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P15 - LES DIFFÉRENCES ENTRE LES ÉTATS PSYCHOTIQUES PARANOÏAQUES

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Deleted-1

Invité
LES DIFFÉRENCES ENTRE LES ÉTATS PSYCHOTIQUES PARANOÏAQUES, PSYCHOTIQUES PARANOÏDES,
SCHIZOPHRÉNIQUES, BORDERLINES ET PERVERS



Avant de rentrer dans le vif du sujet, revoyons ce qu'est un état psychotique, dans sa structure spécifique.


LA STRUCTURE PSYCHOTIQUE

La psychose n'est pas qu'une maladie, lorsqu'on l'aborde comme une structure psychique. La structure psychotique présente naturellement en chacun n'est pas pathologique tant qu'elle reste compensée. Le trouble psychotique advient donc en cas de décompensation. Sans s'attarder sur les notions de normalité et de pathologique, on postulera que d'une structure psychotique normale compensée à une décompensation, se remarque différents degrés jusqu'à ce qu'on puisse parler de trouble psychotique avéré.

Le psychotique passe son temps à essayer de créer des bornes, à définir une enveloppe à son corps physique et psychique

La sensation au quotidien du psychotique est une absence de limite, de borne lui définissant un cadre de vie à partir d'un étayage psychologique stable dans ses humeurs et son image de soi, quand à sa propre identité. Le manque de repère identitaire et la plus ou moins intense fluctuation de ses affects, le pousse donc à se bricoler mentalement un corps dans lequel son enveloppe sera enfin bornée, définie mentalement. Dans son comportement, le psychotique cherche ainsi à imposer une réponse à une question qu’il ne s’est pas posée. Il se dit être ce qu’il s’imagine être, sans même s’être demandé qui il était véritablement, au-delà de ses apparences et de l’image illusoire qu’il a de lui-même. Il peut donc s’imaginer être n’importe qui, sans s’en rendre compte en se disant « Je suis comme je suis, comme ceci ». Cette affirmation laisse deviner par transparence un « Qui suis-je ? » latent chez le psychotique, qui ne peut formuler cette question sans encourir le risque de porter atteinte à la plus fondamentale de sa raison d’être, c'est à dire sa croyance du moment quand à la personne qu'il pense être.

Mais l’identité n’est pas un état, c’est une quête du moi ne pouvant recevoir sa réponse que par l’objet et la réalité qui la réfléchissent, et non être une simple croyance liée à une identification. Plus on cherche à saisir son identité plus elle nous échappe. Ainsi il se peut que le sujet psychotique impose aux autres ce qu’il croit être, pour que la question de son existence ne se pose pas. Il dit qu’il est, pour se rassurer quand à ses doutes et incertitudes identitaires, parce qu’au fond de lui il n’est pas certain d’être. Dans ce flou psychique identitaire, le psychotique est jouit par l’autre (quand on se croit le fils de Dieu par exemple, il est jouit par Dieu tout puissant), il est l’objet de cet autre (l’objet du divin qu’il idéalise et auquel il s’identifie pour s’en sentir valorisé).

Une question d'estime de soi, et d'orgueil pour se rassurer

Le rapport entre ses croyances sur soi et la personne que l'on est véritablement dépend donc de l’évaluation que l'on se fait de sa propre image, en s'estimant d'après différents critères subjectifs et objectifs (voir estime de soi conditionnelle/inconditionnelle, et confiance en soi). Faute d'arriver à ses fins en se réalisant, c'est à dire en devenant celui que l'on est et rien de plus, c'est sans pouvoir s'en donner les moyens que le sujet orgueilleux stagne en se surestimant sans mesurer convenablement l'écart entre ce qu'il dit et ce qu'il fait, entre ce qu'il croit être dans ses rêveries et celui qu'il est pour de vrai. Cette zone de flou s'accentuant à chaque confrontation au réel tant que l'individu s'égare dans ses refoulements et ses dénis, dans le cas de trouble de la personnalité, ce sera par exemple un délire de psychose paranoïaque qui compensera ses manques à être, dans des formes de paraitre ou la persécution, la revendication, l'interprétation et l'idéalisation seront plus ou moins grandes et affichées, selon l'importance du trouble.

