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[LSD] Mort, naissance et reconstruction de la personnalité

  • Auteur de la discussion Styloplume
  • Date de début
S

Styloplume

Invité
Voilà le TR du grand saut! Prenez-vous bien une demi-heure, il y a plus de 11 000 mots!
J'ai édité ce TR sous forme d'un PDF que vous pouvez télécharger ici: Voir la pièce jointe 5118
Quoi! J'ai dépassé la limite de 60 000 caractères? Bon, je vais publier la deuxième moitié dans un deuxième post

Le Délire Complet: Mort, naissance et reconstruction de la personnalité

Récit d'une lourde prise de LSD

Chers collègues psychonautes,

C'est Styloplume qui vous parle. Samedi j'ai pris 5 buvards de LSD d'affilée et...
… je suis toujours là !
Ceci dit, ce n'est plus vraiment le même Styloplume qui vous parle. Samedi a été le jour (et le soir) d'une aventure cosmique, un parcours de l'humain, un voyage non sans heurts dans la psychologie des profondeurs, une odyssée spirituelle, tout ça à la fois.

Samedi fut le moment autour duquel pivotent toute ma vie des dernières années et toute ma vie des années à venir, tout ce gros ensemble que j'appelle Styloplume, toute mon identité. On parle de passé et d'avenir, non de moment présent? C'est la clé de l'illumination le moment présent, pourtant! Oui, eh bien, il faut croire que je suis pas un illuminé, pour être bien honnête, j'en suis bien loin d'ailleurs, là c'est quelque chose de certain.

Samedi fut donc le trip, le bon gros big trip, ce que mon copain Grof appelle l'expérience ultime, l'expérience de mort et de renaissance. L'expérience finale qui est venu remplir toutes mes questions, pour maintenant venir me poser les bonnes, celles qui vont me titiller pendant un bon moment là, encore.

Styloplume est mort, vive Styloplume!
Ce trip vient clore toute une recherche de plus d'une année, une recherche de plein de choses, et avant tout de moi-même. Cette recherche a commencé depuis que, gamin, je lisais des bouquins plutôt que d'aller jouer au foot. Elle a fini, ou plutôt, elle devait nécessairement finir, quand je me suis retrouvé au fond de ma baignoire, à poil, complètement désorienté, Styloplume tout neuf et pas très vaillant. Je vais vous expliquer comment ça s'est passé.

On respire un grand coup... c'est partit.


Commencement : au diable la prudence !

En rentrant chez moi du boulot (levé à 4h30, bossé de 6h à midi), je repense à mes cinq buvards qui traînent dans mon frigo depuis que je suis rentré du Hadra Trance Festival. Ma première expérience au LSD y a été un peu rude, à mon habitude de tester les prods n'importe comment, enfin bon j'ai découvert ce que c'est que le LSD. Là, je me dit que j'en ai marre du boulot que c'est pas trop ma vie, que je veux découvrir autre chose.

Un signe me vient tout droit du ciel: un oiseau tombe des nuages et vient se planter à côté de mes pieds. Il est mort. Ou vivant? Je continue ma route. Je suis prévenu que si je goûte le LSD, un morceau de moi va mourir comme cet oiseau.

Je suis chez moi maintenant, et je repense encore à ces cinq buvards qui me narguent. Ce sont les même que celui que j'ai goûté au Hadra, donc je connaît la qualité et la dose approximative (à peu près 100 µg par trip d'après mon dealer, la perche correspondait assez à ce qu'on décrit pour une telle dose).
Je me suis pas mal menti à moi-même, je me suis dit que j’allai laisser mes amis y goûter, que je leur montrerai le chemin intérieur avec un ou deux trips. Et il en resterai combien pour moi? Allez, soit honnête, Styloplume. Tu as acheté exactement le nombre de trips qui corresponds environ à la dose de saturation du LSD: 400-500µg.

Rapidement la décision se fait comme mes autres décisions se sont toujours faites: sans réfléchir. C'est pour ça que je perds chaque fois aux échecs. Chaque fois que je prenait une décision, je me dépêchait de faire les choses avant qu'il soit possible de faire machine arrière, bien content de pas prendre la responsabilité, alors que mon karma se retrouvait alourdi chaque fois un peu plus, dans un sens ou dans l'autre, inch' Allah.

Alors je gobe trois trips, allez! On prendra les autres si ça se passe bien. Allez, au diable tout ça, au diable toutes ces questions, tous ces doutes, au diable la dépression, le gouffre, le bad trip, au diable le diable! C'est fait c'est fait, je me prends ma perche! Je me fait ma playlist, j’écris un mot sur ma porte: "Ne pas déranger je dors". Tu parles que je dort! Je m'en vais prendre ma grosse perche ultime, je m'en vais bouffer mon trip comme jamais je n'ai bouffé de trips, je vais vivre toute l'expérience ultime, la perche finale mec!

Alors je cite ce que j'ai rédigé à ce moment:
13:50
J'avale mes trois trips une fois chez moi, je réponds à un post sur le fofo, je m'en vais prendre une douche. (passionnant n'est-ce pas?)

14:28
Glitch dit: attention bodyload!
Je relit LSD psychotherapy de Grof pour voir ce qu'il en est des effets physiologiques du LSD... Mes pupilles sont normales...
Mouarf, pas envie de relire ce bouquin maintenant, la première chose qu'il dit c'est: on peut s'attendre à rien comme à n'importe quoi, pas de règles générales. On n'est même pas sûr que le LSD aie une action pharmacologique sur l'organisme, la plupart des réactions physiques étant en fait de nature psychosomatiques, hormis la mydriase, le pouls légèrement accéléré... et encore.
Il y a des névrosés obsessionnels qui ont résisté à des doses de plus de 1000 µg! La seule chose à faire c'était de répéter la séance!
Z'imaginez, 10 trips pour une séance, bonjour la facture si c'est des sunshine comme les miens! (d'ailleurs, la facture était pas mal déjà pour les miens.)

Bref, j'écris et il se passe encore rien.

14:38
J’éteins l'ordi, je récupère mon lecteur mp3 avec ma playlist concoctée pour l'occasion. De la goa old school, Tool, un peu de trip hop, pas mal d'ambient, et quelques perles non classables que j'adore.
Niveau bodyload, je me sens très bien, très détendu. A plus les cocos!

Je me pose alors sur mon lit, et j'attends. Je me démène pour me mettre dans les meilleures conditions pour triper. La couette, le casque, j'ai rien pour les yeux, zut, il m'aurai fallu un cache, comme mettent les voyageurs pour dormir en avion. Je me met à faire tout un cinéma pour un petit morceau de jour qui perce sous le t-shirt que je me suis mit par-dessus les yeux en guise de cache. Pas sérieux tout ça, je me dit. C'est pas comme ça qu'il faut triper, j'en ai l'intime conviction. D'ailleurs, je tripe pas encore, ça monte très très timidement. Je m'ennuie un peu.
16:03
Toujours rien! La plus longue montée de l'histoire mes amis? J'ai rallumé l'ordi tient. Juste après avoir mangé, ceci dit, c'est peut-être pas étonnant. Un tour sur le fofo...
Sur mes oreilles j'ai... Ray of Light de Madonna! Yeah, du pur son je vous dit! Pendant ce temps je baille à m'en décrocher la mâchoire.
Le son m'emporte je vous dit, c'est du bon, de la pure joie de vivre. Et pourtant j'ai regardé il y a cinq minutes, les pupilles sont normales. Et je baille toujours. Ouais, je vais pas dormir je le sens, c'est encore un de ses coup de notre copain le LSD, la dernière fois aussi je pensait dormir, on connaît la suite (ah, il y a un aspect bien marrant à danser devant un mur de son habillé en pyjama :p )
Ubik m'a posté une réponse sur le fofo mais là ça charge pas. Je tape au clavier sans le moindre problème, aussi vite que d'habitude, heu ceci dit je commence à avoir des ratés, à se demander si je le fait exprés.
Accès au message d'Ubik, qui se fait du souci pour moi. Mon cher, si j'y était allé par paliers j'y aurai passé la nuit! C'est fait, c'est fait!
Ca baille encore, je retourne dormir, ouais ouais...


De belles images

Bon, qu'est-ce qu'un homme fait quand il est tout seul et qu'il s'ennuie? Si vous pensez à ce que je pense, vous avez mis dans le mille! Je sort mon attirail et commence à me masturber sans grande motivation, du gros n'importe quoi pour être honnête, une recherche du plaisir à tout prix, si vous voulez mon avis. Je déconseille l'expérience à vous autres psychonautes, ou alors tant qu'a faire l'expérience sexuelle sous produits, autant la faire bien, à deux c'est mieux je pense, avec du sens et plein de jolie choses.
Là je suis en train de m'affairer difficilement à trouver une image qui plaira à mon petit ego en quête d'images perverses. Je repense à un film que j'ai vu par bribes dernièrement, un film japonais intitulé l'Empire des sens. L'histoire d'un couple assez pervers, avec notamment une scène ou la fille se retrouve à se dévoiler à un vieillard lubrique qui s'astique en face de ses beaux attraits.
La scène se transforme, les images changent. Cette femme parfaite s’accouple avec ce vieux décati, elle accueille son membre comme l'archétype même de la femme réceptacle et rédemptrice de toute ma masculinité morbide, elle la transforme, elle en fait quelque chose de bien. Je ne suis plus un vieillard lubrique, je suis moi. La femme n'est plus japonaise, elle devient lentement la vierge marie, la femme de l'apocalypse qui accouche dans la souffrance, l'archétype même de la femme qui fait l'amour et enfante dans un seul et même soupir de souffrance et de jouissance conjugué. C'est la vierge marie qui se déshabille, se montre dans toute sa beauté parfaite et pure, qui se dévoile et qui vient m'accepter, qui me laisse entendre le grand soupir des femmes.
La perche complète je vous dit.

Bon et moi qu'est-ce que j'ai trouvé à écrire à ce moment-là?

16:38
Que de joie, que de joie! Ça monte ça monte, d'ailleurs je vais pas vous raconter ce que je vient de faire juste là, vous savez ce que c'est, hin hin hin.
Les doigts ont de plus en plus de mal avec le clavier, tout va bien, tout monte bien, hahaha...
Il faut absolument le dire aux gars du fofo...
Bon on continue de décrire tatn que les doigts y arrivent, après ça monte et je m'en retourne psychonauter et chercher Dieu au lieu d'être joyeux. Ah putain pourquoi je m'éloigne de plus en plus du clavier?
Là c'est sûr avec le DXM c'est juste pas la bonne substance que j'essayais. Si je me donne du mal je peux me concentrer à tapre encore, mais je me mets à faire des fautez de frappes pas poasiibles si jouv voyes ce que je veud dire.
Hahahahahahah bon il est temps :l) MERDE il esta temps là .... hop dehors sale gosse!

Voilà. La dernière entrée sur le TR live avant... 20:19. Que s'est-il passé pendant ces trois heures et quarante et une minutes? Je vais vous le dire.

