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[4-HO-MET] Si c'est trop pour toi, partage avec tes potes !

xyzt_

Mlle je-fais-tout
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9 Déc 2019
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780
Si c'est trop pour toi, partage avec tes potes !

Un TR d'intérêt psychonautique très limité mais avec des moments un peu drôles, et d'autres moins.

Mes expériences précédentes avec la métocine : une petite dizaine de trips de 7 à 35mg, souvent à plusieurs avec des gens moins expérimentés.
Corpulence : toute keus
Tolérance : a priori, aucune

Attention, TR où on souille pas mal la RdR...



I - LA QUÊTE​

Une teuf à la campagne, en bord de Seine.

J'étais d'orga : les deux derniers jours ont été intenses. J'ai dans un flight 90mg de métocine - que je pensais être 70, emportés "au cas où" au milieu d'autres trucs.

La soirée avance : je vadrouille entre la weed et l'alcool, l'envie d'un trip se précise.

Je ne sais pas trop comment, je me retrouve avec deux compères rencontrés au fil de la soirée. Appelons-les Cécile et Léo - je ne sais plus quels sont leurs vrais noms, de toute façon.

Je pars à la recherche de mes petites molécules. J'ouvre les flight une par une à la recherche du matos. Comme tout est en bazar c'est un peu difficile, je réalise que je ne suis pas très sobre.

Sur le retour, je passe devant deux filles qui font semblant d'être discrètes en traçant de la C, qui me regardent d'un air soupçonneux. Sans savoir trop pourquoi, je trouve ça assez drôle.

II - RÉDICTION DES RUSQUES​

On est dans la vago de Cécile et Léo, je leur explique rapidement ce qu'est la métocine, leur lis l'article PsychonautWiki à son sujet. On choisit ensemble un dosage : 15mg, petit trip en perspective - mais pas rien non plus.

Pipette, dilution, chrono, un goût amer, et c'est parti.

Je leur conseille d'attendre une heure avant de boire, pour pas se cogner la montée en même temps qu'une torgnole surprise à l'alcool. Iels partent dans le son : je reste à zoner dans le calme pour monter tranquille.

Comme à chaque fois avec les tryptas, la montée n'est pas très agréable, la vasoconstriction, même si pas si gênante, est un peu angoissante. J'ai l'arsenal de benzos et d'hypotenseurs sur moi, ça me rassure. Pour accompagner la fébrilité du prod, j'ai besoin de bouger, je me balade dehors.

III - ZONE​

Je me souviens plus trop de l'ordre des choses. La soirée est très belle, les lumières dans les arbres sont folles. Tout est un peu magique et mystérieux. Je fais des cycles entre plusieurs spots :
• Le coin où les gens boivent des coups, tout éclairé de jolies lumières colorées, on dirait un livre pour enfant
• Le coin chill sous l'arbre avec des petites guirlandes blanches dedans
• La scène extérieure encore montée mais déserte, avec plein de câbles qui oscillent au vent, un vidéoproj qui répète le même clip de dix secondes en boucle, et des machines abandonnées dans tous les sens
• La grange pleine de vieux bouts de bois emmêlés éclairée par un unique spot rouge, une vraie faille graphique vers l'upside-down
• Et j'évite soigneusement l'ancienne écurie où est posé le son, bien trop saturée en gens, fumée et basses fréquences.

Je suis contemplative, je parle pas aux gens, je les regarde ; j'entreprends rien à part me déplacer d'un spot à l'autre, rester posée à guetter le monde, et recommencer.

Je croise Chris, copain de l'orga, qui est entrain de taper des stims en pagaille. Ça me fait trop rire, sans raison - enfin si, tryptamines. Il capte rapidement que je suis perchée, je lui propose de lui faire goûter le truc (a priori, il a l'habitude des psych). Il me demande une mini dose, je lui propose 4mg, à peine au-dessus du threshold. Il me demande de diviser par deux. Je lui dis qu'il ne va pas sentir grand-chose, mais il insiste, je m'exécute.

