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Golden Teacher - Cela aussi changera

L'huitrerampante

Glandeuse pinéale
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4 Juin 2016
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Holà tout le monde, ça faisait un petit moment que j'avais plus rien écrit sur le forum, même si je passe tout les mois environ pour le lire, étant maintenant dans une relation sérieuse j'ai moins de temps à passer devant mon écran d'ordinateur, ma consommation reste toujours occasionnelle (elle à un poil diminuée), mais si j'écris moins c'est que j'ai pas mal voyagé en amoureux, il en ressort des moments très agréables mais aussi très intimes et personnels, qui ne gagnent pas à êtres partagés sur la grande toile. 
Je tenais quand même à raconter celui-ci, qui est un peu plus général même si vécu en couple et qui m'a visuellement marqué.
En vous souhaitant une bonne lecture ;)

 
Cela aussi changera:
 
Nous somme fin mai et presque toute la neige a fondu.
Myrtille et moi, après un temps trop long sans avoir pris de temps uniquement pour nous deux, et en prévision d'un mois de juin chargé, avons sautés sur les quelques jours de pause que nous offrait le pont de l'ascension pour se retirer à la bergerie.
Arrivés le mardi soir tard, juste après un bel orage nous avons dormis comme deux loirs, lovés l'un contre l'autre dans le ventre molletonné de la bergerie.
Je sens un besoin de me recentrer.
 
Nous étions venus avec l'intention de consommer le reste de champignons que mon frère m'avait donné peu de temps en arrière.
Ce sont de forts jolis psylocibes cubensis de la variété ''Golden teacher'', variété que je n'ai encore jamais expérimenté.
Nous décidons de les ingérer dès le mercredi matin afin d'avoir encore du temps de repos après l'expérience, de s'éviter un trop brusque retour à la civilisation.
Il y a une douzaine de spécimens de tailles variées, que je sépare au mieux en deux moitiés.
Si j'ai une certaine expérience du LSA et une bien plus modeste des champignons à psylocibine, pour ma tendre, qui a déjà quelques voyages au LSA à son actif, ce sera une découverte de ces derniers.
 
 
Nous sommes à jeun et il est environ onze heure du matin quand nous ingérons lentement nos champignons, encore une fois, la texture en bouche et le goût subtil me rappellent une chair, et je ne peux m'empêcher de repenser au terme de ''chair des dieux'' qui est régulièrement employé dans la littérature psychonautique pour qualifier les champignons à psylocibine.
 
Je compte que nous ayons entre une demie heure et une heure avant le début de la montée, ainsi je décide de replier avec l'aide de Myrtille une grande bâche que nous avions mise à sécher au réveil.
Elle est étendue en plein milieux du pré, sous les rayons ardents d'un soleil proche de son zénith.
Le ciel est au bleu fixe et je me sens déjà la tête un peu plus légère qu'à l'habitude.
J'avais sous estimé le fait d'être à jeun et l'effort me parais bien coûteux pour accomplir cette tâche pourtant aisée. Dès que la bâche est repliée, Myrtille se sens mal, son visage a pâlit. Elle a aussi des maux de ventre et me demande si j'ai déjà des effets, ils sont encore très peu perceptibles pour moi.
Je ne suis pas inquiet outre mesure et espère sincèrement que sa montée ne sera pas trop violente.
Elle part rapidement s'allonger au bout du pré et je la rejoins vite, avec matelas et coolvertures, eau et fruits secs.
 
