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[DXM 17.5 mg/kg] Les escapades intersidérales #1 : le grand redémarrage cosmique

Soroy

Neurotransmetteur
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12 Mar 2014
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Bonjour les psychonautes ! Je vous propose ici un TR d'une de mes premières expériences sous DXM qui m'a passionné au plus haut point et qui m'a fait cogiter sur moi même de longues semaines. C'est un TR qui m'a demandé beaucoup de travail car le trip fut extrêmement confus et bordélique, ça n'a pas été simple de lui donner une ligne directrice et cohérente à partir de mes souvenirs dès la fin du trip : il m'a fallu beaucoup de temps et de réflexion pour le mettre en ordre.
D’ailleurs retournons y à ce trip ! La RDR, le set & settings, la gestion… tout est catastrophique, encore aujourd’hui je ne sais pas comment on peut être aussi con avec sa vie et sa santé. Je déconseille le DXM à de telles doses, l'expérience n'a en plus absolument rien d'agréable les premières heures, on est balloté dans des pertes de connaissances et d'identité à répétition, c'est un premier contact avec la folie.

Contexte
Comment en suis-je venu à vouloir me taper de telles perches de DXM ? Et bien en premier lieu il s'agissait d'une sale période de ma vie, faite de déprimes et d'échecs au point que je n'arrivais plus à comprendre pourquoi je vivais ainsi. Le réflexe DXM s'est donc imposé pour pouvoir réussir à comprendre quelque chose à cette partie de ma vie chaotique. Il peut apparaître bizarre, voir même complètement con de prendre de la drogue pour essayer de remettre de l'ordre dans sa vie. Pourtant ce fut ainsi que je pris suffisamment du recul par rapport à moi même et à mon égo qui fut dissolu au dernier degré.
Me voici donc un beau lundi matin à courir les pharmacies pout trouver un sens à cette période de ma vie que je ne comprends pas. Je ne sais pas pourquoi je me mets à faire ça, je ne suis même pas sûr d’en avoir envie, mais j’ai comme le sentiment que je dois le faire, qu’il va se passer un truc. Je ne fais finalement pas ça (que) pour me défoncer, j’attends un réel voyage introspectif de ce trip, des réponses à des questions. D'ailleurs ce n'est pas qu'un voyage que je recherche, mais bien une expérience de K-Hole au DXM.



Le trip


La confusion du démon!

Je suis sur mon lit, en face de moi trois boîtes de cachets et une fiole de sirop à base de dextrométorphane, le coeur qui bat déjà vite à l'idée du grand plongeon que je m'apprête à réaliser. Sans plus attendre je gobe les trois boîtes de cachets et quelques gorgées de sirop pour arriver à la bonne dose et faire passer les 36 cachets. Je suis totalement à jeun depuis la veille, il est 13h16. Les premières minutes sont les plus angoissantes, on se demande, encore sobre, si l'on a bien été raisonnable de forcer ainsi la vie en jouant avec elle si proche des doses létales. Je prépare l'attirail du tripeur au DXM, la bassine, les écouteurs, les fiches de note et les stylos. Puis j'attends, la gorge serrée par l'angoisse de faire une connerie.

T+15 : «sensations de propulsion dans les pieds, j’ai des réacteurs ! Je me sens excité, tout mon corps est prêt à vivre un truc ! ». Le bodyload se fait rapidement ressentir vu les doses ingérées. Mais très vite les ressenties dégénèrent et deviennent moins agréables. Je sens d’un coup mon cœur qui s’emballe, mais vraiment fort. Je chope un chrono, j’essaye de compter mes pulsations mais je n’y arrive pas, ça va beaucoup trop vite. Je lève les yeux aux plafonds, les reflets lumineux qui passent au travers du store déconnent, ils tournent sur eux mêmes. Ca palpite fort dans ma tête, j’ai mal. Et si j’en avais trop pris ? Et si la dose létale était plus basse pour les jeunots, hein ? Et si t’allais crever, connard ? Méga bad. Je cours vers mes toilettes, je me cogne contre un mur en chemin, j’ai l’impression d’être sévèrement bourré. Je me fous la main au fond de la gorge, je boxe ma glotte. Mais ça sort pas, mon corps semble peu sensible, je comprends pas. T’EN AS TROP PRIS ! Je suis en pleine tachycardie, j’ai super chaud et j’ai du mal à penser.

T+30-45 : Je commence à avoir une hallucination auditive super angoissante, une espèce de bruit métallique industriel, un truc émoussé qui râpe contre un autre. Et puis tout tourne autour de moi, mais tellement plus violemment que ce qu’une cuite pourrait produire. Ca devient beaucoup trop hardcore. Je me traine jusqu'à mon lit, je note difficilement sur une feuille les doses de DXM que j’ai pris au cas où il faille appeler au secours et expliquer ce qui se passe. Je chope mes écouteurs et met du Stardust pour tenter de me rassurer dans mon angoisse et ne plus entendre ce bruit de métal (qui se révèlera bien plus tard être le bruit de mon frigo amplifié par le DXM...). Je me mets sur le côté, je me dis que vu que je suis anesthésié faudrait éviter d’avaler ma langue ou de me noyer dans mon vomi, ou une connerie de ce genre. D’ailleurs je ne sens vraiment plus mon corps, alors ça devient difficile de me convaincre que ma langue est bien à sa place.
Le monde tourne tellement vite, je ne peux plus suivre, mais je suis pris d’angoisse quand je ferme les yeux. Je les garde ouverts tandis qu’un sifflement s’intensifie peu à peu. Je n’entends plus la musique, seulement ce gros acouphène. Ce que je vois est bien trop confus, c’est flou et blanc. C’est super angoissant, je n’entends plus rien je ne ressens rien et pourtant c’est le chaos, tout tourne autour de moi et je suis tétanisé car je ne sais pas ce qui va se passer, je monte inexorablement vers le sommet d’une perche dont j’ai peur qu’elle ne me conduise sur un lit d’hôpital. Je sens mes jambes s’enfoncer dans un trou invisible dans le matelas, alors je me décale et me mets sur le dos. Ma tête s’enfonce alors en arrière et je suis tout entier aspiré par l’arrière du crâne. Je me dis que je vais probablement mourir, au moins ça fera pas mal. Trou noir, ou plutôt blanc !


