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2.63g de Cubensis. Trip primal. Aux origines.

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Neurotransmetteur
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23 Oct 2022
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Set and settings : à la maison, musique, 1g pour A. ma compagne. 2,63g pour moi. Détendus et sereins, l'un veillera l'autre pendant son trip.
    
10h12. Ma compagne vient de terminer sa prise, je la rejoins sur le canapé où elle s’est allongée, les yeux fermés, musique en fond sonore, je vais la veiller pendant 4 heures.  

     Tout se passe très bien pour elle. Calme, silencieuse, elle semble profiter pleinement du moment, je la vois battre la mesure avec son pied droit, je caresse sa jambe gauche tandis que je lis le livre qu’elle m’a offert pour mon anniversaire.  ​
C’est agréable de la voir détendue et apaisée, à peine aura-t-elle ouvert les yeux pendant son voyage. Elle sera plus loquace alors que les effets s’estompent, écrivant quelques notes sur ces pensées et partageant certaines de ses visions et sensations corporelles.​

     15h. J’ai mis de côté 2.63g de cubensis sec lorsque ma compagne a préparé sa dose le matin et j’ai remis le sachet sous vide. Ils m’attendent sur la table. Je suis enfin décidé à partir, cette fois en fin de journée pour découvrir une autre ambiance. ​
     La journée est couverte, beaucoup de cumulus, de stratus, quelques pluies éparses et légère. Au loin, splendides, les montagnes que le soleil inonde. J’ai toujours trouvé que peu de choses égalent un ciel couvert au-dessus de soi, tandis que l’horizon est illuminé. Il y a là une intensité et une sensation saisissante que ne donnent pas les journées de ciel pur et ensoleillé. L’absence de contraste.​
     Des gris de toutes les nuances et du jaune orangé colorent le ciel selon où le regard se porte. Les arbres sont maintenant nus pour la plupart. Sans les lichens ils seraient noirs, quelques reliquats de l’automne colorent de mauve et de brun-rouge certaines parties du massif forestier. Les champs et l’herbe sont verts profond. Le bain nordique lancé à 10h30 est juste à température, il aura mis son temps pour monter à 35 degrés, le chauffage au bois à son charme. Je m’étais dit que ma compagne apprécierait un bain chaud à l’extérieur à son retour et que j’apprécierai moi de voyager dedans. ​
   ​
     Je m’assois à table pour ma prise, un par un, je mâche tranquillement, conscient du goût, des notes de terre, fongiques, de noisettes et de soupe miso (une constante visiblement), agréable mais sans excès. L’intention a été posé pendant le rituel précédent chaque prise et je suis prêt.​

     C’est à mon tour de m’allonger dans le canapé en attendant les premières turbulences, après une demi-heure à peine, je me redresse pour caresser le chat qui a lui aussi pris ses aises sur le canapé. Une montée arrive subitement, sensation inexplicable, je sens une intense énergie parcourir mon corps qui semble décoller, mon cerveau ne suis pas le rythme, je suis comme cueilli, ça n’aura duré que quelques secondes mais je le sens, cette fois ci ça va secouer, dans peu de temps je ne serais plus capable de faire autre chose que de profiter. Il est temps de se jeter à l’eau.​

     Se lever du canapé me demande de rassembler mes esprits et mon corps, direction la salle de bain pour me mettre en tenu d’Adam, suivi par ma compagne. Le temps de sortir pour aller dans l'eau, la pluie et le vent se sont intensifiés, rentrer dans l’eau est un délice. Autour de nous le vent s’accélère, siffle dans les structures en bois, des feuilles volent dans tous les sens, et la pluie remplie les gouttières qui semblent déglutir. Je suis éberlué, amusé comme un enfant qui découvre. Je kiffe, tout est amplifié et produit sur moi une sensation du tonnerre, absent par ailleurs. ​

     Les éléments se calment, moi avec. Assis dans le bain, je vois à peine la cime des arbres et j’ai surtout le ciel face à moi. Le gris uni de celui-ci se couvre de fractale et de formes géométriques, j’ai la sensation que tout se joue sur la rétine de mes yeux et c’est bien sur cette toile que mon esprit projette ses constructions aléatoires et répétitives. Dès que je ferme les yeux, je suis noyé dans les formes et les couleurs, par vagues, intenses, je flotte deux fois, mon corps dans l’eau et mon esprit en lui-même. ​
     Je demande à ma compagne de venir sur moi. Nos deux corps, nus, allégés de la moitié de leur propre poids, en quasi apesanteur dans cette eau qui se réchauffe, je suis parcouru de frissons, j’ai les yeux fermés, les couleurs sont intenses et chaudes, les fractales claires. Je ne sais pas si j’ai chaud ou froid, mes ses mains dans mon dos, ses bras autour de moi, les molécules d’eau sur ma peau, dans ma tête c’est le vide, abyssal, je suis comme un atome, excité par sa charge, le moindre mouvement me fait exploser et le cycle recommence indéfiniment, mon corps est parcouru de puissantes vagues solaires, c’est d’une douceur ineffable et tout mon Être orgasme encore et encore, faire l’amour me traverse l’esprit mais j’abandonne aussitôt car je prends conscience que c’est exactement ce qu’il se passe à l’échelle de mes cellules, je ne suis que transfert et réception d’énergie, je n’entends plus la musique et le monde autour.​
     De tous les plaisirs que j’ai pu ressentir un jour, rien n’arrivait au niveau de ce que j’ai ressentis à ce moment-là. Mille “petite mort” à l’infini. Je ne retrouve qu’un fragment de mes esprits que lorsqu’elle finit par m’annoncer vouloir sortir de l’eau car elle commence à avoir froid, une heure s’est écoulée et la pluie tombe toujours, douce. Je lui dis que je souhaite rester dans l’eau encore et elle me dit qu’elle me surveillera de loin.​

