Arkham
Neurotransmetteur
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Hello tout le monde,
Je voulais partager ma première expérience avec la salvia. Je m’excuse par avance pour ce pavé brouillon, égocentré et sûrement chiant, mais le fait de verbaliser tout ça m’a beaucoup aidé à digérer l’expérience, donc voilà. J’ai écrit la plus grosse partie du TR le soir même et le lendemain, puis je l’ai complété régulièrement.
Sujet : Homo sapiens femelle, 23 ans, aucune expérience avec les hallucinogènes.
Pourquoi commencer par la salvia? Parce que j’ai récupéré un paquet d’extrait de x10 un peu par hasard et au bout de deux semaines à le regarder, j’ai fini par me sentir prête à tenter le coup.
Setting : Chez moi, à la tombée de la nuit. Pas de sitter, parce que je vois personne parmi mes amis à qui j’aurais envie de demander ça et parce que j’avais peur de pas pouvoir aller aussi loin que je voulais dans l’expérience avec quelqu’un à côté.
Je suis consciente que c’est franchement pas RDR, surtout pour une première fois et d’autant plus avec une substance aussi puissante, mais c’est le cadre qui s’est imposé à moi.
Dosage : Une petite pincée de x10.
Préparation
J’ai prévu toute une journée tranquille pour être bien détendue le moment venu, donc je me lève vers midi puis je traîne chez moi, un peu appréhensive. Vers 16h, je finis par me poser devant un documentaire sur les anacondas tout en me disant que c’est peut-être pas forcément une bonne idée. À un moment, il y a une modélisation 3D avec un bus scolaire américain posé sur la poitrine d’un mec (pour donner une idée de la force de ces charmantes bébêtes), ça m’interpelle pas du tout sur l’instant mais en y repensant a posteriori, je pense que cette image a pas mal influencé ce qui a suivi.
18:15 - Setting
J’éteins la lumière, l’ordi, mon portable. Je pose une couette et un oreiller directement par terre devant mon canap, où mon chat est en train de faire sa sieste. J’hésite un moment sur la musique, je suis tentée par Blut aus Nord ou Sunn O))) mais j’ai peur que ça me fasse flipper donc je me décide de rien mettre, vu qu’en plus le trip est censé être court. J’allume de l’encens, je prends de quoi écrire, je prépare le bang, puis je m’assois pour méditer un peu. Des nuages de couleurs finissent par arriver devant mes yeux, puis je sens une très légère transe - c’est le bon moment.
18:35 - Round 1 : Salvia x10, 100mg à vue d’oeil
Appréhension qui monte. Je galère pour allumer l’extrait puis pour aspirer la fumée, ça pique mais je me concentre pour tout garder le plus longtemps possible pendant que je pose le matos par terre et que mon cœur commence déjà à accélérer. Je recrache la fumée au bout d’une vingtaine de secondes. J’avais prévu de triper les yeux fermés donc je me laisse tomber sur mon oreiller et… plus rien.
Je (?) prends conscience tout doucement, comme si j’étais dans mon lit et que je me réveillais en plein un rêve. Tout est noir et je respire profondément, comme s’il y avait un poids énorme sur ma poitrine (le bus du docu? Ou juste la fumée qui m’a cramé les poumons?). J’ai l’impression d’être dans ma cage thoracique, et aussi d’être tout court ma cage thoracique, que je perçois comme une sorte de carapace ou d’écorce irrégulière, faite de couches friables. Je continue à sentir que je respire profondément, puis je commence à voir des sortes d’arcs violets qui vibrent et se soulèvent à chaque respiration. Il me rappellent une modélisation 3D de cathédrale gothique, vue du sol et de l’intérieur. [Quelques jours plus tard, je me suis rendu compte que ça ressemblait pas mal à cette photo que j’ai prise il y a quelques mois, mais sur fond noir et avec des traits violets.] Je comprends que ces arcs font partie de moi, comme si c’était mes côtes, et que je suis cette cathédrale. J’ai une sensation pas vraiment descriptible de paix, d’immensité et d’ancrage infini dans l’être (si ça veut dire quelque chose…), comme si tout était sa place quelles que soient cette place et les circonstances, et qu’il pouvait rien m’arriver parce que rien "n'arrivait" jamais. Un peu l’idée que je me fais du concept d’upekkha/équanimité bouddhiste ou stoïcien. Au bout d’un moment, je commence à revenir à moi et à me sentir plus coincée qu’ancrée. J’ai l’impression que je pourrai me lever quand les arcs seront partis. Là, je me rends compte que je suis en train de redescendre et je m’entends penser "J’ai tout raté, je suis allée nulle part, je me suis endormie." Puis une autre partie de moi pense : "C’est peut-être pas trop tard, lâche prise." Et là, tout change.
