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[Tridiscussion] Philosophies en pratique

Xochipilli94

Holofractale de l'hypervérité
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20 Août 2013
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[Fraction de Juste Pour Dire] par une modictatrice

Edit Xochi : Ces propos sont sortis de leur contexte, les échanges valent le coup mais mes messages sont à prendre avec beaucoup moins de sérieux que le titre le laisse présager. Étant donné que cette discussion a été construite sans fil directeur, libre à vous d'apporter votre ter' à l'épiphyse même sans trop de rapport spécifique avec les messages précédents.

Payere a dit:
Après faire des aphorismes ou des phrases de sagesse c'est facile, les appliquer avec constance c'est déjà plus chaud patate. Notre monde est pas fait pour ça, si t'es gentil, on te niques, si tu dis la vérité, ça te retombes dessus, si t'essaies pas de prendre le dessus sur les autres, eux le feront.

Tiens c'est marrant que Sénèque ait été cité juste avant parce que justement il parle de tout ça. Déjà il faut reconnaitre que dans la plupart des situations auxquelles nous sommes confronté·e·s, nous n'avons pas le pouvoir de prendre le dessus sur les autres (ou sur la situation, comme dans le cas d'une maladie). Sénèque prenait l'exemple d'un tyran, mais aujourd'hui on pourrait tout aussi bien parler de l'institution judiciaire, du marché du travail, bref, tout un tas "d'autres" qui peuvent nous malmener sans qu'on puisse réellement prendre le dessus. Dans ces cas là chercher la confrontation et la domination est toujours contre-productif, il faut plutôt accepter, car on a pas d'autres choix.

Ensuite, puisque c'est un stoïcien, qui fonde donc le bonheur sur l'absence de trouble ou de souffrances (l'ataraxie), il ne va jamais promouvoir une position dogmatique qui ferait prévaloir la vérité sur la tranquillité de l'âme (ou de la conscience, ou du corps, bref on range ce qu'on veut derrière). Après c'est pas pour autant qu'il fait l'éloge de l'hypocrisie (très loin de là), mais au contraire il va distinguer les sujets dignes de discussions plutôt rationnelles et de paroles vraies (parrhèsia), comme des ami·e·s, des puissances qui ont du pouvoir sur nous et qui nous dépassent (le tyran, l'Etat).

Du coup pour finir sur un cliché : une citation. Sénèque disait "Celui qui cherche la sagesse est un sage, celui qui croit l'avoir trouvée est un fou". En somme, la sagesse et le bonheur, sont des états absolus dont il est inconcevable de les utiliser pour se définir au présent. En revanche on peut chercher à l'être, à le devenir, et c'est sur ce chemin qu'on doit essayer de se trouver pour vivre mieux.
 
V

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Je suis pas sûr que la vie de Sénèque soit vraiment comparable à celle de l'homme moyen moderne. Autre époque, autre endroit, autre statut social, etc. De plus a-t-il vraiment mis en pratique ce qu'il a écrit ? A ce stade, c'est tout ce qui m'intéresse. J'arrête la discussion, mais intéressant comme sujet.
 

Xochipilli94

Holofractale de l'hypervérité
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20 Août 2013
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Payere a dit:
Je suis pas sûr que la vie de Sénèque soit vraiment comparable à celle de l'homme moyen moderne. Autre époque, autre endroit, autre statut social, etc. De plus a-t-il vraiment mis en pratique ce qu'il a écrit ? A ce stade, c'est tout ce qui m'intéresse. J'arrête la discussion, mais intéressant comme sujet.

Je m'excuse d'égoïstement poursuivre la discussion, car au delà d'apporter des points de contradictions j'aimerais aussi un peu abonder dans ton sens, donc j'espère que tu m'en voudras pas. En plus, pour recontextualiser, vu que j'ai beaucoup défendu le stoïcisme a une époque où je participais de manière beaucoup plus assidue au forum, je profite aussi de cette occasion pour dresser mes premières critiques de cette école philosophie (enfin \o/ ). Je ne dirais pas que j'ai complètement abandonné cette pensée que je trouve toujours enrichissante, mais disons que quelques années de militantismes politiques et de riches discussions m'ont fait relativiser beaucoup de choses, et c'est pour ça que j'ai envie de vous livrer un avis très nuancé.

