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[ayahuasca] traumatisme durable

  • Auteur de la discussion Ji-doo
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J

Ji-doo

Invité
Je préfère vous prévenir, ce TR est plus qu'un simple trip report.
Il se déroule sur plusieurs mois, car l'impact de la prise ne s'est pas arrêté après que les les molécules actives se soient dissipées.
Je vais essayer (tant bien que mal) de faire un compte rendu détaillé de ce que j'ai vécu avec ce psychédélique puissant.

Tout commence il y a maintenant 5 ans à peu prêt.
5 ans...pendant lesquels je n'ai pas réussi à coucher par écrit ce qui s'est passé.

Je précise qu'à l'époque, j'étais déjà relativement expérimenté avec certains psychédéliques: salvia divinorum, cactus à mescaline, un peu de champis, weed (fumée et ingérée)...j'avais bien eu quelques bads, mais rien de bien méchant. Ces expériences n'étaient rien en comparaison à ce que j'allais vivre, mais ça je ne le savais pas encore...

A l'époque, comme beaucoup de psychonauts j'avais déjà pas mal bouquiné sur l'aya: les livres (et films) de Jan Kounen, Jeremy Narby (les classiques quoi), Jean-Marie Delacroix (ainsi parle l'esprit de la plante), etc...
Ca faisais pas mal d'années à vrai dire, que je lisais sur le sujet.
J'avais conscience que ce n'étais pas un quelque chose de récréatif, ni forcément agréable. Comme vous, j'ai été nourri de l'idée que cette expérience pouvait permettre de guérir certaines choses, que c'était une plante enseignante et le chaman un guide.
J'avais entendu parlé des "arnaques".
J'ai vu partir quelques amis vers des séminaires d'une semaine dans le sud de la France (avec des gens "sérieux", enfin liés au très médiatique chaman de Blueberry). Un de mes amis m'a même appelé au cours de son 3ème trip, complétement flippé: il avait quitté le cercle de cérémonie et était parti dans les bois, à moitié à poil avec comme seul lien avec la réalité: son téléphone et moi à l'autre bout du fil...
J'avais réussi à le rassurer, le calmer et finalement il était rentré un peu secoué et très excité par ses visions, mais avec plus de questions qu'avant le départ.

Bref, je connaissais "les risques". Enfin je le croyais.

Donc arrive le jour où j'ai la possibilité (et le sentiment que c'est le "bon moment") de participer à une cérémonie. On m'a conseillé quelqu'un (en fait un rabatteur, H.L.) qui est un "spécialiste". On me donne ses coordonnées, je me renseigne un peu et je le contacte.
Je le vois une première fois seul. Puis une "réunion d'info" avec les prochains participants. D'anciens participants sont là pour parler de leur expérience et faire la louange de ce qui nous attends.
Tout ça me mets en confiance petit à petit, il semble que les chamans (C. et M.) en question ont fait déjà beaucoup de cérémonies. Ils pratiquent à Bruxelles et Amsterdam (avant en France mais depuis l'interdiction..).
Leur spécialité est qu'ils pratiquent aussi le "kambo". Ce venin d'une grenouille d'Amérique du sud est censé être un très puissant stimulant du système immunitaire et tout un tas de mérites dont je ne me souviens plus... La cérémonie à laquelle je dois participer est donc un "pack" prise d'ayahuasca + kambo en 2ème partie.

Arrive la semaine où je dois me décider.
Une hésitation persiste, quelque chose qui vient du ventre (et que j’interprète comme étant de la peur). A cette époque, je suis fermement persuadé qu'il faut vaincre ses peurs.
Le jour où je dois payer d'avance la première moitié (80 euros), à mon travail une cliente (je travaille dans le commerce et je la vois depuis 1 an et demi plusieurs fois par semaine) décide ce jour précis de me parler d'...ayahuasca !!! Quelle étrange synchronicité.
Le soir, en me rendant chez le rabatteur, 2ème "signe": pendant que j'attends le métro, un flyer traîne sur le siège où je vais m'asseoir avec dessus un dessin de serpent et un titre qui me laisse pantois: samedi soir SNAKE party ! (la cérémonie est prévue pour samedi soir, et je suis sûr que chacun connaît ici la symbolique du serpent et de la liane).

