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LSD - Le langage des machines

Skruffy

Holofractale de l'hypervérité
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26 Jan 2018
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Arrivée

On arrive à la boite vers 1h du mat'. Le rhum qu'on a bu avant de partir et pendant le trajet nous tient au chaud, mais l'hiver est quand même mordant et il neige un peu. On rentre dans la boite: une grande salle qui ressemble à un hangar avec deux stacks de funtkion one, et deux cents personnes qui dansent plus ou moins à poil. Je sors de ma sacoche des prods en pagaille: un pochon de speed, un peu de kétamine, un deuxième pochon de speed et un trip sous alu. Je déballe le trip en galérant et en essayant d'y voir clair entre deux flashs de strobes. Un mec me propose à boire, puis son aide - malgré ses mâchoires en zigzag il semble intéressé par ce que j'ai dans la main. Je lui en propose. 
'What is it?
-Acid.
-What??
LSD.
-Is it strong?
-Yes.

Il décline mon offre, ce qui ne m'étonne pas. C'est pas trop dans les mœurs de bouffer des acides par ici. Je savais que ce trip était fort, mais je ne m'attendais pas à être submergé comme je l'ai été.

Décollage
Je bouffe la moitié du trip, en proposant à mon pote - qui décline aussi. Le son est répétitif, très répétitif. On dirait que le mec qui est aux machines essaye de voir jusqu'à quand il peut garder la même boucle sans que les danseurs en aient marre. A chaque fois, au dernier moment, il nous rattrape avec un nouveau, un nouveau rythme, et c'est reparti pour un tour, pour danser sur la même boucle, toujours changeante.


Le trip monte, je sens que la musique est plus belle, que chaque élément résonne différemment. Je danse, je joue avec chaque rhythmique. Je me dis qu'il me reste un quart de carton. Combien de temps ça fait que j'ai drop? Une heure. Une heure et je suis déjà bien foncdé. Bon, j'aviserais plus tard pour ce dernier quart.

La tête sous l'eau
Une heure de danse, de trance, de trip sur des rythmiques mystiques s'écoulent, sans que je m'en rende vraiment compte. Je suis bien content de n'avoir pas gober le dernier quart - j'avais déjà pris ces trips, mais celui-ci est en train de me retourner le cerveau. Je suis trop sous acide pour vraiment me perdre dans la musique, mes pensées débordent, prennent toute la place. Je pense à tout et à rien, ça n'a aucun sens. Je danse machinalement, devant le caisson, je ferme les yeux. Les visages des gens, les lumières font dérailler mon esprit dans toutes les directions. Je tourne la tête à gauche, une fille semble vouloir passer devant moi. Je n'ai même pas le temps de m'écarter qu'elle est passée à ma droite! Je re-tourne la tête à gauche, une autre fille danse comme un pantin désarticulé, comme une danseuse contemporaine; et je sens que dans sa danse, c'est elle, et rien qu'elle qui s'exprime. C'est magnifique. Mais une nouvelle vague de pensée absurdes me renvoie dans le cyclone. J'ai l'impression d'avoir la tête sous l'eau. En poussant la métaphore, une idée me vient à l'esprit: j'ai beau avoir la tête sous l'eau dans un océan d'acide, je sais que je ne m'y noierait pas si je ne le veut pas. 

Un paradigme bien connu du monde des psychés, c'est la mort/renaissance. Et là, je suis en plein dedans. Yeux fermés, je danse et je suis un enfant, mes mains sont celles d'un enfant - de moi enfant! je ne bouge presque plus devant le caisson.

Renaissance - le language des machines
Petit à petit, je reprend conscience de mon corps, de mes mouvements. Je m'accroche à un hit hat, je bouge mes mains, mes bras, mes épaules. Deux notes de synthé tournent en boucle, je me cale dessus. Enfin, le kick, qui vibre de mes orteils à au dessus de ma tête. Je danse comme un teufeur, je danse comme un clubber, je danse comme un hippie, je danse comme moi. La techno que passe le DJ sort directement d'une machine. Elle est pure, brute. C'est à peine de la musique, juste un empilement de rythme qui se répètent, qui groovent sans aucun humain pour leur donner le sens du rythme. Torse nu, en trance, je sens chaque clap, je répercute chaque note dans mon dos, je tape du pied sur le kick qui ne s'arrête jamais. 

Jusqu' alors, j'était devant le caisson, en tête à tête avec la machine, yeux mi-clos, sourire de trippé aux lèvres. Puis je me tourne vers les autres. Tout ces danseurs, ces danseuses, certains qui bougent à peine, d'autre qui dansent à fond, ensemble. J'ai envie de les rejoindre, de danser avec eux. Je vis un moment que j'ai déjà expérimenté sous psyché. Dans le cyle de mort/renaissance, il y a le moment ou je prend conscience des autres - ou je passe d'un monde ou il n'y a que moi qui existe à un monde peuplé d'autres moi-mêmes. Difficile de s'arracher au caisson, aux yeux fermés, à la solitude parfaite, perdu dans la machine. Mais tout ces gens sont beaux, sont heureux, dansent si bien... Je les rejoint, d'abord timidement, puis je retrouve le rythme, je me perds dans la musique et dans la foule. Je croise des regards, je bouge, je souris, je rentre en trance avec les autres; sur ce putain de language des machines.

Air pur
Moi et mon pote sortons prendre l'air. Il est six heure. Quatre heures que je ne me suis pas assis, que je n'ai presque pas parlé. Quatre heures complètement perdu devant le son. J'ai beaucoup dansé devant des caissons, j'ai pris beaucoup de LSD mais j'ai rarement vécu ça.
 

ber74

Neurotransmetteur
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1 Avr 2020
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Sympa le report. Ca me rappelle des souvenirs qui semblent bien lointain.
 

Aiskhynê

Chatterrante acidulée
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25 Déc 2011
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4 112
Ça avait l'air bien :0
 

Cyceon

Neurotransmetteur
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23 Jan 2021
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74
Trop cool ton TR c'était super bien écrit ça rendait vraiment l'histoire chouette et dynamique, ça m'avait l'air bien chouette !!
 
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