C'est là que je me rappelle que j'ai pas revu Cécile et Léo depuis qu'iels ont tapé. J'en fais part à Chris, mais c'est confus car je me souviens plus de leurs noms :

« - Donc t'as donné des trucs chelous à des gens, tu sais plus qui c'est, ni où ils sont ?
- Oeoeoe mais faut pas y craindre »

Je demande un peu autour de moi si quelqu'un·e les as vu, sans grand succès. Par contre, je récolte quelques visages inquiets.

Alors que j'y croyais plus trop, je les croise en train de zoner dehors. Je leur demande comment ça va : iels ont l'air hyper loin, Léo me répond même pas et a juste les yeux dans le vague. Cécile me demande si on peut se poser à l'intérieur, j'acquiesce.

IV - AUTOMED​

On est posées sur la table de la cuisine. Je leur demande s'iels veulent de l'eau. Je comprends pas la réponse, et sers un verre avec difficulté.

Léo à le regard complètement ailleurs et semble amorphe. Cécile tape des barres de rire sans raison de manière presque maniaque : ça me fait un peu peur. J'arrive pas trop à communiquer mon inquiétude au sujet de Léo à Cécile, qui semble être à la fois inquiète et n'en avoir rien à faire, le tout dans un contexte de rire presque obsessionnel : les drogué·es parlent aux drogué·es, mais en pratique, la communication marche pas si bien que ça.

Je comprends que c'est difficile pour Léo et qu'il aimerait bien descendre un peu. Je sors de ma poche arrière l'arsenal de benzos. Rien que sortir les plaquettes de la pochette s'avère plus difficile que prévu. Je commence à expliquer vite fait ce que j'ai à Léo, il capte que dalle et commence à bouffer la plaquette elle-même, je l'arrête de justesse. Cécile se tape des barres et fait rien.

Là, je turbine un peu à vide un moment. J'ai peur que la situation m'échappe. Est-ce que Léo à vraiment essayé de bouffer la plaquette ? Pourquoi Cécile ne fait rien ? Pourquoi j'ai autant de meds, déjà ? D'ailleurs, c'est quoi ?

L'histoire va finir section faits divers : il me faut de l'aide. Je sors, je prends une personne au pif, lui demande combien elle est défoncée, elle est sobre, ok, elle peut m'aider cinq minutes, super, merci...

Soudain un gros bâtard probablement sous C débarque en mode hyper vénère.

« - Ouaaaais on a pas le temps de t'aider là, vas-y viens toi aussi là ! »

Elle voulait juste m'aider vite fait, non y'a pas temps, chiiip, regard désolé de ma sauveuse, oui non t'inquiète c'est pas grave je vais me débrouiller...

Un peu sonnée par le comportement du gonze, je me mets en quête de quelqu'un d'autre. Oh, Camille, copain pas vu depuis longtemps, totalement sobre, parfait.

Retour dans la cuisine.

« - Ok, donc, tu cherches dans le sachet un truc avec marqué Seresta, tu lui en files un et...
- Un demi.
- ... ?
- Un entier c'est trop fort. On lui en file un demi.
- T'es expert en benzodiazépines ?
- Ah ça, gros passif de dépressif. »

Argument massue de Camille. Bien trop à l'ouest pour avoir l'idée de discuter, j'acquiesce. Camille s'exécute. Léo part se coucher au calme et Cécile l'accompagne.

V - TRIPPIN​

Je reste posée dans la cuisine. Plusieurs fois, les gens viennent me voir en me posant des questions hyper sérieuses.

« - T'as pas vu mon DT770 ?
- Mhhhhhhhhhhh, non. »

« - On range où la batterie ?
- Mhhhh, che po. »

« - Aaah xyzt, t'as pas du jack vers XLR ?
- ...pour boire ? »

Bien sûr, je suis incapable de répondre correctement et la situation me fait rire de manière un peu incontrôlée, les gens qui me connaissent pas trop me regardent de travers en mode "ok weirdo", c'est un peu badant.

