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LA PARANOÏA 4 - LES ORIGINES DE LA PARANOÏA - TROIS FACTEURS PRIMORDIAUX DE L'ENFANCE

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Invité


LA PARANOÏA 4 - LES ORIGINES DE LA PARANOÏA - TROIS FACTEURS PRIMORDIAUX DE L'ENFANCE A L'AGE ADULTE


La paranoïa en tant que structure, s'élabore dans la petite enfance. Plus tard, son éventuel aspect pathologique sera lié à un trouble évolutif de la personnalité, sans dépendre de lésion physique ou d'anomalie neurologique, de douleur quelconque ou de trouble moteur. Mais l’on suggère aussi des origines organiques et faisant suite à des liaisons végétatives, comme par exemple des insuffisances respiratoires liées à la naissance.​

La paranoïa a donc surtout des origines psychogènes (dont l'origine est purement psychique), comme la fatigue chronique ou l'instabilité affective (cyclothymie), à prendre en compte dans un trouble de la personnalité lié à son vécu passé et actuel. Les principales causes déterminantes du délire sont, selon Kretschmer :​

- Le caractère​
- Les évènements vécus​
- Le milieu social et l'environnement dans lequel on évolue​

Si la paranoïa vue dans son aspect pathologique traduit un trouble de la personnalité, des attitudes mentales, des jugements inappropriés, et un comportement en société particulier du sujet, elle n'exprime pas directement ce trouble. Le trouble se reconnait dans des symptômes tel que le délire, dont les causes déterminantes sont à mettre en liens avec son tempérament, qui est différent de l'expression de ses caractères (on y reviendra). L'aspect que prend le délire signifie le trouble dans un symbolisme social.​

Hypocondrie, auto-médication, régulation affective et paranoïa​

De nombreux cas de paranoïa s'établissent dans une période d'idées hypocondriaques, convenant particulièrement bien à l'entretient d'idées fausses sur soi, dans une peur de tomber malade, et une volonté d'auto-médication. Il y a là un besoin de régulation de ses états affectifs avec lequel le sujet a du mal à composer harmonieusement, se sentant étranger et inquiet face à son corps qui le questionne. Le clivage inconscient entre corps et esprit se manifeste dans un dualisme entre ses affects et ses raisonnements, entre ses auto-représentations critiques et ses idées idéalisées sur sa propre personne, que le sujet paranoiaque malade de lui-même, tente de soigner.​


DANS LE CAS D'UNE PSYCHOSE PARANOÏAQUE

Les psychoses paranoïaques sont des réactions de la personnalité, pour s'adapter à la réalité dans un développement psychologique spécifique où le sujet est dépendant de la conception qu'il a de lui-même, ainsi que de la tension propre à ses relations avec son environnement, dans son milieu social.​

Origines émotionnelles de la psychose​

Les troubles humoraux déterminent l'éclosion de certaines psychoses, mais aussi les troubles endocriniens. Les observations cliniques mettent très souvent en relation le déclenchement d'une psychose lors d'une période critique de l'évolution génitale (exemple de la ménopause). Ce lien causal n'est effectivement pas psychologique. Aussi l'on peut être paranoïaque sans être psychotique.​

Les types de psychoses aux origines organiques sont :​

- Les troubles de la psychose maniaco-dépressive​
- La dissociation mentale des états paranoïdes et de la schizophrénie​
- Les déterminismes des états toxiques ou infectieux​


DE L’ENFANCE A L’ADOLESCENCE

Outre la position schizo-paranoïde chez le nourrisson, qui a été théorisée par Mélanie Klein et est envisagée comme l’étape la plus archaïque du développement de l'humain (peur de destruction interne et d’abandon), les premières manifestations paranoïaques adviennent vers trois ou quatre ans, par des difficultés de communication. Sont constatées des formes d’évitements et de timidité avec les adultes et les autres enfants, ainsi que la fuite de contact par le renfermement ou l’instabilité relationnelle. Sans rentrer dans les détails morbides et complexes, on retiendra que la structure paranoïaque s’organise autour des angoisses de séparation d’avec la mère (peur de perte de l'objet désiré), qui s’inscrivent dans une relation ambivalente entre haine et amour. L’image du père est peu présente et le petit enfant essaye de l’éviter de part son anxiété non maîtrisable, il y a là un rapport à l'autorité problématique. L'anxiété diffuse ou soudaine, se manifeste dans une inquiétude perpétuelle, lors de crises d'angoisse plus ou moins brèves et/ou intenses, dans des terreurs nocturnes ou encore des craintes diverses (phobies, sentiments de persécutions, mélancolie et tendances dépressives, il y a de quoi morfler en se faisant du mouron pour...rien ou pas grand chose).​