Je vois un ciel bleu ultra-lumineux, seulement le ciel, et je me retrouve dans la tête de moi-enfant. Je suis en pleine sortie scolaire (encore à cause du bus?) dans une sorte de jardin botanique, mais en même temps j’y suis pas parce que je me rends compte qu’ils sont partis sans moi, et cette phrase tourne en boucle dans ma tête. J’essaye de me lever pour les rattraper, mais je peux pas parce que je suis une serre géante, avec les voûtes d’avant qui se sont transformées en structure métallique.
Là, j’ai dû ouvrir les yeux et voir mon canap à ma gauche parce que je me suis retrouvée allongée, sur un banc de ce parc botanique, avec la serre à ma gauche et trois ou quatre personnes alignées à ma droite, qui se mettent à me parler comme si elles s’inquiétaient pour moi (a posteriori, je me demande si c’est pas parce que j’ai entendu des gens rire et crier dans l’appart d’à côté). Ça m’énerve profondément, j’ai envie de leur dire de fermer leur gueule et de disparaître, j’ai l’impression qu’ils sont là et en même temps pas là, puis je me retrouve toute seule dans ce jardin, à côté de cette serre. C’est la partie la plus intense du trip : je savais pas que j’étais sous l’effet d’un truc et j’essayais de comprendre ce qui m’arrivait. Je suis où? Qu’est-ce qui s’est passé? Qu’est-ce que je fais là? Qu’est-ce que j’ai fait? Pourquoi j’ai fait ça? Sérieusement, pourquoi? Mais de quoi je parle? … Mais… Qui je suis, au fait?
Ces questions tournent en boucle dans ma tête pendant que je regarde autour de moi dans le jardin, puis j’entends encore mes voisins. Ça me fait redescendre, je prends conscience du fait que j’ai pris un truc, même si j’arrive pas à mettre le mot dessus, puis je commence à me souvenir de mon identité et à voir mon environnement réel, mais la question du POURQUOI reste bloquée dans ma tête, assez intensément. Là, une partie de moi me dit encore que je suis en train de tout rater, donc je me rallonge en fermant les yeux et en essayant de me concentrer sur ma respiration. Au bout d’un moment, je sens une chaleur dans la poitrine puis je me rends compte que je suis en train de rire, puis je continue à redescendre en entendant de plus en plus le bruit des voisins d’à côté, aussi fort que s’ils étaient dans la pièce.
Je continue à reprendre conscience, vaguement déçue et en mode "J’ai raté mon trip, il s’est strictement rien passé". Puis je regarde l’heure : 18:45. Je commence à comprendre que j’ai fait un bon gros blackout d’au moins 5 minutes et que je suis quand même partie plutôt loin pour quelqu’un qui a l’impression qu’il s’est rien passé. Mon chat est toujours en train de dormir au même endroit, donc je pense pas avoir trop bougé. Je suis un peu secouée, WTF total, j’ai hyper-faim, mais j’avais qu’une envie : y retourner.
