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Les Opioïdes première cause de mortalité.

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Xochipilli94
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Coucou xochipilli94,

Les opioïdes sont très utilisés en médecine et force est de reconnaître que de nombreuses personnes qui s en voient prescrire, ont beaucoup de problèmes pour arrêter, voire n y arrivent pas.

Ceci questionne la notion même de médicaments ou plutôt les précautions qui en entourent l utilisation.
Tout médicament est poison et tout poison est médicament (Paracelse ? Largement repris par Claude Bernard au 19e) alors il conviendrait de revoir nos définitions ainsi que notre médecine d attaque.
 
Dans cet article ils disent que la prohibition de la codéine aide à réduire le nombre de décès liés aux opioides mais ça semble plutôt l'inverse. Les gens ont tendance à se fournir sur le marché illégal avec des produits coupés/de mauvaise qualité et c'est ça qui provoque des décès.
 
R2d2 a dit:
Coucou xochipilli94,

Les opioïdes sont très utilisés en médecine et force est de reconnaître que de nombreuses personnes qui s en voient prescrire, ont beaucoup de problèmes pour arrêter, voire n y arrivent pas.

Ceci questionne la notion même de médicaments ou plutôt les précautions qui en entourent l utilisation.
Tout médicament est poison et tout poison est médicament (Paracelse ? Largement repris par Claude Bernard au 19e) alors il conviendrait de revoir nos définitions ainsi que notre médecine d attaque.

Salut, salut, je voulais pas lancer le débat d'entrée de jeu, merci de m'en avoir donner l'occasion.
Effectivement la maxime de Paracelse est très éclairante sur le sujet. Si je peux poursuivre sur ce scientifique que je connais bien, il ajoute également que seul la dose détermine ce qui est un poison et ce qui ne l'est pas. Il n'a pas été jusqu'à développé à ma connaissance l'idée de "posologie" et pourtant elle est essentielle pour bon nombre de médicament. En effet, si je prends l'exemple des antidépresseurs (qui pose tant de problème en France), l'ANSM a mis en garde maintes et maintes fois que les traitements ne devaient pas durer au delà des environs de 4 mois. Pour la simple et bonne raison qu'à partir du moment où on passe d'une prescription temporaire à une prescription quasi-chronique, le patient fait reposer de manière chronique son équilibre chimique sur l’efficacité de ces molécules, efficacité qui s'étiole souvent avec le temps.
Or la dépression c'est quelque chose qui ne se soigne pas qu'avec des médicaments, et c'est là où Paracelse et sa iatrochimie (qui a façonné notre médecine moderne) trouvent leurs limites. En effet de même qu'un processus psychique et mental peut dégrader l'état d'un patient, un même genre de processus peut aussi l'améliorer. De fait il est important de travailler sur l'aspect psychique des pathologies, qui tiennent une place prépondérante dans les dépressions et les douleurs chroniques.

D'autre part, outre l'aspect psychologique, il existe aussi des techniques et des exercices physiques qui permettent d'améliorer l'état d'un patient. C'est particulièrement indiqué pour les douleurs (chroniques comme non chroniques) et pourtant ces indications (certes peu présente en France et encore moins aux USA) ne sont pas suffisamment suivies.
Enfin, là je vais rentrer dans le cœur du problème. En France on a la chance d'avoir un système de sécurité maladie qui pour les pathologies graves ne regardent pas trop son portefeuille. (Après il peut y avoir des problèmes en amont, formation des médecins, dispositifs médicaux, etc mais globalement ça va). Tandis que dans bien d'autres pays du monde, une grosse opération, surtout si elle n'est pas vitale, ce que considère souvent les assurances privées. Or en France, depuis que cette innovation existe (c'est à dire il y a seulement quelques années), on pose des implants électroniques qui vont stopper ou rétablir des signaux dans la moelle épinière.

