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TR Psilo: être ou être sous champis, ceci n'est plus une question!

Quetzal

Holofractale de l'hypervérité
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19 Mai 2008
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Qui : Quetzal solo (coloc présent)
Où: appartement à Valencia, a coté de la plage
Psychotrope: 0,9g sec de psylo (conservé au congelateur) + un ballon de vaporisateur de beuh



Remarque :
Toutes les réflexions présentées font partie du trip (ce n'est donc pas une suranalyse postérieure, tout au plus une suranalyse faisant partie intégrante de l’expérience); elles sont légèrement ré-arrangées pour pouvoir être lue, mais néanmoins très fidèles (le voyage a été net).



Set:

Ma vie est en transition. J'ai déménagé, plongé dans un cercle social très riche et connecté a plein de thèmes, artistiques, politiques, sociaux, festif. J'ai quitté ma copine il y a 1 mois, ce qui m'a mis devant la problématique de la souffrance de l'autre; je n'est pas encore déconstruit en toute liberté ma relation aux autres, je n'entrevois pas encore le nœud du problème mais petit a petit, je place les éléments sur l’échiquier de la pensée.

j'ai passé une semaine d'enchantement; une relation avec une amie (Aline) a amplifié les dimensions spirituelles et artistiques, dans la communication. C'est le moment de l'ouverture au mystère, de la sensibilité et de l'écoute des intuitions, de la confiance dans la transformation perpétuelle du chaos ou un ordre sensé. Il y a beaucoup de magie dans mon rapport a Aline. Je suis bouillonnant, ces nouvelles expériences -sobre- me donnent beaucoup de matériel a intégrer, c'est la soupe du vécu, qui devra s'avaler comme un tout, et je fais confiance en ce processus qui dépasse la raison et les buts, car il est l'expression même de la vie dans son ensemble.


Dans l'après midi, mon coloc Gus m'invite a la plage pour parler un peu et se détendre. Il est intéresse par les psychés mais n'en a pas encore pris, bien qu'il soit plus âgé.
On en a dejà discuté plusieurs fois,en parlant de psychologie et d'ontologie -il est psychologue et musicothérapeute.
On communique très facilement, je me sens très bien en parlant avec lui. Je lui parle un peu des effets des champignons et du LSA, et on entrevoit des pistes très intéressantes; il est dans une optique très constructive et prudente, il veut préparer ça bien et on sait qu'on pourra compter l'un sur l'autre. En parlant de tout ça, ca renforce le sentiments que j'ai depuis 2 jours : c'est un bon moment pour faire mon voyage, auquel je pense depuis 1 mois. Mais il faudra un peu de temps de préparation avec Gus, et moi je suis déjà prêt. Je me décide alors a en prendre seul le soir meme, et de tester l'état de conservation de nos petits Toads, ce qui ajoutera de la sécurité dans les dosages posterieurs. Et évitera de précipiter la première prise de mon ami de par mon empressement personnel...

&Setting:

En rentrant a l'appart, je commence a préparer le setting; j'explique a Gus quelques détails, pour éviter toute tension ou incompréhension pendant le voyage; il ne sera pas mon sitter mais sera présent a l'appart, donc autant accorder nos violons. Ce gars la n'a qu'une devise: "Tranquilo, con calmo", c'est un état presque permanent chez lui. C'est très agréable et il communique cette attitude aux autres.




21h : 0,9g de champis grignoté en 15min; je fais chauffer le volcano, et enchaîne sur un ballon de beuh (soit une petite dose). 21H25, c'est le rush, j'ai la gigote, je vais devoir sortir.
(un post sur psychonaut recommandais la prise lente, qui évite les nausées, pour le DXM je crois. Je décide de tenter l'idée pour les champis, et effectivement, je n'ai pas eu l'habituel coup de pompe + coup de poing a l'estomac dans la montée)