Pause
Je mange une pomme et je bois un thé en notant ce dont je me souviens, puis j’installe mon appareil photo devant moi pour garder une trace filmée en cas de nouveau blackout, et je me prépare à repartir avec une dose plus faible.
Round 2 : Salvia x10, 80mg à vue d’oeil
19:21 – Je m’assois en tailleur. J’aspire, j’attends, je me souviens pas d’avoir recraché la fumée. Je retrouve le moi-enfant. Je suis sur un parking de supermarché et je dois partir pour je-sais-pas-où avec je-sais-pas-qui qui est pressé, sauf que je stresse un peu parce que je-sais-pas-qui² est pas là et que je veux absolument l’attendre, puis je finis par comprendre que c’est n’importe quoi, que tout ça existe pas et je me dis de lâcher prise.
Ça marche : il n’y a plus qu’un fond noir, avec des points rouges et jaunes qui se forment progressivement. Les points deviennent des lignes qui forment une sorte de modélisation 3D de tour gothique (celle-là, en fait, prise le même jour que la cathédrale) que je vois et que je suis en même temps, comme la première fois, mais avec une sensation de verticalité assez intense. En zoomant dessus, je vois que ces points sont faits de millions de mandalas. Je zoome encore, et je vois que les points lumineux qui forment des mandalas sont... des fraises et des bananes.
Mon égo se réveille directement en mode "Mais c’est une blague ?!". Ma tête tourne un peu et la visu tangue en même temps, en prenant une forme de banane qui est aussi moi. J’ai envie de m’allonger mais je sais que si je le fais, la banane gothique va se planter sur le sol et devenir une vraie tour dans le parc botanique du premier trip, ce qui me paraît pas une bonne idée sur le moment. Je me laisse quand même tomber sur mon oreiller (ou plutôt, d’après la vidéo, je m’écrase comme une merde), puis je me dis que c’est un truc intéressant à noter, donc je me mets à chercher mon crayon sans le trouver pendant une minute, puis je finis par me rendre compte que je délire, qu’il y a pas de crayon à trouver et que ferais mieux de lâcher prise.
Ça marche pas terrible, je ressens que de la confusion. J’entends encore mes voisins d’à côté et du dessus, tellement fort que j’ai l’impression qu’ils sont dans la même pièce et ça me déconcentre complètement. Je continue à redescendre en me souvenant que le crayon existe bien, et je finis par retrouver mon état normal, carrément frustrée, en me demandant pourquoi je peux être une banane mais pas voir de déformations visuelles sur mon environnement direct, et pourquoi il s’est encore rien passé (décidement…). Je finis par retrouver mon crayon, puis je commence à prendre des notes en finissant de redescendre. Le tout a duré environ quatre minutes.
Descente
Rien de particulier à signaler. J’étais un peu secouée, surexcitée, "out of it", intriguée par tout ce qu’il y avait à analyser, mais pas changée. En prenant conscience de ce qui venait de m’arriver, j’étais assez contente de retrouver la bonne vieille réalité tangible et depuis, j’ai l’impression d’avoir plus les pieds sur terre, au sens propre, c'est difficile à décrire. J’ai aussi pas mal de choses à dire sur les énormes bénéfices psychologiques que j'ai ressentis à plus long terme mais ce TR est déjà assez long donc je verrai peut-être plus tard.
Bilan
En résumé, pour les deux trips :
- Aucun effet visuel sur mon environnement extérieur, que ce soit au début ou à la fin.
- Retour dans la tête de moi-enfant au début de chaque trip.
- Une perte d’identité.
- Des fusions avec l’environnement du trip.
- Des visuels 3D sur fond noir, un peu dans le genre mandalas et fractales.
- L’impression persistante, même pendant certaines hallus et après, de passer à côté d’un truc énorme, voire carrément de pas tripper. Je vais mettre ça sur le compte que j’en attendais trop sans être assez prête, ou que j’ai trop lu de TR en oubliant que les effets étaient complètement subjectifs.