Quelques causes principales​

Souvent l’aspect pathologique du caractère paranoïaque se retrouve lors d’attitudes éducatives inadaptées et malveillantes. Personne n'étant volontairement méchant, il serait inadapté et vain de chercher des coupables, d'identifier des responsables à ses propres maux. Dans une perspective déterministe, partons du postulat que nous sommes par nécessité cause de nous mêmes, et qu'il est impératif vis à vis de son estime de soi de se voir comme la solution, et non le problème de soi-même.​

En d’autres cas, les troubles de la personnalité paranoïaque peuvent être liés à l’hypersensibilité d’individu n’arrivant pas à gérer le flux affectif de leurs perceptions, amenant à des débordements de sensations et d’émotions peu agréables qu’ils n’arrivent pas à maitriser et assimiler, en les intégrant dans leur fonctionnement psychique sous forme de sentiments gérables et plaisants. D’où la peur d’un effondrement interne, ou d’une perte irréparable, assimilables à des phénomènes affectifs dramatiques de hontes et de culpabilités inconscientes et existentielles. Au delà de son tempérament et de ses facteurs génétiques influencés par son environnement, la structure paranoïaque de chaque individu se développe donc en rapport à un trauma presque originel (que ça soit au stade fœtal ou lié à la naissance), ou remontant très tôt dans la petite enfance et faisant suite à un évènement tragique majeur, qui peut être le simple fait de naitre. Autrement, il peut s'agir d'une accumulation de stress mineurs pré-formant une faille narcissique que l’individu tentera de combler, ou se masquer au travers de délires paranoïaques divers (idéalisations excessives, fabulations, projections, identifications projectives, besoin d'extase, etc).​

Tout dépend du degré de gravité des traumatismes enfantins, qui se réactualiseront à l'adolescence (crise de la puberté), puis à l'âge adulte (crise de milieu de vie ou autres)​

C’est ainsi que dès l’enfance (et à chaque stade de développement génital) apparaissent naturellement des symptômes d’allure phobique, plus ou moins gênants ou handicapants, qui sont en fait des peurs liées à des mécanismes psychiques antérieurs, voire archaïques (voir narcissisme primaire et traumatisme de la naissance). Ce faisant, l’enfant normalement méfiant mais dont la structure paranoïaque avec son potentiel pathologique est établie, ne présente pas de déficit intellectuel particulier, ses résultats scolaires n’étant pas forcément perturbés et ses relations sociales paraissant normales. Sans distinguer le normal du pathologique, inévitablement on remarque que l’agressivité et la jalousie sont fortement présentes chez l’enfant, et que la méchanceté et la cruauté se manifestent vis-à-vis des parents, de la fratrie ou des camarades, mais aussi de soi-même dans des actes auto-punitifs. Il est là intéressant d’observer les comportements primaires pouvant s’apparenter comme déviants chez certains enfants. Par exemples chez des enfants trop exigeants, insatisfaits de leurs notes à l’école, ou quand à l’attitude des parents et des éducateurs, qu’ils estiment injustes à leur égard. Des faits insignifiants peuvent être grossis et montés en épingle, on est pas loin de s’approcher de la structure psychique de l’enfant roi, dont les troubles de la personnalité narcissique ne sont plus à démontrer.​

Comprendre l’ambiguïté de l'image autoritaire paternelle​

Si l'image du père était peu présente dans la très petite enfance, vers quatre ans lorsque la conscience morale prend forme dans l'esprit de l'enfant (émergence du surmoi), il peut y avoir une survalorisation de l’image paternelle verticale, c'est à dire d'une mise sur un piédestal mental d’une forme idéalisée d'autorité absolue. Il s'agit de la culpabilité que va naturellement éprouver l'enfant en se responsabilisant quand à ses actes, ses paroles, ses manifestations en tout genre qu'il devra alors assumer, en se référant à des imagos paternelles et maternelles (les idéaux parentaux). Si la fonction paternelle et la relation à la loi sont distordues, s'opère un manque d’intégration et d'assimilation des règles familiales et sociétales à respecter, et un problème de tempérance des lois civiques régissant la vie en général. L'aspect pathologique advient dans la structure paranoïaque lorsqu'à la place des règles morales normales et communément établies, domine l'image toute puissante d'un père autoritaire mal différenciée des autres idéaux parentaux, valeurs et principes sociétaux émergeant dans l'esprit en construction de l'enfant.​