J'ai la sensation d'être un esprit invisible et immobile qui observe tout ce qui se passe, ce que font les gens, comme si la cuisine était le décor d'un petit spectacle. C'est hyper plaisant. Je me sens loin, presque dissociée, j'ai la sensation que je pourrais rester assise à regarder les allées et venues pendant des heures.

Soudain, le nuage s'effondre : j'ai l'impression que tout le monde se rend compte de ma présence et me regarde d'un coup, c'est assez anxiogène. Comme si l'existence matérielle était quelque chose de limitant. J'ai réfléchi plusieurs fois à cette situation après coup, et je me demande si ça fait pas écho à un fantasme chez moi de ne plus avoir de corps, de capacité d'agir, de ne devenir qu'une spectatrice attentive de la vie des autres.

Bref. Les visages sont bien badants, les regards accusateurs. Avant de rentrer dans la boucle du bad j'essaie de me raisonner : c'est dans ma tête, ce que je fais n'intéresse personne, y'a pas de mal à regarder les gens ou à fixer le vide. J'accepte les hallus comme elles sont, j'essaie de pas lutter en désactivant mes mécanismes d'autodéfense. Bon, en vrai j'essaie aussi de pas trop m'attarder sur les visages car ça part vite en foire à la saucisse.

La stratégie marche plutôt bien, et m'amène doucement sur le terrain de l'introspection. Je pense à ma paranoïa quant au regard que les autres portent sur moi dans la vie en général.

J'adore la sensation de fluidité quand on pense à des trucs abstraits sous tryptas. C'est de la pensée "à vide", dont il ne ressort quasi jamais quelque chose de significatif, mais les sensations d'extra-lucididé et de pensée acérée sont grisantes.

À un moment, un mec est rentré avec un très gros camembert dans les mains. Il faisait presque quarante centimètres de haut. Je me suis naturellement levée en faisant "MAIS QU'EST-CE QUE C'EST QUE CE MÉGA FROMAGE !". En fait c'était une pile d'assiettes, c'était décevant - et j'ai même pas osé regarder la réaction des gens dans la cuisine.

VI - WALKIN​

Dehors.

Je recroise Chris maintenant sous C, 3, 4, 4HO, D, weed et alcool - ce mec est une vraie plaque d'immatriculation. C'est hyper drôle à voir car de l'extérieur, ça donne l'impression que les effets des drogues se succèdent en cycle. Mine de rien, c'est hyper rassurant de le retrouver, et ça fait du bien de s'abandonner dans le rire après la scène un peu tendue de la cuisine.

On erre un peu en faisant de la merde. On repasse près du bar avec les jolies lumières colorées. La fille qui tient le bar rit beaucoup et très fort. Soudain, je pige que c'est Cécile, toute défoncée, qui tient le bar en faisant à peu près n'importe quoi, la tireuse coule dans tous les sens, elle sert des méga pintes à tout le monde à la chaîne sans rien encaisser.

Fou rire avec Chris.

« - Meuf, c'est la foire d'empoigne... »

VII - SAFE IN HERE​

Je suis dehors à regarder les étoiles. Soudain, tout est calme, la lumière change brutalement. Un espèce de silence emplit l'espace. Je me sens complètement immergée d'une nuit dense et invisible, délicieusement couvrante.

Des cris étouffés au loin qui percent le coton. Je réalise qu'il n'y a plus de lumière nulle part, et plus de son. Je décide d'aller voir.

Chris court dans tous les sens, je comprends qu'un disjoncteur est tombé. Il a l'air d'être bien dans le jus, je le laisse faire.

Ça s'agite, la lumière revient, je retourne à mes contemplations.

VIII - BRICOLAGE​

Je suis debout, au milieu du champ, à regarder fixement rien du tout. Chris débarque de je sais pas où.