Perte d'identité en série et hallucinations divines

Si j’avais voulu raconter au mieux mon trip, c’est sûrement à partir de là que j’aurais dû commencer, mais ça m’empêchait de bien revenir en arrière sur ce que j’ai fait.
Bref, à partir de maintenant, le mot « je » est un doux euphémisme, car je ne suis plus rien ! C’est tellement dur à expliquer ! Il faut dire aussi que je raconte le trip de manière construite, mais c’était vraiment un bordel monstre, je pense avoir perdu connaissance plusieurs fois. Mais voici ce que je vois quand je reprends connaissance pour la première fois :
Il fait noir, je vois seulement 4 rectangles lumineux pointillés empilés deux par deux, ce qui correspond à une vision complètement déformée et hallucinée de mon bureau, mais sur le coup je ne le comprends pas. Je suis très confus, je ne comprends rien à rien. J’ai l’impression d’être dans un rêve absurde. Vu que le mot "je" n’existe plus pour moi, je ne sais pas qui je suis ni, et ça c’est encore plus troublant, ce que je suis. D’ailleurs je ne sais pas si je suis en vie, et ça ne me dérangerait pas plus que ça de mourir, je ne suis déjà plus rien. Je suis une chose qui voit quatre boîtes. Je ne sais pas ce que je fais là, ce que je dois faire, quel est mon but dans mon existence d’observateur de boîtes. Je n’ai pas de souvenirs, pas de passé. Je crois que je viens de naître. Il se passe un peu de temps comme ça ou je regarde ces boîtes, je ne suis pas heureux, pas malheureux, je n’ai pas mal, je ne sens rien. C’est la paix.

Après avoir laissé passer du temps, cette notion de paix est ce qui me marque le plus au final. Plus j’y pense, et plus je trouve ça exceptionnel, cette paix ultime. Je compare ça à l’ataraxie de l’esprit et à l’aponie du corps des philosophes grecs. Ou clairement à une expérience de mort, selon ce que semble avoir ressentie les gens dans ce cas là. Mais je n’ai pas vraiment vécu ça comme une mort/renaissance, même si le terme reste proche, j’ai vraiment le ressenti d’avoir vécu un « reset », un redémarrage de la machine, tout ce qui tu as fait, ce que tu étais, ça ne compte plus, recommence tout, redécouvre toi. Mais bref passons ^^

D’un coup les rectangles disparaissent et je suis propulsé ailleurs. Je vais très vite dans un cosmos dense d’étoiles et je m’arrête à côté d’un fil de lumière bleue. Je fusionne avec le fil et je deviens une espèce de boule ovale fluorescente bleue, avec une étincelle bleue au centre. Je comprends qu’être sur ce fil est mon but. Je dois rester sur ce fil et préserver mon étincelle.
Il y a alors une chose qui arrive à côté de moi. Là je ne vois pas comment vous la décrire, c’est vraiment… indescriptible. En fait c’est une espèce de boule de lumière, mais je sais que c’est un vieux avec des lunettes et des bras et de minuscules jambes. Mais sa consistance arrête pas de changer, et il ne ressemble en rien à un être humain, d’ailleurs je ne sais pas ce qu’est un être humain à ce moment là. En tout cas je sais que c’est une boule vieille de 2000 ans. Sous forme de vieux, il lance une petite boîte et dit d’une voix sénile : « Aller roule, petit Soroy, roule ».
Ici il faut préciser que petit Soroy est ma manière de m’insulter quand je suis très mécontent de moi. Voir cette chose dire cette phrase est extrêmement perturbant pour moi, c’est presque malsain.
La boîte roule et s’ouvre, laissant s’échapper un corps recroquevillé sur lui-même. En y repensant bien, je crois que j’ai en fait vu mon propre corps vu du dessus, le tout imbriqué dans cette vision cosmique. J’ai pas percuté sur le coup (car je ne savais plus qui j’étais physiquement, d’ailleurs j’en parle plus loin) et les jours suivants, mais j’avais été étonné le lendemain que ce corps porte un pull au bleu unique tellement il est laid, entre le cyan et le bleu fluo (ah les pyjamas !), qui soit le même que le bleu du pull que je portais pendant le trip.

Bref revenons en à l’entité :
« Le petit Soroy ne roule pas droit. Pourtant il ne sert à rien si il ne roule pas comme il faut ! ». Alors j’accompagne l’entité vers le petit corps qui ne roule pas dans la bonne direction. Je ne sais pas ce qu’est cette chose, en tout cas je veux l’aider.
Alors tout s’effondre et je me retrouve encore face aux quatre rectangles. J’ai le sentiment qu’ici c’est le monde supérieur, c’est là que tous se passe vraiment et qu’avant j’étais dans un rêve. Uuuh un rêve dans un rêve, c’est cocasse ça ! Je sens que je vais mal. Je sens qu’il faut que je respire, bien que je n’en comprenne pas l’utilité. Alors je respire, mais je n’ai pas conscience que je le fais via mon vrai corps, lui il n’existe toujours pas. Ca va mieux, les boîtes disparaissent et je retourne vers mon fil de lumière bleue. Le vieux est parti. Le corps roule n’importe comment et produit des espèces de bruits de souris étouffés, des gémissements curieux. Merde mais qu’il est con ce petit Soroy, pourtant c’est très simple, il y a un fil à suivre ! C’est se faire beaucoup de mal pour pas grand chose !
Je ne veux plus l’aider alors je m’en vais. Mais je n’arrive plus à rester sur le fil alors je tombe. Il faut que je respire. Je ne sais pas pourquoi mais il faut que je respire. C’est bizarre je sens de l’air entrer dans un organisme qui n’est pas ma boule à étincelle, mais je ne le vois pas, je ne le sens pas, je ne le comprends pas, je sens juste de l’air dedans.
Je perds encore connaissance, je n’ai plus spécialement d’hallucinations. Je tombe juste plusieurs fois dans des trous noirs et à chaque fois que je me réveille je respire et je ne comprends pas ce que je fais là et ce que je suis.


