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Du monde des rêves au jugement dernier -champignons, ketamine, 3mmc, weed puis salvia

Earlybath

Matrice périnatale
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7 Mar 2023
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Bonsoir à tous ! J’aimerais vous partager mon trip report de la semaine passée tant il m’a été sensationnel sur bien des aspects. 

Je précise que je n’incite absolument pas à mélanger des substances, j’ai beaucoup d’expériences mais le danger ne disparaît pas pour autant.

  • Substance(s) – champignons hawaïen, ketamine, 3mmc, weed puis Salvia divinorum après la descente
  • Dosage(s) – 2,5g champignon, 2-3 traces de K (forte tolérance)
  • Corpulence – 157m / 44 kilos 
  • Set (état d’esprit) – en vacances loin des problèmes donc plutôt bon !
  • Setting (environnement) – en confiance avec ma meilleure amie chez un ami à elle que je rencontrais la veille, appartement inconnu 
Mardi 28 février 2023, Lyon. Nous décidons mon amie Louise et son ami Damien de prendre des champignons hallucinogènes hawaïen aux alentours de 15h30.  2,5 grammes pour ma part, une dose plutôt forte compte tenu de la variété de ces champignons et de ma corpulence. Comme à leur habitude, les effets de ces derniers arrivent assez vite, pour moi et de manière très douce contrairement à mon entourage. Entre nous nous ne sommes pas très sociables et je m’ennuie vite des effets finalement très légers que me procurent les psylo.

Après une ou deux heures, je prends conscience que je n’irai pas plus loin et je décide de prendre une trace d’un mélange de ketamine et de 3mmc qu’il me restait d’une soirée antérieure. La trace me redonne un regain d’énergie certain, j’ai besoin de communiquer de bouger frénétiquement mais je me sens plus avenante et beaucoup moins coincée. Louise est complètement prise par sa perche, la communication est compliquée mais le moment est agréable tandis que Damien s’est isolé pour prendre un bain. À son retour, je redrop mais cette fois ci il ne reste que de la ketamine. Je pensais alors ça ne m’apporterait rien de plus puisque cette substance ne me faisait dernièrement plus aucun effet. Mais me voilà surprise quand je sens la douce enivrance de la ketamine me traverser tout le corps exactement comme j’aime l’apprécier. À partir de ce moment, garder les yeux ouverts ne présente plus aucun intérêt tant je prends conscience de l’immensité de mon imagination, malléable, intense à la limite du tangible. Je vais où je veux, les couleurs sont incroyables, je vois certains de mes amis qui ne sont pas présents. J’ai dû mal à comprendre que nous ne sommes que trois car je suis dissociée et que les voix viennent de toutes part. Des ombres qui tendent les bras semblent vouloir m’atteindre mais aucune crainte ne se fait ressentir. Je vois Tokyo et ses marchés étroits, voyage dans des transports en commun futuristes dans un monde cyberpunk à une vitesse folle, je me sens forte. Je suis alors émue, émerveillée, je ne trouve plus les mots.

Malgré ce voyage intense et ma volonté de me laisser aller complètement afin d’en voir toujours plus, une forme de frustration m’accompagne tout du long où je m’efface et me déshumanise complètement comme pour laisser la place à une autre entité qui aurait pris possession de mon corps afin de vivre l’expérience. J’avais donc ce sentiment constant de vivre mon trip par procuration sans jamais réussir à atteindre le lâcher prise ultime qui m’extirperait totalement de la réalité. Réalité que je refusais de voir en ouvrant les yeux puisque l’appartement dans lequel je me trouvais ne présentait plus aucun intérêt tant les possibilités que m’offrait cet univers démesuré étaient infinies, magnifiques et inattendues. Malgré ce sentiment que ça aurait pu être toujours plus intense et l’envie que j’avais de rester dans ce monde magique, la redescente se fait douce et sans angoisse. 

Une fois remise de mes émotions, Damien me propose de tester la Salvia Divinorum concentrée X40. J’ignore le dosage. Je me lance alors avec courage sans trop réfléchir, désireuse de découvrir un produit que je voulais goûter depuis un bon moment.