Ce traitement a beaucoup de succès pour ceux qui souffrent de douleurs chroniques comme celles causées par un accident grave, un cancer etc. Moins pour ceux qui souffrent de douleurs neuropathiques. En clair, ce traitement, bien que lourd et invasif, est bien plus efficace sur les même patients que les opiacées/opioïdes solutionnent pour quelques mois. Vous imaginez bien qu'en France, vu que quoi qu'il arrive, c'est la sécu qui paye, elle préfère mettre un plus gros budget d'un coup et faire retourner quelqu'un au travail, alors qu'aux states, vu que la plupart des gens ne pourront pas se payer d'opération, on va profiter du fait qu'ils soient addict pour remplir les poches des labos pharmaceutiques.

Donc, pour résumer je pense que les opioïdes sont très utiles, lors d’hospitalisation, d'opération, ou de douleurs temporaires. A partir du moment où passe à un stade chronique ça commence à être la merde.

snap2 a dit:
Dans cet article ils disent que la prohibition de la codéine aide à réduire le nombre de décès liés aux opioides mais ça semble plutôt l'inverse. Les gens ont tendance à se fournir sur le marché illégal avec des produits coupés/de mauvaise qualité et c'est ça qui provoque des décès.

C'est pas tout à fait ce qui est dit dans l'article. Dans l'article ils disent juste qu'en France la situation est moins dramatique car tout opiacé/opioïde est uniquement sur ordonnance (et depuis peu pour la codéine), et le système d'ordonnance en France est très encadré. Ce que l'article ne dit pas c'est qu'il existe beaucoup de médecins aux États-Unis qui en échange des quelques dollars d'une consultation sont prêts à faire des ordonnances de n'importe quoi à n'importe qui (et ils n'auront jamais de problème puisque les patients doivent signer des décharges).

Par contre là où je ne suis pas d'accord c'est en ce qui concerne les produits de coupe, je n'ai jamais entendu d'histoire qui concerne de produit coupés/de mauvaise qualité comme tu dis qui sont à l'origine de décès. J'ai en tête des histoires avec le paracétamol, mais on est bien loin des décès dont parle l'article, décès qui sont bien souvent causés par les caractéristiques des opiacés/opioïdes eux mêmes, c'est à dire entre autre dépression respiratoire en cas de surdosage ou d'association avec d'autres prods (comme l'alcool). D'autre part il y a eu pas mal de mort vers des gens qui ont substitué leur opiacé/opioïde habituel par un opioïde (du marché gris) plus puissant et qui ne se dose pas pareil. Ça reste cette classe de molécule qui est en cause, et je ne crois pas que c'est en entretenant une dépendance chez des millions de gens dans un intérêt économique qu'on va améliorer les choses.
 
Je pense qu'ils parlent du fentanyl et ses dérivés plus que du codoliprane.

Et la diff, c'est qu'il est super facil de faire une dépression respiratoire, même après en avoir seulement sniffé.

Alors une autre roa plus potente...

Et l'on s'en sert actuellement pour couper l'heroïne.

Ca rend l'heroïne bien plus puissante, on peut faire une overdose juste en la sniffant. Et puis ca augmente l'accoutumance et le délais de fixage n'est pas le même, on passe a 2-3h max entre chaque fix.

Donc tout bénef pour les revendeurs qui en amerique du nord à présent se mettent à vendre la fentanyl toute seule, l'hero ayant été remplacée par la fentanyl, plus addictive encore.

Et comme on peut toujours faire mieux, on a détourné le carfentanyl, 100x plus potent que le fentanyl et plus facile encore à se procurer.
 
Dans les produits de coupe je sous-entendais le fenta (qui n'est pas un "produit de coupe" en soi mais qu'on retrouve dans beaucoup de soi-disantes héroïnes).
Je vois la situation comme ça:
D'un côté la codéine qui ne provoque pas d'OD si pas mélangée, en plus le produit est pur (mis à part les excipients). Rien qui ne met le consommateur en danger.

De l'autre côté les opioides de synthèse qu'on retrouve dans l'héro ou autre et qui provoque des morts à cause du dosage inconnu et du prod inconnu contenu dans le soi-disant opi vendu. Le genre de mixture qui peut buter un usager.

