Bonjour bonjour, je suis l'ami en question. Comment Mello vous a raconté, on a d'abord pris des douilles simples. Je lui ai ensuite préparé un mélange à la louche. Il a en effet pris une dose de cowbow comme je lui ai dit. Je vais, dans un premier temps, décrire ce que moi j'ai vu de lui pendant son trip, en tant que guide. Je pense que c'est un point de vue tout aussi intéressant. Ensuite on enchainera sur le mien.
Une fois qu'il a coulé sa douille, il garde la fumée puis expire. Il me regarde, je me dis qu'il ne se passe rien, et là d'un coup, c'est complétement dingue, je le vois partir. Il ferme les yeux, il se couche une première fois au sol, se redresse pour se rassoir, me regarde en me disant : "Non mais... c'est fou". Il se touche la main comme si il voulait enlever quelque chose, referme les yeux, baisse la tête, et reste comme ça deux bonnes minutes, la bouche ouverte. On aurait dit un mec bourré en train de comater.
Puis, d'un coup, il se redresse, et son bras gauche part en arrière, et je peux clairement comprendre qu'il ne contrôle pas son corps. J'ai pensé qu'il avait fait un peu d'acting au début, mais là, je suis juste ébahi. Son bras part en arrière, jusqu'à le ramener couché au sol. Il se prend la chaise, je m'empresse de l'enlever. Là il commence à débiter un flot de choses hallucinantes :
"Non mais arrêtez, c'est bon là. Nan mais c'est pas drôle sérieux, c'est bon, faut arrêter, ça me fait pas triper du tout là."
J'hésite à lui dire que je suis là, mais ce que j'ai lu sur les forums disent qu'il vaut mieux être calme pendant le trip. J'opterai finalement pour un :
"Tout va bien, on est chez toi, je suis là." en restant calme.
Ca a l'air de le faire aller mieux, et il continuera son trip, relativement calmement. Je me retenais d'exploser de rire devant l'irréalité de la situation et de ses mouvements. Il "nageait" dans l'air, littéralement. Il croyait qu'il le faisait, il décrivait sa situation, c'était assez dingue.
Le reste de son trip sera très tactile, comme il le dit lui même, avec beaucoup de mouvement et de paroles incompréhensibles. J'ai pu le voir tenter de s'autoconvaincre qu'il était toujours dans sa chambre, avec moi et... un autre pote qui n'était pas là du tout. Il a même lutté pour retrouver mon nom de famille :
"RAH MAIS SI, JE SAIS, Coton machin, ATTENDS JVAIS RETROUVER !".
Une fois sorti de la première "grosse" phase, il reprendra petit à petit conscience, on se parle, puis me demande de le laisser finir son trip. Il parlera de la vie et de pas mal d'autres choses existentielles pendant une bonne demi heure, alternant entre une description de son trip puis des trucs du genre "je vois plus le monde de la même façon". Moi à côté, je n'avais qu'une envie : prendre ma douille. Mais j'avais quand même une appréhension sur ce qui m'arriverait.
Mon impatience se fait sentir, je lui dis que j'ai envie de tenter l'expérience. Ma douille était déjà prête, je l'avais préparée pendant sa descente. J'avais mis moins d'extrait que pour lui. Finalement, il est prêt. Je coule ma douille. Rien. Juste une sensation bizarre au niveau de la tête, une espèce de lourdeur sur mon corps, mais rien de plus.
Je décide alors d'en couler une deuxième, en rajoutant un peu plus de 5X ce coup ci. Je la coule. Toujours rien, cette même sensation. J'ai l'impression que mon squelette est fait des pièces de fers des mécanos. Je me sens lourd, pesé, mais pas de vrai trip.
Qu'à cela ne tienne, je propose à Mello de m'en faire une dernière. Je mets une plus grosse dose de 5X. Je coule ma douille, mais je ne parviens pas à garder la fumée plus de 5 secondes. J'ai une remontée d'air, je recrache tout malgré moi, je tousse. Je suis déçu car j'ai raté ma dernière douille, je tousse pour reprendre de l'air. A noter que pendant ce temps, c'est Velvet Voyage du même auteur que la musique que Mello avait qui tourne. Je mets les paumes de mes mains sur mes yeux pour les essuyer et...