Redémarrage cosmique : mort/renaissance ?

Après plusieurs pertes de connaissances les lettres DXM s’imposent à moi, et à part le fait que je sais qu’elles sont responsables de ce curieux état, je ne les comprends pas. J’ai alors très envie que tout s’arrête. J’en ai marre. Je comprends que je suis Soroy et que je suis drogué au DXM. J’ai encore des hallucinations mais je ne m’en rappelle plus exactement. Je me rappelle juste le caractère froid et aseptisé de ces visions. Il s’en dégage quelque chose de malsain, un peu fou. Je pense après coup que c’est ma perception de mon subconscient et de mon être profond. Cette perception est très importante pour la suite.

Je commence à comprendre que je suis une chose pensante qui a un avatar physique dans un monde bien réel, et que j’ai fait en sorte que cet avatar disjoncte. J’ai la pensée que j’ai électrocuté avec un objet métallique cette enveloppe de chair et que c’est ce qui a causé tout ce bordel, ce DXM. Je n’ai pas de passé, je n’ai commencé à exister qu’à l’instant. En tout cas je suis soulagé de savoir qui je suis. Je découvre que je peux émettre des sons et je hurle à répétition que je m’appelle Soroy. Il faut que je respire aussi, c’est très important de respirer. Je tombe encore dans les vapes, mais les réveils sont moins chaotiques, je commence à me souvenir que je suis tombé plusieurs fois inconscient.
Je commence à me souvenir que j’étais malheureux parce que j’ai perdu quelque chose de très important pour moi, mais je n’arrive pas à me souvenir ce que c’est. Je me rends compte que je possède d’autres choses importantes de ce genre.

Les visages déformés de mon père et de ma sœur s’imposent dans mon esprit. Ah oui c’est ça ! Papa !
Le réconfort d’avoir une famille me procure un bien fou après cette ambiance de solitude aseptisée. Je pleurs. Je pense que c’est une de ces situations psychoanutiques où on est tellement beau à l’intérieur mais tellement minable à l’extérieur. Mais ça je ne m’en préoccupe pas, car je ne sais pas encore ce que c’est que de paraître devant des gens, ni qu’ils existent et ce qu’ils sont.
D’ailleurs je commence à me le demander sérieusement, ce que je suis. Je crois me souvenir que nous sommes une sorte d’espèce animale et qu’on communique entre nous, mais que l’important c’est que notre boule à étincelles reste sur le fil bleu, sinon on disparaît.

Je prends connaissance de mon corps, j’ai des membres mais je ne sais pas à encore ils ressemblent. Ah si ! Tiens voici un bras ! Ah et je tiens un rectangle lumineux, ah oui c’est une machine à trip, c’est un portable avec de la musique.
La pièce où je me trouve est vraiment incompréhensible. Il y a au dessus de moi une espèce de pate blanche qui boue et qui ondule violemment, pareil sur les côtés. Dur dur de comprendre que ce sont les murs et le plafond de ma chambre. Alors je m’agenouille et j’écarte les bras. Horreur, un truc est tombé de mes oreilles, un bruit métallique et râpeux inonde mon esprit, j’entends de puissants acouphènes « robotiques ». Je remets cette chose qui est tombée dans mon oreille et ça va mieux. Je me rallonge et tape au hasard sur la machine à trip. Tout devient plus calme. Tout va s’arranger, j’ai un nom, une famille, je fais parti d’une espèce animal, j’ai un corps drogué pour abriter mon esprit et tout va enfin s’arrêter. J’en ai marre !

Je me sens encore une fois attiré en arrière et j’ai alors la plus puissante des hallucinations depuis le début. Je pense qu’elle fut si puissante car mon corps redevenait sensible et que j’en avais conscience.
Je suis projeté dans l’espace, au-dessus de la Terre. Je tombe dans le vide. Tout mes sens m’indiquent que je chute. Je crois vraiment que je chute dans l’espace. Alors je suis stoppé en face d’un vaisseau spatial composé d’un long tube vertical avec quatre grosses sphères sur ce tube. Et cet arrêt de chute est… indescriptible. C’est une explosion de sens, mon corps vit complètement et me signale sa présence, je ressens d’un coup la présence de mes orteils jusqu’au dernier de mes cheveux, chaque centimètre carré de ma peau, de mes muscles, de mes organes signale sa présence par de puissants stimuli. J’ai le sentiment que mon esprit se détache de mon corps en chute pour se projeter dans le vaisseau spatial. Mon esprit rentre dans le vaisseau et je vois que l’intérieur est creux, vide, blanc, froid et aseptisé. C’est moi.
Je pense que je suis humain.
Et là coup de tonnerre, j’ai subit un putain de reset, on m’a fait redémarrer la machine !