Me voici donc inscrit. On me donne quelques interdits à respecter 2 jours avant (ce que je fais): pas de drogue, pas de sexe, pas de sel, jusqu'à la cérémonie.
Le jour J, un des participants doit venir me chercher à côté de mon boulot.
Je fais les cents pas en l'attendant, je suis nerveux.
Une fois dans la voiture, on discute et je me sens plus détendu. Pour lui ce n'est pas la première fois. Teufeur sur les bords, il a expérimenté pas mal de choses et pour lui, la seule chose qui égale l'ayahuasca c'est le 2C-T-7.
On écoute de l'ambient, je me souviens d'un son qui m'a marqué:

[video=youtube;OLRCgqMUE0w]

En l'écoutant, j'avais cette sensation d'aller vers l'inconnu...et aussi vers une sorte de "petite mort". J'ai alors pensé à ceux que j'aimais, mes proches, mes amis...et en particulier à ceux (celles) avec qui j'avais eu des mots durs ou des disputes. J'ai alors envoyé des SMS pour demander pardon, faire la paix, ...

Nous sommes enfin arrivés à Bruxelles.
Après avoir trouvé l'endroit et mis un peu de temps pour se garer, je sens la tension monter à nouveau.
On arrive devant la salle. Et là, quand la porte s'ouvre, je sens cette odeur très caractéristique du palo santo (ce bois qui est brûlé comme encens pendant les cérémonies) ! Je ne sais pas pourquoi mais mon corps rejette cette odeur, soudain, j'ai cette sensation dans le ventre qui me crie de NE PAS rentrer, de faire demi-tour et d'aller jusqu'a la gare la plus proche !!!
Je commence à faire part de mes hésitations à la personne avec qui je suis venu et il a l'air mal à l'aise...il me dit que non, ça va aller mais j'insiste.
C'est alors qu'un type d'une cinquantaine d'années ("M") vient vers moi d'un pas très sûr de lui. C'est un chef d'entreprise juif, père de famille qui assure donner de l'aya à son garçon de 15 ans !
Il me fixe comme s'il pouvait lire en moi, et effectivement il me cite soudain toutes les émotions que je ressens, et me rassure: "ne t'inquiètes pas, ça va aller. Je suis passé par là aussi, mais tu ne dois pas te laisser guider par la peur ! Si tu fais demi-tour maintenant, la peur te guidera toute ta vie ! Etc..."
Soudain, le doute. Je ne sais plus trop.
H.L. (le "rabatteur") vient alors vers moi, et enfonce le clou en me disant que je n'ai pas fait tous ces kilomètres pour rien !
Le chaman vient à son tour, se présente et me mets en confiance. Il m'incite aussi à venir, que tout va bien se passer. Etc..
Je commence à rentrer dans la salle, puis voyant que j’hésite encore un peu, le rabatteur dit: "bon allez, on va pas y passer la nuit, si tu veux avoir peur toute ta vie c'est ton problème...".
Pris dans le mouvement, souhaitant vaincre ma peur, je paye le reste (80 euros) et suis le groupe.

Les hommes se placent d'un côté (une dizaine) et les femmes de l'autre (une dizaine également).
Une photo du Christ est présente (ils font partie du santo daime). Mais au début de la cérémonie, différentes divinités sont invoquées par le chaman.

Le chaman porte un verre (qu'il rempli de nouveau à chaque fois) devant chaque participant. Le breuvage est contenu dans une bouteille en plastique (type coca) et la couleur est ocre/ orangée.
Le goût est assez spécifique et pas très agréable, mais j'ai déjà avalé du caléa zacatechchichi et des copeaux de San pedro donc ça me semble pas si mauvais.
Je suis à côté de "M" qui murmure parfois des sorte de "Ttssss Ttsss" comme dans les films de Jan Kounen...

Au début je ne sens rien.
Juste une légère torpeur, tout au plus.
Puis, quelques maux de ventre, quelques nausées (mais rien de grave).On nous a prévenu qu'on pouvait avoir envie de vomir.
Les chants commencent, il y a aussi du tambour.
La lumière est tamisée.
Mon mode de pensée se mets à changer doucement, se faisant plus clair. Avec une certaine "ivresse", mais indescriptible et légère.
A un moment, je vois la peau d'un serpent (avec des écailles fluos) se fondre en surimpression sur toute la pièce...!

