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"J'étais l'Amour sculpté dans de la chair."

flosol

Matrice périnatale
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10 Août 2015
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« Tous les mots s’allongent et forment de jolies phrases aux allures sensées, que je ne comprends pas*». (seule petite chose que je fus capable d’extraire de mon cerveau durant le trip…dommage car j’aime écrire.)


Trip report d’un soir de septembre.
Je demande d’ores et déjà pardon aux courageux lecteurs pour la longueur de ce récit.


Début de soirée chez R, le mec de J. Plus tard, nous sortirons.
Quelques hésitations sur le lieu mais mon dealer, rencontré dans l’après midi, m’a parlé d’une soirée prévue au «P.S», avec la garantie d’une bonne techno où tu tapes du pied avec bonheur. Ok !
Je les motive pour qu’on y aille, et nous voilà partis. Arrivés devant le club, longue file d’attente. Y’a pas mal de monde mais du monde qui ne me plait pas. La fille devant moi déblatère un flot de conneries permanent, du genre inépuisable, à en inonder tous les sillons de la terre. Je me trouve nulle de la juger, je ne suis personne, mais Dieu qu’elle est conne - ou qu’elle semble l'être (ah la divine comédienne !) Bon, les gens c’est bizarre mais passons. Je suis avec ma pote, son mec, on sort écouter du son et le reste ? Osef.

Avant de se ranger dans la file, nous prenons un trait de coke un peu plus loin dans la rue. Parenthèse : j’avais déjà pas mal tapé à ce moment là (2g à 3). Il est environ 2h30. Après le trait, j’avale discrètement un ecsta violet que j’avais coupé en 2 (je connais le produit, il est assez fort pour moi alors j’y vais tranquille). Mes potes n’en ont pas, ils n’en prennent pas. Du coup je le prends sans mot dire. (20-30min plus tard je goberai le reste).

On se met dans la queue, on attend, on attend puis on passe. Videurs un peu lourds, surement gentils dans le fond, à nouveau je juge (intéressant exercice que celui de se défaire du jugement). Nous voilà dedans : dites alleluia ! On paye l’entrée, sacs au vestiaire. Direction le bar pour un gin tonic gracieusement offert par R. Petit malaise : j’en ai horreur. Je me force un peu puis il finit mon verre. Ouf, je ne suis pas une grande buveuse.

Autre malaise, plus gênant cette fois : le son ne me plait pas. Trop bourrin, sans esthétique, sans profondeur. Je m’attendais à une techno épaisse et sombre, le genre de son dans lequel tu plonges pour t’y répandre et perdre pied. Mais en l'occurence, c’est un échec. Massif. On reprend un trait de C dans les chiottes. Je tape sans souci, pas de videur tambourinant à la porte en exigeant de sa grosse voix que vous sortiez. Je commence à être pas mal éclatée.

Je retourne vers mes potes et leur dit que je vais essayer de me mettre dans le son. Je décolle alors il me faut danser. Cependant je remue gauchement, sans plaisir. Rien ne me plait ! ni le club (première fois que je m’y rends), ni la population, ni le son. Mes potes se font des câlins, je leur annonce que je vais fumer une clope. On y va ensemble. Fumoir bondé, je me faufile, allume ma clope. Je pense au mec qui m’a dit que venir ici, surement que c’était pas sa meilleure idée. Puis je relativise ; « ma foi, qui vivra verra ». D’ailleurs si je le croise je pourrais lui réclamer le taz qu’il m’a oublié. Allez un mal « pour un bien ». Faut que j’essaye de le capter plus tard.

Un mec à l’air gentil (A.), petite boucle noir à l’oreille, s’approche. « Toi… tu es une fille qui aime la trance ! »
Je lui réponds que non, quand je l’écoute je me sens oppressée. Une gêne physique. On parle vite fait du son de ce soir. Je veux son avis. Il me dit que c’est pas mal, il me renvoie la question. Je lui confie ce que j’en pense puis bon, il finit par dire que c’est pas ouf. Il me demande ce que je fais après. After ? Bin non, j'pense pas. J'sais pas. J’appréhende les afters, souvent redescende de d, je trouve l’ambiance glauque et y regrette souvent ma présence. On change de sujet, on continue de parler, on s’entend bien.
Perso je suis def, lui est à jeun. Mais surement qu’il prendra quelque chose en rentrant.

Mes potes me retrouvent, on va bouger. Je les attends dehors avec A. Je prends son num.
Il veut que j’attende avec lui pour qu’avec ses potes (encore dans le club) nous partons ensemble. À pieds. 45 min. À 4h00. Dans le froid. C’est dead. Ultra dead. Je rentre avec ma pote et son mec en lui disant qu’il m’appelle quand ils arrivent, nous les rejoindrons. Lui ne croit pas que je viendrai, je lui dit que si. Allez see u !

