R2d2 a dit:
Coucou xochipilli94,
Les opioïdes sont très utilisés en médecine et force est de reconnaître que de nombreuses personnes qui s en voient prescrire, ont beaucoup de problèmes pour arrêter, voire n y arrivent pas.
Ceci questionne la notion même de médicaments ou plutôt les précautions qui en entourent l utilisation.
Tout médicament est poison et tout poison est médicament (Paracelse ? Largement repris par Claude Bernard au 19e) alors il conviendrait de revoir nos définitions ainsi que notre médecine d attaque.
Salut, salut, je voulais pas lancer le débat d'entrée de jeu, merci de m'en avoir donner l'occasion.
Effectivement la maxime de Paracelse est très éclairante sur le sujet. Si je peux poursuivre sur ce scientifique que je connais bien, il ajoute également que seul la dose détermine ce qui est un poison et ce qui ne l'est pas. Il n'a pas été jusqu'à développé à ma connaissance l'idée de "posologie" et pourtant elle est essentielle pour bon nombre de médicament. En effet, si je prends l'exemple des antidépresseurs (qui pose tant de problème en France), l'ANSM a mis en garde maintes et maintes fois que les traitements ne devaient pas durer au delà des environs de 4 mois. Pour la simple et bonne raison qu'à partir du moment où on passe d'une prescription temporaire à une prescription quasi-chronique, le patient fait reposer de manière chronique son équilibre chimique sur l’efficacité de ces molécules, efficacité qui s'étiole souvent avec le temps.
Or la dépression c'est quelque chose qui ne se soigne pas qu'avec des médicaments, et c'est là où Paracelse et sa iatrochimie (qui a façonné notre médecine moderne) trouvent leurs limites. En effet de même qu'un processus psychique et mental peut dégrader l'état d'un patient, un même genre de processus peut aussi l'améliorer. De fait il est important de travailler sur l'aspect psychique des pathologies, qui tiennent une place prépondérante dans les dépressions et les douleurs chroniques.
D'autre part, outre l'aspect psychologique, il existe aussi des techniques et des exercices physiques qui permettent d'améliorer l'état d'un patient. C'est particulièrement indiqué pour les douleurs (chroniques comme non chroniques) et pourtant ces indications (certes peu présente en France et encore moins aux USA) ne sont pas suffisamment suivies.
Enfin, là je vais rentrer dans le cœur du problème. En France on a la chance d'avoir un système de sécurité maladie qui pour les pathologies graves ne regardent pas trop son portefeuille. (Après il peut y avoir des problèmes en amont, formation des médecins, dispositifs médicaux, etc mais globalement ça va). Tandis que dans bien d'autres pays du monde, une grosse opération, surtout si elle n'est pas vitale, ce que considère souvent les assurances privées. Or en France, depuis que cette innovation existe (c'est à dire il y a seulement quelques années), on pose des implants électroniques qui vont stopper ou rétablir des signaux dans la moelle épinière.
Ce traitement a beaucoup de succès pour ceux qui souffrent de douleurs chroniques comme celles causées par un accident grave, un cancer etc. Moins pour ceux qui souffrent de douleurs neuropathiques. En clair, ce traitement, bien que lourd et invasif, est bien plus efficace sur les même patients que les opiacées/opioïdes solutionnent pour quelques mois. Vous imaginez bien qu'en France, vu que quoi qu'il arrive, c'est la sécu qui paye, elle préfère mettre un plus gros budget d'un coup et faire retourner quelqu'un au travail, alors qu'aux states, vu que la plupart des gens ne pourront pas se payer d'opération, on va profiter du fait qu'ils soient addict pour remplir les poches des labos pharmaceutiques.
Donc, pour résumer je pense que les opioïdes sont très utiles, lors d’hospitalisation, d'opération, ou de douleurs temporaires. A partir du moment où passe à un stade chronique ça commence à être la merde.
snap2 a dit:
Dans cet article ils disent que la prohibition de la codéine aide à réduire le nombre de décès liés aux opioides mais ça semble plutôt l'inverse. Les gens ont tendance à se fournir sur le marché illégal avec des produits coupés/de mauvaise qualité et c'est ça qui provoque des décès.
C'est pas tout à fait ce qui est dit dans l'article. Dans l'article ils disent juste qu'en France la situation est moins dramatique car tout opiacé/opioïde est uniquement sur ordonnance (et depuis peu pour la codéine), et le système d'ordonnance en France est très encadré. Ce que l'article ne dit pas c'est qu'il existe beaucoup de médecins aux États-Unis qui en échange des quelques dollars d'une consultation sont prêts à faire des ordonnances de n'importe quoi à n'importe qui (et ils n'auront jamais de problème puisque les patients doivent signer des décharges).
Par contre là où je ne suis pas d'accord c'est en ce qui concerne les produits de coupe, je n'ai jamais entendu d'histoire qui concerne de produit coupés/de mauvaise qualité comme tu dis qui sont à l'origine de décès. J'ai en tête des histoires avec le paracétamol, mais on est bien loin des décès dont parle l'article, décès qui sont bien souvent causés par les caractéristiques des opiacés/opioïdes eux mêmes, c'est à dire entre autre dépression respiratoire en cas de surdosage ou d'association avec d'autres prods (comme l'alcool). D'autre part il y a eu pas mal de mort vers des gens qui ont substitué leur opiacé/opioïde habituel par un opioïde (du marché gris) plus puissant et qui ne se dose pas pareil. Ça reste cette classe de molécule qui est en cause, et je ne crois pas que c'est en entretenant une dépendance chez des millions de gens dans un intérêt économique qu'on va améliorer les choses.