TheScarecrow
Glandeuse Pinéale
- Inscrit
- 8/8/12
- Messages
- 216
Dose: Entre 22 et 25 milligrammes de Psylocybine pure.
Set&Setting: Un bel après-midi d'été, dans l'appartement Parisien d'une amie artiste: Lumineux, des tableaux et photos accrochées au mur, de la musique, des instruments. Avec mon pote de trip (mais pas que.) Valerian, et sa petite amie, Anastasia. De la très bonne herbe, également.
Le T.R:
J'en avais envie, de cette petite expérience psyché. Ma dernière prise de Psylo avait été un peu trop bordélique pour que je puisse en tirer autre chose qu'un peu de Fun en festival. Du bon fun, certes, mais pas ce que je recherchais dans les psychédéliques. Je voulais tâter de la fractale, explorer mon inconscient, et ouvrir enfin d'une manière normale ces foutues "portes de la perception" que j'avais soit entrevues, soit passé trop fort pour en profiter. Je voulais écouter de la musique, bref, profiter, et enlever le petit goût d'inachevé de la dernière fois.
Après une bonne nuit de sommeil suite à une fête qui a perduré jusque tard dans la nuit, nous nous réveillons à 15heures de l'après midi. Le programme de la journée était de gober vers 17heures 30, puis de sortir se promener un peu si tout se passait bien.
Nous prenons un petit déjeuner assez léger, et l'ambiance du début d'après midi est assez silencieuse. Je sais qu'Anastasia a toujours une petite angoisse pré-prise de drogues: La peur du bad, du bodyload ...
A 17h30, les paras de Psylo sont prêts (et préparés sur un vinyle de Pat Metheny.) et nous avalons la dose.
Pour ne pas avoir l'attente de la montée, nous décidons de vaquer à nos occupations: Valérian et moi jouons de la musique, Anastasia fait un peu de rangement sur son bureau.
Vers 18heures, les premières bouffées de chaleur se font sentir. Je me retourne vers Valérian, il se retourne vers moi en même temps. Je n'aime pas les moments ou, pendant une prise de drogue en société, certains montent et les autres attendent: et bien ce jour là nous étions tous les trois montés en même temps.
Vient le premier petit plateau, celui de l'euphorie: Nous avons les sourires scotchés au visage, nous rions en nous regardant, l'impression d'être submergé par un immense bonheur. Nous posons nos instruments, et nous commençons à triper gentiment dans l'appartement.
Je sens les effets monter petit à petit, je commence à devenir assez actif. Je ne suis pas speedé, mais je dois bouger, donc je marche un peu, je danse sur la musique qui passe. Je parle un peu des effets qu'on ressent avec Valérian, qui n'avait jamais vraiment expérimenté.
A un moment, je me retourne vers la fenêtre. L'appartement d'Anastasia a une vue magnifique sur Paris, et la je me prend la force d'un soleil éclatant, d'une poussé mentale, juste au début de ce morceau:
[video=youtube;G3K3NZhT30I]
La claque. Les visuels commencent, le monde se déforme. Je vois les fameux motifs lumineux prendre possession de la moindre parcelle de mur, de la moindre dalle du sol.
Les mouvements restent en suspension, comme si le temps était ralenti. J'ai l'habitude de filmer ce genre de moments avec une webcam, pour en garder un souvenir, et quand je passe devant l'écran de mon P.C, celui ci est en VRAC. Les textes double, les couleurs cartoon.
Anastasia est assise sur une chaise, elle regarde les toits de Paris. Valérian m'invite à regarder avec lui certaines images qu'il garde pour ce genre de moments: Fractales, images WTF...
L'une d'elles est un dessin de corps humain traversé de rues, avec des batiments ... Comme une ville vue du ciel qui a la forme d'un corps.
Elle me fascine, je vois des tas de petits habitants se déplacer dedans, des voitures, des bus. Je profite de quelques visuels yeux fermés.
Valérian me dit "c'est exactement comme tu l'avais dit. Ma main laisse des marques dans le ciel, tout reste dans l'oeil.
- ... Je suis sur que je peux me voir fermer les yeux dans un miroir.
