J'ai vécu une expérience très difficile cette année à Ozora. Je n'ai pas réussi à atteindre l'état de transe. Je l'ai vu, effleuré du bout de mon esprit -je l'avais déjà expérimenté l'an dernier- mais quelque chose a bloqué. Ca a été très dur, mais je ne vais pas me lancer dans un récit de mon expérience -enfin si mais moyen. En fait, vivre ceci, en plus de comprendre plein de choses par rapport à moi-même, m'a permis de comprendre comment fonctionne un type de bad que je pense récurrent au LSD. Vraiment le comprendre, enfin je crois, peut-être que tout ceci n'est que pur ressenti personnel, mais je crois avoir touché un truc assez général. Vous viendrez me dire quoi. J'vais essayer de faire des rapprochements entre « ma théorie » et mon trip et d'autres trips, du mieux que je peux. Ca mériterait un véritable travail terminologique au final, mais je ne sais pas si j'aurais la foi.
Alors...
Le LSD est diablement euphorisant dans les premiers ressentis. Une sensation de légèreté, de joie, d'empathie, qui prend tout le corps et le pousse à faire des choses, qui prend le visage et bientôt, le sourire bloqué ou le fou rire. Une fois cette montée passée, je pense qu'on arrive à deux possibilités, soit on continue sur le rire et cela peut durer tout le trip, soit d'autres choses plus constructives ou distractives viennent capter notre attention.
A Ozora, j'me suis laissé complètement emporté par l'euphorie, en même temps, le lieux était de mise, et j'me suis mis à enchaîner les cartons, me disant que s'il y avait bien un endroit où j'me sentais en sécurité pour faire ça, c'était ici. Erreur.
Une fois l'euphorie du début passée donc, on se retrouve un peu face à l'étrange, ben ouais, ça pousse et ça commence à se déformer salement et les pensées fusent.
J'vais rajouter là un élément, le son. Forcément, en teuf, en festoch, le son devient généralement la source principale d'attention, on se met à danser... Et là intervient le rôle majeur de l'entourage.
Digression : à mon avis, les types qui prennent de la drogue sont des gens qui se cherchent pas mal, sont pas forcément les types les plus confiants du monde dans la vie de tous les jours. Enfin, j'parle des « noobs » comme moi, pas des types qui chevauchent la vague et tirent les ficelles comme des magiciens déchaînés. Mais ces types là ont plus de raisons de se taper de bad si ?
Ainsi, devant le son, alors que tout monte et que tout devient plus étrange, on crée son espace par rapport aux autres, on délimite son emplacement, on se positionne. On s'affirme, dans la danse, on est soi. On rentre en transe, en communion parfaite. Ou alors, on peine à trouver sa place. Il peut y avoir plein de raisons pour ça, en festoch généraliste ça peut vite être très chiant parce que les gens ne se laissent pas la place de danser, se bousculent. En teuf on peut également être confronté à des visions de gens qui nous font peur dans notre inconscient, une sensation malsaine qui grimpe petit à petit...
Mais à Ozora, en pleine journée, c'est impossible. J'vous explique. Les premiers jours là-bas prennent une allure presque rituelle, tout apparait très calé et il y a des moments précis pour se défoncer la gueule et rentrer en une transe qui ne disparaîtra pas du reste du festoch. Ca peut paraître bête dit comme ça mais c'est vraiment ça. Et, lors de ces premiers jours, on se retrouve devant le son face à tous ces gens, perchés au LSD principalement, qui justement, sont ces gros warriors dont je parlais plus haut. Ils ont atteint cet état de transe eux, ils savent certainement l'atteindre sans peiner d'ailleurs. Ils puent l'amour pur et sincère.
C'est là qu'un lieu comme Ozora prend toute son importance, que le panneau à l'entrée qui signale « Welcome to Paradise » prend toute sa signification. Tout est Amour. Ainsi, le bad, s'il arrive, n'est pas provoqué par un élément extérieur malsain, mais par la difficulté que le soi peut avoir à se livrer totalement à cet état d'amour et de transe, à lâcher totalement prise.