Je me pose sur mon lit, complètement insouciant des circonstances maintenant. Je sais que je vais triper. Et effectivement, c'est de la perche de dimension cosmique qui s'annonce. Alors je me pose.

Allons-y par morceau de musique écouté.

Blakroc - What you do to me
Le morceau pose un beat très blues, très mélancolique, très posé aussi. Et tout de suite le chanteur envoie une plainte remplie de ferveur, un vrai chant d'amour, une ode à cette femme magnifique, cette femme qui le sauve. Cette femme est noire, elle est superbe, une Circé, une Vénus noire, mère de tous les peuples. Ses cuisses promettent de se serrer dans une étreinte folle, dans l'effort de vivre, de donner naissance, de mourir. Je me retrouve excité à un point qui dépasse l'énervement sexuel, c'est un flot de vie qui se déverse, en fait je suis tétanisé, mes cuisses se sont cambrées, le bodyload est costaud, mes muscles sont tendus dans l'attente d'une complétion, dans l'attente de la force du chanteur, de sa virilité. Je suis la femme, fondue dans la voix de cette grande sœur qui m'explique comment faire l'amour.

Thomas Newman - April
Je ne me suis pas rendu compte que ce morceau tournait, pris dans d'autre pensées. Et d'un coup je me rends compte que je suis au milieu d'un jardin japonais, une brise souffle, ce sont les violons. L'espace a une dimension triangulaire, avec une belle chose comme un tétraèdre au milieu, qui pulse du vert dans du blanc. Il flotte au-dessus d'une prairie où coule une rivière tranquille, quelques bulles de musique flottent autour, ce sont les flûtes qui passent par là. Le vent souffle, paisible. Je respire comme jamais je n'ai respiré. Toute tension a quitté mes muscles. Un groupe de cordes bruisse, c'est comme un feuillage qui remue d'un coup et se remet droit après avoir été dérangé. Ce simple instant semble durer une éternité, je me dit que le zen doit ressembler à ça.

Que du positif tout ça, l'éclate complète. Je suis effaré comme des musiques différentes peuvent modifier le trip et même les manifestations somatiques. Et j'en veux plus. Je veux plus que la beauté ou que la paix ou le sexe, je veux d’extase ultime. Alors, qu'est-ce qu'on attends?
Il est cinq heures et quelques (je me souvient de ça) et je redroppe avec les deux derniers buvards qui me restent. Au diable les questions! C'est ce que je veux depuis plus d'un an, quasiment deux, et là j'ai les buvards. Je vais chopper mon expérience extrême et j'aurai ma perche complète!


Extase et dissolution du Moi

Voyons, qu'est-ce qui s'est passé après? Je ne saurai pas dire quelle musique j’écoutais, ou combien de temps s'est écoulé. Par contre je peux dire comment je l'ai vécu intérieurement.

J’étais sur mon lit alors. Je me souvient très bien d'un déclic: Styloplume, pas besoin de cache sur les yeux. Regarde, le monde est génial comme il est. Ma bouteille d'eau pulse du vert, les gouttes d'eau sur la vitre de joignent, se déjoignent. La musique pousse, l'euphorie monte, elle monte comme pas possible. Ce sont les deux buvards qui font effet. (D'ailleurs, un sitter m'aurait évité bien de la peine en m'obligeant à rester sur mon lit et les yeux cachés. Enfin, c'est fait c'est fait).

Je danse dans ma chambre avec mon casque sur les oreilles, parfaitement connecté sur le monde, et je commence à mourir.
C'est un procédé graduel. Pour commencer, j'oublie lentement pourquoi j'ai pris de la drogue, j'oublie ma souffrance. Tout n'est que paix, tout n'est qu'un accomplissement sans faille. Toute once de dépression a disparu radicalement de mon vocabulaire mental. C'est quelque chose qui n'est plus imaginable.

Je regarde le monde, ma chambre, mes toilettes, mon balcon, ma fenêtre, dans une euphorie totale. Je commence à me dire: pourquoi s'entêter à trouver des problèmes partout, des religions, des valeurs, un système moral?
Il n'y a plus de valeurs, il n'y a plus de système moral. Je suis devenu un hippie, le drop out complet. Mon grand frère moralisateur ne me fait ni chaud ni froid, je suis un baba cool multicolore, avec ma guitare et mes raybans terribles. Je pense à la génération de mes parents (voire celle d'un peu avant) qui a connu cette période d'engouement pour le LSD et. Je m'imagine vivre à cette époque, dans le gros flou hippie, qui est maintenant un grand tout. L'expression consacrée m'arrive à point nommé: le délire complet!

Je suis devenu un dangereux original qui professe à son prochain : Avec le LSD on part dans un délire complet ! Tu rates ta vie mon bonhomme ! Prends du LSD et vient avec nous ! Part avec nous dans ton délire complet !
Je me fait peur j'avoue. Tout ceci ne me ressemble pas. Normalement je suis très critique envers tout ce délire, les hare Krisna, les hippies, le grand flou, je fait très attention. Pourtant c'est plus fort que moi, je me sens partir dans tourbillon cosmique, je sais depuis le début que je voulait tout vivre à fond, alors je me laisse faire. En avant pour le Délire complet !

Le Délire complet, c'est mon pèlerinage au-delà de toute culture, de toute attache morale, de toute souffrance. Je suis un gourou, je suis une hippie bourrée de LSD, je suis sur le toit d'un combi Volkswagen en route vers Katmandou. Katmandou! On va où? A Katmandou! Le délire complet! Plus de religion, plus de Père, de Fils, de Saint-Esprit, même pas de Krishna ou de Shiva pour compenser, non non, là c'est le délire complet! Je suis Jim Morrisson avec ses lunettes de soleil, prophète du grand Tout et du grand N'importe Quoi, du LSD, de la musique, du monde multicolore, de la joie de vivre et j'en passe. Je suis presque un dieu, ça va venir je le sens. Je sais que je ne suis pas un dieu, pourtant ! Mais l'autoroute du Délire complet semble me le promettre.

Mon visage dans le miroir de la salle de bain n'est pas le mien. C'est le regard débonnaire d'un hippie euphorique et pas mélancolique ni pensif pour un sou. C'est un vrai gamin qui profite de la vie et qui la vit comme un trip, à fond.

Regarde, Styloplume, le monde c'est cool, regarde, on est à Katmandou, c'est ta chambre, on est arrivé, on y est. Tu t'es camé jusqu'à l'os, tu as atteint tout ce que les hippies cherchent, tu y es, t'as vu! Le délire complet!

Quoi, c'est ça alors, c'est tout? C'est Tout ! C'est Dieu! Dieu, t'es là, je sais que t'es là. Tout ça c'est trop beau, c'est trop ouf, c'est le Délire complet, je suis Jim Morrisson, je suis Osho, je suis le dernier des camés à l'héro, je ne suis plus rien qu'une étincelle de Toi. Chaque geste que je fait est un acte religieux, chaque respiration est un chant de vie, chaque pensée est une pensée vers Toi. Je suis entièrement à Toi, je suis un morceau de Toi, un simple humain à Ton service, occupé à la joie, occupé seulement à chanter le monde et chaque instant. Yavhé ! Je n'ai plus de raison de vivre sur Terre, tout ce qui me reste à vivre c'est la mort pour être parfaitement mélangé avec Toi ! Mourir !

Je me met en fœtus sur mon tapis et l'appelle de mes vœux: mourir, tout ce qu'il reste c'est mourir. Je veux quitter ce monde pour accéder au stade de conscience supérieur, au ciel. Je n'ai plus de raison d'être sur Terre, j'enlève mon casque, plus de musique, je n'ai plus de raison d'avoir la joie de vivre. J'en chiale, Dieu, c'est magnifique, c'est superbe, je vis, je meurs, tout se trouble, je suis heureux de mourir maintenant, je veux mourir maintenant !

Et, sans la moindre transition, je meurt d'un coup sans m'en rendre compte.


Le vide, ou absence d'ego

Les murs de mon appartement.
Je n'ai pas de nom. Je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas où je suis, mon appartement est un univers complètement étranger. Je ne sais pas ce que je fait, ni pourquoi je le ferai.

J'ai tout oublié. Que j'ai pris de la drogue, que j'ai rejeté toutes mes valeurs... J'ai oublié mon identité, j'ai oublié aussi que je vient de vivre l'extase. La seule chose que j'ai en tête c'est ce gros vide de valeurs qui porte le nom « Délire complet ».

Délire complet! C'est ça alors. C'est quoi au juste? J'en sais trop rien. Je n'ai pas de musique sur les oreilles, je n'ai pas de système moral, je n'ai pas de famille, je suis réduit à ma dimension la plus élémentaire. Je suis un grand corps tripé.

Le grand corps tripé erre sans but dans les rues de Katmandou.
Tout ceci est de plus en plus déstabilisant. Tout ceci est extrêmement déstabilisant.
Délire complet! Qu'est-ce que le délire complet? Qu'est-ce que la drogue? Qu'est-ce que le but de l'existence ? J'ignore tout. Je suis à fond dans le délire complet sans rien en comprendre.

Le phénomène qui se produit là est très douloureux, je dirais. J'ai souffert énormément, pendant ces plusieurs minutes, voire dizaines de minutes, à essayer de penser sans mon Moi, qui était parti, qui n'était pas là. C'est un vrai cauchemar qui s'étend sans jamais devoir finir. Je me demande si je doit y rester pour l'éternité. L'instant présent ressemble vraiment à l'éternité.

Katmandou, à quoi bon ? Les lunettes de soleil, à quoi bon ? A quoi bon vivre ? Je n'ai aucune raison de vivre, je suis fatigué de vivre, fatigué de marcher sans but, dans ce délire qui m'est maintenant complètement étranger.
Je pense de nouveau à mon prochain auprès de qui je professais le Délire complet. Toi ça te plaît le toujours le Délire complet? T'y trouve ton compte? Et qui es-tu ? Qu'est-ce que le LSD, que la vie normale ? Qu'est-ce que le quotidien sans LSD ?
Je suis triste. Je n'ai pas de joie, pas d'instinct, pas d'existence, je suis bloqué dans l'instant présent comme on est prisonnier d'un cauchemar dont on ne peut se réveiller. Je suis seul, seul dans un monde qui n'existe qu'à peine pour moi. Mes pensées tournent en rond, car elle n'ont pas d'existence à laquelle s'accrocher. Je me rends lentement compte que je souffre.


Naissance difficile

Des mots "délire complet", je passe à "drogue". Drogue, voilà un mot qui sonne connu. Je me rends compte que j'ai pris cinq buvards de LSD. La souffrance en moi devient :
J'en ai marre de tout ça, j'en ai marre du Délire Complet, je veux redescendre, je ne veux plus de drogue. Je ne veux plus de la drogue!
Bon, on va essayer de faire retomber la drogue.
C'est le tout début de ma naissance, la toute première pensée ordonnée, le tout premier dialogue avec moi-même, la première réaction construite face à mes propres affects.