Donc j'ai pas l'impression que la codé soit l'origine de tout ces soucis. Si on avait laissé la codé en vente libre il y aurait beaucoup moins d'usagers qui se seraient tournés vers le fenta ou les opis de rue (qui peuvent probablement contenir des opioides de synthèse).
 
snap2 a dit:
Dans les produits de coupe je sous-entendais le fenta (qui n'est pas un "produit de coupe" en soi mais qu'on retrouve dans beaucoup de soi-disantes héroïnes).
Je vois la situation comme ça:
D'un côté la codéine qui ne provoque pas d'OD si pas mélangée, en plus le produit est pur (mis à part les excipients). Rien qui ne met le consommateur en danger.

De l'autre côté les opioides de synthèse qu'on retrouve dans l'héro ou autre et qui provoque des morts à cause du dosage inconnu et du prod inconnu contenu dans le soi-disant opi vendu. Le genre de mixture qui peut buter un usager.

Donc j'ai pas l'impression que la codé soit l'origine de tout ces soucis. Si on avait laissé la codé en vente libre il y aurait beaucoup moins d'usagers qui se seraient tournés vers le fenta ou les opis de rue (qui peuvent probablement contenir des opioides de synthèse).

Le fenta c'est bien plus un problème en Amérique qu'en Europe, et là bas c'est pas un produit de coupe, c'est le produit en lui même. Donc c'est ce que je disais, le problème c'est les opiacés/opioïdes eux-même.

Ensuite pour la codé en Europe, à ma connaissance il y a pas masse d'usagers qui se sont tourner vers le fenta. De plus les usagers de codéine ne sont pas les mêmes que les usagers de drogue de rues, je crois que c'est faire un très gros simplisme que d'expliquer qu'il y a beaucoup d'usager qui se sont tournés vers le fenta ou les opis de rue.

Pour finir sur le sujet et retourner vers sur celui de l'article d'origine. Un opiacé/opioïde, si on ne respecte pas la posologie dont je parlais et qu'on bascule sur un usage abusif et chronique, ça peut engager beaucoup de souffrance. L'addiction c'est une chose, et c'est pas parce qu'un produit présente peu de risque par lui même qu'il est pas dangereux pour autant. L'alcool ou le paracétamol ne sont pas plus en cause, d'autant plus que le produit en lui même peut être dangereux pour quelqu'un qui souffre de certaines prédispositions médicales. Or c'est précisément quelques chose de difficile à gérer quand un produit est en vente libre, tout comme la gestion de l'addiction.
 
Bon, du coup j'en profite pour lancer un débat plus vaste (et médicalement pertinent si on y réfléchie).

Est ce que la consommation d'opiacés est le seul problème aux Etats Unis de la state de l' America ? On peut voir le nombre de mort, si on attache de l'importance à une sorte d'empathie sanitaire.

Je veux dire, même si les problèmes débutent par une thérapie de la douleur, au final la réel consommation chronique vient d'ailleurs. Problème de pauvreté, quand la vie n'a rien à proposer, quand le lien social disparaît, quand les travaux deviennent de plus en plus aliénants, que reste-il à proposer aux corps. Quand le comportement est encouragé même par la culture.

Quand on y réfléchit les opiacés sont un palliatifs confortable aux souffrances profondes de cette génération : le nihilisme, la dépression, la perte de sens, une liberté à double tranchant, la consommation comme seul vectrice de bonheur ou de vision à long terme.

L'oubli progressif du corps et le laisser aller totale au main des médecins et une suite logique de l’état de l’Amérique. C'est la ou les rêves finissent. Les années 70 c'était bien beau, mais maintenant il reste juste une génération de paumés.
Et quand les médecins sont dans le même cas, le laisser aller est absolu. Pour contrer un problème il faut une répression ou une prévention, ou une suppression totale. Mais si le prescripteur se trouve dans la même brouillard nihilisto-consumériste que son patient...

Soit on aide les gens, soit on s'aide soit même. Prétendre faire les 2, c'est de la morale hypocrite. Donc mise en place d'aides sociales comme en France, et sanctions sévères pour les médecins.