En une phrase : "Wow, c’était chelou."
Pour comparer ça à quelque chose de plus communément expérimentable, je dirais que ça ressemblait pas mal au genre de rêves plus ou moins angoissants qu’on fait quand on a de la fièvre.
J’aurais voulu pouvoir encore plus lâcher prise pour vraiment atterrir de l’autre côté, surtout pendant le trip dans le jardin, mais c’est un peu compliqué quand on a aucune idée de qui on est ni de ce qu’on fout là. C’est une éventualité que j’avais pas du tout envisagée et je trouve ça assez ironique a posteriori. Je voudrais pas trop m’avancer, mais j’ai l’impression que c’est le fait d’avoir entendu des vrais gens qui m’a fait sortir du premier trip et qui a carrément gâché le deuxième, donc j’ai hâte de recommencer dans le silence total, ou avec un casque et de la musique.
Si je me fie à l’échelle S-A-L-V-I-A, j’étais entre les niveaux 4 et 6 pour le 1er trip, et 4 et 5 pour le 2ème, c’est peut-être un peu violent pour une première expérience mais j’ai essayé de me préparer à ça et je pense l’avoir relativement bien vécu. L’expérience globale était ni agréable ni désagréable au final (sauf pour la partie où j'étais une cathédrale dont je garde un super souvenir), c’était juste le WTF le plus total, surtout à l’atterrissage.
Je sais pas trop quoi penser de mon blackout... J’ai abusé sur le dosage, je m’en rends compte et vous pouvez m’engueuler si vous voulez ^^, mais j’ai pas l’impression de m’être mise en danger. En réduisant un peu la dose pour le 2ème round, j’ai pas eu une sensation d’être ailleurs aussi forte que pendant le premier, j’étais plus assommée qu’autre chose. Pour les prochaines fois, je vais me trouver une balance et faire des tests avec des dosages précis.
Voilà, bravo si vous êtes arrivés jusqu'ici, tous les commentaires sont les bienvenus ! ^^
Je voulais partager ma première expérience avec la salvia. Je m’excuse par avance pour ce pavé brouillon, égocentré et sûrement chiant, mais le fait de verbaliser tout ça m’a beaucoup aidé à digérer l’expérience, donc voilà. J’ai écrit la plus grosse partie du TR le soir même et le lendemain, puis je l’ai complété régulièrement.
Sujet : Homo sapiens femelle, 23 ans, aucune expérience avec les hallucinogènes.
Pourquoi commencer par la salvia? Parce que j’ai récupéré un paquet d’extrait de x10 un peu par hasard et au bout de deux semaines à le regarder, j’ai fini par me sentir prête à tenter le coup.
Setting : Chez moi, à la tombée de la nuit. Pas de sitter, parce que je vois personne parmi mes amis à qui j’aurais envie de demander ça et parce que j’avais peur de pas pouvoir aller aussi loin que je voulais dans l’expérience avec quelqu’un à côté.
Je suis consciente que c’est franchement pas RDR, surtout pour une première fois et d’autant plus avec une substance aussi puissante, mais c’est le cadre qui s’est imposé à moi.
Dosage : Une petite pincée de x10.
Préparation
J’ai prévu toute une journée tranquille pour être bien détendue le moment venu, donc je me lève vers midi puis je traîne chez moi, un peu appréhensive. Vers 16h, je finis par me poser devant un documentaire sur les anacondas tout en me disant que c’est peut-être pas forcément une bonne idée. À un moment, il y a une modélisation 3D avec un bus scolaire américain posé sur la poitrine d’un mec (pour donner une idée de la force de ces charmantes bébêtes), ça m’interpelle pas du tout sur l’instant mais en y repensant a posteriori, je pense que cette image a pas mal influencé ce qui a suivi.
