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Première expérience avec Madre Ayahuasca

lemmiwinks

Glandeuse pinéale
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28 Sept 2012
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J'avais trouvé sur Facebook un lien pour une session à l'ayahuasca, cela faisait très longtemps que je voulais voir « la mère serpent » donc je me suis dit d'aller essayer. On était une 15aine à se réunir autour d'un « facilitateur », la coïncidence fait qu'ils'appelait Juan et on a commencé à l’appeler « Don Juan »comme le personnage du livre de Carlos Castaneda et justement j'étais en train de lire ses ouvrages pendant cette période. Après une brève « interview » pour voir un peu d'où on venait et nos attentes par rapport à l'expérience on a commencé la session à proprement parler vers 21h30.


Tout d'abord on a eu une substance « préparatoire » une pâte de tabac très concentrée qu'on prenait sur le doigt et on frottait les gencives avec, c'était très acide et faisait beaucoup saliver et avait un goût très amer en avalant. Tout avait commencé à tourner très vite, j'ai du m'asseoir sinon j'allais tomber. Seulement quelques minutes après j'ai commencé à vomir (heureusement qu'on nous avait distribué un sac avant). Après plusieurs vomissements j'avais l'impression de planer, j'étais plus relaxé mais toujours assez désorienté. Plus ou moins un quart d'heure après le facilitateur nous demande de nous décrire en un seul mot, genre « Je suis un observateur », « je suis une fée » etc. Un des participants se lève et dit qu'il veut qu'on se tient la main dans un cercle et dit qu'il se sent très connecté avec nous tous et qu'après l'expérience on devrait échanger nos mails et numéros de tel pour rester en contact. Étrangement, malgré l’énergie positive qui régnait au sein du groupe personnellement je ne ressentais pas du tout cette connexion, me tête tournait encore et j'avais qu'une envie, d'aller me rasseoir sur mon tapis.


Ensuite le guide nous donne quelques consignes pour ceux qui n'ont pas encore pris le« breuvage divin », notamment le fait qu'il est tout à fait normal de vomir, qu'il ne faut pas essayer de se retenir et que la meilleure chose est de se mettre à 4 pattes avec un sac devant sa bouche. Il a expliqué aussi qu'il était très important de se concentrer sur les sentiments qu'on ressent pendant le vomissement, qu'en quelque sorte le fait de vomir était un moyen d'éliminer les mauvaises énergies.


Puis il sort deux poudres « préparatoires » aussi : une blanche, moins forte et une noire plus puissante. Chacun pouvait choisir librement d'en prendre une ou l'autre ou rien du tout. Il avait aussi prévenu que la poudre noire pouvait provoquer aussi de la désorientation et des vomissements mais que de l'autre côté cela nous aidait à« accepter » plus facilement les effets de l'ayahuasca par la suite. Il prenait la poudre dans une pipe en « V » en bois et nous demandait de retenir notre respiration pendant qu'il soufflait la poudre dans le nez. Quand cela fût mon tour, il m'avait proposé d'en prendre la plus forte car il avait observé que mon corps avait opposé pas mal de résistance à la pâte à base de tabac et que cela allait aider à mieux « préparer » mon corps pour l'ayahuasca. Une fois la poudre insufflée dans le nez c'était horrible, ça me piquait à l'intérieur de mon nez et le long de ma gorge au fur et au mesure que ça descendait. J'ai voulu m'asseoir mais le facilitateur me dit qu'il faut faire la deuxième narine aussi. Même sensation de brûlure et le sensation que tout tourne, je me précipite sur mon tapis et quelques minutes après je recommence à gerber de la plus belle, je me mets dans la « position réglementaire » à quatre pattes le sac devant la bouche et je n'arrête pas de vomir pendant des longues minutes, je me suis senti embarrassé car j'avais l'impression de ruiner l'ambiance positive du groupe, d'ailleurs je n’arrêtais pas de dire « je suis désolé, je suis désolé » entre deux convulsions.


