Quoi de neuf ?

Bienvenue sur Psychonaut.fr !

En vous enregistrant, vous pourrez discuter de psychotropes, écrire vos meilleurs trip-reports et mieux connaitre la communauté

Je m'inscris!

[MG] La Boucle de la Peur [première fois]

Procyon

Glandeuse pinéale
Inscrit
29 Mar 2014
Messages
136
Voilà, un petit résumé de ma première expérience avec le LSA... et même de ma première expérience avec une drogue psychédélique "dure", en tout cas je l'ai vécu comme une renaissance, une découverte, quelque chose de suffisamment fort pour constituer un nouveau point de départ.

J'habite encore chez mon père, et ce week-end réunissait toutes les conditions de "sécurité" nécessaires : mon père était absent, mon jeune frère chez des potes... Bref, la maison était vide, mais j'avais un peu peur de l'environnement urbain, trop de gens, trop de bruit extérieur. J'ai décidé de préparer quelques affaires et d'aller me poser à Miribel-Jonage, un immense parc (presque une réserve naturelle) situé à proximité de Lyon. Je prévoyais de rester sur place jusqu'au lendemain en profitant de mon trip, en solitaire ; j'avais de quoi manger jusqu'au lendemain, un manteau, un sac de couchage...
Et le LSA, évidemment ! Des Morning Glory commandées sur Az***us, 10 grammes que j'avais pris soin de peser et de séparer, 5 grammes dans un pot, 5 grammes dans le sachet d'origine. Je prévoyais de ne prendre que 5 grammes, mais au cas où, je préférais en avoir plus (je pèse 53kg).
Je dois dire que c'est ça que j'appréhendais le plus : le goût des Morning Glory, on m'a dit qu'il était ignoble, que la sensation des graines dans la bouche était infâme, que le bodyload était atroce. Donc ma peur principale venait du bodyload, mais je me rassurais en disant que ça ne durerait pas toute l'expérience et qu'il fallait bien passer par là.



T-30mn : J'arrive à l'entrée du parc à 14h30. J'ai mangé pour la dernière fois à 3h du matin, donc au moment où je prendrai les graines je serai parfaitement à jeun. Je commence à me promener dans le parc, à essayer de trouver le coin idéal ; j'ai cherché un certain temps, mais je me suis finalement arrêté au bord d'un ruisseau, dans un sous-bois à peu près isolé du reste du monde.


Première prise

T-0mn : Je sors les 5 grammes de graines de leur emballage et les regarde fixement. La peur du bodyload commence à remonter ; avant qu'elle ne devienne trop forte et m'empêche de vivre mon expérience, j'ouvre la bouche et je commence à mâcher les graines. Et je dois dire que j'ai eu une agréable surprise : alors qu'on m'avait dit que leur goût était atroce, je trouve ça tout à fait correct, un mélange de saveurs boisées et de pistaches.

T+15mn : Je commence à trouver le temps long, j'avale donc la bouillie de graines sans autre forme de procès. Le goût qui me reste dans la bouche après n'est pas idéal, je bois donc une bonne rasade d'Ice Tea pour rendre le tout plus agréable. Je m'asseois par terre à côté de mon sac, je commence à attendre les effets... et je vais pouvoir attendre longtemps !

T+30mn : J'observe quelques effets très légers, que j'attribue à un placebo. Quand j'observe fixement le feuillage d'un arbre, je suis surpris par le mouvement des feuiles d'un autre arbre, un mouvement que je n'aurais même pas remarqué en temps normal. J'ai l'impression que les arbres oscillent plus fort que d'habitude, mais je ne sais pas si c'était déjà un effet du trip. Sur le moment, j'ai simplement attribué ça à un vent un peu agressif.
J'attrape une branche au sol et je commence à sculpter avec une autre branche. Un visage commence à se dessiner, un visage rieur - même si l'oeuvre n'est pas très détaillée...

T+1h : Ca fait 45mn que j'ai avalé les graines, je devrais déjà ressentir des effets non ? J'observe la rivière, j'ai toujours l'impression que je vois des mouvements auxquels je n'aurais pas fait attention d'habitude : des petits insectes qui descendent le cours de la rivière, de petites vagues contre le bois flottant... Mais c'est toujours très léger, et j'attribue ça à mon imagination ("Comme tu n'as rien à faire, tu te concentres sur les choses, et ça te donne l'impression qu'il se passe quelque chose").

T+1h15 : Quand je ferme les yeux après avoir regardé la lumière, j'ai l'impression que les taches s'animent et forment des scènes dans ma tête. Mais j'ai toujours du mal à discerner des choses précises, je n'y fais donc pas vraiment attention. Je commence à trouver le temps long, très long. Je mange quelques chips et un bout de sandwich, parce que la faim commence à se faire sentir.

T+1h30 : Je décide de me lever et de me promener un peu. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai envie de traverser le ruisseau : je trouve un tronc d'arbre couché en travers, mais en essayant de marcher dessus je manque de tomber dans l'eau, alors j'essaie de trouver un endroit plus safe. Plus loin, sur la gauche, il y a un autre tronc et des branches pour m'aider à me tenir debout. Je traverse et je commence à marcher sur la berge, me demandant combien de temps ça va encore mettre à monter... et me demandant également si j'en avais pris assez, si j'avais mâché assez longtemps, et autres interrogations du même genre. En plus, il a suffi que je me lève pour que les hallucinations-placébo disparaissent, ce qui renforce mon interprétation de tout à l'heure.

