Biquette
Modo vache qui rend chèvre
- Inscrit
- 5 Fev 2013
- Messages
- 4 874
Un trip qui s'est passé 18 mois plus tôt. Il n'est pas particulièrement intéressant, c'est plutôt une sorte d'avertissement. En effet, je ne me souviens grand maximum que d'une heure sur les 6h de trip, et ce dont je me souviens n'est pas des plus agréables.
Ce qui suit a la seule vocation d'être un trip report, au sens premier. C'est juste pour ajouter un grain de sable de plus au tas de TRs existants.
Set : envie compulsive de me droguer, ce sera ma 5ème prise de DXM mais la 1ère en solo. Je ne connais rien aux dissociatifs mais je suis poussé par suffisamment d'orgueil pour croire que je pourrais encaisser 10mg/kg comme quelqu'un d'expérimenté. Pas trouvé de jus de pamplemousse blanc. Ma dernière prise de dex remontait à une semaine seulement.
Setting : Dans mon bateau, environnement que je connais par coeur depuis 7 ans. L'ambiance est chaude, tout en bois vernis et décorations colorées. Il y a une enceinte de chaque côtés de la coque. Je m'étais préparé une petite playlist faite de chiptunes puis de rock prog.
J'ai pris ma dizaine de cachets et lancé la musique, un peu trop fort.
La montée a été rapide, j'ai très vite été désorienté. Allongé sur le canapé, je tâchais de fermer les yeux et sentais de plus en plus mon esprit se déconnecter. L'anesthésie était forte et j'ai commencé à ne plus me sentir respirer. Première fois que ça m'arrivait, je me suis montré effrayé par le phénomène, craignant la dépression respiratoire. J'ai donc commencé à respirer très fort, et l'hyperventilation qui en a découlé a fini de me désorienter. Complètement aspiré par la montée j'ai perdu tout contrôle. La musique, froide mais envahissante, a suivi un crescendo extrêmement douloureux.
Premier black-out.
Je suis « revenu » quelques dizaines de secondes plus tard, quand la musique s'est calmée. J'ai empoigné mon téléphone et suis parvenu à activer le magnétophone.
« OK JE SUIS DISSOCIÉ HARDCORE LA. SURTOUT N'OUBLIE PAS DE RESPIRER. DECRIS TES SENSATIONS. QUELLES SENSATIONS ? LE VENT EST TROP FORT. LE VENT PSYCHIQUE. WAAAAH. BOURRASQUES IMMATERIELLES CA TOUUURNE JE SUIS DISSOCIÉ JE NE COMPRENDS PLUS RIEN. N'OUBLIE PAS DE RESPIRER. C'EST HARDCORE LA. C'EST QUOI LES SENSATIONS ? *respiration forte* JE SAIS PAS JE SAIS PLUS. Avec mauvaise foi : C'EST ENORME. »
Ok. Pas bien glorieux tout ça. Je m'en rends à moitié compte et retombe de tout mon poids sur le canapé.
Second black-out.
Je rouvre les yeux et vois le canapé s'évaporer dans une spirale multicolore faite de cubes. Les cubes semblent être les briques de la réalité elle-même. Il y a trop de faces pour que ce soit des cubes. Des dodécaèdres. Qui s'envolent et s'écrasent contre une dimension supplémentaire, comme une pigmentation 2D sur un mur. Sur les faces de chaque polyèdres se trouvent des codes de référence. Mais les références à quoi ?
Je suis trop chéper pour faire preuve de recul, et je ne considère pas ce que je vois comme une hallucination mais comme une altération de la réalité physique.
Il y a aussi quelque chose qui me regarde. Un visage. Incrusté dans la réalité, comme si seul le décalage du dxm permettait de le voir.
Peur.
Troisième black-out.
Mon corps se lève avant que ma conscience reprenne le dessus et je cherche à changer de musique. Mes yeux ne pouvant se focaliser sur quoique ce soit, j'appuie simplement sur le bouton « suivant » que je parviens à attraper alors qu'il tentait de s'enfuir.
Plus de musique.
Je me dirige pourtant vers le canapé, et là c'est un morceau de psytrance qui démarre. J'avais complètement oublié en avoir glissé dans la playlist et je m'enfuis dans la cabine avant, n'ayant pas la foi de trouver comment changer de musique.