Assise sur le canapé, je tire alors sur la pipe et remplie mes poumons en gardant la fumée le plus longtemps possible. Je relâche et Damien me dit assez rapidement que je n’ai pas beaucoup d’effets ce qui me fait penser que je n’en aurai pas. J’annonce finalement que je ressens les effets d’une bonne beuh puis je sens mon corps s’avancer mécaniquement vers l’avant tel un lent départ de montagnes russes. La sensation est particulièrement amusante et je compte bien faire rire mes amis. Je rigole alors, ma tête part vers l’arrière puis la ramène vers l’avant. Damien stoppe mon front avec sa main et c’est là que tout bascule. Je n’ai brutalement plus aucun souvenir d’avoir pris quelconque substance ni de la raison pour laquelle je me trouve dans cet appartement. Je ne cherche d’ailleurs pas à le comprendre et ne laisse place qu’à l’incompréhension. Assise, la pièce continue d’avancer jusqu’à faire des tours sur elle même. Je me sens coincée dans un engrenage infini dans lequel je serai contrainte de rester pour l’éternité. Je me lève subitement, persuadée que je ne suis qu’une petite partie d’un tout et que je vais devoir participer avec plusieurs Louise et plusieurs Damien au fonctionnement de quelque chose de plus grand, une personne composée de plusieurs petites personnes. Je ne suis donc pas une vraie personne et Louise n’est qu’une Louise parmi tant d’autres. Je n’hallucine ni ne suis défoncée et suis donc convaincue que la vérité s’ouvre à moi comme si la réalité telle que nous la connaissons n’avait été qu’un vaste mensonge. Terrorisée par ce qu’il m’attend et dans le dénis, je refuse de poser des questions concrètes à mon entourage et me contente de paniquer en demandant ce qu’il se passe et pourquoi on me fait ça. Louise et Damien essayent de me calmer mais leur réaction m’inquiète encore plus puisque je les vois me sourire en me répétant en boucle de venir avec eu et que tout ira bien sans ne jamais répondre concrètement à mes questions. Je suis alors certaine que plus aucun dialogue n’est possible avec eux, comme s’ils essayaient de m’en dire le moins possible en essayant de me tirer vers eux afin que je participe à ce cauchemars. Je n’ai plus aucune confiance en ces personnes et ne reconnais plus mon amie, je lui demande sans cesse pourquoi elle me fait ça et suis incapable de l’écouter me raisonner. Je me fais un film et suis convaincue que toute la noirceur que je n’arrive pas à extérioriser enfouie au fond de moi a été révélée au grand jour, le karma frappe enfin. Je fais face à une sorte de jugement dernier et sais au plus profond de moi que je mérite ce qu’il m’arrive, j’ai toujours été un imposteur et cette partie de moi a été révélée. Ma vie s’arrête là, je suis en enfer et suis condamnée à participer au bon fonctionnement de cette chose plus grande que moi. Je ne suis plus rien, une pièce parmi tant d’autre. C’est ma peur d’être comme tout le monde qui se matérialise. Mon ego est dissous, je n’ai aucun argument de défense mais me refuse à accepter mon sort. Persuadée que les rideaux vont s’ouvrir laissant place à un public qui se rit de moi et que je suis probablement filmée, je sors de l’appartement dans l’espoir de retrouver un monde authentique, loin de cet appartement qui n’était pour moi qu’une vaste blague, un studio monté de toute pièce. Mes amis me ramènent à l’intérieur ce qui me fait penser qu’il n’y a rien autour, je me sens trahie, dupée et humiliée. Prise au piège, je suis littéralement pétrifiée et réalise que jamais je n’avais ressenti la vraie peur avant ce moment précis. L’effroi pouvait se lire sur mon visage, je suis le dindon de la farce.