Payere a dit:
De plus a-t-il vraiment mis en pratique ce qu'il a écrit ? A ce stade, c'est tout ce qui m'intéresse.
Mais d'abord je fais un petit détour par cette phrase. Je trouve que c'est une très très bonne objection envers la philosophie antique de manière générale (même si selon les légendes ils mettent toujours en pratique leurs philosophies puisque ce sont eux les "sages" sur lesquels il faut prendre exemple et tirer des enseignements). Cependant comme je l'ai rapidement évoqué, lorsque Sénèque parle de la sagesse il fait preuve d'une philosophie pratique, quasi-expérimentale. Il ne donne pas une recette toute prête, mais des pistes issues de ses réflexions, de déductions logiques, qui lui permettent de dessiner une destination, et quelques chemins pour y parvenir, sans que ce soit aussi dogmatique qu'ailleurs. Personnellement je trouve ça beaucoup plus rassurant comme proposition philosophie de parler davantage d'une praxis imparfaite que de notions théoriques inatteignables. Donc quand à savoir si Sénèque a vraiment mis en pratique ce qu'il a écrit, je ne sais pas, je n'ai pas vécu avec lui ^^, je sais qu'il a eu une vie un peu compliqué, je pense qu'il est loin de tout reproches sur sa praxis, mais néanmoins j'ai plutôt confiance dans le fait qu'à un moment oui il a essayé de mettre en pratique ses idées.

Payere a dit:
Je suis pas sûr que la vie de Sénèque soit vraiment comparable à celle de l'homme moyen moderne. Autre époque, autre endroit, autre statut social, etc.

Ça c'est un point très intéressant je trouve. Si je faisais une réponse de stoïcien (voir même de vieux philosophe), je dirais que l'origine du discours n'importe pas tellement puisque d'une part, le propos du philosophe concerne des choses assez simples, à la fois essentielles et très concrètes, qui font qu'elles en deviendraient presque universelle à l'humanité (le rapport à la maladie, à la fortune (la chance/les aléas), à l'oppression, etc). D'autre part, pour prendre Sénèque en particulier (puisque je l'ai lu), il va aussi pour illustrer sa philosophie utiliser des situations à travers un peu toutes les classes sociales de la société de l'époque (où grosso modo on peut tout de même retrouver certains schéma d'aujourd'hui : position de pouvoir, privilégié, riche, ou bien pauvre, etc).

Mais (car il y a bien un mais), je pense que questionner le point de vue de ces philosophes tel qu'il nous est raconté pour savoir s'il est situé ou non est une très bonne objection. Si on en croit les livres d'histoires, il y a eu des adeptes du stoïcisme dans toutes les classes, y compris parmi les esclaves. Un nom qui revient souvent est celui d'Epictète, ancien esclave affranchie qui eut une influence notable sur la pensée des élites romaines de l'époque. L'une des composantes de sa philosophie avec laquelle j'ai le plus de mal est son injonction très radical à vivre en conformité avec la nature (au sens large, c'est à dire, l'ordre du monde). Cependant dans sa pensée," vivre en conformité avec la nature" ce n'est pas du tout essayer de transformer l'ordre du monde pour qu'il colle à nos désirs ou nos volontés. Au contraire pour lui il faut désirer l'ordre du monde présent. C'est cela être sage, désire ce qu'on a déjà, sinon c'est de la folie, sans position intermédiaire. Pour lui "la seule source des maux est dans la rébellion" contre cet ordre du monde.

