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Premier trip sous truffes 6 ans plus tôt

Earlybath

Matrice périnatale
Inscrit
7 Mar 2023
Messages
14
  • Substance(s) – Truffes Atlantis (première fois)
  • Dosage(s) – 10g
  • Corpulence – 157m / 44 kilos 
  • Set (état d’esprit) – fragile psychologiquement (j’avais 23 ans je vais en avoir 30) mais en vacances donc je pensais, loin des problèmes / peu d’expérience avec les psyché (j’avais juste testé le LSD 2 fois mais n’avais jamais pris conscience de la gravité de ce que pouvait être un bad trip) 
  • Setting (environnement) – dans une chambre d’hôtel bien trop petite à Amsterdam avec mon copain 

19 novembre 2016
TR 10g Truffes hallucinogènes Atlantis.

Les premières sensations sont apparues très rapidement au bout de 20 minutes. Facilité à rires, sensations de chaleur dans la poitrine qui s'étendait dans tout le corps. Cette chaleur, caractérisée par une extase physique orgasmique était difficilement supportable pour mon corps, il fallait rire pour extérioriser cette sensation car mon esprit, comme enfermé dans mon corps voulait en sortir.

 J'avais la capacité de voir et d'animer des visages sur n'importe quelle surface. En fermant les yeux des couleurs sombres (noir, violet et vert), ambiance très "maison hantée" avec beaucoup de crânes. C'était comme une réalité améliorée. Mais je me suis inconsciemment accrochée à une idée qui n'a pu alors jamais me quitter. Je suis déjà trop instable pour prendre des psychés et je pourrais ne pas en sortir indemne. 

"On" me disait dans ma tête que j'étais différente, comme personne d'autre, qu'on ne pourrait jamais me comprendre et que c'était pour cette raison que je serais à jamais seule. Jamais je ne pourrais me laisser aller comme d'autres sous ces substances, bien trop terre à terre et consciente des choses pour me laisser glisser et ne pas me poser les questions et ainsi voir ma vérité en face. C'est un peu comme si j'avais eu le choix. J'aurais pu faire un travail sur moi et essayer de voir de jolies couleurs mais j'ai choisi de comploter avec moi même, d'écouter les voix ou devrais je dire mes propres voix. J'ai même essayé de demander à mon copain quelles couleurs il voyait pour essayer de faire comme lui mais il ne m'a pas répondu. J'ai donc décidé de protéger son voyage à lui pour qu'il soit entièrement sain en étant persuadée que j'absorbais tous les effets néfastes qu'il pouvait y avoir. J'avais alors un rôle à jouer. J'ai donc été trop curieuse et je n'ai pas réalisé que j'étais juste en train de m'envenimer et de m'enterrer toute seule. Je m'en suis rendue compte lorsque c'était trop tard.

 Je continuais donc à penser à ce que l'on me montrait ; moi, à nu : mes angoisses depuis toujours, le mal qui m'incarne, le monde qui n'est en fait qu'une illusion où il nous est impossible d'évoluer sans l'influence de toutes les conjonctures mises en place par l'Homme. Personne sur cette terre n'est capable de ressentir et d'agir en tant que son "moi intérieur", nous nous servons de références et c'est en ouvrant les portes de son esprit que l'on se retrouve face à cette vérité. Je me suis alors enfermée dans ma propre folie, je me suis enfermée dans un cauchemar sans fin et sans fond. J'ai alors décidé d'arrêter de dire "oui" à mon copain quand il me demandait comment ça allait. Je lui ai dit que c'était bien trop bizarre, je n'avais pas les mots. J'avais en moi un sentiment de peur, de honte, de culpabilité. J'avais l'impression d'être un monstre et quand j'ai pu enfin lui montrer cette faiblesse, j'ai pleuré pour me délester.

J'ai naturellement l'impression que je suis transparente et pas écoutée par les autres. Ce sentiment s'est emparé de moi et je me suis complètement effacée. Mon copain lui s'était déjà laissé emporter par un sentiment agréable, il voyait de jolies couleurs. Il me demandait comment ça allait de temps à autres mais il était incapable de finir ses phrases quand je lui posais des questions. J'ai diabolisé tout ça, je l'ai prit pour moi. Quand je lui posais une questions je la répétais encore et encore jusqu'à en crier et je le voyais ne pas me répondre. 