En arrivant vers elle, je sens une puissance sourde monter en moi, elle est prostrée, visage fermé, je sens qu'elle passe un mauvais quart d'heure. A mon ton un poil inquiet, elle répond d'un grognement affaiblit qu'elle espère ne pas se sentir mal comme ça tout le long et que les effets sont quand même violents.
Je sens que je n'ai pas d'autre option que de la laisser gérer cela en solitude, dans le silence, je ne veux pas l'étouffer ou l'oppresser. Aussi je m'allonge à une petite distance d'elle et commence à observer le paysage.
Les couleurs sont plus éclatantes, les contours plus nets, les rayons du soleil diffractés par les bords aigus des aiguilles de pins me semblent être des gemmes aux irridescences d'arc-en-ciel, tout cela est d'une beauté saisissante.
Mon ventre est lourd comme une pierre et mon corps anxieux.
Je ferme les yeux et je me retrouve plongé, immergé dans un indescriptible univers composé d'un entrelacs inextricable de formes géométriques en plusieurs dimensions. Le niveau d'immersion et la profondeur de ces visions est incomparable à tout ce que j'ai déjà pu expérimenter en matière de CEV.
Le tout est encore une fois d'une beauté à couper le souffle, intransmissible, ineffable. Les couleurs dominantes sont le jaune le orange et le rouge. Je me sens enveloppé d'une douce chaleur.
Dans la douceur hypnotique de ces visons cristallines et mouvantes je décèle une présnece bienveillante, elle me semble s'étendre jusqu'au confins de l'univers - divine – tout comme elle me semble faire partie de moi – mon moi profond qui s'observe.
Dans un relâchement de mon mental je sens mon corps se détendre complétement et les couleurs virent à l'or et au blanc, célestes et lumineuses. Les motifs, toujours aussi complexes et imbriqués, semblent être le reflet de ma pensée, de mon être, de ma vie, de l'infiniment complexe simplicité de l'univers. Je sens que cette présence multiple sous-jacente prends soin de moi. Je reste dans cet état de béatitude pendant une petite éternité, je me sens régénéré en profondeur.
J'ouvre les yeux et demande alors à ma douce comment ça se passe et si elle voit de jolies choses. Elle me répond qu'elle va bien mieux, elle m'explique qu'initialement elle se sentait physiquement mal, qu'elle avait peur que ce mal être perdure tout le long, la puissance de la molécule l'a beaucoup surprise aussi. Mais elle est arrivée à la conclusion que de toutes façons, les champignons étant dans son estomac et la machine enclenchée, elle n'avait pas d'autre choix que d'accepter ce qui lui arrivait et de se laisser aller à l'expérience, aussi intense soit-elle. Dès que cette pensée libératrice fût émise par son cerveau, elle se sentie nettement mieux.
Pendant mes visions des mots tels que ''c'est beau'' se sont régulièrement échappés de nos bouches émues. Elle aussi a eu des visuels impressionnant de beauté. De ce que nous avons pu en restituer, ils semblaient être du même ordre que les miens : aux couleurs de pierres précieuses et à l'architecture kaléidoscopiques.
 
La sentant bien mieux, je décide d'aller faire un petit tour à la source, elle préfère rester allongée.
Une violente tempête à sévit cet hiver et des dizaines de pins ont étés soit déracinés, soit brisés net par la violence des rafales. En passant devant l'un d'eux, couché sur un petit tilleul à l'orée du champ, sa mort me frappe, il me semble se détacher très nettement du reste de la forêt, je perçois avec évidence qu'il n'y a plus aucune vitalité dans ce bois, c'est aussi frappant que l'irruption d'un personnage de cartoon dans un film. Je me dit qu'il faudra que je le débite au plus vite tant il jure avec le reste du paysage.
Chemin faisant, je pense à Jean, l'homme qui a fait de ce lieu, avec sa compagne, ce qu'il est aujourd'hui après avoir racheté une vacherie en ruine il y a plus de quarante ans. Je connais ce personnage aux milles vies depuis mon enfance. Il parle et dit les choses comme nulle autre personne que je ne connaisse, et si je l'ai considéré une partie de mon adolescence comme un père spirituel, je m'aperçois en marchant que je le considère en fait maintenant comme un véritable ami, dans le sens le plus noble que ce mot puisse revêtir.
Je suis sincèrement heureux que l'on se connaisse, de notre relation et ému d'être l'ami d'une personne de plus 80 ans.
La source est toujours aussi belle, les visuels yeux ouverts sont assez calmes, je ne ressent que très peu le côté organique et respirant de la nature qui avait marqué jusque là mes voyages champignonesques.
Je me sens calme et apaisé.
De retour auprès de ma tendre nous échangeons quelques mots et assez vite revenons à notre contemplation intérieure.
Assez vite je me met à penser à divers aspects de ma vie, de ma personnalité, aux choix et actions que j'ai pu effectuer. Tout cela prend forme et se déploie devant mes yeux en une carte interactive ou j'embrasse d'un seul coup d’œil tout les aspects de ma vie.
Je perçois avec une clairvoyance et une clarté inédite aussi bien mes défauts que mes qualités et je ressens comment mes trait de personnalité ont évolués au cours de ma vie et comment ils peuvent évoluer dans le futur. Je prends conscience que tout ces changements se font de manière subtile, jours après jours en fonction de notre état d'esprit, nos traits de caractères paraissent ainsi de prime abord figés et statiques mais ils sont en fait perpétuellement remodelés, en changement, comme le lit d'une rivière.
Je m'aperçois aussi que cette réflexion s'étend à toutes choses, le monde extérieur paraît assez statique dans le présent : un arbre, l'aspect d'une personne, une pierre, mais jours après jours, tout change, qu'on le veuille ou non ! Et aucune chose n'est jamais identique à ce qu'elle était avant. Suivant les phénomènes, ces changements sont bien évidement plus ou moins perceptibles ou subtils, mais il n'en reste pas moins que tout change tout le temps, c'est il me semble ce que les bouddhiste conceptualisent comme ''l'impermanece des phénomènes''. Et il est aussi vain qu'illusoire de se raccrocher à une conception d'un monde globalement figé et statique.
Tout est malléable, même ce qui semble immuable.
C'est en tout cas le tableau qui s'étend devant mes yeux fermés et que je verbalise à ce moment comme : L'immualéabilité de toutes choses.
Cet état de fait peu sembler tautologique, mais en prendre conscience en profondeur m'a amené à faire évoluer le regard que je porte sur le monde, sur le fait de vieillir ou que chaque individu, peu importe son passé et ce qu'il est, peut changer (en bien comme en mal suivant l'état d'esprit qui l'anime au quotidien) par exemple.
 
