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TR Salvia feuilles et X20 fumés, une première fois, une sorte de double

hoyhoy

Neurotransmetteur
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4 Fev 2016
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Un après-midi d’automne, je rejoins un pote dans une cité U. On se met bien dans sa chambre d’étudiant, petit rectangle de 12m². Je venais tester la salvia pour la première fois, il y a 12/13 ans.

J’étais assis dos à la fenêtre sur une chaise, mon copain était assis face à moi et un autre pote sur le lit. Tous deux avaient déjà testé et j’étais seul à la prendre ce jour là. On a parlé de leurs expériences, ils avaient testé plusieurs fois dont des gros dosages. Je ressentais une appréhension forte mais je restais très curieux. On s’est mis d’accord pour que je prenne des feuilles en douille, saupoudré de X20.

J’ai fumé une première douille faiblement chargé. En relevant les yeux, j’ai une impression visuelle genre amélioration des couleurs de la définition et plans plats interposés, il y avait quand même de la profondeur… ça passe très vite et je dis à mes amis que ça ressemble à des champis. Puis je me sens aspiré vers ma gauche : un vortex se fait sentir et me faisait vriller, comme une envie irrésistible qui emmenait mes bras, un peu ma tête, vers la gauche. En y cédant je me lève et je me retourne, et là je me fais comme aspirer doucement mais fermement vers la fenêtre. J’aurais pu résister facilement mais suis le courant. J’étais parfaitement conscient. Face à celle ci, je regardais dehors et ne sentais rien, et en me retournant, j'étais de nouveau aspiré, de moins en moins fort comme l'effet s'estompait. Je pouvais marcher et penser normalement, j’étais bizarrement très calme.

On parle un peu des effets et j'ai refumé moins de 5 minutes après à la même place avec plus de X20 : la deuxième est partie pareil, mais visuellement plus fort ; toutes les arrêtes et limites de l’image (les traits quoi, comme le bord d’une table ou le coin mur/plafond) se sont mis à bouger, et rapidement transformer en serpent à rayures avant de revenir très vite à la normale ; j’ai encore senti le vortex et d’ailleurs les serpents y allaient, mais pas d’aspiration, et tout c'est estompé directement. J’avais déjà eu ce style de visuels mais moins rapidement sous champis. Je ressentais comme une sensibilité et mes vêtements me grattaient mais c’est parti très vite.

Donc tout ça, je crois que mon cerveau luttait et assimilait en restant au mieux dans du connu. On était d'accord que ce n’était pas ça l’effet recherché, j’étais ok pour aller plus loin : une troisième donc et vite. J’étais motivé et rassuré par les effets pour l’instant - et accompagné comme je l’étais. Je change aussi de place dans la pièce, et m’assois de l’autre côté face à la fenêtre et toujours mes deux potes. Là, on met encore plus de X20. Je fume.

Directement et sans que je m’en aperçoive, une radicale modification de mon état et de mon mode de pensée. Je scrute la pièce et mes deux amis en face de moi, je commence par croire parler beaucoup et très vite, en fait pleins de voix qui commentent pleins de choses explosent comme un bouquet. Dans le même temps dès le départ l’image perçue change radicalement, c’est brouillon : les seuls trucs qui me semblent avoir « passé la frontière » sont le visage de mes deux amis qui restent donc assez longtemps, tout le reste se transforme sans arrêt, comme une immense machine biologique et terrestre aberrante. Tout en gardant leur visage, les deux personnes se transforment sans cesse, je note en poissons puis phoques et autre chose et en mammifères bizarres… Je vois pas mal de ciels, des nuages, des terrains, plantes, rochers (j’étais étudiant en géo… ?) qui relis tout ça avec deux êtres au milieu… Je crois voir un truc profond genre évolution de la vie, l’arbre de la vie, sans que cela soit bien clair.

Tout cela ne me laisse pas vraiment le temps de penser ni de percevoir mon état puis d’un coup un grand calme. Les voix redeviennent ma voix habituelle.

Ça prend une ampleur mystique et ça devient de plus en plus lumineux, coloré, brillant, uni, silencieux. Je crois voir l’ensemble de la réalité ou de l’être. Je note alors un sens dans l’image : la source est en haut à gauche, elle produit pleins de courants lumineux qui font la vie et la réalité, qui brillent et coulent de cette source jusqu’à la fin : je suis le sens et j’observe donc la fin, en bas à droite de mon image rectangulaire qui constitue l’existence. En fait il n’y a pas vraiment de fin car la page s’arrête, je note avec une attention particulière une sorte de grésillement de l’image à cet endroit comme si je n’arrivais pas à tourner la page. Je prends alors conscience (si on peut dire…) qu’une entité reptile divine (à l’époque j’avais jamais entendu parler de ces délires autrement que dans Las Vegas Parano) se cache derrière l’image et mange les filaments de la réalité par là. Il ne faut pas que je regarde trop pour ne pas me faire voir.