T+1h40 : Je réalise que je ferais mieux de ne pas laisser mon sac sans surveillance trop longtemps. Normalement, personne ne passe à cet endroit, et c'est éloigné des sentiers, mais tout de même. Je fais demi-tour et retrouve rapidement le tronc... qui est beaucoup, mais alors beaucoup plus difficile à traverser dans l'autre sens.


Seconde prise

T+2h : De retour à mon sac, je me dis qu'en 2h, s'il y avait eu de vrais effets je les aurais déjà ressentis. Je décide donc de prendre les 5 autres grammes que je gardais dans leur sachet (sûrement une erreur, en tout cas c'est pas très RdR), mais au moment de les avaler je repense à des commentaires de psychonautes qui expliquaient à quel point un redrop pouvait être méchant, alors je ne prends qu'une grosse moitié des graines (après pesage de mon sachet, je sais que j'ai repris environ 3 grammes à ce moment-là).
Et là, première surprise : le goût des graines est effectivement INFÂME ! Je ne sais pas si c'est le souvenir du goût de tout à l'heure, ou si c'est le fait d'avoir mangé quelque chose de vraiment bon entre-temps, mais j'ai du mal à garder cette bouillie immonde dans ma bouche. Je mâche quand même consciencieusement, je manque par deux fois de tout cracher au sol à cause de hauts-le-coeur, et je suis obligé de faire les cent pas pour ne pas subir trop de nausées. Une fois la bouillie avalée, je me jette sur mon sac et mange à nouveau, pour faire passer le goût. J'en profite pour prendre mon portable, en ignorant les messages reçus, et je lance Dark Side of the Moon de Pink Floyd.

T+2h10 : Je me rappelle simplement de l'introduction de Time. Ca m'a complètement retourné, et pourtant je connais bien le morceau ; tous ces sons de sonnerie sont en fait tellement puissants... C'est à ce moment-là que je me rends compte du pouvoir de la musique, ou plutôt de mon pouvoir sur la musique. Je peux séparer tous les instruments, les ressentir indépendamment les uns des autres, mais continuer à entendre le morceau dans sa globalité.

T+2h15 : Je commence à ressentir de vrais effets et à me rendre compte que ce n'était pas un placebo du tout, au moment même où j'avale les graines. Me vient une pensée du style "bordel, mais pourquoi j'ai repris des graines, ça a juste mis très longtemps à monter". Je me dis qu'au point où j'en suis, ça ne sert à rien de regretter, donc je décide de m'asseoir à côté de mon sac et d'observer la montée.
J'ai l'impression que ça fait très longtemps que j'ai pris les graines, pourtant je les ai avalées il y a une poignée de minutes tout au plus. Le temps commence vraiment à se faire extrêmement long, et je me rends compte que je perçois les couleurs différemment ; le feuillage des arbres est vert à un endroit, et en arrière-plan il n'est pas vert, il est.. d'une autre couleur, à la fois blanche, jaune, verte, la couleur change pendant que j'essaie de mettre des mots dessus, donc j'arrête de faire attention.

T+2h30 : Je me rends compte que je suis allongé avec les bras au-dessus de ma tête. Je n'ai pas le souvenir de m'être mis dans cette position. J'essaie de faire attention à ce que je fais, mais pendant chaque minute qui passe, j'oublie ce que j'ai fait à la précédente.
Le mouvement des arbres est phénoménal, je ressens le feuillage qui bouge et qui s'anime sous mes yeux. Les couleurs changent tout en restant les mêmes : c'est toujours le même bleu, ou le même vert, ou le même jaune, mais il est transcendé par ma vision. Je regarde mon portable, ça ne fait qu'un quart d'heure que j'ai avalé les graines. Pas possible, j'ai déjà l'impression d'avoir passé des heures dans cet état...
Quand tout à coup je réalise que mon estomac est noué, que mes muscles sont tendus, et que je tremble. J'y ai réfléchi quelques minutes (sûrement une poignée de secondes, en fait) et je me suis rendu compte que j'avais l'impression que j'avais peur, mais que ma conscience n'était pas au courant. J'avais tous les effets "physiques" d'une vraie peur panique : la tension, les tremblements... mais ça se passe comme si mon inconscient refusait de le dire à ma conscience. Et puis je comprends que c'est de cette peur que vient l'excitation, l'euphorie même, que je commence à ressentir ; parce que l'excitation et la peur sont souvent bien plus proches qu'on ne le pense. C'est d'ailleurs de la peur elle-même que naissent certaines excitations, non ?
Je prends donc conscience de ma "peur", que mon cerveau perçoit comme une euphorie, et j'éclate de rire. Le bonheur, pur, fait partie de ma conscience à présent, il a fusionné avec moi, mais mon corps ne le perçoit pas et ressent toujours cette peur, je tremble, mes muscles sont tendus. Je lâche l'affaire, ça va passer de toute façon.

T+2h40 : Les dernières notes de Pink Floyd résonnent encore, mais je veux de la musique, j'en ai besoin, alors je mets un album best of des Shadows, me disant qu'au moins ça me fera voyager. Je retourne à ma contemplation des feuillages, mais tout à coup je me rends compte que j'ai envie de bouger, alors je me mets à bouger. Je me lève, je cours le long de la rivière. Porté par le rythme d'Apache, je ressens le vent contre mon visage, je me sens comme un gamin qui joue au cow-boy.

T+2h45 : Comme tout à l'heure quand je marchais au bord de la rivière, prise de conscience : "faut pas que je laisse mon sac seul trop longtemps". Je regarde mon portable : quand je marchais au bord de la rivière, c'était il y a une heure, une toute petite heure, ça me paraît tellement improbable... Je reviens près de mon sac et je m'asseois par terre.

