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Les courants thérapeutiques - de la science au spirituel

Stylo 2.0

Holofractale de l'hypervérité
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11 Mai 2013
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Aujourd'hui, exam de rattrapage en psychologie clinique. Je dois répondre à la même question que lors de la session principale : "Au cours de l'histoire comme dans la période contemporaine, on constate une multiplicité d'approches théoriques et conceptuelles en psychopathologie. Classez-les en grands groupes selon leurs orientations épistémologiques. Spécifiez ces orientations épistémologiques et justifiez votre classement."

J'ai eu l'occasion d'avoir la critique de la prof sur ma première copie, et j'ai eu sa critique : j'avais fait une approche historique qui insistait sur l'héritage judéo-chrétien, auquel j'ai rataché Freud, et opposé les autres approches, issues de la pensée philosophique grecque. La prof a trouvé que je ne m'étais pas assez appuyé sur les apport philosophiques qui ont déconstruit le christianisme, Nietzsche notemment. Et elle a raison.
Et là, elle me repose exactement la même question, haha ! Mais j'ai eu le temps de revoir ma copie. Je m'éclate à rédiger, et pendant les dix dernières minutes je m'acharne à recopier ma rédaction sur une feuille de brouillon, tellement je m'aime. Et je viens le poster ici, parce que je vous aime. Vous comprenez.

Je veux qu'il y ai un maximum de critiques, de réactions, de discussions. Rien de ce que j'ai écrit n'est exact ou exhaustif, c'est de la pure masturbation intellectuelle, vu que c'est pour la fac.


Les courants thérapeutiques - de la science au spirituel

On trouve aujourd'hui divers courants thérapeutiques, basés sur des epistémologies différentes, que je propose de classer selon la profondeur des régions psychiques qu'elles atteignent et traitent.


1) Le courant cognitivo-comportemental

Pavlov et Skinner découvrent les différents genre de conditionnement selon une méthode scientifique. On étudie la boîte noire du psychisme en modifiant les inputs et en observant les outputs. C'est le behaviourisme.
Lors de la révolution cognitive, le psychanalyse Beck a un insight : ce n'est pas la dépression qui cause les idées noires, ce sont les idées noires qui causent la dépression. La thérapie consiste à modifier le contenu de la pensée pour améliorer l'humeur.
Les thérapies cognitivo-comportementales sont ainsi une éducation de l'esprit.


2) Le courant systémique

Bateson et Watzlavick, de Palo Alto, étendent la théorie de la communication. Il est impossible de ne pas communiquer, sachant que le non-verbal est porteur de sens. Les souffrances des schizophrènes pourraient être basées sur un paradoxe entre verbal et non-verbal dans la communication de la famille.
Von Bertalanffy théorise les systèmes. Typiquement, une famille est plus que la somme de ses membres. Pour soigner la partie, on soigne le tout, du moins on veut comprendre le tout.


3) Le courant psychanalytique

Freud se rends compte que l'hystérie est la manifestation d'une sexualité refoulée. La psyché éclate en plusieurs instances : il y a une part consciente, et une part inconsciente. Freud explore l'inconscient par la cure psychanalytique : le client parle, l'analyste observe, guette les mouvements de l'inconscient. Freud structure la psyché, structure le fonctionnement psychique. C'est une approche explicative, qui donne du sens.
La thérapie psychanalytique est ainsi une démarche d'introspection purement personnelle.


4) Le courant transpersonnel

Années 50. Le psychiatre Humphrey Osmond a une idée saugrenue : "Et si nous donnions du LSD aux alcooliques, pour leur donner un aperçu du delirium tremens, afin qu'ils touchent le fond ?" Ils essayent, et, fait étrange, des alcooliques vivent une expérience boulversante qui amène une amélioration brutale des symptômes. La thérapie psychédélique ("révélatrice de l'âme") est née.
Stanislav Grof théorise : les expériences extrêmes vécues sous LSD font revivre les différents stades de la naissance, de façon symbolique, y compris le contenu traumatique qu'on y trouve, et amènent à un sentiment de libération. Il trouve aussi le moyen d'atteindre de telles expériences sans LSD.
La thérapie transpersonnelle amène à une démarche spirituelle personnelle, avec les dangers de dérive sectaire associés (cas du Rebirth).


Ainsi, il existe à mon sens un éventail de courants thérapeutiques, du plus scientifique (le DSM suggère de traiter la dépression par des médicaments) au plus spirituel (répondre à la dépression par un "oui à la vie" mystique). Selon les cultures et les époques, les croyances et la pensée majoritaires déterminent la région du spectre qui est préférée.
 