Après le souci c'est que les Américains sont bien trop attachés à leurs valeurs républicaines pour réfléchir à cela. Mais c'est un problème plus général. Les valeurs empêchent en dernière instance un jugement définitif et actif. Elles encouragent les discussions stériles et les actions sociales, qui certes sont utiles, mais oh combien inefficaces sur un territoire aussi large, pour un problème aussi important.

Si le continent n'était pas gangrené par les problèmes raciaux, le communautarisme, les politiques corrompus, la misère sociale. Au finale les victimes sont toujours les prolétaires de dernière main, à qui ont à rien de mieux à proposer que l'argent du confort ou la défonce qui rassure.

Le problème éminemment politique n'est pas la consommation de drogue, c'est les pénuries qui la déclenche. Les humains se sont toujours défoncés et ça ne changera pas. Mais la les proportions sont équivalentes à l'état du secteur sociale ou même agro-alimentaire : industrielles.
 
Mr Sandman a dit:
Bon, du coup j'en profite pour lancer un débat plus vaste (et médicalement pertinent si on y réfléchie).

Est ce que la consommation d'opiacés est le seul problème aux Etats Unis de la state de l' America ? On peut voir le nombre de mort, si on attache de l'importance à une sorte d'empathie sanitaire.

Je veux dire, même si les problèmes débutent par une thérapie de la douleur, au final la réel consommation chronique vient d'ailleurs. Problème de pauvreté, quand la vie n'a rien à proposer, quand le lien social disparaît, quand les travaux deviennent de plus en plus aliénants, que reste-il à proposer aux corps. Quand le comportement est encouragé même par la culture.

Quand on y réfléchit les opiacés sont un palliatifs confortable aux souffrances profondes de cette génération : le nihilisme, la dépression, la perte de sens, une liberté à double tranchant, la consommation comme seul vectrice de bonheur ou de vision à long terme.

L'oubli progressif du corps et le laisser aller totale au main des médecins et une suite logique de l’état de l’Amérique. C'est la ou les rêves finissent. Les années 70 c'était bien beau, mais maintenant il reste juste une génération de paumés.
Et quand les médecins sont dans le même cas, le laisser aller est absolu. Pour contrer un problème il faut une répression ou une prévention, ou une suppression totale. Mais si le prescripteur se trouve dans la même brouillard nihilisto-consumériste que son patient...

Soit on aide les gens, soit on s'aide soit même. Prétendre faire les 2, c'est de la morale hypocrite. Donc mise en place d'aides sociales comme en France, et sanctions sévères pour les médecins.

Après le souci c'est que les Américains sont bien trop attachés à leurs valeurs républicaines pour réfléchir à cela. Mais c'est un problème plus général. Les valeurs empêchent en dernière instance un jugement définitif et actif. Elles encouragent les discussions stériles et les actions sociales, qui certes sont utiles, mais oh combien inefficaces sur un territoire aussi large, pour un problème aussi important.

Si le continent n'était pas gangrené par les problèmes raciaux, le communautarisme, les politiques corrompus, la misère sociale. Au finale les victimes sont toujours les prolétaires de dernière main, à qui ont à rien de mieux à proposer que l'argent du confort ou la défonce qui rassure.

Le problème éminemment politique n'est pas la consommation de drogue, c'est les pénuries qui la déclenche. Les humains se sont toujours défoncés et ça ne changera pas. Mais la les proportions sont équivalentes à l'état du secteur sociale ou même agro-alimentaire : industrielles.

Je souscris tout à fait au problème que tu pointes du doigt, d'ailleurs lorsque j'ai cité le problème des anti-dépresseurs (qui est un peu plus présent en France que celui des opiacés) c'était dans cette optique. Evidémment que si le monde allait mieux, la situation ne serait pas aussi catastrophique. La particularité du problème des opiacés aux USA c'est qu'auparavant il était davantage un problème d'homme blanc de classe moyenne, or aujourd'hui c'est un problème qui touche tout les états et toutes les catégories sociales. Il y a eu d'une part la promotion de la part des industriels du secteur par la publicité auprès des médecins ET du grand public, et même depuis une dizaine d'années avec toutes les effets de mode stupide qu'il y a autour du Lean par exemple. Le phénomène s'élargit d'année en année, et n'est pas aussi socialement identifié que l'a été le problème du crack ou celui de la cocaine chlorhydrate il y a quelques années (toujours aux USA).