Je rempli mon sac en un éclair, et prend la route avec 1200 mics dans les oreilles.
J'ai le grand smile, ca pousse a fond, tout est normal mais whooo, je suis a l'affut de tous les détails, la réalité transpire de richesses.
Je traverse la large plage. La rangée de lampadaires de la digue crée 9 répliques de mon ombres, en demi cercle devant moi; je danse avec ces ombres synchronisées; 1200 chuchote "magic mushroom" (ca me rappel brusquement que j'en ai pris)... et la un premier kick, musicale et physique; qqchose me traverse, l'effet viens de me faire basculer dans cette autre dimension...
Je m'agenouille dans le sable, les sensations commence a se décupler, les idées partent sur plusieurs niveau... les premiers paradoxes et questionnement apparaissent de manière nette, chaque choix se relie a ses fondements arbitraires, qui sont alors remis en question.
J'hésite entre monter au perchoir des secouristes, ou me baigner. Je me dis que commencer par se baigner, sans essuie, c'est risquer d''avoir froid, et de faire baisser l'effet encore faiblard de la montée; mais je me dis aussi qu'au final, ces choix sont sans importance, l'important c'est d'agir, pas de s'embourber dans mille considérations. Que la vie ne dépend finalement pas tellement de ces petits ajustements, mais de la façon dont on agit dans le présent, en en captant le maximum. Mais je suis la, en train de réfléchir que réfléchir n'a pas d’intérêt... que je dois choisir et point. Je monte au perchoir, choisissant la voie de la raison. Ok, 1200 mics, assis sur une chaise, ca donne rien. On va tenter de se laisser porter par un truc calme, un concerto de Rachmaninoff.
C'est beau, mais sans plus. Il ne se passe pas grand chose, il ne ressort pas cette esthétique toujours renouvelée, tout va bien mais où est la richesse, si en étant calmement la, il ne passe rien?
Ah si, ya quand meme ces milliers de yeux d'aliens formé par les pas dans le sable obscure...
Heureusement, 10 minutes de concerto en paraissent 100, donc j'ai pas trop perdu de temps. Je descend du perchoir pour m'approcher de la mer. Je divague sur l'importance de vivre l'expérience sensorielle (dilemme entre voyage intérieur ou exterieur); et en même temps, j'ai l'impression que je pourrais me laisser aller bien plus loin, si j'étais dans mon lit... Que faire?
Il y a un vent agréable, je me déssappe pour en profiter; je vais mettre mes pieds dans l'eau... et avance... et me voila en train de nager. Je n'avait pas formulé le plan d'aller nager, je m'y suis retrouvé, pas a pas, poussé par le déroulement d'une action puis d'une autre.


Je veux faire la planche, mais c'est comme si je me retrouvais a tomber dans le vide, je m'agite, rigole, c'est un festival d’infinies sensations folles parcourant mon corps et mon champ de vision. La mer m'offre des oscillations, des flux, des vagues, de la légèreté, un paysage sobre mais toujours en mouvement...


Je frappe l'eau de plaisir et de rage, je fais exploser un mélange flous de mes souvenirs et ressentis de la semaine écoulée, j'accepte les choses avec leurs limitations, imperfections; je me sens humble et c'est en ça que la réalité est grandiose. Je repense a mon amie et vois a quel point elle m'a apporté de la sensibilité pour certaines choses, mais surtout de la sensibilité pour la relation qu'on avait en soi, je m'agite, me défoule, accepte les conneries qu'il s'est passé avec elle et déguste finalement ce résultat inespéré et magique, surgissant des opportunités que nous avons saisis au fil du temps.
Je comprend que j'ai toujours vu l'autre comme simplement un autre être, avec qui on pourrait partager maladroitement une partie de notre intérieur, mais qu'il ne s’agirait jamais que de deux réalités séparées qui difficilement sauront s'aider dans ses leurs buts intimes. Mais il existe autre chose, que je vois nettement alors : la dimension intermédiaire qui se crée entre ces deux êtres, qui ne sont plus seulement des révélateurs du monde, mais des générateurs de cet hyperespace des consciences; générateurs passant par le partage. Enfin, je vois dans l'autre la possibilité de faire vivre un niveau de réalités extrêmement riches, tout en acceptant ses erreurs, ses défauts, ses travers de l'ego... car tout cela est largement compensé par la densification de l'existence. L'autre prend enfin le rôle qui aurait du lui être donné depuis longtemps. C'est la totale acceptation de l'invisible, du mystère transparent, et donc du laconisme de toute chose qui illumine la relation a l'autre d'un pouvoir divin, celui des infinies dimensions subtiles de l'existence.
De l'Amour.


