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Néant - deuxième expérience

HighBrowCat

Matrice périnatale
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28 Fev 2013
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Hop je me lance avec un récit de ma deuxième expérience aux champis. Ça date un peu, le style est peut être bizarre mais bon c'est pas très grave.

Néant
octobre 2007
appart puis nature (avec une personne sobre)
psilocybe cubensis variété mexicain
approx 1g-1,5g


Deuxième expérience. Deux spécimens de taille moyenne et un demi pied. Je suis tout d'abord dans une cuisine aux tons vert amande et à l'air un peu rétro. 14h34, je finis de les avaler. Goût assez atroce, mais qui passe quand même, bien que j'eus l'impression de mâcher du bois...

Un bonne vingtaine de minutes plus tard, je décide d'aller rouler un joint en prévision, sachant que déjà que je ne roule pas très bien en temps normal, en descente, je suis incapable de rouler quoi que ce soit de fumable. Je m'installe, je commence à émietter un peu de beu et à la mélanger au tabac. M revient me parler. Mais je sens que je commence à partir. Je ne sais déjà plus où j'en était dans le "roulage" du joint et je laisse alors tomber. Nous discutons, je ressens une forme de lourdeur dans les jambes, tout en pouvant encore bien bouger. A mesure que nous parlons, je me sens "partir" et par moments je n'arrive même pas à suivre la discussion que nous avons au sujet du dmt et de l'ayahuasca. L'apogée de la montée survient lorsque les appareils électroménagers (frigo, four, etc.) commencent à avancer vers moi comme s'ils étaient sur un tapis roulant. Tout semble se mouvoir, les ombres font des motifs cycliques sur les murs et j'ai l'impression d'être dans une scène du film Le jour des morts-vivants que j'ai vu deux jours auparavant. C'est probablement la lumière de la pièce, dont ma perception s'est modifiée qui me donne cette impression. M décide de faire cuire une pizza. Un truc surgelé infâme mais vu que je ne mange pas, cela m'importe peu. Cependant, au sortir du four, l’infâme pizza se révèle être une chose marron/rougeâtre avec des taches vertes comme un "ulcère crouteux". Là, je n'hallucine pas, elle est réellement comme cela.Vivante de surcroit,et qui tente de s'échapper du dessus du four en glissant vers le sol. Je m'approche et la titille avec la pointe d'une lame de couteau. Je n'arrive pas à croire que M va la manger tant elle est repoussante.

Au bout d'un moment, j'ai la bougeotte, et même si je sais que je suis perchée, je veux sortir et aller dans la nature. M est d'accord, nous sortons. Juste avant de sortir, je regarde rapidement mes yeux dans un miroir. Mydriase. Nous descendons à la cave. Cet endroit me plaît bien, cependant j'ai assez froid (ce froid bizarre humide typique d'une défonce aux psilos) ce qui me persuade de ne pas y rester longtemps.

