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[TR - HBW] L'hiver : mort et renaissance

CelestialOwl

Glandeuse pinéale
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11 Août 2015
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Parmis toutes les expériences que j'ai pu faire dans ma vie, celle-ci fût certainement la pire et la meilleure en même temps. En voici le récit :

     25 décembre 2014, fête de Noel à midi avec les parents, la famille, je suis dans une situation qui ne me plaît pas forcément, mais je me sens un peu obligé d'y participer, je prend quelques tartines, un panaché, mais je sait que je vais partir au loin dès que possible… Vers 13h je me décide, prend mes affaires, un peu de restes à manger quand je serait là-haut.

     4 heures de marche plus tard, je me retrouve en haut du col, à l'abri que je voulais atteindre. Je coupe du bois jusqu'à la nuit, prépare un stock d'eau, allume le feu, puis je me pose un peu histoire de trouver le calme à l'intérieur de moi. Malgré tout, l'excitation est à son comble, et je suis vraiment pressé d'ingérer les graînes d'Argyreia Nevrosa de la réunion que je n'avais pas encore testées. J'enlève un peu l'écorce de 10 graines, les broies puis les plonge dans un petit récipient avec de l'alcool de dattes et quelques gouttes d'huile essentielle de menthe poivrée. Après un petit temps d'attente, j'ingurgite le tout d'un coup, et la première réaction que j'ai c'est que l'huile essentielle arrache vraiment le palais et à rend le goût encore plus atroce à la mixture… Je pense que j'en ai mis un peu trop, mais bref, c'est fait, c'est avalé, et je sait déjà que je vais regretter le geste que je viens de faire. La petite voix ne se fait pas attendre, j'ai des relents de gerbe, je cogite à fond et la phrase qui me revient le mieux c'est “T'as voulu encore une fois jouer au shaman, maintenant tu va voir, tu va comprendre, la puissance du LSA”. Tant mieux je me dit, je vais encore prendre une fessée monumentale, mais je ne m'attendais pas à ca.

     Au bout de deux heures, la gerbe est présente, les jambes commencent à être lourdes, mais je me concentre sur la présence des flammes et essaye de garder une activité physique, pour ne pas tomber mal. Mais la je fais l'erreur du siècle et je me rue sur la bouffe que j'avais ramenée, monsieur ne sait pas se tenir, et ce cher LSA me fait comprendre une chose : premièrement, je suis en présence d'un esprit masculin, et pas des moindres, une voix me parle avec beaucoup de fermeté, d'autorité. Elle me fait prendre conscience que j'aurait du tenir le jeûne à midi pour être “clean” et accueillir l'esprit le plus humblement possible, deuxièmement, je suis esclave du plaisir, et je recherche à combler un manque grâce à la nourriture, qui d'ailleurs sur le moment me paraît fade, bourrative, alors que je sait bien que c'est excellent. J'arrête alors rapidement de bouffer, sentant l'ivresse monter, et le trip se dévoiler, commencer. J'ai toujours connu cette phase de “lecons” un peu avant le trip, et d'habitude je les prends avec humilité, mais cette fois ci je pense que j'étais en souffrance, que j'étais en besoin de reconfort, je pense à cause du fait que je soit seul dans la nuit et le froid me fait paranoier, limite bader. Ca doit faire trois heures que j'ai pris les graines, et la ca commence à kicker fort, plus aucune notion de temps, l'espace est dur à gérer, je décide alors de me caler dans le sac de couchage et regarde la lueur du feu se refléter sur les murs de l'abri, qui ma foi auraît bien eu besoin d'un petit nettoyager “energetique”, et un peu de décoration, les tags présents me paraissent glauques, l'envie de gerber ne part pas, par contre mon cerveau part, mes membres perdent leur énergie, je sait pas si c'est explicite mais j'ai comme des barres de vie pour chacun de mes membres, chacun de mes organes, et la molécule frappe sur chacune des parties de mon corps et je vois les yeux fermés que ces barres de vie sont entrain d'atteindre le minimum.

     J'ai des grosses vagues de paranoia, je crois que je vais mourir mais c'est la que mon expérience en la matière me sauve la vie. Je me perd dans mes pensées, jusqu'a ne plus en avoir, je laisse mon corps s'affaiblir, se faire buter, jusqu'au bout, jusqu'a ce que je soit totalement pris dans le trip, et là, étant donné que mon corps est “mort”, je perd conscience du monde matériel, et plonge alors dans un délire très sombre. J'ouvre les yeux et rien n'apparaît, je n'entend plus rien, je me sent comme dans un liquide amniotique, en fait je me rend compte après coup qu'il s'est passé une chose que je n'avais jamais encore vécu sous LSA, du moins pas avec ce niveau de détails. Je me rapelle juste avoir appelé à l'aide dans le monde des esprits et qu'un être bienveillant m'a guidé dans les méandres de la mort, que j'était dans une sorte de monde-fractale, et que je suis bel et bien vivant, avec un corps tout neuf, mais aussi un esprit tout neuf, une conscience de bébé. Je viens de renaître, de repasser dans le ventre de ma mère, et, chose étrange, lorsque je reprend conscience de mon corps une sorte de liquide visqueux est dans mon sac de couchage, je le sent mais n'arrive pas à le toucher, je cherche ma frontale et rien n'est là, mon sac de couchage est tout propre.