Je commence à avoir la nette impression d'avoir fait une grosse connerie en venant participer, je voulais aller à ma voiture et m'en fuir mais impossible de me lever pour marcher car j'avais le tournis. Après un moment ça commence à aller mieux, j'arrive à m'asseoir correctement et ensuite je me recouvre d'une couverture dans la position du foetus pour essayer de dormir car je me sentais exténué et j'avais des frissons (alors qu'il faisait très chaud dans la pièce et que je transpirais au début). Le facilitateur commence à distribuer l'ayahuasca mais moi je n'avais qu'une envie, de me faire tout petit et de dormir jusqu'au lendemain matin, je n'avais plus aucune envie de prendre le breuvage divin. Après un moment les nausées commencent à s'en aller, le facilitateur et son aidant chantent des icaros (chansons que les shamans chantent en étant inspirés par la prise d'ayahuasca). Je commence à me relâcher,j'ouvre les yeux et la sensation de fatigue extrême s'en va, je commence à sourire et me laisse porter par les icaros.


Le facilitateur remarque le changement et vient vers moi et me propose d'aller prendre le breuvage. Je suis plutôt réticent à l'idée (les nausées ne sont pas complètement disparues) mais je me dis qu'après tout c'est pour ça que je suis là donc je me lève et je vais vers lui. Je bois une petite gorgée et le goût est très amer, tout d'un coup l'envie de vomir revient et je lui dit que je pense qu'une seule gorgée était assez. Le facilitateur me dit qu'il faut terminer le verre et que je dois « dire » à mon corps que c'est quelque chose de positif, que je dois pas lutter et m'ouvrir à la substance. Je me dit que dans le fond il a raison et je finis mon verre, je vais me rasseoir mais le goût très amer fait revenir les nausées, après seulement quelques minutes je suis de nouveau à 4 pattes en train de gerber mes tripes.


Je pense à ce que le facilitateur m'a dit sur le fait que mon corps doit arrêter de résister et je m'en rends compte qu'il a raison, je pense que d'autres personnes du groupe ont pris plus que moi et n'ont pas vomi une seule fois donc je réalise que c'est comme si mon corps s'était mis en « sécurité » et refuse d'accepter la moindre substance. Pourtant je suis loin d'être un novice dans la prise de substances en tout genre donc je suis assez étonné par ma réaction,je commence à m'en rendre compte que j'ai toujours eu 2 facettes de ma personnalité, une bien rangée « metro-boulot-dodo » et une qui a envie d'explorer et d'aller toujours plus loin à la découverte des mystères de la vie. Je m'en rends compte qu'en ce moment de ma vie mon côté « métro-boulot-dodo » a pris largement le dessus et que c'est sûrement à cause de ça que mon corps ne veut pas assimiler la moindre substance.


Je me rappelle de ce qu'on nous a dit au début de l'expérience que si on vomit il faut réfléchir à quoi on pense exactement à ce moment là et je m'en rend compte que j'ai très honte car j'ai l'impression de foutre en l'air l'expérience positive des gens autour de moi, surtout ceux assis juste à côté de moi qui avaient l'air bien partis. La pensée « ta place n'est pas ici ! ta place n'est pas ici !ta place n'est pas ici ! » me revient de plus en plus souvent. Je trouve cela étrange de penser ça car après tout c'est moi qui a voulu venir de mon plein gré. J'y réfléchis de plus en plus et je réalise que j'ai une pensée très noire qui me hante l'esprit depuis mon enfance : mes parents m'ont expliqué que lorsque j'avais un an j'étais très gravement malade. Je me suis toujours dit que s'il n'y avait pas les progrès modernes de la médecine je serais probablement mort à ce moment là et que donc effectivement ma place n'est pas parmi les « vivants ».Je sais pas pourquoi mais l'instant où je conscientise tout ça je n'ai plus la moindre nausée, je me sens bien et je m'allonge sur mon matelas.


Je commence à me concentrer à nouveau sur les icaros, bien qu'à la base pas vraiment mon style musical j'apprécie vraiment la musique et les chants et je sens une bonheur m'envahir, j'ai tout d'un coup un grand sourire. Une chanson sur l'ayahuasca que je n'avais pas écouté depuis une bonne dizaine d'années me revient tout d'un coup en mémoire
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(« It 's not a drug man. It's not a drug. It's the holy sacrement »). Je suis assez étonné que ce morceau auquel je ne pensais plus du tout depuis des années me revient de façon aussi claire d'un coup.


Je me relâche de plus en plus et me dis que le pire est sûrement passé et que maintenant que je suis là autant en profiter. L'idée de base de voir la « Mère Serpent » me revient, je me dis que ça serait quand même chouette de la voir, je commence à voir des visions les yeux fermés,des formes assez vagues je me dis « c'est ça le serpent ? Et ça ? Et ça ? » mais les formes sont trop vagues que pour pouvoir les identifier.