« - Ah mais t'es là ! Meeuuuf ça fait une demi heure que je t'appelle !
- ... ¿ (Qu'il m'appelle ? Mais qu'est ce qu'il raconte, j'ai rien entendu ?)
- Le son sur la scène intérieure, y'a rien qui marche !
- Ah bon. (C'est la vie, que veux-tu que j'y fasse)
- Faut que tu viennes !
- ... Zui ? (... Zui ?) »

Je lui emboîte le pas. On rentre dans la grange où est installé le son. Chaleur moite. Gens en masse. Barres LED derrière le brouillard épais, odeurs de smoke machine, de sueur et de weed.

Le son est affreux. Un espèce de crin crin insupportable hyper saturé horrible. Le DJ essaie de me dire un truc mais je capte rien, je suis captivée par les vumètres de la Xone. Une multitude de petits points lumineux, dans de superbes nuances de vert et de bleu, dansent sous mes yeux en formant un genre de réseau fractal étoilé, comme une carte du ciel futuriste.

Chris me sort de ma phase, je réalise qu'il est super speed. Il commence à faire je ne sais quoi dans le patch, à débrancher et rebrancher des XLR sans trop de sens. Le travail d'équipe n'est pas évident :

« - Eeeeeeh y'avait xlowcut allumé sur le truc là !
- Bah oui.
- Mais je sais pas ce que ça veut dire !
- Ah bon ?
- Non, du coup j'ai enlevé hein !
- Il faut remettre.
- Mais je sais pas ce que c'est !
- Ah bon ? »

C'est le moment que ma pote Julie choisit pour hurler :

« - Alleeeez xyzt on veut du son làààà ! »

Espèce de brouhaha repris par les teufeureuses en manque de basses, j'ai l'impression d'être au milieu une tornade de gens, à la merci de la foule comme je le serais d'une force naturelle.

Je me ressaisis, essaie d'analyser la situation, de trouver un refuge calme dans le flux de mes pensées. Je commence à comprendre quel est le problème. Je sors mon téléphone, que j'utilise pour piloter le processeur de la sono.

Des formes, des couleurs, avec de la concentration j'arrive à reconnaître des lettres, mais impossible d'en comprendre le sens. Je ne trouve pas ce que je cherche, je me noie dans l'interface, c'est trippant mais pas productif.

J'abdique, je décide d'aller ramper vers mon rack pour bricoler directement sur le processeur.

Qui l'eût cru, je me mets à tripper devant l'écran du proc. Un espèce de vert hyper intense mais pas fluo fourmille sur une grille fractale hyper détaillée. L'écran devient une porte vers un écosystème numérique, où chaque pixel, chaque grain de sable contient lui-même une myriade d'informations. Je songe à tous les électrons qui s'agitent dans l'appareil, à l'invraisemblable machinerie numérique de sommes, de produits, d'intégrateurs, de différenciateurs, de transformées en Z et de fonctions de transfert.

En plus, quand on appuie sur les boutons, l'image change sur l'écran, alors c'est chouette.

Chris vient se coller entre moi et le rack, de manière un peu brutale et pas très agréable.

« - Bon, tu t'en sors ? »

Je suppose que ça fait un moment que je nage dans les menus du proc.

Je ferme les yeux. J'inspire. Je me félicite de ne presque pas avoir de CEV à ce dosage. Je rouvre les yeux, presse quelque boutons du proc, avec autant de concentration que si c'était un avion de ligne, et le son revient. Allongée la tête dans le rack, derrière la scène, le son du kick me fracasse le crâne comme un pot de fleurs tombe du cinquième. Je m'enfuis sans demander mon reste.

La soirée devient très floue à partir de ce moment. J'explique pas trop ce manque de souvenirs, car les psych ne me font pas du tout ça d'habitude. Peut-être la beuh, l'alcool, la fatigue ? Peut-être un peu tout aussi.