Nous voilà repartis vers l’appart du début. On se pose, on parle, on rit, on tape, on fume. Moi je suis à l’eau depuis longtemps, ma pote boit une vodka shoueps. On parle, on tape puis A. me tel. Ils sont arrivés. On prend un dernier trait et nous voilà parties (on a lâché son mec dans le salon) deux rues plus loins chez « Rodo ». Moi je n’ai rencontré que A.
On se pose, ils sont sympa. Je roule un joint d’herbe. On commence tous à parler, ils écoutent du son chelou, de la trance (sourire.) Elle est bien présente ce soir ! Puis l’instant fatidique de la soirée se présente : « tu veux un tonc ? »
« Comment ? »
« Tu veux un carton ? »
« De Lsd ? »
« Oui. »
Lueur palpite dans mes pupilles. Je veux tester le lsd, depuis un moment. J’ai beaucoup lu dessus, quasiment tous les trip report que j’ai trouvé. J’ai vu beaucoup de docs sur les hallucinogènes, je lis sur ces substances qui amènent à « des états de réalité modifiée » comme dirait l’auteur. Bref ça me passionne. Et je suis renseignée.

A. voit que ma décision est prise. Je sais qu’il l’a vu !

Moi : « Ils sont dosés à combien ?
« 115 mico grammes.
« D'acc. Vous avez l’habitude de tester ce produit ? Je veux dire, il pas coupé avec des RC où d’autres acides ?

Le mec avec qui j’en parlais eu l’air soufflé de voir que j’étais pas une « pauvre fille qui teste un truc pareil sans en avoir aucune notion ». Cela dit je précise qu’une première fois reste une première fois. La mescaline c’était très fort, et ahurissant, mais même en ayant quelques expériences psyché à mon actif le Lsd reste une première fois.
Vraiment il a l’air content que je connaisse un peu, même sans en avoir jamais pris. Je prends le buvard que je dépose sous ma langue. Ma pote, singulière dans son genre, en prend la moitié. Et Dieu merci qu’elle n’ait pris qu’une moitié. Je l’avalerai d’ici 5 min.

On continue la papote puis GROSSE BLAGUE : les flics débarquent ! Il est 5h10 je viens de prendre mon premier carton, je suis largement pétée et un gus en uniforme bleu demande les papiers d’identité à Rodo. Lui gère visiblement, et nous restons silencieux dans la pièce voisine. Le flic finit par partir, on se détend. On attend qu’ils bougent (lui et con collège au bas de l’immeuble), puis on se motive pour aller chez un autre, mon nouveau pote A. Il habite à perpette, faut il y aller en bus. Je me laisse porter par le flot, et ma pote rentre chez elle.
En attendant le bus les mecs passent du son sur leurs tels. Oups oups oups c’est pas possible, de la trance, again. Je demande s’ils écoutent que ça lors du trip, ils répondent que oui. Mierda...ça ne va pas coller. J’ai trop besoin de musique mais pas de ce genre. Ma playlist m’appelle, je leur souhaite bonne soirée -merci/sorry et je rentre. De plus, l'idée de voyager sous Lsd en compagnie de parfaits inconnus (bien qu'ils semblaient sympa) n'était pas follement rassurante. Cette vulnérabilité qu'induit ce type de drogue, je ne veux la montrer, ni la partager avec des êtres que je ne connais pas. J'apprécie la solitude et la compagnie des autres n'ennuie souvent : autant de raisons qui m'ont amené à rentrer pour me mettre en mode cocon.
J’appelle ma pote pour qu’elle me rejoigne, pas de réponse. Elle déboulera chez moi en peignoir de bain, ses petites fesses nues dessous. Du grand J !

Avant qu’elle ne me rejoigne je m’étais bien installée dans l’appart : canap déplié, tapis coloré au sol, oreillers, jus d’orange pressé just in case, lumières douces. Je m’étais dit que j’allais triper seule et j’en étais assez réjouie. Ça m’embêtait que J ne soit pas là, j’avais peur qu’elle ne vrille un peu sans repères. Je lui souhaitais bonne chance, bon voyage, bonne claque, quand le téléphone sonne, sa voix au bout du fil me demandant si elle peut me rejoindre. Yes ! Et c’est à ce moment qu’elle déboule en peignoir.