En rentrant dans l’appartement je questionne finalement Louise sur mon état de santé (« je suis folle c’est ça ? ») puis éprouve un profond sentiment de déjà vue. Mon mental prend alors en compte une nouvelle réalité, je suis folle depuis toujours et suis un fardeau pour mes amis et ma famille qui ont à faire à une nouvelle crise psychotique de ma part. J’ai alors accès à une nouvelle lucidité, une nouvelle vérité tout aussi effrayante, je suis probablement en hôpital psychiatrique et Damien est un membre du personnel. Je dis à Louise que je sais que nous avons déjà vécu ce moment afin qu’elle comprenne que je suis sortie de ma psychose. 

Après ça, j’arrive à entendre que j’ai pris un psychédélique et que tout va bien, j’ai dû mal à y croire après avoir été convaincue que ma vie s’arrêtait ici. Je redescends, prends mes amis dans les bras tout en étant très cohérente dans mes propos alors que je m’apprête à leur expliquer concrètement ce que je venais de vivre. Je suis sous le choc, je craque, pleure et raconte cette histoire terrifiante en versant toutes les larmes de mon corps. Je ne peux m’arrêter de parler et ce lâcher prise me procure un bien être incomparable. 

Cette expérience m’a confronté à ma condition d’humain la plus médiocre. L’univers et le monde tel que nous le connaissons n’étaient qu’illusion, toute mon existence avait été orchestrée depuis le début, mes proches en étaient complices et tout ce que j’avais pu faire ou penser avait été révélé afin que je fasse face à l’effroyable et unique vérité. On me révélait enfin ce que l’on m’avait réservé après m’avoir fait croire à un mode de vie qui avait existé dans le seul et unique but de me juger. 

Cette expérience me fait penser que la vérité dans laquelle nous croyons évoluer n’est qu’une perception de la réalité mais que cette dernière présente plusieurs facettes impossibles à voir tant notre monde est construit et structuré afin que nous vivions dans l’illusion la plus rassurante possible. 



J’ai été étonné de la puissance de cette plante qui reste la substance la plus hard que j’ai tapé en 10 ans et j’en ai vu ! Renseignez-vous et soyez prêt !

Merci à ceux qui ont tenu jusqu’ici ! 
A très vite :)
 

Sorence

zolpinaute de la sapience
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11 Oct 2022
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Salut ! Merci pour ce TR à la lecture très fluide, tu mets des mots simples et efficaces sur des ressentis d’une grande complexité. C’était agréable à lire.
La salvia donne souvent cette impression de non-sens et d’être piégé dans une boucle, d’une certaine manière ce que tu as vécu est normal même si ça a dû être très choquant.

Tu voudrais bien en dire davantage sur ta conclusion sur la réalité ? J’ai l’impression qu’elle peut être comprise de plusieurs manières différentes. Tel que je le comprends (et dans de cas je serais d’accord), notre cerveau nous construit (ou tente de) une perception la plus rassurante possible afin de nous permettre d’avancer dans la vie, mais des perturbateurs montrent d’autres facettes de la perception qui ne sont pas forcément agréables.
 
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10 Sept 2011
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Salvia en descente de psyché, ça part assez facilement dans ce genre de considérations (pas faciles à expliquer d'ailleurs, tu t'en tires très bien, personnellement c'est tombé à un moment où j'avais la flemme de faire ça à l'écrit)... pour le meilleur comme pour le pire. tu as bien fait de faire ça en étant bien accompagnée (pas comme moi).

P.S. : Pour faire mon relou, je vais faire ma propagande traditionaliste/RDR pro-chique... mieux vaut à mon sens commencer par la Salvia mâchée sans combo, comme chez les Mazatèques.
 

PSYCHOCRACK

le gros con avec une chaussure noire
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oui comme dit sorence c'est normal ta du encore forcer la dose, comme beaucoup.