Dans mon esprit la prise de DXM apparaît comme un repère lumineux dans mon calendrier mental, ce qu’il y avait avant est flou, sombre et ne compte pas, mon présent et mon futur sont bien plus importants.
Et puis une vague de déception néanmoins. Et merde oui, je suis un être humain, ces choses régies par toutes sortes de règles stupides et compliquées comparées à la simplicité de notre existence, suivre le fil bleu ! Je me rappelle que mon corps doit être jugé par ces autres personnes, que mon esprit aussi, que l’on doit s’en soucier alors que nous suivons tous ce fil de la même manière, que je passe des heures assommantes et nombreuses à faire des choses sans consistances devant un écran carré, que je me sens seul.

Je retourne à la réalité, nous sommes à T+4h18. Je prends conscience du carnet de note et gribouille ce qui aurait du être un message. Mon dieu que je prends cher ! Je me rends compte que y a un truc de changé dans ma façon de bouger, tout est robotisé, j’ai la sensation d’écrire comme dessine Sony dans I-Robot. Et puis je vois triple, ce monde me saoule. J’ai l’impression que mes veines vont exploser, je me rappelle de l’existence de mon cœur et le sent battre si vite. C’est insupportable. Tout comme ces acouphènes métalliques et cet environnement sans consistance. J’essaye de me lever pour aller boire de l’eau, il y a un temps de réaction bien long avant que mes membres ne s’exécutent. Je me retrouve assis mais je n’arrive pas à me lever. Je ne comprends pas pourquoi j’ai encore autant d’hallucinations, je me rappelle de qui je suis, je suis conscient, ça fait 4 heures, pourquoi le trip n’est pas fini ? J’ai peur de remonter encore, comme si je venais juste de vivre la première grosse montée du produit.
Je décide d’appeler un ami médecin pour savoir quoi faire. Je suis obligé de fermer un œil et de loucher pour pouvoir voir correctement les noms sur le téléphone. J’appelle, ça décroche, j’essaye de parler mais ce n’est qu’un gros tas informe de sons qui sort de ma bouche. Mon aimable ami raccroche. La vie est dure pour les junkies !


Redécouverte

Alors je reste allongé, blasé de devoir attendre que cessent encore un peu plus les effets du DXM. Des fleurs poussent dans la pate bouillante qu’est le plafond, des serpents volent un peu partout, quand je ferme les yeux je les vois en fractales. Ca pourrait être sympa d’observer, mais j’en ai marre, je veux que ça s’arrête. C’est le chaos total, les hallucinations n’ont aucun sens, ça ne m’intéresse pas trop du coup. Mais ça fait passer le temps avant d’être de nouveau en forme. A un moment il y a une projection de cinéma sur le plafond qui est redevenu plat, je peux choisir d’y projeter ce que je veux, c’est plutôt cool.
J’arrive à me lever, j’essaie de marcher et là surprise : JE SUIS UN PUTAIN DE ROBOT ! Je marche comme C3-PO, je me dandine et fais des tout petits pas de robot. D’ailleurs je tombe plusieurs fois.
Je bois, me regarde dans le miroir et je trouve que je ressemble à une bien étrange créature avec des pupilles dilatées. Je me recouche, je m’enregistre sur mon téléphone pour décrire les grandes lignes de ce que j’ai vécu avant que j’oublie, je note les hallucinations qui en valent le coup, une des plus marquantes c’est surement quand la gravité s’est inversée et que mon lit s’est retrouvé à la verticale. Mais c’est encore le désordre dans ma tête, à part les épisodes du fil bleu, de se forcer à respirer, la chute dans l’espace et la découverte de mon identité je n’arrive pas encore à savoir ce qui s’est bien passé. Le trip ne deviendra bien lucide que le lendemain, et ce TR m’aura permis de bien organiser les différents évènements.
Je vous passe la suite du trip qui n’a pas plus beaucoup de sens pour moi, que je n’ai apprécié que moyennement du coup, l’introspection du départ étant beaucoup plus marquante et intéressante.
J’ai continué à avoir des hallucinations visuelles légères le lendemain et ces putains d’acouphènes, et j’ai eu cette sale gueule de bois et cette sensation d’être un grand malade en convalescence jusqu’au surlendemain. C’est cher payé pour 4 heures seulement de trip réellement utile. D’ailleurs j’ai eu vraiment peur d’être resté perché le lendemain quand j’ai continué à voir des hallus ici et là.

Je dois aussi vous parler de cette voix que j’ai commencé à entendre dans ma tête, qui a commenté tous mes faits et gestes durant une courte demi-heure. Cette voix était pleine de bon sens, me montrait quand je faisais quelque chose d’inutile et que je pouvais faire quelque chose de mieux. J’ai ainsi rangé mon appart, en étant complètement dissocié, avec la voix qui me bénissait dans ma tête. Sur le coup cette voix m’a fait très peur, je me suis dit merde, ça y est je suis schizophrène, j’en ai trop pris ! Mais ses commentaires étaient vraiment bénéfiques, j’ai vraiment regretté qu’elle disparaisse si vite.
J’essaye de manger un peu, en me rappelant que ça fait presque 24H que je n’ai avalé ou bu (à part lorsque j’ai pris les cachets :mrgreen: ). Je célèbre la vie, je danse la vie :heart:! Je mange des fruits, je bois un jus d’orange qui me semble être le meilleur du monde. Je chante et danse. On est bien dans ce monde aussi !
Le sentiment aseptisé de ma « psyché intérieure » me tourmente, m’angoisse même. Je ne suis qu’à moitié surpris d’avoir ressenti cela au cours du plus haut moment de la dissociation, je savais qu’il y avait un truc qui n’allait pas dans ma vie, mais cette vision de froid était si grande, je suis resté choqué une bonne dizaine de jours par ce sentiment. C’est vraiment quelque chose contre laquelle je me bats aujourd’hui, j’essaye d’apporter de la chaleur à ce tableau en me rapprochant au maximum des gens, et plus de façon aussi intéressé qu’auparavant, par ce besoin de reconnaissance.