Alors, j'ai chaud, j'ai froid, j'en sais rien. On fait le point. J'ai un objectif en tête et un seul: faire retomber la drogue. Je me fait couler de l'eau dessus, je suis à poil au fond de la baignoire. J'en chie à mort, là je suis au plus profond de la misère je pense, parce qu’une part des mes valeurs est revenue, et avec elle la honte d'être nu, en proie à la détresse du manque de dignité. Et en même temps, l'espoir est né. L'espoir d'en sortir.
L'eau est trop chaude, l'eau est trop froide. Je finit par la régler sur tiède et par me mouiller assez pour me donner la sensation d'exister avec mon corps. Cette sensation déclenche une série d'automatismes: je sors de la baignoire et je me sèche en grelottant, mais plein de vie. Mon visage transi dans le miroir est celui d'un gamin mouillé qui se fait sécher par ses parents après un bain.
Ce moment est clé. Mon visage dans le miroir m'appartient. J'existe à nouveau, de nouveau je suis Styloplume, j'ai un nom. Je suis parfaitement perdu, énormément désorienté, et malgré tout l'espoir est né, une raison de vivre : prendre soin de cet enfant qui vient de naître, que je vient de plonger dans l'eau, à qui je vient de donner de la valeur, que je suis en train de faire naître. Sans m'en rendre compte encore je vient d'opérer mon propre baptême.

C'est un début. Juste un début. Pour faire retomber le LSD, on va écouter de la musique calme, ça va nous faire descendre. Il me faut mon casque.

Je suis toujours dans l'ignorance totale de mes valeurs et de ma manière ordinaire de penser, d'ordonner des priorités. Je ne sais toujours pas à quoi ça sert de vivre, si ça a du sens, tout ce que je sais c'est que je veux faire tomber la drogue, et j'ai déjà la conviction que je comprendrai quelque chose à ce moment.
La suite ressemble de plus en plus à un cauchemar dont je me réveille progressivement. Mon casque, où est mon casque?
Mon appartement n'est pas rangé. Si je veux trouver mon casque, il me faut ranger tout d'abord. Je sens cette valeur revenir : « Pour trouver, il faut ranger ». Une valeur en plus ! Pas vraiment ma préférée ni ma plus forte, mais c'est une valeur qui m'appartient et je m'y accroche désespérément, j'y trouve du sens. Je range ma chemise au sale, je fait mon lit, et je suis intimement convaincu de faire quelque chose de nécessaire, et je me sens assez coupable, je me sens observé et jugé. Regarde, je suis un brave garçon, je range ma chambre, je suis désolé de pas savoir comment faire autrement, de pas l'avoir fait plus tôt.
Mon casque n'est pas sur mon lit. Ah, il est sur le bureau à côté de l'ordi. Je veux mettre la musique qu'il faut, donc refaire la playlist de mon lecteur mp3. J'allume le PC.

Et c'est là ou je retouche au TR, c'est là qu'il est enfin 20:19, voyez un peu dans la cervelle d'un type pas complètement sorti de sa dissolution de l’ego. (J'ai corrigé de nombreuses fautes de frappe pour la lisibilité.)

20:19
Je suis vivant, enfin j'essaye de faire surface à coup de Haroldd Budd...
Je suis plus rien du tout de tout à quoi ça sert de vivre?
j'ai demandé plusieurs fois aujourd'hui de mourir déjà.

20:26
Je me rends compte que je suis défoncé à bloc les gars, pffiiiii ça commençait, ouah, super, et puis en fait, génial, énormes!
Et puis en fait,

20:28
J'ai du mal à descendre et je tente de me mettre de la musique bien et je sais plus pourquoi.

Je voulais vous revoir mais,
pourquoi?

ALASH!??????????????

ELI ELI LAMA ASAVTANIIIIII"

La dernière remarque, "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as tu abandonné?" en hébreu, je me la reproche personnellement. C'est la réplique de Jésus sur la croix avant de mourir, pas au moment de renaître. C'est très con de ma part (bon, en même temps, vu les circonstances...). La suite est plus sensée.

pardonne-moi, pardonne-moi pardonne-moi.

Styloplume souvient-toi, c'est ton système de valeurs que tu étais content de foutre aux oubliettes quand ça t’arrangeait

20:30
Le système de valeurs est de retours mais est-il vraiment là

20:30
IL FAUT DE LA MUSIQUE SINON JE crève direct ouais là j'ai trop d'éclairage

20:33 je sais pas comment gérer plus, laisse-toi

FAIRE

Système de valeurs de retour.

[po]tentialiser le LSD par la musique

quelle musique et quelles valeurs rha en plus je vient de mourir j'ai su sang sur les touches

OH!
Une majuscule et un point.
De maintenant!
Ça c'est moi en train d'essayer de rassembler mes pensées et mon système de valeurs. Là il a encore beaucoup de mal Styloplume, oui, beaucoup de mal. J'en chie encore beaucoup, j'arrive pas à retrouver la musique, à changer la playlist, à organiser mes pensées.
Lentement pourtant je retrouve mon bon sens commun : j'arrive à trier mes priorités, mais c'est encore très timide. J'arrive tout au plus à ordonner mes pensées, à me demander comment redescendre. La musique sur les oreilles, je ne parvient pas à me calmer, mais je suis capable de changer de tactique. Je décide de réfléchir à ce qui s'est passé.
Styloplume il s'est passé quoi là, on a fait quoi? Ben, pour 5 buvards on a pris cher quand même, et je comprends pas, j'ai reconnu des matrices périnatales dans les belles images, la un c'est le zen, pas de deux, la trois j'ai été servi avec la vierge marie et Blakroc... Par contre c'était quoi ce délire complet?
Et là je repense d'un coup à ce que Grof appelle les phénomènes de mort et de renaissance. Aaaahhhhh d'accord.......
PAF
Et je comprends d'un coup: je suis mort et ressuscité! Je suis passé de l'autre côté et je suis revenu! D'accord.... Alors d'un coup toutes les hallus bloquées depuis la mort de l’ego, tout ça est débloqué d'un coup, et d'un coup mon écran se met à flasher à bloc, et la musique que j'ai sur les oreilles se met à pulser comme pas possible, signe que le complexe est assimilé.
Je note sur un papier, en allemand : WIEDERGEBURT IMMER WIEDER. La renaissance toujours renouvelée. Car je comprends d'un coup, pour l'avoir vécu, le sens de la résurrection : mourir c'est renaître. Un part de l'ego meurt, et une part du Soi, de son centre spirituel, apparaît. L'exemple du Christ montre comment ce processus d'une grande finalité transforme l'humain en divin. Le bon sens spirituel veux que ce processus soit permanent. Chaque jour il est possible de reconnaître et de laisser mourir une part de mal en nous, et de laisser naître un morceau de Dieu.
De même, d'un coup la réincarnation m'apparaît comme la plus grande des évidences. Vu comme il est difficile de progresser à chaque mort-renaissance, il nous faut répéter l'exercice plusieurs fois dans une vie, donc avec plusieurs vies.
Et l'évidence s'installe : ce que je vient de vivre il me faudra le revivre encore et encore, et à chaque fois mourir sera à chaque fois me rapprocher de ma nature divine. La tâche me semble immense, c'est toute ma personne qu'il me faut reconstruire déjà, je ne sais pas si je vais y arriver.
Comme c'est difficile de naître !


Épique retour sur Terre

Après ce déclic, je suis partagé entre un soulagement joyeux bien trippé d'un côté, et la nécessité de la reconstruction de ma personnalité de l'autre côté. Je vous laisse savourer, c'est du lourd. (j'ai pas corrigé les fautes de frappes qui veulent rien dire)

20:40
Baammmm!!! Je cherche mes lun TA GEUOZEKJ

Bordel elle sont où ces lunettes?

Impossible de me souvenir. Tient!

Pourtant j'ai tout compris d'un coup, et je vais vous dire:
Et mes lunettes merdes
Tendez

J'ai tout retrouvé des léires, j'ai remit terre et d'un coup quoi.??
Bon mes lunettes, je sais plus, je met du temps a retomber et puis les lettres du clavier merdes c'est dur il faut les mettre en l'ordre.
DE LORDRO FAUTE ORDRE TA GUEULE OUI
de la musique, laisse tomber les explications, t'es pas retombé

et puis les lunettes bonhomme TU CALME TU CALME

plus d'ordre dans les priorités. Tout le monde extérieur est devenu cool, très cool, et puis

l'important c'est de vous dire.

J'ai compris. (bordel mes lunettes)
BON CETTTE MUSIQUE

ATTEND attend, je veux expliquer
je suis passé quelle, quoi, non, aucune matrice

Par contre la mort, ouais, la MORT, complètement, au début je me demandais si je voulais vivre encore

J'ai compris d'un coup et , tient, oui, c'était la seule chose que je voulais vivre au LSD et c'était la mort. Je l'ai eu. Merci merci!

20:49
Nette amélioration. juste au moment où le déclic s'est fait.

20:50 allez pour être honnête
J’émerge ça va mieux j'ai tout compris, acceptation de la mort, pas de malaise à avoir, juste, les valeurs et tout?
Mais non mon pote! (Maintenant t'es toujours complètement tripé, il est enfin l'heure que tu voulais écrire il y a une minute pour pas montrer que les tripés pensent si vite?)

C'est booooon bordel je fait surface je dit j'ai compris.
Grof et tout le bordel, ouais, l'expérience de la mort et tout, ouais ouais, et je me demandais si ça marcherait pas, ahahahahahaahahahahah

Le type il se demandait si 500 µg ça suffirait pas?

J'ai compris les gars J'AI COMPRIS! Je suis retombé, il est 20:53, là je profite le reste de ma vie c'est peinard maintenant....

Je me case, la musique, la paix, il est 20:54 la musique AVANT TES LUNETTES AVANT LE RESTE ET .... GENIAL GENIAL!!!!! je vous laisse faut que je descende en mode safe, gourou et ainsi de suite.

20:57 Je voulais laver mon visage qui venait de vomir, bon, pour être honnête, on va pas tout vous dire je suis encore tripé

Enfin, neuf heures presque, rouh les marmotte, ça tripe ça tripe z'en fait plus pour moi! Bon et ces lunettes... RHAA LE DELIRE COMPLET ALLEZ ON Y RESTE ON PROFITE faites-moi plaize, allez, allez, le plus long possible
maintenant que c'est trop bon, et la musique va se remettre a dégouliner, mais j'ai tout compris.

21:12, je me pose bien là, de la zique costaud dans les oreilles je profite là il faut après je raconte.

21:14 Teardrop Massive Attack, yeahhh......

21:17 je revient de loin! j'ai perdu du texte, mais l'ai gardé l'intact dans ma tête les gars z'en faites pas!

21:17 (oui j'assume) tu voulais éteindre pour profiter dis donc! Bon, vas-y mon loulou....