- ... Mais non, abruti, c'est impossible.
-Mais allez, je suis sur que si."
Il s'éloigne en direction de la salle de bain.
"... Je vais essayer."
IL ressort de la salle de bain deux minutes plus tard, sourire aux lèvres. Il a pas réussi, mais il a du kiffer la salle de bains quand meme. Je le comprends, en rentrant dedans. Elle est plutôt grande, apaisante, propice au trip Light, au trip sans problème, au trip sans l'ombre d'un bad qui pointe le bout de son nez. Un trip sans bodyload.
D'ailleurs ce serait plutôt Bodylight. Je n'ai même pas l'impression de marcher, je ne sens pas mes jambes. Je me déplace agilement, je danse même, et celà ne m'arrive jamais. Chaque morceau me pénètre de part en part, j'en sens chaque variation, chaque Beat, chaque évolution, chaque changement d'ambiance me transporte. C'est comme si l'intention première de chaque morceau me revenait en pleine face.
La bande son de cet après midi sera très variée, d'ailleurs. On passe de Radiohead à Conan Mockassin, en passant par Kavinsky, Pink Floyd, Gorillaz, et même les morceaux sombres sont propices au bon trip. Je ne m'en suis apercu qu'après, mais le morceau Recurring, de Bonobo, m'aura un peu guidé tout du long. Je l'ai écouté en montée, il est passé pendant le plateau, je l'ai écouté allongé sur un canapé, casque sur les oreilles, et ... Bon sang, je connais ce morceau depuis 4 ans. Je l'ai écouté un milliers de fois, je me suis endormi avec ce morceau, j'ai marché dans la rue avec ce morceau, et je crois même avoir fait l'amour sur ce morceau.
Mais aucune de ses écoutes n'a été aussi intense que celle là. J'y entendais des instruments que je n'avais même pas remarqué. Je l'ai redécouvert, je me suis perdu dedans, j'ai fermé les yeux et c'était comme un nouveau morceau.
Niveau mental, c'était aussi plutôt ... Drôle.
Mes perceptions étaient explosées. Pas dans le mauvais sens, non, je les sentais vraiment explosées. L'impression d'être dans un coin de la pièce alors que je suis dans un autre. La perception du temps était aussi tellement ... étrange. J'entendais la musique, à une vitesse normale, mais malgré ça le temps s'était allongé. D'une façon terriblement agréable. Au bout d'une heure, je me disais "Ben mon vieux. Encore à peu près 5heures comme ça, tu vas t'amuser."
"C'est un peu la drogue des angles.", me dit Valérian. Ce sera son idée tout le trip; tout, que ce soit dans les visuels ou les pensées chez lui sera anguleux. Nouveau point de vue sur les choses: nouvel angle d'approche.
"Au fond, peu importe l'idée que tu défends. Tout dépend de l'angle sous lequel tu l'énonces.
-Le Nazisme. Une autre approche du Management."
Le trip est sérieux, conceptuel, mais on arrive à y placer de l'humour de temps en temps, et c'est génial.
Il y'avait beaucoup de miroirs dans cet appartement, et plusieurs fois nous nous amusions à nous regarder non pas en face, mais dans les miroirs. D'un autre angle, somme toute. D'ailleurs je peux pas regarder les miroirs très longtemps, ma face y devient si déformée que ça me fait rire.
A un moment, je mets un t shirt: les sensations tactiles sont fortes, ça m'étonne. Parfois j'aurai l'impression que quelque chose coule sur mon visage, alors que non. Quand je touche ma peau, j'en sens toutes les aspérités.
Dans ma tête, tout est divisé. Tout est à plusieurs niveaux.
Mes perceptions, par exemple.
Il y'a mes perceptions simples, mes 5 sens. Ceux là ne sont pas en état de marche. Enfin si, mais tellement explosés que plutôt que d'être un outil pour interpréter mon environnement, ils en deviennent un jeu.
Le regard détourné de son sens premier: Ce qui est sensé me dire ce qui "existe" dans la réalité, et qui est le sens le plus utilisé je pense devient un filtre qui déforme tout ce que je vois.