Le retour à la société

Le trip avait commencé aux alentours de 13h, je suis aller me coucher vers 20h pour en finir avec ces hallus en bordel qui commençaient à me gaver. Je me suis levé le lendemain matin dans un état aussi minable que la veille avec cette sorte de triple vue, une solide gueule de bois et une difficulté à bien marcher, à me nourrir aussi. Je suis allé faire un tour à la colline du coin pour prendre de la hauteur. Je n’arrive pas à comprendre les comportements des gens dans le métro, que je trouve dénués de sens. Le fait de tous s’entasser dans cet endroit sale et désagréable un peu contre leur gré, pour rejoindre un boulot ou une destination qui n’a pas l’air de leur plaire vu la gueule qu’ils tirent.
Je me fais la réflexion de la Matrice. Ces gens ont l’air d’être d’une certaine façon absents de leur vie et inconscient de la réalité de leur condition dans ce bas monde. Vous me direz, la réalité est un concept un peu pompeux pour un gars encore déréalisé et même encore assez dissocié pour ne pas encore comprendre tous les tenants de sa personnalité.

Mais je trouve vraiment que nous ne vivons pas les choses comme nous le devrions. Je veux dire, métro-boulot-dodo, est déjà le comble de l’absurde, mais plus particulièrement nos relations humaines conditionnées par des règles sociétales, nos réactions conditionnées par notre personnalité elle même créée par nos expériences dans la vie dans ce grand chaudron de la société. On né dans ce chaudron, donc on peut que prendre l’assaisonnement des aliments déjà présents dans ce chaudron, alors qu’on pourrait être tant d’autres choses qui ne se limitent pas à ce qu’il y a dans cette marmite. Je sais pas si c’est très claire comme image, mais ça veut montrer que nous sommes conditionnés à être des éléments de cette société qui nous forme, et que tous nos actes dans notre vie pourrait être si éloigné de ce rapport à la société, au monde classique.
La vie pourrait être autre chose que ce que nous vivons, de tellement différent qu’il est difficile de pouvoir l’appréhender maintenant que je suis retourner complètement dans la réalité (j’écris ce paragraphe 2 semaines après le trip).

Ces pensées prennent tout leur sens avec le reste de mes escapades intersidérales que je partagerai plus tard :ninja:



Conclusion : un regard sobre sur l’expérience

Alors qu’en conclure ? Vous vous sentez mal : prenez des drogues ? Je ne sais pas, c’est un peu ce qui s’est passé pour moi et l’enchaînement d’évènements qui me caractérise a pris ce dernier événement comme un changement en soi, ce n’est peut-être pas la solution pour tous. Mais ça me fait bien penser aux vertus thérapeutiques (en débat) du LSD. Je pense qu’un usage des psychotropes psychédéliques peut être intéressant pour faire voir des choses au patient, pour lui faire voir sa vie sous un autre angle, dans un autre état de conscience quoi.

En tout cas j’ai retrouvé la paix grâce à ça, et je serai toujours reconnaissant au DXM (et à dame Sally plus tard) pour m’y avoir aidé.
Je ne pense pas reprendre de drogues dans l’optique d’une introspection dans l’état actuel des choses. Je suis lancé sur une voie qui me semble la meilleure possible, et j’y avance droitement. Je n’exclue qu’il y a un risque de s’écarter de cette voie et de se retrouver dans un état d’être de nouveau vicié, mais je pense avoir retenu la leçon de ces quelques années de décente progressive vers le fond : écarte toi de ce chemin et tu n’y trouve que souffrances.
Mon crédo de vie et désormais de suivre cette minuscule partie de l’entité cérébrale que je suis et que seule je considère comme légitime pour me qualifier : ce bon sens pur, cette espèce de raison qui lorsque je l’écoute me donne l’impression d’avoir écouté un conseil de ma Voix Schizophrène. Le reste n’est qu’apparat de l’illusion. Mais cet apparat possède une force de nuisance, car si il n’est pas satisfait, il devient vicié et contracte tous les troubles mentaux que l’on connaît tous, comme la peur ou l’angoisse.

Voilà je sais que toutes ces réflexions peuvent paraître un peu fumeuses. C’est vrai que si on ne comprends l’état d’esprit dissocié, on peut se dire quand on lit ça que je suis encore bien perché :p En un sens c’est pas faux, je pense être fou, dans le sens où je sens que je ne pense pas comme les autres et que ma pensée est marginale. Mais ça me plait, et ça me permet de vivre heureux.
Voilà ce TR touche à sa fin. Je voulais vous remercier pour l’avoir lu
 

CelestialOwl

Glandeuse pinéale
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11 Août 2015
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Merci pour cette histoire très bien détaillée et je l'éspère utile pour tout ceux qui se demandent ce que c'est qu'une perche au DXM bien musclée!

A propos de ton angoisse, je pense que si tu n'avais pas franchit ce cap de la peur le trip aurait peut-être été moins intense, car dans un moment ou nous sommes perdus dans notre vie, la substance écoute l'état dans lequel nous sommes pendant les premières minutes, ce besoin de vomir, de noter les doses, bref d'être quasi-sûr de mourir est bénéfique au final quand tu vois le reset que le DXM t'as fait subir.