Rha la musique les poils, laisse laisse, rha le pied complet!!!!!! la musique qui va suivre va faire partie de mon hit-parade perso des 600 années à venir, heu, je sais pas,

par quoi je commence rha même mon vomi il est cosmique dans l'évier là ça va déchirer cette défonce de 200000 WATTS est pour toute la vie oufffffff....

Et j'ai les lunettes tient, vient plus me faire chier. Rhaa le délire complet les mecs......allez pas chercher plus loin, là j'ai touché au max du max, y'a plus urgent.

21:27 Altas air de Massive Attack, rhaaaaaaaaaaaaaaaaaaa J

Bon il faut que je profite avant, ho et puis Stylo veut causer, alors pourquoi pas?

PARCEQUE CA PERCHE! bon, RDR et tout. Bon niveau RDR ça passe? J'ai mal au bide les gars.

21:42 j'ai failli retomber trop sévère, là, c'est de la zique qui change tout.

21:45 D'ailleurs, il aurait suffit d'un sitter exactement au moment ou j'ai enlevé mon casque il y a plus longtemps,

21:49 j'ai encore manqué de retomber, là encore pour la zique. bon allez je me remet une bonne playlist pour le mp3 et j'éteins l'ordi, sinon on s'en sort plus.

21:55 rhaaa le vide de musique est intenable, je m'en sort pour l'exploit psychonautique

22:00 l'exercice n'est pas si amusant. Je vais faire confiance à Tool pour me montrer la suite.

22:22 Rhaa gros coup de vrai malaise sans dèc', là j'en chie niveau existentiel terrestre, là. Rien de mauvais ni rien, juste un goût de ma prudence à venir.
Je me cale du Astral Projection pour redescendre.

22:25 Mouais, je m'en vais me prendre du spice extends life sous ma couette plutôt

23:05 Plus je redescends sur terre et plus je me rends compte que je suis tripé. Je vais prendre l'air.

23:13 Voilà une décision prise par Stylo-adulte: Ce soir tu sors pas tu nettoies l'évier. Tu veux bien, s'il te plaît? Oui, d'accord.
 
S

Styloplume

Invité
Reconstruction de la personnalité

J'ai nettoyé l'évier (bouh, les morceaux de vomi qui se transforment en blattes). Et je suis sorti, car impossible de vraiment redescendre. Je sais qu'il y a plein de choses à faire. Je m'en vais à la plage pour me causer et dire ce qu'il faut. Le trip devient beaucoup plus gérable à partir du moment ou j'ai pris cette décision. Sur mon mp3, un seul album, la BO de Revolutionary Road par Thomas Newman (qui contient le morceau zen). Je veux pas prendre de risques.

Me voilà avec mon casque, mon imper, mes sandales, il est 11 heures 30, je marche seul dans le parc, et le paysage est juste magnifique. J'achève de me calmer. La lune est presque pleine, derrière les nuages, et brille par-dessus l'étang, rendant l'atmosphère tout à fait romantique. Je suis assez captivé par cette ambiance assez gothique, puis je m'arrête en face de trois peupliers au moment où une idée émerge, s'impose et se déroule tout naturellement.


La force des symboles

Regarde, Styloplume. La lune, les trois peupliers dressés comme les croix sur le Golgotha, qui se balancent dans le vent en écoutant la voix de l'univers. C'est là même ce que tu cherchais durant toutes ces années de culture gothique, de Dead Can Dance, de musique métal, de promenade dans les cimetières! Toute cette recherche d'esthétique est comblée maintenant que tu es mort et revenu à la vie. Ta recherche de la beauté est terminée! Tu es gothique et tu ne l'es pas! C'est fini! Il suffisait de te trouver toi-même pour cesser de désirer un idéal artistique quasi inaccessible, et pour l'atteindre!
Je reste devant ces trois peupliers bibliques dans le vent pendant un bon moment. Puis je continue ma route.

J'urine dans des bois du parc, et en regardant par terre je m’aperçois que le sol des sous-bois est couvert de symboles tribaux et druidiques. J'y vois l'image d'un sanglier, comme une peinture rupestre, couvert de signes sylvestres. A ce moment j'en suis sûr : Le LSD ouvre la conscience sur l'inconscient collectif, sa somme de symboles et d'archétypes. J'essaye de me concentrer pour reconnaître les signes, mais ils m'échappent complètement. Pourtant ils correspondent exactement à l'univers forestier du parc, ils ont clairement à voir avec la nature et les tribus anciennes qui vivaient dans la nature.
Petit flash-back à propos de cette propriété du LSD à faire remonter les symboles qui correspondent aux pensées actuelles. Lors que je tentait de redescendre sur mon lit après la renaissance, je me suis dit: maintenant je vais pouvoir me consacrer à d'autres choses qu'à la drogue. Pourquoi pas l'amour? Et de suite j'ai vu un homme et une femme enlacés, et quantité de symboles d'amour, comme des cœur, le bouclier de mars, le miroir de vénus, plus d'autres symboles que je n'ai pu fixer dans ma mémoire, mais qui avaient clairement à voir avec l'amour érotique. Je suis prêt pour une relation amoureuse !
Voilà pour la force des symboles.


Anima : l'enfant intérieur

Je continue donc de marcher, vers la plage. J'y arrive, commence à la longer, et enlève mon casque pour parler à moi-même. Presque plus d’hallucinations, juste une profonde sensibilité aux couleurs, à la mer, à la lune, à la beauté du monde. Je commence à parler, comme toujours, en allemand. Depuis 2008 et mon arrivée en Allemagne, je me parle quasi exclusivement en allemand, car je tient à entretenir et parfaire cette langue que j'adore, que je parle avec de très bons amis, avec ma psy, avec moi-même, avec l'enfant intérieur. Ça m'a amené à un niveau d'allemand vraiment très bon, une aisance très grande avec les Allemands, et surtout au sentiment particulier de valoir mieux que les autres Français, parce que j'ai appris à exprimer mes sentiments dans une autre langue. Et ça c'est moins bien, ça me bloque dans mes relations avec les français.

En ce moment, au bord de mer, je pense pas mal à la fille de ma psy, Anja. Allemande, ma meilleure amie, étudiante en théologie, dont j'ai été amoureux plusieurs fois déjà. Elle a maintenant un copain, c'est très bien. Je me demande ce qu'elle penserait de mes conclusions spirituelles au LSD, notamment la conception de Dieu que je me fait, et de la résurrection/renaissance. Je l'adore cette fille, Anja. Je l'appelle souvent "brillante étincelle de Dieu", ou "douce enfant de Dieu", c'est dire comme je l'aime cette fille. On s'entend super bien, elle est très simple, elle a un sourire simple et beau au-delà de toute fausseté, une vrai fontaine d'innocence et de bon cœur.

Donc, en allemand, je commence à parler avec l'enfant intérieur, après avoir rapidement pensé à Anja. Et là, coup de tonnerre: Anja est mon enfant intérieur! Quoi! Mais oui, mais oui! Aaaaahhhhhh!
Tout est si simple! D'un coup je calcule tout: Anja est mon anima, cette partie féminine personnifiée de l'inconscient (pour les hommes) qui est le contrepoids de la persona consciente (le rôle joué en société), d'après Carl Jung. Jung explique que les hommes recherchent leurs propre anima dans les femmes, raison pour laquelle je suis tombé amoureux d'Anja.
C'est mon enfant intérieur, c'est Anja! C'est ce même rire, ce même sourire, cette même joie! Mon enfant intérieur rit à n'en plus finir et me décoche des sourires espiègles et rieurs qui me feraient oublier que je suis un adulte. Anja! C'est toi, et tu étais là tout ce temps ?
- Styloplume, enfin, j’étais là depuis le début!
La même voix, la même expression qu'Anja. Je ris avec elle comme pas possible, sur le bord de la plage. Je suis si heureux d'avoir trouvé mon amour en moi! Non la femme de ma vie, mais mon amour-propre. Je l'aime, cette partie de moi, comme j'aime Anja, et même plus. Je ferais tout pour qu'elle se sente bien et continue à rire. Je ferait tous pour être le bon parent de mon enfant intérieur, le centre de mes émotions, de ma joie, de mon émerveillement. Elle le sait et elle rit. Et je ris, emporté par une joie qui n'a pas grand-chose à voir avec le LSD.
- Anja! Je veux dire, heu ma petite Styloplume, comment est-tu arrivée ici? Je ne te voyais pas avant, je ne te percevais pas. Maintenant tu es là. Depuis combien de temps?
- Mmh. Mh. Hem...
C'est tout Anja ça. Elle passe beaucoup de temps à rien dire avant de parler. Je l'écoute patiemment.
- Je ne sais plus très bien. Au début j’étais là! J’étais perdue, complètement. Alors j'ai pleuré!
« Je ne veux plus de drogue... » C'était donc elle!
- Et puis tu m'a mise dans la baignoire... tu m'as lavée, tu m'as séchée, tu m'as mis une serviette autour des épaules.
J'ai baptisé mon propre enfant intérieur! J'ai assisté à la renaissance et au baptême, non seulement de mon ego mort, mais aussi de mon enfant intérieur, de mon anima, de ma petite Styloplume, de mon trésor d'étincelle divine !
- Et maintenant je suis là! Youhouuuuu!!!!!!!
Et elle me lance un sourire à fondre la banquise, de ses joues roses et de ses yeux turquoises pleins de joie. Je ris avec elle. Alléluia! J'ai trouvé mon enfant intérieur! Elle a le visage d'Anja, la voix d'Anja, le sourire d'Anja, mais je sait que c'est une partie de moi, ma source de joie, la personne dont j’étais amoureux sans bien le comprendre depuis longtemps. Je l'aime! C'est mon trésor le plus précieux, c'est mon étincelle de Dieu, c'est mon enfant du ciel! Je comprends tout maintenant que je fait le parallèle avec Jung. Car mon enfant intérieur est Anja et est une fille, je ne le voyais pas. Maintenant elle est là, comme Anja était présente dans toutes mes pensées. Mais maintenant tout se reconstruit, et je sens que je me détache d'Anja, que je m'en détache maintenant complètement, que je ne serai plus jamais amoureux d'elle, qu'il ne le faut pas, que ça ne se fera pas.
Ma petite Styloplume! Ma petite fille, source de joie! J'en suis content, ah, j'en suis content.


Persona : l'adulte extérieur

Un déclic se fait. Reconnaître mon anima féminine m'oblige à me trouver une persona, à me comporter en adulte, à adopter un rôle de protection, un rôle responsable. Un père! Un homme! Je suis en train de devenir un homme! Il faut que je fasse le point sur ma vie, sur ma mort et sur ma renaissance.

Alors, je me pose. Je m'assied sur le bord de la promenade de bord de mer, face à l'océan, face à la lune et au port, c'est juste génial.