Ca continue comme ça pendant un bon moment, et soudain j'ai une sorte de révélation: à l'instant ou la pensée se tapie dans mon esprit (tout juste naissante), une sorte de projecteur (la conscience ?) l'éclaire en grand et la met en évidence !!! Ca semble très simple, mais c'est pourtant à ce moment là une vraie prise de conscience.
Je connaissais ce principe, ayant étudié un peu différents maîtres bouddhistes et pratiqué un peu la méditation mais là c'est autre chose de le vivre pleinement !
Avec cette "arme" c'est impossible de se laisser attraper par la peur (et tout le film mental qui va avec) ! Dès qu'elle surgit, elle est repérée et se volatilise d'elle même ! J'ai l'impression de comprendre un peu ce que le Christ, Bouddha (et d'autres) ont tentés d'expliquer à l'humanité.
Bref, j'use de ce "pouvoir" avec délectation, et je me sens euphorique de cette découverte.

La cérémonie continue, jusqu'au moment où le chaman pousse un cri atroce !!!!!!!
J'ai l'impression à ce moment là que quelque chose se déchire en moi...ou se casse (mon égo ?le mental ?).
Mais sur le coup, je n'y prête pas plus d'attention que ça. Le cri s'arrête, ouf c'est le principal !

Ensuite, on nous distribue des instruments très simple (petit tambour, sifflets, maracas, etc) pour que chacun puisse participer selon son envie.
Petit à petit, les sons se superposent harmonieusement, et nous faisons tous UN.
C'est beau, certainement le meilleur moment dans la cérémonie.
Grosse impression de redevenir un petit enfant, de retrouver la joie du partage qui manque tant dans notre société.

La première partie de la cérémonie prends fin au bout de 3 heures environ (vers minuit).
On prépare maintenant le kambo.
Le couple de chamanes brûle des bâtons fins afin d'obtenir une braise au bout. Avec celle-ci, ils feront des petits trous (3 pour les femmes et 5 pour les hommes je crois) sur l'épaule ou la jambe, pas une vraie brulure mais juste pour rendre perméable la peau, afin d'étaler ensuite le venin dessus. Ainsi le passage dans le sang est très rapide...il paraît que dès que le cerveau reçoit l'information, le corps interprète ceci comme...la FIN. Impossible de raisonner, le corps te dit: c'est finis, tu va claquer. Et le cœur se mets à battre de plus en plus vite...
tu tu tut tut tut tuttuttut TUTUTUTUTUUUUUUUUUUUUUUUUUUuuuuuuuuu.............. ...........................

"M" est un des premiers qui le fait, et je vois le visage de ce gaillard bien rôdé à l'ayahuasca devenir verdâtre...et s'affaisser...puis soudain il glisse (on était assis) et semble perdre connaissance tout en vomissant...le "staff" s'occupe de lui pour ne pas qu'il avale son vomi et s'étouffe...
Franchement, j'ai aucune envie de prendre ça. Je le dis.
On m'explique que l'aya est comme une bombe qui rase tout mais laisse un trou béant, et le kambo agit lui comme un pansement.
Tant pis, pas de pansement pour moi. Un autre fera le même choix que moi.

Les femmes semblent mieux tenir le choc que les hommes.

Vers 4 heures du mat', tout le monde va se coucher (tapis de sol, duvets, etc) c'est un peu dur de s'endormir après toute cette agitation.
Le lendemain réveil assez tôt, petit déj' en mode "discussions passionnées sur les révélations de la veille".

Je redécolle vers midi avec le même "pilote" qu'a l'aller.
Le trajet du retour est assez silencieux, la fatigue jouant.