T+3h : Le mouvement est au centre de mon attention : je me rends compte de tous les mouvements que mon cerveau ignore en temps normal, et que je peux à présent percevoir. Mon champ de vision est perpétuellement occupé par des insectes, des insectes qui volent autour de moi et qui forment des perturbations "sur" la réalité. Je vois des visages dans tous les éléments du décor, je vois un visage démoniaque qui m'observe de l'autre côté de la rivière, il arbore un sourire diabolique, alors je lui rends son sourire. Je ressens une euphorie de plus en plus puissante, une envie de rire, de hurler mon bonheur à la nature.

T+3h15 : Je m'allonge par terre. J'observe les branches des arbres jouer les unes avec les autres, et je me perds dans leur contemplation. Toutes ces branches interconnectées forment un genre de toile, et mon cerveau peut observer cette toile et percevoir les esprits de la forêt. (Quand je dis esprits, c'est une simple interprétation évidemment : c'était simplement des visages, des visages et des corps, qui se trouvaient "sur" les arbres et qui semblaient "être" les arbres.)

T+3h30 : Je me perds dans la contemplation du feuillage, je joue avec mes bras qui agissent comme des déformateurs de réalité. Tant que je suis resté dans la forêt, mon expérience ne varie pas beaucoup, je me rappelle simplement d'un solo de batterie pendant un morceau des Shadows qui m'a semblé durer des heures, de vraies heures, tandis que je me perdais dans la contemplation multicolore d'une branche au sol.

T+3h45 : Je me rends compte que je suis en train de m'enfoncer les doigts dans la bouche, j'essaie de ressentir l'intérieur de mes dents, l'autre côté de ma mâchoire, et les sensations au niveau de ma langue et de mes doigts sont extrêmement étranges. De la bave coule le long de mes doigts sans que je m'en rende compte, j'ai le sentiment de redécouvrir une partie de mon corps sans réussir à mettre des mots dessus. La salivation se fait gênante, alors je m'arrête.


Le départ

T+4h : Je regarde l'heure, quand j'ai tout à coup l'envie de bouger, l'envie de sortir de ce parc. Alors que j'avais tout prévu pour rester ici et passer la nuit seul dans la nature, je décide de rentrer chez moi maintenant. Je range toutes mes affaires et je commence à remonter vers le sentier. Quand tout à coup j'aperçois des voitures, des humains... Je suis comme paralysé, c'est à ce moment-là que je réalise que je suis complètement trippé et que je risque gros à m'aventurer en pleine ville, dans les transports en commun en plus.
J'arrive à éviter le parking en prenant un autre sentier, et je me rends compte que je suis complètement perdu. Alors que je savais parfaitement où j'étais il y a encore quelques minutes, je perds complètement le sens de l'orientation et je galère pour retrouver la bonne direction. Ca me fait peur, et comme tout à l'heure cette peur se traduit en excitation, c'est grisant, et j'éclate de rire.
La seule méthode que je suis capable d'appliquer, c'est celle du soleil : comme il est 19h, le soleil est à l'ouest, et c'est comme ça que j'ai retrouvé le nord - et mon chemin.

T+4h10 : J'arrive à une grande route que je suis incapable de reconnaître. Je passe près de plusieurs campeurs, d'une table de pique-nique : je perçois leurs voix, mais ce n'est pas du français, impossible, je ne comprends pas un traître mot de ce qu'ils disent... Après tout, ils sont loin. Je me dirige vers le parking, quand je me rends compte qu'il y a des gens en face de moi ! La peur me reprend à nouveau, je tourne à droite pour les éviter, mais c'est une grande prairie avec encore plus de campeurs ! Je me réfugie dans un fourré, attrape un bâton et commence à jouer avec de la terre, je suis dans la terre et je SUIS un ver de terre. Je pars dans un délire intérieur complètement fouillis, mais quand je regarde l'heure je me rends compte que ce délire n'a duré qu'une seule minute. La distorsion du temps se fait de plus en plus violente, et je comprends que je suis toujours en train de monter et que j'ai largement sous-évalué le pouvoir des graines.

T+4h15 : Cette prise de conscience a été tellement intense qu'elle s'est traduite par une vraie peur, autant que par une excitation. C'est donc avec crainte que je me dirige vers les gens qui me barraient la route tout à l'heure, essayant de passer le plus loin possible d'eux. Peut-être qu'ils m'ont parlé, je pense qu'à ce moment-là j'aurais été complètement incapable de me rendre compte que quelqu'un m'adressait la parole, tellement les sons de voix étaient confondus avec l'arrière-plan. Mon cerveau ne voulait plus dissocier un son d'un autre, et il se concentrait sur des sons de manière totalement anarchique. Je pouvais écouter attentivement le son des voitures en arrière-plan sans me rendre compte que des gens parlaient à cinq mètres de moi.

T+4h20 : Je vois l'arrêt de bus au loin, mais je me rends compte qu'il y a déjà deux personnes qui attendent. Un couple, certainement des jeunes. Je me demande ce que mon esprit va encore inventer, je traverse la rue et m'arrête à côté d'eux. Ils sont penchés sur un portable, j'entends le son que j'ai beaucoup de mal à interpréter. Les voix sont parfaitement audibles, mais mon cerveau ne peut pas les transcrire en mots, je me concentre et j'arrive à comprendre qu'il s'agit d'un épisode d'Astérix.
Je crois qu'ils commencent à se rendre compte que je suis pas dans mon état normal, je crois qu'ils parlent de moi mais le son m'arrive tellement distordu que je ne suis même pas sûr que je n'imagine pas le son de leurs voix. Une paranoïa commence à se développer, j'ai l'impression que tout le monde me regarde, même des gens au loin. Ca me fait peur, mais la peur m'excite, et il faut que je me retienne pour ne pas éclater de rire. Les distorsions, qui se limitaient à ma perception du temps et aux sons, commencent à appararaître sur ma vision : les visages que je perçois sont caricaturaux, le mec assis à côté de moi a un front plus grand que tout le reste de son visage, et ses dents sont plus acérées et irrégulières que celles d'une mâchoire de loup, des crocs jaunâtres.
Les insectes dessinent toujours des mouvements sur ma vision, je perçois tout ce qui bouge autour de moi.

