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Thaï 1g : le rite du soleil et de la nuit

Thysia

Glandeuse pinéale
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24 Sept 2013
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Set and setting : au dernier jour du festival Celebration Days. J'avais déjà pris la même dose deux jours avant, qui a résulté en un trip sympathique avec un ami au cours duquel nous avons fait une grande ballade dans les champs qui se trouvaient autour du festival (en Picardie, à Cernoy - Les Trois Etots). Un bon premier trip aux champi, mais qui ne m'a pas du tout fait avancer, de plus je me sentais en inadéquation complète avec le festival. Je ne comptais pas re-tripper de peur d'être à nouveau bloqué et de revivre la même chose, j'ai changé d'avis au dernier moment. D'autres amis voulaient prendre du LSD et en cherchaient avec vigueur dans le festival, pour ma part je n'avais pas envie de faire un trip de nuit ni de tripper pendant 12h en restant dans ce festival qui me plaît moyennement.

Prise : nous décidons de faire une ballade avec deux amis, A. et M. Nous nous retrouvons dans le grand champ de blé coupé dans lequel nous nous étions déjà balladés avec M. au trip deux jours avant. On se pose au milieu de ce champ, au sein d'un îlot d'arbre, le soleil resplendissant (après 3 jours bien pourris), et là je le sais : il faut qu'on trippe. Je propose donc l'idée à mes deux compagnons, qui acceptent sur le champ. On retourne au festival pour aller chercher des affaires (les champis d'A., un tapis de sol, des vêtements, ma guitare et de l'eau), puis une fois de retour à l'exact même endroit du champ, nous commençons à bouffer les champis.

Montée : nous sommes tous les trois sur le fameux îlot d'arbre. Je joue de la guitare pour passer le temps en attendant la montée. Je me sens entièrement paisible. M. décide de retourner au camping pour aller chercher un sweat. Il est complètement trippé quand il revient, ce qui m'inquiète un peu car je ne sens quasiment aucun effet (alors que j'ai pour habitude de monter très rapidement). Chacun fait alors son petit bout de chemin, on médite, on se ballade, on joue de la guitare. Les premiers effets se font ressentir de mon côté mais c'est très léger, j'ai l'impression d'être dans un semi-trip, ou bien j'ai du oublier comment ça fait d'être trippé et je ne m'en rends plus compte. De son côté, M. tape une phase ultra-violente, il se ballade dans le champ et balbutie des mots de temps à autres. On le retrouve assis avec un champ de blé derrière lui, en train de manger du blé cru. Il nous révéla plus tard qu'il était à ce moment revenu à l'état d'animal, un état qu'il avait plus ou moins recherché durant ses prises précédentes de psychédéliques.

Plateau : Au bout d'un moment, les effets commencent à réellement se faire sentir pour ma part et je sens que je suis vraiment trippé. Mon jeu de guitare devient très étrange et caractéristique du jeu sous psyché, je n'arrive plus à m'arrêter de jouer, la guitare me permet de rentrer dans un état de méditation, de calme et de contemplation poussés. Le paysage est magnifique, le temps est sec et chaud, le soleil et le vent me caressent la peau. On remarque au loin une voiture qui s'est arrêtée à l'entrée du champ, on flippe un peu mais elle ne bouge pas pendant un certain temps. Au bout d'un moment, une autre voiture arrive et vient nous voir, le mec qui se trouvait dans la première voiture vient nous dire qu'on a pas le droit d'être là, nous emmerde etc. Je me sens entièrement calme, reposé et pas trop trippé (et pourtant je l'étais complètement), on arrive à leur répondre calmement sans badder ni rien, on se barre alors du champ, un peu dégoûtés.

Nous entamons alors un petit bout de chemin sur les routes adjacentes aux champs, cherchant un endroit où se poser. Notre but était à la base d'aller dans la forêt qui se trouve à côté du champ, mais cette forêt est apparemment elle aussi une propriété privée. On s'y ballade un peu, mais la peur d'être à nouveau emmerdé par les teubés du coin et les chasseurs (car le coin est en fait un gros repaire de chasseurs) nous gagne et on en sort assez vite, à nouveau un peu dépités. Nous décidons alors de nous poser aux abords du champ sur lequel nous étions à la base, mais de l'autre côté, pour observer le coucher de soleil.