Je me cogne à tout ce qu'il m'est possible d'atteindre avec mes quatre membres en guimauve sur la distance d'un mètre me séparant de mon lit.
Même pas mal.
Je m'allonge, ne sais plus si j'ai froid ou j'ai chaud, mes sens sont retournés comme des chaussettes et je me tourneboule dans toutes les directions. J'essaie d'étouffer le son avec une couverture mais c'est peu efficace.
Quatrième black-out. Long celui-là. Je refais surface par moments, le corps agité de spasmes. Le BPM frénétique agresse mon corps comme des électrochocs. Je ne sais plus si le cerveau est dans les pieds ou l'estomac, si je suis allongé à l'endroit ou à l'envers. Ces notions n'ont d'ailleurs plus de sens puisque mon cerveau n'est plus connecté à ce type d'informations.
Bouillie psychique, épilepsie physique.
Je me réveille. Je crois que je m'étais endormi. Il n'y a plus de musique. Les 30min de psytrance et les 40min de rock prog sont passées sans que j'en aie conscience.
Moins perché mais quand même. Incapable de regarder et marcher droit, en mode plateau 2 hardcore. Je me débrouille pour retourner mettre de la musique car le silence de la pénombre est angoissant. Tout ce qu'il y a dans ma caboche est projeté sur les murs en toiles invisibles. Il y a d'autres présences. Elles ont toujours été là, avec moi.
Je vrille.
Aucune idée de ce que j'ai pu lancer comme musique, je sais juste que j'ai réussi à baisser le son, ça ne m'agresse plus.
Retourné sur le canapé, c'est là que je les vois.
Un jeune adulte assez beau, le regard pensif et profond, qui converse avec une femme. Une femme dont je distingue mal le physique mais qui semble extravertie, pleine d'humour et sensible. Dans un coin, une silhouette assise, faite d'ombre et de mouvement, indéniablement négative. Un autre homme est assis à côté et leurs silhouettes se confondent. Il émane de cet autre homme une puissance considérable, un danger total, tourné vers l'extérieur, vers toutes les potentielles intrusions.
Parmi eux, un enfant, qui tantôt joue mais n'est plus là, qui tantôt est là mais ne joue plus. Jamais de sourire.
Un peu plus loin, un animal sans forme précise. D'autres silhouettes se perdent dans l'infini du bateau.
Tous savent que je suis là et tous font mine que je n'existe pas. Toute leur attitude semble dire « il a décidé de se droguer et on ne peut rien y faire. Laissons-le. » - sans pour autant que leur désintérêt soit méchant, au contraire il s'agirait plutôt d'une sorte d'acceptation, bien qu'un certain souci que cela se reproduise soit manifeste. En dehors de ça, ils semblent passer du bon temps entre eux.
Je me rallonge sur le canapé, perdu mais plus calme.
Cinquième black-out.
Aucune idée de la suite, je sais que je n'ai pas dormi immédiatement. Je n'ai pas le souvenir de m'être rendu jusqu'à mon lit, où je me suis réveillé le lendemain. Avec un sacré mal de crâne.
Cette expérience m'a calmé, et j'ai alors décidé de ne plus toucher au dxm pendant plusieurs mois. Ca ne m'a pas empêché de revivre un trip désastreux, qui est mon dernier à ce jour (faudrait que je fasse une compil DXM Disasters tiens).
Ce trip m'a pas mal fragilisé, j'ai passé 2 semaines les nerfs à vif, incapable de contenir mes émotions ou d'intérioriser.
Certes, la rencontre avec mes archétype s'est avérée intéressante, mais aussi monstrueusement flippante. Heureusement, ça a été très court, peut-être une ou deux minutes.
J'espère que ça ne donnera pas l'envie à quelqu'un de m'imiter, y a des moyens vachement mieux pour partir à la rencontre de soi-même, j'pense que vous vous en doutez.
Bref, pour conclure, l'intensité du bordel m'a balayé comme une araignée dans la cuisine de ma grand-mère, et c'est pas peu dire. Je sais qu'il s'est passé pas mal d'autres trucs que ce que j'ai raconté là, mais je n'en garde pas le moindre souvenir concret, juste une impression de souvenir. Les moments forts sont beaucoup trop brouillons pour peser dans la balance.
