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Découverte - Psilocybe cubensis B+ ~2gr

L'huitrerampante

Glandeuse pinéale
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4 Juin 2016
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Un an déjà que J'envisage de prendre des cubensis, trois mois que le kit à été commandé et deux semaines que je connais la date du trip, autant le dire de suite, je suis un peu comme un gamin à la veille de noël.

Le Setting and Set:

Le trip se fera dans un petit cabanon provençal, isolé au creux d'une plaine entre les champs de vignes et des petits bouts de forêts de pins avec mon frère Paolo, un de mes meilleurs amis et compagnon de voyage, Barnabé ainsi que sa copine Ortense que je connais moins mais apprécie beaucoup.
Nous avons avec nous des pêches juteuses, quelques amandes grillées ainsi que deux mangues, bonheur.
Nous sommes tous à jeun depuis le repas de midi.

Je suis dans un bon état d'esprit, confiant et détendu, je déplore un léger manque de sommeil dû à une soirée (non arrosée, plus facile à dire qu'a faire avec certaines personnes) la veille, je sens que ça n'aura pas une influence énorme sur l'expérience à vivre, et comme à mon habitude je suis curieux de découvrir de nouveaux horizons.
Barnabé et Ortense découvriront eux aussi les cubensis ce soir, Barnabé, égal à lui même est de bonne humeur et motivé, Ortense elle manque vraiment de sommeil mais est quand même partante pour l'expérience.
Quant à mon frère, connaissant déjà les champis, il prendra ce soir un carton de LSD, substance qu'il souhaite découvrir plus en profondeur.

Dosage et prise:

Pour le LSD de Paolo - il avait déjà eu un effet correct avec un quart de carton - il prendra ce soir un carton entier (on doit probablement être entre 100 et 200 ug)
Malheureusement pour peser les champignons, des B+, la seule balance que j'ai trouvé chez moi est assez imprécise, si je met tout les champis je lis 30 gr, mais si je les ajoutes un par un la valeur n'augmente pas, je prends donc des champignons issus des trois flush et me débrouille d'en faire un tas de 6 gr, je le divise en trois et rajoute un champignon pour chacun, ce qui en fait 8 par personne (avec des petits que nous appellerons ici cow-boy, des moyens et des gros)
ce qui fait au total un peu plus de 2gr par personne.

Il est 18h, le soleil est encore haut et chauffe bien, Paolo à gobé son carton le temps que je cligne des yeux. Nous savourons lentement nos champignons, en les mâchant un par un, le goût est vraiment sympa, assez subtil et la texture semblable à de la chaire un peu caoutchouteuse.

Un peu après avoir avalé les champignons, Ortense nous demande à quoi elle peut s'attendre avec les champis (vive la RdR!), elle n'a pris qu'une fois du LSA, on lui dit que vu la dose on peut s'attendre à de l'intense et à pas mal de visuels.
On passera les minutes précédents la montée à parler de choses sans intérêt pour le lecteur.

Ça arrive:

Il y a une grande dalle en béton devant le cabanon, on y a posé des matelas, je suis allongé sur l'un d'eux et me laisse aller à la rêverie en regardant les nuages, je tourne ma tête sur le côté, les grandes herbes jaunies apparaissent plus nette, elles accrochent mieux la lumière qu'en temps normal, je demande alors à Paolo: ça te fait de l'effet à toi ?
Il me répond avec un sourire: non non t'inquiètes !
Barnabé intervient alors: mais ouais c'est parce que la drogue ça agit pas sur le cerveau mais sur tout le reste en fait!
Premier gros fou rire collectif d'une longue série.