Le retour chez moi est assez étonnant...j'ai l'impression de redécouvrir ma rue ! Avec des perceptions toutes neuves.
J'ai envie de partager avec mes proches mon excitation des choses entraperçues dans la nuit...en même temps je me sens fatigué.
Le soir je me couche tôt.
Le lendemain, j'avais pris ma matinée en prévision pour bien récupérer.
J'enchaîne le boulot l'après-midi et je me sens en décalage avec le taf, mais j'arrive pas a savoir exactement pourquoi.
J'ai l'impression que quelque chose à changé...
La concentration me demande plus d'efforts que d'habitude.
Ayant un poste à responsabilité, c'est un peu embêtant...
Bon la journée se passe, je rentre assez exténué et vais me coucher.
Le lendemain, grosse journée de taf.
Arrivé à la mi-journée, je me sens un peu à l'ouest...et fébrile. Quand je rentre le soir, je me sens vraiment exténué et je sens que quelque chose ne tourne pas rond.
Je constate une marque rouge sur le coup, mais j'y prête pas plus attention que ça (réaction allergique ? Ais-je mangé quelque chose qui a interagis avec les IMAO ?).
Le soir je fume un pet léger que m'a dépanné le conducteur qui m'a ramené chez moi. Les révélations de la cérémonie se manifestent à nouveau. Je vais me coucher.
Nuit affreuse...je me réveille toutes les 30 minutes, je transpire à grosses gouttes, je me sens anxieux.
C'est le début de la plus étrange période de ma vie...

[video=youtube;2LYDqZ8cqTY]


Le lendemain, ça s'arrange pas...et j'ai une sensation bizarre dans la joue gauche (ça part au dessus de la lèvre). Assez flippant.
Une sorte de vibration/ picotements. Jamais eu ça.
Ma perte de concentration s'aggrave et je m'aperçois que l'organisation me demande des efforts terribles !
A l'inverse, j'ai l'impression d'être beaucoup plus plongé dans l'instant présent. Quand je marche, je ne cherche pas à aller quelque part, je ne pense à rien.

Dans les jours qui suivent, je perds de plus en plus le sommeil, des nuit très courtes (4 h) entrecoupées de réveil en sueur et avec des sensations bizarres au niveau de la tête (type "énergie" qui se ballade du côté gauche au droit, accompagné d'angoisses, de déréalisation). Je me sens comme dans la 4ème dimension.
Moi qui suis plutôt cartésien en temps normal, je pense à la sorcellerie et je me demande ce qui s'est réellement passé pendant cette cérémonie.
Je n'arrive pas à me sortir ça de la tête.
Les jours passent, et ça va de mal en pis...
Plusieurs clients au boulot me demandent si ça va ? Que j'ai pas l'air bien, mauvaise mine...

Je décide d'aller voir mon généraliste pour ces sensations étranges dans la joue. Il me fait faire quelques examens sans succès, et finis par me proposer quelques anxiolytiques (quand je lui parle de l'ayahuasca dont il n'a jamais entendu parlé)...
J'en prendrais pendant quelques jours mais ça n'arrange strictement rien: la confusion et les sensations étranges restent mais en plus je me sens abruti.
Un soir, je fais une crise terrible au moment du repas: je vais m'enfermer dans ma chambre, j'ai une grosse sensation de mort imminente. C'est la PEUR à l'état pur. J'ai déjà vécu des crises d'angoisses étant plus jeune, mais là ça n'a rien à voir...
Je sors dehors et marche sous la pluie, je sens que si je ne fais rien je vais y passer.
Je vais voir une personne que je connais qui pratique le reiki et qui m'a proposée de me faire une séance gratuite. La séance m’apaise un peu et cette nuit là j'arrive à dormir un peu mieux.
Mais le lendemain, rebelote...
Je ne peux pas me résoudre à la déranger chaque jour.

Je décide de recontacter le rabatteur de la cérémonie, qui se trouve à Paris.
Sa proposition: revenir le mois prochain et "boire" à nouveau. Je n'en ai aucune envie bien sûr (sans parler qu'il faut payer de nouveau 180 euros). Quand je lui dit, il me lance: "alors t'a qu'a faire un peu de yoga !" puis raccroche.
Je suis effondré.
Je le contacterai plus tard sur Facebook pour lui faire part de ce qui m'arrive, et il s'en lavera les mains en disant" on a déjà fait des milliers de cérémonies, ça c'est toujours bien passé donc c'est de ta faute".
Par la suite, j'apprendrai que plusieurs victimes ont déposées des plaintes contre ces gens là (en Belgique)...mais à l'époque je ne le savais pas.

Je me sens tellement démuni...je ne sais plus quoi faire, et moi qui n'était pourtant pas pratiquant (chrétien par le baptême, mais ça faisais des années que je n'étais pas rentré dans une église) je vais même prier chaque jour dans ces lieux saints.