     Seul dans l’eau je m’abandonne à la sensation de flotter, je joue à me frotter les yeux avec les mains doigts écartés, elles se sont transformées en pattes de gecko, je vois des couleurs perroquets au travers des interstices de ces doigts, sur le dos, j’ouvre les yeux, fractales sur fractales sur fractales inondent ma vision, quelques branches sont visibles au sommet d’arbre proches, les bourgeons sur les branches et leur dispositions font penser à des pattes de scarabées qui pointent vers le ciel, de là où je suis, je ne vois que l’eau, les contours du bain, la cheminée, un portique, le ciel et deux trois cimes d’arbres.​


     Je ferme les yeux et je suis dissous, aspergé de couleurs délicieuses et de sensation chatoyantes, je ne suis qu’une cellule qui découvre le monde où elle vient de se former. Le premier jour, le contact avec le monde extérieur, les molécules d’eau m’enveloppent, me disent mes contours, chaque mouvement de mes doigts ou de mon corps déplacent l’eau qui coule et glisse le long de ce que je comprends être mon corps, l’expérience est organique, je suis dans l’utérus du monde, cosmique, le creuset de l’univers, chaque sensation s’accompagne de changements de couleur et de forme, du jaune principalement, j’imagine que les bébés sont des êtres multicellulaires, se développant dans la matrice, sans conscience de leur individualité, ce ne sont que des êtres de sensations lorsque les premières cellules nerveuses se créent et se connectent élargissant encore la découverte de leur milieu au travers de leur enveloppe, puis les premières cellules neuronales apparaissent et les sensations peuvent devenir émotion, puis l’oreille entend mais l’eau déforme les sons et n’arrive que l’intention dans les premiers temps.​
    ​
     Je me frotte les yeux, pattes de gecko, perroquets multicolores, ouverts, je me vois dans le bain, flottant à moitié, en train de barjoter pleinement, décalage, éclats de rire. Puis je pense à cette matrice qui permet aux femmes de créer la vie, comme les univers, les galaxies, les étoiles, les planètes se créent et s’agencent. En leur sein se joue le futur de l’humanité qui part de molécules séparées, venant d’univers distinct, pour agencer et organiser des cellules en êtres complexes. La vie relève tout autant du miracle que du hasard le plus fortuit s’il existe. Toute cette force, toute cette attraction et cette création concentrée en un seul point duquel jaillissent les êtres, comme notre univers à jaillit du big bang, point zéro d’une matrice consciente ?​

     Je ferme les yeux, des milliers de points verts et blancs descendant, organisés en colonnes, comme des lignes de codes, j’ouvre les yeux, sur le ciel-écran de mes rétines je projette le film de nos individualités constituées. Tout à la fois barrières et zones de contact avec le monde, nous y créons la représentation de notre réalité à partir de ce dedans-dehors, advenues et agencées génétiquement dans notre forme présente pour expérimenter et appréhender le monde tel que notre espèce le fait.​
     Notre expérience ici est commune, c’est notre interprétation individuelle de celle-ci qui nous donne le sentiment d’être singulier. Sans conscience de cette frontière qui nous sépare et nous lie au monde, nous ne serions que du “ça”, voulant et aspirant tout dans son vortex de sensations et d’émotions, d’impulsions électriques et de transfert d’énergies. Le moi se crée, tempère et le sur-moi lui apprécie l’ensemble. Il est peu probable que beaucoup d’autres espèces fassent cette expérience. Chacune ayant sa propre représentation de l’espace, des formes, couleurs, distances, de soi, si elle est pourvue de cette dernière distinction.​
     Sans peau nous serions de la soupe cosmique, très “capable” et vibrante elle aussi mais sans connaître l’expérience que la vie d’un être humain sur terre peut procurer. ​

     Je ferme les yeux, paysage de plage psychédélique, bordée de palmiers de jeux vidéo des années 80, la mer, synthétique me recouvre par couches linéaires et successives au rythme du ressac. J’ouvre les yeux je vois ma compagne, lui demande de m’apporter de quoi manger un peu, j’avale deux trois chamallows. Je prends conscience qu’elle est venue deux trois voir si tout aller bien, me donner de l’eau, chacune de ses visites n’a pas perturbée le moins du monde ma capacité à replonger dans mes extases l’instant suivant.​

