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Première prise | Truffes.

Ideologiya

Neurotransmetteur
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18 Juin 2014
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Bonsoir à tous,
Je vais à présent apporter ma contribution et vous livrer ma première aventure avec les psychédéliques. Avant de commencer, brève présentation.

J'ai 21 ans. Je suis un mec sportif, en M1. Je n'ai jamais touché à la cigarette, l'herbe, ou toute autre saloperie. Bon j'ai déjà pris quelques cuites, voilà tout.
Et il y a maintenant 2 ans de ça, j'ai commencé à m'intéresser aux psychédéliques, j'ai lu plusieurs bouquins. Notamment Lucie dans le Ciel de Tom Verdier, ou encore Les portes de la perception d'Huxley. Je me suis récemment procuré Ayahuasca, le chemin de l'âme (de Géraldine Correia), mais avec la Fac, je n'ai pas le temps de m'y plonger.
Bref, c'est un sujet qui m'intéresse, et pas spécialement que les champottes. J'écoute énormément de musiques psyché / goa : des piliers comme Hallucinogen ou Infected Mushroom, à des artistes moins connus tels Pleiadans ou Ypsilon 5.

Je me retrouve donc à [FONT=&amp]Amsterdam[/FONT], lors de cette dernière semaine d'août, avec mes 3 'amis'. Je connais L. et C. depuis la 6ème (10 ans) et Q. depuis la petite section (17 ans). Je suis donc avec des personnes de confiance, avec qui j'ai fait les 400 coups. Nous avions déjà prévu de réaliser un petit trip aux champottes / truffes, sauf C. qui n'était pas chaud. Il serait donc là pour nous épauler, si une couille arrive. Nous avons une chambre d’hôtel en plein milieu du quartier rouge, 4 lits une place dans la piaule. Les fenêtres sont ouvertes, nous avons vu sur le quartier et il fait frais. Nous sommes en short, torse nu. Nous sommes le jeudi 28, je rentre dans un smartshop et demande le sésame. Le vendeur nous propose différents articles, et nous optons finalement pour 2 boites de Dolphins Delight. 15 grammes par boîte, nous sommes 3. 34 €.
Nous remontons à l'appartement. Q. et L. sont angoissés, ils hésitent à se jeter à l'eau. Nous posons deux matelas par terre, un autre est au niveau bas de lits superposés. Il est 19h, nous allons attaquer. Je demande à chacun s'il se sent prêt, puis s'il n'y a pas de contrindication. L. me dit qu'il prend des antibiotiques, alors nous avons annuler sa prise, pour ne pas risquer de courir de risques. Au final, Q. et moi prenons des truffes, L. et C. sont dans la pièce, mais 'sobres'.
[FONT=&amp]A 19h[/FONT], nous décidons de commencer à prendre notre billet pour le voyage qui se prépare. Je me souviens que le vendeur a dit 'slowly'. Alors, nous prenons quelques truffes, accompagnées d'un sympathique fraisier. Finalement, le goût n'est pas dégueulasse ! A [FONT=&amp]19h20[/FONT], Q. prend la reste : il prend au total 10 grammes. Pour ma part, je termine ma boîte vers [FONT=&amp]19h40[/FONT], j'ai pris au total 15 grammes. Puis nous discutons un peu, commençons à nous relaxer et je demande à C. et L. de se taire lorsqu'on les préviendra que le trip débutera.
[FONT=&amp]20h[/FONT], les couleurs de la ville deviennent plus denses. Je vais me voir dans la glace, j'ai les pupilles dilatées. J'appelle Q. Lui aussi. Nous explosons de rire.
La suite du trip va se dérouler en 3 parties.


La première constitue, si je puis dire, la phase de découverte. Il est 20h10, je décide d'éteindre mon téléphone pour n'avoir aucunement moyen de connaitre l'heure. Nous sommes posés sur nos lits respectifs, sans un bruit. Je ferme les yeux, et [FONT=&amp]le voyage commença[/FONT].
La première musique du trip s’intitule The Lava, d'Equateur :
[video=youtube;ebaEJN-mWWY]
.
Je suis bien. Je ne ressens pas la musique comme d'habitude. J'aime ce morceau, mais cette fois-ci, je suis le morceau lui-même. Je suis les différentes notes, et je vogue sur ma barque au gré du son. Autour de ma petite rivière, il y a des lumières, le paysages est kaléidoscopique. Je ne distingue rien de concret, seulement des formes géométriques aux multiples couleurs. Si je devais donner un exemple qui s'en approche - très succinctement cependant -, je vous montrerais ceci (cliquez pour agrandir ) :