L'extérieur ! J'ai l'impression de voir en léger ralenti ou accéléré, suivant les moments. Les couleurs sont également plus marquées, et je ris pour tout et n'importe quoi. Pour le moment, les effets des champignons sont plûtot visuels et sympathiques, c'est après quand l'élément reflexion/introspection va se mettre en marche que ça va se corser. Arrivées au Parc de P, nous nous rapprochons d'une mare où habituellement se trouvent des koïs. Ils ont été ramassés pour l'hiver je suppose, mais nous restons quand même au bord de l'eau. J'avance un pied un peu trop sûr dans l'eau. La présence de personnes tout autour dans les allées (ha un samedi après midi; riche idée pour tripper) me donne envie de bouger ailleurs. Nous prenons un chemin un peu caché qui monte, avec plein de marches. A partir de ce moment là, l'élément introspectif commence à se mettre en marche. Le néant. Je l'ai cotoyé, tout en fuyant en avant comme pour me rassurer malgré sa présence oppresante (d'où cette marche à travers la C jusqu'à un point indéfini au beau milieu de la nature). A force de chercher (quoi, je ne sais pas exactement), je suis arrivée à la limite de ma cognition de petit être humain à l'égo assez suffisant pour oublier son ignorance. Et j'en suis arrivée à la solution du grand trou sombre, le néant, comme seule réponse à mes questions. D'où, enfin je crois, cette notion d'oubli de l'égo qui a fini par émerger, comme seule pointe de lucidité dans tout cet amas de pensée. Au moins, par delà mes questions et mon dialogue intérieur emballé, on a pu me suggérer qu'il fallait que j'apprenne à désapprendre pour m'élever plus haut que mes sempiternelles questions, et ainsi arrêter de souffrir de leur éternelle absence de réponse. J'ai peut-être appris précédemment que les réponses étaient en moi, cette fois-ci, j'apprend que la "présomptuosité" de l'égo ne mêne qu'à une forme de souffrance. Nous ne sommes rien (d'où l'omniprésence du néant comme seule finitude) et nous ne sommes pas faits pour en savoir plus. Il nous faut accepter cette condition et s'accomoder de l'existence ? Voilà c'est bien cette insatiable désir, soif, etc. qui nous mène vers cette souffrance de l'introuvable solution. Or, des questions il faut bien s'en poser. Et puis la conscience de l'être humain tend toujours vers l'avenir, donc vers une évolution ou un changement. Ca doit être une forme de paradoxe. Un paradoxe à degrés. Tu dois t'interroger sur ton environment pour avancer dans ton cheminement d'être mais en même temps tu dois faire l'effort de relativiser ton savoir et par la même occasion ton égo, auquel cas tu perds toute objectivité et tu t'exposes à une certaine souffrance, loin de ton "idéal harmonieux".
Au bout d'un moment, même si le mental chemine toujours, le physique fini par faiblir et m' oblige à m'arrêter. M veut également que l'on s'arrête. Nous sommes à un kilomètre du château de G, et ainsi quelque part dans St H. Nous avons précédemment traversé la coulée verte à côté du poney club, longé quelque part de curieuses maisons (elle semblaient venue d'un autre monde), entourées de sapins, passé sous le périphérique, etc. Bref, le voyage dans tout les sens du terme touche à sa fin. Mais je ne veux pas en rester là. Il me reste encore pas mal d'interrogations. Et je ne me sens pas redescendre.En effet, j'ai encore des hallus visuelles : le sol respire et se meut, et à un moment, alors que nous étions en train de marcher, en enlevant mes lunettes j'ai l'impression d'avancer dans un tunnel de lumière où les rais de lumière semblent tissés pour former la structure de l'édifice.
Nous restons environ une heure assises au bord du chemin, passant quelques appels et tentant plus ou moins de trouver un moyen de rentrer autrement qu'à pied. Je sais où nous sommes et en même temps je ne sais pas comment rentrer à N de cet endroit autrement qu'à pied. Un autre chemin montant et un peu caché par les ronces attire mon attention. Nous l'empruntons. Il mène à un pré au bout d'une petite ferme délabrée. Je pense toujours et je ne veux pas rentrer. Un embranchement dans le chemin m'attire à son tour. Il mène à une sorte d'étendue sauvage peuplée de hautes graminées et d'ajoncs et située en hauteur ce qui nous permet d'apercevoir un grand boulevard dont l'existence nous était jusqu'alors inconnue et un arrêt de bus. Le jour ne semble pas tomber et je ne me sens pas non plus redescendre. Un sentiment de confusion m'envahit. Je me sens bien dans les ajoncs et les herbes hautes et je ne veux toujours pas quitter les lieux. Dissimulée en position fœtale, je laisse le temps s'écouler et ma descente progresser. Au bout d'un moment (je ne sais pas combien de temps), je sens une bouffée d'énergie qui me propulse hors de mon état larvaire et je cours hors de la lande et hors du chemin jusqu'au bord d'une route. Nous nous dirigeons ensuite à l’arrêt de bus. Je redescend. Et nous rentrons sur N.
 
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