     Je joue au géant dans sa bassine, je n’ai pas encore pris contact visuel avec autre chose que le ciel et quelques éléments structurels de la maison. La tête au niveau de l’eau, je m’approche lentement du rebord du bain, j’y pose les deux mains, hisse doucement mon regard, avec malice jusqu’à avoir les yeux au-dessus sachant que je vais voir quelque chose.​
     Le décor apparait graduellement devant moi strates après strates, d’abord, le bas des nuages les montagnes, puis la cime des arbres, puis les troncs et enfin le sol. Je suis frappé par les lichens qui tiennent les arbres, d’un vert pâle fluorescent ils ressortent avec force de la forêt, les couleurs brun rouges forment un tapis de mousse sur les cimes qui ondulent du premier plan en partant vers l’horizon.​
     Au loin, la tête d’un chat façon Alice au Pays des Merveilles se dessine dans le massif, je baisse les yeux sur le sol et chaque touffe d’herbe semble fier et solide d’avoir poussé là, un océan de fierté verte me regarde, comme une foule qui tient sa position avec panache. Le ciel continue de se couvrir de fractale mais ne fais plus écran, je sais que les effets les plus intenses sont derrière moi.​
     Encore quelques minutes à flotter les yeux fermés et à profiter des sensations puis je décide de sortir de l’eau. Chancelant je vais prendre une douche, c’est aussi la première fois sous effet et c’est très drôle de sentir l’eau tomber sur moi. ​

     De retour dans le salon je m’allonge sur le canapé et j’écoute de la musique avec A. J’ai encore pas mal d’effets mais dans des proportions beaucoup plus appréhendables, quelques distorsions visuelles yeux ouverts et fermés, l’esprit ailleurs.​
     La musique me plaît et je vais passer de longues minutes à faire courir les vibrations de mes cordes vocales dans mon corps, le nez, le torse, le ventre, à droite à gauche, je m’amuse beaucoup à essayer de faire les vibrations les plus graves, le plus bas possible dans mon corps et à les faire passer du nez au bas du ventre, au dos et de droite à gauche ce qui produit un effet de transe très agréable. Petit à petit je reprends pied jusqu’à ce que les effets s’estompent tout à fait.​

     Une expérience primale, utérine, universelle pour moi.  ​

     Disclaimer : Il est très amusant et déroutant de vivre de telles expériences pour se retrouver égal à soi-même quelques heures plus tard, Je pense que l’on revient plus changé d’un tour du monde à la voile, d’un marathon ou d’un quelconque voyage lointain que d’une plongée dans l’inconscient comme ces substances nous le permettent, il n’y a pas d’élastique magique qui transforme durablement, il n’y a que n’a que l’effort, la discipline et l’abnégation qui permettent un changement durable et d’installer une compréhension de soi, des autres et du monde de façon durable. ​
     Ces mots et ce récit ne représentent qu’une compréhension personnelle et intime de ma perception du monde, de ma vérité et de mes expériences propres. Je n’encourage personne à abonder dans mon sens ou à reproduire ce qui est décrit ici.
 

Fichiers joints

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Psychopstick
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6 Mai 2015
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Yes merci pour ce TR bien écrit et détaillé !
 

fruzz

Sale drogué·e
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10 Jan 2017
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Trop bien, autant sur le fond que la forme. Merci pour le partage :)
Sympa le setting^^
 

Sorence

zolpinaute de la sapience
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11 Oct 2022
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Merci d’avoir exploré le setting de mes rêves, c’est très inspirant xD
J’aime ton disclaimer aussi. C’est en effet toujours surprenant de retomber les pieds sur terre comme si de rien n’était.
 

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Neurotransmetteur
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23 Oct 2022
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Merci de vos retours et de l'appréciation que vous portez à mon écriture.
@fruzz La mise en forme et en perspective de mes expériences est importante pour moi et si j'arrive à faire partager 1/3 de mes ressentis ou visuels c'est déjà bien.
Je veux dire ma gratitude de pouvoir faire ces expériences dans un tel cadre effectivement. Cela participe grandement à la qualité de ce que je vis dans ces moments sans compter la bienveillance de ma compagne.
@Sorence À propos de ce voyage en particulier je me doutais que le bain nordique était une bonne idée mais à mille lieus d'imaginer que le fait de flotter à moitié dans l'eau chaude et dehors me donnerait autant d'émotions, de sensations corporelles. J'ai également été seul pour la première fois pendant un temps donné et cela a forcément joué. Un veilleur c'est top, un moment seul permet certainement de lever des inhibitions fussent-elles inconscientes.
Avec le recul de quelques jours je pense que cela permet au corps et à l'esprit de lâcher encore d'un cran par rapport à une dose peu éloignée, j'ai pris 0,63g de plus que la dernière fois. Les repères corporels et psychologique sont très différents dans l'eau. Je comprends mieux certains récits d'expériences psychédéliques dans des caissons d'isolation sensorielle.
 
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