Alors, face à ces autres qui irradient le dancefloor, on commence à se sentir tout petit, à ne plus savoir trop comment danser... Et là, le corps commence à bouger tout seul. Vu qu'il ne trouve pas sa place au milieu des gens directement autour de lui, il commence à essayer de trouver un nouvel endroit où danser, mais se retrouve vite dans la même situation. On se retrouve à empiéter l'espace d'autres personnes, on sent le malaise, je ne suis pas à ma place et rebouge, éjecté. Trop de précipitations. Trop d'élan à suivre les lignes tracées. On se retrouve à suivre des gens dans la foule sans s'en rendre compte, sans le vouloir, mais rien n'y fait, on se retrouve à le faire. Car les lignes sont tracées. Au milieu de cette folie lysergique se créent des cercles de mouvements bien définis, les corps qui réagissent tous de la même manière à la basse, remous perpétuel. Tout qui s'aligne parfaitement, forcément, c'est la même musique qui vient frapper tous nos cerveaux et engrange un mouvement bien défini. La même réaction au même instant. La synchro parfait. La grande machination.
Oui la grande machination. Comment tout pourrait-il être si parfait, c'est impossible, tout ça n'est qu'une grande conspiration, il y a quelque chose derrière, quelque chose de plus grand, quand la musique vient tout orchestrer et que plus personne n'est maître de son corps, il y a cette alchimie qui se crée, cette force qui se dégage, et on finit par voir l'algorithme à l'œuvre derrière tout ça -pourquoi, par qui ? Si vous voulez mon avis, il y a quelque chose d'extraterrestre là dessous
. La grande machination, et tout le monde qui rentre dans le jeu.
Sauf moi à cet instant. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que j'ai en moi qui fait que je n'arrive à rentrer dans cet état de transe ?
Et là, la boucle recommence. Le corps se retrouve généralement à la même place qu'il occupait au début de l'inconfort montant, et le schéma se répète, alors que le questionnement persiste. La boucle s'accélère, tant physique que mentale. Le corps reprend le même trajet sans même y faire attention, se retrouve de nouveau aspiré dans les lignes tracées par les autres avant de devoir les quitter -ben oui, ça ne se fait pas...- et bientôt il finit par ne plus se poser plus à aucun endroit, errant entre ces gens bien enracinés. La réflexion intérieure s'intensifie au rythme de la course. Ou l'inverse. Les deux.
Puis arrive le moment où ça explose, le moment où le tourbillon se referme sur soi.
L'an dernier, à cet instant, ça avait été la libération, j'étais rentré dans cet état de transe. Welcome to Paradise. Je n'aurais rien eu besoin de reprendre pour rester dans cet état, j'étais dans le truc, une partie intégrante et intégrée à cet univers, en phase absolue avec mon environnement. Le surf sur la vague.
Là ça l'a pas fait. J'ai pas réussi à mettre la main sur ce qui allait pas réellement et je me suis littéralement fait expulsé du dancefloor par toutes ces énergies d'amour vibrantes, parce que j'étais pas à ma place, parce que j'arrivais pas à trouver le moyen en moi de l'être. Ca a été très dur, s'en est suivie une impossibilité de communication, la boucle qui revient frapper à chaque essai d'amélioration, bref. J'ai mis du temps à m'en remettre, mais ça m'a vraiment poussé à changer.
Car voilà, je sais ce que je cherche quand je prends de la drogue, je cherche cet état d'union avec le tout qui m'entoure, et je sais que cet état existe. Et ainsi, je sais qu'il m'est possible de l'atteindre, avec ou sans drogue. Ca va demander beaucoup de travail, mais ça vaut la peine. Car justement, ce genre d'événements me montrent que tout n'est pas acquis et que certaines choses nécessitent un travail plus profond et réfléchi qu'une surcharge de buvards. Bref.
En tout cas je crois que j'ai cerné un schéma certain, la montée euphorique qui laisse place au soi seul face aux autres, confrontation, repli sur soi, le corps qui boucle de la même manière que la pensée, ce qui ne fait qu'amplifier la paranoïa vu qu'on croise toujours les mêmes personnes, l'idée de la machination qui se monte, tout qui s'accélère jusqu'à l'éloignement au calme -la fuite- ou l'explosion, la boucle qui se termine, et se délie ou non.
L'importance d'un endroit comme Ozora là-dedans, c'est ces putains de hippies. Sérieusement. Ca transpire tellement de bonnes intentions et d'amour qu'on est obligé de s'interroger sur sa façon d'être au quotidien. C'est tellement différent que tout ce qu'on peut vivre ici que c'en est plus que déroutant, vraiment, ça met mal à l'aise. Et soit on arrive (oupa du coup) à rentrer dans le truc, ou alors on regarde ça d'un œil circonspect -y'a un truc louche derrière, putains de hippies.