T+4h30 : Je dois faire tous les efforts du monde pour ne pas regarder les gens dans les yeux, je recherche l'eye-contact mais je commence à comprendre que mes pupilles doivent être horriblement dilatées et que les gens s'en rendent compte. Tout à coup, une fille apparaît près de moi, ou plutôt elle s'est approchée pendant que je regardais ailleurs : je sens qu'elle essaie de me parler, mais je ne comprends pas ses paroles. Mû par un réflexe un peu idiot, je me lève et me colle presque à elle en articulant un "Excusez-moi ?". Je fais un énorme effort et réussis à comprendre "le bus... va à Carré de Soie ?". Je suis soulagé, j'ai compris la question. "Oui oui, il va à Carré de Soie, il sera là dans dix minutes". Enfin, je crois que c'est ce que j'ai dit.
Je suis à la fois rassuré par ma capacité à parler et terrifié par l'impossibilité de me voir "de l'extérieur" pour constater l'ampleur de la transformation. Je me rends compte que le couple à côté de moi a essayé d'engager la conversation. Je comprends - avec du retard - et articule quelques réponses banales pour me débarasser d'eux au plus vite.

T+4h40 : Le bus arrive, mais je vois des contrôleurs à l'intérieur. Et merde, c'est le dernier bus qui reparte pour Lyon : j'ai des tickets et je ne voyagerai pas en fraude, évidemment, mais je suis dans l'incapacité totale de répondre aux questions d'un contrôleur. Mais je monte quand même à bord, tentant la chance une nouvelle fois. Les contrôleurs ne me contrôleront pas, heureusement...
J'ai l'impression d'être constamment endormi et de me réveiller chaque minute qui passe. J'essaie de simuler le sommeil pour ne pas être dérangé par les gens et pour qu'ils ne remarquent pas mon état, mais ça n'arrange rien. Mes yeux bougent tous seuls sous mes paupières closes, et je suis incapable de rester sans bouger.
Pourtant, en parallèle, je sens de plus en plus de distance entre le monde physique et mon monde mental, entre mon corps physique et mon esprit. Je sens toutes les imperfections de mon corps, et quelques pensées absurdes commencent à me monter à la tête : "Ce corps, il bouge à cause de moi, mais ce n'est pas moi. D'ailleurs, est-ce que je suis sûr qu'il bouge à cause de moi ? Est-ce que c'est bien mon intention qui fait bouger ces muscles et battre ce coeur ?" J'ai vraiment l'impression de me dissocier, et tout ça alors que j'essaie désespérément de garder les yeux fermés et d'avoir l'air normal aux yeux des gens. Dès que j'ose ouvrir les yeux, cette paranoïa revient, j'ai l'impression que tous les regards sont fixés sur moi et que chaque mot que j'arrive à comprendre est un mot à propos de moi.

T+5h : Des jeunes qui rigolent me font sortir de mes pensées. Ils me parlent depuis plusieurs minutes sans avoir de réponse, au vu de leurs fous rires, et je tends mon esprit vers eux pour essayer de comprendre leurs pensées.
"Eh mec ça va ?"
"Ouais, ouais."
J'ai l'impression que mes réponses mettent des heures à sortir, et ça renforce leurs rires.
"T'écoutes du metal ?"
Je me demande pourquoi il me pose cette question, et puis je me rappelle que j'ai mis un t-shirt de groupe aujourd'hui. Je balbutie, essayant d'expliquer que j'écoute du metal mais pas seulement ça, et puis je me demande pourquoi je suis en train de leur expliquer ça, je m'arrête en plein milieu d'une phrase.
Je ne comprends pas la phrase suivante, mais mon esprit capte les mots "MD" et "LSD". Je ne sais même pas si j'ai répondu ou non, là. Je commençais à trouver le temps très long, la peur de la foule commençait à me rattraper, et j'ai prié pour que le bus arrive rapidement à son terminus. Les jeunes sont descendus, et moi j'ai regardé par la fenêtre, observant une espèce de chenille orange et violette qui suivait le bus à mesure que je clignais des yeux.


Peurs urbaines

T+5h10 : Le bus est arrivé à destination. Je descends en vitesse, j'ai du mal à me diriger dans la ville et puis il y a encore trop de gens. Je ne veux plus prendre de transports en commun, il y a trop de monde et je vais vraiment finir par péter un câble. Je me mets à marcher le long de la voie de tramway pour rentrer chez moi en évitant de passer devant les cités du coin.
Je me rends compte que ma perception du temps distordue n'est plus seulement mentale, elle est carrément visuelle. L'angle de mon champ de vision oscille et finit par se réduire, j'ai l'impression que le monde entier est déformé, presque zoomé, et ça me donne l'impression que je n'avance pas même quand je vais au pas de course. J'ai l'impression que je me traîne, que je suis lent, et pourtant je rattrape et dépasse très rapidement tous les gens qui marchent le long de la voie.