"t'en à trop pris , trop pris"

las vegas parano.

on peut avoir des effet petit en fumant, pas besoin de chique, par contre avec du x40 il faut une balance 0.001
 
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Biquette

Modo vache qui rend chèvre
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5 Fev 2013
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Bien écrit tout ça, merci de me confirmer que la salvia sur un disso c'est un aller simple vers la psychose, à éviter. Tu as bien retransmis ce feeling que j'ai avec des hautes doses de K, où l'on passe dans les coulisses de l'univers et chaque mouvement participe à perpétuer la Machine. Avec l'effet manège de la sauge ça paraît très déstabilisant
 

Earlybath

Matrice périnatale
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7 Mar 2023
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Sorence a dit:
Salut ! Merci pour ce TR à la lecture très fluide, tu mets des mots simples et efficaces sur des ressentis d’une grande complexité. C’était agréable à lire.
La salvia donne souvent cette impression de non-sens et d’être piégé dans une boucle, d’une certaine manière ce que tu as vécu est normal même si ça a dû être très choquant.

Tu voudrais bien en dire davantage sur ta conclusion sur la réalité ? J’ai l’impression qu’elle peut être comprise de plusieurs manières différentes. Tel que je le comprends (et dans de cas je serais d’accord), notre cerveau nous construit (ou tente de) une perception la plus rassurante possible afin de nous permettre d’avancer dans la vie, mais des perturbateurs montrent d’autres facettes de la perception qui ne sont pas forcément agréables.

Salut à toi et merci pour cette réponse :) Je n’avais pas les notifications je ne pensais pas en avoir reçu.  

Effectivement j’ai été chiner quelques TR sur la Salvia et le fait de se sentir piégé et de découvrir une réalité plus réelle que celle dans laquelle nous nous trouvons est assez récurant. 

Concernant ma perception de cette dernière, je garde en tête qu’il est en effet possible que notre cerveau tente de nous rassurer au mieux afin de l’affronter mais qu’il s’agit d’un travail d’équipe avec la société dans laquelle nous sommes contraint de vivre. J’avais eu affaire à un méchant bad sous truffe qui avait commencé avec cette réflexion de me dire que nous ne valons rien en tant que seuls êtres humains tant nos opinions, nos goûts et toutes nos pensées étaient influencées par ce que la société nous montrait. Sans toutes ces influences que nous côtoyons à chaque instant quelle personne serais je ? Qu’est ce que je ressentirais, comment je m’exprimerais, quelle serait ma valeur ? Qui suis je réellement en tant que « moi » ?

J’ai repris de la Salvia il y a quelques jours afin de savoir si elle pouvait m’apporter quelque chose de différent tant mon trip était spécifique.  
Je suis repartie exactement dans le même délire en fumant simplement la feuille. Ça m’a fait un reminder direct. 
Mon appartement était faux et j’avais du mal à reconnaître mon copain. Je savais que j’avais pris de la Salvia donc je n’avais clairement pas aussi peur et j’évitais de me concentrer sur cette boucle dans laquelle je risquais de retomber. J’ai dû demander à mon copain de m’assurer qu’il était bien lui, que c’était dans ma tête et que rien de tout ça n’allait recommencer. Je me suis sentie folle mais j’avais besoin d’être rassurée :’)

Mon appartement s’ouvrait, le monde s’ouvrait. J’ai l’impression d’avoir vu et entendu des choses que je n’étais pas censé savoir et à mesure que le temps passait le monde (le vrai pour moi, la seule et unique vérité) que j’avais vu aussi terrifiant soit il se refermait pour me remettre dans le faux monde de la réalité rassurante dans lequelle le on vit… 

Du coup j’ai encore envie d’y retourner parce que je me dis qu’une autre réalité beaucoup plus pure existe (mais du coup très dure à accepter du fait qu’elle nous fait sortir de notre zone de confort). 

Voilà j’espère avoir répondu au mieux ;)


TristesPsycho a dit:
Salvia en descente de psyché, ça part assez facilement dans ce genre de considérations (pas faciles à expliquer d'ailleurs, tu t'en tires très bien, personnellement c'est tombé à un moment où j'avais la flemme de faire ça à l'écrit)... pour le meilleur comme pour le pire. tu as bien fait de faire ça en étant bien accompagnée (pas comme moi).