L'euphorie se saisit progressivement du groupe, je me remet à contempler le ciel, couvert de cirrus épars, et là il se met à bouger: en plein d'endroits c'est comme si il se gonflait et se dégonflait, un peu comme si il respirait. C'est exactement comme certaines illusions d'optiques ou une image fixe s'anime de mouvements improbables après qu'on l'ai fixé du regard suffisamment longtemps.
Sous les nuages un réseau cristallin commence à se développer, il y a 4 ou 5 gros losanges translucides qui recouvrent tout le ciel, des lignes d'énergies teintées de bleu et de vert parcourent leurs arrêtes et c'est vraiment joli.
Alors que je décris ce que je vois, Ortense me dit:
-Mais les lignes elles sont pas bleues et vertes mais violettes!
-Ben moi je les vois bleues
-Ouais de toute façon les goûts et les couleurs …
-Mais c'est pas une question de goût! On choisit pas la couleur de ses hallucinations!
Fou rire à nouveau.

Je regarde le champ de vignes qui borde le cabanon, toutes les couleurs sont plus chaudes et la lumière du soleil déjà bas dépose littéralement de l'or sur les feuilles des vignes et les tiges jaunes des grandes herbes folles, je voit vraiment du doré s'écouler lentement des tiges et des feuilles, pareil pour le sommet des arbres qui couvrent la montagne en face de nous. C'est comme si j'étais devant un tableau.
Je regarde à nouveau les nuages, je vois des psylos de partout! Le réseau cristallin apparaît de nouveau, mais cette fois-ci les cristaux pivotent tout doucement et finissent par être perpendiculaires aux nuages: « Ouah, je vois des morceaux de poésie qui flottent dans le ciel! »

Je me relève, je sens l’atmosphère autour de moi et je me meus de la façon la plus coulante possible, c'est à mi chemin entre de la danse et un fort état d'ébriété, on commence tous à être un peu confus et à rigoler pour rien, pour un regard ou une posture, et le plus souvent on ne sait pas/plus pourquoi on rit.
Je remarque que si je fixe un endroit du paysage ou du ciel, toute ma concentration se fait happer par la scène et le reste du monde alentours n'existe plus, je n'entends plus les autres parler ou rire, je vis dans la scène, et si je parle avec le groupe je ne fais pas gaffe à l'extérieur, c'est comme si mon attention ne pouvait se focaliser que sur un point/ une scène à la fois. J'essaye de fermer les yeux, le monde disparaît, je suis dans mes visuel, je les ouvre, il réapparaît et moi avec, c'est très bizarre et ça ajoute à la confusion.

Sur le plateau de l'ivresse fongique:

Avec mon frère on décide de marcher un peu, alors qu'il s'approche de moi, torse nu et en sarouel, je lui dit qu'il ressemble à un dieu grec, ça nous fait rire. En chemin je lui dit qu'il y a vraiment une impression de merveilleux et de facilité avec les psylo, que je comprends pourquoi ça à été traditionnellement privilégié au LSA (je parle ici de l'ololiuqui pas des HBW) qui lui était plutôt utilisé en période de manque de psylos (cf la nourriture des dieux de Terrence Mc Kenna).
Je remarque aussi que les mots prennent vie et marquent l'atmosphère une fois qu'il sont prononcés, leur pouvoir de façonner le réel et l'ambiance m'impressionne:
-Par exemple quand tu dis oui, le mot prends forme et l'ambiance deviens oui, tu vois ce que je veux dire?
-Ouais ouais.
-Et du coup c'est pour ça qu'il faut dire des mots jolis, pour que ça colore agréablement l'atmosphère, myrtille par exemple, on le dit pas assez souvent: myrtille!
On se pose quelques minutes sous un grand arbre, puis on revient en passant par le bosquet de pins situé derrière le cabanon, de loin on dirait que les arbres essayent d'engloutir la bâtisse.
Encore une fois je me sens fluide dans la douceur de l'atmosphère, comme un poisson dans l'eau.
On retrouve Barnabé, ça se passe bien pour eux aussi, j'essaye de lui expliquer mon raisonnement sur les mots, mais c'est impossibles je veux dire beaucoup trop de mots d'un coup, ma pensée me dépasse et en résulte une bouillie verbale parfaitement incompréhensible, Barnabé me regarde d'un air un peu dépité:
-Jonath, Jonath, calme toi on comprends rien de ce que tu dis!
Mais je suis trop euphorique pour pouvoir me calmer, je rigole et lui dit tant bien que mal que je lui expliquerai plus tard.
Ortense elle est entre les pleurs et le fou rire, je lui demande ce qu'il s'est passé, elle me dit que Barnabé à essayé de prendre une fourmi pour l'observer et il l'a écrasé par erreur, depuis elle est partagée entre tristesse sincère pour la fourmi et hilarité, pour ma part j'éclate de rire.
Barnabé est partant pour reprendre un cow-boy, je lui dis de faire comme il le sent, il en reprend un, je l'accompagne avec un vraiment tout petit (1 ou 2 mm au plus).
Je me repose sur le matelas, le ciel à encore changé, j'y vois maintenant pleins de visages et de corps humains qui bougent et s'enlacent dans des motifs improbables. Ortense me dit qu'elle à arrêtée de regarder les nuages parce que ça devient horrible au bout d'un moment. Elle part se balader avec Paolo dans le champs de vignes, je retourne à ma contemplation.