- So, so, was soll ich jetzt sagen?
Et d'un seul coup, PAF! J'en ai marre de parler allemand! J'en ai marre de devoir chercher mes mots, de faire le prétentieux avec moi-même à parler une langue d'élite pour me prouver mon intelligence! J'en ai marre de me mentir à moi-même, car je parle pas assez bien allemand pour l'employer vraiment instinctivement! Allez, j'en ai marre, je parle français!
Et là, je me met à penser en français, et je sais pas si c'est le LSD ou quoi, mais... Vvvvvvviiiiouuuuuuuuuuuu the Spice expends consciousness!
J'ai jamais eu une telle sensation d'extension de conscience d'un seul coup comme ça! Soudain mon champ mental s'élargit, je me met à penser en français à mon rythme maximal, à plein régime, sans effort d'aucune sorte! Incroyable!
La première chose que je dit:
- Ah, on est bien à penser en français!
Bon, qu'est-ce que je vais dire? Rapidement je pense à ce type génial qui m'a aidé à me mettre au sec dans mon duvet lors du Hadra, un gars mûr et très expérimenté dans la vie. Un homme pratique, qui ne perds pas le nord, qui sait se soucier des choses matérielles, sans être maniaque non plus (on parle d'un teufeur quand même). Un vrai grand frère sur le coup, un modèle super pour ma persona, ce rôle conscient d'adulte, ce modèle de personnalité qu'on adopte, ce rôle de père pour ma petite Styloplume.
Je me rends compte que j'ai besoin de maturité pour m'occuper de mon petit trésor d'enfant intérieur. J'ai besoin d'être un père, un type responsable, pas seulement un wanabee intellectuel en quête d'extase mystique. Alors, j'arrête de parler allemand, je passe au mode safe du sitter français qui me disait avec assurance: "Allez, enfile ton pyjama. Il est sec ton duvet? Mais oui il est sec. Allez, là t'as chaud, oui, tu vois t'es bien, t'a rien à craindre, il pleut pas ici. T'es peinard, bonhomme." Je sais que ma petite Styloplume toute neuve a besoin de ça.
Cette maturité, je suis forcé de l'adopter. J'ai fait l'expérience de la mort et de la renaissance, c'est pas pour rien. Je suis obligé de devenir adulte, je le suis déjà devenu. C'est mon adolescent immature qui est mort, c'est mon enfant qui est né et avec lui l'adulte doit se construire. Alors, je m'imagine être passé au-delà de cette recherche psychédélique. Maintenant c'est fini le DXM, les prods essayés n'importe comment.
Je parle donc avec moi, et je me m'imagine parler à un autre adulte capable de m'écouter raconter ma vie. Je vais dire tout ce que je refusais d'admettre jusqu'à présent.

Ainsi je parle en tant qu'adulte:
« Et bien... par où commencer? Ben, voilà, j'ai grandi assez à l'écart des autres, du coup je me suis réfugié dans les bouquins. Tu peux y allez, des bouquins, j'en ai lu. Pendant la plus grande partie de ma vie jusque là, je me suis imaginé être plus malin que les autres, je voulais toujours être spécial. D'ailleurs, je suis toujours comme ça, haha! En fait, j'ai eu toute une période gothique, et puis je suis parti voyager, dans le grand monde, quoi. Alors là, j'en ai vu des gens! Des noirs, des jaunes, des bigarrés, des bizarres et j'en passe! J'en ai vu des gens spéciaux, et j'essayais à tout prix d'être un type spécial, sans trop vouloir leur ressembler non plus. Je voulais me ressembler à moi, et Dieu sait que c'est pas facile.
A un moment j’étais à fond dans la drogue, les trucs psychédéliques, tout ça. Je trouvais que c'était un truc génial pour se trouver soi-même, d'ailleurs je me suis pas mal perdu en cours de route. Ce que je voulais à tout prix c'était essayer le LSD, pour me trouver moi-même. Et puis, j'ai pris une grosse dose, et je suis passé par un trip assez gigantesque, jusqu'à ce que je me retrouve complètement perdu au fond de ma baignoire, sans savoir qui j’étais ni si j’allai jamais redescendre sur terre. La mort et la renaissance, mec! La totale, le délire complet, le trip final! Et là je me suis rendu compte que tout ce que je voulais surmonter, la dépression, le diable, tout ça, en fait c'était rien du tout. Je voulais faire l'expérience de Dieu, tu parles, haha! J'ai rien vu! Dieu pour le voir tu peux toujours courir! À la place de ça j'ai découvert que je suis le seul responsable de mon bonheur, le seul capable de décider de ma vie. Dieu il est là, c'est sûr, c'est l'espoir, c'est l'amour. Par contre, c'est à moi de trouver ma voie.
Et maintenant tu vois, je me rends compte que tout ce en quoi je croyais c'est pas mal du tout en fait. J’étais assez immature, mais ça allait pas du tout dans une mauvaise direction. Par exemple, ma vocation de psychothérapeute, c'est exactement ce qu'il me faut. J'ai pas envie de me retirer dans une communauté hippie, j'ai pas envie de travailler comme ouvrier toute ma vie, ni de chanter Hare Krishna, ou quoi. Non, ce que je veux, c'est continuer dans la direction que j'ai choisie. Tout ce que j'ai vécu avec le LSD je vais pouvoir l'approfondir dans la psycho et la métaphysique. Je vais devenir un grand psychonaute et thérapeute comme Grof ou Kübler-Ross! Ça va être génial!
Et en même temps, je sens que c'est fini les conneries, tu vois. Je vais pas oublier que je me suis retrouvé imbibé de LSD, tout seul dans ma baignoire, en train d'errer dans les limbes de mon esprit. Ça il faut pas que j'oublie. Si je recommence, que je prends une grosse dose de LSD sans vrai plan ni accompagnement, ce serait très con. Que les choses soient claires. Ce serait TRÈS con.
Et je suis là, je sait ce que je vaux, je suis en train de devenir un grand bonhomme!
Que du positif en fait, et j'ai gagné un trésor de joie, et puis je sais très bien ce qu'il me reste à faire. En fait je suis très content de cette conversation. »


Fin du trip

Je rentre chez moi. En chemin je continue à parler, adulte, et à sortir des petites répliques du genre: « Ah, là il pleut, attends, on met la capuche, tient, on ferait bien de rentrer » ou encore « Ah, apparemment il y a du bruit par là, on va éviter les bagarres, on a eu notre dose d'émotion pour cette nuit ». Chaque fois je me délecte de rentrer dans le rôle de ce grand frère sitter du Hadra, le type qui rassure et qui dit les évidences avec un ton paternel super cool.

Et puis, le bord de mer est super cool, les lampadaires en rang d'oignons, je fait un pas sur le côté, il se multiplient dans un sens ou dans l'autre, c'est cool, je me marre: « T'as vu, mec, le délire complet, haha! ». L'expression je l'ai gardée!

De retour chez moi, je continue à danser un peu, le LSD est loin d'être retombé. Je me suis réconcilié avec ces chépers que je trouvait glauques au Hadra. Moi aussi je peux danser juste pour consommer l'aspect esthétique du LSD, je me suis enlevé la honte, je me suis accepté comme ça. C'est une chose que je ne veux pas quitter: danser sous LSD. Je sais que je le referai. La musique est si belle, le son dolby surround, entendu différemment. J'ai dansé sur Life on Mars, de Astral Projection. En temps normal je n'aime pas ce morceau. Mais là c'était le voyage spatial. Voilà, la recherche de soi je vais me calmer, de même que la recherche de Dieu par les prods. Par contre, la combinaison musique+LSD... Je n'y renoncerai pas ;) Hahaha, je vais juste éviter les cinq buvards d'un coup ! Deux ou trois c'est déjà super.

Je me suis couché, mais je me suis endormi tard seulement. J'ai commencé le TR, je me suis posé avec mon casque, et pour finir j'ai un peu parlé encore, toujours sur le ton adulte, toujours en français:
Bon, et bien, voilà une journée enrichissante. Plus de dépression, plus d'abîme de bad trip, plus de peur fondamentale, plus d'absence de Dieu. D'ailleurs, il est toujours là lui?
Bref sondage, je ferme les yeux. Plusieurs totems façon Île de Pâques surmontés d'un rayon vert qui part vers le ciel se rassemblent et concentrent leurs faisceaux cosmiques vers le créateur.
Ah, là, toujours, oui. Là, oui, ça pompe, Dieu, il est là, l'amour, tout ça. Oui, nickel, pas de souci de ce côté-là.
Bon, et bien, je voudrait remercier celui sans qui rien ne serait possible. Merci beaucoup, Dieu ! Et maintenant bonne nuit.

J'essaye de dormir. Quelques hallus essayent de m'effrayer, des chauves-souris en papier.
- Allez, barrez-vous!
Les chauves-souris en papier se replient et servent de peluches à l'enfant intérieur.
- Et bien, trésor, ça va?
- Ça va... Je suis fatiguée. Je voudrais dormir.
- Tu as tout ce dont tu as besoin?
- Oui, j'ai besoin... d'amour, de sommeil, de peur...
- Peur de quoi, ma petite Styloplume?
- Et bien, de... de... je ne sais pas. De ce que je ne connais pas.
Je me le prends en pleine tête.
- Tu as peur de l'inconnu alors? Des gens qui sont différents? Des noirs?
- Oui, c'est ça.
- Et bien, ne t'en fait pas, je te protégerai, je ferai même leurs connaissance pour qu'ils ne soient plus inconnus.
N'empêche, c'est la vraie claque de découvrir que je suis raciste au fond de moi! Je trouve à expliquer les choses simplement à mon enfant intérieur. Je fait un tableau avec mes mains.
- Tu vois, trésor, notre monde il est comme ça :


Partie connue consciente : Persona. Stylo adulte et responsable envers l'enfant
Partie connue inconsciente: Anima. La petite Styloplume, l'enfant intérieur, qui ne sait pas pourquoi elle a peur.
Partie inconnue inconsciente: Terra incognita. le mystère dans l'inconscient, là d'où viennent les peurs de l'enfant.
Partie consciente à venir: Personnalité encore non existante chargé d'explorer la terra incognita

Aujourd'hui on connaît ça, la colonne de gauche (matez le tableau dans le PDF). Ça c'est moi et ça c'est toi. De l'autre côté, c'est l'inconnu, donc c'est la peur. Moi je suis un grand bonhomme, mais pas encore assez fort pour te connaître assez, ni toutes les choses qui sont dans le noir. Ça va venir, on a toute la vie pour ça. Pour le moment t'inquiète pas va, je suis assez là pour que tout aille bien.
C'est un modèle plus que sommaire mais c'est parfait pour que l'enfant comprenne, et moi par la même occasion.

Je me pose bien pour dormir. La dernière hallu c'est un vieux visage qui se ferme pour dormir. Hey, minute papillon. Si je dors, je n'existe plus, c'est ça? Qui existe quand j'arrête de penser? Cette question me turlupine, c'est le mystère de l'inconscience.
- T'inquiète, Stylo, dis-je. On a toute la vie pour explorer l'esprit humain. Si il reste aucun mystère, ce sera pas marrant. On a plein de choses à apprendre.
Je finis par dormir, vers 5 heures du matin.