Je pense qu'après ce genre d'éxperience "hardcore", on se connaît un peu plus, un peu comme après une grosse murge, mais la lecon en plus. Cette "petite voix" qui t'a aidé à mon avis c'est simplement le fin fond de ta conscience, le toi enfouit derrière le mur de l'apparence, en gros, c'est le fil à suivre. Que ton inconscient par contre, le vieux sénile, t'apelle par ton nom de "pauvre con" (Soroy) n'a pas l'air d'être un hasard, tu peut alors constater que dans ces états modifiés il y a tout de même un regard vers soi-même, l'introspection dont tu avais besoin. Je suppose qu'aujourdh'ui cette introspection te paraît bien moin utile, et peut-être vas-tu te détourner du DXM?

Au niveau des effets "purs et durs" c'est clair que la tu est allé au bout des choses, la compréhension de ce genre d'irréalité, c'est un travail de longue haleine, et il est étonnant qu'au bout de 2 semaines tu arrives déjà à en sortir des mots si précis. Je ne sais pas quelle type de personalité tu est, ni ce à quoi tu aspire, mais on à l'impression que tu mène ta vie dans un sens qui ne te correspond pas, tu flippes même de la schizophrénie qui prend le contrôle de n'importe qui en dissociation, je te conseillerais de te poser tout de même les questions suivantes : qu'est-ce que la maladie mentale, que'est ce que la réalité que je percois au jour le jour, et en quoi ma conscience est-elle influencée par les évenements éxterieurs.

Voilà mon gars c'était ce que j'ai ressenti en lisant ton tr, j'éspère que tu me comprendras ;) À bientôt!
 

Stylo 2.0

Holofractale de l'hypervérité
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11 Mai 2013
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Je crois qu'on n'échape pas au gros doute de début de trip : "Trop pris, je vais mourir !" et qu'on n'a qu'a le faire rentrer dans l'équation pour préparer un trip. Il faut s'assurer que le produit ne va pas tuer le corps mais bien l'esprit.
Car tu es mort, mon ami, de toute évidence ! Je suis d'accord que vu le bordel, le terme mort-renaissance est peut-être pas approprié, mais clairement, le retour au matériel (c'est quoi ce truc ? Eh mais c'est mon corps !) montre qu'il y a eu une rupture entre corps et esprit.

Ton TR est très précieux pour moi, il reflète, en exagéré, les mêmes choses que j'ai vécues (j'ai été cherché maximum 10 mg/kg par contre). Le DXM fait vivre la mort en séparant l'esprit du corps (normal c'est un disso) alors que le LSD le fait en effaçant les frontières entre corps-psyché et environnement. Le résultat est le même au final : on n'existe plus tel qu'on croyait exister.

Je dois saluer tes efforts de compréhension, c'est quelque chose pour lequel je suis hyper exigeant avec moi-même, et je vois que tu as embarqué tout l'arsenal de psyché-reporter : les notes écrites, le dictaphone...

J'ai énormément de respect pour ta démarche, puisque je m'y reconnais beaucoup. Moi aussi j'ai pris du DXM pour essayer de faire le point sur les choses importantes dans ma vie. L'outil est redoutable à employer, il ne se maîtrise pas, c'est à nous d'accepter qu'il nous maîtrise ! J'ai bien peur, aussi, qu'il soit beaucoup plus sévère et qu'il ne réserve la clarté qu'aux set&settings impeccables, et encore, la chance y compte pour beaucoup.

Prendre du DXM parce qu'on a des problèmes ? Le DXM est-il le symptôme ou le médicament ? S'il est les deux à la fois (c'est mon cas, peut-être le tien), on a alors une relation toute humaine avec le produit, relation faite de dépendance et de paradoxes affectifs. Or, à considérer le DXM comme un partenaire de vie, je projette sur lui tout plein de trucs : mes espoirs, mes angoisses, mes trésors et toutes mes saloperies. Le DXM devient l'alter ego qui me montre qui je suis, en détruisant mon esprit. J'ai besoin de lui pour apprendre à mourir, mais il me fait plus de mal que je pense, parce qu'apprendre à mourir est une entreprise immense.

C'est assez incroyable comme je me retrouve dans ton expérience. Tu as l'air curieux et cultivé, et salement tourmenté par la vie, à t'inventer tout plein de problèmes artificiels. En effet, si tu es un point bleu qui circule sur un fil, pourquoi s'embêter à remettre sa vie en cause ? Hélas, nous avons oublié notre nature divine en nous incarnant dans la matière.
Robert Monroe (un psychonaute qui sortait de son corps comme nous on prend le bus) a des termes hyper simples pour décrire sa première incarnation. Je n'ai pas le bouquin sous la main, mais il dit grosso modo : "Le paradoxe d'un corps soumis à la souffrance mais qui s'accroche désespérement au monde ; j'ai tout de suite kiffé".
Et Jean de préciser, dans son évangile : "Et le verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu'il tient de son père comme fils unique, plein de grâce et de vérité." (Jean 1:14)
Ça veut dire, pour moi, qu'un être parfaitement réalisé (comme le Christ de Jean) est un être complètement incarné (fait chair) et dont la nature spirituelle transpire par tous les pores, ce qui fait que chaque mot qui sort de sa bouche est parole de Dieu. Cet être complet, le Christ, est appelé Fils de Dieu, non parce Dieu a fait des petits, mais parce qu'il est Dieu lui-même.
Voilà, et je pense que je suis appelé à ça, et que toi aussi tu es appelé à ça.
Mais bon voilà je parle de ça parce que l'incarnation c'est mon kif, et ton TR est, à partir du trou blanc et du sentiment de paix, une longue histoire d'incarnation.

Je te suis surtout reconnaissant pour avoir mis en branle toute la machine un peu foireuse qui me sert d'intelligence. C'est son jeu préféré de réfléchir à ces trucs-là, surtout en comparant expériences psychédéliques vécues et écritures saintes. Donc : merci !
 