Puis-ce que la médecine classique ne peut rien pour moi, je me penche vers l'homéopathie.
L'homéopathe me donne plusieurs traitements à suivre et après avoir écouté mon histoire me conseil d'appeler une chamane qu'il connaît, qui habite Paris et utilise les tambours.
Selon lui, cette personne pourrait peut-être m'aider (moyennant finances).
Etant au bord du désespoir, je la contacte en rentrant chez moi.
Elle m'inspire confiance et voyant que je suis assez mal me donne un RDV pour le lendemain.
Le contact se passe bien, je lui dis certaines choses et elle semble en deviner d'autres (assez troublant)...elle me dit que c'est gens sont fous: 20 personnes pour une cérémonie c'est beaucoup trop ! Elle me confirme aussi qu'heureusement que je n'ai pas fais le kambo.
Puis elle me demande de m'allonger, et ce mets à jouer du tambour sur moi...il se passe alors quelque chose (de très personnel).
Puis je pleure...je pleure beaucoup. je m'aperçois que ça faisais longtemps que je n'avais pas pleuré ainsi. Des larmes profondes, qui viennent du fond du cœur.
Puis, à la fin de la séance, elle me demande d'être conscient le plus possible de chaque pensées.
A chaque instant, ne jamais s'arrêter...
Devant l'ampleur du travail, je me sens effondré.
Et oui, en temps normal, rares sont les personnes qui prêtent attention à chaque pensée. C'est le principe de la méditation.
J'avais déjà un peu pratiqué, mais là, ce qui est dur c'est de devoir le faire tout le temps. Quand on pratique par choix c'est différent, mais être obligé...
Les premiers jours c'est vraiment fatiguant...mais petit à petit j'y arrive.

Entre temps, je n'arrive plus du tout à gérer mon travail et j'ai démissionné. Heureusement, mes patrons ne sont pas des cons et se rendant compte que quelque chose va très mal pour moi, me proposent une rupture à l'amiable (pour éviter que je sois sans ressources).

Peu à peu, je reprends (un peu) confiance, tout en restant très fragile.
Mais ce que je ne comprends pas à ce moment là, c'est que les cérémonies (tambours) agissent un peu (en plus sécurisé) comme celles d'ayahuasca.
Et elles maintiennent "l'ouverture" provoquée par les plantes.
Tous les jours, je vais jardiner dans un potager associatif. Le contact avec la terre me fait énormément de bien, m'ancre un peu.
Je me sens tellement déconnecté de mon corps...!
Quand je prends les transports en commun, c'est comme si je ressentais les émotions des gens X 1000 ! C'est invivable...
Je comprends peu à peu que nous avons tous une sorte de "carapace", qui certes nous empêche parfois d'être plus à l'écoute des autres mais nous permet aussi de fonctionner dans la société et de se protéger.
J'ai l'impression que l'aya à fait voler en éclat cette "couche" et (donc toutes mes protections).

Mais j'ai toujours ces "sensations physiques étranges" (j'arrive pas à décrire ça plus précisément)...au niveau de la tête. Aussi des états mentaux bizarres, la notion du temps est particulièrement altérée, le temps passe très lentement (surement dû au fait d'être plonger dans l'instant présent).
Les mois passent, entre méditation marchée (je fréquente souvent une communauté bouddhiste, leur maître est Thich Nhat Hanh), jardinage, cérémonies des tambours et prières.
J'écoute des mantras tels que ceux là:

[video=youtube;fPUOBr46hnU]

Au bout de presque 1 année, un amie rencontrée dans cette communauté bouddhiste me conseille d'aller voir une acupunctrice. Elle a elle même vécue quelque chose d'assez déstabilisant suite à une retraite Vipassana de 10 jours.
Au sortir de cette retraite, elle ressentait comme "un trou" au niveau du ventre.
Les semaines passaient, et après moultes examens médicaux (rien trouvé) elle alla voir cette acupunctrice (sur conseil) et en quelques séances ce "trou" disparu complétement !