Conclusions

Le lendemain, levé à 9 heures, dispos, bien crevé quand même, déjeuner parfait chez une amie avec des colocs, on cause de vocation, d'empathie, et je guide plus ou moins les conversations une bonne partie du temps, je me rends compte comme je suis capable de cerner mes pensées et de les ordonner facilement. Je suis devenu organisé, j'ai fait le ménage dans ma tête, je trie mes priorité, je comprends les gens plus qu'avant. Je suis très content de cette aventure.


La drogue

Là je suis calmé, très très calmé. J'ai vécu ce que j'avais toujours voulu vivre : l'expérience ultime au LSD. Ça ne s'est pas du tout passé comme je pensais. Je m'imaginais devoir faire face au diable, me laisser dévorer par la bête afin de pouvoir renaître.
En fait mon trip se laisse tout de même comprendre en employant des matrices périnatales, ces étapes de la naissance revécues lors d'une séance psychédélique. Stanislas Grof, le grand thérapeute au LSD, a eu bien du mal à mettre au point ce système encore inconnu à la psychiatrie moderne, mais il a réussi, et ça ressemble à ça :

Matrice I :
Le confort de l'union du fœtus avec la mère. Cette matrice est celle de l'instant zen, celle des sentiments océaniques de paix avec l'univers. C'est mon extase du Délire complet, l'expérience quasi-mystique d'union avec Dieu, pas complètement mature. Ce n'est que le début du processus.
Matrice II :
La pression de l'utérus sur le fœtus, absence d'amour et d'espoir. Ici, c'est le cauchemar de la vie sans ego et sans Dieu. L'univers a perdu son sens, le fœtus ne voit pas de porte de sortie à son malheur.
Matrice III :
Le passage du col pelvo-génital, combat à mort pour naître. Ici, c'est le passage par les eaux du baptême de la baignoire, ce sont mes efforts acharnés pour redescendre sur Terre et sortir du cauchemar.
Matrice IV :
La libération de la naissance proprement dite, en tant qu'être individué. Ici, c'est la prise de conscience du processus, le déclic qui a ramené le flux d'hallucination et la joie. C'est la matrice dans laquelle je suis resté lors de la reconstruction de ma personnalité.

Les matrices périnatales me sont là d'un grand secours pour comprendre les différentes phases de mon trip.
Je pense avoir vécu quelque chose de maximal, où tout le potentiel du LSD s'est déployé entièrement. Je ne dit pas avoir complètement découvert le LSD, je pense que le LSD m'a entièrement exploré, c'est plus ça. Je suis très calmé, car je me suis trouvé tout petit soumis à la substance beaucoup plus forte que moi. En même temps, ma grande confiance dans le procédé et dans Dieu m'a poussé à accepter sans réserve tout phénomène étrange. Je pense avoir bien fait.
D'y réfléchir et de comprendre le cycle de mort-renaissance dans les termes des matrices périnatales me montre aussi que je n'ai rien pu calculer sur le coup, qu'il est impossible d'être son propre sitter. Si un sitter expérimenté avait été là, il aurait tout de suite calculé que quelque chose ne tournait pas rond en me voyant enlever mon casque et partir à la dérive. Il lui aurait suffit de me dire : « Ne t'inquiète pas si tu ne comprends rien, laisse-toi faire, laisse venir ». Il m'aurait reposé sur mon lit, remis la musique, et le reste aurait été du gâteau.
J'ai donc eu droit au grand retour de flamme de mon insouciance : la deuxième matrice en gros mode What the Hell, la perdition complète. Ceci est dangereux et je ne pense pas recommencer. De toutes façons, je ne pense pas que ça recommence. J'ai vécu par la suite des choses qui font maintenant partie de moi : le baptême, la naissance, la sortie de l'enfer... De toute la suite du trip je n'ai plus eu peur de rien, car j'avais surmonté le plus difficile. D'ailleurs, j'ai aujourd'hui encore moins peur de mourir qu'avant, car j'ai appris à naître. C'est quelque chose de fort, de très très fort.
Par ailleurs, une autre propriété du LSD que j'ai rencontrée a été que la moindre pensée était automatiquement mise en connexion avec du contenu similaire en provenance de l'inconscient collectif. Ce sont tous les archétypes universels, la femme céleste, les symboles sylvestres, Jim Morrisson... Ces détails qui n'en sont pas ont fini de me convaincre de l'existence de cette conscience collective qui gît au fond de chacun de nous.


Spiritualité

Je le pensais déjà, ça se confirme : je suis un croyant complètement free-lance. Je fait le point sur quelques-unes de mes influences.
Niveau chrétienté, je pense avoir bien intégré le concept de la résurrection, pour l'avoir vécu moi-même. Le Christ a été crucifié, est mort, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts... Oui ça me parle tout ça, j'ai vécu quelque chose d'équivalent je pense ! Transformer l'humain en divin, c'est l'archétype du Christ, c'est très costaud, c'est l'ascension spirituelle. (Bon, moi j'ai pas la prétention d'aller m’asseoir à la droite de Dieu de sitôt, non plus, j'ai pas le niveau...)
De même, je suis sidéré par la manière dont j'ai revécu mon propre baptême, début de la renaissance. Les Esséniens, secte juive du temps de Jésus, baptisaient en plongeant le catéchumène dans l'eau jusqu'à le noyer quasiment, afin de lui faire passer un cycle mort-renaissance comme je l'ai vécu. On forçait presque la NDE en somme ! La concordance entre ce que j'ai vécu et la tradition chrétienne est flagrante : ce passage dans la baignoire m'a donné un sens, il m'a donné un nom même, une existence comme enfant de Dieu. D'ailleurs, il correspond au premier souvenir de mon enfant intérieur ce soir-là.
Par contre, la trinité, le Père, le Fils, le Saint-Esprit, très peu pour moi. Comme disent les musulmans, Ash hadu anla illaha illa Allah ! Je témoigne qu'il n'y a pas d'autre dieu que Dieu. C'est à dire que chaque manifestation de Dieu est Dieu lui-même, un reflet de lui. Il n'y a qu'une vérité, qu'une fin, aussi belle que difficile à voir.
Mais Dieu, c'est quoi, alors ? Plus j'y pense et moins je le sait... Pourtant, pendant mon pèlerinage psychédélique vers Katmandou, tout a disparu, jusqu'à qu'il ne reste plus que Dieu dans mon univers. Il doit bien exister alors ! Puis, Dieu lui-même a disparu, et moi avec.
Dieu c'est quoi ? Comme mon ego se dissolvait de plus en plus, tout ce que je faisais s'affirmait de plus en plus comme un acte religieux fait pour Dieu et seulement pour lui. C'est devenu le seul interlocuteur valable, c'était un morceau de moi (ou plutôt j'étais un morceau de lui), c'était l'Amour, c'était le monde entier. (Ça l'est toujours d'ailleurs).
Et d'un seul coup, PAF, plus rien ! Plus de Dieu, plus de Styloplume, et ceci sans la moindre autre transition que mon désir de mourir et de me fondre en lui. Pourtant, je ne me suis pas fondu en lui. Je n'ai pas vu Dieu. Je ne l'ai pas entendu, je ne l'ai pas senti, j'en était aussi loin que possible. Et je me suis retrouvé loin de moi-même, loin de l'amour, du Tout, de la joie.
Plus j'y pense et moins je trouve de différence entre cette extase mystique et ce vide cosmique. Les deux états se ressemblaient tellement que je n'ai pas eu conscience du passage de l'un à l'autre sur le moment. C'était la même absence de valeurs, de Moi. La seule différence était tantôt la présence et tantôt l'absence de Dieu. Avant, le but c'était Tout, après, le but c'était rien.
Pourtant, je suis sûr que c'est lui qui a tout mis en place. Et après tout, je lui ai demandé de mourir, il me l'a accordé (haha, ça fait mal, Jésus a dit : « Qui demande reçoit », allez, tu veux mourir, je vais t'en donner du bad trip, tu vas voir!). Non, Dieu me semble si parfait qu'il a dû tout prévoir. Il devait autant être là avant qu'après.
La meilleure image que j'aie pour décrire ce paradoxe, c'est celle du yin et du yang. Elle s'est imposée d'elle-même lors de ma promenade sur le bord de mer.
Yin-Yang-Magnet-(9209).jpg

Imaginez que mon extase soit la surface blanche. Elle a une forme, elle est une portion de l'équilibre, un état logique.
A mon sens, ce qui s'est passé lors de la disparition de sens de mon univers, au moment où j'ai demandé à mourir, c'est que, en un instant, la surface blanche a pivoté autour du point central, pour venir exactement se superposer à la surface noire, et s'y adapter parfaitement. La forme est la même, presque tout est identique, et pourtant on est passé de l'autre côté de l'équilibre, on a changé de couleur.
Et Dieu là-dedans ? Dieu, c'est ni le noir ni le blanc. Dieu, c'est l'équilibre magique entre les deux, c'est l'ordre du monde, présent en toutes choses. Dieu, c'est Tout et c'est Rien. C'est le grand mystère en fait ! J'ai pas fini de le chercher celui-là !
Plus j'avance et plus je suis d'accord avec ce que dit Erich Fromm dans l'Art d'aimer, dans le chapitre qui traite de l'amour de Dieu. Tandis que les religions occidentales ont tendances à se porter sur le bien croire (à quelques exceptions près), les philosophies et spiritualités orientales se sont axées sur le bien agir.
C'est exactement ce à quoi j'ai été confronté lors de la reconstruction de ma personnalité : bien agir ! La nature de Dieu était d'un coup beaucoup moins importante que la nécessité absolue de mettre ma vie sur les bons rails. La condition sine qua non si je tient à me rapprocher de moi et de ce Dieu décidément farceur. Il a bien foutu les choses je trouve.


Vie intérieure

Une révélation. Les concepts d'anima et de persona développés par Carl Jung se vérifient sans réserve dans mon cas, et d'un seul coup ! C'est la fin de ma psychothérapie axée sur l'enfant intérieur, car je l'ai trouvé ! Et c'est le début de ma vie d'adulte aimant, qui est le but même de la thérapie : faire de moi un type responsable de lui-même.
La fin de ma thérapie et le début des vraies difficultés, oui ! Rester en connexion avec moi-même va être un vrai défi, d'ailleurs déjà je sens que je vais avoir de grandes décisions à prendre pour les prochaines semaines.
Le LSD a poussé mon voyage jusque dans les limites de mes attentes et de mes capacités. Ce que je pouvait comprendre, il me l'a montré, et avec tous les détails qui accordent tous les violons de ma nouvelle psyché toute neuve. Tu ne voulais plus avoir peur de la mort ? Je t'ai fait la désirer à en chialer. Tu voulais la renaissance ? Je te donne du baptême ! Tu voulais l'enfant intérieur ? Je te donne Anja ! Tu voulais un adulte responsable ? Je te le donne ! Tu voulais Dieu ? Tu voulais Dieu, c'est ça ? Et ben ce que je vais te montrer t'as pas fini de cogiter dessus !
Oulà, non, j'ai pas fini de cogiter. Tous les jours je comprends un peu mieux ce qui m'est arrivé, et tous les jours depuis le trip (5 depuis le trip déjà) je comprends que depuis le début ce que j'ai à faire c'est la même chose : m'aimer moi-même. M'aimer moi-même me permet d'aimer mon prochain.
Ce que j'ai à faire est on ne peut plus simple : écouter mon enfant intérieur et agir en tant qu'adulte responsable. Ranger ma chambre, m'inscrire à la fac, chercher du boulot, organiser mes affaires, ne pas sortir avec la première fille venue, et ainsi de suite.