T+5h20 : J'arrive à l'arrêt de tram suivant, quand le tram arrive dans l'autre sens. Je me rends compte que j'ai affreusement faim, et envie de manger quelque chose de chaud. Je me dis que je n'ai qu'à aller à McDonald's, commander sur une borne automatique et que je n'aurai même pas à parler à des gens. Alors je monte dans le tram, oubliant que je ne voulais plus prendre de transport en commun, et la peur me submerge à nouveau. Je tiens quelques arrêts, mais je descends juste avant le terminus. J'essaie d'être le plus normal possible mais je vois bien que ça ne fonctionne pas. Mon esprit se perd dans des boucles fascinantes que j'aimerais pouvoir explorer mais la réalité est encore trop présente autour de moi.

T+5h30 : Je marche dans une grande rue, mais je n'en ai pas vraiment conscience, les bruits des voitures et les images des passants sont distantes et brouillées. Mon sens de l'orientation est toujours aussi calamiteux que tout à l'heure ; je commence à élaborer une théorie selon laquelle la boucle mentale est facilitée et est à la source de tout.
Les fractacles en CEV ne sont en fait que des taches de lumière que le cerveau fait boucler à l'infini.
La perte du sens de l'orientation vient du fait que tous les lieux se ressemblent à mes yeux, il est impossible de les faire se différencier, et c'est parce que ce bouclage à l'infini me rend incapable de percevoir ces différences...
Ca n'a aucun sens, mais sur le moment, je suis persuadé d'avoir fait la découverte du siècle. Un passant me demande si j'ai une cigarette, je lui réponds "Tout est à la source de la boucle... euh non, la boucle est à la source de toutes les sources. Des boucles."
Panique intérieure, je me rends compte que j'ai oublié de faire attention à la réalité, et l'homme me regarde comme si j'étais un fou dangereux. "Non désolé, j'ai pas de cigarette". Il tourne les talons et s'en va quatre à quatre.

T+5h45 : J'arrive à Part Dieu, mais je sens bien que je n'arriverai pas à traverser la gare. Je réussis à atteindre l'entrée du centre commercial, qui est presque vide - heureusement !

T+5h50 : J'arrive au McDonald's. La distance entre le monde réel et mon esprit est telle que je n'arrive plus à comprendre la fonction des objets du monde réel : ils sont là, c'est tout, je ne peux pas en extraire le sens et encore moins comprendre la manière de m'en servir. C'est en m'approchant d'une borne de commande que je panique : je suis incapable de me servir de cette borne, je ne comprends pas la fonction des boutons... que j'ai pourtant utilisé des dizaines de fois auparavant ! Je tourne les talons et sors du centre commercial aussi vite que possible.

T+6h10 : J'ai réussi à m'isoler des passants après quelques moments de stress. Je me suis assis à l'arrêt de bus d'un bus qui ne passe pas le dimanche soir, donc je ne risque pas d'être dérangé. Je commence à sortir de quoi manger de mon sac, la texture des aliments me fascine totalement. Pas celle des chips, que je laisse rapidement tomber au fond de mon sac, mais celle des cookies m'a bien fait tripper.
La texture de la pâte à cookie, à la fois croquante, onctueuse et puissante, avec les petits morceaux de chocolat... c'est sans doute le meilleur truc que j'aie mangé de toute ma vie, ou en tout cas l'expérience gustative la plus agréable que j'aie jamais eue. Et pourtant, c'était des cookies de Casino, rien de particulier quoi.

T+6h25 : Je reprends mon portable dans ma poche, et je suis pris d'une sorte de culpabilité de n'avoir pas répondu à une amie. Elle m'a envoyé plusieurs sms, auxquels je n'ai pas fait attention - de toute façon, j'étais en silencieux. Le dernier, "Tu te promènes longtemps...", datait d'il y a presque deux heures, et je me suis dit qu'il fallait au moins que j'écrive un message pour m'excuser de ne pas répondre. J'ai donc réussi à écrire un "je je suis desolé de te faire attendre si longtemps, je te raconterai tout demain, je peux vraiment pas tenir une conv là". Quelques minutes plus tard, une réponse. Cinglante. Ni une ni deux, je tente de m'expliquer plus clairement (une utopie, vu la distance qu'il y avait entre ma pensée et les mots de tous les jours...) : "Nan mais... Je me sens très con mais c'est pas possible de transmettre ça avec des mots ptn. Je galère à mort pour écrire ce message parce que je pars dans tous les sens, c'est pas évident de forcer sa pensée à aller à la vitesse où tes doigtsécrire. Putain non sérieux, je peux pas là mais tkt ça va. (les doigts sont tellement pas adaptés pour offrir la pensée bordel)".
Je me rappelle de la douleur que c'était de ne pas pouvoir exprimer toutes ces sensations, toutes ces pensées, c'est vraiment à ce moment-là que j'ai réalisé la distance qui me séparait du monde réel "habituel". Commencer une phrase et réussir à la terminer sans en modifier le sens en cours de route tenait de la gageure. Je me dis que l'écriture est vraiment illogique et approximative, alors je range mon portable dans ma poche et me replonge dans mes pensées, réfléchissant à ma théorie sur les boucles.

T+6h45 : Nouvelle réponse. "Tu me fais pitié." J'étais dans un tel état d'euphorie que j'ai commencé à écrire "Honnêtement, j'en ai rien à foutre" (et c'était pleinement vrai) mais un choc m'en a empêché. Un petit morceau de moi qui traînait encore dans l'état d'esprit habituel et qui m'a fait comprendre que j'allais faire une connerie. Surtout que cette violence n'allait pas dans le sens de ma pensée. J'ai décidé de temporiser, et finalement n'ai pas envoyé de message de la soirée.