Je dois alors faire un retour sur moi et sens une sorte de tension, une secousse et gros craquement, et là tout se déchire au centre de l’image, comme un voile ou du papier ; c’est assez violent - mes potes me diront après que je crie à ce moment : « dieu a déchiré l’image »…
Je commence à être choqué et à peine à réaliser à quel point je suis parti - et je retrouve alors la pièce, mes amis qui me regardent, le lit… Je reconnais comme ça plusieurs choses et me souviens « de tout », avoir fumé, mon corps, etc… mais avant avoir pu penser quoi que ce soit ça recommence : tout devient lointain, l’image s’écarte de moi comme un zoom arrière et devient très bizarre.

En posant mon regard sur la fenêtre, je vois un œil, et là j’ai comme une révélation : toute l’image, donc la pièce et plus autour suite à l’écartement (je crois voir notamment les pièces adjacentes comme une maison de poupées), est portée sur ce que je reconnais sur le coup comme mon propre visage... Je me sens en m'identifiant, géant, face à moi, qui regarde un vrai moi tout petit, spectateur. La fenêtre et un autre point dans les visuels de bordure (fenêtre de la pièce d’à coté ?) sont mes yeux, le lit et mes deux potes sont sur le côté de mon nez, etc… et tout s’additionne de nombreux trucs psychédéliques, des éléments répétés et mouvants ressemblant à des fougères par endroits et des touches de piano à d’autres. La scène est burlesque et terrifiante. Je me sens double mais ne vois pas mon vrai moi. Comme si ce géant qui est mon double et le mur de cette cité U, est aussi un autre et plus que ça… Un truc divin et branché à la Terre. La meilleure impression c’est les géants, sortes de divinités terrestres qui font le vent, les montagnes, les mers... Sur le coup c'était juste du wtf intense pour moi.

J’éprouve alors beaucoup d’incompréhension et de peur d’être un autre, d’être la réalité, d’être ce géant, d’avoir vu et pensé et ressenti tous ces trucs, de ne pas m'identifier normalement, de taper un délire mystique mégalo. Mais je suis redescendu très vite dès ce questionnement et ces sensation et j’ai pu reparler et tout percevoir et réfléchir normalement. Woaw ! Cela m’a profondément choqué et troublé, mais aussi beaucoup intéressé.

Ce fut extrêmement visuel et mental/spirituel, émotionnellement « vide » et psychologiquement très puissant. J’ai vite défini ce qui était réel ou pas avec mes potes et j’ai été clairement impressionné et fasciné. J’ai cru commenter pleins de trucs et j’avais seulement crié le truc sur le dieu et l’image déchirée… Sinon je suis resté assis et silencieux à zyeuter partout sans bouger la tête et en étant de plus en plus ébahi, puis j'ai baragouiner deux trois phrases à la fin. Certaines scènes et paysages aperçus, les problématiques et les thèmes sortaient vraiment de mes connaissances a priori. J’avais perdu un instant toute notion de l'environnement, du temps, de l’espace et de mon identité. Un pote avait pris le bang de mes mains. Après pendant une ou deux heures j’avais l’impression de planer. Le resto U fut excellent et les transports en commun, animés d’étudiants, rassurants. Je suis rentré tranquillement. Un fort sentiment de détachement et de calme m’est resté plusieurs jours.

Cela m’a travaillé intellectuellement et émotionnellement pendant des années, fait lire, chercher et cogiter. Il faut savoir que ça peut être vraiment traumatisant et puissant. Un sitter est obligatoire du fait de mouvements incontrôlés et de perte de connexion avec l’environnement. J’y suis retourné avec respect. J'ai pas mal travaillé à faible dose la dissociation, l'impression que tout n'est qu'un.
 

Soulthrower

Neurotransmetteur
Inscrit
16 Août 2016
Messages
22
Merci pour le TR ! Super intéréssant !

T'es vraiment parti trèèèèès loin ^^ Et super intéressant la partie ou tu te reconnais en géant un peu partout dans la pièce si j'ai bien compris !

Expérimentations à venir pour notre part (on est deux en fait sur ce compte), mais on partira plutôt sur de la 15X en doses progressives un peu comme tu l'as fait.
 
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