Il y'a ce que sur le moment j'appelais "la pensée de fond". C'était le bruit sans fin dans ma tête. C'était toutes ces choses que mon cerveau essayait d'analyser, mais qui étaient sans intérêt. Le bruit de fond, il est là mais on y fait pas gaffe. Les boucles de pensées stupides: "J'ai l'air fou. Oui mais c'est parce que j'ai pris de la drogue. Pourquoi ai je pris de la drogue ? Parce que je suis fou. D'ailleurs ... J'ai l'air fou."
Et il y'a la réflexion: celle qui s'articule. Je vois un objet, je l'analyse, j'essaie de le comprendre. Autant la "pensée de fond" allait extrêmement vite dans ma tête, autant la réflexion était longue, éthérée. Mais construite.
Et enfin, après les sens corporels, et les pensées, il y'a l'être social, qui veut être le reflet de sa psyché, mais qui ne l'est jamais. Celui qui interagit, qui veut montrer par le langage articulé et gestuel le fond de sa pensée, mais qui ne le peut pas.
Le langage est beaucoup trop faible.
J'ai même eu une gentille phase d'introspection: pas le grobadkifémal, mais plutôt une phase ou j'étais assis, en train de fumer une cigarette, et de réfléchir à mon rôle social. A ma place parmi les miens.
Socialement, ce trip était assez étrange ... Quand j'interragissais, je me sentais de trop comme si je m'imiscais dans le trip des autres.
Quand je n'interagissais pas, j'avais l'impression d'être un poids pour les autres, de ne pas être un bon "compagnon de trip".
Je concevais la pièce en forces positives et négatives. Parfois Valérian ou Anastasia me semblaient hostiles et je ne les approchais pas. Parfois ils étaient tellement rayonnants de "good vibes" que la simple pensée d'être ami avec eux me remplissait de joie.
Au début, j'ai dit que le programme de la journée incluait de sortir. Vous avez vraiment cru qu'on le ferait ? On était tellement bien.
Nous avons fumé quelques joints (fumer était merveilleux, la fumée me nourissait presque), même si les rouler ... C'était une autre histoire. (Oui oui, la classique recherche de feuilles pendant une demie heure alors qu'elles sont simplement posées sur une housse de guitare... Ce qui d'ailleurs donnera la phrase
"Putain, en fait faudrait chercher aux endroits évidents dès le début.
- C'est cool, on est tellement perchés qu'on pense ça révolutionnaire de trouver l'évidence évidente."
Descente super cool. La musique aide, le cannabis également. Nous retournons à nous activités normales vers minuit, et nous nous couchons en découvrant le dernier album d'Archive, ce qui, je dois le dire, était une expérience assez forte: chacun dans notre coin, à savourer l'album personnellement, en sachant que tous les autres l'aimaient aussi.
Ce que je retire de cela ... Set & setting parfaits, déjà. Aucun point noir au tableau. Tout y était.
Depuis ce jour, je n'écoute plus la musique et je n'en joue plus de la même façon. La ou mon jeu de guitare du passé était tourné vers un jeu assez classique, j'experimente de plus en plus. Je fourmille d'idées, et l'envie de faire de la musique devient physique. Quand je joue, je me lâche. J'oublie tout, j'oublie moi, j'oublie que je suis un humain qui joue de la guitare, je laisse à ma technique le soin de porter mon inconscient. La technique que j'ai accumulé en 7 ans devient simplement le vecteur de tout ce qui est en moi. (ce qui, avouons le, devrait être la place première de la technique dans la musique.)
J'ai également changé de point de vue sur moi même. J'avais toujours eu l'impression d'être un "intrus social". La peur que mes potes s'apercoivent un jour que je suis pas aussi génial que ce qu'ils pensaient, et qu'ils me laissent tomber.
C'est parti totalement. Le bonheur partagé d'être avec des amis proches dans une expérience aussi forte m'a fait tilter que quand même, je connais certains amis depuis 4 ou 5 ans, et que depuis le temps, s'ils continuent à me voir, c'est pas par hasard.
Je n'ai plus peur du bad, et désormais vénère la toute puissance du sacro saint Set&Setting.