P.S. : Pour faire mon relou, je vais faire ma propagande traditionaliste/RDR pro-chique... mieux vaut à mon sens commencer par la Salvia mâchée sans combo, comme chez les Mazatèques.

C’est clair qu’il ne faut pas traîner pour rédiger son TR car malheureusement beaucoup de détails s’effacent à mesure que le temps passe. Et pour rien au monde j’oublierais une expérience pareille !

Et bien du coup j’ai foncé tête baissée sans savoir qu’il y avait plusieurs degrés de concentration mais j’ai acheté la feuille et de la X20. Tu pourras lire plus haut mon expérience avec. #jefaisleschosesalenvers aha


Biquette a dit:
Bien écrit tout ça, merci de me confirmer que la salvia sur un disso c'est un aller simple vers la psychose, à éviter. Tu as bien retransmis ce feeling que j'ai avec des hautes doses de K, où l'on passe dans les coulisses de l'univers et chaque mouvement participe à perpétuer la Machine. Avec l'effet manège de la sauge ça paraît très déstabilisant

Exactement ! Une expérimentation d’une crise psychotique. L’esprit est bien plus terrifiant que les mystères de l’univers selon moi…

J’ai beaucoup tripé solo sous K pour justement vaguer dans les coulisses de l’univers comme tu le décrit si bien et je vois exactement ce que tu veux dire !
 

Earlybath

Matrice périnatale
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Si l'évolution entre la moi peu expérimentée d'il y a 6 ans et la moi d'aujourd'hui vous intéresse, ci joint mon premier gros bad trip !

https://www.psychonaut.fr/Thread-Premier-trip-sous-truffes-6-ans-plus-tôt
 

Sorence

zolpinaute de la sapience
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Effectivement j’ai été chiner quelques TR sur la Salvia et le fait de se sentir piégé et de découvrir une réalité plus réelle que celle dans laquelle nous nous trouvons est assez récurant.

Concernant ma perception de cette dernière, je garde en tête qu’il est en effet possible que notre cerveau tente de nous rassurer au mieux afin de l’affronter mais qu’il s’agit d’un travail d’équipe avec la société dans laquelle nous sommes contraint de vivre. J’avais eu affaire à un méchant bad sous truffe qui avait commencé avec cette réflexion de me dire que nous ne valons rien en tant que seuls êtres humains tant nos opinions, nos goûts et toutes nos pensées étaient influencées par ce que la société nous montrait. Sans toutes ces influences que nous côtoyons à chaque instant quelle personne serais je ? Qu’est ce que je ressentirais, comment je m’exprimerais, quelle serait ma valeur ? Qui suis je réellement en tant que « moi » ?

J’ai repris de la Salvia il y a quelques jours afin de savoir si elle pouvait m’apporter quelque chose de différent tant mon trip était spécifique.
Je suis repartie exactement dans le même délire en fumant simplement la feuille. Ça m’a fait un reminder direct.
Mon appartement était faux et j’avais du mal à reconnaître mon copain. Je savais que j’avais pris de la Salvia donc je n’avais clairement pas aussi peur et j’évitais de me concentrer sur cette boucle dans laquelle je risquais de retomber. J’ai dû demander à mon copain de m’assurer qu’il était bien lui, que c’était dans ma tête et que rien de tout ça n’allait recommencer. Je me suis sentie folle mais j’avais besoin d’être rassurée :’)

Mon appartement s’ouvrait, le monde s’ouvrait. J’ai l’impression d’avoir vu et entendu des choses que je n’étais pas censé savoir et à mesure que le temps passait le monde (le vrai pour moi, la seule et unique vérité) que j’avais vu aussi terrifiant soit il se refermait pour me remettre dans le faux monde de la réalité rassurante dans lequelle le on vit…

Du coup j’ai encore envie d’y retourner parce que je me dis qu’une autre réalité beaucoup plus pure existe (mais du coup très dure à accepter du fait qu’elle nous fait sortir de notre zone de confort).