La psychose dans la structure paranoïaque se reconnait à des rêveries complaisantes, des identifications à des personnages idéalisés, et des tendances romantiques

A propos des cas paranoïaques dont l'aspect est plus pathologique que normal, se retrouve la prédominance d'illusions de la mémoire, de délires d'inventeur où la créativité anime l'esprit de mille et une idées colorées, édulcorant alors la personnalité d'une tendance psychotique manifeste. La psychose se retrouve aussi dans des délires de persécution, permettant à l'individu de se défendre contre les influences contrariantes de la vie, c'est à dire de son environnement perçu comme hostile, et de ses propres vulnérabilités ne lui assurant pas de se réaliser comme il le voudrait, ou du moins l'imaginerait. L'état psychotique de chaque individu se retrouve dans cet écart entre la prise en compte du réel et sa propre part d'imaginaire, permettant à son imagination de le leurrer dans des illusions rassurant son ego apeuré. Du normal au pathologique, c'est le degré de l'écart entre réel et imaginaire qui définira l'importance de l'aspect pathologique de sa structure psychotique corrélée à la paranoïa, lorsque l'individu s'y perd entre ses rêves et sa réalité, entre l'image idéalisée de sa personne et celui qu'il est véritablement.

A savoir que plus les tensions affectives de l'individu sont grandes, plus il lui est difficile de résister à l'invasion de ses pensées délirantes dans sa psyché, l'émotion prenant le pas sur sa raison autocritique. Dans ces cas d'affectivité intense, il en va de sa survie que de repenser à la toute-puissance éprouvée lors de sa jeunesse, de ses émerveillements omnipotents passés, dans lesquels le sujet se complaira en affichant un surplus d'ego, dans une survalorisation de sa propre personne (l'investissement narcissique sur soi est massif, le moi idéal prend le pas sur l'idéal du moi, et l'illusion égotique de type enfantine est maximale, avec toute la démesure orgueilleuse et prétentieuse allant avec).

Le délire psychotique paranoïaque s’établit sur la surestimation de soi et un certain mépris des autres

Si le moi du paranoïaque est fragile, il est néanmoins organisé et différencié en n’acceptant pas l’objet extérieur, à moins d'avoir le contrôle dessus (cette volonté de tout maitriser, de tout dominer). C'est la fragilité du moi qui nécessite ce besoin de toute puissance narcissique, d'omnipotence totale et absolue en maitrisant tout son monde, comme compensation pour supporter la perte de sa toute puissance primitive (le fait d'être le centre de l’attention des parents lorsque l'on est nourrisson, et que ses besoins soient comblés en manifestant ses désirs comme des exigences, que l'entourage s'empresse de combler (bébé pleure, le parent intervient, et bébé croit avoir de part lui-même assouvi son besoin)). Le besoin de maitrise est donc lié à cette volonté d'avoir l’impression d’être tout ce qui existe, omniprésent en étant partout et tout à la fois, et non pas un ici et maintenant, parmi les autres. A défaut d’être partout, le paranoïaque narcissique a besoin de se sentir unique et au centre des attentions, en niant autrui dans un manque d'empathie évident.

Psychose et thérapeutique - De l'inutilité de chercher à convaincre un paranoïaque qu'il est malade

La paranoïa peut donc revêtir une forme de psychose lorsque l'individu se tourne des films, des scénarios intérieurs, et autres ruminations en arrière pensées dont il ne se rend pas compte. C'est du fait que le sujet n'est pas conscient de ses délires de persécution, d'interprétation ou d'imagination, qu'il ne sert à rien d'argumenter contre lui, en cherchant à lui démontrer qu'il se méprend, alors qu'il est persuadé d'être dans le vrai. Face à un paranoïaque psychotique dont le trouble est d'ordre pathologique, quoiqu'on lui dise, tout ce qui n'ira pas dans son sens sera retourné contre son interlocuteur, perçu comme un persécuteur, un comploteur qui lui en voudrait. Le paranoïaque va se sentir manipuler par l'autre, dont les propos seront interprétés comme menaçants pour son intégrité psychique, pour son délire qui le protège d'un réel qu'il ne peut accepter. Le paranoïaque projetant ses torts sur autrui, il faut donc éviter de rentrer dans son jeu en lui donnant de quoi se sentir menacé ou persécuté, afin qu'il n'en vienne pas à revendiquer des propos qui accentueront son délire. Il est ainsi préférable de lui laisser croire ce qu'il veut, sans s'y opposer et sans montrer qu'on est d'accord avec lui non plus, et laisser des instances médicales prendre en charge le malade au moment le plus opportun (avant que son délire n'est de conséquences trop néfastes pour lui et son entourage).