De plus, là on parle vraiment d'un problème de santé, il est vrai que la manière dont on peut résister à une addiction est lié à notre psychisme, lui même façonné par notre environnement. Cependant, l'addition en elle même, elle trahi nos mécanismes biologiques, mécanismes qui ne voient pas la différence de prix de la montre que porte le sujet. Ça touche tout le monde, et à partir du moment où il y a un élan médical et scientifique, encouragé comme toujours par les industriels du secteur, ça créer une situation désastreuse pour tout le monde. Donc bien évidemment que si on changeait notre rapport à la douleur et au monde on solutionnerait le problème, mais au delà de ça, ce sont des médecins qui sont responsables dans la majorité des cas.

Je t'invite à lire l'introduction de cet article que j'avais filer à mon père il y a quelques temps parce qu'il est concerné, le petit rappel historique est plutôt édifiant:

Jusqu’à la fin du siècle passé, la crainte d’un effet dépresseur des opiacés sur le système respiratoire retenait souvent les médecins de les prescrire à leurs patients algiques. Durant la dernière décennie, nous avons toutefois assisté à un changement drastique de la prise en charge de la douleur avec une utilisation plus large des opiacés suite à un document de consensus de l’« American academy of pain medicine and the American pain society » publié en 1997:

« Il est maintenant communément admis par les spécialistes de la douleur que la dépression respiratoire induite par les opiacés est un phénomène de courte durée survenant essentiellement en début de traitement et qui est atténué par les douleurs elles-mêmes. Il est donc injustifié de restreindre ce type de traitement chez les patients présentant des douleurs par crainte de leur effet sur le système respiratoire. »

Le but de ce consensus était de stimuler le corps médical à mieux contrôler les douleurs de leurs patients en le rassurant sur les faibles effets des opiacés sur le système respiratoire. Une telle démarche était certainement justifiée et nécessaire, mais on peut être surpris par la faiblesse des connaissances scientifiques sur lesquelles ces arguments reposent. En effet, on ne trouve dans la littérature que très peu d’études, souvent de mauvaise qualité, sur les effets des opiacés prescrits dans un but antalgique sur le système respiratoire.

Par ailleurs, l’effet des opiacés sur la respiration nocturne n’était pas du tout évoqué dans ces documents, car très peu connu en 1997. Il s’agit toutefois d’un problème de plus en plus important vu l’augmentation de la prescription d’opiacés dans un but antalgique ou substitutif, comme la méthadone par exemple (figure 1). Le but de cette revue est donc de faire le point sur l’effet des opiacés sur les troubles respiratoires nocturnes, la prévalence de ceux-ci et les traitements qui peuvent être utilisés pour les contrecarrer.
source: https://www.revmed.ch/RMS/2009/RMS-226/Opiaces-et-troubles-respiratoires-nocturnes

A corréler avec l'historique que dresse Wikipédia :

L'utilisation d'opiacés comme la morphine remonte au XIXe siècle aux États-Unis, notamment pendant la guerre de Sécession, afin d'atténuer la douleur. Devant son efficacité, la morphine est prescrite pour une grande variété de douleurs, même mineures. Bayer commercialise de l'héroïne à partir de 1898. Cependant, à partir des années 1920, l'addiction à ces médicaments est connue, et les médecins refusent la prescription d'opiacés. L'héroïne est interdite de fabrication, vente et importation en 1924.

Dans les années 1950, l'addiction à l'héroïne est associée aux musiciens de jazz, mais ne touche pas les Américains moyens. Dans les années 1960 et 1970, les morts par surdose de Janis Joplin, John Belushi, Jim Morrison ou Lenny Bruce font connaître l'addiction au grand public. De retour de la guerre du Viêt Nam, 10 à 15 % des soldats présentaient une addiction à l'héroïne selon un rapport de 1971, en parallèle d'une utilisation croissante dans les logements pour personnes à faible revenu. En 1973, on comptait 1,5 mort par surdose de drogue sur 100 000 personnes.

