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500mg 1er plateau 3 : Yggdrasil

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10 Sept 2011
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TR DXM n°2*:*L'arbre-monde (28/09/11)


Résumé*: Avec un plateau 3 et de l'Aphex Twin, je fais une dizaine de voyages hallucinatoires et découvre vraiment le psychonautisme.


Dose*: 500mg de DXM en petites pilules bleues 2h après un casse-croûte


Set & setting*: Assez bon.

Bon setting, dans mon lit avec du bon son et tout.

Set moyen. Envie de passer la plateau 3, mais encore assez peu psychonaute dans ma tête.


Détail*:

21h*: Deux heures après un sandiwch, j'avale mon 500. Le petit malaise de la première fois à gober des cachetons est moins intense.

22h30*: La montée commence un peu à se faire sentir. J'ai fait ma playlist (intégrale d'Aphex Twin en lecture aléatoire) et j'ai eu le temps de bien m'emmerder. Je m'écroule dans mon lit et ferme les yeux. Dernière pensée*: «*putain, AT c'est vraiment du son de trip, ça fait partir looooooin*!*»

0h30*: Il s'est passé des choses. Mais j'ai oublié. Je crois me souvenir que c'était très intense mais le black-out a tout effacé. Je n'avais jamais été en position foetale la première fois à cause des contractions musculaires*; je n'en ai pas cette fois et me retrouve bel et bien ainsi.

Toute notion du temps est ensuite perdue et, semi-conscient, j'enchaine les voyages les uns après les autres en essayant de temps en temps de me remémorer le trip depuis le début*: c'est grâce à cela que des fragments m'en restent. La chronologie est également (presque) totalement chamboulée, je sais pas vraiment dans quel ordre les épisodes son arrivés. Chaque épisode est suivi d'une transition où j'ouvre les yeux et fixe bêtement ma chambre plus ou moins distordue avant de les refermer pour replonger dans l'instant. Il n'y a là, contrairement au début du trip, pas de voyage à proprement parler*: je ne me sens pas vraiment bouger (dans la plupart des épisodes je n'ai pas vraiment conscience d'exister, et de toute façon je n'ai plus de corps). Simplement, chaque fois que je ferme les yeux, je suis dans un endroit entièrement différent, comme téléporté.

Dans une ville étrange toute en traits irisés, je traverse un pont qui enjambe le fleuve. Le temps s'accélère, la ville grandit, les gens courent,vivent, tuent, meurent, parlent, une civilisation remplace une autre, des gratte-ciels s'élèvent toujours plus haut... puis tout s'arrête. Ici seulement, j'ai encore conscience de la musique en tant que musique*; dans les autres, je ne l'entends même plus. Elle fait partie intégrante du trip visuel.

Tout est gris*: le sol caillouteux, le ciel couvert... j'avance, tête baissée, vers un lac, gris lui aussi. Arrivé au bord de l'eau, je regarde dedans et vois une forêt d'arbres aux feuilles d'un rouge-orangé flamboyant. Je vole au-dessus du lac, tête à l'envers, le traverse, et vois un être enveloppé dans un grand manteau brun à capuche. C'est le Seigneur Automne.

Un arbre mort sous la pluie. Les gouttes qui le touchent se transforment en argent fondu et serpentent autour d'une de ses branches pour former un anneau. L'anneau qui me sert de souvenir de mon pèlerinage à Locronan cet été et que j'avais accroché à une branche d'un arbre mort pour qu'il s'imprègne de l'énergie du lieu.

Cette fois, tout ceci se passe les yeux ouverts*: mon plafond est noir au lieu d'être blanc.il y a des étoiles. Beaucoup d'étoiles, qui bougent et brillent de manière très irrégulière. Je m'envole dans ce ciel, traverse les nuages au-dessus des étoiles, et rencontre (il est caché dans les nuages) Taranis. Je ne crois pas qu'il ait dit quelque chose.

Dans une grotte faite en pierre étrange, de l'eau cristalline tombe goutte à goutte du plafond. Le bruit résonne longuement, l'acoustique est formidable. Le dieu des ornementations (petites notes de passages rajoutées au gré du musicien en musique celtique, un des petits trucs qui la différencie des autres musiques) est assis en tailleur. Il est en pierre et a quatre bras. Il joue de la flûte en dansant et me transmet le savoir secret qui permet de décider parfaitement de l'emplacement et de la nature des ornementations dans une mélodie. Évidemment, j'ai oublié, mais il ne me semble pas qu'il me l'ait dit. C'était plutôt de l'ordre de la démonstration éclatante.