On rit beaucoup, de gros fou rires, on commence à vraiment percher. On ouvre une fenêtre (son idée, l’idée de voir le jour me faisait peur) puis on aperçoit au bas de ma fenêtre, à deux mètres, une dame vêtue d’un pull vert, immobile. Extraordinairement immobile. On se marre comme jamais. Elle ne bouge pas, pas un bras, rien. Est-ce un humain ? Est-elle taillée dans de la pierre ? Vient elle d'ailleurs ? Mais nous voit-elle ? Nous entend-elle ?

On rit encore un temps, puis je m’en désintéresse. Je veux retourner à l’ambiance générale qui se dégage de l’appart. Nous nous sommes allongées sur le tapis et personnellement je me suis lassée happer. Au fond de moi je savais que ça irait, une confiance diffuse mais sincère. Je me suis ouverte comme les pétales d’une fleur qui s’éveille en tournant. Mon corps était allongé sur le sol, immobile (ma pote me disait « mais t’es morte ! Al bouge t’es morte ! ») mais j’étais les pétales d’une fleur rouge (je pense au coquelicot) qui s’ouvrent en un mouvement de spirale. Puis l’impression que ma peau se détachait, comme des fragments légers, des écailles scintillantes qui flottaient autour, et alors j’étais « ouverte », prête à tout recevoir pourvu que toujours je garde à l’esprit que la source du trip, c’est moi. (Les connaissances « théoriques » sur la drogue m’ont, je pense, aidé à bien vivre ce trip. Ça a pas mal manqué à ma pote je crois. Je me dis que pour certaines personnes c’est trop ; pas d'égalité face à la drogue)

J’ai vu des choses magnifiques, vraiment superbes, des choses moins belles, quelques images de zombies affreusement réalistes et hideux tout droit sortis de Walking Dead mais je rectifiais le délire avant que ça ne vrille trop et que tout cela ne devienne intolérable.

Ma pote prend beaucoup d’espace, elle me décrit ses hallucinations mais elle parle trop, elle commente tout. J’ai l’impression qu’elle veut garder un regard lucide sur ce qui se passe pour analyser et s’en marrer. Pour ne pas plonger corps et âme dans les hallu, les couleurs, les formes qui s'épousent et s'entrelacent et tenter de conserver une forme de détachement, de pensée analytique sur ce qu'elle vit.
Mais j’arrive pas à la suivre, je suis dans mes visions et quand elle me décrit les siennes qui ne ressemblent pas aux miennes j’ai besoin qu’elle se taise. Comment fait-elle pour comprendre ce qu’elle voit ? Elle me demande de lui parler pour que je lui raconte mais je ne sais pas ce que je vois. Des formes, des couleurs, des dessins indescriptibles tant ils bougent et sont lourds et riches de détails.
J’aurais aimé qu’elle sache un tout petit peu dans quoi elle s’embarque parcequ’à un moment j’ai vraiment cru que j’allais lui demandé de partir. Mais c’était naturellement impensable. Elle était avec moi, complètement trippée et moi tout aussi trippée. Nous allions composer ensemble et faire au mieux. Les heures ont coulé sans qu’on ait réellement conscience que le temps existe. L’idée du temps telle qu’il se présente (dans ses représentations communément admises sous nos latitudes) n’avait plus de sens. Le temps ? Cinq lettres rattachées les unes aux autres, rien de plus.

À un moment, nous sommes étendues sur le tapis, et je ne suis plus dans mon corps. Je ne suis plus dedans. C’était génial. Absolument génial. Je n’étais plus que le rond de ma tête, je n’existais que dans l’espace de ce disque. Je me suis vue une face à tête à de lune, irradiante et blanche; un astre souriant issu des plus belles nuits.

Quand J me regarde elle voit un burger, du fromage qui fond. Elle me décrit son hallu et je m’imagine être « l’esprit putride » dans le voyage de Chihiro… My god faut qu’elle arrête je ne suis pas ce tas d’odeurs infectent au corps coulant. Je la regarde lui dit : J, je te regarde mais je ne sais pas où tu es. Je ne sais pas ce que je vois ». C’est une tête de bouquetin avec des poils luisants et colorés qui se répandent sur son visage, je la regarde et ne lui trouve rien d’humain. On se regarde on délire beaucoup (je n’ose pas imaginer le putain de vacarme que nous avons causé) puis je retourne à un état plus introspectif.

Elle est rentrée à je ne sais plus quelle heure. C’était pas trop safe de sortir en pleine rue, en peignoir, à la tombée du jour, et l’idée qu’elle ait pu croiser des gens et leur regards souvent si durs et pleins d’incompréhension dans un tel était me remplit d’effroi. Mais enfin elle est rentrée, non sans mal mais saine et sauve. Amen, merci pour elle. Moi j’ai continué chez moi.