Je prends du plaisir à découvrir ce monde qui m'était alors étranger, et je suis totalement conscient de ce qui se passe. Je décide de me laisser faire. Les musiques défilent, le temps ne semble pas long. Mon voyage continue, je suis toujours sur ma petite barque et je profite du 'paysage' qui s'offre à moi. Défilent ainsi Principles of Geometry, Boards of Canada, Rone, An excstasy of Fumbling...

Puis, un tournant va se passer lors de cette excursion. Une musique arrive :

[video=youtube;a_f4krntPxM]

C'est un de mes morceaux favoris. Sauf qu'il va faire basculer / évoluer mon trip... de manière 'intense'. Effectivement, à partir de cette musique (je précise que je ne forme toujours qu'un avec les morceaux), je vais commencer à penser à des choses 'réelles'. La première pensée qui m'est venue était celle de ma chienne, décédée il y a quarte ans maintenant. C'est peut-être anecdotique pour certains, mais ça ne l'est pas pour moi. J'ai grandi avec, j'avais énormément d'affection pour elle. Je commence à pleurer. pour vous donner un ordre d'idée, c'est une des premières fois depuis très longtemps... Je n'ai jamais pleuré à un enterrement, par exemple. Bien que j'éprouvais de la tristesse. Et là, je pense à un passage de la lettre envoyée aux parents de Marie Trintignant, par un inconnu : "Ne pleure pas celle que tu as perdue. Au contraire, réjouis-toi plutôt de l'avoir connue". A ce moment-là, je ne pleure plus. Je suis heureux, je comprends totalement ces mots et des souvenirs (uniquement des souvenirs agréables) me viennent à l'esprit. Je pense ensuite à d'autres personnes qui m'ont quitté, mais je ne pleure pas. Cependant, cela m'a fait du bien de me vider comme cela. Par la suite, je ne pense qu'à des choses me concernant. Une en particulier me touche et me vient à l'esprit. A ce moment, la musique est :

[video=youtube;KenXTgy4zSo]

J'en viens à me questionner sur des choses me concernant. Je suis toujours sur ma barque, le paysage change, et à ce moment là je me retrouve dans une prairie. Enfin... un décor de plusieurs verts, mais ce n'est pas concret. Bref, j'en viens à penser à ma façon d'être. Un début d'introspection, si je puis dire. Au début, je pense à des éléments vagues, du passé. Mes exs, par exemple. Avec qui je n'ai jamais été très chaleureux, ni même très ouvert. Je suis introverti et renfermé, et mes copines m'ont souvent reproché d'être 'distant' et / ou 'froid'. Je bouge, je ne suis pas un ermite, mais je ne le fais que quand j'ai envie. Je commence à penser à cela, en me disant que j'ai peut-être parfois été dur avec elles. Mais j'en conclue rapidement que c'est parce-que je n'ai ressenti plus que de l'attachement, et qu'il n'y avait donc pas de sentiments. Mes pensées sont claires, je réfléchis vite. Et, j'en viens à me questionner sur ma relation avec mes parents. Je ne suis pas forcément toujours bavard, et je me dis que je passe à côté de quelque chose. Je songe notamment à ceci : "La communication est une science difficile. Ce n'est pas une science exacte. Cela s'apprend et se cultive", de Lagardère. Mes parents m'ont souvent reproché d'être trop inverti, de ne pas assez communiquer. Je commence alors à me questionner : et si tous ces gens avaient raison ?! Mais la musique me calme. Je réfléchis, et en vient à la conclusion que je ne suis simplement que moi-même, mais que je peux faire des efforts pour changer un peu, m'ouvrir. Du moins, avec mes parents. Je me sens alors calme, reposé, content de ce début d'introspection, mais qui m'a néanmoins servi à comprendre certains éléments.