Des médicaments comme le Vicodin ou l'Oxycodone sortent dans les années 1970, mais il faut attendre les années 1980 pour qu'ils soient prescrits par les médecins, qui se méfient de leur nature addictive. Dans la deuxième moitié des années 1980, avec l'utilisation croissante du crack, le problème arrive sur le terrain politique et George H. W. Bush déclenche la War on Drugs en 1989.

En 1995, l'OxyContin de Purdue Pharma arrive sur le marché et est proposé non seulement aux douleurs sévères, comme celles liées au cancer, mais également à un panel plus large de douleurs. C'est vers cette époque que les prescriptions pour des antidouleurs opioïdes augmentent fortement. Purdue utilise la renommée de certains scientifiques pour faire croire à la faible dangerosité du produit et en menant une campagne commerciale agressive (vidéos, brochures, visiteurs médicaux).

En 2017, le président Donald Trump déclare l'état d'urgence sanitaire, alors que près de 65 000 personnes en sont mortes l'année précédente. Ce chiffre est très supérieur à celui des décès causés par les armes à feu (38 000).


PS: Lorsque tu parles d'action contre les médecins aux USA, vu qu'il est impossible de voir un système centralisé de sécurité sociale à la Française débarquer là bas, il y a en revanche une solution qui a marché. Une association a décidé d'envoyer un courrier à des médecins à chaque fois qu'un de leur patient mourrait d'une overdose d'opiacé/opioïde, je retrouves plus l'article mais en gros ça avait fait baisser les prescriptions de 10% chez ces médecins.
 
Xochipilli94 a dit:
Salut, salut, je voulais pas lancer le débat d'entrée de jeu, merci de m'en avoir donner l'occasion.
Effectivement la maxime de Paracelse est très éclairante sur le sujet. Si je peux poursuivre sur ce scientifique que je connais bien, il ajoute également que seul la dose détermine ce qui est un poison et ce qui ne l'est pas. Il n'a pas été jusqu'à développé à ma connaissance l'idée de "posologie" et pourtant elle est essentielle pour bon nombre de médicament. En effet, si je prends l'exemple des antidépresseurs (qui pose tant de problème en France), l'ANSM a mis en garde maintes et maintes fois que les traitements ne devaient pas durer au delà des environs de 4 mois. Pour la simple et bonne raison qu'à partir du moment où on passe d'une prescription temporaire à une prescription quasi-chronique, le patient fait reposer de manière chronique son équilibre chimique sur l’efficacité de ces molécules, efficacité qui s'étiole souvent avec le temps.
Or la dépression c'est quelque chose qui ne se soigne pas qu'avec des médicaments, et c'est là où Paracelse et sa iatrochimie (qui a façonné notre médecine moderne) trouvent leurs limites. En effet de même qu'un processus psychique et mental peut dégrader l'état d'un patient, un même genre de processus peut aussi l'améliorer. De fait il est important de travailler sur l'aspect psychique des pathologies, qui tiennent une place prépondérante dans les dépressions et les douleurs chroniques.

D'autre part, outre l'aspect psychologique, il existe aussi des techniques et des exercices physiques qui permettent d'améliorer l'état d'un patient. C'est particulièrement indiqué pour les douleurs (chroniques comme non chroniques) et pourtant ces indications (certes peu présente en France et encore moins aux USA) ne sont pas suffisamment suivies.
Enfin, là je vais rentrer dans le cœur du problème. En France on a la chance d'avoir un système de sécurité maladie qui pour les pathologies graves ne regardent pas trop son portefeuille. (Après il peut y avoir des problèmes en amont, formation des médecins, dispositifs médicaux, etc mais globalement ça va). Tandis que dans bien d'autres pays du monde, une grosse opération, surtout si elle n'est pas vitale, ce que considère souvent les assurances privées. Or en France, depuis que cette innovation existe (c'est à dire il y a seulement quelques années), on pose des implants électroniques qui vont stopper ou rétablir des signaux dans la moelle épinière.