Cette acception radicale de l'ordre du monde qui ne dépend pas de soi est souvent raconté à travers une anecdote sur sa vie : lorsqu'il était encore esclave, son maître décida pour le punir de lui tordre la jambe. Epictète lui aurait dit, impassible : "Si tu continues, elle va casser." Le maître continua sa torture et la jambe cassa. Et Epictète lui aurait simplement répondu, toujours impassible : "Je te l'avais bien dit". Cette anecdote est si incroyable qu'évidemment on serait permis d'en douter, et c'est plutôt une intuition justifiée puisqu'Epictète n'ayant laissé aucun écrit et que le récit de cette anecdote est apparue bien après sa mort, les historiens pensent plutôt qu'il s'agit d'une légende.

Là on pourrait se dire : Quel est l'intérêt de promouvoir le récit d'un ex-esclave qui prône l'acceptation de l'ordre du monde et qui méprise par dessous tout la rébellion, considéré comme une pure folie et la seule source des maux, dans une cité qui a connu 3 grandes révoltes d'esclaves. Est-ce seulement la bonté d'une certaine élite à accorder la possibilité du bonheur même aux couches les plus basses de la société ? Ou est-ce qu'il n'y a pas aussi derrière un accommodement (si ce n'est plus, une sélection ?) des élites intellectuelles à une philosophie qui prône le status quo (et donc le privilège des uns et l'oppression des autres). Or comme on sait que l'accès à l'écrit, (pour les correspondances philosophiques par exemple) mais aussi et surtout à l'histoire (les chroniques et mémoires qui figent un certain récit du passé pour les générations futures) sont l'apanage d'une certaine élite. On est en droit de se demander si l'histoire qu'on nous raconte n'est pas au fond beaucoup plus politique qu'elle veut nous le faire croire. Que par des mécanismes bien connus, de défenses d'intérêts de classes, d'idéologies tendanciellement plus promus par certaines classes, l'histoire qu'on nous raconte sur la philosophie antique, et en particulier sur le stoïcisme, n'est pas une production sur le temps long (ou bien une transformation/adaptation) de classes dominantes.

Dans ce cas, c'est là où les problèmes commencent pour moi : quel intérêt il y a-il à partager et promouvoir cette philosophie. D'un côté cela me parait évident que pour trouver un peu de bonheur on est obligé de se couper d'une partie de la réalité trop cruelle du monde. Si on devait penser à chaque instant à toutes ces personnes qui meurent de la faim, je pense qu'il serait difficile de prendre la vie avec satisfaction. De l'autre, est-ce que tout les problèmes qu'on voit dans nos sociétés, ces désordres dans l'ordre du monde, ne sont pas en soi des constructions humaines, sociétales et non naturelles comme le pensait les anciens. Si évidemment passer sa vie à soutenir activement la rébellion, c'est risqué surtout de passer sa vie derrière les barreaux d'une prison, voir pire. Peut-être aussi que plusieurs générations plus tard, la rébellion portera ces fruits et permettra à des populations opprimées de s'émanciper. Dans ce cas peut-être même que la colère peut-être un affect utile pour mobiliser des gens et agréger des espoirs pour des lendemains meilleurs. ( D'ailleurs, gros s/o à la rappeuse Casey qui parle avec beaucoup de justesse du tone policing dans ce passage ).

Enfin, à mon avis, un autre clivage ce cache parmi ces positions antagonistes, en plus de savoir ce qu'il est possible et raisonnable de modifier dans l'ordre du monde ou non : c'est le bon vieux clivage entre idéalisme et matérialisme. A mon avis, croire que riche ou pauvre on peut avoir un accès presque égal au bonheur car tout dépend du regard qu'on porte sur le monde procède surtout d'une vision idéaliste, c'est à dire qui présuppose que nos idées (et peut-être aussi nos affects ou notre absence d'affects) sont plutôt autonomes, par opposition à une vision matérialiste du monde qui va supposer que les conditions matérielles d'existences sont prépondérantes dans la formation des idées et des affects. Or dans une vision matérialiste de l'histoire, la lutte pour les ressources matérielles qui peut se traduire directement par l'exploitation et l'oppression, subordonne le bonheur d'une classe à une autre.