     C'est là que je commence à comprendre ce qui s'est passé, et voici ma théorie : lorsqu'on est créé, les gènes paternels et maternels se livrent un combat, et il arrive que l'un de ces gènes soit parasité par ce que j'appelerait un “démon”, en gros un esprit malin qui empoisonne le mental des personnes le possédant, une sorte de mémoire des gènes. L'origine de ces démons est pour moi encore floue, je pense que cela peut venir d'un traumatisme comme une guerre, un acte qu'on assume pas, ou même un maléfice lancé par quelqu'un (si on croit a la sorcellerie, ce qui n'est pas mon cas). La seule manière de se nettoyer de ces sortes de démons serait de le retirer au  moment de la naissance, en le recrachant dans le ventre de sa mère. Je pense avoir fait un saut dans l'espace-temps et avoir pu voir ou agîr (cela aussi c'est encore flou) pour modifier le cours de ma vie lorsque l'esprit que j'ai appelé m'a guidé dans le noir. Je crois en la folie, et dans les principes de somatisation des traumatismes. J'avais besoin d'expliquer le cancer de ma mère ainsi que les conflits que j'ai eu avec mon père, très violents dans les mots et à la source d'une ignorance totale de sa part envers moi depuis plusieurs années. Quand je me suis réveillé, j'ai donc cherché à rendre matériel cet évenement, la naissance, le feu s'était éteint, ce qui veut dire que j'ai passé beaucoup de temps dans cet état “non-conscient”, et la seule chose que j'ai eu besoin de faire, c'était de sortir de la cabane, à poil, sans lumières (sortie de l'utérus), j'arrive à ouvrir la porte et la lune était comme un lumière de dentiste, éblouissante, et la neige était tombée entre le moment ou je suis entré dans la cabane et le moment ou j'en suis sorti, elle était immaculée, très pure, comme une salle d'hôpital. Je sors, et essaye de descendre les escaliers pour rejoindre la nature, mais la glace m'a fait glisser et je suis tombé en arrière, manquant de me fracasser le coccis sur le béton.Je me rend compte que je n'ai plus aucune maîtrise de mon corps et que celui-ci est très très engourdi, presque insensible à l'extérieur, je n'ai même pas froid alors qu'il doit faire moins de zero degrés. Je reprend mon souffle et me rend compte que je suis entrain de redescendre de mon trip, que je n'ai presque rien percu du monde extérieur et que je vais devoir faire le tri dans mes idées qui fusent très fort là haut…

     Je remercie le monde, les esprits, l'endroit avant de rentrer me reposer dans mon sac de couchage et manger un peu. Je me rend compte que j'ai de fortes hallucinations les yeux ouverts, et panique un peu, mon cerveau est en mode “bouillon de culture”, et j'essaye de me concentrer sur des choses simples, quelle heure est-il, est-ce que j'ai du réseau, quelles affaires j'ai dans mon sac, et la je me rend compte qu'avec la fonction “clignotante” de ma frontale je peut éclairci les visuels à fond, que je peut voir des dessins très nets dans les murs, j'en déduis que je ne suis pas prêt à voyager si loin, que les psychonautes savent maîtriser leur niveau de vibration et peuvent alors donner corps à leurs hallucinations. Je dessine un peu, je peint sur mes mains, essaye de trouver des choses mais après ce que je viens de vivre ce sont juste des détails, l'afterglow comme on dit, même si je suis encore sévèrement perché, j'arrive à me dire que les choses sont simples, que l'amour est roi, et je pense aux gens que j'aime, je me rend compte qu'il faut que je fasse des changements dans ma vie, qu'il faut absolument que je règle mon problème avec mon père, car il en souffre énormement, je l'aime beaucoup et lui suit très reconaissant de m'avoir élevé. En fait, j'avais besoin de mettre des mots sur quelque chose d'inexplicable pour moi, et j'avais trouvé dans ce voyage une explication. Après moults réflexions et activités sans sens, j'arrive enfin à m'endormir, il fait froid, je me sent faible.

      Je me réveille vers dix heures du matin, le cerveau englué, et, alors que je voulait passer plusieurs jours en forêt, me décide directement à redescendre, j'avais besoin d'un lit, de parler avec des gens, de choses simples, de repos. J'empacte difficilement mes affaires, mais j'y arrive, et décolle pour plusieurs heures de marche à nouveau, le corps totalement déconstruit, le visage défait, avec une démarche de bébé, des courbatures, le cerveau en mode 1 + 1 = 2… J'arrive à un arrêt de bus, le 26 décembre, vers 13 heures, et me couche sur le banc en attendant que des voitures passent. Heureusement, un belge passant ses vacances dans le coin me récupère et m'emmène sur la grosse route, ensuite un homme me prend pour quelques centaines de mètres et me dépose au gros rond point ou une jeune femme très gentille m'avance de quelques bornes, avant d'arriver chez moi. Je salue en vitesse ma famille et vais me coucher dans mon lit, je galère à m'endormir car je suis encore sous l'effet du LSA, très grosses pensées, mais très basiques… Je me dit que je vais devoir tout réapprendre de nouveau.
 