Je continue de naviguer. Je ne sais pas quelle heure il est, mais un de mes potes, C. , a l'idée d'ouvrir sa gueule. Et là, telle une vitre qui se brise, mon voyage s'effrite en un million de morceaux. J'ouvre les yeux. Lui demandant - gentiment - de se taire (vous imaginez la scène 'MAIS TU VAS PAS FERMER TA G***** !'), je décide de lever l'encre et de replonger. Un instant se passe avant que tout ne se recrée. Mais mon précédent voyage est brisé, un autre débute. Sauf que, la musique est plus 'violente' que les autres : Para One - You too [ c'est pourtant un artiste / son que j'adore, puisque je suis déjà allé le voir en live. Mais n'était pas approprié cette fois-ci ].

Et là, le parcours sur la barque est cahotique. Ce que je perçois est pointu (auparavant, les formes géométriques étaient comme les états des USA : rectangles, parallélogrammes, losanges...) mais avec les 'basses' de la musique, je ne ressens que des pointes. Il n'y a plus que quelques couleurs, sombres : le noir, le gris, le marron. C'est vraiment désagréable. (Au passage, j'insulte C. mouhahah). J'ouvre les yeux et change la musique, je mets Wait, d'M83. Excellente idée. Mon voyage reprend, différemment. Tout ce que je perçois présentement, ce sont des constructions. Rien de concret, une nouvelle fois. Mais des choses se créent. Je comprends où je veux en venir. Je suis en Master 1. Pour faire concis, en juin, je passe un concours qui déterminera environ 90% de ma vie future. Si je l'ai, je ferai ce que j'aime pendant les 42 / 43 prochaines années de ma vie. Voici le rapport avec la construction des éléments. Je prends conscience que je dois me bouger le fion, me mettre enfin à bosser et faire de mon possible. Cela me fait du bien de ressentir ces choses là, et surtout d'avoir pu faire le rapprochement.
Je demande par la suite l'heure à L. Il est 22h. Je n'avais pas la notion du temps, pour rappel cela ne fait - que - 2 heures que nous sommes dans le trip. Nous décidons de bouger, je considère que mon premier travail / voyage est réalisé, je suis satisfait, l'esprit libre. La deuxième partie débute.


Ainsi, avec L. et Q. (qui trip aussi, je le rappelle), nous bougeons dans Amsterdam, plus précisément au quartier rouge. Nous avons faim.
Dès que nous sortons de l’hôtel... des centaines de couleurs, des bruits, des odeurs... tout ceci a l'air plus vrai que jamais. J'ai l'impression d'être tout cela à la fois, que finalement, l'être que je suis, est un levier d'accès à la découverte du monde. Tout le monde,dehors, est en jean + pull. Je suis en short / T-shirt / Tongs, et je suis bien, il fait frais, mais puisque je suis l'air, je ne ressens pas la différence.
Nous achetons à manger ; frites + kébab, et nous décidons de nous assoir près de la rivière, les pieds dans le vide. L. a peur que nous basculions, mais je lui répète que je suis plus que jamais conscient / alerte à tout, qu'il n'y a pas de crainte à avoir. Je lui explique aussi que dès lors que je m'assois, je ne suis que la continuité du béton. Je ne sais pas s'il me comprend, mais il me dit 'Tu sais G., on n'a vraiment pas l'impression que tu as pris quelque chose. Tu parles comme d'habitude'. Puis, se passe un petit temps où on plaisante, on graille puis on se remet en piste. Nous visitons donc le quartier, avec ces fameuses vitrines, qui nous font plus prendre conscience de la 'gravité' de la chose : ces femmes ne sont que des bêtes de foire. C'est triste, mais après tout, si cela est fait proprement et sans abus... pourquoi pas. Bref, nous ne nous étendons pas. Cette partie du trip n'est pas très importante. Nous marchons 1h30, discutons normalement. Le temps semble incroyablement long. J'ai l'impression de connaître 'dam par cœur, d'avoir couru un semi-marathon. En fait, cela ne fait qu'1h que nous sommes dans la ville. Q. a de nouveau faim, on se prend un p'tit casse-dalle, puis on remonte à l'hôtel. Au final, ce con ne mange même pas.
Il est plus ou moins minuit quand nous nous couchons. Pour Q., le trip s'arrête. Il me dit qu'il est descendu. Sauf que, ce n'est pas le cas pour moi. Troisième partie.