Mes voix continuaient à me dire que c'était évident que personne ne pouvait m'écouter. On ne se comprenait plus je crois. Je ne le reconnaissais plus, j'avais besoin de lui mais sobre, j'avais l'impression de l'avoir perdu. On m'a tout prit à ce moment là, on essaye de me dire que je suis seule et même envers lui je ne ressens plus rien. Mon moi intérieur a disparu, je suis incapable de m'affirmer. Je n'étais plus qu'une enveloppe, un gouffre à émotion. Je pleurais pour libérer toute cette crasse que j'ai accumulé pendant la montée mais je ne sentais pas mes larmes. Je ne me voyais pas concrètement pleurer mais j'avais physiquement un recul sur moi même. J'étais réduite à néant il n'y avait plus rien autour j'étais perdue dans mon esprit confrontée à moi même, à mes propres démons.

 J'ai ressenti le besoin d'aller me regarder dans le miroir pour me souvenir. J'étais dépersonnalisée, à cet instant, je ne suis plus rien qu'une conscience. Un degré de conscience tellement haut qu'il en était insupportable. Je ne voyais plus qu'une chose : l'intérieur de moi même. J'espérais oublier tout ce que je voyais, j'avais peur. J'ai compris pourquoi j'avais avalé une boite de médicaments il y a quelques mois : pour m'effacer, ne plus rien ressentir, ne plus avoir conscience des choses.

 Je me suis également dédoublée. Avec mon copain nous avions l'impression d'être 4 (2 moi 2 lui). Nous nous remémorions les instants où nous avons prit des décisions pour les journées à venir et nous ne nous comprenions plus. Il essayait de me rassurer en me disant qu'à la sortie de tout cela je serais toujours la même, que je ne serais pas différente. Mais ça me faisait peur car je ne voyais pas comment j'allais pouvoir penser comme je le faisais avant maintenant que j'avais vu tout ça. 

Je ne comprenais plus comment je fonctionnais habituellement, pourquoi et comment je prenais telles ou telles décisions. Comment pourrais je alors redevenir comme j'étais ? Je le savais au fond : j'étais susceptible d'avoir débloqué quelque chose en moi qui me ferait voir les choses différemment, dans un mal être constant pour peut être les restant de mes jours. Plutôt mourir que de ressentir ça à jamais. 

J'avais peur mais je me battais, encore et toujours, contre mes propres demons. Ce qui est effrayant, c'est que toutes ces angoisses ne sont pas une découverte sur moi même mais une prise de conscience. On me les fout sous le nez, je les réalise, je comprends que ca remonte à loin, l'école primaire ou peut être même encore avant. J'en ai prit conscience à un tel point que je ne peux l'expliquer avec des mots. Mon copain a essayé de me consoler et de nous rassurer puis j'ai eu le besoin de m'habiller et de sortir m'imprégner de notre réalité habituelle. J'ai fait ça vite, lui était aux toilettes et n'arrivait pas à se cordonner pour s'habiller. Je devenais folle jusqu'à en crier "je veux aller dehors ça fait 3 heures que je t'attends !". C'est trop long pour moi, je prends conscience de l'enfer qu'est la folie, je sors. Je me retrouve dans le couloir de l'hôtel la porte verrouillée. Le couloir est immense de part et d'autre de moi. Je vais me perdre si je bouge, je tape à la porte pour qu’il m'ouvre, il est prêt à sortir.

Notre chambre est l'une des premières à l'entrée de l'hôtel mais les couloirs paraissent alors plus long que jamais. Dans le hall, nos gestes sont incohérents. Lui a oublié ses lunettes, et alors qu'il faut simplement aller les chercher dans la chambre d'hôtel, on ne sait plus qui doit y aller, on s'échange nos téléphones, la carte de la chambre, pour finalement y aller ensemble. Je retrouve les lunettes facilement. 

Une fois dehors, nous nous imprégnions du froid qui nous fait nous sentir vivant. On décide alors de marcher en ligne droite en longeant l'hôtel. Je reprend espoir, je savoure cette réalité, je retrouve la sensation de froid que j'avais perdu. Je me dis au fond que cette réalité n'est peut être pas la vraie. La vraie n'est-elle pas celle que j'ai vue ? Mais je me sens beaucoup mieux, je n'ai plus de visuel, je prends mon copain dans mes bras : je l'ai retrouvé. 