Personnellement c'est vraiment ce dernier point sur lequel j'ai du mal à trancher. Quand je regarde mon histoire familiale, je constate que c'est chez ceux qui ont le plus vécu dans la misère qu'on a trouvé le plus d'amour, et d'une certaine manière, de bonheur, malgré la faim, le froid, la maladie, etc. Pour autant j'ai du mal à envisager qu'on puisse vivre heureux dans la précarité. L'inconfort on peut s'y habituer, mais l'instabilité, je ne pense pas. Avoir peur du lendemain ce n'est pas nous pousser à vivre le moment présent, au contraire j'aurais tendance à dire que c'est le remplacer par une anxiété subie.

Enfin bref, voilà où j'en suis, en pleine difficulté à articuler ces 2 tendances à première vue contradictoire.
Désolé pour le pavé mais merci malgré tout de m'avoir permis de coucher ça par écrit !
 

Acacia

𝓥𝓪𝓹𝓸𝓾𝓻𝓸𝓾𝓼 𝓢𝓱𝓪𝓭𝓮𝓼蒸気の色合い
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Je pense ne vraiment pas avoir le niveau pour ajouter quoi que ce soit de pertinent mais j’ai l’impression (j’ai lu très peu de philosophie) que quand ça se met à parler de respecter un ordre naturel ou encore sa propre nature ... je sais pas je me méfie comme l’a dit Xochi on a vite fait de confondre l’ordre social que m’on connaît avec un ordre naturel limite divinisé ... il en va de même avec la nature d’une personne je sais pas, je n’ai pas assez lu ni les concepts donc je raconte sûrement des banalités mais tout comme l’ordre social qui est au final forcément construit et potentiellement voué à changer ben les humains à l’échelle individuelle de leur personnalité, leurs désirs, leurs priorités évoluent selon moi forcément avec le temps et les situations ça me semble absurde souvent de dire « c’est ma nature » ou une excuse pour ne pas vouloir se remettre en question ?

Pour ma part, j’ai beau être mordu d’occultisme Ésotérique, je me sens profondément matérialiste non pas que je pense que l’opulence soit la clef du bonheur mais il me semble évident que malgré toute la sagesse du monde il est des conditions matérielles qui sont largement un frein au bonheur mais comme l’a déjà dit xochi je pense que c’est plus l’incertititude, la peur du lendemain et le mépris de la part de ses pairs que l’inconfort ( a moins qu’il atteigne certains extrêmes) qui est le problème et sûrement d’autres choses .

Mais franchement je n’me sens absolument pas légitime à parler philo avec vous qui avez une culture philo politique largement plus développée que la mienne, en sachant que mes positions changeront sûrement un jour d’ailleurs... donc désolé si c’etait Une soupe de banalités ce que nous viens de raconter

Édit : je n’y avais d’ailleurs pas penser mais va parler de stoïcisme ou de zen ou de cynisme ou ce genre d’ecole Qui pronnent en gros le contentement pour ce qui EST (je l’espere Ce n’est pas trop un racourci débiles que de les comparer) à une personne souffrant de dépression schizophrènie bipolarité, trouble de la personnalité ou je ne sais quelle maladie physique horrible.... je suis pas sûr qu’en ca vaille un kopeck (désolé si ça sonne agressif ce n’est absolument pas le but de cet Edit)
 

Tridimensionnel

Holofractale de l'hypervérité
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Édit : je n’y avais d’ailleurs pas penser mais va parler de stoïcisme ou de zen ou de cynisme ou ce genre d’ecole Qui pronnent en gros le contentement pour ce qui EST (je l’espere Ce n’est pas trop un racourci débiles que de les comparer) à une personne souffrant de dépression schizophrènie bipolarité, trouble de la personnalité ou je ne sais quelle maladie physique horrible.... je suis pas sûr qu’en ca vaille un kopeck (désolé si ça sonne agressif ce n’est absolument pas le but de cet Edit)

Pour le coup, en ce qui concerne les maux personnels incurables (et plus globalement la déchéance humaine style vieillissement, qu’on peut retarder mais jamais arrêter), ça me semble des philos très utiles. Fin quand t’es diagnostiqué souffrant d’une maladie mentale, l’accepter et essayer de bien vivre avec c’est la seule voie possible, sinon à passer ta vie dans l’affliction et le sentiment d’injustice (pourquoi moi, etc).
 