Et là je perçois comme un subtil changement dans l’atmosphère, je sens soudain une oppression physique, mes pensées sont projetées dans les nuages aux comportements organiques, et là, pêle-mêle, me submergent des images de mon passé, du travail, des bouts d'échanges que j'ai eu, sans que cela ait le moindre sens, je vois la scène depuis plusieurs points de vue en même temps, la notion de sens elle même disparaît, le passé le présent le temps le futur la logique, tout est au même niveau, égal et tourbillonnant au dessus de ma tête comme une espèce de masse chaotique qui s'appuie sur mon torse, c'est assez terrifiant, j'ai le réflexe de me dire qu'il faut que je me laisse aller, je ne dois pas lutter. Je reconstruirais plus tard, et je reconstruirais avec mes amis. Dès cette pensée émise, je me sens mieux et allégé, le sens commence à reprendre sens.
Cette épisode n'aura pas duré longtemps, 5 minutes au plus mais j'ai sentis toute la potentialité négative et terrifiante que pouvaient avoir les champis, ce trou noir vide de sens à continué à planer au dessus de ma conscience sans plus me perturber jusqu'à la redescente. Et après ces 5 minutes stressantes j'ai retrouvé ma bonne humeur et la douceur du trip.

Paolo et Ortense reviennent du champ, elle a mit une plume et deux grandes herbes dans ses cheveux, ça lui donne un air de gazelle, j'aime bien, j'ai l'impression en la regardant que je regarde une photo, quand je regarde à nouveau les nuages j'ai l'impression qu'ils sont peints à l'aquarelle, cet effet est commun au groupe le monde apparaît sous formes d’œuvres d'art.
La confusion aussi est commune (sauf peut-être pour Paolo qui semble plus lucide avec le LSD) nos échanges verbaux sont assez incohérents et finissent souvent par des éclats de rires. Je n'ai d'ailleurs retenu que peu de choses de ce qu'on à pu se dire pendant une bonne partie du trip, pareil pour les pensées parfois intéressantes que j'ai pu avoir, c'est un peu comme quand je fume du cannabis sur ce point là, la mémoire à court terme ne fonctionne pas vraiment au mieux.

Une voiture arrive, c'est notre ami Wolf qui passe nous voir, Paolo demande alors que l'on agisse comme si l'on avait rien pris pour voir si il s'apercevait de quelque chose, mais j'ai trop envie d'aller l’accueillir et dès qu'il sort de la voiture je m'élance en courant vers lui les bras écarté, je suis vraiment heureux de lui dire bonjour en lui donnant une franche accolade, ça le fait sourire.