Soroy

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Merci pour ces retours complets et très réfléchis, je ne m'attendais pas à des réponses aussi cérébrales :eek:

J'ai refait quelques trips au DXM depuis cette expérience, il est vrai que chaque trip s'est accompagné d'une bonne bouffé d'angoisse à chaque fois, avec l'habitude on commence à arriver à la faire taire mais elle reste présente. Après tout on joue quand même avec notre esprit et notre inconscient à cache-cache, alors pourquoi s'étonner de ressentir ce genre de choses ? :p

Il est vrai que le trip s'est déroulé à une période de ma vie des plus tourmentée (il y a plus d'un an maintenant, mais le TR a bien été rédigé 2 semaines après le trip). J'ai redressé le tir depuis et est complètement changé de vie en quelques mois et cette introspection n'y a pas été pour rien, ce fut le déclencheur de nombreux changements. En un an j'ai changé de ville, d'orientation de ma carrière et de façon de vivre en général. Alors qu'auparavant je me faisais violence pour suivre une voie qui m'étais prédestiné par l'éducation de mes parents et par l'éducation en général, j'ai pris la tangente et m'en suis émancipé. Je suis tout à fait d'accord avec toi Stylo, le DXM a bien la vertu de nous montrer qui on est et surtout de mettre en exergue les chimères que l'on poursuit. C'est en dehors de soi que l'on se comprend le mieux, c'est à l'extérieur de soi que l'on peut s'observer correctement.

Je ne sais pas après si je me suis inventé un tas de problèmes artificiels, mais cette expérience m'aura montré que mon esprit ne s'incarnait pas en ce qui lui correspondait en quelque sorte. Des changements étaient à faire, je les ai fait et en tire aujourd'hui le bénéfice d'avoir avancé dans ma quête de me trouver moi même maître de ma chair. Je sais par avance que je poursuis encore une chimère à vouloir être maître de moi même en ma propre maison, mais j'ai l'impression que de vivre une vie plus remplie en suivant ce crédo, sans pour autant en faire un idéal métaphysique.
 

Stylo 2.0

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Eh ben t'as fait du chemin en un an. Ça c'est tout bon. Je partage complètement cette façon de voir les choses, de l'extérieur, écarté dans le temps, et dans l'espace.

Je comprend que tu as tes propres conclusions, qui te correspondent, mais j'avoue que je tique sur l'expression "maître de ma chair". J'ai du mal à saisir ce rapport que tu entrepends avec le corps. C'est sans doute moi qui bugue, je voudrais bien que tu développes, ça m'intéresse.
 

Soroy

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Ah oui j’aurais dû préciser que je reprenais le concept chrétien que tu évoquais avec l’évangile du bon Jeannot. Finalement ici l’incarnation ça revient à faire fusionner l’Esprit divin et un corps humain en Jésus, la chair devient le réceptacle de l’esprit. Je fais référence ensuite à Freud avec sa théorie de l’inconscient qui fait que nous ne sommes pas maître de nous même, il y a une partie en nous qui demeure incontrôlable. Si je ne peux pas être maître de mon esprit on peut toutefois tendre vers le contrôle divin par la foi. Être maître de sa chair reviendrait à placer sa foi en une certaine métaphysique (pas forcément chrétienne d’ailleurs, j’aurais même tendance à dire surtout pas) pour devenir comme tu l’as si élégamment dit un « être complet ». Descartes avait entrepris cette même quête du contrôle de soi mais en plaçant ses espoirs en la raison pure. Il est plus question d’être maître à la fois de l’esprit incarné en chair et donc du corps par la même occasion que d’être seulement maître du corps. Ca revient finalement à rejeter les constantes psychanalytiques d’inconscient pour dire qu’il est possible d’être plus qu’un homme soumis à ses refoulements, soumis au chaos nietzschéen : il est possible de « porter le chaos en soi pour enfanter une étoile dansante » (Zarathoustra) alors pareillement je peux être maître de moi même au terme d’une (longue) quête de la pensée. C’est une recherche d’une connaissance de soi si aboutie que le doute sur soi n’est plus permis et que le mécanisme de refoulement se fait transparent par observation dissociée de l’inconscient.
 

Stylo 2.0

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Je comprend ce que tu dis. Ça se tient. Pourquoi pas.
Je vois surtout l'inconscient comme une inconnue impossible à écarter de l'équation. L'inconscient est un voile que je construit au fur et à mesure, qui est moi mais qui fait aussi écran et me cache ma nature plus profonde encore, celle que Freud a toujours niée : le divin.
J'avoue que la citation de Nietzsche montre que je n'ai pas lu son Zarathoustra, va falloir que ça change un de ces jours.

J'arrive à te suivre sur
C’est une recherche d’une connaissance de soi si aboutie que le doute sur soi n’est plus permis et que le mécanisme de refoulement se fait transparent par observation dissociée de l’inconscient.
Bon, ça rejoint la quête psychanalytique d'une meilleure connaissance de l'inconscient et du fonctionnement des mécanismes de défense.

Tu es un garçon intelligent, Soroy, très intelligent. Ça me fait penser au passage d'un bouquin qui m'a beaucoup marqué. C'est le dialogue entre d'un côté Siddharta, le personnage de Herman Hesse, et de l'autre côté le Bouddha historique. Le Siddhartha de Hesse, un fils de Brahmane devenu ascète, écoute l'enseignement du Bouddha et va ensuite lui dire : "Ton enseigement sur la marche du monde est très bien, mais j'ai trouvé un bug". La discussion progresse et Siddhartha en conclut que pour atteindre l'illumination, il lui faut opter pour la même voie que Bouddha, à savoir : ne pas avoir de maître ni de communauté de disciples, et se réaliser soi-même. Le Bouddha le regarde avec plein de tolérance et lui dit : "Tu es intelligent, Ô ascète. Tu sais parler intelligement. Protège-toi d'une intelligence trop grande !"
 