Le trip (montée- plateau- descente) à duré de 6h (ou un peu avant, j’ai pris le carton à 5h10) jusqu’à 18h. Je n’ai pas souffert en redescente mais n’ai pas trouvé ça agréable. Du tout. Comme une redescende de D avec son indécision poisseuse, son agitation permanente. Je n’étais plus qu’un asticot qui ne pouvait s’arrêter de remuer. J'ai le souvenir qu’à ce moment, je voulais être un tronc de corps humain, sans bras, sans jambes ni tête, pour ne plus bouger.

Puis j’ai levé mes yeux vers un rectangle de ciel bleu (brillante idée !), un bleu clair et doux et j’ai contemplé la lumière du soleil qui tombait comme une coulée (pas une coulée solide mais légère et aérée) de lumière d’or. Je ne sais pas combien de temps je l’ai observée, mais Dieu que je me sentais bien. J’étais l’Amour sculpté dans de la chair. Il y avait dans ce spectacle on ne peut plus simple et furieusement anodin une magie toute nouvelle et puissante. J’étais surprise, d’ailleurs, de retrouver un état d’une telle tranquillité après des heures à gigoter.

Ce fut une folle expérience, sans fausses notes.Un bon s&s est essentiel pour que tout se passe bien (le notre un peu bancal mais pas fatal). Du son qu’on aime et qui nous fasse vibrer.
Je réessayerai, peut-être seule ou différemment accompagnée. Mais certainement pas demain. Faut le temps de digérer, comprendre, se rappeler. Et encore…digérer.

Ah et je me souviens de quelque chose : quand j’étais au coeur du trip, c’est dingue mais j’avais l’impression d’avoir toujours vécu comme ça. J’ignore comment l’expliquer, mais comme si j’avais toujours vécu ou que je pourrai toujours vivre comme ça, dans cet état. C'est simple et beau, et... curieusement naturel.

Il me revient autre chose : ma pote n’arrête pas de demander comment ça s’arrête, elle bloque sur l’idée qu’elle va rester bloquée. Et l’idée boucle dans sa tête. « Aucune chance bb » lui dis-je (bien que je n’en fus pas moi-même convaincue) embrasse tout ce que tu vois. Pense pas à rester collée, pense juste à vivre et respirer ». Gros level… Je me demande si elle comprenait mes messages.
Je me demande si moi-même j’aurais compris mes propres mots. J’étais pas certaine de réussir à la détendre mais faisais au mieux. Bien qu’agaçante par moment (ou bien est-ce moi qui ai quelques difficultés) j’ai vraiment apprécié qu’elle soit là. Peut-être est-ce moi qui ai mal réagit ? C’est une bonne pote, je l’aime beaucoup.

Le Lsd c’est une passerelle. Voilà ce que c’est. Une porte, une ouveture, un chemin qui relie deux espaces, plusieurs mondes invraisemblables. À un moment j’ai cru voir ce qu’était la 'réalité'. Un bouquet de cheveux fins et légèrement irisés sur lequel passe en douceur mon doigt; un doigt qui n’est même pas un doigt à proprement parlé mais juste la sensation d’être un doigt, minuscule, qui se balade et saute de cheveux en cheveux ou d’un univers à l’autre. La réalité est une production de l’esprit. Rien n’existe en dehors de soi, je comprends ce que cela signifie.

En somme pour clore cet interminable récit, j’ai adoré l’expérience et remercie mille fois le ciel de l’avoir placée sur ma route. C’était pas gagné vu le commencement de la soirée. Je voulais de l’introspectif et je l’ai eu. Du délire. Quelques moments plus opprimants aussi, mais j’ai su gérer.
 

Psilosophia

Holofractale de l'hypervérité
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Intéressant, la manière avec laquelle tu déchiffres les malaises. Le jeu des convenances et du "je vais bien" peut prendre parfois des proportions assez incontrôlables. :unibrow:
 

Sludge

Holofractale de l'hypervérité
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17 Sept 2011
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Super trip report. :)
Tu gères bien le trip, le set&setting pour que tout se passe bien, tu sais rectifier ta pensée comme il faut pour garder un certain contrôle, tout en sachant lâcher prise ! Géant. :)

J'ai ri en lisant le passage sur la Trance, ma chérie détestant aussi ça, alors que des amis ont tendance à systématiquement en mettre sous trip.
 

Sandman

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J'ai vécu un trip similaire hier soir avec une crêpe au Nutella.
 

Plante Verte

Alpiniste Kundalini
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Cool ça faisait longtemps que j'avais pas lu un TR. T'as l'air d'avoir le bon état d'esprit pour en profiter sainement, ça fait plaisir !
 

flosol

Matrice périnatale
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Merci : )
 
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