back to the days :été 1996, la semaine de la mort de Tim Leary, teknival dans les collines au sud de Bologne, je suis descendu à la roots en stop et en fraudant le train, avec une très bonne amie. Le site est magnifique, collines, forêts, rivière à proximité...Sur place nous retrouvons des connaissances, dont une bonne copine (Souris, si tu es encore en vie et si par hasard tu tombes sur ce post, fais moi signe 
) qui nous vends illico presto de petits trips artisanaux, imprimés d'un coeur noir, qu'elle nous présente comme soft, ça tombe bien j'ai pas envie d'une grosse défonce out of control. Evidemment connaissant la meuf j'aurais du me méfier, mais bon bref...on gobe, et puis comme on en a plein les pattes de ce voyage interminable depuis Lyon, on file à la rivière toute proche faire trempette et se décrasser un brin...Premières vibrations, l'eau me parait soudain très huileuse, un brin dangereuse, légère confusion, quelque chose veut m'emporter. Je sors de la flotte ainsi que mon amie pour constater que la texture de la réalité s'est faite plus épaisse, plus colorée, plus dense, des formes kaléidoscopiques commencent à montrer leur nez dans les arbres et les cailloux, bon bon bon ! nous retournons gentiment vers le site du teknival, remarquant au passage la couleur éclatante des fleurs alentours, la présence très intense de la végétation...Ma pote va faire je sais plus quoi, bon, je me cale trankilement devant le son des Spiral pour me laisser emporter. Sauf que pas du tout. Un sentiment puissant de culpabilité, de malaise et de paranoia s'empare de moi, j'ai l'impression que les quelques personnes qui m'entourent peuvent lire dans ma tête et se foutent de ma gueule à cause du bad trip qui s'amorce, j'interprète tout de traviole, les regards, les sourires qui me paraissent malveillants, la musique qui veut m'emmener et m'aggresse...évidemment je fais tout ce qu'il ne faut pas faire, je résiste au trip, j'essaye de faire appel à ma raison, etc...etc...Ma copine revient et me trouve pas bien fiérot alors que pour elle ça s'annonce super bien vu le sourire qu'elle arbore...On décide d'aller se ballader dans les collines qui surplombent le tekos, histoire de zapper un peu. il fait bien chaud, on marche, on rencontre des gens hyper high et open, ça fait du bien mais je trippe toujours de traviole. des tas de questions existentielles se bousculent dans ma tête, et pourquoi t'es comme ci, et pourquoi t'es comme ça et gnagnagna, impossible de trouver la paix alors que le LSD monte, monte, monte ! Dans un coin de forêt mon amie me chope entre quatre yeux et me sors, d'un coup :"mais pourquoi tu te contentes pas d'être ?"
Shazam ! hallucinant ! cette phrase me retourne comme une crêpe, et d'un seul coup je retombe sur mes pattes, très perché mais du bon côté de la Force ! Un merveilleux sentiment d'enfance et d'innocence m'envahit tandis que nous errons aux milieux des arbres vivant et respirant. On atteint un point de vue d'où on peut admirer les collines alentour qui elles aussi ondulent et respirent tandis que des milliers de stimulis, bruits d'insectes, chants d'oiseaux, souffles de vent, en rythme, nous font hisser nos voiles intérieures, c'est parti pour un très lointain voyage, aourf, trop trop fort ! la nuit tombe doucement sur la campagne environnante, nous revenons lentement vers les sound systems, un son ambient jungle nous attire plus particulièrement, j'ai l'impression de n'avoir jamais entendu une musique aussi belle alors nous nous calons à proximité, notre premier but étant de bâtir un petit campement, avec un feu...J'ai l'impression de revenir à quelque chose de très primitif, l'homme originel essayant de bâtir un foyer pour s'abriter, et c'est comme si toute cette mémoire "préhistorique" était inscrite dans mes cellules, je peux presque la toucher...Cependant, pas moyen de faire partir le feu, ce qui est assez frustrant mais pas suffisamment pour casser le trip. Nous rejoignons donc un feu déjà établi où nous expérimentons un autre truc très primitif, une sorte d'amitié instinctive nous liant immédiatement aux personnes déjà présentes autour du foyer, une belle solidarité de perchés ...Là, un type fait tourner un jus d'orange "amélioré", nous y buvons prudemment, déjà bien partis que nous sommes...