Je décide de m'asseoir à l'endroit où le soleil est pile-poil au-dessus de l'arbre au milieu du champ (sur lequel nous avions trippé lors de la prise de champis 2 jours avant). Nous nous mettons tous à observer intensément le soleil. Il s'agit pour moi du moment de contemplation le plus pur de ma vie, le soleil m'emplit de sa chaleur, je le vois comme une boule de couleur mouvante. Le ciel est incroyable, on croirait un tableau de Dali, les couleurs n'ont jamais été aussi resplendissantes. A force d'observer le soleil je vois des boules multicolores apparaître partout dans mon champ de vision. Je joue toujours de la guitare pour me concentrer. Une fois le soleil couché, nous décidons de retourner au camping pour poser nos affaires, et A. décide de rouler un pétard. Une fois cela fait, on retourne aux abords du champ, cette fois-ci près d'un crucifix qui se trouve sur un petit espace de pelouse où l'on peut se poser librement. On fume donc ce pétard (malgré que je sache que je ne suis toujours pas en redé), on discute, je continue de jouer de la guitare, on mange du chocolat.

On se met alors à observer le ciel. Comme la journée a été très douce, chaude et sèche, le ciel est complètement dégagé et l'on peut observer les étoiles à volonté. La lune n'est cependant pas visible. C'est d'abord très sympathique, mais cela devient assez vite oppressant. Ce vide dans le ciel me fait réfléchir à tous les aspects négatifs de ma vie, la vacuité qui ressort de mon absence de croyance. Je me sens mal à l'aise, je me dis que j'ai besoin d'un toit, de revenir à la maison, que c'est ce festival qui induit ce malaise. Mais je me rappelle aussi que je ne me suis jamais senti plein et entier, que ce monde ne me convient pas, que la société est viciée jusqu'à l'os, que je ne sais toujours pas quoi faire de ma vie pour être en adéquation avec l'univers et toutes les choses que j'ai pu ressentir depuis ma première prise de psychédélique, et que la vie quotidienne n'a aucun intérêt. J'ai l'impression de ressentir le poids du cosmos et de l'univers sur mes épaules, le néant absolu emplit mon être. Tous ces espoirs que j'ai pu avoir grâce aux psychédéliques, cette impression d'avoir trouver un sens à la vie, me semblent à ce moment entièrement dérisoires face à la Nuit. La peur enfantine du noir a repris le dessus, les voitures que l'on croise au loin ou de près me font très peur, comme si elles étaient des formes de vie me voulant du mal. Je cherche quelque chose qui me permettrait de m'extirper de ce trip. Je décide alors d'écouter un peu de black metal, un style qui a changé ma vie il y a de nombreuses années mais que je n'écoute plus trop ces derniers temps. Je choisis le truc le plus pur que je puisse trouver, Funeral Fog de Mayhem (
). Cela me fait un bien fou sur le moment, mais dès la fin de la chanson je me sens complètement désorienté, je marche anarchiquement sur la pelouse, lampe frontale à la tête, j'ai l'impression de devenir fou. Je n'ai alors plus le choix, il faut que je retourne au festival, pour pouvoir me raccrocher à quelque chose de tangible, d'humain, à de la chaleur et de la lumière.

Redescente : Dès que je vois le premier lampadaire sur le chemin du festival, je me sens beaucoup mieux, le froid qui avait envahi mon corps se dissipe, et une partie de moi-même me revient. L'arrivée au festival me fait un bien fou, même si je n'aime pas les groupes qui passent ni les gens qui y sont. La merde est certainement une des choses les plus tangibles qui soit, et voir des gens s'affairer à des choses humaines et débiles est particulièrement rassurant. S'entame alors une redé où nous allons traîner dans le festival en fumant des pétards. On retrouve nos amis que nous avions quitté pour aller prendre des champi, qui ont au final trouvé du LSD et se tapent un trip très puissant eux aussi. Cela me fait beaucoup de bien de les revoir également et de discuter avec eux.


En résumé, il s'agissait sûrement d'un des trips les plus forts de ma vie, que je vois comme un moment de pure contemplation et de méditation. Le trip cosmique de fin était très difficile à encaisser mais en même temps délicieusement bon par la puissance des révélations qui m'ont été offertes. J'espère pouvoir tirer le meilleur de ce trip par la suite et ne pas retomber dans la noirceur de la nuit.
 
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