On rejoins les autres, quand ils m'ont vu partir ils ont eu l'impression d'assister à un film ou deux bons amis se retrouvaient après avoir été longtemps séparés. Je suis content qu'il passe un moment avec nous, ça fait un repère auquel s'ancrer au besoin, j'annonce au groupe que Wolf est un totem ce soir, ils ne comprennent pas vraiment pourquoi je dis ça, forcément, ils n'ont eu que le dernier mot de mon cheminement de pensée. Wolf nous demande quel effet ça fait.
Barnabé lui fait la blague de début de trip en disant que ça n'agit pas sur nous mais sur le reste, on rigole à nouveau, Ortense demande alors sérieusement si ça agit sur nos cerveaux ou non? Je lui dis que non bien évidemment, elle me croit, je m'empresse de rétablir la vérité, elle me croit un peu moins, c'est dire la confusion qui règne dans nos esprits, je rigole un peu nerveusement.

Paolo et Barnabé ont envie de fumer et au vu de notre état à tous, Wolf se propose de rouler le pétard, problème, il n'est pas fumeur et n'as jamais roulé. Initialement Barnabé propose que je l'aide pour voir si on arrive spontanément à découvrir la technique pour rouler, je m'en sens tout à fait incapable, ce sera donc lui qui tentera d'apprendre à Wolf.
On continue de rigoler pour tout et rien, Wolf se prête au jeu et rigole avec nous si bien que par moment j'ai aussi l'impression qu'il à consommé des champis, ça brouille mes repères je ne fais plus bien la différence entre être sous l'effet des champis ou ne pas l'être. Par moment j'ai même la conviction de n'avoir rien pris, il a du mal à rouler le pétard et s'y reprends à plusieurs fois, si bien que j'ai la désagréable impression de revivre la scène en boucle, je lui demande alors si ça fait longtemps qu'il roule son pétard, il me dit qu'il ne sait pas trop.
Comment ça il ne sais pas trop! il est pas censé plus rien comprendre lui! Il à du percevoir la lueur d'inquiétude dans mes yeux car il me dit: «Ah! Tu veux un repère, oui ça doit bien faire une demi heure» me voilà rassuré, il y passe vraiment du temps sur son pétard!
Finalement, Barnabé arrive à faire un pétard convenable, seul Paul Barnabé et Ortense en prendront, vu l'effet déjà intense que j'ai et ma méconnaissance du cannabis je n'ai pas envie de faire dégénérer le trip en le potentialisant trop, de plus je suis dans l'optique de découvrir les effets de la psilocybine seule

Le soleil se couche, le tourbillon de l'esprit s'apaise:

Wolf nous annonce alors qu'il va partir, il est attendu à une soirée, on tente de l'en dissuader en vain.
Son départ laisse un vide, sa compagnie nous plaisait à tous, mais bien vite on enchaîne sur d'autres pensées.

Le soleil est bas, on décide de se lever pour assister à son couché, on se pose cent mètres plus loin sur un chemin qui borde le champ de vignes et un champ vide. Un trou dans la haie de roseaux nous laisse observer le soleil.
Il est vraiment magnifique, toutes les couleurs sont rehaussées et plus chaudes, je trouve la scène très poétique, les autres aussi trouvent l'ambiance poétique, je voudrais en dire plus pour décrire ce que nous vivons mais le seul mot que je répète est «poétique», si bien que j'en galvaude le sens, je la ferme donc pour que l'on continue à contempler en silence.
Cette zone est humide et nous faisons le bonheur des moustiques qui vivent ici, j'essaye de m'imaginer comment ils nous perçoivent, sans succès, la façon dont on perçois le réel est trop soumise à nos organes sensoriels...
Le soleil à presque disparu, je me relève pour le voir un peu plus, Ortense me demande comment est la vue debout:
-Y a plus d'orange.
Elle se relève
-Ah oui c'est plus orange.