Mais si la remise en question commence à se faire, d'un endroit comme ça, il ne peut en sortir que du bon (un peu trop même parfois, on en a croisé un qui, tellement il était rentré dans le truc, était prêt à plaquer toute sa vie d'un coup pour continuer à vivre ce doux rêve... mais sans projet derrière ! Une pensée pour lui, en espérant qu'il aille bien)
Bref. Je pense que j'avais besoin d'en parler un peu. Puis ouais, je suis vraiment content de continuer à cerner les effets de ce cher Alcide, toujours aussi agréable et surprenant quand on parvient à en extraire des schémas aux mécanismes d'actions presque déjà écrits, qui semblent si évidents ; et bien content que ce dernier me montre les chemins pour évoluer..
La magie de l'univers...
Bien à vous
ubik/
Alors...
Le LSD est diablement euphorisant dans les premiers ressentis. Une sensation de légèreté, de joie, d'empathie, qui prend tout le corps et le pousse à faire des choses, qui prend le visage et bientôt, le sourire bloqué ou le fou rire. Une fois cette montée passée, je pense qu'on arrive à deux possibilités, soit on continue sur le rire et cela peut durer tout le trip, soit d'autres choses plus constructives ou distractives viennent capter notre attention.
A Ozora, j'me suis laissé complètement emporté par l'euphorie, en même temps, le lieux était de mise, et j'me suis mis à enchaîner les cartons, me disant que s'il y avait bien un endroit où j'me sentais en sécurité pour faire ça, c'était ici. Erreur.
Une fois l'euphorie du début passée donc, on se retrouve un peu face à l'étrange, ben ouais, ça pousse et ça commence à se déformer salement et les pensées fusent.
J'vais rajouter là un élément, le son. Forcément, en teuf, en festoch, le son devient généralement la source principale d'attention, on se met à danser... Et là intervient le rôle majeur de l'entourage.
Digression : à mon avis, les types qui prennent de la drogue sont des gens qui se cherchent pas mal, sont pas forcément les types les plus confiants du monde dans la vie de tous les jours. Enfin, j'parle des « noobs » comme moi, pas des types qui chevauchent la vague et tirent les ficelles comme des magiciens déchaînés. Mais ces types là ont plus de raisons de se taper de bad si ?
Ainsi, devant le son, alors que tout monte et que tout devient plus étrange, on crée son espace par rapport aux autres, on délimite son emplacement, on se positionne. On s'affirme, dans la danse, on est soi. On rentre en transe, en communion parfaite. Ou alors, on peine à trouver sa place. Il peut y avoir plein de raisons pour ça, en festoch généraliste ça peut vite être très chiant parce que les gens ne se laissent pas la place de danser, se bousculent. En teuf on peut également être confronté à des visions de gens qui nous font peur dans notre inconscient, une sensation malsaine qui grimpe petit à petit...
Mais à Ozora, en pleine journée, c'est impossible. J'vous explique. Les premiers jours là-bas prennent une allure presque rituelle, tout apparait très calé et il y a des moments précis pour se défoncer la gueule et rentrer en une transe qui ne disparaîtra pas du reste du festoch. Ca peut paraître bête dit comme ça mais c'est vraiment ça. Et, lors de ces premiers jours, on se retrouve devant le son face à tous ces gens, perchés au LSD principalement, qui justement, sont ces gros warriors dont je parlais plus haut. Ils ont atteint cet état de transe eux, ils savent certainement l'atteindre sans peiner d'ailleurs. Ils puent l'amour pur et sincère.
C'est là qu'un lieu comme Ozora prend toute son importance, que le panneau à l'entrée qui signale « Welcome to Paradise » prend toute sa signification. Tout est Amour. Ainsi, le bad, s'il arrive, n'est pas provoqué par un élément extérieur malsain, mais par la difficulté que le soi peut avoir à se livrer totalement à cet état d'amour et de transe, à lâcher totalement prise.
Alors, face à ces autres qui irradient le dancefloor, on commence à se sentir tout petit, à ne plus savoir trop comment danser... Et là, le corps commence à bouger tout seul. Vu qu'il ne trouve pas sa place au milieu des gens directement autour de lui, il commence à essayer de trouver un nouvel endroit où danser, mais se retrouve vite dans la même situation. On se retrouve à empiéter l'espace d'autres personnes, on sent le malaise, je ne suis pas à ma place et rebouge, éjecté. Trop de précipitations. Trop d'élan à suivre les lignes tracées. On se retrouve à suivre des gens dans la foule sans s'en rendre compte, sans le vouloir, mais rien n'y fait, on se retrouve à le faire. Car les lignes sont tracées. Au milieu de cette folie lysergique se créent des cercles de mouvements bien définis, les corps qui réagissent tous de la même manière à la basse, remous perpétuel. Tout qui s'aligne parfaitement, forcément, c'est la même musique qui vient frapper tous nos cerveaux et engrange un mouvement bien défini. La même réaction au même instant. La synchro parfait. La grande machination.