J'ai trouvé mon type de trip. J'ai trouvé ce que je cherchais, j'ai appris "comment triper."
Set&Setting: Un bel après-midi d'été, dans l'appartement Parisien d'une amie artiste: Lumineux, des tableaux et photos accrochées au mur, de la musique, des instruments. Avec mon pote de trip (mais pas que.) Valerian, et sa petite amie, Anastasia. De la très bonne herbe, également.
Le T.R:
J'en avais envie, de cette petite expérience psyché. Ma dernière prise de Psylo avait été un peu trop bordélique pour que je puisse en tirer autre chose qu'un peu de Fun en festival. Du bon fun, certes, mais pas ce que je recherchais dans les psychédéliques. Je voulais tâter de la fractale, explorer mon inconscient, et ouvrir enfin d'une manière normale ces foutues "portes de la perception" que j'avais soit entrevues, soit passé trop fort pour en profiter. Je voulais écouter de la musique, bref, profiter, et enlever le petit goût d'inachevé de la dernière fois.
Après une bonne nuit de sommeil suite à une fête qui a perduré jusque tard dans la nuit, nous nous réveillons à 15heures de l'après midi. Le programme de la journée était de gober vers 17heures 30, puis de sortir se promener un peu si tout se passait bien.
Nous prenons un petit déjeuner assez léger, et l'ambiance du début d'après midi est assez silencieuse. Je sais qu'Anastasia a toujours une petite angoisse pré-prise de drogues: La peur du bad, du bodyload ...
A 17h30, les paras de Psylo sont prêts (et préparés sur un vinyle de Pat Metheny.) et nous avalons la dose.
Pour ne pas avoir l'attente de la montée, nous décidons de vaquer à nos occupations: Valérian et moi jouons de la musique, Anastasia fait un peu de rangement sur son bureau.
Vers 18heures, les premières bouffées de chaleur se font sentir. Je me retourne vers Valérian, il se retourne vers moi en même temps. Je n'aime pas les moments ou, pendant une prise de drogue en société, certains montent et les autres attendent: et bien ce jour là nous étions tous les trois montés en même temps.
Vient le premier petit plateau, celui de l'euphorie: Nous avons les sourires scotchés au visage, nous rions en nous regardant, l'impression d'être submergé par un immense bonheur. Nous posons nos instruments, et nous commençons à triper gentiment dans l'appartement.
Je sens les effets monter petit à petit, je commence à devenir assez actif. Je ne suis pas speedé, mais je dois bouger, donc je marche un peu, je danse sur la musique qui passe. Je parle un peu des effets qu'on ressent avec Valérian, qui n'avait jamais vraiment expérimenté.
A un moment, je me retourne vers la fenêtre. L'appartement d'Anastasia a une vue magnifique sur Paris, et la je me prend la force d'un soleil éclatant, d'une poussé mentale, juste au début de ce morceau:
[video=youtube;G3K3NZhT30I]
La claque. Les visuels commencent, le monde se déforme. Je vois les fameux motifs lumineux prendre possession de la moindre parcelle de mur, de la moindre dalle du sol.
Les mouvements restent en suspension, comme si le temps était ralenti. J'ai l'habitude de filmer ce genre de moments avec une webcam, pour en garder un souvenir, et quand je passe devant l'écran de mon P.C, celui ci est en VRAC. Les textes double, les couleurs cartoon.
Anastasia est assise sur une chaise, elle regarde les toits de Paris. Valérian m'invite à regarder avec lui certaines images qu'il garde pour ce genre de moments: Fractales, images WTF...
L'une d'elles est un dessin de corps humain traversé de rues, avec des batiments ... Comme une ville vue du ciel qui a la forme d'un corps.
Elle me fascine, je vois des tas de petits habitants se déplacer dedans, des voitures, des bus. Je profite de quelques visuels yeux fermés.
Valérian me dit "c'est exactement comme tu l'avais dit. Ma main laisse des marques dans le ciel, tout reste dans l'oeil.
- ... Je suis sur que je peux me voir fermer les yeux dans un miroir.
- ... Mais non, abruti, c'est impossible.
-Mais allez, je suis sur que si."