A un moment donné le facilitateur chante et joue des maracas et tout d'un coup j'ai la vision d'un serpent à clochettes comme en dessin animé, il secoue les clochettes de la queue au rythme des maracas et est tout souriant et danse, ça me fait beaucoup rigoler, en même temps je me dis « ben alors c'est ça la Mère Serpent ?? je pensais que ça allait être un truc sérieux et là on dirait un truc sorti d'un dessin animé ». Donc une petite déception mais en même temps j'ai ressenti beaucoup de joie en la voyant.


Puis je me laisse« planer » sur les icaros, j'ai des visions mais assez vagues pour pouvoir les décrire. Ensuite ils commencent à battre un tambour et tout d'un coup un poème qui m'avait intrigué me revient« Roland ! Je suis Roland ! » (en gros le poètes’imaginait qu'il était un clocher d'une cathédrale, cela m'a toujours intrigué comment un homme pouvait s'identifier à un clocher). Et tout d'un coup je m'identifie au tambour qui était entrain de battre, je n'étais pas connecté au tambour, j'ETAIS le tambour, je sentais chaque vibration passer à travers mon corps,c'était très fascinant. Ensuite on recommence à chanter des icaros et je me laisse planer. Je me lève et je vais à la toilette et je remarque qu'on est à T+4h depuis le début de la session. Je retourne sur le matelas, je suis toujours bien mais je sens quel'effet se dissipe de plus en plus. Le facilitateur le remarque aussi et vient me proposer d'en prendre une deuxième dose mais là les pensées de ma nausée reviennent et je me dis que c'est peut-être mieux d'en arrêter là pour une première fois. Je reste encore un bout de temps sur mon tapis et puis je me sens de plus en plus fatigué, je me lève et je monte dans une chambre pour aller dormir.

Conclusion : Assez spécial et difficile à définir. D'un côté visuellement parlant je suis déjà parti bien plus loin avec d'autres substances (en même temps avec tout ce que j'ai vomi j'ai probablement pas vraiment eu le temps d'assimiler grand chose de la dose d'ayahuasca). De l'autre côté cela m'a permis de prendre conscience d'une pensée qui dirige inconsciemment une grande partie de ma vie donc c'est quand même super intéressant. Je dois avouer que cela me donne envie de réessayer une deuxième séance pour « approfondir » ce que j'ai vu et peut-être convaincre mon corps de ne pas faire autant opposition.
 

snap2

Psychopstick
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Heureusement que ça s'est bien terminé mais j'ai toujours l'impression que ces séances Ayahuasca sont jamais parfaites. Des bad trips, de l'angoisse, des vomissements... Je préfère rester sur la salvia, là aussi je peux m'identifier aux objets, mais sans avoir à vider mon estomac ^^. Peut-être la DMT freebase passerait mieux aussi.
Merci pour le report, mais ça ne me tente absolument pas avec ce que j'en lis sur différents topics: pas de visions incroyables, pas de révélations, trop cher et puis il y a mieux je trouve.
 

lemmiwinks

Glandeuse pinéale
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28 Sept 2012
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snap2 a dit:
Heureusement que ça s'est bien terminé mais j'ai toujours l'impression que ces séances Ayahuasca sont jamais parfaites. Des bad trips, de l'angoisse, des vomissements... Je préfère rester sur la salvia, là aussi je peux m'identifier aux objets, mais sans avoir à vider mon estomac ^^. Peut-être la DMT freebase passerait mieux aussi.
Merci pour le report, mais ça ne me tente absolument pas avec ce que j'en lis sur différents topics: pas de visions incroyables, pas de révélations, trop cher et puis il y a mieux je trouve.

mouais perso de tout ce que j'ai essayé j'ai trouvé que la salvia était la moins intéressante, certes on va loin mais impossible de "comprendre" ce qui se passe (du moins dans mon cas). Effectivement le DMT fumé reste intéressant (eh théorie) bien que perso je n'ai pas réussi à "percer de l'autre côté" lors de mon essai car la fumée était trop irritante pour arriver à inhaler beaucoup. Finalement... un bon vieux carton de LSD c'est encore ce qu'il y a de mieux ;)
 