18:15 - Setting
J’éteins la lumière, l’ordi, mon portable. Je pose une couette et un oreiller directement par terre devant mon canap, où mon chat est en train de faire sa sieste. J’hésite un moment sur la musique, je suis tentée par Blut aus Nord ou Sunn O))) mais j’ai peur que ça me fasse flipper donc je me décide de rien mettre, vu qu’en plus le trip est censé être court. J’allume de l’encens, je prends de quoi écrire, je prépare le bang, puis je m’assois pour méditer un peu. Des nuages de couleurs finissent par arriver devant mes yeux, puis je sens une très légère transe - c’est le bon moment.
18:35 - Round 1 : Salvia x10, 100mg à vue d’oeil
Appréhension qui monte. Je galère pour allumer l’extrait puis pour aspirer la fumée, ça pique mais je me concentre pour tout garder le plus longtemps possible pendant que je pose le matos par terre et que mon cœur commence déjà à accélérer. Je recrache la fumée au bout d’une vingtaine de secondes. J’avais prévu de triper les yeux fermés donc je me laisse tomber sur mon oreiller et… plus rien.
Je (?) prends conscience tout doucement, comme si j’étais dans mon lit et que je me réveillais en plein un rêve. Tout est noir et je respire profondément, comme s’il y avait un poids énorme sur ma poitrine (le bus du docu? Ou juste la fumée qui m’a cramé les poumons?). J’ai l’impression d’être dans ma cage thoracique, et aussi d’être tout court ma cage thoracique, que je perçois comme une sorte de carapace ou d’écorce irrégulière, faite de couches friables. Je continue à sentir que je respire profondément, puis je commence à voir des sortes d’arcs violets qui vibrent et se soulèvent à chaque respiration. Il me rappellent une modélisation 3D de cathédrale gothique, vue du sol et de l’intérieur. [Quelques jours plus tard, je me suis rendu compte que ça ressemblait pas mal à cette photo que j’ai prise il y a quelques mois, mais sur fond noir et avec des traits violets.] Je comprends que ces arcs font partie de moi, comme si c’était mes côtes, et que je suis cette cathédrale. J’ai une sensation pas vraiment descriptible de paix, d’immensité et d’ancrage infini dans l’être (si ça veut dire quelque chose…), comme si tout était sa place quelles que soient cette place et les circonstances, et qu’il pouvait rien m’arriver parce que rien "n'arrivait" jamais. Un peu l’idée que je me fais du concept d’upekkha/équanimité bouddhiste ou stoïcien. Au bout d’un moment, je commence à revenir à moi et à me sentir plus coincée qu’ancrée. J’ai l’impression que je pourrai me lever quand les arcs seront partis. Là, je me rends compte que je suis en train de redescendre et je m’entends penser "J’ai tout raté, je suis allée nulle part, je me suis endormie." Puis une autre partie de moi pense : "C’est peut-être pas trop tard, lâche prise." Et là, tout change.
Je vois un ciel bleu ultra-lumineux, seulement le ciel, et je me retrouve dans la tête de moi-enfant. Je suis en pleine sortie scolaire (encore à cause du bus?) dans une sorte de jardin botanique, mais en même temps j’y suis pas parce que je me rends compte qu’ils sont partis sans moi, et cette phrase tourne en boucle dans ma tête. J’essaye de me lever pour les rattraper, mais je peux pas parce que je suis une serre géante, avec les voûtes d’avant qui se sont transformées en structure métallique.
Là, j’ai dû ouvrir les yeux et voir mon canap à ma gauche parce que je me suis retrouvée allongée, sur un banc de ce parc botanique, avec la serre à ma gauche et trois ou quatre personnes alignées à ma droite, qui se mettent à me parler comme si elles s’inquiétaient pour moi (a posteriori, je me demande si c’est pas parce que j’ai entendu des gens rire et crier dans l’appart d’à côté). Ça m’énerve profondément, j’ai envie de leur dire de fermer leur gueule et de disparaître, j’ai l’impression qu’ils sont là et en même temps pas là, puis je me retrouve toute seule dans ce jardin, à côté de cette serre. C’est la partie la plus intense du trip : je savais pas que j’étais sous l’effet d’un truc et j’essayais de comprendre ce qui m’arrivait. Je suis où? Qu’est-ce qui s’est passé? Qu’est-ce que je fais là? Qu’est-ce que j’ai fait? Pourquoi j’ai fait ça? Sérieusement, pourquoi? Mais de quoi je parle? … Mais… Qui je suis, au fait?