On retourne au cabanon, je me sens toujours trippé, mais plus lucide, les pensées commencent à fuser moins vite, je suis moins monotâche et je retrouve une meilleure mémoire à court terme. Les visuels sont toujours là mais je les analyse moins, d'ailleurs de manière générale j'essaye moins d'analyser ce que je vit, les choses coulent toutes seules et se suffisent à elle même (tout l'inverse d'un début de descente au LSA ou j'ai tendance à cogiter encore plus et à m'y perdre un peu).

Barnabé part faire une petite marche, on parle un peu des couleurs, le soleil est couché mais les nuages passent du gris orangé au rose fushia pâle pour enfin retourner à un gris bleuté, ça fait vraiment très «cartoon» . Une première étoile apparaît, unique point brillant dans le ciel, elle semble l'aspirer, le drainer vers elle.
On se dit qu'on à de la chance de vivre ce que l'on vit, mais Ortense trouve cela dommage de ne plus rigoler et pleurer en même temps, elle aurait voulu que ça dure éternellement, j'essaie de lui dire que c'est le piège, que rien n'est éternel, sans grand effet.

Barnabé revient et Ortense émet le souhait de reprendre un champignon car n'a plus d'effet, cette idée ne me semble pas être la meilleur parce que je sens bien qu'elle n'a pas finis son trip, de plus je sais que les descentes se font parfois par vagues, elle est peut-être dans un creux.
Je lui dit quand même de faire comme elle sent, je me sens apte à gérer un problème si il se présente. Barnabé la suit, ils mangent un champi et roulent aussi un deuxième pétard qu'ils fumeront une nouvelle fois à trois.
Je sens qu'elle reste frustrée de ne pas retrouver son état de début du trip, elle nous dit aussi de ne pas fermer les yeux, que c'est horrible sans plus nous décrire ce qu'elle voit. Pour ma part, mon cerveau est apaisé et limpide de la confusion qui avait caractérisé la première moitié du voyage, l'effet à commencé à s'estomper en douceur et c'est très bien comme ça, j'accepte avec joie ce nouvel état.

Balade sous les étoiles:


Barnabé propose une balade nocturne dans la garrigue alentour, avec pour idée d'aller là ou nous étions déjà allés tout les deux lors de notre précédente expérience au LSA, nous sommes tous motivés à l'exception d'Ortense qui n'a envie de rien, elle accepte quand même de nous suivre à contrecœur.
Je me sens en totale liberté, la sensation d'avoir sans cesse à me justifier qui imprègne d'ordinaire ma vie m'a quitté, je glisse dans la nuit.
Le ciel sans lune n'empêche pas de se déplacer sans lumière, mais Ortense n'est pas de cet avis et veut marcher à la lumière de son téléphone, après que nous ayons essayé gentillement de la lui faire éteindre et essuyé un refus un peu sec nous la laissons faire.
Elle râle souvent et à la manière nerveuse dont elle fait danser la lumière de son téléphone sur les bosquets environnants je comprends qu'elle extériorise par ce biais le conflit interne qui semble secouer ses neurones, elle demande aussi sans cesse où on va et dans quel but.
je n'aime pas la voir dans cet état et essaye de l'apaiser par les mots en lui disant que ce qui compte ce n'est pas tellement le but mais surtout d'apprécier le chemin que l'on parcours (surtout que cette balade n'avait aucun but si ce n'est la balade en elle même). Elle me réponds que c'est des truc de hippies et qu'elle ne pense pas comme ça et qu'elle en à marre.
Je ne m'offusque pas, je sens bien qu'elle est plus troublée que moi, je lui propose alors de rentrer au cabanon mais Barnabé insiste pour qu'elle reste avec nous, ça lui tient à cœur. Soit laissons la extérioriser ses troubles internes sur nous, et si les mots sont actuellement sans effet le temps fera certainement son travail d'apaisement.