IX - SMOKIN​

Le ciel commence à s'éclaircir doucement. Étrangement, c'est un peu la délivrance, mais d'un autre côté ça me plonge dans un drôle de spleen. Je croise des amis, on rigole un peu, mais j'ai pas envie de sociabiliser.

À un moment, je remarque qu'une méga fumée sort des tuiles de la grange où est posé le son. Inquiète, je vais voir. À l'intérieur, c'est le brouillard, on y voit pas à un mètre. Plus personne n'a l'air d'être là. Finalement, je finis par retrouver :
• Un gonze bien a l'ouest derrière les platines ;
• Une Unique 2 au DMX débranché, qui balance de la fumée en continu ;
• Ma pote Julie, sûrement tazée, qui tourne en rond toute seule sur la piste comme une ouf.

Julie m'invite à danser. Le DJ me demande si j'ai une idée de son car il ne sait plus quoi passer. L'Unique 2 fait un putain de bruit de bouilloire à l'agonie. Je préfère battre en retraite vers la pelouse et l'aube naissante.

X - RISIN​

Dehors, on commence à y voir un peu, la lumière est douce. Puis d'un coup, j'ai l'impression que le-grand-éclairagiste-cosmique-allume-brutalement-la-lumière-du-ciel (c'est un sentiment récurrent dans mes trips que je n'arriverais pas à mieux décrire). Tout s'éclaire d'un coup, c'est beau.

C'est chaud de trouver les mots pour décrire cette dernière partie de trip. Sentant les effets descendre doucement, j'ai fumé pas mal de beuh pour me faire un petit dernier rush avant la fin.

On est avec des gens que je connais pas, en haut d'un muret, appuyés contre une rambarde. Face à nous, il y a un paysage sauvage et sublime. Un large bras de Seine coule lentement sous nos pieds. La rive paraît très loin en face, et le relief escarpé se découpe avec majesté du ciel. Le ciel est bleu pâle, tranché de nuages rouge orangés. En temps normal, j'aurais sûrement profité de l'instant pour me lancer dans une tirade passionnée et lassante sur le Rayleigh scattering.

Mais une bien meilleure idée me traverse l'esprit. En deux temps, trois mouvements, pour un cacheton tu changes de camp, je m'élance vers la scène exté. Trois switches et deux coups de fader plus tard, les premiers sons de Degreelessness, par Nathan Fake et Prurient, sortent des enceintes et enveloppent tout le champ. Je m'en retourne vers la rambarde, aux anges.

En fait, c'est presque un peu trop. Trop parfait, car trop subtil et puissant à la fois. J'ai l'impression que mes yeux ne sont pas assez grands pour faire rentrer tout ça. Mon système nerveux est trop limité, l'excursion de mes signaux vitaux trop faible pour fabriquer une réponse sensorielle à l'échelle de l'instant. Je ne suis pas assez présente, pas assez vivante.

Ma voisine de rambarde me tire de mes pensées.

« - Tu as vu les fleurs blanches, là bas ?
- ...ui ?
- C'est des xxxx et on s'en sert pour yyyy, ça sent un peu comme zzzz.*
- Ah bon.
- Oui ! Attends, je vais t'en chercher une. »

Elle escalade la rambarde, puis un genre de poteau de pierres qui fait le coin, puis l'arbre, cueille une xxxx, et me l'offre.**

On discute. J'ai un peu froid. Elle me file son gilet. Le temps passe. Je commence à me sentir vraiment épuisée. Je regarde mon tel : bientôt onze heures. Elle me dit qu'elle va se coucher. Je lui réponds que moi aussi, mais que j'ai la dalle, alors je vais aller voir si y'a pas des trucs à chacaler dans un coin avant.*** Je dois lui rendre son gilet aussi. Elle hausse les épaules : « Tu peux le garder ».

Je mets encore ce gilet de temps en temps, je le vois un peu comme un genre de relique qui témoigne que cet instant s'est réellement produit.