T+1h30 : Je sors de l'eau, rentre vers l'appart, avec Parov Stelar. Je sautille, je gigote. En espagnol, se souvenir se dit "recordar", repasser par le cœur étymologiquement; c'est ce que m'a appris Gus dans l'après midi. Les émotions gravent les souvenirs, en faisant passer l'information par le cœur; Et les psychédéliques, de par l'ouverture émotionnelle qu'ils procurent, gravent l'expérience et son contenu d'une manière nette et réutilisable, nous impliquent corps et âme dans la réalisation de nos buts, nous connectent a nous même.


Je comprend ce que je viens de faire, j'ai dansé avec mes ombres parce que cette opportunité s'est présentée comme une surprise ; j'ai été dans l'eau parce que je me suis laissé guidé, pas a pas; j'ai commencé mon voyage aux champis par des ablutions dans la mer, en m'aspergeant d'eau et en expirant ma rage, en acceptant mes angoisses et l'imperfection.
Je suis profondément heureux de tout cela.


Dans la matinée, j'avais lu un topic de Lucid ou il était dit que certaines pratiques, disciplines – méditation, chemin spirituel... - n'ont pas la prétention de créer, générer le Fruit, mais de le dévoiler. Rien n'a changé par rapport a hier, les rues sont pareilles, le monde tourne, tout simplement. Et pourtant, il est fabuleux. Évidemment c'est paradoxal, car toute mon approche se base sur une création volontaire et préparée; pourtant cette foi-ci, tout ce qui a réellement surgit du voyage, je ne l'ai pas décidé sur le moment; Quelle magie, quel mystère dans ces champignons, qui me donnent les réponses sans que je puisse formuler la question!


Et ca continue, etc, etc, blablabla, sur ce genre de choses paradoxales mais productives. Les champignons sont blagueurs, je les vois avec leurs petits sourires malins...
Et ils nous rappellent que tout est une question de phases, qu'on somme dans le temps, et c'est peut être ça, le sens du temps. Ce qui laisse la place au paradoxe.


Rien n'a changé par rapport a hier, les rues sont identiques. Tout était dejà la. Il suffisait d'ouvrir les yeux pour en profiter, de se lancer dans les choses; j'ai le smile, je rentre à l'appart, salue Gus et me pose dans mon lit.


Un peu de Pink Floyd, et c'est le meme problème que sur le perchoir, pas possible d'être assez serein pour créer un lac d'eau calme et d'harmonie; et pas assez mobile et agité que pour plonger dans le chaos et se laisser surpasser par les choses...


Je divague un peu, rigole de quelques phrases rigolotes en roulant un pétard. J'imagine mon TR, qui aurait pu etre un TR conceptuel, avec juste une fiche technique donnant la dose et la substance, et en contenu:
"Oser se taire"


Cela raisonner avec "savoir, pouvoir, oser, se taire", la devise alchimiste. Mais sans la virgule, voila un binôme qui a un autre sens; Oser se taire, c'est arrêter de se tourner vers les autres pour partager ce genre d'expérience en particulier (notez que ce n'est pas le "Silence" sur le front de Stylo, car de silence interieur il n'est point question ici).


"etre ou etre sous champis, ceci n'est plus une question", toujours cet humour absurde psilocibien...(tiens, le correcteur me propose « précolombien » … ^^ )


Mais ça résonne avec les réponses sans question, car les choses "sont", indépendemment de ce qu'on leur demande d'exprimer.


Je fume le pétard le mieux roulé depuis jésus Christ


Ok, j'ai une idée. Je vais demander a Gus, violoniste professionnel, d'improviser sur Shine on your crazy diamond. Il accepte, tire sur le pétard, et viendra dans 15 minutes... soit une éternité.


Une éternité plus tard, le voila qui toc a ma chambre; il s'installe au bord du lit, on laisse le début du morceau monter doucement. Petit a petit, il rajoute une couche de son, d'abord quelques notes, puis quand ca commence a s'envoler, il enrichit la mélodie, la double de slide aigus et aiguisé.
Les aigus progressifs sont comme de fines lames, qui forment un plan infini qui recouvre tout mon espace de... vision ? Non, tout mon espace d'existence, je suis absorbé par chaque note successivent, chacune me possède completement, je me met en boule, je gémi de plaisir, je ne forme qu'un avec ce son vu que rien d'autre n'existe le temps d'une demi seconde. Des tremplins vers l'espace ! Je contemple le moment, le bonheur de pouvoir de profiter de cet instant unique avec mon ami Bolivien...
L'expérience n'est pas du tout linéaire, l'improvisation donnera une multitudes de sensations de plaisir différents.
On discutera tranquillement, en regardant la carte de la Bolivie accrochée au mur... Je vois toutes routes et fleuves comme des racines, je trip en me projetant dans cette réalité sobrement représentée ...