Salut ! Je trouve très intéressantes ces questionnements sur le "moi", à la recherche d'une identité qui serait pure, débarrassée d'influences.
Intéressant d'abord parce que c'est un questionnement existentiel vertigineux, mais aussi parce que c'est le fruit de notre époque, qui magnifie l'individu au détriment du communautaire. Nous sommes bombardés de messages invitant à se "reconnecter à son moi authentique", à "être original", "soi-même". C'est très paradoxal : nous sommes socialement incités à nous chercher une identité en-deça du social ; donc en ayant cette démarche d'épuration du social, nous agissons (même inconsciemment) pourtant encore tel que nous le prescrit le social. C'est encore plus vertigineux !

Voilà la réponse que je donne à ces questionnements, une réponse influencée par mes lectures philosophiques et sociologiques (en particulier, la sociologie interactionniste).
Le "moi" n'existe pas "en soi". Nous sommes la rencontre de dispositions personnelles et d'influences continues, il n'y a rien d'authentique en nous. L'identité est un récit, que nous nous racontons sans cesse afin de faire tenir ensemble nos multiples parties. Le "moi" pur est impossible à trouver : l'humain est fait pour interagir et se modifier. Quand on prive un enfant d'interactions, d'influences, quand on le laisse tel qu'il est (tout en survenant à ses besoins matériels) : il meurt. Et s'il survit, il souffre de graves déficiences.
Nous sommes artificiels, nous portons dans nos corps et nos esprits les marques de toutes nos rencontres, toutes nos expériences, et nous exprimons chacun à notre manière un peu de la société dans laquelle nous vivons.
Le vrai, l'authentique, ce n'est pas caché : c'est ce qui advient, ce qui survient. Nous sommes articificiels, oui, mais cela est réel, et cela a de la valeur. Ce n'est pas au fond de soi qu'on trouve la pépite de l'individu, mais à la surface, dans tout ce qu'on produit, dans nos interaction avec le monde.
Les hallucinogènes, en perturbant ce récit qui nous fonde, altère le sentiment d'identité, et ça peut être très effrayant.
Mais pour moi, ce n'est pas plus "vrai". C'est juste différent. un autre point de vue.

Nietzsche a dit:
Mais comment pou­vons-nous nous retrouver nous-mêmes ? Comment l'homme peut-il se connaître ? Ce sont là des questions difficiles à résoudre. Si le lièvre a sept peaux, l'homme peut s'en enlever sept fois septante sans qu'il puisse dire ensuite : « Cela est maintenant véritablement toi, ce n'est plus seulement une enveloppe. » De plus, c'est là un geste cruel et dangereux que de fouiller ainsi soi-même sa chair pour descendre brutalement, par le plus court chemin, dans le fond de son être. Comme il ar­rive facilement qu'on se blesse, sans qu'aucun médecin puisse nous guérir ! A quoi cela servirait-il, en outre, si tout témoigne de notre être, nos amitiés et nos ini­mitiés, notre regard et nos serrements de mains, notre mémoire et ce que nous oublions, nos livres et les traits de notre plume ? Mais il y a un moyen pour faire cette enquête importante.

Que la jeune âme jette un coup d'œil sur sa vie pas­sée et qu'elle se pose cette question : Qui as-tu véritable­ment aimé jusqu'à présent ? Qu'est-ce qui t'a attiré et, tout à la fois, dominé et rendu heureux ? Fais défiler devant tes yeux la série des objets que tu as vénérés. Peut-être leur essence et leur succession te révèleront-elles une loi, la loi fondamentale, de ton être véritable. Compare ces objets, rends-toi compte qu'ils se complè­tent, s'élargissent, se surpassent et se transfigurent les uns les autres, qu'ils forment une échelle dont tu t'es servi jusqu'à présent pour grimper jusqu'à toi. Car ton essence véritable n'est pas profondément cachée au fond de toi-même ; elle est placée au-dessus de toi à une hau­teur incommensurable, ou du moins au-dessus de ce que tu considères généralement comme ton moi.
 
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