T+6h50 : Mon téléphone sonne. Je me dis qu'elle essaie de m'appeler pour juger de mon état, mais quand je regarde l'écran c'est le nom de mon père qui s'affiche. Une peur panique, qui me fait éclater de rire. J'essaie d'avoir l'air le plus normal possible, et je réponds au téléphone. "Eh, comment ça va ?" me fait mon père. Au moment même où il la prononce, j'oublie cette phrase et mon esprit part dans une toute autre direction. Le visage de mon père se déforme comme dans un kaléidoscope, prend des milliers de teintes différentes, mais je me rends compte que je suis au téléphone et je réponds "Et toi, comment ça va ?". Silence. Très long silence. Je répète ma question. "Bien, bien, je suis bien arrivé à l'hôtel." Je force ma pensée à rester dans le monde réel, et je commence à articuler une phrase, mais au bout de quelques mots je me rends compte que cette pensée s'est échappée et que je n'arrive pas à la rattraper. Je m'arrête de parler d'un coup et je dis "Papa, je suis dehors là". Mensonge par omission, mais je n'étais pas en état de faire mieux. "Ah, d'accord, je te laisse alors ! À plus, je t'aime". Je raccroche soulagé, mais quand je regarde l'écran, je suis choqué : cette conversation qui m'a paru d'une complexité affreuse n'a duré que 22 secondes.


Enfin seul

Je ne me rappelle plus ce que j'ai fait sur le chemin du retour, mais le fait est que j'ai réussi à rentrer. Mon sens de l'orientation commençait à revenir, et j'étais à peu près capable de suivre les chemins que je connaissais.

T+7h40 : Je rentre chez moi, je ferme la porte à clé, mais en montant l'escalier je me rends compte que mon frère est rentré à la maison. Je réussis à articuler un "Salut", je me rends bien compte que j'ai les yeux comme des soucoupes et que mon frère me regarde bizarrement, alors je me justifie : "Je suis un peu bourré". Plus acceptable socialement que "J'ai pris du LSA et je trippe depuis cet après-midi", bizarrement.

T+7h45 : Je suis posé devant mon PC, grâce auquel j'ai lancé de la musique. J'observe les imperfections de mon mur qui dessinent des formes géométriques, des lettres que je n'arrive pas à lire. Mon plafond se déforme au rythme des battements de mon coeur. Enfin seul, je peux me concentrer sur le trip en lui-même, et me plonger dans mes réflexions...

T+8h : Une sonnerie résonne sur mon ordinateur. C'est une amie qui m'appelle sur Skype, et je pousse un soupir en refusant l'appel. Je tente de lui expliquer que je ne suis pas en état, mais c'est toujours aussi compliqué : "Non mais laisse tomber je suis absolument pas en état en fait j'avais pas réalisé waw, j'ai bien envie de te parler de te répondre mais je sais que ça va pas être possible tu vois ? J'ai essayé de parler en vocal tout à l'heure ça marche pas je peux pas aligner mes pensées sur quelque chose de normal, de enfin de canaliser ma pensée pour l'adapter à la parole". Frustration, je me rends compte que je n'arrive pas à expliquer quoi que ce soit à l'écrit, alors je l'appelle en me disant que j'allais "juste lui expliquer ce qui se passait, et puis raccrocher".
Je patauge pendant cinq minutes sans réussir à sortir la moindre phrase correcte, puis elle en a marre et me raccroche pratiquement au nez. L'euphorie me rattrape, je ne peux rien prendre au sérieux tant que je suis là haut. Je reprends ma théorie sur les boucles.

T+8h30 : J'ai envie de pisser, alors je me lève pour aller aux toilettes... Et bon sang, voilà une distorsion qui me fait vraiment peur, mon sexe est quasiment invisible à l'oeil nu... mais est-ce que c'est vraiment mon sexe, ou simplement celui d'un corps auquel je suis étranger ? Je finis rapidement mon affaire et je reviens dans ma chambre. Je me déshabille entièrement, et je me jette sur mon lit. Je sens que je suis en train de descendre, ça s'amorce en tout cas, mais je peux encore essayer de me réapproprier mon corps et de revenir dans la réalité pour finir ce trip en beauté. Mes mains explorent l'intégralité de mon corps, redécouvrent les sensations que j'avais oubliées (ou peut-être est-ce réellement des sensations nouvelles ?), se promenant sur ma peau, sur mes cheveux, sur mes muqueuses (je pense pas que je vais vous faire un dessin).

T+9h : J'ai fini de me réapproprier mon corps, et même si ma vision me semble toujours distante et éloignée, je suis à présent conscient d'avoir à nouveau fusionné avec moi-même. J'ai conscience d'être réellement moi, et ce simple fait me pousse à l'euphorie. De manière plus subtile qu'auparavant, cependant, plus de fous rires mais une sensation de bien-être inégalée. Je reprends quelques cookies pour sentir cette texture si particulière dans ma bouche, heureux de constater qu'elle est toujours présente.
J'attrape ma guitare et joue quelques minutes. J'ai l'impression d'être en osmose totale avec l'instrument, et les mélodies que j'improvise traduisent parfaitement les sensations que je ressens à l'intérieur de moi-même. Je prends un papier et formule une idée, une phrase : "Le langage est fonctionnel, mais la musique est transcendante".

T+9h30 : J'arrête la guitare et ouvre Youtube, et regarde quelques vidéos - de Vsauce, essentiellement. Entendre parler de trous noirs me donne mes dernières petites hallucinations, la réalité se morcelle autour d'un trou noir au centre de ma vision. Je ferme les yeux, et la dernière vision disparaît.

T+10h : J'ai beau être allongé dans le noir, je n'arrive pas à dormir. Je rallume mon PC et discute avec un ami. Impossible de formuler des pensées profondes ou complexes, mais la descente faisant son chemin, j'arrive à écrire des phrases simples et à simuler un état "normal".

T+10h20 : Mes pensées m'ont emmené vers le test MBTI (je suis habituellement ENFP, j'ai fait plusieurs fois le test et ça a l'air assez fixe). Je repasse le test sur Internet, et surprise, je suis INFP sous LSA. Avec le recul, ça n'est pas vraiment étonnant.

T+10h40 : Je mets de la musique de manière un peu anarchique. Un live de Muse, remplacé cinq minutes plus tard par une gamme de Shepard, remplacé cinq minutes plus tard par un album de Salut c'est cool qui va conclure ma soirée. J'éteins mon PC et m'allonge dans le noir, jouant avec les dernières taches colorées qui peuplent mon champ de vision, et pensant à la théorie des boucles. En souriant. Je me suis endormi assez rapidement, sans doute plus fatigué que je n'en avais l'impression.

T+20h : Au réveil le lendemain. J'ai l'impression de redécouvrir le monde, les couleurs sont toujours les mêmes que la veille ou que deux jours avant, mais elles sont différentes à la fois, elles ont un petit quelque chose de... changé. Par contre, les aliments... La nourriture a une sorte de fadeur qu'elle n'avait pas avant, comme si le quasi-orgasme alimentaire que j'ai eu la veille avait modifié ma perception de la bouffe. C'est pas "mauvais", mais c'est pas vraiment "bon" non plus, comme s'il manquait quelque chose. Ca va passer, sans doute.



C'était vraiment une expérience fascinante, et pour une première fois j'avoue que je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi intense. Je n'ai pas ressenti de "plateau", par contre, j'ai eu l'agréable impression que j'étais continuellement en train de monter, jusqu'à un moment entre T+8h30 et T+9h30 où j'ai senti que je commençais doucement à descendre.
J'ai été agréablement surpris par l'absence totale de bodyload : je n'ai pas eu mal aux jambes, je n'ai eu mal nulle part en fait, les nausées ne sont apparues que vers T+2h et seulement pendant le mâchage des graines... et pourtant je dois dire que j'appréhendais pas mal !
Enfin voilà, je ne fais pas l'apologie de la substance et je n'en ai pas eu l'intention, puisque c'est juste une expérience unique, j'ai bien conscience que ce n'est en aucun cas une règle ou un modèle pour les autres expériences. J'écris ce TR "à chaud", le lendemain matin, donc c'est peut-être un peu confus. Je le corrigerai si d'autres choses me reviennent.
 

Nahmého

Elfe Mécanique
Inscrit
29 Oct 2011
Messages
492
Rien a dire apart : Magnifique, on est happé dans ton TR, et j'ai adoré.
 

Crounz

Holofractale de l'hypervérité
Inscrit
8 Juil 2013
Messages
1 782
Sympa cette petite excursion, surtout que les lieux cités me sont familiés au moins par leur noms. Par contre j'ai pas trop saisi le rapport entre le titre et le contenu.
 

Procyon

Glandeuse pinéale
Inscrit
29 Mar 2014
Messages
136
Merci à vous trois !
Pour te répondre Pulse... c'est vrai qu'à la relecture je l'ai pas fait très bien ressortir dans le TR, mais dans ma tête le fil conducteur c'était ce mélange de peur et d'excitation, ce décalage entre les messages de mon corps et ce que je ressentais consciemment (que j'ai essayé d'expliquer à T+2h30). Et comme j'ai passé une bonne partie du trip à relier tous ces phénomènes à des boucles...
Mais en effet c'est pas super clair, je dois avoir passé autant de temps à chercher un titre qu'à écrire le report.
 

Crounz

Holofractale de l'hypervérité
Inscrit
8 Juil 2013
Messages
1 782
En fait c'est moi. J'ai vu peur et boucle, et mon cerveau a traduit instinctivement ça en bad.
 

Conscience

Neurotransmetteur
Inscrit
7 Avr 2014
Messages
54
J'ai lu par hasard ton TR tout à l'heure et je trouve que tu écris super bien. :+1:
Le mode perché en public, t'as bien géré parce que c'est pas évident. Moi, j'aime bien savoir que le Peuple est proche, ça me rassure un peu.
Dans ce trip, cet évènement particulier m'a interpelé :
Procyon a dit:
je vois un visage démoniaque qui m'observe de l'autre côté de la rivière, il arbore un sourire diabolique, alors je lui rends son sourire.
Je perçois tout le temps une présence semblable lors de mes trips et j'ai été happy de lire ta réaction toute simple qui est d'une grandeur pour moi. Respect.
 

Tisalut

Holofractale de l'hypervérité
Inscrit
13 Nov 2011
Messages
1 234
Ahah pareil Pulse², quand j'ai vu le titre je me suis dit "arf ya un gars qui a passé un sale quart d'heure..." et ben en fait non :).

Super stylé le Tr mec ! Merci beaucoup du partage !! On se régale à la lecture !
T'as eu la foi pour te barrer du parc quand même, ça en a fait des aventures pour pouvoir rentrer chez toi !
C'est assez intéressant le concept de peur/euphorie que tu décris, ça fait pas mal réfléchir.

Le coup de se sentir lent quand tu avance dans la rue ça me l'a déjà fait aussi, comme si t'étais sur un tapis roulant un peu nan ?

En tout cas t'as bien géré pour ta première rencontre avec un psychédélique, pourtant t'as eu pas mal de raisons potentielle de partir en couille, prendre les transports en commun à balle de LSA et survivre c'est pas donné à tout le monde :mrgreen:.