Sur le plan psychanalytique, l’idéal du moi et le surmoi restent archaïques, liés à cette imago paternelle forte et investie par des pulsions mortifères. On remarque dans l'idéalisation une recherche d'inanimé, d'absolu, de vide infini, de mort intérieure. La subjectivation entre le moi idéal et l'idéal du moi via le surmoi est biaisée et désorganisée, et le moi reste fragile face aux exigences d'un ça se permettant d'être tour à tort tyran et esclave, maitre et bourreau de soi. On développera ses notions par la suite, afin d'expliquer l'importance du dialogue intérieur quand au degré de normalité/pathologique de la structure paranoïaque.​

A partir de cette peur intérieure latente, se développe les caractères égotiques de l'enfant, son égoïsme, son égocentrisme, son orgueil et sa vanité, qui étant dépositaire d'un ordre arbitraire puissamment idéalisé, vont produire des exigences totalitaires ainsi que des masques tendant à voiler ses angoisses et vulnérabilités (voir faux-self dans la personnalité). L'enfant en devenir adopte donc des comportements conformistes, des attitudes de convenance dans une soumission à l'autorité toute puissante. A l'adolescence on remarque souvent des tendances rigides et nombrilistes, provoquant une forme de pensée unique à laquelle le jeune individu ne pourra échapper tant il est contraint par toutes ses instances psychiques dont le terreau est constitué d'images inconscientes terrifiantes, mais masquées dans des apparences trompeuses pour donner le change en société, toujours par fierté. Le moi de l'adolescent est donc soumit à des forces qui le dépassent, qu'il ne comprend pas ou trop peu, à moins d'avoir eu une éducation lui expliquant les mécanismes de la peur, ce qui est rarement le cas étant donné que la plupart des parents nie leurs propres peurs et anxiétés, en refoulant leurs angoisses de vie et de mort afin de ne pas se confronter à ce qui les horrifierait en eux, et réciproquement chez leurs enfants.​

Problématique d'une vision morale et éthique du monde​

D’autre part, les institutions, les relations sociales et familiales sont structurées de sortent à ce que les adolescents ne (se) posent pas trop de question, restent sages et obéissants pour ne pas s'exposer à des sanctions terribles. D'autre part leur est permit d'exiger leurs volontés dans des revendications et schémas de pensées souvent puériles, et ne leur permettant pas de sortir de leur position d'infantilisation. De la surprotection à un excès d'autoritarisme, il n'est évident ni pour les adolescents/adulescents, ni pour les parents de comprendre quels mécanismes psychiques sont à l’œuvre en eux, quand chacun se divertit ou s'occupe l'esprit par quelques moyens les éloignant de toutes réflexions personnelles, toutes méditations et autres introspections véritables. La peur de soi ne serait donc pas une fatalité, mais dépendrait du style de vie et de manière d'être que l'humanité se veut.​

En résumé de la formation de la structure paranoïaque pathologique de l'enfance à l'adolescence​

Le sentiment d'être de l'enfant, de son existence propre, s'organise de manière pathologique au moment où il distingue mal sa propre image de soi, dans une mauvaise estimation de sa personne grandissante. La distinction entre le soi et le non-soi s'avère défectueuse sur certains points, et l'enfant s'idéalise comme le seul maitre qui soit, tout en se voyant comme un moins que rien paradoxalement. Il reste prisonnier d'images mentales édulcorées et faussées à propos de sa personne, son ego omnipotent lui laissant croire qu'il est en droit de choisir et décider de tout ce qu'il veut, mais aussi qu'il est maitre de ses propres choix tout en imposant aux adultes ses volontés tant qu'on le lui permet. Victime de ses ambitions mais surtout de ses prétentions, c'est en se confrontant à ses propres limites que l'enfant se construit symboliquement sur des valeurs bancales et principes contradictoires, interprétant le réel selon ce qui l'arrange. La rigidité du caractère s'accentue à adolescence, dans une ambivalence faisant alterner l'esprit du jeune entre des vérités dures mais qu'il ne peut plus dénier, et des idéalisations excessives ou autres croyances morales, religieuses et idéologiques fortes. L'adolescent avide d'endoctrinement s'investit presque fanatiquement dans ses croyances, adoptant des opinions aussi tranchées qu'irréfutables (selon lui), et s'engage dans des causes politiques ou mouvances identitaires pour s'identifier à un groupe, une communauté, ou même des idées.​