Inutile donc de remettre en cause un paranoïaque en cherchant à le contredire, à lui imposer ses idées, son point de vue au détriment du sien qu'il veut unique et impérieux. Le paranoïaque a toujours raison, et s'arrangera pour toujours avoir gain de cause, et ce au prix de votre santé mentale et physique.


DIFFÉRENCES ENTRE PSYCHOSE PARANOÏAQUE ET PSYCHOSE PARANOÏDE

L'état paranoïde évoque la paranoïa en ayant des caractéristiques structurales communes, mais s'en distingue par certains caractères de type franchement schizophrénique (apragmatisme, dépersonnalisation, impression d'être manipulé par un monde extérieur hostile, hallucinations, délire incohérent), et par une évolution vers la désagrégation mentale, la démence (dans le sens où le paranoïaque n'est pas fou).

La base commune entre l'état paranoïaque et paranoïde se retrouve dans le caractère égocentrique de l'individu, c'est à dire dans une certaine forme de timidité, mais surtout d'un manque d'amour propre passant par un amour de soi dépendant de l'avis d'autrui (estime de soi conditionnelle). On retrouve dans ce manque d'estime de soi une haute opinion de soi fragile compensatrice, liée à un dédain de l'entourage, et une insuffisance de l'autocritique.

Différence de relation avec la mère

Le paranoïde a dans sa construction psychique plusieurs sujets morcelés et un objet aléatoire, il est resté en partie non séparé de sa mère (indifférencié), c'est à dire qu'il en est plus ou moins dépendant en étant attaché à une imago maternelle forte.

Le paranoïaque a dans sa construction psychique un sujet parfait et un objet-poubelle. L'objet poubelle servant à projeter au dehors tout ce que le paranoïaque déni chez lui, quand par ailleurs il garde en lui tout ce qu'il apprécie (le sujet parfait qui le glorifie dans son estime de soi meurtrie). La mère est tenue à distance dans une relation ambivalente, en étant tantôt perçue comme bonne, tantôt comme mauvaise. Il y a donc une ambivalence amour/haine au sujet de la mère, lorsque le paranoïaque croit détenir tout ce qui est bon, une fois qu'il a inconsciemment projeté tout le négatif en dehors de lui, sur autrui ou d'autres objets méprisés.

Quelques autres oppositions caractériels et symptomatiques entre le délire paranoïde et le délire paranoïaque :

- Le délire paranoïde se construit grâce à des mécanismes multiples : hallucinations, interprétations, intuition, imagination (voir la définition des caractéristiques structurales des délires), tandis que le délire paranoïaque, généralement basé sur une intuition délirante, ne fait ensuite plus appel qu'au mécanisme interprétatif.

- Le délire paranoïde comprend des thèmes multiples imbriqués, il est non structuré, hermétique, flou, bizarre, tandis que le délire paranoïaque est centré sur un seul thème (les thèmes possibles sont : jalousie, préjudice, complot, érotomanie, etc.)

- Le délire paranoïde est non systématisé, c'est-à-dire qu'il n'obéit à aucune logique interne : les thèmes s'enchaînent sans lien logique, s'imbriquent, se confondent donnant une impression de désorganisation du sens et de la pensée (forme de discordance mentale). A contrario, le délire paranoïaque est dit hautement systématisé : les prémisses sont délirantes (on parle d'une intuition délirante initiale, c'est comme si quelque chose avait été révélé au patient, qu'a partir de là, il "avait compris"), mais ensuite le délire se déploie de manière parfaitement organisée, logique, claire, cohérente, pouvant même assez souvent emporter l'adhésion des auditeurs.

- Le délire paranoïde se retrouve essentiellement au cours des schizophrénies, dont il constitue l'un des symptômes. On parle de schizophrénie paranoïde pour les formes très délirantes. D'autres symptômes sont alors associés. On le retrouve également au cours de bouffée délirante aiguë, et de la psychose puerpérale.

Malgré la proximité entre les deux termes que sont la psychose paranoïde et la schizophrénie, il faut bien les distinguer du délire paranoïaque qui est caractéristique du groupe des paranoïas, et présente une sémiologie bien différente.


DIFFÉRENCES ENTRE PARANOÏAQUE ET SCHIZOPHRÈNE

La schizophrénie est définie comme une psychose chronique caractérisée par une dissociation de la personnalité, se manifestant principalement par la perte de contact avec le réel, le ralentissement des activités, l'inertie, le repli sur soi, la stéréotypie de la pensée, le refuge dans un monde intérieur imaginaire, plus ou moins délirant, à thèmes érotiques, mégalomanes, mystiques, pseudo-scientifiques (avec impression de dépersonnalisation, de transformation corporelle et morale sous l'influence de forces étrangères, en rapport avec des hallucinations auditives, kinesthésiques).