Il s'éloigne en direction de la salle de bain.
"... Je vais essayer."
IL ressort de la salle de bain deux minutes plus tard, sourire aux lèvres. Il a pas réussi, mais il a du kiffer la salle de bains quand meme. Je le comprends, en rentrant dedans. Elle est plutôt grande, apaisante, propice au trip Light, au trip sans problème, au trip sans l'ombre d'un bad qui pointe le bout de son nez. Un trip sans bodyload.
D'ailleurs ce serait plutôt Bodylight. Je n'ai même pas l'impression de marcher, je ne sens pas mes jambes. Je me déplace agilement, je danse même, et celà ne m'arrive jamais. Chaque morceau me pénètre de part en part, j'en sens chaque variation, chaque Beat, chaque évolution, chaque changement d'ambiance me transporte. C'est comme si l'intention première de chaque morceau me revenait en pleine face.
La bande son de cet après midi sera très variée, d'ailleurs. On passe de Radiohead à Conan Mockassin, en passant par Kavinsky, Pink Floyd, Gorillaz, et même les morceaux sombres sont propices au bon trip. Je ne m'en suis apercu qu'après, mais le morceau Recurring, de Bonobo, m'aura un peu guidé tout du long. Je l'ai écouté en montée, il est passé pendant le plateau, je l'ai écouté allongé sur un canapé, casque sur les oreilles, et ... Bon sang, je connais ce morceau depuis 4 ans. Je l'ai écouté un milliers de fois, je me suis endormi avec ce morceau, j'ai marché dans la rue avec ce morceau, et je crois même avoir fait l'amour sur ce morceau.
Mais aucune de ses écoutes n'a été aussi intense que celle là. J'y entendais des instruments que je n'avais même pas remarqué. Je l'ai redécouvert, je me suis perdu dedans, j'ai fermé les yeux et c'était comme un nouveau morceau.
Niveau mental, c'était aussi plutôt ... Drôle.
Mes perceptions étaient explosées. Pas dans le mauvais sens, non, je les sentais vraiment explosées. L'impression d'être dans un coin de la pièce alors que je suis dans un autre. La perception du temps était aussi tellement ... étrange. J'entendais la musique, à une vitesse normale, mais malgré ça le temps s'était allongé. D'une façon terriblement agréable. Au bout d'une heure, je me disais "Ben mon vieux. Encore à peu près 5heures comme ça, tu vas t'amuser."
"C'est un peu la drogue des angles.", me dit Valérian. Ce sera son idée tout le trip; tout, que ce soit dans les visuels ou les pensées chez lui sera anguleux. Nouveau point de vue sur les choses: nouvel angle d'approche.
"Au fond, peu importe l'idée que tu défends. Tout dépend de l'angle sous lequel tu l'énonces.
-Le Nazisme. Une autre approche du Management."
Le trip est sérieux, conceptuel, mais on arrive à y placer de l'humour de temps en temps, et c'est génial.
Il y'avait beaucoup de miroirs dans cet appartement, et plusieurs fois nous nous amusions à nous regarder non pas en face, mais dans les miroirs. D'un autre angle, somme toute. D'ailleurs je peux pas regarder les miroirs très longtemps, ma face y devient si déformée que ça me fait rire.
A un moment, je mets un t shirt: les sensations tactiles sont fortes, ça m'étonne. Parfois j'aurai l'impression que quelque chose coule sur mon visage, alors que non. Quand je touche ma peau, j'en sens toutes les aspérités.
Dans ma tête, tout est divisé. Tout est à plusieurs niveaux.
Mes perceptions, par exemple.
Il y'a mes perceptions simples, mes 5 sens. Ceux là ne sont pas en état de marche. Enfin si, mais tellement explosés que plutôt que d'être un outil pour interpréter mon environnement, ils en deviennent un jeu.
Le regard détourné de son sens premier: Ce qui est sensé me dire ce qui "existe" dans la réalité, et qui est le sens le plus utilisé je pense devient un filtre qui déforme tout ce que je vois.