Ce traitement a beaucoup de succès pour ceux qui souffrent de douleurs chroniques comme celles causées par un accident grave, un cancer etc. Moins pour ceux qui souffrent de douleurs neuropathiques. En clair, ce traitement, bien que lourd et invasif, est bien plus efficace sur les même patients que les opiacées/opioïdes solutionnent pour quelques mois. Vous imaginez bien qu'en France, vu que quoi qu'il arrive, c'est la sécu qui paye, elle préfère mettre un plus gros budget d'un coup et faire retourner quelqu'un au travail, alors qu'aux states, vu que la plupart des gens ne pourront pas se payer d'opération, on va profiter du fait qu'ils soient addict pour remplir les poches des labos pharmaceutiques.

Donc, pour résumer je pense que les opioïdes sont très utiles, lors d’hospitalisation, d'opération, ou de douleurs temporaires. A partir du moment où passe à un stade chronique ça commence à être la merde.

Coucou Xochipilli94,

La notion de posologie est à la fois ancienne, on trouve dans la médecine hippocratiques des notions qui en relèvent et moderne puisqu'elle est clairement enoncée dans la médecine expérimentale de claude Bernard. Ce dernier ayant à travaillé le concept de scalpel physiologique lors de ses expérimentations avec le curare. Il s'agit dès lors pour lui de différencier les doses mortelles des doses qui permettent de désolidariser les différentes fonctions nerveuses.
Dans le même ordre d'idée, il travaille avec la strychnine. Au niveau de l'organisme, il conceptualise une médecine quantitative et différencie les "doses" ou quantités de substances naturelles bonnes pour le sujet, pathologiques et/ou letales.
A la même période, Pyrogoff en Russie travaille sur les substances anesthésiantes pour trouver les dosages qui permettent d'endormir avant une opération et/ou d'atténuer les douleurs.

L'occident est profondément marqué par cette médecine quantitative où on prescrit pour le corps sans toujours se soucier du contexte psychologique.
Je ne peux qu'être d'accord avec toi sur la nécessité de développer des approches psychothérapeutiques, l'exercice physique parallèlement à la pharmacologie.

Dans le domaine de la psychiatrie, les neuroleptiques dans les années 50 (Laborit etc) ont révolutionné la prise en charge la maladie mentale (fin relative des électrochocs, de l'insulinothérapie, de la malarothérapie etc) mais ont également renforcé des soins quantitatifs plus que qualitatifs.  Alors oui " il est important de travailler sur l'aspect psychique des pathologies, qui tiennent une place prépondérante dans les dépressions et les douleurs chroniques."

De même, je n'ai encore jamais soulevé la question mais que pense le monde de l'addictologie de l'application, encore rare mais quand même, de la stimulation cérébrale profonde sur les cas d'addiction aux drogues les plus graves? Pratiquée en France à Saint Anne, elle concerne un nombre restreint de patients mais soulève néanmoins de nombreuses questions éthiques, morales et anthropophilosophiques.

https://addictohug.ch/wp-content/up...d-impulsivity-be-the-therapeutic-target-1.pdf
 
Je plussoie totalement ton message, après quand je parlais de posologie, je voulais surtout mettre l'accent sur la durée du traitement, après j'ai peut-être pas employé le bon mot, mais ce dont tu parles j'ai plus le sentiment que ça se rapproche du "dosage". Ce qui à mon sens à échapper en grande partie à nos anciens ce sont les notions d'addictions et de tolérance, qui découlent naturellement de la posologie. C'est que depuis quelques siècle que le corps médical (et même intellectuel, avec "L’assommoir") a intégré l'idée de ces processus de toxicité latente, d'addiction, de tolérance, etc.
Cependant je constate que ce qui fut un temps sévèrement réprimé, se normalise aujourd'hui, au vu des multiples sources d'addiction et de toxicité auxquels nous sommes désormais confrontés (et qui sorte du cadre de la médicamentation).
 
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