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Je vais totalement dans ton sens @Acacia. Ca me fait penser à une critique qui revient beaucoup par rapport au délire du développement personnel : en prônant l'acceptation d'une certaine condition, ou en donnant le bonheur comme quelque chose d'intérieur dont l'individu est en charge, de un ça culpabilise ceux qui n'arrivent pas à l'atteindre, et deux ça met de côté tous les facteurs externes qui ont quand même une très grande influence sur nos vies (conditions matérielles, santé, etc.). C'est genre "et les pauvres, faut pas râler, le bonheur est dans votre cœur alors arrêtez de nous faire chier avec vos manifs là !". Après accepter l'inéluctable c'est une autre affaire, mais trop de trucs présentés comme tel alors qu'on pourrait faire bouger les choses.

Ca revient encore à ce que je disais plus haut : trop d'écrits aériens, détachés des réalités, comme des perles parfaites flottant dessus de notre monde lui imparfait. Alors ouai, c'est inspirant et tout, mais des textes très inspirants de différentes sagesses il y en a à la pelle. C'est comme si ceux qui les écrivaient se disaient que les hommes n'ont pas eu les idées, et qu'une fois qu'ils les auront tout ira mieux, on se mettra à suivre ce qui nous semble le plus sage. Sauf que ça marche pas comme ça (enfin je pense, c'est que mon avis tout ce que j'écrit hein.). Exemple : on sait très bien que ce n'est pas en continuant de bouffer des animaux qu'on mettra fin à leur exploitation, on sait très bien que ce n'est pas en se roulant dans la consommation qu'on ira vers un monde plus durable, on sait très bien que ce n'est pas en fermant les yeux sur les injustices qu'on y mettre fin… Des exemples comme ça j'en ai plein la tête, mais est-ce qu'il suffit de savoir ce qu'il faudrait faire pour le faire ? Lis ce qu'il a écrit… Je crois que j'ai encore débordé --);_;(--


Rien à voir, mais trop de raisons de perdre sa vie sur le youtube

[video=youtube]
 

Xochipilli94

Holofractale de l'hypervérité
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Acacia a dit:
Je pense ne vraiment pas avoir le niveau pour ajouter quoi que ce soit de pertinent mais j’ai l’impression (j’ai lu très peu de philosophie) que quand ça se met à parler de respecter un ordre naturel ou encore sa propre nature ... je sais pas je me méfie comme l’a dit Xochi on a vite fait de confondre l’ordre social que m’on connaît avec un ordre naturel limite divinisé ... il en va de même avec la nature d’une personne je sais pas, je n’ai pas assez lu ni les concepts donc je raconte sûrement des banalités mais tout comme l’ordre social qui est au final forcément construit et potentiellement voué à changer ben les humains à l’échelle individuelle de leur personnalité, leurs désirs, leurs priorités évoluent selon moi forcément avec le temps et les situations ça me semble absurde souvent de dire « c’est ma nature » ou une excuse pour ne pas vouloir se remettre en question ?

T'inquiète c'est un sujet que j'ai un peu bossé il y a quelques années et que je continue de digérer peu à peu mais en soi je suis pas non plus très légitime sur la philo en général, c'est vraiment pas dit que j'ai lu plus de bouquins de philo que toi x). C'est pas pour rien que chacune de mes interventions sur le sujet se font dans des topics qui n'ont rien à voir et que j'ai jamais créé un sujet à part entière pour parler de tout ça. (Là seule fois où j'ai tenu promesse en créant un sujet qui se veut "sérieux" c'est parce que j'y connaissais encore tellement peu de choses que je pensais pouvoir faire le tour du sujet rapidement ! Quel erreur x).

Enfin bref, je trouve ça plutôt intéressant ce que tu dis et j'suis évidemment plutôt d'accord avec toi. D'ailleurs quand tu parles d'ordre naturel limite "divinisé" je trouve ça extrêmement pertinent comme précision. Parce qu'évidemment nous on parle de notre point de vue, d'athée pour ma part, mais aussi de citoyens conscients que notre société contemporaine (et démocratique) est le fruit de construction humaines récentes et plutôt bien documentées historiquement. Or je pense que dans un contexte où partie très importante de la population verrais dans les rouages de la société l’œuvre de Dieu (ou des Dieux), évidemment le curseur doit être bien différent entre "ce qui est naturel et qui s'impose à nous" et "ce qui est surtout relatif à l'activité humaine et qu'il est possible de changer".

Acacia a dit:
Édit : je n’y avais d’ailleurs pas penser mais va parler de stoïcisme ou de zen ou de cynisme ou ce genre d’ecole Qui pronnent en gros le contentement pour ce qui EST (je l’espere Ce n’est pas trop un racourci débiles que de les comparer) à une personne souffrant de dépression schizophrènie bipolarité, trouble de la personnalité ou je  ne sais quelle maladie physique horrible.... je suis pas sûr qu’en ca vaille un kopeck (désolé si ça sonne agressif ce n’est absolument pas le but de cet Edit)
Pour le coup, même si Tridi m'a devancé et je suis plutôt d'accord avec elle, je trouve qu'il y a du vrai et du moins vrai dans ce que tu dis. Déjà, c'est encore une fois une remarque très pertinente puisque c'est peu ou prou la remarque qui m'a été faite il y a quelques années par une précieuse contradictrice et qui m'a permis de remettre en question un certain dogmatisme sur la question.

Déjà pour clarifier une chose, lorsque les stoïciens prônent une acceptation de l'ordre du monde, ils parlent surtout ce qui ne dépend pas de nous (et pas nous en tant qu'humain, mais nous à l'échelle d'une vie, donc pour eux espérer faire la révolution tout·e seul·e à l'échelle d'une vie = folie). Donc je dirais qu'au contraire ils font plutôt preuve d'une certaine ambition à ce qu'on change individuellement par la pratique.
Le questionnement que ta remarque implique concerne plutôt si ces pathologies/troubles relèvent du monde naturel ou du monde social. Si je prends le cas de la schizophrénie par exemple, qui n'est pas à ma connaissance un trouble duquel on peut guérir, je dirais au contraire que faire miroiter un ordre du monde dans lequel ce trouble n'existerait plus à une personne qui en souffre serait générateur de beaucoup de frustrations. A l'inverse accepter ce qu'on ne peut changer est déjà plutôt porteur d'harmonie. Mais bon je vais m'arrêter là parce que sinon je vais répéter ce que dit Tridi.

Néanmoins c'est une objection intéressante car, de mémoire (et c'est là où ma culture philo a ses limites), j'avais plutôt le sentiment que les stoïciens présupposais que tout le monde était câblé de la même manière (donc pas de neuro-atypisme), et que donc, si j'exagérais, certains philosophes auraient pu monnayer un bonheur en échange d'un état stoïque même à une personne bipolaire par exemple (ceci dit, je me demande qu'elle aurait été l'avis de Sénèque sur les neuroleptiques). Peut-être bien aussi que ce sont mes souvenirs qui me font défauts et que ces derniers souhaitaient uniquement s'adresser aux gens "rationnels" selon eux (exit donc les neuro-A).

Enfin si on prends certains troubles psy comme un écart par rapport à la norme, on pourrait aussi bien dire que les particularités de notre fonctionnement psychique ne sont pas bonnes ou mauvaises en soi, mais que c'est plutôt le monde dans lequel ces "particularités" vont s'exprimer qui vont conditionner si les choses vont bien se passer ou non. Ce que je veux dire par là c'est que c'est la société qui fait l'handicap (le principe du validisme), et du coup en soi on pourrait tout à fait envisager de faire la rebellion pour en finir avec ça ^^ , c'est à dire accepter ses particularités et essayer de vivre avec tout en luttant contre un ordre du monde social oppressif. Mais bon, même si j'ai le sentiment de donner l'impression de ne jamais savoir sur quel pied danser, je pense tout de même qu'on ne peut pas envisager d'émancipation individuelle sans émancipation collective (à moins d'avoir bac+8 en dissonance cognitive).

Payere a dit:
Je vais totalement dans ton sens @Acacia. Ca me fait penser à une critique qui revient beaucoup par rapport au délire du développement personnel : en prônant l'acceptation d'une certaine condition, ou en donnant le bonheur comme quelque chose d'intérieur dont l'individu est en charge, de un ça culpabilise ceux qui n'arrivent pas à l'atteindre, et deux ça met de côté tous les facteurs externes qui ont quand même une très grande influence sur nos vies (conditions matérielles, santé, etc.). C'est genre "et les pauvres, faut pas râler, le bonheur est dans votre cœur alors arrêtez de nous faire chier avec vos manifs là !". Après accepter l'inéluctable c'est une autre affaire, mais trop de trucs présentés comme tel alors qu'on pourrait faire bouger les choses.

Je suis tout à fait d'accord avec toi, et je suis encore plus critique sur toutes les théories autour du développement personnel (et du management) car elles ont été cherchés ce qu'il y avait de pire dans les philosophies de la sagesse pour dépolitiser tout un tas de trucs. Après le soucis c'est parfois c'est que tu tombes sur des gens que ça a aidé, et c'est très compliqué de briser le mythe >< (par contre j'ai aucun scrupule pour tacler les prosélytes).
 

Acacia

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Dans une certaine mesure je suis d’acc Avec toi Tridimensionnel cependant je pense que ce n’est applicable que dans les moments « d’accalmie » de la maladie, je ne veux surtout pas faire de leçon ou faire le mec qui prend de haut, mais quand tu tombes dans certaines abîmes psychiques, t’es plus vraiment en capacité d’avoir un rapport rationnel à la réalité et dans ces stades là bah je pouvais en bouffer des textes spirituels philosophiques (un peu allergique au développement personnel pour des raisons idéologiques et biais personnels -failli tomber dans une espèce de secte entre 16-17 ans...)- bah ça voulait rien dire les idées suicidaires, nihilistes et autodestructrices s’enchaînaient sans répit et si on m’expliquait de relativiser ou de me contenter de profiter de ce que j’avais déjà, ça m’en donnait juste envie de foutres des claques ... et c’est pas mon genre pourtant .
 

Tridimensionnel

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Le bien-être comme injonction est une violence, mais vous parlez ici d’une application de la philosophie à l’echelle sociétale. Pour qui fait le choix de s’y intéresser, ça peut être salvateur. J’ai des contre exemples de personnes dans le mal (psyhiatriquement) qui trouvent du réconfort dans des pratiques de sagesse.
Dans un registre moins grave, je me rappellerai toujours de ma découverte d’Epictete à 16 ans, idées suicidaires, scarifications, cyclothymie bien vener, chagrin d’amour, déréalisation... et de lire, à rebours de tout ce qu’on m’avait dit jusque-là : qu’on t’aime ou pas, ça dépend pas de toi. Mais ce que tu en penses, ça dépend de toi. T’as pas d’excuse, alors relève la tête !
 
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C'est peut être plus une question d'importance portée au message, qu'il tombe dans la bonne oreille au bon moment. Dans mon cas, à 16 ans j'avais aussi pas mal de problèmes et j'ai entendu pleins de messages comme les tiens sans jamais que ça tilte.
 

Acacia

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Moi c’etait Camus et Sysyphe qui m’avaient fait du bien à cet âge
 
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