J'échange quelques mots avec mon frère, lui aussi se sent très serein, je lui demande si ce n'est pas trop différent avec le LSD, il me dit que non, il à suivi notre façon de tripper et s'est glissé dedans, je suis content que la synergie soit bonne.
Nous arrivons à un chêne au moins centenaire qui borde le chemin, son énorme houppier arrondi me fait penser à un gigantesque cerveau dont les branches aux inextricables ramifications en seraient les connexions neuronales.
Barnabé nous invite à venir dessous, pour Ortense c'est hors de question, je suis pieds-nu et l'arbre est entouré de chardons, je laisse donc Paolo et Barnabé y aller.
Ortense s'impatiente un peu et veut continuer la marche, après avoir roulé un nouveau joint qu'ils se partagent toujours à trois, nous repartons et assez vites le chemin s'enfonce dans un épais bosquet de pins, il semble absorber toute la lumière extérieure, c'est semble-t-il le point d'aboutissement de notre voyage.
A l'intérieur on ne distingue plus le chemin, c'est vraiment bizarre d'avancer comme ça à l'aveugle, j'ai un peu la sensation de flotter dans cette forêt. Avec Barnabé nous prenons un peu d'avance sur Paolo et Ornella que nous entendons rigoler derrière nous.
En regardant vers le haut des arbres on distingue le ciel bleu foncé en fond, le contour des branches forme une espèce d'immense fractale organique de corps humains enchevêtrés, liés les un aux autres, je me dis que je suis encore bien perché quand même.
Barnabé me propose de tirer sur son joint, mais je lui dis que je suis vraiment bien comme ça et que je veux vraiment n'avoir que les effets de la psilocybine, il insiste peu - c'est super d'avoir des amis compréhensif - mais me dit que chez lui ça potentialise quand même bien l'effet des champignons.
Après quelques secondes de contemplation nous ressortons du bosquet et retrouvons Paolo et Ortense, elle semble s'être calmée, on reste quelques temps assis sur le chemin en terre sèche, on parle peu, on est à l'écoute de la nuit.
Un sentiment se développe alors en moi, je me sens vraiment à ma place dans ce monde, je me sens être en simplicité sous les étoiles, l'incessante machine à analyser et à décortiquer les événements qu'est mon cerveau est passée sur une loi de fonctionnement beaucoup plus directe, il n'y a pas de questions à se poser, juste le moment présent. (d'ailleurs je n'ai mis des mots sur ce sentiment que bien après le trip, sur le moment je l'ai vécu sans l'analyser avec ma pensée rationnelle).

Le retour est bien plus calme, je ne me rappelle plus les conversations que nous avons eu à ce moment là, mais nous étions tous heureux de l'expérience vécue.
De retour au cabanon, je me suis assez vite endormi à la belle étoile, en contemplant les derniers visuels aux molles mouvances qui dansaient derrière mes paupières closes, heureux mais épuisé et vaguement confus quant à ce que je venais de vivre, pas anxieux pour autant car je savais que l'analyse viendrait après et que l'heure était au repos .
Relancé par le cannabis, mes compagnons de voyage auront beaucoup plus de mal à dormir cette nuit.
Au réveil, je me sens frais et disponible, animé d'une grande liberté et d'une sérénité profonde et durable.

En conclusion, je dirais que cette première expérience à été une franche réussite, le S&S était soigné(on aurait pu avoir une balance plus précise et mieux informer Ortense quand même) et ça à joué pour beaucoup, le petit passage proche du néant incite tout de même à ne pas tomber dans l'apologie éhonté pour la substance.
Et encore une fois je ne peu m'empêcher de constater avec une petite pointe frustration combien les mots sont faibles pour décrire une expérience d'une telle richesse.

Merci à ceux qui m'auront lu jusqu'au bout, en espérant que ce témoignage vous soit un jour utile, d'une façon ou d'une autre :D.