Si vous avez pris la peine de lire, sachez que je vous en remercie ^^
Ce qui suit a la seule vocation d'être un trip report, au sens premier. C'est juste pour ajouter un grain de sable de plus au tas de TRs existants.
Set : envie compulsive de me droguer, ce sera ma 5ème prise de DXM mais la 1ère en solo. Je ne connais rien aux dissociatifs mais je suis poussé par suffisamment d'orgueil pour croire que je pourrais encaisser 10mg/kg comme quelqu'un d'expérimenté. Pas trouvé de jus de pamplemousse blanc. Ma dernière prise de dex remontait à une semaine seulement.
Setting : Dans mon bateau, environnement que je connais par coeur depuis 7 ans. L'ambiance est chaude, tout en bois vernis et décorations colorées. Il y a une enceinte de chaque côtés de la coque. Je m'étais préparé une petite playlist faite de chiptunes puis de rock prog.
J'ai pris ma dizaine de cachets et lancé la musique, un peu trop fort.
La montée a été rapide, j'ai très vite été désorienté. Allongé sur le canapé, je tâchais de fermer les yeux et sentais de plus en plus mon esprit se déconnecter. L'anesthésie était forte et j'ai commencé à ne plus me sentir respirer. Première fois que ça m'arrivait, je me suis montré effrayé par le phénomène, craignant la dépression respiratoire. J'ai donc commencé à respirer très fort, et l'hyperventilation qui en a découlé a fini de me désorienter. Complètement aspiré par la montée j'ai perdu tout contrôle. La musique, froide mais envahissante, a suivi un crescendo extrêmement douloureux.
Premier black-out.
Je suis « revenu » quelques dizaines de secondes plus tard, quand la musique s'est calmée. J'ai empoigné mon téléphone et suis parvenu à activer le magnétophone.
« OK JE SUIS DISSOCIÉ HARDCORE LA. SURTOUT N'OUBLIE PAS DE RESPIRER. DECRIS TES SENSATIONS. QUELLES SENSATIONS ? LE VENT EST TROP FORT. LE VENT PSYCHIQUE. WAAAAH. BOURRASQUES IMMATERIELLES CA TOUUURNE JE SUIS DISSOCIÉ JE NE COMPRENDS PLUS RIEN. N'OUBLIE PAS DE RESPIRER. C'EST HARDCORE LA. C'EST QUOI LES SENSATIONS ? *respiration forte* JE SAIS PAS JE SAIS PLUS. Avec mauvaise foi : C'EST ENORME. »
Ok. Pas bien glorieux tout ça. Je m'en rends à moitié compte et retombe de tout mon poids sur le canapé.
Second black-out.
Je rouvre les yeux et vois le canapé s'évaporer dans une spirale multicolore faite de cubes. Les cubes semblent être les briques de la réalité elle-même. Il y a trop de faces pour que ce soit des cubes. Des dodécaèdres. Qui s'envolent et s'écrasent contre une dimension supplémentaire, comme une pigmentation 2D sur un mur. Sur les faces de chaque polyèdres se trouvent des codes de référence. Mais les références à quoi ?
Je suis trop chéper pour faire preuve de recul, et je ne considère pas ce que je vois comme une hallucination mais comme une altération de la réalité physique.
Il y a aussi quelque chose qui me regarde. Un visage. Incrusté dans la réalité, comme si seul le décalage du dxm permettait de le voir.
Peur.
Troisième black-out.
Mon corps se lève avant que ma conscience reprenne le dessus et je cherche à changer de musique. Mes yeux ne pouvant se focaliser sur quoique ce soit, j'appuie simplement sur le bouton « suivant » que je parviens à attraper alors qu'il tentait de s'enfuir.
Plus de musique.
Je me dirige pourtant vers le canapé, et là c'est un morceau de psytrance qui démarre. J'avais complètement oublié en avoir glissé dans la playlist et je m'enfuis dans la cabine avant, n'ayant pas la foi de trouver comment changer de musique.
Je me cogne à tout ce qu'il m'est possible d'atteindre avec mes quatre membres en guimauve sur la distance d'un mètre me séparant de mon lit.