Neuronal

Holofractale de l'hypervérité
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21 Août 2011
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Stylo 2.0 a dit:
Selon les cultures et les époques, les croyances et la pensée majoritaires déterminent la région du spectre qui est préférée.
Cette idée me semble importante.
Un peu à la manière de l'effet placébo, c'est suivant la croyance du sujet à la méthode qu'on lui propose qui va lui donner confiance, et ainsi améliorer ses chances d'aboutir à la guérison.
Et j'en tire alors la phrase aperçue sur le topic des images & citations que je viens de survoler ^^ : "plusieurs chemins pour un même but".

Il faudrait peut-être que les gens soient mieux informés des différentes approches, enfin je veux dire, du fait qu'elles sont chacune un moyen potentiel d'aller mieux.
Parce que j'ai l'impression qu'énormément de gens se retrouvent dans la mauvaise approche, celle qui ne les corresponds pas, par faute d'information.

Aussi, juste une idée comme ça mais peut-être que ce serait un bordel inefficace: une nouvelle approche qui serait un peu un mix de toutes celles-là...
 

Stylo 2.0

Holofractale de l'hypervérité
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11 Mai 2013
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Ah, ça existe, on appelle ça les thérapies intégratives, certaines équipes psychiatriques mettent ça en place aux USA et au Canada : la personne est suivi à la fois par un psychiatre pour le traitement pharmacologique, par un thérapeute cognitivo-comportemental pour gérer les symptômes au quotidien, et par un thérapeute plutôt psychanalyste pour mettre en place de la résilience. Les trois intervenants doivent être en relation étroite les uns avec les autres, et être bien au courant de ce qu'ils font, pour pas empiéter.
 

shankara

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25 Oct 2011
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Dans le sujet il est précisé "au cours de l'histoire comme de l'époque contemporaine", or tu ne parles que d'approches contemporaines. Et tu ne parles pas d'ethno-psychologie, tu aurais pu évoquer Nathan, voire Fanon pour les approches d'autres civilisations non ? Là c'est la psychopathologie comme approche individuelle que tu évoques alors que le sujet ne se limite pas que à ça (enfin je suis pas étudiante en psycho donc je sais pas ce que vous faites en cours)
 

Stylo 2.0

Holofractale de l'hypervérité
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11 Mai 2013
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Exak Shanka. La majeure partie du cours a concerné l'histoire de la psychopathologie, d'Hippocrate à aujourd'hui, en passant par le moyen-âge, Esquirol, Pinel... mais d'etno-psychologie, point.
On pouvait répondre, soit en refaisant l'histoire, par une approche plus philo : "comment on concoit la maladie", soit, plus facile, en détaillant les différentes approches modernes. La deuxième façon était plus facile. J'avais tenté la première, et la prof m'a rappelé à l'ordre. J'avais pas pris Nietzsche en compte.

Shankara, je dois avouer que je ne connais ni Nathan ni Fanon. Tu pourrais nous en parler ?
 

Anaclitique

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8 Mar 2012
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Stylo 2.0 a dit:
Ah, ça existe, on appelle ça les thérapies intégratives, certaines équipes psychiatriques mettent ça en place aux USA et au Canada : la personne est suivi à la fois par un psychiatre pour le traitement pharmacologique, par un thérapeute cognitivo-comportemental pour gérer les symptômes au quotidien, et par un thérapeute plutôt psychanalyste pour mettre en place de la résilience. Les trois intervenants doivent être en relation étroite les uns avec les autres, et être bien au courant de ce qu'ils font, pour pas empiéter.

Le plus souvent, du moins de ce que je connais, beaucoup font les thérapies intégratives en solo ou presque, genre c'est souvent le psychiatre qui, et traite pharmacologiquement, et de façon cognitivo-comportementale. Après pour le côté psychodynamique c'est plutôt généralement à part... Puis l'étroite collaboration entre ces différents protagonistes c'est plus souvent de la belle théorie utopique qu'une réalité certaine....

Edit: ah et pour parler un peut de Tobie Nathan et l'ethnopsychiatrie, c'est vrai que ça ne rentre pas forcément dans l'histoire de la psychopatho en tant que telle je dirais. C'est une approche qui consiste à remettre un individu dans son contexte culturel de base en gros. Il y aurait des invariants psychiques et sémiologiques au niveau des pathologies, des concepts fondamentaux égaux à tous (cf. Kaës il me semble), mais aussi des concepts spécifiques selon les cultures. Enfin je ne sais pas si je suis claire, ça date un peu. En gros l'ethnopsychiatrie travail sur l'interface psychisme/culture pour mettre en lumière certains problèmes méthodo des thérapies "exercées" sur les migrants, comme une remise en cause de certains tests projectifs et blablabla....