Oui la grande machination. Comment tout pourrait-il être si parfait, c'est impossible, tout ça n'est qu'une grande conspiration, il y a quelque chose derrière, quelque chose de plus grand, quand la musique vient tout orchestrer et que plus personne n'est maître de son corps, il y a cette alchimie qui se crée, cette force qui se dégage, et on finit par voir l'algorithme à l'œuvre derrière tout ça -pourquoi, par qui ? Si vous voulez mon avis, il y a quelque chose d'extraterrestre là dessous

Sauf moi à cet instant. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que j'ai en moi qui fait que je n'arrive à rentrer dans cet état de transe ?
Et là, la boucle recommence. Le corps se retrouve généralement à la même place qu'il occupait au début de l'inconfort montant, et le schéma se répète, alors que le questionnement persiste. La boucle s'accélère, tant physique que mentale. Le corps reprend le même trajet sans même y faire attention, se retrouve de nouveau aspiré dans les lignes tracées par les autres avant de devoir les quitter -ben oui, ça ne se fait pas...- et bientôt il finit par ne plus se poser plus à aucun endroit, errant entre ces gens bien enracinés. La réflexion intérieure s'intensifie au rythme de la course. Ou l'inverse. Les deux.
Puis arrive le moment où ça explose, le moment où le tourbillon se referme sur soi.
L'an dernier, à cet instant, ça avait été la libération, j'étais rentré dans cet état de transe. Welcome to Paradise. Je n'aurais rien eu besoin de reprendre pour rester dans cet état, j'étais dans le truc, une partie intégrante et intégrée à cet univers, en phase absolue avec mon environnement. Le surf sur la vague.
Là ça l'a pas fait. J'ai pas réussi à mettre la main sur ce qui allait pas réellement et je me suis littéralement fait expulsé du dancefloor par toutes ces énergies d'amour vibrantes, parce que j'étais pas à ma place, parce que j'arrivais pas à trouver le moyen en moi de l'être. Ca a été très dur, s'en est suivie une impossibilité de communication, la boucle qui revient frapper à chaque essai d'amélioration, bref. J'ai mis du temps à m'en remettre, mais ça m'a vraiment poussé à changer.
Car voilà, je sais ce que je cherche quand je prends de la drogue, je cherche cet état d'union avec le tout qui m'entoure, et je sais que cet état existe. Et ainsi, je sais qu'il m'est possible de l'atteindre, avec ou sans drogue. Ca va demander beaucoup de travail, mais ça vaut la peine. Car justement, ce genre d'événements me montrent que tout n'est pas acquis et que certaines choses nécessitent un travail plus profond et réfléchi qu'une surcharge de buvards. Bref.
En tout cas je crois que j'ai cerné un schéma certain, la montée euphorique qui laisse place au soi seul face aux autres, confrontation, repli sur soi, le corps qui boucle de la même manière que la pensée, ce qui ne fait qu'amplifier la paranoïa vu qu'on croise toujours les mêmes personnes, l'idée de la machination qui se monte, tout qui s'accélère jusqu'à l'éloignement au calme -la fuite- ou l'explosion, la boucle qui se termine, et se délie ou non.
L'importance d'un endroit comme Ozora là-dedans, c'est ces putains de hippies. Sérieusement. Ca transpire tellement de bonnes intentions et d'amour qu'on est obligé de s'interroger sur sa façon d'être au quotidien. C'est tellement différent que tout ce qu'on peut vivre ici que c'en est plus que déroutant, vraiment, ça met mal à l'aise. Et soit on arrive (oupa du coup) à rentrer dans le truc, ou alors on regarde ça d'un œil circonspect -y'a un truc louche derrière, putains de hippies.
Mais si la remise en question commence à se faire, d'un endroit comme ça, il ne peut en sortir que du bon (un peu trop même parfois, on en a croisé un qui, tellement il était rentré dans le truc, était prêt à plaquer toute sa vie d'un coup pour continuer à vivre ce doux rêve... mais sans projet derrière ! Une pensée pour lui, en espérant qu'il aille bien)
Bref. Je pense que j'avais besoin d'en parler un peu. Puis ouais, je suis vraiment content de continuer à cerner les effets de ce cher Alcide, toujours aussi agréable et surprenant quand on parvient à en extraire des schémas aux mécanismes d'actions presque déjà écrits, qui semblent si évidents ; et bien content que ce dernier me montre les chemins pour évoluer..
La magie de l'univers...
Bien à vous

ubik/