Il y'a ce que sur le moment j'appelais "la pensée de fond". C'était le bruit sans fin dans ma tête. C'était toutes ces choses que mon cerveau essayait d'analyser, mais qui étaient sans intérêt. Le bruit de fond, il est là mais on y fait pas gaffe. Les boucles de pensées stupides: "J'ai l'air fou. Oui mais c'est parce que j'ai pris de la drogue. Pourquoi ai je pris de la drogue ? Parce que je suis fou. D'ailleurs ... J'ai l'air fou."
Et il y'a la réflexion: celle qui s'articule. Je vois un objet, je l'analyse, j'essaie de le comprendre. Autant la "pensée de fond" allait extrêmement vite dans ma tête, autant la réflexion était longue, éthérée. Mais construite.
Et enfin, après les sens corporels, et les pensées, il y'a l'être social, qui veut être le reflet de sa psyché, mais qui ne l'est jamais. Celui qui interagit, qui veut montrer par le langage articulé et gestuel le fond de sa pensée, mais qui ne le peut pas.
Le langage est beaucoup trop faible.
J'ai même eu une gentille phase d'introspection: pas le grobadkifémal, mais plutôt une phase ou j'étais assis, en train de fumer une cigarette, et de réfléchir à mon rôle social. A ma place parmi les miens.
Socialement, ce trip était assez étrange ... Quand j'interragissais, je me sentais de trop comme si je m'imiscais dans le trip des autres.
Quand je n'interagissais pas, j'avais l'impression d'être un poids pour les autres, de ne pas être un bon "compagnon de trip".
Je concevais la pièce en forces positives et négatives. Parfois Valérian ou Anastasia me semblaient hostiles et je ne les approchais pas. Parfois ils étaient tellement rayonnants de "good vibes" que la simple pensée d'être ami avec eux me remplissait de joie.
Au début, j'ai dit que le programme de la journée incluait de sortir. Vous avez vraiment cru qu'on le ferait ? On était tellement bien.

Nous avons fumé quelques joints (fumer était merveilleux, la fumée me nourissait presque), même si les rouler ... C'était une autre histoire. (Oui oui, la classique recherche de feuilles pendant une demie heure alors qu'elles sont simplement posées sur une housse de guitare... Ce qui d'ailleurs donnera la phrase
"Putain, en fait faudrait chercher aux endroits évidents dès le début.
- C'est cool, on est tellement perchés qu'on pense ça révolutionnaire de trouver l'évidence évidente."
Descente super cool. La musique aide, le cannabis également. Nous retournons à nous activités normales vers minuit, et nous nous couchons en découvrant le dernier album d'Archive, ce qui, je dois le dire, était une expérience assez forte: chacun dans notre coin, à savourer l'album personnellement, en sachant que tous les autres l'aimaient aussi.
Ce que je retire de cela ... Set & setting parfaits, déjà. Aucun point noir au tableau. Tout y était.
Depuis ce jour, je n'écoute plus la musique et je n'en joue plus de la même façon. La ou mon jeu de guitare du passé était tourné vers un jeu assez classique, j'experimente de plus en plus. Je fourmille d'idées, et l'envie de faire de la musique devient physique. Quand je joue, je me lâche. J'oublie tout, j'oublie moi, j'oublie que je suis un humain qui joue de la guitare, je laisse à ma technique le soin de porter mon inconscient. La technique que j'ai accumulé en 7 ans devient simplement le vecteur de tout ce qui est en moi. (ce qui, avouons le, devrait être la place première de la technique dans la musique.)
J'ai également changé de point de vue sur moi même. J'avais toujours eu l'impression d'être un "intrus social". La peur que mes potes s'apercoivent un jour que je suis pas aussi génial que ce qu'ils pensaient, et qu'ils me laissent tomber.
C'est parti totalement. Le bonheur partagé d'être avec des amis proches dans une expérience aussi forte m'a fait tilter que quand même, je connais certains amis depuis 4 ou 5 ans, et que depuis le temps, s'ils continuent à me voir, c'est pas par hasard.
Je n'ai plus peur du bad, et désormais vénère la toute puissance du sacro saint Set&Setting.
J'ai trouvé mon type de trip. J'ai trouvé ce que je cherchais, j'ai appris "comment triper."