Ouha je me perds toute seule ce soir...
 
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10 Sept 2011
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Anaclitique a dit:
En gros l'ethnopsychiatrie travail sur l'interface psychisme/culture pour mettre en lumière certains problèmes méthodo des thérapies "exercées" sur les migrants

Du coup, tu considères l'ethnopsychiatrie comme un simple module de la psychiatrie (i.e. la psychiatrie occidentale) qui vise à limiter son manque d'efficacité sur les populations non-occidentales ?

Ce qui me semble être le plus important est justement l'existence d'autres approches psychopathologiques, non seulement valables dans leur aire culturelle d'origine mais aussi dans un cadre plus large. C'est-à-dire que des pratiques peuvent être intégrées dans le cadre psychiatrie occidentale pour traiter des Occidentaux, mais qu'en plus on peut étudier l'efficacité de traiter des patients occidentaux entièrement dans le cadre d'une approche non-occidentale (en l'adaptant légèrement, de la même manière qu'on adapte légèrement la psychiatrie occidentale pour des non-occidentaux).
 

shankara

Sale drogué·e
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25 Oct 2011
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@ Stylo 2.0 : C'est bien beau de lire du Stan Grof mais Tobie Nathan aussi parle de psychédéliques t'inquiète :p Il parle de plusieurs approches à travers diverses civilisations, que ce soit le chamanisme ou les "thérapies de groupe" berbères, qui sont parfois des formes de guérisons collectives au lieu de traiter uniquement l'individu (genre : si t'as des problèmes avec ta famille et tes voisins, on va régler ça tous ensemble plutôt que te laisser en parler une heure/semaine tout seul sur ta chaise...en grossissant vraiment énormément le trait, lis ses bouquins c'est plus intéressant que mes balbutiements cannabiques )

Frantz Fanon , lui, a plus travaillé sur les conséquences de la colonisation sur la psyché des colonisés; en Algérie, il était très politisé, et a rejoint le FLN. Ses écrits ont porté les germes de l'ethnopsychiatrie dans le sens où il a dénoncé l'aliénation que subissaient les peuples colonisés, la façon raciste & abjecte dont les sujets étaient perçus par la psychiatrie coloniale :
« L’indigène nord-africain, dont le cortex cérébal est peu évolué, est un être primitif dont la vie essentiellement végétative et instinctive est surtout réglée par le diencéphale »5. « L’Algérien n’a pas de cortex, ou, pour être plus précis, il est dominé, comme chez les vertébrés inférieurs, par l’activité du diencéphale »6,7.
(cf le wiki cité plus haut)
....et donc la nécessité des peuples indigènes de reconquérir leur identité, les caractéristiques de leurs cultures, de leurs civilisations...incluant leur manière de se "soigner" l'esprit, de traiter leurs pathologies à leur façon. Si t'as le temps de lire Peau noire, masque blanc, il est court et vraiment dense en même temps [Edit : précision => ça ne parle pas de ce que je viens de raconter, pour ça lis plutôt Les damnés de la terre]
 

Anaclitique

Sale drogué·e
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8 Mar 2012
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SoK a dit:
Du coup, tu considères l'ethnopsychiatrie comme un simple module de la psychiatrie (i.e. la psychiatrie occidentale) qui vise à limiter son manque d'efficacité sur les populations non-occidentales ?

Ce qui me semble être le plus important est justement l'existence d'autres approches psychopathologiques, non seulement valables dans leur aire culturelle d'origine mais aussi dans un cadre plus large. C'est-à-dire que des pratiques peuvent être intégrées dans le cadre psychiatrie occidentale pour traiter des Occidentaux, mais qu'en plus on peut étudier l'efficacité de traiter des patients occidentaux entièrement dans le cadre d'une approche non-occidentale (en l'adaptant légèrement, de la même manière qu'on adapte légèrement la psychiatrie occidentale pour des non-occidentaux).

Oui je suis complètement d'accord avec ça et tu as raison de le souligner. Je parlais surtout du contexte dans lequel ça a émergé à la base qui était bel et bien un problème d'adaptation d'une psychiatrie occidentale à des troubles de populations migrantes. Après oui bien sûr ça a eu bien plus d'implications et de richesses, et c'est tant mieux.
Bon je suis pas hyper calée en ethnopsy pour en parler d'avantage, donc j'ai peut-être fait un gros raccourci en balayant ultra large ! Mais en tout cas bonne remarque merci ;)
 
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