Je me pose donc dans le lit, et remets directement la musique. Je crois que j'ai décidé de lancer Intro, de The XX. Je ferme les yeux, mais les couleurs sont plus ternes, tout est beaucoup plus pauvre. Je commence à me poser des questions : 'Putain, et si je reste bloqué?' ... 'Merde, tout ce que j'ai lu par en fumée, j'aurais pas dû toucher à ça'... Tout me parait interminable et d'un seul coup dénué de sens. J'ai le palpitant à dix mille. Mais, je me souviens rapidement de ce que j'ai pu lire : laisser faire. Je me calme assez spontanément (c'est dans ma nature, j'ai très peu de sauts d'humeur). Je profite alors des derniers instants, jusqu'à 2h environ. J'ai néanmoins ressenti un petit 'ras le bol', du moins une petite lassitude de cet état. Surement car c'était la première fois, je suis assez satisfait d'avoir gérer la descente du bazar sans paniquer, puisque C. , L. et Q. dormaient. Je m'endors par la suite, fatigué mais content d'avoir vécu ceci.



Voici donc mon 'premier trip' aux truffes. Je ne voulais pas l'écrire au début, puisque, une nouvelle fois, je ne me dévoile que très peu. Cependant, je reviens d'être allé voir Lucy, de Luc Besson, avec mon plan de l'été (que je ne sais pas vraiment comment 'quitter', m'enfin c'est mon problème). Je ne sais pas si tout le monde l'a vu, je ne veux pas spoiler, mais je me suis vu dans ce film. J'ai compris les choses, parce-que je les ai vécues.
Avec du recul, j'ai beaucoup apprécié cette expérience. Ma conclusion est que nous sommes tout. Il n'y a un 'je', caché par l'égo, uniquement pour la sociabilité. Mais tout est lié, et le corps humain n'est qu'un moyen de découvrir le monde, à condition que l'égo ne soit mis de côté. Je ne ferai pas l'apologie des psychédéliques, seulement, même avec une expérience légère comme celle-ci, j'ai appris beaucoup. J'ai pu voyager sans bouger de chez moi, et surtout voyager en moi-même. J'ai ressenti des choses, je me suis senti à la fois tout : l'espace, la musique, le béton, en harmonie avec l'air ... et à la fois rien, puisque tous mes sens étaient plus qu'alertes aux stimulations alentours. C'était vraiment agréable, tout en étant, je le répète, conscient / lucide. L. m'a d'ailleurs fait la réflexion, je crois l'avoir cité un peu plus haut.

Je pense que je recommencerai. C'est une expérience bénéfique, mais je dois approfondir mes connaissances sur le sujet, notamment sur les risques éventuels de prises répétées (même distantes de plusieurs mois). Présentement, je n'ai pas envie de me replonger dedans. J'ai d'autres choses à gérer dans ma vie de tous les jours, notamment cette fameuse année de Master. Mais j'en ressors tel on revient d'un voyage : on apprend des choses, on découvre de nouveaux horizons, mais on est heureux de rentrer chez soi. On pense à repartir un jour, mais on ne sait pas quand. Et si on nous dit que l'on ne repartira pas, ce n'est pas grave.
Ce n'est pas évident de décrire une telle chose, et j'en ai omis - volontairement, et involontairement. Mais mettre des mots dessus me fait du bien, même si ce n'est qu'approximatif. Partager ceci m'aide à avancer, et à comprendre l'intérêt de la chose. Je ne pense pas tout connaître, loin de là. Je n'ai vécu que les prémices de quelque chose. Mais c'était enrichissant. Très, enrichissant. J'ai notamment été capable de réfléchir à deux choses à la fois : le voyage, mais aussi à des éléments personnels.

Je remercie ceux qui liront. J'ai essayé d'aérer et de rendre le message le plus propre possible. Je m'excuse pour mon style qui peut paraître assez 'brute' : phrases courtes, peu / pas de smileys, beaucoup de points. Mais je reste moi-même.. accompagné de mon égo, ah ah.

Cordialement.
Idéologiya.
 

Chamhan

Holofractale de l'hypervérité
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11 Juil 2014
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TR très sympa à lire. Tu as eut raison de l'écrire. D'ailleurs c'est toujours bien d'écrire un TR même si on ne le publie pas. Ca permet de revenir dessus, car beaucoup de "révélations" s'effritent rapidement je trouve.

Merde pour ton examen, mais s'il est si important pour toi, je ne vois pas comment tu pourrais le rater. D'ailleurs un exam, vaut mieux le réussir du premier coup, c'est tellement chiant de le repasser :lol:

Bonne continuation.
 
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