J'allais donc voir ce médecin (par ailleurs généraliste) et prenait mon mal en patience (énormément de temps d'attente dans sa salle d'attente, mais j'étais prévenu !). Je lui racontait mon histoire, elle prit mes "pouls" chinois et elle eu un jugement très sévère à l'encontre de ceux qui étaient à l'origine de ce "dérèglement" de mon système énergétique (la médecine chinoise, vieille de plus de 3000 ans repose sur cette cartographie inconnue en occident des méridiens d'acupuncture) .
Elle me dit que ça prendrait un peu de temps, mais qu'elle pouvait m'aider.
Dès la première séance, je ressentais réellement un mieux être (la première fois depuis que j'essayais tout un tas de méthodes pour me soigner) ! A certains endroits (où les aiguilles sont appliquées), c'est comme si quelque chose se colmatait et que des "plaies" invisibles se fermaient. C'était très encourageant, et j'allais donc la voir régulièrement toutes les 3 semaines (j'arrêtais aussi complétement les cérémonies chamaniques)...

Au bout d'environ 6 mois, je me sentais nettement mieux et je recommençais à travailler quelques heures par semaine grâce à une entreprise d'insertion (rien à voir avec mon ancien métier mais c'était déjà beaucoup pour moi).

Bon, tout n'était pas parfait mais je me sentais revivre petit à petit.
Entre temps, j'essayais de comprendre ce qui c'était vraiment passé, mais à ce jour ça reste seulement des spéculations...
J'ai bien quelques pistes, en regardant du côté de l'Inde, un phénomène appelé "ouverture de la Kundalini" m'a interpelé: plusieurs "symptômes" d'une ouverture trop brutale peuvent correspondre à ce que j'ai vécu (voici quelques liens intéressants: Biology of Kundalini - Die-Off et Biology of Kundalini - Exhaustion Phase ), Jack Kornfield en parle aussi un peu dans ce passage ("savoir freiner"):
http://www.psychonaut.com/art-philo...a-spiritualite-jack-kornfield.html#post664715

Voilà, que dire de plus à part que je remercie la Vie de m'avoir permis de "revenir" dans le monde des vivants.
Je sais que d'autres n'ont pas eu ma chance (HP, suicide, etc) et c'est aussi pour eux que je me suis décidé à venir écrire mon témoignage sur le forum...
Même après ces années, ce n'est pas chose facile, mais j'ai pris mon courage à deux mains.
J'aimerai qu'il fasse réfléchir un peu ceux qui veulent tenter l'expérience, qu'ils (ou elles) se demandent si ça vaut le coup de prendre ce genre de risques (même si ça n'arrivera pas à tous ceux qui en prenne, bien heureusement) et s'ils sont prêts ! Perso, si c'était à refaire (et sachant ce que j'ai dû traverser) je ne le referai pour rien au monde.
A l'époque, il y avait une sorte de buzz autour de cette liane et certains en faisait une panacée absolu (sans trop prévenir du dark side potentiel).

Certains diront que je suis une exception, mais au fil des années j'ai rencontré d'autres personnes qui ont étés gravement choquées par leur prise d'ayahuasca...la plupart n'ont pas la force, ou ne veulent plus parler de ce trauma, préférant continuer à vivre et tenter d'oublier (ce qui est logique).

Ce récit ne reflète pas l'intégralité de ce que j'ai vécu: c'est juste un petit aperçu (impossible de tout décrire avec des mots...et depuis j'ai certainement oublié des détails).
Bien entendu, cette expérience m'a appris des choses sur moi, sur le monde et sur la vie, c'est indéniable. Mais le prix à payer est bien trop lourd.

Je souhaite remercier ma famille et mes amis, pour l'amour et la patience dont ils ont fait preuve à mon égard et sans qui je n'aurai pas tenu le coup...et je remercie particulièrement ma compagne. :heart:
Je remercie Dieu de m'avoir permis de traverser cette épreuve !

Merci à celles et ceux qui auront lu tout en entier (respect) et prenez soin de vous: la santé (physique ou mentale) est un cadeau précieux !

IMPORTANT: J'ai demandé à la modération de fermer mon TR pour empêcher des commentaires (j'espère que ce sera respecté). Je fais ce choix car la dernière fois que (sur un autre forum) j'ai été amené à parler de cette expérience, les critiques ont fusées (voir des mises en doute de la véracité des faits !) et ça, je ne souhaite pas le revivre.
Je suis désolé d'avance pour ceux qui auraient pu apporter des commentaires constructifs mais je ne suis pas (encore) prêt à pouvoir parler de ça avec un recul total et de jouer aux jeu des questions/ réponses.
Je souhaite juste offrir aux lecteurs un trip report pur et simple (un peu à la manière d' Erowid).
 
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