Ces questions tournent en boucle dans ma tête pendant que je regarde autour de moi dans le jardin, puis j’entends encore mes voisins. Ça me fait redescendre, je prends conscience du fait que j’ai pris un truc, même si j’arrive pas à mettre le mot dessus, puis je commence à me souvenir de mon identité et à voir mon environnement réel, mais la question du POURQUOI reste bloquée dans ma tête, assez intensément. Là, une partie de moi me dit encore que je suis en train de tout rater, donc je me rallonge en fermant les yeux et en essayant de me concentrer sur ma respiration. Au bout d’un moment, je sens une chaleur dans la poitrine puis je me rends compte que je suis en train de rire, puis je continue à redescendre en entendant de plus en plus le bruit des voisins d’à côté, aussi fort que s’ils étaient dans la pièce.
Je continue à reprendre conscience, vaguement déçue et en mode "J’ai raté mon trip, il s’est strictement rien passé". Puis je regarde l’heure : 18:45. Je commence à comprendre que j’ai fait un bon gros blackout d’au moins 5 minutes et que je suis quand même partie plutôt loin pour quelqu’un qui a l’impression qu’il s’est rien passé. Mon chat est toujours en train de dormir au même endroit, donc je pense pas avoir trop bougé. Je suis un peu secouée, WTF total, j’ai hyper-faim, mais j’avais qu’une envie : y retourner.
Pause
Je mange une pomme et je bois un thé en notant ce dont je me souviens, puis j’installe mon appareil photo devant moi pour garder une trace filmée en cas de nouveau blackout, et je me prépare à repartir avec une dose plus faible.
Round 2 : Salvia x10, 80mg à vue d’oeil
19:21 – Je m’assois en tailleur. J’aspire, j’attends, je me souviens pas d’avoir recraché la fumée. Je retrouve le moi-enfant. Je suis sur un parking de supermarché et je dois partir pour je-sais-pas-où avec je-sais-pas-qui qui est pressé, sauf que je stresse un peu parce que je-sais-pas-qui² est pas là et que je veux absolument l’attendre, puis je finis par comprendre que c’est n’importe quoi, que tout ça existe pas et je me dis de lâcher prise.
Ça marche : il n’y a plus qu’un fond noir, avec des points rouges et jaunes qui se forment progressivement. Les points deviennent des lignes qui forment une sorte de modélisation 3D de tour gothique (celle-là, en fait, prise le même jour que la cathédrale) que je vois et que je suis en même temps, comme la première fois, mais avec une sensation de verticalité assez intense. En zoomant dessus, je vois que ces points sont faits de millions de mandalas. Je zoome encore, et je vois que les points lumineux qui forment des mandalas sont... des fraises et des bananes.
Mon égo se réveille directement en mode "Mais c’est une blague ?!". Ma tête tourne un peu et la visu tangue en même temps, en prenant une forme de banane qui est aussi moi. J’ai envie de m’allonger mais je sais que si je le fais, la banane gothique va se planter sur le sol et devenir une vraie tour dans le parc botanique du premier trip, ce qui me paraît pas une bonne idée sur le moment. Je me laisse quand même tomber sur mon oreiller (ou plutôt, d’après la vidéo, je m’écrase comme une merde), puis je me dis que c’est un truc intéressant à noter, donc je me mets à chercher mon crayon sans le trouver pendant une minute, puis je finis par me rendre compte que je délire, qu’il y a pas de crayon à trouver et que ferais mieux de lâcher prise.