Si l'on retrouve des similitudes symptomatiques avec la psychose paranoïaque, ce ne sont pas les mêmes troubles de la personnalité

De nombreux paranoïaques traversent au début de leur vie un processus schizophrénique, modulant leur structure psychique, et dont il conserve un léger déficit sur lequel s'installe la paranoïa, selon Kahn. Plus précisément, ce processus schizophrénique "ne présente encore aucun des symptômes permanents spécifiques de la schizophrénie", d'après Bleuler. Le lien entre le processus schizophrénique léger et le possible développement de la structure paranoïaque s'établit dans une diminution des liens associatifs intellectuels, favorisant d'éventuelles interprétations et autres délires imaginatifs, à partir de troubles affectifs intenses.

Dissociation et paranoïa vis à vis des états schizoïdes

La paranoïa se manifeste dans un manque de cohérence des liens logiques, difficiles à prouver mais explicables par quelque tendance à la dissociation, révélant le mode catathymique du paranoïaque (formation de complexes associatifs sous l'effet de facteurs affectifs) commun au paranoïaque et au schizoïde, sans que cette disposition schizophrénique ne soit pathologique (on est au stade de développement structurelle, et non de désordre psychique majeur). Selon Bleuler : "pour engendrer l'affection paranoïaque, cette disposition schizoïde doit se combiner avec une affectivité du type stable et à forte action de circuit", précisant par ailleurs que "de tels renversements de diagnostics ne sont pas assez fréquents pour que l'on ait le droit de faire rentrer une grande partie des paranoïas dans le processus schizophrénique". Néanmoins, "la disposition au délire paranoïaque n'est pas sans corrélation avec la schizoïdie et la schizophrénie".

La distinction étant alors que la structure paranoïaque s'établit de manière psychogène (dont l'origine est purement psychique), sans support anatomique spécifique (liaison cérébrale ou anomalie génétique), alors que la schizophrénie est d'origine organique.


DIFFÉRENCES ENTRE PARANOÏAQUES ET BORDERLINES (CAS LIMITES)

Le borderline a une peur inconsciente d'être abandonné, et alterne des états d'humeurs variables, fugaces et opposés. Il peut être tantôt joyeux et tantôt déprimé, un peu comme le bipolaire/maniaco-dépressif (bien que ce soient deux troubles de la personnalité distincts). De son côté le paranoïaque peut subir des symptômes de types cyclothymiques (alternance plus ou moins régulière de phases d'euphorie et d'abattement, indépendantes des circonstances), mais la structure limite du borderline, qui regroupe des parts névrotiques et psychotiques, diffère de la structure paranoïaque dans ses mécanismes profonds.

Si le borderline ose s'ouvrir aux autres en exprimant ses émois, le paranoïaque se cache afin de ne surtout pas se dévoiler. Aussi le paranoïaque qui est souvent orgueilleux, a une plus haute image de soi que le borderline, dont la tendance est plutôt à la dévalorisation. De ce fait le paranoïaque est plus porté sur le mensonge et la tromperie (tout en se croyant honnête), il projette ses défauts sur autrui quand le borderline qui est souvent trop gentil, est innocent en s'avouant naïvement, quitte à se mettre dans des situations délicates qui ne sont pas à son avantage, là où le paranoïaque saura manipuler son monde pour s'attribuer les mérites.

Le borderline fébrile car peu confiant va se montrer sympathique en ayant pitié des faibles, alors que souvent le paranoïaque les méprise et va jusqu'à les écraser pour escalader l'échelle sociale. Ainsi le paranoïaque pouvant être agressif, idéalise des personnages forts et puissants, affichant un pouvoir respecté, admiré voire jalousé, dont le borderline ne se préoccupe pas par manque d'ambition, de constance dans ses humeurs. Néanmoins il arrive au borderline d'éprouver de la paranoïa afin de se défendre d'un environnement trop hostile, et qu'il ne peut endurer par manque d'étayage psychologique (le borderline manque de limite, de cadre dans lequel s'y retrouver, il se noie dans un flou psychique et des émotions intenses et violentes, en passant d'un extrême à l'autre).


DIFFÉRENCE PERVERSION ET PARANOÏA

La perversion est une déviation des instincts conduisant à des comportements immoraux et antisociaux, et amenant le pervers à tirer plaisir de la souffrance d'autrui. Pour sa part, le paranoïaque ne jouit pas de voir, ou de faire souffrir l'autre. Par contre voir autrui se démener dans des problèmes matérielles ou existentielles alimente les délires du paranoïaque, en accentuant leurs associations d'idées et surinterprétations erronées, mais sans penser à mal.

