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PARANOÏA 10 - LE DÉLIRE D'INTERPRÉTATION DANS LA PSYCHOSE PARANOÏAQUE

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Article précédent : LES DIFFÉRENTS TYPES DE DÉLIRE PARANOÏAQUE


[font=Calibri, Helvetica, sans-serif][font=Calibri, Helvetica, sans-serif,][size=medium][font=Calibri, Helvetica, sans-serif,]LE DÉLIRE D'INTERPRÉTATION DANS LA PSYCHOSE PARANOÏAQUE[/font][/font][/font][/size]
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Liens entre délire d'interprétation et psychose

Le délire d'interprétation est une psychose qui s'est constituée à partir d'une autocritique insuffisante, et d'une hypertrophie du moi caractéristique du délire de grandeur. Le sujet souvent intelligent et hypersensible, est complexé du fait de son inadaptabilité à son milieu, ce qui provoque chez lui des complexes idéo-affectifs (confusion au niveau de ses idées et de ses affects, pouvant entrainer des manques de représentation). Il se sent inférieur donc peut se montrer supérieur, et maitrise mal ses affects, ce qui peut se traduire par des colères revendicatrices, une haine revancharde, des extases mégalomaniaques, un désarroi mélancolique, au travers d'interprétations à tendances paranoïaques. Le délire d'interprétation est relié à la peur de perdre un objet, un idéal en soi (sous forme d'idées qui nous sont chères, et auxquelles l'on se raccroche à la vie à la mort).


ORIGINES DU DÉLIRE D’INTERPRÉTATION VIS A VIS DE L’AFFECTIVITÉ


Le délire d'interprétation s'origine sur des lacunes intellectuelles et des anomalies affectives

Sur le plan intellectuel, si le délire est logique et rigoureux, il est néanmoins permit du fait d'une diminution de l'auto-critique et d'une fausseté involontaire du jugement (dans le sens où le sujet se trompe dans des interprétations erronées de sa réalité). Sur le plan affectif, l'on remarque des variations de l'humeur, des décharges sensorielles et émotionnelles fortes, d'où pour s'en protéger l'apparition de caractères égocentriques et orgueilleux, via une hypertrophie du moi (voir surinvestissement narcissique de sa personne et émergence des caractères égotiques).

Du doute à la certitude, se retrouve une certaine disproportion entre l'affectivité (sensations et émotions) et l'entendement (l'ensemble des facultés intellectuelles)

Le délire d'interprétation à tendance psychotique s'établit sur une base d'inquiétude, à propos d'un changement amenant à se questionner, à douter de ses ressentis, de ses idées, de soi. L'auto-critique du sujet lui permet au départ de repousser toutes ses pensées qui l'assaillent, tant qu'il a conscience que ses interprétations sont infondées ou en désaccord avec sa mentalité antérieure (il est encore à même de se comparer à un état sain de sa personnalité). Puis l'indécision prend part de son esprit, et l'individu hésite entre critiquer ses idées qu'il juge délirante, ou y adhérer en les assimilant, c'est à dire de rentrer dans un délire interprétatif. La peur de soi s'établit dans des états grandissants d'inquiétude, pouvant aller jusqu'à la dépersonnalisation et la déréalisation, au point que la certitude se systématise lorsque le sujet n'arrive plus à faire la part des choses intellectuellement, c'est à dire en se livrant émotionnellement à ses idées délirantes devenues alors des sensations omniprésentes non identifiées (le délire prend part sur l'autocritique). La recherche de sensations du sujet paranoïaque doit être prise en compte, quand pour se sentir exister tout en se reconnaissant, sa structure paranoïaque se développe pour tenter de s'adapter du mieux qu'il peut à son environnement jugé hostile. Ainsi le paranoïaque recherche des sensations au détriment de ses émotions mises de côté.

Liens entre affectivité et délire, entre ses sensations et ses jugements qui produisent nos pensées en arrière fond, nos scénarios intérieurs

L'affectivité (les sensibilités, émotions et sentiments) gère les associations psychiques (idées et interprétations), en traduisant sous formes mentales et intellectuelles ses états somatiques spécifiques. Les variations de ses humeurs teintent la toile de fond de son esprit, et influencent nos états mentaux, nos jugements, qui à partir de nos sentiments donnent du sens à ce que l'on ressent et perçoit de soi et du monde, au travers d'images mentales et d'interprétations donc. Il s'agit d'associer une valeur intellectuelle à ses affects. Il y a là l'action de la morale en son for intérieur, mais aussi de la culpabilité qui nous structure verticalement et opèrent des synthèses multiples que l'esprit synthétise et module dans des réflexions et interprétations. Toutes ses résultantes psycho-physiologiques constituent notre monde intérieur, et produisent des scénarios à partir de ses conjectures humorales et sentimentales, de ses jugements et interprétations, de ses expériences passées et des évènements extérieurs, nous poussant à réagir instantanément. Les contenus de ses sensations et les interprétations que l'on s'en fait à partir de ses perceptions régulent donc nos jugements, selon un degré de convictions en lien avec ses croyances. Le délire s’occasionne lorsque la raison se perd dans une confusion sensorielle et émotionnelle, lorsque l'intuition recouvre son autocritique en imposant des vérités venues d'un lointain ailleurs, et que ses interprétations suivent des logiques ne reposant plus sur des bases vraies (on ne peut plus parler d'un véritable raisonnement, mais d'associations aléatoires et brouillonnes s'apparentant à un mode de pensée primitif, divaguant, comme lorsqu'un enfant raconte n'importe quoi).