Ça marche pas terrible, je ressens que de la confusion. J’entends encore mes voisins d’à côté et du dessus, tellement fort que j’ai l’impression qu’ils sont dans la même pièce et ça me déconcentre complètement. Je continue à redescendre en me souvenant que le crayon existe bien, et je finis par retrouver mon état normal, carrément frustrée, en me demandant pourquoi je peux être une banane mais pas voir de déformations visuelles sur mon environnement direct, et pourquoi il s’est encore rien passé (décidement…). Je finis par retrouver mon crayon, puis je commence à prendre des notes en finissant de redescendre. Le tout a duré environ quatre minutes.
Descente
Rien de particulier à signaler. J’étais un peu secouée, surexcitée, "out of it", intriguée par tout ce qu’il y avait à analyser, mais pas changée. En prenant conscience de ce qui venait de m’arriver, j’étais assez contente de retrouver la bonne vieille réalité tangible et depuis, j’ai l’impression d’avoir plus les pieds sur terre, au sens propre, c'est difficile à décrire. J’ai aussi pas mal de choses à dire sur les énormes bénéfices psychologiques que j'ai ressentis à plus long terme mais ce TR est déjà assez long donc je verrai peut-être plus tard.
Bilan
En résumé, pour les deux trips :
- Aucun effet visuel sur mon environnement extérieur, que ce soit au début ou à la fin.
- Retour dans la tête de moi-enfant au début de chaque trip.
- Une perte d’identité.
- Des fusions avec l’environnement du trip.
- Des visuels 3D sur fond noir, un peu dans le genre mandalas et fractales.
- L’impression persistante, même pendant certaines hallus et après, de passer à côté d’un truc énorme, voire carrément de pas tripper. Je vais mettre ça sur le compte que j’en attendais trop sans être assez prête, ou que j’ai trop lu de TR en oubliant que les effets étaient complètement subjectifs.
En une phrase : "Wow, c’était chelou."
Pour comparer ça à quelque chose de plus communément expérimentable, je dirais que ça ressemblait pas mal au genre de rêves plus ou moins angoissants qu’on fait quand on a de la fièvre.
J’aurais voulu pouvoir encore plus lâcher prise pour vraiment atterrir de l’autre côté, surtout pendant le trip dans le jardin, mais c’est un peu compliqué quand on a aucune idée de qui on est ni de ce qu’on fout là. C’est une éventualité que j’avais pas du tout envisagée et je trouve ça assez ironique a posteriori. Je voudrais pas trop m’avancer, mais j’ai l’impression que c’est le fait d’avoir entendu des vrais gens qui m’a fait sortir du premier trip et qui a carrément gâché le deuxième, donc j’ai hâte de recommencer dans le silence total, ou avec un casque et de la musique.
Si je me fie à l’échelle S-A-L-V-I-A, j’étais entre les niveaux 4 et 6 pour le 1er trip, et 4 et 5 pour le 2ème, c’est peut-être un peu violent pour une première expérience mais j’ai essayé de me préparer à ça et je pense l’avoir relativement bien vécu. L’expérience globale était ni agréable ni désagréable au final (sauf pour la partie où j'étais une cathédrale dont je garde un super souvenir), c’était juste le WTF le plus total, surtout à l’atterrissage.
Je sais pas trop quoi penser de mon blackout... J’ai abusé sur le dosage, je m’en rends compte et vous pouvez m’engueuler si vous voulez ^^, mais j’ai pas l’impression de m’être mise en danger. En réduisant un peu la dose pour le 2ème round, j’ai pas eu une sensation d’être ailleurs aussi forte que pendant le premier, j’étais plus assommée qu’autre chose. Pour les prochaines fois, je vais me trouver une balance et faire des tests avec des dosages précis.
Voilà, bravo si vous êtes arrivés jusqu'ici, tous les commentaires sont les bienvenus ! ^^