Conclusion des conclusions

Je suis décidément fort content d'avoir pu mettre en mots cette expérience et ces conséquences sur ma vie psychique !
Cet épisode m'a marqué et me marquera encore pendant un bon moment, il m'a donné les bases pour appréhender ma vie comme un grand garçon. Beaucoup de choses dont je n'ai plus peur, et beaucoup de nouvelles responsabilités envers moi-même, surtout mon étincelle divine, ma chère petite Styloplume !
Pas de Dieu grand Manitou, juste un grand ordre cosmique sans faille dans lequel mon rôle est de bien m'en sortir, de m'aimer, d'aimer mon prochain.

Dois-je conseiller aux autres de tenter le grand saut ? Est-ce là le rôle de quiconque ?
Timothy Leary a fait trop de bruit, je pense. Tout le monde n'est pas prêt pour un tel choc. C'est une chose à laquelle je me suis préparé pendant longtemps, et encore me suis-je retrouvé confronté aux aspects les plus dangereux de cette substance trop puissante pour être employée à tort et à travers.
Bien sûr, les conditions changent tout, un sitter me semble une condition sine qua non de passer l'épreuve sans heurts. Mais était-ce mon but de me faire aider ? Non ! Et est-ce là vraiment le souhait de chacun de se faire montrer la voie sans la chercher vraiment ?
Qui peut décider de sa voie sinon chacun pour soi ?
Qui sait parfaitement ce qu'il cherche ? Qui sait ce qu'il va trouver ? Je ne saurais que trop conseiller à tous de bien formuler ses besoins, afin de savoir quoi demander.
Savoir ce que l'on veut ! Savoir ce que l'on cherche !
Pour la suite, je laisse parler Jésus :

Demandez, et l'on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira.
Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l'on ouvre à celui qui frappe.
Matthieu, chapitre 7, versets 7 à 11
 

tagadatagada

Sale drogué·e
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Tu es sur de la qualité de tes buvards ?

Beaucoup de blablabla, si tu devais résumer tout ça en une phrase ?

Ce genre de texte me donne toujours l'impression que le mec qui l'écrit brasse du vide...

Je te dis ça sans aucune animosité.

Merci d'avoir pris le temps de partager ton vécu avec nous.
 

Ubik012

Holofractale de l'hypervérité
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tagadatagada a dit:
Tu es sur de la qualité de tes buvards ?

Beaucoup de blablabla, si tu devais résumer tout ça en une phrase ?

Ce genre de texte me donne toujours l'impression que le mec qui l'écrit brasse du vide...

Je te dis ça sans aucune animosité.

Merci d'avoir pris le temps de partager ton vécu avec nous.

Les buvards étaient moyens, mais ça allait. Mmmh, je suis d'accord avec toi, mais je trouve que de toute façon, c'est un peu ça aussi le lsd, brasser du vide, essayer de comprendre quelque chose, sans savoir quoi, sans comprendre quoi. Enfin, ce n'est que mon avis.
Beaucoup aimé le TR, pas grand chose à dire dessus pour l'instant, ça viendra peut être !
 

GuyGeorge

Holofractale de l'hypervérité
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Whow j'ai lu le TR en entier et je le trouve extrèmement intéressant! Très plaisant à lire, la réflexion est poussée. Je t'envie ton expérience! Pourquoi dire qu'il brasse du vent? J'ai plutôt l'impression qu'il a eut un changement radical de point de vue, que sa psyché a atteint un nouveau point (plus stable?) d'équilibre. Donc que du positif même ci ça a été brutal non? En tout cas merci encore du partage :wink:
 

Quetzal

Holofractale de l'hypervérité
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Que dire! Gros trip, et gros merci pour la redaction de ce GigaUberTR!
tu Penses que tu serais passer par la matrice 2 avec un sitter?

En tout cas génial, ya des parties en or, et un ensemble de phases suivie et toute puissante
 

Quetzal

Holofractale de l'hypervérité
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Je reviens d'un trip LSA et je dois dire que quelques éléments de ton TR ont interféré avec mon expérience; Je verrai au moment de la redaction si ca ressort ou pas! Mais ce qui est sur, c'est que je "comprend" deja mieux
 
S

Styloplume

Invité
Hop, on y va dans l'ordre!

tagadatagada a dit:
Beaucoup de blablabla, si tu devais résumer tout ça en une phrase ?

Ce genre de texte me donne toujours l'impression que le mec qui l'écrit brasse du vide...

Ben, pour être honnête, dans la phase de la renaissance, j'ai eu pas mal l'impression de brasser du vide (avant de trouver l'enfant intérieur et l'adulte extérieur, trouvaille qui a changé les choses).
Ma grosse impression après le déclic a été: tout ça n'a servi à rien, je savais déjà ce qu'il y avais à savoir, je l'ai juste vécu. Donc, raconter un truc qui confirme ce que je sais déjà, c'est brasser du vide.

Alors, en une phrase: Il faut que je m'aime au quotidien.

@ Bijord & Quetzal: merci pour votre enthousiasme!
Je pense que la matrice 2 est assez violente mais qu'on peut la passer beaucoup mieux et plus vite si le sitter rassure et dit que ça va passer, à la condition de se laisser faire. Moi je ne me suis pas laissé faire (preuve que j'étais dépassé par le trip et que j'avais oublié la théorie...). Donc j'ai du partir de zéro, et à la réflexion c'est de ça dont j'avais besoin, aujourd'hui je suis sûr que tout le succès de ma vie repose sur mes épaules uniquement, ET je sais que j'en suis capable, car je l'ai fait, je suis sorti du gros trou pour entrer dans la vie.
Donc, un sitter oui pour la sécurité et passer les méchantes matrices en mode safe. Mais non, rien de rien, je ne regrette rien.

Quetzal a dit:
Je reviens d'un trip LSA et je dois dire que quelques éléments de ton TR ont interféré avec mon expérience; Je verrai au moment de la redaction si ca ressort ou pas! Mais ce qui est sur, c'est que je "comprend" deja mieux

Classe! Je me sens enfin rentrer dans le psychonautisme tel que je me l'imaginais, si mon expérience et les modèles que j'emploie font du sens pour toi!
 

crazydiamond

Glandeuse pinéale
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salut Styloplume, merci beaucoup pour ce TR très détaillé sur ton expérience et tes ressentis! très bien écrit et agréable à lire.
Et aussi c'est bien d'en sortir quelque chose de vraiment concret après une lourde prise comme celle là.
J'espère que nous feras part de tes changements dans la vie dans les mois qui vont suivre, si tu ressens encore d'autres choses différentes et l'impact sur ton comportement par rapport à avant.

merci encore!
 
S

Styloplume

Invité
Plop resalut les copains,

Comme demandé par certains, mes impressions un peu plus d'un mois après ce fameux trip qui décidément a marqué ma vie.

Niveau conso de drogue, j'ai consommé du cannabis à quelques reprises, toujours dans un cadre festif avec des amis. Effets nettement plus psychédéliques qu'avant, le cannabis rentre à toute berzingue dans les portes que le LSD a ouvert. Les pensées se touchent et coulent de manière très jolie et rapide. J'ai remarqué que si je ne les exprime pas ça ne sert pas à grand-chose d'autre que de s'amuser, parceque je ne m'en souvient pas.

J'ai remarqué que, plus important que le cannabis, pour moi, c'est de découvrir les gens qui m'intéresse, les aimer avant tout. C'est plus important que la drogue tout ça.

Niveau danse, oulàlà... je suis incurablement converti à la danse des tranceux, celle que m'a montrée le LSD et que tous les tranceux pratiquaient au Hadra. Je danse quand je suis content, en face des gens, avec des amis, n'importe quand.

Je passe pas mal de temps avec mon casque sur les oreilles à déambuler en ville, j'assume complètement d'être un drogué à la musique.

La psychothérapie que je pensait entamer bientôt, ben je suis pas près de la commencer de sitôt, en fait je me sens super bien, je parle régulièrement à mon enfant intérieur, et pour peu que je fasse ce qu'il faut celui-ci se sent super bien, je m'en sort vraiment pas mal avec ma vie.

Voilà, je suis content de ma vie :)

Tous les jours je vois comme j'ai de la chance d'être mort puis renaît. Je vois les autres et comprends qu'eux-mêmes sont en profonde recherche d'absolu, bien qu'ils utilisent souvent les mauvais moyens pour l'atteindre (le sexe, la drogue, la bouffe, les gens...), et je me prends un gros complexe de supériorité en pleine tête, parcequ'avec mon avancement spirituel et ma confiance en moi j'attire les gens comme un aimant par moment, ils m'aiment juste, ils m'aiment!

Et pourtant j'ai beauuuuucoup de chemin à faire, ça oui. En ce moment je suis assez dégoûté du sexe, enfin, je me suis appliqué à ôter toute forme d'attachement de ma vie sexuelle, parceque des complications j'en ai eu. Maintenant que j'ai atteint ce stade où je peux coucher avec une femme sans l'aimer le moins du monde et sans qu'elle m'aime, je me rends compte que c'est vraiment pas beau et que ça nous enlève de la valeur plus qu'autre chose, ça sert vraiment à rien.
Donc, voilà, je suis mûr pour une relation amoureuse, ça c'est sûr.

Turn on (prenez-en)
Tune in (branchez-vous)
Drop out (décroche)

Ce que Timothy ne dit pas, c'est qu'entre le Tune in et le Drop out, il y a la mort et la renaissance. On, In&Out, tout est dit. Plongez et remontez à la surface!

Mouais, pas très RDR tout ça... la vie est un combat, c'est pas un truc à prendre à la légère. Le LSD non plus d'ailleurs.

Tralalala, presque que du positif en somme!
 
D

Deleted-1

Invité
A bravo, tu l'as fait et tu l'as eu, respect, toucher le fond pour mieux remonter :D !

Mais je ne pense pas qu'avec un sitter tu aurais vécu cette expérience mystique, tu n'aurais pas pu dissocier ton égo avec une autre personne en ta présence, il y a trop de rivalité et de paranoïa entre les êtres humains pour pouvoir se libérer autant qu'il n'en faut pour atteindre ce stade de défonce (et surtout on n'est plus concentré que sur soi même).

