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Microdosage de Psilocybine: retour d'expérience de ma première cure

Kumaneko-San

Neurotransmetteur
Inscrit
1 Déc 2021
Messages
20
Bonjour à tous, 
Voici un petit retour d'expérience de ma première cure microdosée de Psilocybine. Je pense à présent avoir un recul suffisant pour évoquer ce que j'ai pu observer au décours de cette première expérience. 
 
J’ai décidé de microdoser pour soulager un état dépressif récalcitrant, avec au premier plan : une aboulie et une anhédonie marquée. ​
De base je me définirai comme quelqu’un de curieux avec un besoin important d’expérimenter et de ressentir de nouvelles choses. Depuis que je suis gamin, j’éprouve des difficultés à tenir en place et à maintenir un focus attentionnel sur une seule chose ; je m’égard très facilement dans un méli-mélo de pensées et de stimuli.​
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Je suis actuellement traité par Duloxetine depuis 11 mois (60mg/j). La molécule semble faire son office : Je performe en « métro, boulot, dodo » ; mais à côté de ça je vis sous anesthésie émotionnelle et créative.​

Le protocole utilisé pour cette cure est celui de Stamets sans prise concomitante de Lion’s Mane (Crinière le Lion) :​
-       Jour 1 : 1g puis 1.5g* de truffe importée de hollande​
-       Jour 2 : Rien​
-       Jour 3 : Repos​
-       Jour 4 : Nouvelle prise​
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(*) Il aurait été intéressant d’augmenter la dose pour déterminer la dose maximale de microdosage ; cependant à je n’ai pas voulu tenter le diable avec les ISRSNa.​