L'affectivité vis à vis du type de ses interprétations, de la stabilité et de la durabilité du délire

L'influence d'un état affectif particulier et plus ou moins chronique est à prendre en compte dans l'établissement et la stabilité du délire, qui peut alors devenir chronique. Cela est fonction de si ses complexes idéo-affectifs amènent à vivre des passions (voir idéalisme passionné) ou à se prendre la tête dans des doutes et autres inquiétudes infondées (la différence entre délire passionnel et chronique étant que la passion ne dure pas, mais aussi que l'idéalisation diffère de l'interprétation). Les associations idéo-verbales (les idées soutenues par des phrases dans sa tête) s'établissant à partir de ses différents états affectifs, deviennent durables lorsqu'elles s’appuient sur des affects puissants et très présents. L'angoisse latente et omniprésente comme support de la paranoïa. C'est à dire que plus les émotions et sensations gagnent du terrain sur la raison et l'autocritique, plus la paranoïa prend part dans l'esprit déstabilisé de l'individu, et l'immerge sans qu'il ne s'en rende compte dans des délires interprétatifs. Le fait est que l'ego de l'individu lui laisse croire que sa logique est bonne, au point de la suivre aveuglément en s'y engouffrant sans se laisser de points d'ancrage pour regagner la raison, c'est à dire en retrouvant le moment exact où il se serait mit à vriller dans sa tête, à perdre la réalité en préférant vivre dans son imagination et ses interprétations, dans son univers parallèle qu'il confond avec le réel. Sa mémoire lui fait défaut et il se ment à lui-même dans des relations intérieures falsifiées. L'individu délirant écoute son ego lui raconter ce qu'il veut entendre pour justifier ses croyances, et entretenir une image de soi fausse mais rassurante.

Lorsque le délire devient chronique

La première phase du délire chronique est une période interprétative en lien avec une forme de désarroi mental faisant suite à un changement dans la vie de l'individu, lors d'une brusque rupture entre son passé et son présent. En résulte une modification de son activité mentale et de ses sentiments d'incomplétude se traduisant sous forme d'inquiétude pouvant aller jusqu'à la dépersonnalisation, et révélant l'accentuation de sa structure psychotique (problème à se définir en tant que personne distincte). Basculant dans le pathologique, le sujet malade de lui-même cherche des explications à son manque à être, à ses zones d'ombre dans la représentation de sa propre personne, qui apparait comme floue par endroit (et ce vide en soi l'angoisse). D'une volonté d'expliquer son malaise intérieur, pour combler ses incertitudes l'individu en vient à se forger des interprétations l'amenant à des certitudes, qui si elles lui donnent raison, ne le satisfont pas pour autant puisque l'individu sent au fond de lui qu'il ne dit pas la vérité.


DISSOCIATION ET MANQUE D'AUTOCRITIQUE, UNE PROBLÉMATIQUE ÉGOTIQUE


Le paranoïaque est donc cet individu qui ne se rend pas compte qu'il interprète à tort les choses. Cette mauvaise appréhension du réel crée en lui des réalités qu'il a falsifié selon ses sensibilités et structures en place, et qui se modulent d'après les évènements auxquels il se confronte, ce qui influence ses caractères étant alors plus ou moins égotiques en fonction de ses investissements narcissiques. Lorsque la dissociation n'est pas assez effective et que les affects dominent la raison, l'ego tente de rééquilibrer ses tensions psychiques en produisant des masques induisant de fausses personnalités. L'individu hypocrite trompant son monde n'avoue pas se tromper lui-même, et sur ces bases identitaires bancales et peu fiables, peut éclore la paranoïa, c'est à dire la peur d'être démasqué par autrui, ou de se démasquer soi-même quand à l'image édulcorée que l'on a de soi lorsque l'on est plus dans le paraitre que dans l'être. C'est donc lorsque ses fonctions logiques à tendance égotiques opposent des résistances à ses affects, et que la dissociation d'esprit ne permet plus une nécessaire autocritique, que peut se former le délire dans des orientations en liens avec ses affects exacerbés. La curabilité du délire dépend ainsi de la teneur et de la persistance de son conflit entre désir et réalité, entre principe de plaisir et principe de réalité (on ne peut pas toujours avoir ce que l'on veut, il faut donc reconnaitre, accepter et assimiler ses frustrations pour ne pas les somatiser).