Même pas mal.
Je m'allonge, ne sais plus si j'ai froid ou j'ai chaud, mes sens sont retournés comme des chaussettes et je me tourneboule dans toutes les directions. J'essaie d'étouffer le son avec une couverture mais c'est peu efficace.
Quatrième black-out. Long celui-là. Je refais surface par moments, le corps agité de spasmes. Le BPM frénétique agresse mon corps comme des électrochocs. Je ne sais plus si le cerveau est dans les pieds ou l'estomac, si je suis allongé à l'endroit ou à l'envers. Ces notions n'ont d'ailleurs plus de sens puisque mon cerveau n'est plus connecté à ce type d'informations.
Bouillie psychique, épilepsie physique.
Je me réveille. Je crois que je m'étais endormi. Il n'y a plus de musique. Les 30min de psytrance et les 40min de rock prog sont passées sans que j'en aie conscience.
Moins perché mais quand même. Incapable de regarder et marcher droit, en mode plateau 2 hardcore. Je me débrouille pour retourner mettre de la musique car le silence de la pénombre est angoissant. Tout ce qu'il y a dans ma caboche est projeté sur les murs en toiles invisibles. Il y a d'autres présences. Elles ont toujours été là, avec moi.
Je vrille.
Aucune idée de ce que j'ai pu lancer comme musique, je sais juste que j'ai réussi à baisser le son, ça ne m'agresse plus.
Retourné sur le canapé, c'est là que je les vois.
Un jeune adulte assez beau, le regard pensif et profond, qui converse avec une femme. Une femme dont je distingue mal le physique mais qui semble extravertie, pleine d'humour et sensible. Dans un coin, une silhouette assise, faite d'ombre et de mouvement, indéniablement négative. Un autre homme est assis à côté et leurs silhouettes se confondent. Il émane de cet autre homme une puissance considérable, un danger total, tourné vers l'extérieur, vers toutes les potentielles intrusions.
Parmi eux, un enfant, qui tantôt joue mais n'est plus là, qui tantôt est là mais ne joue plus. Jamais de sourire.
Un peu plus loin, un animal sans forme précise. D'autres silhouettes se perdent dans l'infini du bateau.
Tous savent que je suis là et tous font mine que je n'existe pas. Toute leur attitude semble dire « il a décidé de se droguer et on ne peut rien y faire. Laissons-le. » - sans pour autant que leur désintérêt soit méchant, au contraire il s'agirait plutôt d'une sorte d'acceptation, bien qu'un certain souci que cela se reproduise soit manifeste. En dehors de ça, ils semblent passer du bon temps entre eux.
Je me rallonge sur le canapé, perdu mais plus calme.
Cinquième black-out.
Aucune idée de la suite, je sais que je n'ai pas dormi immédiatement. Je n'ai pas le souvenir de m'être rendu jusqu'à mon lit, où je me suis réveillé le lendemain. Avec un sacré mal de crâne.
Cette expérience m'a calmé, et j'ai alors décidé de ne plus toucher au dxm pendant plusieurs mois. Ca ne m'a pas empêché de revivre un trip désastreux, qui est mon dernier à ce jour (faudrait que je fasse une compil DXM Disasters tiens).
Ce trip m'a pas mal fragilisé, j'ai passé 2 semaines les nerfs à vif, incapable de contenir mes émotions ou d'intérioriser.
Certes, la rencontre avec mes archétype s'est avérée intéressante, mais aussi monstrueusement flippante. Heureusement, ça a été très court, peut-être une ou deux minutes.
J'espère que ça ne donnera pas l'envie à quelqu'un de m'imiter, y a des moyens vachement mieux pour partir à la rencontre de soi-même, j'pense que vous vous en doutez.
Bref, pour conclure, l'intensité du bordel m'a balayé comme une araignée dans la cuisine de ma grand-mère, et c'est pas peu dire. Je sais qu'il s'est passé pas mal d'autres trucs que ce que j'ai raconté là, mais je n'en garde pas le moindre souvenir concret, juste une impression de souvenir. Les moments forts sont beaucoup trop brouillons pour peser dans la balance.
Si vous avez pris la peine de lire, sachez que je vous en remercie ^^