Là le trip prends une tournure nettement mystique, assez difficile à raconter...Il y a des lucioles dans ces collines, qui se mettent à clignoter en rythme avec la musique, en rythme avec les ondulations de la terre, en osmose avec la grande vague intérieure qui nous emporte. La conscience de l'Unité de toutes choses, du grand mouvement cosmique où danse toute réalité, des trucs très lysergiques en fin de compte, dont on a entendu parler plein de fois, sauf que là c'est en train de nous arriver à NOUS, fusion douce mais inéluctable de toutes choses, tout serait donc en tout ? pfooouuuuu...Mon amie éprouve le besoin d'aller se promener seule dans les collines, je la laisse aller, l'univers est un endroit merveilleux et sûr, quand à moi je reste un bon moment assis près du feu avant de me décider à bouger aussi, littéralement je gambade, hyper euphorique, en osmose avec tout, je redescend vers les sound systems en bas des collines qui jouent plus hard tekno, acidcore...Arg, là une sale embrouille avec une meute de chiens de travellers que j'ai réveillés en envahissant innocemment leur territoire, là c'est pas très drôle, disons que s'il n'y avait pas eu un sound system avec du monde à proximité je me serais probablement fait bouffer (encore une sensation très primitive, être face à des prédateurs), mais même ça ne parvient pas à bousiller mon trip et pourtant j'ai rarement eu autant les jetons de ma vie, mais dès que je me retrouve en sécurité tout va nickel, d'ailleurs l'aube pointe, je squatte un autre campement où je me retrouve en synchronicité parfaite avec des gens qui ont vécu la même expérience du "Tout en Tout"...Le trip redescend doucement, je retrouve lentement la réalité ordinaire, mais je sais que ma conscience est définitivement modifiée. Le jour se lève, je retrouve mon amie qui a trippé comme c'est pas permis elle aussi, la chaleur s'installe dans la matinée, je reprends un "coeur noir" qui évidemment me fait moins d'effet mais me permet de rester dans ce mood, cette vibration spirituelle...Je ne rentrerai en France que le surlendemain, encore une fois à la roots, et seul, mon amie ayant décidé de se payer un petit road trip en Italie. Je payerai les pots cassés quelques semaines plus tards par une série de flashbacks super intenses, mais bon, voilà, c'était mon trip de la semaine où Timothy Leary est mort. :wink:
) qui nous vends illico presto de petits trips artisanaux, imprimés d'un coeur noir, qu'elle nous présente comme soft, ça tombe bien j'ai pas envie d'une grosse défonce out of control. Evidemment connaissant la meuf j'aurais du me méfier, mais bon bref...on gobe, et puis comme on en a plein les pattes de ce voyage interminable depuis Lyon, on file à la rivière toute proche faire trempette et se décrasser un brin...Premières vibrations, l'eau me parait soudain très huileuse, un brin dangereuse, légère confusion, quelque chose veut m'emporter. Je sors de la flotte ainsi que mon amie pour constater que la texture de la réalité s'est faite plus épaisse, plus colorée, plus dense, des formes kaléidoscopiques commencent à montrer leur nez dans les arbres et les cailloux, bon bon bon ! nous retournons gentiment vers le site du teknival, remarquant au passage la couleur éclatante des fleurs alentours, la présence très intense de la végétation...Ma pote va faire je sais plus quoi, bon, je me cale trankilement devant le son des Spiral pour me laisser emporter. Sauf que pas du tout. Un sentiment puissant de culpabilité, de malaise et de paranoia s'empare de moi, j'ai l'impression que les quelques personnes qui m'entourent peuvent lire dans ma tête et se foutent de ma gueule à cause du bad trip qui s'amorce, j'interprète tout de traviole, les regards, les sourires qui me paraissent malveillants, la musique qui veut m'emmener et m'aggresse...