Capable d'un moralisme outrancier, l'adolescent paranoïaque se cache derrière un narcissisme moral rassurant, en se sentant fort de clamer des concepts qu'il s'est approprié, des prétentions abusées et souvent utopiques. Mais s'il s'affirme et se vit ainsi dans des revendications extrémistes, c'est surtout pour se protéger de lui même, de ses extrémismes psychiques incontrôlables tant son corps est changeant. Sa vision du monde et ses morales changent en lui. Le jeune paranoïaque avide de liberté se conforme à des règlements intérieurs et extérieurs sévères, n’admettant pas la contradiction qu'il dit tolérer par ailleurs. Il se montre alors autoritaire et tyrannique vis à vis de son entourage et de lui-même, comme il a tendance à se replier sur ses opinions intransigeantes. Souvent les relations avec autrui, et surtout avec l’autre sexe, sont difficiles et conflictuelles.​


A L'AGE ADULTE

Jusque là rien d'anormal, nous avons revisité la crise adolescente banale et toujours plus permissive en se perpétuant durant l'adulescence, tout en gardant en tête que la structure paranoïaque est variable et multiple selon des facteurs génétiques et environnementaux. Le véritable style du paranoïaque se manifeste lorsque la personnalité adulte de l'individu se forme "définitivement" passée la vingtaine (bien qu'elle évolue tout au long de la vie, mais sur une base désormais structurée d'après son tempérament, sa personnalité, son vécu depuis l'enfance jusqu'à l'adolescence (parait-il que sur le plan affectif l'on sera à 40/50 ans tel qu'on l'était à 15 ans)). Les traits caractéristiques décrits précédemment se retrouvent alors inscrits dans les manières d'êtres de l’individu, dans ses façons d'agir, de réagir, et d’interagir avec son entourage plus ou moins proche. L'estime de soi de l'individu est fragile, tantôt il se survalorise, tantôt il se dévalorise, un coup il est confiant, d'un coup il devient méfiant, les pulsions agressives sont importantes, les mécanismes de défense de type projection prédominent. C'est bien évidemment toujours la faute de l'autre, quoiqu'un peu de soi parfois, mais surtout d'autrui au final.​

Le réel est pour l'adulte paranoïaque inaccessible tant il se ment à lui-même, sa réalité est édulcorée voire déficiente tant le dénie et le refoulement dissocie l'individu de lui-même, de son environnement. Le paranoïaque vit à côté de soi, dans ses projections, ses interprétations d'interprétations, et autres délires fondés sur des croyances et non des vérités. Il revit en boucle tout au long de sa vie des phases d'angoisse le menant à des raisonnements qui le poussent à réagir de manière similaire, répétant ainsi des schémas toxiques pour lui et son entourage, en tentant tant bien que mal de s'en sortir, d'être une bonne personne morale (la politique hypocrite du faites ce que je dis mais pas ce que je fais). Le moi du paranoïaque est défaillant, et sans émancipation le surmoi et l’idéal du moi gardent une forme anachronique et désuète, où le moi idéal enfantin continue d'imposer les exigences du ça, favorisant le principe de plaisir au détriment du principe de réalité. Le dialogue intérieur (subjectivation) n'assure pas un rapport harmonieux entre les instances psychiques, entre l'individu et lui-même, entre son entourage et le monde en général. Il faut que ça aille mal, parce que le paranoïaque ne sait pas vivre autrement.​

A l’âge mûr​

La vie n'étant pas un long fleuve tranquille, réserve des surprises parfois agréables. Mais ne nous réjouissons pas trop, la vieillesse rêvée comme état de sagesse, apporte trop peu de changement à la structure psychique du paranoïaque, dont le comportement peut s’apaiser ou empirer, ce qui est souvent le cas, tragiquement. La peur de mourir, de souffrir ici ou là bas, de ne plus être là, de ne pas avoir accompli toutes les choses que l'on souhaitait, de (dé)laisser sa famille, de ne pas connaitre la suite de l'histoire, n'aident pas à se rassurer quand sa fin approche. Les angoisses de mort grandissantes chez quiconque ne s'est pas penché sur ses philosophies, sur ses morales et ses arrières pensées, bref sur soi, font que le caractère paranoïaque s’accroisse, en rigidifiant et figeant l'esprit de l'individu dans une anxiété constante, une peur perpétuelle. Aussi la dégradation du corps et la baisse des facultés intellectuelles accentuent toutes sortes de délires, que le temps passant rend de moins en moins élaborés et convaincants.​



« Quand on veut trouver du sens, on en trouve. C'est même le commencement de la paranoïa. » - Dominique Nogue​
 
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