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Je tiens ici à faire une comparaison entre les effets du LSA et ceux des Champignons à psilocybine,
J'ai très peu de recul sur les champis, cette comparaison est donc un peu prématurée et je l'affinerai au besoin.
Je dirais que les champignons sont plus visuels et plus prenant que le LSA, on est plus absorbé par la substance, la pensée réfléchie se trouve par fois court-circuité par la magie du voyage, ainsi ma sensation d'avoir à me justifier à disparue lors de ce trip alors que je n'ai construit aucune pensée sur ce sujet pendant le trip, ce n'est qu'en analysant les choses à posteriori que j'ai mis des mots sur cet effet libérateur que j'avais simplement vécu à partir de la deuxième moitié du voyage.
Sous champignon, la réalité apparaît comme magique, un peu comme exprimée sur un support artistique (que ce soit de la peinture, le côté cartoon, ou film de certaines scènes)
Tandis que le LSA est beaucoup plus subtil, il nécessite plus de laisser aller, il n'y a pas cette sensation de confusion débilitante (au sens ou ça fait rire) que j'ai sentie sous champis, au contraire je me sens extrêmement lucide sous LSA, même si je traverse souvent une phase de pensées confuses aussi (au sens embourbées). Et si la réalité apparaît comme une œuvre magique sous champi, elle revêt un caractère sacré avec le LSA, la nature prends une allure divine et m'inspire un respect profond pour tout ce qui la constitue.
D'un point de vue physique les champis ont l'énorme avantage de ne requérir que peu de préparation (simple jeun de 6h) pour éviter de subir un bodyload désagréable, en revanche ils n'offrent pas les espèces de vibrations orgasmiques qui accompagnent tout mes voyages au LSA ( une très bonne description de cette effet trouvée sur le psychonaut wiki: The "body high" of LSA can be described as a mild yet pleasurable and soft tingling sensation. This is largely noticed in high doses and is accompanied by strong waves of physical euphoria which are usually manifested spontaneously at different unpredictable points throughout the trip but can also maintain a consistent presence ).

En conclusion, je reconnais que ces deux substances appartiennent bien à la même catégorie de produits, mais elles ont chacune leur identité propre, leur avantages et inconvéniants aussi, en somme je n'ai pas envie de dire que l'une est mieux que l'autre, elles ont un fond très similaires (dans ce que l'on peut apprendre sur soi et la réalité), la forme elle diffère.
 
D

Deleted-1

Invité
Super Tr ! Tu as vraiment bien décrit les phases du trip, en les accompagnant de quelques petits dialogues qui immergent d'autant plus dans le moment présent.

Il y a juste une phrase que je n'ai pas comprise, c'est lorsque tu écris : "le petit passage proche du néant incite tout de même à ne pas tomber dans l'apologie éhonté pour la substance." à la fin du Tr. Tu fais bien référence au moment où il y a eu une amorce de bad pendant cinq minutes ? et si oui, c'est quoi le lien que tu fais avec l'apologie ?
 

L'huitrerampante

Glandeuse pinéale
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4 Juin 2016
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Merci pour ce retour Laura :)

Oui dans cette phrase je fais bien référence à l'amorce de bad que j'ai eu, il faut comprendre cette phrase au sens: si je n'avais pas vécu ce moment ou j'ai senti que ça pouvait déraper, j'aurais passé un trip sans accroc et ça m'aurais surement rendu plus apologique dans ma façon de présenter la substance.
Cette petite mise en garde me pousse à dire de rester prudent.
 
D

Deleted-1

Invité
Ah oki, je comprends mieux alors. Effectivement on oublie souvent ces petits moments de doute et d'angoisse, en préférant se souvenir des bons côtés, et finir par idéaliser les trips qu'on a vécu (au long terme). Si dans un sens c'est la meilleure chose à faire pour tirer du positif d'un souvenir nostalgique, parfois ça peut poser quelques problèmes quand on s'y remet sans se rappeler que dans un trip on avance en équilibre, dans une illusion qui reste précaire.
 
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