Un complexe d'infériorité amenant à se montrer supérieur

Dans la confrontation avec son environnement produisant à partir de causes extérieures, des circonstances et des conséquences psychiques intérieures, la structure psychotique du paranoïaque peut révéler un conflit psychique entre une infériorité ressentie et une exaltation de soi, lorsque l'individu se voit plus grand qu'il ne l'est véritablement (toujours cette relation entre ce que l'on ne veut pas voir chez soi, et ce que l'on met en avant pour se cacher à soi-même). Le paranoïaque tendrait-il à retrouver un soi-grandiose parce qu'au fond de lui il se sent inférieur à autrui, mais aussi vis à vis de lui-même en comparaison de son image de soi idéalisée, et de sa véritable personne manquant d'estime et de confiance en soi ?


LE DÉLIRE D’INTERPRÉTATION VIS A VIS DES ILLUSIONS DE LA MÉMOIRE ET SES FORMES VERBALES


Le concept vient combler le vide en soi, le manque ou l'altération de percept (ce qui est perçu comme tel sans référence au concept comme résultat de l'acte de la perception)

L'importance des illusions de la mémoire témoignent du manque d'adaptation au réel, du besoin de réassurance du sujet (voir faux-sel et masques de l'ego). Cela influence ses interprétations qui peuvent être normales ou délirantes, selon l'intensité et les caractéristiques de ses états affectifs, de la qualité de son autocritique, et de la stabilité de ses affects. Lorsqu'un trouble de l'affectivité bouleverse un sujet, son équilibre psychique est bousculé et il s'y perd dans un conflit intérieur entre ses émotions et sa raison, lui donnant un sentiment d'insécurité sur fond d'arrières pensées angoissées. En quête de réassurance, de familiarité, l'individu anxieux effectue un travail de reclassement et de réorganisation de ses idées, de ses humeurs, dans une quête de cohérence, de stabilité affective. Ce remaniement s'effectue autour de quelques faits, sur lesquels pourrait se cristalliser le délire si décompensation il y a, tant le trouble affectif est important. Une mauvaise interprétation s'établirait à partir de l'altération d'une perception, par une interférence affective fortuite, apparaissant par une incomplétude dans les émotions, dans l'action, dans les opérations intellectuelles, ou dans la perception de sa propre personne (l'individu entretient un rapport inadéquate avec lui-même, et avec son environnement). Alors sa personnalité tente de s'ajuster à sa réalité en réduisant ses troubles par des fonctions conceptuelles, qui trouveront des justifications ou des explications à ses défauts de perception (l'incompréhension de ses propres affects), dans des expressions verbales (un schéma, un symbole ou une formule).

Plus à propos des formes verbales

Les interprétations s'établissant sur ses formes verbales se développent autour d'allusions verbales, de raisonnements par jeux de mots, d'homonymies (relation entre plusieurs formes linguistiques ayant le même signifiant graphique et/ou phonique et des signifiés totalement différents). Certaines interprétations trouvent une justification dans la logique passionnelle (voir la paranoïa chez le passionné), quand d'autres interprétations ne relèvent d'aucune justification particulière (exemple des délires imaginatifs où le sujet raconte n'importe quoi, tel un dégénéré).

Les interprétations passionnelles relèvent de l'intensité des états affectifs, prévalant sur le mental et l'intellect du sujet. Les délires imaginatifs dépendent eux aussi des états affectifs du sujet, mais semblent désimbriqués, ne pas tendre vers un objet particulier comme chez le passionné. L'intensité des états affectifs polarise les associations de contenus verbaux dans un sens déterminé, où se retrouve une perte localisée du sens critique. L'individu s'estime correctement sur certains points de sa personnalité, mais se leurre sur d'autres aspects qu'il ne peut admettre pour ne pas se désavouer (voir masques et illusions de l'ego). Convaincu de ses propos qu'il exige convainquant en les imposant, le paranoïaque en phase délirante ne s'essaye à aucune vérification, ne critique pas ses pensées, et ne cherche pas d'explication à ses réflexions (égocentrisme +++). En jouant avec les mots, leur consonance et tonalité phonétique, jaillit en lui la certitude d'avoir raison, alors que ses propos ne sont qu'interprétations pseudo logiques et affirmations exubérantes, permissives et abusives. C'est là l'arrogante évidence de l'inconscient affectif exprimée verbalement, dans des raisonnements se voulant absolus.
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