Prend bien le temps de réfléchir à ce que cette expérience t'as apporté. Parce que ça avait l'air assez intense, donc t'as matière à réflexion quand même ^^. Ça peut juste se traduire par le fait d'y repenser de temps en temps en profondeur, sans but précis. De toute façon vu le gros Tr que t'as pondu t'as du pas mal rélféchir sur le truc.
T'as une approche assez saine de la chose pour l'instant, c'est cool !

Bisous :heart: !
 

Procyon

Glandeuse pinéale
Inscrit
29 Mar 2014
Messages
136
Merci à vous deux également, ça fait du bien de pouvoir partager ce genre d'expérience avec des gens qui les comprennent... et je suis content que ça vous ait plu, évidemment :)

Conscience a dit:
Le mode perché en public, t'as bien géré parce que c'est pas évident. Moi, j'aime bien savoir que le Peuple est proche, ça me rassure un peu.
J'ai un peu peur de la foule même quand je suis clean, le LSA a surtout amplifié et exagéré cette peur à laquelle je m'étais presque habituée. Il m'a mis en face de ce truc que j'arrive normalement très bien à cacher, au point de ne plus y faire attention. Avec le recul, c'était très instructif de ressentir ça, mais les premiers contacts "humains" ce matin m'ont fait tout bizarre !

Tisalut a dit:
Le coup de se sentir lent quand tu avance dans la rue ça me l'a déjà fait aussi, comme si t'étais sur un tapis roulant un peu nan ?
Oui, je l'avais pas ressenti comme un "tapis roulant" mais c'est vrai qu'il y a de ça. Les sensations que je recevais de mon corps étaient très limitées, j'avais pas de vraies sensations de douleur, je ne me sentais pas réellement "toucher" les choses (mon sens du toucher était assez limité en fait, comparé à des trucs qui avaient pris beaucoup d'ampleur comme le goût ou la vision)... donc forcément, quand tu te rends compte que t'es en train de marcher seulement parce que le décor avance, ça donne un effet tapis roulant.

Tisalut a dit:
En tout cas t'as bien géré pour ta première rencontre avec un psychédélique, pourtant t'as eu pas mal de raisons potentielle de partir en couille, prendre les transports en commun à balle de LSA et survivre c'est pas donné à tout le monde :mrgreen:.
Houlà oui, quand je regarde en arrière je me demande comment j'ai fait pour tenir comme ça... Ca m'apprendra à faire attention pour les prochaines fois en tout cas, j'aurai pas toujours ce genre de chance du débutant.

Et oui, j'ai pas mal de grain à moudre ! Le plus difficile ce n'est pas de repenser au trip et à ses détails, je me rappelle plutôt bien, c'est plutôt de mettre des mots sur ces sensations inhabituelles... Et pour ça, effectivement, il va me falloir un sacré paquet de temps. J'ai pas mal réfléchi en l'écrivant oui, et continué à réfléchir après, mais il y a quelques points que je n'ai pas pu traduire du tout. (comme la "théorie des boucles", j'ai trippé là-dessus à plusieurs reprises et c'était quelque chose d'assez vaste, mais pour le retranscrire en français c'est une autre paire de manches !)

Merci d'avoir pris le temps de lire et de répondre en tout cas, je me répète mais ça fait vraiment plaisir !
 

Ubiq

Matrice périnatale
Inscrit
13 Avr 2014
Messages
14
Excellent TR ! Bien drôle et précis, bravo!
Trip bien géré !
 

Biquette

Modo vache qui rend chèvre
Inscrit
5 Fev 2013
Messages
4 844
Malgré un S&S assez naze t'as réussi à gérer jusqu'au bout, bien joué ! T'as l'air d'avoir trippé comme un sagouin mais ton approche des éléments qui auraient pu causer un bad était très bien : le rire. Quant à ton amie elle est pas très sympa...

TR super bien écrit en tout cas, on s'y croirait. Et la foultitude de détails n'est jamais lourde, au contraire ça rajoute un sacré plus. Merci du partage gars !
 

Lotre

Holofractale de l'hypervérité
Inscrit
30 Nov 2011
Messages
3 892
Haha effectivement la copine pas très cool.
Superbe TR, j'aime beaucoup tes réactions face aux éléments un peu baddants.
 

Sleepless

Glandeuse pinéale
Inscrit
22 Mai 2014
Messages
120
Waw merci pour ton superbe TR!

Etant lyonnais, j'imagine même pas la difficulté que ça doit être de prendre les transports. Rien que bourré ou en descente j'aime pas trop ça, alors en plein trip... Et puis c'est Part-Dieu en plus, vraiment pas le meilleur endroit!
Je me rends pas du tout compte et ça t'était peut-être totalement impossible à ce moment-là, mais je trouve que le vélo est parfois une bonne solution. Ca peut paraître dangereux, mais personnellement j'arrive parfois mieux à faire du vélo, en allant lentement, qu'à marcher. En plus, c'est une tâche qui occupe suffisamment pour se concentrer dessus.

Ta maîtrise est assez impressionnante en tout cas, t'as vraiment maté toutes les occasions potentielles de bader.
 

L'huitrerampante

Glandeuse pinéale
Inscrit
4 Juin 2016
Messages
214
Super Tr, je ne sais pas comment je réagirais face à une telle situation, connaissant les effets du LSA, ce n'a pas du être facile à gérer seul et en plus en présence de gens pas dans le trip !
 

dutchturkey

Neurotransmetteur
Inscrit
27 Juil 2016
Messages
94
TR super fascinant !
La partie des transports en commun a dû être horrible à surmonter.
Tu as une maîtrise assez incroyable en tout cas, je sais pas comment j'aurais réagis
 
Haut