Chaque soir j'ai consigné mes ressentis pour en garder des trace. ​
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Comme je pratique le jeune intermittent, les premiers effets, bien que subtils, apparaisse assez rapidement (environ 40 minutes – 1heure après la prise). Le goût n’est pas folichon il faut bien l’admettre mais ça pourrait être pire ; ça m’évoque un peu la purée de noisettes et la légère amertume des noix de Grenoble. Quant aux effets secondaires, il s’est principalement agit de nausées passagères et de maux de têtes​
Au début, il m’a semblé que les effets atteignaient leur apogée au décours du deuxième jour mais au fil des prises, l’amélioration est devenue durable. Actuellement j’ai un le sentiment d’avoir atteint une sorte d’altitude de croisière et de maintenir le cap.​
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J’ai expérimenté des effets sur la perception dès les premières prises.​
Au niveau de la vue les couleurs sont devenues plus vibrantes/ saturée, les contrastes plus marqués et les lumières plus incandescentes. C'est comme si j'évoluais au quotidien dans un écran rétina ! La perception des sons est plus intense et plus vivante. Ils m’inspirent des formes, des tracés et des mouvements. Si je prenais le temps de le faire, je pourrais presque les dessiner.​
Mon odorat déjà assez fin l’est d’avantage ; ce qui n’est pas forcément agréable quand le chat vient de passer à la caisse où dans les couloirs du métro.​
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J’observe également une amélioration de mon focus attentionnel. Je conserve ma tendance à l’égarement au gré des divers pensées et stimuli qui se présentent ; cependant, je retrouve fil avec plus d’aisance. Mon attention se porte davantage sur le présent et je me sens plus détaché vis-à-vis des autres temps ; ce qui n’était pas le cas avant. Je bascule plus facilement dans des états de « flow » pratiquement atemporel. J’avais déjà expérimenté ce type d’état par le biais du dessin abstrait ; cependant le microdosage semble favoriser une bascule plus naturelle et sans résistances. En revanche, je n’ai pas eu le sentiment pas d’être plus créatif artistiquement parlant. Pour ce qui est de la résolution de problèmes dans mon quotidien et au travail, je me suis surpris à emprunter des « chemins de traverses » que je n’aurais probablement pas envisager avant.​
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Cette fluidité et ce flow se retrouvent également au niveau des émotions. Avant de m’embarquer dans cette expérience, je débloquais complètement sur le négatif ; cela à entre être boursoufflé d’aigreur d’agacement et parfois de colère. Depuis, je tourne la page plus facilement et je passe à autre chose. Lorsque le négatif me rappel à son « bon » souvenir, je réagis détachement sans m’enliser dans une cette espèce boucle obsessionnelle où je restais piégé indéfiniment.​
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Ma pensée est plus introspective, mes raisonnements plus holistiques, avec une prise en considération plus marquée de la situation des autres et du contexte. Lorsque j’agis, les prises de recul instantanées sont plus fréquentes (comme si je me voyais faire à la troisième personne), de facto je me remets en question plus facilement. Les questionnements existentiels son plus fréquent et je leur témoigne davantage de considération.​
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Du côté de la mémoire, le bilan est plus mitigé. La mémoire n’est pas une fonction uniforme et de nos jours on a tendance à distinguer le « Je sais que… » (mémoire sémantique) et la reviviscence d’épisodes caractérisés par toute une phénoménologie d’informations sensorielles, affectives et spatio-temporelle (mémoires épisodique & autobiographiques).​
Depuis le début du microdosage, la reviviscence épisodique me semble plus lointaines et brumeuse. Serait – ce en lien avec le détachement vis-à-vis du passé ? Je m’interroge… A contrario je me sens plus connecté à mes connaissances sémantiques que je récupère plus facilement. Pour certains termes j’accède plus facilement aux différents sens.​
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Avec la duloxetine j’avais retrouvé une certaine neutralité thymique. Avec la psilocybine, je ne me sens plus « carpe diem » et serein. L’atténuation de certains blocages m’a permis de renouer avec des activités délaissées depuis quelque temps : dessin ; lecture ; retouche photos... Certains de mes TOC (pas tous) se sont atténués et certaines routines ont disparu. Cela je me l’explique par le biais de l’introspection qui m’amène interroger davantage mes comportements et leur nécessités respectives.​
Mon rapport à la nourriture a également changé : il est plus raisonnable et moins compulsif. Cela m’a surpris car ce n’était pas attendu. Là encore, les compulsions semblent se déconstruire au prisme des questionnements internes.​
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En société et bien que mon anxiété sociale perdure (elle est solidement ancrée) le relationnel est quand même à être plus fluide. Je suis plus spontané, plus cash (le faux-self en prend un coup) ; et je me surprends à faire preuve de plus de répartie.​
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Enfin, mon sommeil s’est grandement amélioré. Je dors plus quantitativement (7-8h contre 5-6h) et qualitativement (plus de rêves et moins de réveils nocturnes).​
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Globalement, l’expérience est plutôt concluante. Elle m’évoque trois mots : fluidité, flexibilité et détachement.​
Fluidité pour la pensée et les émotions qui s’écoule plus naturellement sans heurts majeurs. Flexibilité pour l’aisance avec laquelle je retrouve le fil perdu au gré des écarts de ma pensée. Détachement pour la prise de recul et le focus sur l’instant présent ; ce qui présente un intérêt indéniable en matière d’angoisses. Le recul permet de les comprendre et d’interrompre l’autoréalisation de certaines craintes.​
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Le microdosage de psilocybine ne me laisse pas un sentiment d’altération profonde ni de réinitialisation, juste d’optimisation et de conscience élargie. ​
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Bien que les bénéfices dépassent ceux de la pharmacopée à laquelle j’ai pu avoir le droit (Paroxetine/ Venlafaxine/ Duloxetine/ BZD…), la psilocybine n’est pas une panacée miracle. Je l’envisage plus comme support adjuvant et adaptogène.​
C’est une démarche qui s’assume et se prépare : Pourquoi le faire ? Comment le faire ? Quels risques (interactions ; syndrome sérotoninergique…) avec ses limites et ses inconvénients.​
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Comme précité, il peut y avoir des effets secondaires transitoires au début (nausée ; migraines). En ce qui me concerne l’expérience s’est avérée assez déstabilisante au niveau de la mémoire comme j’ai pu l’expliquer en amont. La psilocybine n’a pas non plus balayé tous mes TOC et automatismes.​
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Malgré tout, cette substance semble posséder un potentiel indéniable.  Au-delà de la perspective purement symptomatique, elle j’estime qu’elle améliore la compréhension de soi et de ce qui va ou ne pas ; cela par biais d’une introspection renforcée.​
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Même si les choses commencent à bouger il est bien regrettable qu’à l’heure actuelle l’interdit, le tabou et la désinformation frappes encore les psychédéliques ; cela gâche des perspectives intéressantes.
 

snap2

Psychopstick
Inscrit
6 Mai 2015
Messages
5 989
Très bon retour, merci bien ! On sent que toutes les bases sont là pour soigner cet épisode dépressif, c'est écrit de façon très intelligente et tu sembles beaucoup à l'écoute de toi-même. C'est très complet et agréable à lire en tout cas.
 

Biquette

Modo vache qui rend chèvre
Inscrit
5 Fev 2013
Messages
4 865
Ca fait plaisir ce genre de témoignage ! J'espère que tu parviendras à garder cette direction positive sur la durée :)
 

Delacre

Matrice périnatale
Inscrit
12 Mar 2022
Messages
14
Top ce retour. D'autant que la Duloxetine a été mis sur la liste des médocs à éviter.

J'ai arrêté la Sertraline alors que ça m'avait permis d'aller mieux. Mais je n'avais plus d'intensité dans les émotions : je n'étais donc plus (ou beaucoup moins) en colère mais plus vraiment joyeux, ni triste (devant un film émouvant), ni ému (je suis par exemple très sensible à la musique). Plus moi quoi.

Comme je ne suis pas un gros dépressif, ce n'est pas grave mais j'ai évidemment retrouvé les problèmes que j'avais avant (regards dans le vide, irritable, moment de déprimes). On verra ce que donne le microdosage...
 
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