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Soroy a dit:
alors pareillement je peux être maître de moi même au terme d’une (longue) quête de la pensée. C’est une recherche d’une connaissance de soi si aboutie que le doute sur soi n’est plus permis et que le mécanisme de refoulement se fait transparent par observation dissociée de l’inconscient.

Si tu cherches à te connaitre via la pensée tu finiras par te mentir en ne doutant justement plus de toi, tu te seras tant analyser que tu te seras persuadé que telle ou telle observation amène à telle ou telle conclusion et à la longue tu es pratiquement sur que ton inconscient montrera à ta conscience ce qu'elle veut voir pour ne plus subir ta propre réflexion, d'où l'intérêt de philosopher au plus près du corps comme le suggérait Nietzsche, le corps lui ne ment pas, ensuite à chacun d'être honnête dans ses interprétions de phénomènes physiologique.

Pour en revenir au doute, dans l'instant T tu peux l'avoir mit de côté en ayant aboutie à une connaissance parfaite de toi, mais la Vie n'est ni fixe, ni prévisible, et si tu ne te remets pas en cause régulièrement, à un certain moment tu es sur de te leurrer en croyant avoir aboutie à la connaissance de toi même, alors qu'en fait...mais bon c'est le but du mysticisme de mystifier les esprits, se sublimer rassure l'individu face à la profondeur de son inconscient, et c'est ce que Nietzsche dénonçait.

Personnellement pour découvrir son inconscient, j'opterai pour une approche psychanalytique plutôt qu'une approche dans laquelle j’inclurai la notion de divin. Selon moi se servir de la mystique pour expliquer des phénomènes psychiques revient à prendre une entité, à laquelle il est trop aisée de donner l'origine de ce qui nous dépasse, pour se donner raison et se rassurer. En d'autres termes, la religion ou une approche similaire servirait à expliquer ce que l'on ne comprend pas, après tout pourquoi ne pas se servir de la spiritualité au début de sa réflexion pour découvrir un monde bien trop vaste pour sa conscience novice en la matière, mais à la condition qu'une fois qu'on y est prit ses marques, de délaisser l'aspect mystique pour entrevoir la réalité non idéalisée par nos consciences apeurées (en gros ne pas faire comme Descartes qui s'est servi de sa raison pure pour prouver l'existence de Dieu...à son époque je comprends que le contexte sociale valait mieux pour lui d'agir de la sorte, mais aujourd'hui tout ça me parait bien dépasser, on peut très bien avoir foi en soi en appliquant des pratiques religieuses, sans pour autant s'aventurer dans l'aspect divin des choses, en fait je préfère l'approche analytique scientifique des choses, je trouve ça plus concret et je n'ai pas besoin de divinité parce que je n'ai pas peur de déprimé et de voir l'aspect sombre de ma personne).
 

M.Orange

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Faut dire aussi que t'as bien évolué^^.:weed:
 

Soroy

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Bien vu Laura Zerty pour cette piqure de rappel nietzschéenne, j'ai peut être confondu un temps volonté de puissance et mégalomanie en quête d'absolu.
Pour ce qui est de la psychanalyse pour découvrir son inconscient je reste plutôt frileux, la perception psychanalytique du monde m'a toujours apparu comme renfermée sur elle même et profondément tournée vers l'hybris de Freud. Mettre de côté la philosophie spirituelle est un assez grand coup de plumeau que je ne me risquerais pas à passer, on retrouve de la transcendance dans toutes les pensées.
 
D

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Je te rejoins sur le fait de garder une bonne part de philosophie spirituelle, enfin chez moi cela m'aide à tempérer quand je vrille trop dans une approche psychanalytique de ma personne, ça peut vite rendre fou et s'extraire de soi fait du bien dans ces cas là !

Ahah oui on associe bien trop souvent la Volonté de puissance à la mégalomanie, dans ma vision de la pensée nietzschéenne j'essaye de toujours rapporter la Volonté de puissance à l'individu se voulant maitre de lui même, plutôt qu'à l'individu voulant dominer le monde. La pensée nietzschéenne est dangereuse dans ce sens où elle atteint l'individu dans son for intérieur, et cette pensée allant jusqu'aux rouages de l'inconscient, une fois manipulée par des individus aux intentions plus que douteuses peut être un outils redoutable pour galvaniser les foules, enfin c'est ce qu'on fait les nazis en s’appropriant des extraits de Nietzsche, qui une fois mis bout à bout ont servi à incriminer les Juifs d'actes dont il n'était pas responsable.
Bref on associe Volonté de puissance à la mégalomanie des Nazis qui ont récupéré une partie de la pensée nietzschéenne, alors que Nietzsche, même si c'était un homme "dur", n'était ni belliqueux, ni antisémite.
 

Gadoshin

Matrice périnatale
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Tr très intéressant mais 17.5mg/kg Oo
Et dire qu'avec 4mg/kg je me prend déjà des plateaux 2 bien bordélique et des transition plateau 2/3 avec identité(s) instable(s).
Par contre c'est moi ou l'ambiance froide/asceptisée/malsaine revient très souvent sous dxm?
 

Stylo 2.0

Holofractale de l'hypervérité
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Nan nan, c'est pas qu'avec toi, c'est avec tout le monde je pense. Au moins on sait que le DXM on ne le prend pas pour le fun. On avait un smiley qui résumait bien mon état d'esprit... on l'a plus sur cette version du forum. Attend je cherche. Ah, voilà, il s'appelle Twisted.

Bref. Le DXM c'est pas la récré.
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