Et là je pars. Complètement. J'entends la musique, un rythme assez relaxant. Et ce qui va suivre est complétement fou et inédit pour moi. Je suis à la fois conscient et inconscient, c'est vraiment une sensation incroyable. J'ai du mal à décrire tout ce que j'ai vu, mais l'expérience a été pour moi très visuelle, et non pas tactile. J'avais l'impression de voir l'intérieur de mon corps, mais... j'étais fait de bloc rouges et noires, une sorte de robot en plastique. Je regarde ces rangées de blocs, et je veux tourner la tête pour les regarder, mais je n'y arrive pas, tout le monde tourne avec moi, au rythme de la musique. Je tourne, tourne, lentement, je me sens vriller, une sensation de pesanteur assez étrange, mais en même temps, je sais où je suis, je sais que c'est mon buste qui descend petit à petit vers le sol qui me donne cette sensation. Je n'ai toujours pas enlevé les paumes de mes yeux. Je continue ma lente descente. Quand je pense que je suis en fait dans une chambre, je sens une sorte d'obscurité qui tente de m'envelopper. Je fais l'erreur d'interagir avec mon guide, ce qui fait fuir cette obscurité. Je pourrai décrire cette épisode avec des images de parc d'attraction : dans certaines d'entres elles, les files d'attentes passent dans des endroit sombres, uniquement éclairées par quelques loupiottes. Un peu comme Euromir à Europapark, pour ceux qui y sont déjà allés. J'avais l'impression d'être attaché dans un tube sombre qui tournait pendant que je regardais mes blocs.
Une fois mon buste arrive quasiment au ras du sol, dans ma tête j'ai un tilt assez délirant : "Si mes cheveux touchent le sol, jvais être décoiffé !" (je me les coiffe avec du gel, et je déteste qu'on les touche). Je me stoppe. Le fait d'être plié en deux me tire dans les bas du dos, j'ai l'impression qu'on m'écrase. Je le dis à Mello, et je me couche. Je me retrouve sur le ventre, tentant de tripper, mais j'ai l'impression que c'est fini. Je me relève, enlève mes paumes de mains et parle avec lui. Je suis un peu déçu que ça finisse aussi vite. Il me conseille de me coucher, ce que je fais. Rien. Je remets mes mains sur mes yeux, et là je repars direct.
Ce coup ci, j'ai l'impression d'être fait de prise pour câbles jacks et de ces dit câbles. J'ai toujours cette vision d'être en moi. Je sens des jacks se détacher de moi, comme si je me séparais en deux. Assez étrange. Je rigole, un gros fou rire, comme j'en ai rarement, et je me rends compte, toujours dans mon monde, que j'ai les jambes regroupées sur mon buste. Je les couche au sol, et là je repars dans des fous rires.
Nouvelles sensations : j'ai l'impression que le tapis est un muret en béton et que je vais tomber si je bouge. Je suis mort de rire. Je me roule sur le côté pour me faire tomber, je suis complétement hystérique, mes rires redoublent d'intensité. Ca durera encore quelques temps, puis je finirai par me redresser et ouvrir les yeux. C'est fini. Pour de bon. J'aurai encore quelques sensations de pesanteur, mais rien de plus.
Mais quelle expérience ! C'est très difficile de poser des mots sur ce qu'on ressent. On ne se sent absolument pas partir, et l'imaginaire et le réel se fondent en une seule entité. C'est inédit, sidérant, magique. J'ai maintenant besoin de temps pour digérer tout ça avant de repartir en voyage avec Sally. Mon prochain trip sera préparé avec quelques ingrédients : la même musique, mais ce coup ci, dans la noir absolu. Pas un bruit. Quasiment aucune interaction avec mon voyageur, je ne veux rien qui puisse me ramener à la réalité. Je veux revisiter cette univers absolument hors normes.
J'étais sceptique quant aux trips que cette plante pouvait donner, mais là, je suis conquis. A bientôt Sally, la prochaine fois, toi et moi, on retournera visiter ce monde qui défie les lois de la physique, et on rira encore un peu plus.
edit : Ah oui, dernière chose. On dirait bien que la salvia fait ressortir des côtés de notre personnalité, mais puissance 100. A méditer.