Quand je raconte cette histoire à des gens, la plupart y voient des signes que je n'aurais pas su interpréter. Sur le moment, je me souviens même m'être dit « c'est vraiment trop bien qu'il y ait des gens qui fassent des trucs comme ça sans raison ». Je ne sais pas pourquoi, j'ai vraiment l'impression que mon interprétation était la bonne, qu'il y avait aucune attente particulière. Même si factuellement, à l'écrire, ça me parait assez idiot...

ÉPILOGUE​

Le lendemain, je recroise un peu tout le monde.

Chris :

« C'est marrant, le côté un peu acidulé là, bien sympa. »

Cécile :

« Ah oui oui, moi j'ai passé une bonne soirée. Par contre Léo, ça l'a pas mis bien. »

Léo :

« Ton truc là, j'ai jamais vu ça. J'ai pris du LSD pas mal de fois, mais là, c'était juste... beaucoup trop. »

Je peux pas résumer l'expérience de Léo en une citation. On en un peu parlé après, et j'aimerais vraiment réussir à le motiver à écrire un TR.

Si je me souviens bien, il m'a dit avoir vu des failles s'ouvrir dans le sol, avoir eu l'intégralité de son champ de vision qui se transforme en kaléidoscope fractal, des hallucinations de feu et d'enfer les yeux fermés, bref, ça avait l'air vraiment violent. Le benzo a aidé, mais selon ses dire ça n'a pas suffi. J'avais choisi l'Oxazépam en me disant qu'avec son effet long ça calmerait les choses jusqu'à la fin de l'expérience. Heureusement, des potes sont restés avec lui dans la tente pendant la soirée pour l'aider à heal.

Ça me parait intéressant de comprendre comment on en est arrivées là :
• Déjà, ça m'a sérieusement calmée, je suis pas prête à partager des RCs avec des gens qui les connaissent pas de sitôt. Lire PNWiki aux gens, c'est vraiment pas suffisant pour être safe - qui l'eût cru.
• Après coup, Léo m'a dit être très sensible aux psych (il m'a parlé de trips au L à 20µ, ce qui pour moi n'était même pas possible). La question à 2000 balles c'est "pourquoi ne pas l'avoir dit AVANT"...
• Et là, méga shame on me, mais j'ai fait une bête erreur d'étiquetage, ce qui m'a fait faire la DV avec 90mg de poudre au lieu de 70. On a toustes pris·es 30% de substance de plus que prévu. Et avec ce genre de prod ça fait carrément la diff…

La morale de maître corbeau ? Droguez-vous si vous voulez car ça peut être drôle, mais respectez vos potes, ne les droguez pas en faisant n’imp, ça leur rend pas service.


Allez, salut la compagnie.



* : Pas plus de respect pour les fleurs que pour mon interlocutrice, si je me souviens clairement de la forme, le fond m'est complètement passé à côté.
** : À raconter ça comme ça, j'ai l'impression que c'est un téléfilm éclaté, mais c'est mon souvenir sincère.
*** : Pour vos conseils séduction, contactez xyzt par pigeon voyageur au 93 13 12 13 12.
 

Acacia

𝓥𝓪𝓹𝓸𝓾𝓻𝓸𝓾𝓼 𝓢𝓱𝓪𝓭𝓮𝓼蒸気の色合い
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25 Mai 2017
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Disons que ça aurait pu être pire haha
Pauvre Léo... faut pas donner des RC a des inconnus en teuf :eek:
Ça devait quand meme être un moment assez ouf haha très immersif le récit

J'ai remarqué que c'est assez dur de se mettre d'accord sur les dosages de 4 ho met . je vois des variations énormes de sensibilité entre individus qui m'étonne beaucoup
 

diaphane

Elfe Mécanique
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Quelle nuit épique ! Et en plus, c'est rédigé avec talent, un style qui fait bien passer les sensations vécues et certains passages sont vraiment drôles à lire (sans doute pas à vivre). La fin, vers l'aurore est racontée avec beaucoup de retenue, ce qui la rend émouvante.
Un superbe TR (même sans savoir ce qu'est le 4-HO-MET)

Merci pour ce partage !
 