Ensuite nous discutons un peu Myrtille et moi, les effets s'estompent déjà un petit peu, elle a réfléchit au bonheur et est arrivée à la conclusion que l'état d'esprit que l'on a, avec lequel on appréhende les choses détermine notre bonheur et notre qualité de vie. Une même chose ou situation, suivant l'état d'esprit avec lequel elle est vécue peut aussi bien apporter joie que tristesse, bonheur que malheur.
Elle composera d'ailleurs quelques mois plus tard, dans le même lieux, un petit poème, quintessence du cheminement de la pensée.
 
Que la forêt me semble hostile
Quand le temps s'assombrit
Que la forêt me semble accueillante
Quand la lumière l'éblouit
 
Et si nous changions d'état d'esprit
Pour voir une Beauté infinie.

 
Au moment de notre voyage, elle à comme exemple direct sa montée, elle a acceptée de se laisser aller à l'expérience, ce qui lui a valu un voyage enrichissant et agréable, résister et s'opposer à la molécule en pensant son mental de toute façon supérieur à ces petits champignons ( la petite voix de l'égo) l'aurait conduit à avoir une expérience certainement plus désagréable et potentiellement traumatisante.
Je ne suis on ne peut plus d'accord avec sa réflexion, que je partage de bout en bout.
 
Ensuite nous sommes chacun repartis dans nos boucles de pensées respectives, échangeant de temps à autre nos impressions. Écrivant ce voyage plusieurs mois après qu'il ait eu lieu je ne me souviens plus bien de ce à quoi nous avons pu penser à ce moment là de l'expérience, en tout cas à rien d'aussi marquant que ce qui a précédé.
Le reste de la descente s'est passé sans encombres, dans la douceur paisible d'une belle après midi de mai, et après un gros plat de pâtes préparé amoureusement le soir, nous nous sommes endormis sur nos deux oreilles.
 
 
En conclusion, je dirais qu'ingérer des champignons après seize heures sans nourriture a sensiblement modifié l'expérience ; montée très abrupte qui s'est amorcée vraiment rapidement, pic d'intensité plus élevé et descente bien plus rapide. En effet entre l'ingestion et la fin des effets il ne s'est écoulé que quatre heures.
Ce voyage fut pour moi l'un des plus intense (même si le pic fût de courte durée) et le plus incroyable visuellement, encore une fois il s'est produit beaucoup plus de choses que ce que j'en écrits, des choses au delà des mots, qui court-circuitent le chemin habituel de la pensée réfléchie, qui passent par des canaux bien plus profonds que ce que le mental peut appréhender.
J'en suis ressorti apaisé tant sur le plan physique, mental qu'énergétique, avec le vif sentiment d'avoir pris soin de moi.
 

Tridimensionnel

Holofractale de l'hypervérité
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27 Avr 2016
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7 251
Merci pour ce joli TR, apaisant à lire... ça a l'air chouette, par chez toi.
 
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