évidemment je fais tout ce qu'il ne faut pas faire, je résiste au trip, j'essaye de faire appel à ma raison, etc...etc...Ma copine revient et me trouve pas bien fiérot alors que pour elle ça s'annonce super bien vu le sourire qu'elle arbore...On décide d'aller se ballader dans les collines qui surplombent le tekos, histoire de zapper un peu. il fait bien chaud, on marche, on rencontre des gens hyper high et open, ça fait du bien mais je trippe toujours de traviole. des tas de questions existentielles se bousculent dans ma tête, et pourquoi t'es comme ci, et pourquoi t'es comme ça et gnagnagna, impossible de trouver la paix alors que le LSD monte, monte, monte ! Dans un coin de forêt mon amie me chope entre quatre yeux et me sors, d'un coup :"mais pourquoi tu te contentes pas d'être ?"Shazam ! hallucinant ! cette phrase me retourne comme une crêpe, et d'un seul coup je retombe sur mes pattes, très perché mais du bon côté de la Force ! Un merveilleux sentiment d'enfance et d'innocence m'envahit tandis que nous errons aux milieux des arbres vivant et respirant. On atteint un point de vue d'où on peut admirer les collines alentour qui elles aussi ondulent et respirent tandis que des milliers de stimulis, bruits d'insectes, chants d'oiseaux, souffles de vent, en rythme, nous font hisser nos voiles intérieures, c'est parti pour un très lointain voyage, aourf, trop trop fort ! la nuit tombe doucement sur la campagne environnante, nous revenons lentement vers les sound systems, un son ambient jungle nous attire plus particulièrement, j'ai l'impression de n'avoir jamais entendu une musique aussi belle alors nous nous calons à proximité, notre premier but étant de bâtir un petit campement, avec un feu...J'ai l'impression de revenir à quelque chose de très primitif, l'homme originel essayant de bâtir un foyer pour s'abriter, et c'est comme si toute cette mémoire "préhistorique" était inscrite dans mes cellules, je peux presque la toucher...Cependant, pas moyen de faire partir le feu, ce qui est assez frustrant mais pas suffisamment pour casser le trip. Nous rejoignons donc un feu déjà établi où nous expérimentons un autre truc très primitif, une sorte d'amitié instinctive nous liant immédiatement aux personnes déjà présentes autour du foyer, une belle solidarité de perchés
...Là, un type fait tourner un jus d'orange "amélioré", nous y buvons prudemment, déjà bien partis que nous sommes...Là le trip prends une tournure nettement mystique, assez difficile à raconter...Il y a des lucioles dans ces collines, qui se mettent à clignoter en rythme avec la musique, en rythme avec les ondulations de la terre, en osmose avec la grande vague intérieure qui nous emporte. La conscience de l'Unité de toutes choses, du grand mouvement cosmique où danse toute réalité, des trucs très lysergiques en fin de compte, dont on a entendu parler plein de fois, sauf que là c'est en train de nous arriver à NOUS, fusion douce mais inéluctable de toutes choses, tout serait donc en tout ? pfooouuuuu...Mon amie éprouve le besoin d'aller se promener seule dans les collines, je la laisse aller, l'univers est un endroit merveilleux et sûr, quand à moi je reste un bon moment assis près du feu avant de me décider à bouger aussi, littéralement je gambade, hyper euphorique, en osmose avec tout, je redescend vers les sound systems en bas des collines qui jouent plus hard tekno, acidcore...Arg, là une sale embrouille avec une meute de chiens de travellers que j'ai réveillés en envahissant innocemment leur territoire, là c'est pas très drôle, disons que s'il n'y avait pas eu un sound system avec du monde à proximité je me serais probablement fait bouffer (encore une sensation très primitive, être face à des prédateurs), mais même ça ne parvient pas à bousiller mon trip et pourtant j'ai rarement eu autant les jetons de ma vie, mais dès que je me retrouve en sécurité tout va nickel, d'ailleurs l'aube pointe, je squatte un autre campement où je me retrouve en synchronicité parfaite avec des gens qui ont vécu la même expérience du "Tout en Tout"...Le trip redescend doucement, je retrouve lentement la réalité ordinaire, mais je sais que ma conscience est définitivement modifiée. Le jour se lève, je retrouve mon amie qui a trippé comme c'est pas permis elle aussi, la chaleur s'installe dans la matinée, je reprends un "coeur noir" qui évidemment me fait moins d'effet mais me permet de rester dans ce mood, cette vibration spirituelle...Je ne rentrerai en France que le surlendemain, encore une fois à la roots, et seul, mon amie ayant décidé de se payer un petit road trip en Italie. Je payerai les pots cassés quelques semaines plus tards par une série de flashbacks super intenses, mais bon, voilà, c'était mon trip de la semaine où Timothy Leary est mort. :wink: