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[truffes 45g] Une éclosion sur le mont des Castors

cermunos

Neurotransmetteur
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3 Nov 2022
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45 g de truffes, foret en fin de journée, en harmonie avec un lieu magique:


Clef sur le cœur, je sais qu’il est déjà tard pour mon voyage, le soleil baisse à peine sur la colline des Castors. Je sais que je ne suis pas bien prêt, mais c’est le moment, la bonne fenêtre même si elle est un peu courte. J’ai jeûné sans faim, je prends mes affaires pour déjeuner avec ce pain, ces truffes et cette eau. Le ciel est bleu, magnifique, la foret couleur des bois et du lichen, l’horizon s’étage en une suite de ruban. J’attends, j'interroge ma faim et mon dégoût, finalement je mange tout et j’attends la mise en danse. Les arbres bougent un peu puis se tressent. C’est le moment de partir, je rejoins le sentier, les feuilles plus blanches se marquent mon chemin, les houx me laissent passer, j’avance dans ce nouveau monde, je passe le petit tas de bois et je me retrouve là où j’ai choisi de vivre ce moment. J'imagine que ce lieu est gardé, réservé, propice à l'initiation. À ma droite une sentinelle m’éveille. Je me dis que la déesse est plutôt là à l’entrée pour rester méconnue, en observation. Elle existe dans notre monde à travers un peu d’eau au sol, je m’avance, des lumières bleues, rouges et vertes dansent dans les branches. Une en particulier disparaît en formant un tourbillon en entonnoir dans les branches. J’observe, j’essaye d’être attentif et de voir ce que je n’arrive pas à voir d’habitude. En haut les branches semblent être des filets pour pêcher les étoiles. J’avance dans l’eau, mais rien ne change… Si... au bout d’un moment, une branche me tombe dessus… Entendu, je n’insiste pas. Je me recule et j’avance en direction du cercle des arbres. En chemin, je me sens devenir plus puissant, je me redresse et je laisse gonfler mon ego. Je me sens guerrier, une machine bien huilée puissante qui détruit bien quand on lui demande, un outil dont on peut être fier. Je me réjouis dans mon ego de cette qualité qui vaut cette manipulation… Cet état passe… Je sais que ce n’est pas ça, je ne suis pas ça même si on m’a souvent montré cette voie.

J’avance dans le cercle, il fait presque nuit. Je crâne, un pic tape au-dessus de ma tête et me rassure, j’imagine qu’il est là pour moi… « Attends, on va jouer un peu, tu vas avoir peur… non pas trop quand même » je me prépare et malgré moi, je me retrouve dans une crypte carrelée de noire, il y a plusieurs portes, il me semble que je suis seul… tellement seul, pas de voix, pas de voie, pas de contact, tout est en écho et se retourne vers moi. C’est comme tu veux, c’est ton choix, pas de place pour l’altérité… l'altérité est niée en bloc. C’est monstrueux. Toutes analyses, tous mouvements sont décidés en central par mon cerveau, nulle échappatoire, pas de dialogue possible, pas de contrainte venant de l'extérieur. « Tout est en toi… tu crées ta pensée, tu te réponds, tes dialogues ne sont qu’intérieurs avec toi-même » cette vérité devient tellement réelle et insupportable. Je pense aux fous aux dépressifs à C. . Je me promets d’être plus doux, moins moqueur, moins dans la provocation. Il faut que je parte d’ici c’est trop noir et sans sortie. Je me vois en train de faire mon raisonnable, « voyons, il doit bien y avoir une solution à ce labyrinthe », c’est vain et inadéquat, mon esprit produit ce labyrinthe, car il ne sait faire que ça… Je ne vais surtout pas m'en sortir seul... La solution c’est la matière et l’altérité. Je comprends d’un coup ce besoin de consommation de communication, c’est juste ce besoin que s’exprime maladroitement et qui s’exploite habilement… Cette construction mentale est une vraie souffrance, je repense aux luttes avec ma direction, finalement ce qui me sauve c’est les instants où j’ai cédé à mon ennemi par compassion. Ce moment me sauve profondément, il est venu sans calcul, j’ai juste laissé s’exprimer une émotion juste. Elle a dû être jugée comme une faiblesse ridicule au moment où je l’ai exprimée. Je remonte le sentier dans la nuit, je vois qu'une clarté au sol, ma bouteille d’eau est comme une lanterne qui éclaire mes pas, je fuis la crypte noire et je me prends pour l’hermite qui remonte la pente… les hallucinations sont fortes, des saphirs bleus et rouges et des émeraudes sont sertis dans le chemin. J’avance vers le retour qui semble tellement long. C’est long, les images s’entremêlent indéfiniment s’associent, je suis encore sur mon émotion terrible… la nausée monte et je me vide d’air grâce à un énorme rot…. Un soulagement vient, je marche encore un peu, je ferme les yeux et je pars. Je sens que je perce des enveloppes, je traverse les membranes d'une sorte de coquille, je renais en condor et je m'envole. Un dragon d'or me porte et me fait voler sur son dos un court instant, je le vois dérouler ses anneaux, je glisse sur ses écailles dorées. Il me dépose là entre les houx, sur ce tapis rouge de feuilles d’être. Je pense à moi, aux enfants, je me félicite, je me répands dans une autosatisfaction, en même temps je me vois comme un bourgeois du XXI qui fait ses expériences, un peu pédant et prétentieux : l’homme de son siècle fait des expériences. Dans le fond je déambule ivre de champignons, je suis clochard vaniteux et perdu dans son délire… Ma vessie me presse, j’urine comme un ivrogne le ferait, en mauvais équilibre sur me jambes. Toutes bourses sorties de ma braguette, mon appareil génital profite de l’aire. C'est sécurisant du point de vue hygiénique et plutôt agréable, mon soulagement s’amplifie à merveille et je découvre une nouvelle sensation, je décolle et je vois une grande bouche, la lèvre supérieure est rose avec des paillettes d’or, celle en dessous est verte, très tendre et aussi parsemée de paillettes, j’éprouve un plaisir fou, j’imagine le petit peuple de l’humus profitant de ce liquide chaud plein de phosphate, cette abondance. C'est jouissif. Je profite de cet instant, pensant à son côté inesthétique purement biologique et trivial. Je repense à cette clocharde qui s’était urinée dessus et qui sentait fort… J’imagine son plaisir au moment de la miction. Je me résous à quitter ce buisson… ma bouteille éclaire mes pas, les pierres précieuses s’incrustent dans le chemin et le décorent encore, je sens que je vais bien finir par sortir du bois. Je m’inquiète de l’heure, du retour, du froid et de mon état. Je suis presque sorti, à travers les arbres, je vois la ville d’Auguste au loin au pied de son granite, E/A, la place est vraiment belle. Un vieil être me salue, il est vraiment impressionnant, sa mort le transforme en océan de vie, je passe un moment à le contempler, il m’offre un dernier voyage en couleur plus doux que les autres, il est question de sorcellerie, de secrets de vieilles femmes… Je suis fatigué… tout ça est un peu trop violent et trop long, pourquoi ai-je eu envie de cette exploration. Me voici un peu plus clair, mais encore bien allumé, j’arrive sur la grande clairière de la chaume, Orion au sud semble vouloir me dire quelque chose. Je vais à la table d’orientation, je cherche un signe clair, mais je suis fatigué, je ne veux pas retourner dans les bois. J’attends un peu, ça fait 4h que j’ai pris mes champis, c’est un peu court… J’attends, il fait froid, mes pensées vagabondent et ricochent sans cesse... Mes clefs sont sur mon cœur, c’est un lieu assez sûr finalement. Plus tard, je décide de rentrer doucement…
 
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