Après un moment de calme, il dira "son muchas cosas" ; « c'est beaucoup de choses... » Cette phrase prise seule prend beaucoup de poids; je la décompense... Le verbe Etre, l'existence; "muchas", la multitude; "choses", le mot par excellence qui nomme sans nommer. Cette phrase n'est pas riche d'enseignement, mais colle parfaitement a l'instant, et c'est en ça qu'elle est géniale. Elle résume.

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Je vais faire du piano. Clair de lune de Debussy. Le temps est encore dilaté, les doigts bougent instinctivement mais répondent néanmoins a toutes mes nuances, tout en sachant comment trouver leur chemin fluide jusqu'aux notes; je me fais complètement voyager avec ma propre musique ; ca crée une double logique d'écoute et de touché qui s'enlace... Je joue du Chopin, je peux me concentrer énormément, peser les notes et jouer ce que j’entends dans ma tête ou le contraire, tout s’emmêle, ca pompe mon énergie mais pour la transformer en beau... Et j’entends comment joue mon amie pianiste, qui met une richesses de nuances perçant l'âme, enfin je comprend comment jouer Chopin, ce qu'il faut faire pour que sa musique vive; laisser espérer certaines notes comme on attend une femme, rendre d'autres discrètes comme pour jouer a cache cache, battre les basses pour en faire le terreau de la mélodie, se fâcher en fronçant les sourcils pour s'étonner de la douceurs de la réponse, une mesure plus loin...
Je suis extrêmement satisfait de mon actuation (et le témoin sobre confirme que ce fut parfait). J'ai hate de voir ce que Gus pourra jouer si il prend des champis.. Ca va etre énorme.


T+3h30 : Je prend le 2eme et 3eme ballon de Volcano avec Gus


On se fait un sandwich; un rapide coup d'oeuil vers la droite et je vois un chat noir... ah non c'est la cafetière! On coupe une tomate, et un motif de poisson, de face, apparaît clairement dans la chair, super bien dessiné, on éclate de rire; on recoupe une rondelle, et voila le poisson de profil, tout aussi bien dessiné... Délire et flippant ^^ Je me dis que la vie de tous les jours est riches de milles allusions, milles connexions qu'on ne voit pas.


Je passe a la sale de bain prendre rapidement une douche
Un classique : le miroir
Les perspectives changées, je voyais plutôt le miroir comme une fenêtre; et pour la première foi je pouvais m'apprécier avec la juste perspective. Et me voir comme je vois les autres. Ce fut une expérience très forte, je me voyais très mince – on me l'a dit plusieurs fois ces derniers temps, mais je trouvais que ca allait. Depuis, j'ai vraiment pris la décision de prendre 2-3kg pour avoir quelques réserves. Cette expérience du miroir a été très marquante ! (j'y repense tous les jours)


En voulant m'endormir... Je finis par avoir une visualisation schématique du système de pensée (trop long a expliquer ^^ ), j'ai les idées tellement clair que je n'arrive pas a dormir ; je prend des notes dans mon carnet.




Ecrire le TR m'a permis d'expliciter tout ca, de m'en rappeler clairement, plus que la diffuse digestion au cours des jours qui suivent.
Les souvenirs se généraient avec l'écriture et j'aurai perdu beaucoup a ne pas l'écrire
(sinon, Oser se taire aurait été bien).



Le trip m'a fait passer par des phases, desquelles surgissent des paradoxes qui finalement sont les moteurs des nuances, des points intermédiaire inaccessibles, inquantifiables. J'ai avancé dans ma conceptualisation du rapport a l'autre; on verra comment la transformation pourra se faire, pas a pas. J'ai aussi avancé dans le cycle "laisser aller/contrôler et créer". L'idée forte : être a l'affut des opportunités.



J'ai retravaillé le voyage avec Stylo sur Sykpe, et plusieurs bons amis IRL, et je suis content d'avoir des gens autour pour pouvoir parler de tout ca ! Ca renforce l'impact et le travaille nécessaire post-trip.
 
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