     Les courbatures ont duré quasiment 36 heures, les effets psychédéliques visuels une quinzaine d'heures, et les effets mentaux plus de 24 heures je pense. Mais le plus important ce sont les conséquences sur ma vie. J'ai trouvé un emploi 4 mois plus tard, je me suis reconcilié avec mon père, j'accepte de mieux en mieux sa personalité, et je comprend de mieux en mieux la mienne, j'ai pu faire du tri dans mes pensées, et dans mes relations, les sentiments que je ressent dans la vie sont de plus en plus forts, et j'ai de nouveau une perception extra-sensorielle des corps, ce que j'avais perdu depuis que j'avais arrêté de fumer des douilles (je veux dire que j'avais retrouvé cette sensation à l'arrêt des douilles mais qu'elle s'était estompée au bout de quelques mois). Néanmoins, si on veut vraiment changer de vie cela demande une pratique quotidienne et une grande force d'esprit. Le LSA te vide à 100% et du coup comme un gamin tu refait les mêmes erreurs, tu vas dans les mêmes pièges. Je pense qu'il faut accompagner la prise de cette substance d'une pratique spirituelle très régulière si on veut des effets positifs durables, et surtout, oui surtout, ne pas se foutre de sa gueule, ne pas casser le jeûne quand on décide d'en faire un, car je pense que la difficulté de ce que j'ai vécu est provenue en majorité de cela.

     Néanmois je suis quelqu'un de très chanceux car j'aurais pu y laisser ma vie si j'avais été conscient de mon corps, je pense que l'esprit que j'ai appelé m'a endormi pour faire le travail nécessaire et qu'il à été très généreux de me laisser partir avec tant de connaissances, que je ne méritais que parceque j'en avais besoin.
 

L'huitrerampante

Glandeuse pinéale
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4 Juin 2016
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OOOOOooohhhh !! ces graines de savoir imposent vraiment le respect ! Lors de mes dernières prises, qui étaient les plus spiritualisées et enrichissantes j'ai aussi vécu la mort/renaissance d'une certaine façon, plus par la pensé, mais je ne me suis jamais retrouvé dans une "réalité parallèle" et cela m'impressionne vraiment....

Penses tu que l'esprit qui t'as aidé pouvait être contenu dans les graines ? plus j'en mange plus je me dis qu'elles ont une sorte de conscience et qu'elles communiquent avec nous lorsque on les ingères, suis-je le seul à trouver que ces graines (les HBWR, seules que je connaisse) ressemblent à un visage/une tête avec deux grand yeux et une bouche ?

en tout cas merci du partage.
 

CelestialOwl

Glandeuse pinéale
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11 Août 2015
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Salut,

Oui c'est vrai qu'on dirait un peu des têtes de singe ces graines là. Néanmoins plus le temps de digestion de ce voyage avance je me rend compte que j'avis vraiment besoin de réponses à poser sur un problème simplement pour pouvoir passer une étape.

Je pense que mettre le mot d'esprit est un peu une erreur car celà suppose qu'il existe une "vraie" réalité à côté de celle qu'on perçoit, ce qui peut mener à des formes de parano ou de schyzophrénie. Le fait de vivre ce moment m'a certainement fait flipper pour un bon moment, mais depuis j'ai choisi de grandir et de laisser celà au monde de l'incompréhensible et je ne cherche plus l'absolu vérité. Surtout que par rapport aux problèmes familiaux j'ai pu mettre des mots là ou il fallait et certains maux se sont envolés. Aujourd'hui il n'y a plus de problème vraiment donc j'ai juste "tourné la page" comme ont dit.
 

L'huitrerampante

Glandeuse pinéale
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4 Juin 2016
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214
Salut,

Merci pour ta réponse,
je suis content que tu ais digéré cette expérience et réussi à mettre des mots la où tu avais besoin d'en mettre.
Et effectivement ça me fait rire quand je me relis posant la question sur ''l'esprit'' de la graine , j'ai depuis réfléchi à cette question en profondeur (notamment lors de ce trip : http://www.psychonaut.fr/thread-31314.html) et le fait d'utiliser des termes comme esprit de la plante ou dieu est quelque chose de rassurant et qui aide à décrire et faire le lien entre ce que l'on ressens quand l'on est pleinement conscient de faire partie/être connecté à tout l'univers, et la vie de tout les jours ou on est moins clairement et pas en permanence conscient de cet état des choses.
 
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