Je suis au sommet d'une montagne. Le soleil se couche dans un lac. Je m'élance, au ralenti, et tombe en diagonale vers le lac, comme tracté lentement par les rayons du soleil. Je travers la surface du lac. Au fond de celui-ci, il y a une montagne, dont j’atterris sur le sommet.

Ensuite, je finis par ne plus pouvoir récapituler ce que j'ai vécu et ce que je vais vivre, tout se mélange, je me perds totalement, la perche finit par diminuer, et je me retrouve vers 4h ou 5h du matin à ne plus avoir d'hallus.

Je passe sur MSN, personne.Un ami fini par se connecter*: mon mentor en matière de poésie. J'essaye de lui parler, un vers me vient, puis un deuxième, je les tape tant bien que mal, je cherche un troisième qui met du temps à venir, le quatrième est une horrible souffrance mais j'ai ma strophe (la première de Spaceraum)
Il s'est déconnecté. Et la dissociation me revient de plein fouet dans la gueule.

Désespéré, je me laisse retomber contre mon oreiller. Dans un dernier élan, j'ouvre le bloc-note, copie-colle la strophe... retombe en arrière. Entrouvrant un œil, j'avance une main fébrile pour sauvegarder le fichier, débranche mon pc tellement je n'ai plus la force de l'éteindre et m'endors dans les dix minutes. Il est environ 5h30.

13h30*: Réveil. Me sens moyennement à l'aise. Pas cours aujourd'hui, de quoi récupérer tranquillement. J'expérimente pour la première fois des déréalisations dans les jours qui suivent. Pas désagréable en soi. Mais quand même, 3 jours de déréalisations, ça commence à impacter sur ma vie, donc je décide ne pas remettre ça hors vacances.
Je ne retrouve pas la strophe et en écris une seconde d'après mes souvenirs (a deuxième de Spaceraum), puis finis par mettre la main dessus, en fais une troisième et j'ai mon premier et pour le moment unique poème écrit partiellement sous dex.


Conclusion*:

Beaucoup, beaucoup d'hallus, magnifiques, intéressantes, inspirantes. J'ai pour la première fois compris l'état d'esprit psychonautique, que je mettrai ensuite vraiment en œuvre dans les trips suivants.
Peu (pas) de réflexion dans le trip, mais des choses à interpréter par la suite. C'est comme d'avoir deux mois de rêves condensés en une nuit.
Trip le plus productif poétiquement parlant que j'ai jamais fait*: un poème partiellement écrit pendant le trip, et trois autres après coup sur les souvenirs qui m'en restaient.


Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.




Et les poèmes de Tristes psychotropiques reliés au trip :


3) Spaceraum

Dans l'espace, un éclat orangé terrifiant,
Sur la mer volatile, un éther de chamane,
Et autour... le grand vide ; à l'endroit, à l'instant
Où le sage et le fou lentement se pavanent.

Cet éclat orangé, oppressant et mortel,
Scintillait en la nuit comme un phare funeste
Ou l'étendard d'un chevalier venu de l'est,
Qui vrille sous mon crâne, au fond de mes prunelles,

Et le plomb noir qui coule à travers mon cerveau
Me glace et me fait fondre au milieu de la pièce...
Mais je frappe où je tombe, et partout mon caveau
Résonne, dure, et réfléchit la morne messe.


4) Ornemensonges

Au fond d'une grotte aux parois de pierre rare
Se tenait un dieu, qui en silence dansait.
Le parfum de ses yeux clos, flûtiau de curare,
Me transperça en plein vol le glacial abcès

Qui saigne et purule encore un peu ce matin,
Caressant la source en or bleu sans d'amertume,
Répondant au soleil grave, à la lune vin,
Sous les branchages osseux d'un rêve qui fume.


5) An dro Breizh

Sous de longs rayons de merveille
Coulait la pluie, dans la forêt
Que bordait un profond marais,
Et ses cheveux, joyaux d'abeille,

Autour des branchages osseux
Se prélassaient en serpents pâles
Dont la peau si semblable aux râles
Avait l'odeur d'un jeune feu*;

Quand le vent suprême et mon âme
Soudain se lèvent ; par leur doigt,
Fol éclair, forgent l'argent froid
D'un anneau cher comme une femme.


6) Le destrier du maître

Et, à demi consumée,
La douce mélancolie
De ce mois crépusculaire,
Dans mon esprit embrumé
Se coagulait d'oubli
Tout en me murmurant*: «*Erre...*»
 
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