Tridimensionnel

Holofractale de l'hypervérité
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J'avais choisi l'Oxazépam en me disant qu'avec son effet long ça calmerait les choses jusqu'à la fin de l'expérience.
Le temps que ça monte il pouvait en effet attendre la fin de l’expérience :/ l’oxazépam met du temps à agir (2h pour atteindre la concentration maximale) mais en soi il est classé comme benzo à courte durée d’action (pour un trip de 4-HO ça aurait été suffisant mais il aurait fallu limite le taper en avance). Bref ce n’est vraiment pas adapté à une crise psychédélique… pour ça, rien ne vaut le bon vieil Alprazolam.
De plus, il est conditionné en deux dosages : 10mg et 50mg. Le second (pilules roses) est en effet un peu vener et c’est ce qu’on m’avait prescrit quand j’étais dépressive, donc c’est probablement ce à quoi pensait ton pote. Mais si tu avais du 10mg (pilules blanches), un demi ce n’est pas beaucoup… en tout cas pas de quoi calmer un maxi bad.
 

Acacia

𝓥𝓪𝓹𝓸𝓾𝓻𝓸𝓾𝓼 𝓢𝓱𝓪𝓭𝓮𝓼蒸気の色合い
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 (même sans savoir ce qu'est le 4-HO-MET)

C'est genre des champignons avec une montée qui pousse bien fort d'un coup , assez stimulant social et rigolo aux doses modérées, j'aime bien voir cette molécule comme la version teuf récréative des champis .

Mais c'est aussi un puissant inhibiteur de la recapture de la sérotonine d'où la grosse montée d'euphorie j'imagine mais du coup gaffe aux mélanges et aux surdoses !

Et oui l'Oxa c'est vraiment bof pour calmer les bad. Je dirais a la limite l'alpaz c bien psk non seulement chez moi ça monte limite direct en sublingual, ça tape des le début donc ca met vite en confiance et je trouve qu'une fois les trucs badants identifiés et éloignés, si tu n'as pas de dépendance t'as pas besoin que le benzo dure tout le trip au contraire meme ça peut être pratique pour juste adoucir les 4H les plus reloues .

Une fois sorti du bad si on trippe bien je pense pas qu'une descente de benzo mette si mal
 

Sandman

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xyzt_

Mlle je-fais-tout
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Acacia a dit:
ça aurait pu être pire [...] faut pas donner des RC a des inconnus en teuf :eek:
tl;dr

et oui je partage de ouf ton constat quant à la variabilité du rapport dose/effet du 4ho (des tryptas en général ?)

c'est peut être le seul truc un peu intéressant d'un pdv psychonautique dans ce TR : on était trois dans le même contexte, au même dosage, et nos expériences n'ont littéralement rien à voir

@diaphane contente que ça t'ait plu !

Et sinon oui évidemment le seresta c'etait une connerie et ni le dosage ni le raisonnement ne tiennent, c'est pour ça que c'est dans la liste de "ce qui est parti de travers". surtout que j'avais aux moins deux autres molécules a portée de main, dont du xan, bref.
 

Saintjok

Glandeuse pinéale
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9 Août 2022
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J’attends 2 pellets dosés à 25mg… (sha… )
Merci pour ces TR, je sais un peu plus à quoi m’attendre…
Donc, ce sera bonne préparation avant le voyage.
Avec sûrement TR à l’issue.
 

Aiskhynê

Chatterrante acidulée
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25 Déc 2011
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4 113
Et oui les sensibilités de chacun peuvent grandement varier :x
Super tr ! Très bien écrit, on rentre bien dans l'histoire.
Oui y'avait ptêtre un truc à interpréter. C'est souvent difficile d'interpréter dans le feux de l'action.
En tout cas ça véhicule une bonne leçon !
 
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