Le paranoïaque souffre trop pour être empathique à l'égard d'autrui, dont il ne se préoccupe pas de l'état affectif, ni de ses sensibilités. Le paranoïaque est un être isolé et parfois rejeté, lassé d'être seul dans son monde imaginaire. Épuisé de se confronter à des relations sociales dans lesquelles il ne s'épanouit pas en ne rencontrant jamais ou trop peu autrui, il peine à développer des relations sympathiques, cordiales et joviales. Mais l'orgueil du paranoïaque ne lui fait pas voir les choses ainsi, il se croit tout puissant et ne se rend pas compte de ses propres souffrances, ni des torts qu'il commet autour de lui, du fait que ce sont les autres qui peinent et se fatiguent à sa place. Ainsi le paranoïaque, selon qu'il est plus ou moins conscients du mal qu'il véhicule et produit autour de lui, peut passer pour un pervers, alors qu'il n'en est pas un.


NÉVROSE - Quelques bases et rapport avec la paranoïa

Le névrosé est prit dans le piège du regard de l’autre, quand il se demande très souvent ce qu’autrui pense de lui. A tel point que c’est l’autre qui lui dit qui il est. Pour formuler la manière dont se structure la pensée du névrosé, c’est comme s'il se demandait en regardant un tel : « Que penses tu de moi maintenant, hier, et demain ? » Le névrosé va s’assurer que sa réalité est partagée avec l’Autre, et parfois même jusqu’au mépris de sa singularité. Il passe tellement de temps à essayer de savoir ce que l’autre pense de lui, qu’il se conformerait aux attentes d’autrui, pour donner aux gens une image de lui choisie, en paraissant de manière à ce qu’autrui lui témoigne de son comportement en le reconnaissant comme ceci ou comme cela (je te fais comprendre que je souhaiterai être comme tel et à force de comédie tu me dis que je suis comme tel). Il y a là une attitude vaniteuse et conformiste que l’on retrouve tous les jours dans les relations sociales, par exemple la cordialité affichée au travail ou chez un commerçant, pour faire bonne figure. Pour être critique, on peut franchement parler de comportement hypocrite, mais nécessaire à une bonne entente en collectivité.

La peur du jugement d'autrui, de son propre jugement

Au travers de cette attente perpétuelle de l'avis d'autrui, de ce conditionnement social, l'on comprend que la peur de déplaire ou de ne pas correspondre aux attentes d'autrui, aux normes établies, peut favoriser l'émergence d'une paranoïa dans l'esprit du névrosé. La majorité des gens étant névrosés dans nos modes de vie occidentaux, l'on peut alors facilement concevoir que, sans parler de pathologie, chacun évolue avec une structure paranoïaque lui assurant une insertion sociale plus ou moins adéquate au respect des règles morales et éthiques de la collectivité. Quelques problématiques paranoïaques sur fond de névrose se retrouvent régulièrement dans les caractères égocentrés de nos chers contemporains, dans les jalousie balisant les relations humaines, ou dans les somatisations à tendances hypocondriaques (voir consommation de médicaments/stupéfiants). Autrement, le névrosé cherche à savoir ce qu’autrui a vu de lui, quelque chose que lui-même n’aurait pas vu chez lui, une chose qui lui aurait échappé à lui-même mais que l’autre a su voir. C'est la peur du jugement d'autrui, de son propre jugement. Il y a là une forme d’altérité, où le névrosé se reconnaitrait dans l’autre au travers de phases réflexives de sa personnalité, par un mouvement mimétique de sympathie ou d’empathie.

Rapports entre psychose et délire, et névrose et délire

L'obsession au délire est moindre que le délire à l'autre. Le manque de représentation et d'association entre ses représentations mentales et ses affects, son clivage corps esprit fait que l'individu se cherche au travers de l'autre, en s'y identifiant tout en cherchant à s'en différencier dans une dynamique moderne d'individualisme. La part névrotique de l'individu tend à se conformer au regard de l'autre en y trouvant ce qu'il n'aurait pas vu chez lui, lorsque sa part psychotique le fait s'identifier à un tiers pour combler son manque de représentation, un défaut dans son concept de soi, dans sa façon de se percevoir et de se concevoir lui-même.



Et toi, qui dis-tu que je suis ?​
 
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