essayerais de l’accueillir avec amour ».
Je reviens à une méditation silencieuse.
 Je suis traversé par le désir d’écouter de la musique, plus précisément l’album « Les heures et les saisons » de Lakshmi Shankar. Je sens ce désir dans tout mon corps. J’ai l’impression qu’A. est en méditation profonde et je ne veux pas le déranger; je décide donc de remettre à plus tard la satisfaction de ce désir. Je vis très intensément la frustration qui en résulte. C’est un véritable capharnaüm énergétique dans mon corps, et aussi une sorte d’explosion lumineuse. A l’arrière plan j’ai une sorte de sourire intérieur car j’ai l’impression de comprendre ce qui se passe : de vivre en direct l’événement « frustration », dans toute son ampleur, et comment cette frustration vécue sans y résister a quelque chose d’assez orgasmique.
Plus tard on se connecte avec A. , je lui parle de mon envie d’écouter Lakshmi Shankar et il est partant. D’entrée de jeu, l’expérience de l’écoute revêt une intensité  extrême. Je reconnais que cette intensité me fait peur.
Je respire dans la peur et parviens finalement à me laisser toucher par la musique sans y résister.
Certaines phrases de la chanteuse m’emportent dans une sorte d’envol extatique et  lumineux.
Cette intensité, lorsqu’elle atteint son sommet, se transforme alors sans crier gare en une sorte de distanciation. Je me sens soudain déconnecté de la musique, dans un espace intérieur de silence tranquille, loin de l’effervescence grandiose qui m’habitait quelques instants auparavant.
Après avoir gouté cette distance et ce silence, je peux revenir à une implication dans l’écoute, et un nouveau cycle d’envol extatique recommence.
Retour de J. (j’avais oublié la possibilité de son retour).
On partage un peu , il se confie. Je reste vigilant à ne pas basculer dans un mode « thérapeute » que je sens poindre.
Moment de silence et de méditation tous les trois.
Je plonge dans le lien avec mon père. Je me sens en paix avec lui, je ressens de l’amour pour lui, un amour non fusionnel, avec une distance.
Je me tourne alors vers ma mère. Je ressens l’envahissement de son énergie; je renonce à me relier à elle, je veux continuer à construire un sanctuaire inviolable où je serais à l’abri de son emprise. Je visualise une sorte de grande espace lumineux autour de moi. Et c’est bon.
J. reçoit un coup de fil de son amie, il va dans l’autre pièce et je vais fermer la porte pour protéger notre espace que je sens bousculé par cette intrusion. Puis il s’en va pour aller rejoindre son amie.
On écoute à nouveau de la musique, cette fois Chaurasia à la flûte.
L’intensité n’est pas du tout la même que tout à l’heure, mais je suis enchanté par l’extrême subtilité de certaines phrases, une sorte de vulnérabilité maitrisée qui est douce et gracieuse comme une brise subtile dans des feuillages frêles. Je ressens de l’admiration pour Chaurasia.
On sort doucement de l’état modifié, on déguste le délicieux chocolat cru qu’A.  a apporté.
Dans les jours qui suivent je me sens revigoré et je sens un petit bougé philosophique autour de la question « Qui suis-je ? ».
Jusqu’à présent j’oscillais entre la réponse usuelle liée aux indentifications habituelles, et un arrière plan que j’avais l’impression d’avoir approché parfois : « Je suis conscience ».
Et là, une autre réponse me vient : « Je suis source; source intarissable de désirs, de mouvements de mon corps, de mon cœur, de mon attention, de mon esprit».
Et je sens que ce petit  bougé peut changer quelque chose dans mon rapport au monde, peut-être permettre une articulation plus subtile entre réceptivité et présence active.
Je vois régulièrement un thérapeute en ce moment (en maieusthésie); des éléments de ce  voyage ont été de riches points de départ pour nourrir la séance qui a suivi.
 
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