On s'assoit on discute c'est agréable, même si j'ai de mauvaises vagues qui reviennent, elles repartent aussi vite. J'ai également l'impression de refaire les mêmes choses, de voir les mêmes choses. On se relève car il fait froid, on a envie de se câliner. Sur le chemin retour c'est pareil, tout se ressemble. Et plus on se rapproche de l'hôtel, plus je sens les effets revenir. Devant l'hôtel, je le préviens et on refait le chemin inverse, qui est beaucoup plus positif. En rentrant tout se ressemble. 

De retour à l'hôtel, on cherche des positions de confort, on discute. Je prends conscience de l'amour. Sans musique cette fois, la plupart sont angoissantes. Je réalise alors la galère dans laquelle je suis en train de me sortir. Je n'en crois pas mes yeux, ça me rend malade. J'étais seule, dans mon esprit, le monde tournait autour de moi, il n'y avait que moi. J'ai été confronté à ma propre personne, on m'a mise devant un miroir, complètement à nu. Si l'enfer était un lieu ce serait dans ma tête à cet instant. Personne qui n'a pas connu cela n'a conscience que nous pensons en 2D habituellement. Ici, toutes les portes étaient ouvertes, je pensais en 3D. Il y avait trop de courbes, d'endroits à explorer, c'est tellement personnel qu'il est impossible de mettre des mots dessus.  C'est comme une renaissance. Mais comment supporter cela quand nous connaissons déjà la vie. Les sentiments de faim et de fatigue ne faisaient plus qu'un et pendant la descente, je ré-apprend à aimer, à avoir froid et faim. J'ai l'impression d'être la petite fille que j'étais. Je ne sais pas concrètement ce que je dois aller chercher là dedans, si c'est un manque ou un traumatisme. 

Mon copain me fait rire, à m'en pisser dessus et je ne suis plus la moi du présent mais bien la petite fille qui ne savait pas se retenir en primaire. On prend une douche, on se retrouve. Autour de nous je vois du orange c'est brûlant passionnant et chaleureux. La descente est longue, les portes se referment les unes après les autres, mes souvenirs deviennent flous mais la menace est bien présente. Je dois avoir un contrôle sur mes pensées pour ne pas retomber. J'ai encore un œil ouvert sur ce monde que je voudrais oublier. Je me bats, encore et toujours comme depuis le début. C'est épuisant. Les effets dissipés, mon corps est épuisé mais je me demande quelle cicatrice je garderai de tout cela. J'arrive finalement à moins penser à l'aide d'un cachet et je m'endors paisiblement.

J’ai le sentiment d’avoir été schizophrène le temps de ce trip, j’ai compris que l’esprit et la folie étaient bien plus terrifiants que les mystères de l’univers.

Si vous avez aimé me lire n’hésitez pas à consulter mon dernier gros voyage d’il y a quelques semaines, beaucoup plus travaillé, afin de voir l’évolution que peuvent avoir les effets des psychédéliques sur une personne et ses réactions : 

https://www.psychonaut.fr/Thread-Du-monde-des-rêves-au-jugement-dernier?pid=645825#pid645825

:)
 

SexyPanda

Elfe Mécanique
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29 Mai 2016
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318
Earlybath a dit:
[*]Corpulence – 157m / 44 kilos 

Wouahhh ! je note que tu n'as pas pris/perdu 1 kilo en 6 ans, Respect ^_^

Sinon chouette TR, j'adore ta façon d'écrire, c'est très fluide !
 

amicale_du_pc

Holofractale de l'hypervérité
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3 Fev 2015
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7 792
Earlybath temporises tes prises et trouves la bonne mesure RDR pour pouvoir encore faire de ton expression une application de sagacité le plus longtemps possible sur le forum (et partout aussi bien sûr...)
 

diaphane

Elfe Mécanique
Inscrit
5 Août 2022
Messages
277
C'est très bien écrit, le récit est riche en sensations, émotions et j'ai dû relire plusieurs fois certains passages pour essayer de mieux comprendre car tu sembles parfois te retenir d'en dire davantage. Mais bien sûr 6 ans après, les souvenirs ne sont plus les mêmes. Merci pour ce partage.
 
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