En tout cas j'ai adoré le passage de la renaissance, le nouvel enfant devant le miroir, très bien symbolisé ! Et le passage de la mort avec l'absence d'égo, c'est vraiment une sensation impressionnante !!

Sinon tu étais à St nazsamère lors du trip ? le parc, l'étang, le bord de mer...

Je me demandais aussi si parmi les psychonauts ayant déjà vécu cette expérience de mort, est-il possible de la vivre plus d'une fois dans sa vie ? Peu être avec un laps de temps de plusieurs années..?
 

GuyGeorge

Holofractale de l'hypervérité
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Je suis en train de lire psychologie transpersonnelle en ce moment, et ducoup j'ai relu ton TR avec cette nouvelle grille, même si je suis loin de l'avoir encore intégrée. En tout cas c'est extrèmement intéressant! Et ton geste de te faire un trip ultime sans sitter, c'est autant génial que périeux, faut du courage!

Ca fait maintenant environ 6 mois que tu as fait ce trip! Tu pourrai nous refaire un deuxième bilan? Sent tu encore l'influence de ce trip? Si oui sur quels aspects? As tu régressé a certains niveaux? Envisage-tu d'en refaire un dans un futur proche? J'aurai encore pas mal de questions héhé mais j'arrète là, ha et ne te sent pas pressé de répondre, faut juste avancer un peu chaque jour ça suffi :wink:
 
S

Styloplume

Invité
Bijord a dit:
Ca fait maintenant environ 6 mois que tu as fait ce trip! Tu pourrai nous refaire un deuxième bilan?

6 Mois? Oulàlà dans ma tête ça fait deux ans....

Ben, le bilan c'est que depuis j'ai appris que le plus important ce sont que ces phénomènes de mort/renaissance peuvent se répéter dans un trip, du moins à faible dose. Je bade / je vois que je bade / je gère , jusqu'à bader à nouveau.

Sinon depuis ce trip je range ma chambre toujours, et je me dis que je recommence plus ça tout seul, c'est trop risqué. Ou alors pas une telle dose. En tout cas ce qui est sûr c'est que je me calme toujours plus depuis ce trip.

Dans un futur proche j'envisage plutôt de continuer à apprivoiser le DXM qui est plutôt difficile pour moi, en effet je veux garder le LSD comme une sorte de Rolls psychédélique, facile d'usage, claire, seulement en cas de grand besoin.

Bijord a dit:
Je suis en train de lire psychologie transpersonnelle en ce moment

Cool! Ecrit par qui?
 

GuyGeorge

Holofractale de l'hypervérité
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Stan Grof biensur!

Donc que t'ai l'impression que ça se soit passé y'a deux ans prouve bien que ta bien mûrit entre temps! /retourne a ses lectures, faut que jme mette a jour/
 
L

Llunaticc

Invité
Hello J'ai lu entierement ton post et ya beaucoup de choses qui m'ont marqué car j'ai fait un trip à nouvel an sous lsd et j' avais aussi vraiment envie de m'évader pour en finir. C'étais dans une soirée goa (dark/psytrance/full on) j'ai pris 3 gouttes sur le dos de la main attendu une heure repris 3 gouttes j'tapais du pied comme un taré sur le son et il c'était passée quelques heures ou moins jsais plus exactement c'est très flou j'ai repris 2 gouttes direct sur la langue. Un moment s'est passé et j'tapais du pied dans la salle dark et tout d'un coup j'me suis mis a me parler a moi meme interieurement et j'avais pas appréhender la chose et j'ai commencé a me dire que je gachais toute ma vie que j'avais rien accompli du tout et je pensais a mes problèmes la depression et toute cette merde, je dansais en pensant a mes problèmes et j'avais l'impression que j'les effacais tous que je les cernais les comprenais pour en faire des qualité ou les retourner a son avantage et tac je lancais la boite dans laquelle jles aivais enfermé et ainsi de suite avec bcp de choses. Et tout d'un coup je me suis sentie appaiser comme si j'avais compris le sens de la vie et comment etre heureux et et j'ai eu une joie et une tristesse intense en moi comme si tout monde monde etait heureux que tout allait bien, J'ai senti comme si j'étais sous les feux de la rampe comme si une lumiere m'éclairait du ciel et la je suis aller vers mon meilleur ami en pleurant comme un enfant perdu et j'lui ai dit JAI COMPRIS en le serrant dans mes bras car lui est une personne toujours heureuse et une autre amie a qui j'ai fait le plus gros smile du monde. Et la a 22h30 ils ont ouvert la salle principal et je suis partie dans le pire delire de ma vie un moi et demi apres jai toujours pas tout remis en place mais en gros javais l'impression d'etre dans un autre espace temps et que j'avais un besoin enorme de connaissances et enfaite j'ai eu l'impression de parler avec plein de gens et qu'il m'ont aider a tout comprendre sur l'univers et la terre et la est le probleme j'ai tres peu de souvenir sur cette connaissance que j'ai apprise ca peut etre la connaissance de moi reellement peut etre. Et quand j'apprenais ces choses c'étais comme si il y avait des niveaux avec un defis et dans ma tete ce defi c'etait en dansant et en pensant et que les personnes me parlait rellement et des fois j'avais l'impression de mourir que mon coeur s'arretait quelqu'un me disait derrierre l'paule respire respire t'es fort et avec la danse j'arrivais a l'faire repartir. Jusqu'a un moment ou je suis aller beaucoup trop loin dans ma soif de connaissance et que j'avais compris tout sur tout et que a present tout le monde etait dans mon trip et que la vie etait un peu comme une contine j'etais comme dieu j'avais le pouvoir de faire basculer le monde reel ireel a mon envie, jusqu'au moment ou j'suis arrivé comme si c'etait l'ultime défi le monde a completement basculer et d'apres s'qu'a dit un infirmier benevole de la party mon delire totale a durer plus d'une heure vingt et pendant que j'délirais j'me roulais par terre et j'hurlais des incohérences et parfois j'parlais plus j'restais comme figé. Et enfaite j'avais l'impression d'être dans un couloir et que j'étais dieux et un peu l'impression de voir tous les bien et les mal de l'humanité et j'ai du choisir de la laisser continuer de vivre ou mourir avec tout l'univers (mais c'est vraiment trouble je cherche encore des reponses) et plus je mettais de temps a choisir plus l'univers s'effacait et j'arrivais pas a choisir j'etaiz accroupi a m'tenir la tete en m'alancant a hurler OUI NON OUI NON j'arrivais pas a m'decider jusqu'au moment ou il y eu plus rien j'ai pas reussi a choisir mais comme moi j'avais pas choisis j'etais tout seule a errer dans les limbes toute blanches partout avec la cervelle qui explosent qui mfait mal ce moment j'ai l'impression qu'il a durer une eternité ensuite j'ai l'impression d'etre devenu handicapé mental jme bave dessus dans une chambre d'hopital et j'vois mes proches qui viennent me voir qui me parlent qui m'aide a vivre a parler ils m'ont ramené a la maison quand sa allait mieux mais mon cerveaux etait completement deconnecté et dans mon village les gens m'appellait l'original ou j'sais plus quoi tout l'monde savait sauf moi j'etait comme resté dans un autre monde et j'me suis vu mourir litterralement et la j'ai repris mes esprits je renait reellement a ce moment la et j'etais chamboulé comme un bebe nue par terre dans linfirmerie et super mal de s'qui m' est arrivé sur le moment incapacité de reflechir j'ai remercié un million de fois tout le monde et des fois j'me demande encore si j'suis pas dans une chambre d'hopital a m'baver dessus mais j'ai pas encore tout compris et je suis les signes et garde le sourir depuis ce trip je suis très heureux ce que j'n'était pas du tout avant.

Désolé de l'ortographe mais lire ton experience m'a beaucoup débloqué et j'arrive a mieux comprendre s'qui m'est arrivé merci
 
D

DasFrog

Invité
Bienvenue, merci de ton partage.

Par contre, est-ce que tu voudais bien aller te présenter dans le topic des présentations stp :
post-35934.html?f=27&start=5445

Et pour le bonheur de tous, essaye d'aérer un peu tes posts et d'améliorer un poil l'orthographe stp ;) .

Merci !
 
S

Styloplume

Invité
Olé! Llunatic je suis content que mon TR ai pu servir de résonance à ce que tu as vécu.

Si je me trompe pas t'as eu droit à un trip très très profond avec un effacement des frontières du Moi, mais dans des conditions difficiles à gérer... que faire de tant de connaissance? Hé oui c'est dur.

Tu as toute mon affection et mon encouragement pour bien gérer ta vie après un tel choc bourré de révélations à la fois heureuses et brutales. Garder les pieds sur terre et la tête dans les nuages!

Si tu veux tu peux rédiger ton propre TR en espacant un peu plus le texte, pour plus de lisibilité.

Si tu as une remarque particulière à propos de tel ou tel ressenti, tu peux la poser ici.

Take care.
 

Habenaria

Elfe Mécanique
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23 Fev 2012
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Vraiment incroyable. J'ai tout lue. J'me suis pas fait chier. J'ai même apprécier. Je ne croit pas en Dieu mais j'ai aussi mon propre Dieu. Qui pour moi est la Terre et l'univers. Mais l'un dans l'autre c'est la même chose.

Enfin bref, vraiment très intéressant. C'est le genre d'expérience que je recherche. Mais que je n'ai malheureusement pas connu avec le LS.

Bon je suis jeune j'ai encore le temp de faire des expériences ... enfin jusqu'a fin 2012 :rolleyes:

Par contre une question. Ta quel age ?

Je sais que c'est con. Mais j'adore lire ce genre de commentaire construit et mature. Et j'en ai aussi un peux marre que du fait que je n'ai que 20 ans. Des lock's, une gueule d'ange (Plutôt enfantine). J'ai souvent l'impression qu'ont me juge d'une part négativement de part mon physique, mais encore plus, et c'est la que sa fait mal, c'est par les personne qui me ressemble et qui ont les même centre d’intérêt que moi. Me jugeant (je pense) comme étant un gamin à lock's qui veux tester d'la drogue.

J'aime les débats, j'aime discuter, j'aime lire ce genre de commentaire construit, j'aime m'instruire sur les choses qui m'intéresse.

J'suis un peux partie sur ma vie là xD

J'voulais juste dire chapeau pour ce TR et j'voulais savoir combien de temp tu à mis à l'écrire ?

Peace
 

Quetzal

Holofractale de l'hypervérité
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Quesque tu devrais t'en foutre de ce que les gens pensent de toi au premier abord! Etre rasta et faire gaf a ca ? non non non !
C'est meme un avantage, si tu arrives a démontrer que ce que tu dis est vrai (un type attentif, avec l'envie d'apprendre et d'avancer), tu va d'autant plus surprendre et ravir les gens autour de toi!
 

Habenaria

Elfe Mécanique
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23 Fev 2012
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Merci. Tinquiète sa m'empêche pas d'avancer au contraire sa me boost. Mais ça m'arrive de commencer une légère parano en teuf, et ça. C'est assez relou ^^
 
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