GIS

Matrice périnatale
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[youtube]

... et tout le bordel cosmos explosa... D'abord j'ai réalisé que mon esprit vis à vis des moustiques et des vomissements était stupide, parce qu'il y avait l'enjeu de la vie et de la mort. Confronté avec la mort, mon crâne dans ma barbe sur la natte roulant avant-arrière et finalement calme, comme s'il était le dernier mouvement physique que je ferais avant de tomber dans la vraie mort - nausée, je me suis précipité dehors et j'ai vomi, couvert de serpents comme un séraphin-serpent, serpents colorés une auréole autour de mon corps, j'avais l'impression d'être un serpent vomissant dans la réalisation meurtre de l'univers - ma mort à venir - le mort de tous - tous non préparés, moi non préparé - tout autour de moi dans les arbres le bruit de ces animaux spectres et les autres buveurs vomissant... vomissant la nuit terriblement seuls dans l'univers - vomissant leur volonté de vivre, dans ce corps seront préservés, presque - suis parti me coucher...

... je suis ressorti pour écouter le spectre qui me pénétrait - la hutte rayonnait de cette présence spectrale, le monde souffrait de transfiguration au contact d'une seule chose mystérieuse, qui était notre destin et qui tôt ou tard nous tuerait - le curendo fredonnait un air très doux,, répétition et variant, Dieu sait ce que signifiait - un point de référence inaccessible - j'avais peur et je suis resté là tout simplement couché supportant vague après vague la mort-peur, effroi, suffocant, je ne voulais pas me réfugier dans l'idée de rejeter tout cela comme une illusion, c'était trop vrai et trop familier - particulièrement ce qui semblait être la répétition du dernier instant, ma tête dodelinante sur cette couverture et retombant dans cette extrême position de tranquillité et de résignation, sans espoir à je ne sais quel Destin - pour moi-même l'impression d' être une âme naufragée - n'ayant plus contact avec quelque chose ici - Finalement j'ai eu l'impression que je pouvais faire face à la question, et choisir, mourir ou comprendre - quitter mon corps, pour qu'il soit retrouvé le lendemain....

... avais peur de mourir à ce moment là et je n'ai jamais saisi la chance (s'il y en avait une) - aussi, comme si tout le monde ici était en contact télépathique avec cela - l' Etre Suprême en nous - après avoir vomi, vu un homme couché en chien de fusil, j'ai cru voir son crâne en transparence et j'ai réalisé qu'il était accroupi dans un linceul (moustiquaire protégeant son visage) éprouvant la même souffrance, la même séparation - ai pensé aux gens, à leurs visages et je les ai vus distinctement, toi - mystérieux, en sachant plus que je n'en sais aujourd'hui, mais pourquoi ne communiques tu pas ? ou ne peux-tu le faire - Simon, un ange peut-être dans sa négation vaniteuse faisant naître une autre vie dans ses enfants - S'il y a des nouvelles interplanétaires dit-il, je serai le premier à les codifier pour qu'elles ne soient pas salopées. Francine, sa femme - séraphin féminin, toutes les femmes (et tous les hommes) les mêmes - créatures spectrales mystérieusement actives insufflant la vie, dieux vivants, et souffrir la crucifixion de la mort comme le Christ - mais se perdre et mourir dans l'âme et entrer en contact et redonner la vie et continuer le processus de l' être ( mais s'ils meurent, où meurent-ils? )

.... mais la souffrance était à peu près tout ce que je pouvais supporter et l'idée que d'autres souffrances plus atroces me menaient au désespoir - me suis senti et ai toujours l'impression d'être une âme perdue entourée d'anges gardien... Je ne peux pas supporter ai vomi encore...

... lentement l'intensité de la vision disparait, suis incapable de me mouvoir dans une direction spirituelle quelconque, ne sachant pas chercher ni qui chercher, n'ayant pas assez de confiance pour demander au Maestro en qui avoir confiance...

Plus tu satures d'ayahuasca, plus tu descends profondément - Tu visites la lune, tu vois les morts, tu vois Dieu - tu vois les esprits des arbres etc... Je n'ai pas eu l'audace d'y retourner, j'ai peur de rencontrer la folie réelle, un univers transformé de façon permanente...

Allen Ginsberg 10 juin 1960 Pérou (Lettre du yage - W.S Burroughs)
 
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