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Combo LSA et psylocibes - Étrangeté en montagne

L'huitrerampante

Glandeuse pinéale
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4 Juin 2016
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Étrangeté en montagne:





Le set and setting:


Ayant 6 jours de libres et tout mes amis au boulot ou occupés, j'ai décidé de partir me retirer à la montagne, en solitude, pour pouvoir faire le point sur certaines choses de ma vie, notamment la cohérence de la voie professionnelle que j'ai choisie avec ma pratique de la spiritualité comme elle à évoluée ces dernières années. 
Comme je n’envisage pas de consommer un produit pour résoudre mes problèmes, j'ai passé les deux premiers jours à réfléchir sur ces notions avec l'esprit clair, de la méditation et de la respiration contrôlée, une fois satisfait des conclusions que j'avais tirées j'ai décidé de prendre des psychés.

Il faut dire que l'idée d'une prise de LSA dans ce lieu - bergerie isolée dans les Alpes, sans eau courante, électricité ni réseau téléphonique – et seul me trottait dans la tête depuis plusieurs années déjà.
De plus depuis ma découverte des psylos cet été l'idée de marier ces deux substances à aussi fait son chemin.

Conscient du danger inhérent à ma situation (sans secours humain possible) et des synergies fortes qui sont souvent observées entre les différents psychédéliques je décidais de commencer avec des doses respectivement faibles pour chaque produits.
L'idée d'aller dans l'inconnu, les récits de la prise de ces deux substance en combinaison étant très peu présents sur l'internet, m'excitait autant qu'il m'inspirait la prudence quant aux dosages. 
  
Il est aussi important de noter que je finissais de relire les ''portes de la perception'' de Huxley, et la vingtaine d'essais sur la vie mystique associés au texte. Ses écrits, fraîchement réimprimés dans mon cerveau, auront leur impact. Je vais donc beaucoup le citer, non point que je l'idolâtre mais il était bien dans ma tête à ce moment là.
D'ailleurs je ne peux qu'en conseiller vivement la lecture à quiconque s'intéresse avec sérieux à la spiritualité, ce sont des écrits remarquables sur bien des points.

C'est donc avec un esprit curieux et peu d'attentes (quand même une volonté de reconnexion) que j'ai consommé ces deux produit.

Au vu de la durée usuelle des produits, je décidais de commencer avec le LSA et de faire suivre les psylos une heure plus tard.

Voilà un récapitulatif des durées effectives des effets ce jour là :
t0 : prise du LSA
t+1h : prise des champignons et début de la montée du LSA
t+1h à t+2h : monté en puissance des deux produits
t+2h à t+7h : pic commun aux deux substances
t+7h à t+8h30 : descente et dissipation complète de l'effet des psylos
t+8h à t+12h : descente et dissipation complète de l'effet du LSA


La prise :


Lundi matin, 9h, j'ai limé, broyé et laissé macérer 30 minutes dans du citron puis 15 min dans du coca 4 graines de HBWR.
Je bois le tout d'un trait, je me sens physiquement bien et reposé, mais j'ai déjà un léger mal de ventre.
Je m'installe face au soleil levant, et lis l'essai sur le désert. Je fais régulièrement des rots et le goût atroce des graines me remonte dans la gorge ce qui me fait tressaillir de dégoût à chaque fois, je suis un peu nauséeux, mais rien de trop méchant.
Vers 10h je sens que la clarté divine propre au LSA commence à me saisir, il est temps de passer aux champignons, c'est donc 3 spécimens de psylocibe cubensis séchés, variété B+ ( 2 de taille moyenne et 1 significativement plus gros) que j'ingère avec plaisir :
''j'ai pris beaucoup de plaisir à les manger, le goût est incomparablement meilleur à la potion bue il y a une heure'' le texture me rappelle encore une fois celle oubliée depuis longtemps de la chair.


Une montée dans le présent:


Une fois le tout ingéré, je pars m'allonger au bout du pré sur un petit matelas et je me met à regarder le ciel et les arbres qui sont là, je prends aussi le soleil.
Je suis physiquement bien, et je ressens surtout les effets du LSA pour le moment, avec les vibrations caractéristiques qui parcourent mon corps.
Je dois rester comme ça une demie heure environ, puis je commence à avoir soif.
Je me relève pour aller chercher une bouteille d'eau et mon regard se pose sur la forêt de pins et de mélèzes qui fait face au pré, je suis alors frappé d'un sentiment d'étrangeté, le monde m’apparaît un peu comme une chose ''alien''. Je perçois la nature autre (non-humaine) de la nature, ça se passe vraiment à un niveau non-verbal c'est un ressenti.
Les deux effets sont bien présents.
En passant prendre la bouteille je note sur mon carnet : ''capacité cognitive et mémoire OK. On se rend plus compte des erreurs de fonctionnement du cerveau ''
Je repars avec ma bouteille et déplace un peu le matelas de jardin pour être sous le pin du bout du pré et ne pas cramer au soleil.
Et je reste allongé à ne rien faire pendant un long moment, il n'y a pas un souffle d'air si bien que j'entends très bien les bruits alentours, petits oiseaux et insectes. Soudain j'entends un long floussshh qui caresse l'air loin au dessus de moi, je pense tout d'abord à un parapente tant le bruit et prégnant et semble occuper soudain tout mon espace sonore, mais j’entends alors deux battement d'aile puissants et le rapace reprend son plané à travers la vallée.
Je n'avais jamais prêté attention au bruit des ailes d'un oiseau qui plane et le prendre comme ça en pleine face m'a remplis d'un sentiment de plénitude profond.
Tout ça bien sur je ne l'avais pas mis en concept sur le moment, ''j'étais dans le présent et tout était bien''
Et justement après avoir remarqué mon bien être, j'ai essayé d'imaginer comment le faire perdurer dans ma vie de tout les jours, et là, le cerveau tournant à cent à l'heure j'ai commencé à échafauder tout un tas de théories et à imaginer des situations futures et au plus je conceptualisai et m'éloignai du moment présent au plus mon sentiment de bonheur se dissipait.
Non pas que ça m'a rendu triste sur le moment, j'en étais tout simplement conscient, l'idée de mécanique régissant le bonheur m'est alors apparue avec une clarté inédite, l'occasion m'était donnée de l'éprouver.
J'ai touché là une règle simple, on ne peut être pleinement heureux que dans l'instant présent, qui seul est éternel - ''Dans cet éternel périr'' comme l'a écrit Huxley - et ressasser le passer ou anticiper le futur ne font que nous éloigner de ce bonheur. C'est bête et méchant, et je l'avais déjà lu maintes fois, j'avais même commencé à l'expérimenter mais en ce jour je le vivais d'une manière limpide, j'étais face à une mécanique bien huilée.

Je retournais donc sous le haut-vent pour coucher cette pensée sur le papier. Encore une fois la nature alentours était absurde et étrangère à moi même, mais ça me laissait assez indifférent je le constatais juste avec une pointe d'amusement.
Autant avec le LSA elle m’apparaît comme sacrée et divine (belle) la plupart du temps et sous champi comme magique, merveilleuse et un peu folle. Autant là elle était complètement différente de moi, étrange, ni belle ni laide.
Je pense que le côté alien est lié à l'effet des psylos et le détachement respectueux que j'en ai eu m'a été permis par le LSA.


Pertes de repères :


La suite du voyage est beaucoup plus bordélique, mes repères et ma façon de penser ont étés fortement altérés et j'ai été difficilement capable de prendre des notes.

A noter que j'ai passé l'essentiel de ma journée allongé dans le pré, la tête sur un oreiller et sous une coolverture moelleuse avec de l'eau et des fruits secs à mes côtés, ce qui n'a pas aidé à garder des repères. Il y a aussi mon téléphone que j'avais coupé la nuit et rallumé au matin qui m'affichait une heure complètement fantaisiste (pas de réseaux donc il à commencé à minuit quand je l'ai allumé vers 7h) ce qui à encore plus brouillé les choses pour moi.

Après ma réflexion sur le présent je suis retourné l'éprouver dans le hamac, j'ai pensé à l'enfance.
Et en fait les gosses sont beaucoup plus dans le présent que les adultes, ils sont encore emprunt de la ''grâce animale'' (Huxley toujours ^^) ils vivent pleinement le présent mais n'en sont pas conscient, je le vois bien, ma tante garde des maternelles à la maison, quand ils parlent du futur ou du passé ils ont une difficulté extrême à conceptualiser plus loin que demain ou hier, le plus souvent après demain est équivalent à dans une semaine ou un an. Et en devenant adulte on s'extrait du présent et on apprend à séquencer nos vies, faire des plans et ressasser le passé.
C'est pourquoi on s'émerveille souvent quand on voit des enfants jouer ou s'impliquer dans n'importe quelle activité, et que la conclusion de beaucoup en matière de bonheur est de ''retourner en enfance'', je suis assez d'accord mais je nuancerais par '' retourner en enfance en en ayant la conscience''
Encore une fois je comprenais tout, mais cette fois ci j'en étais détaché, je ne le prenais pas personnellement, et je savais que je n'en pouvais tirer aucune fierté et que je n'en devais surtout pas chercher de reconnaissance, ça aurait été me dévoyer et trahir la mécanique du bonheur, qui tout implacable qu'elle est, aurait finit par me broyer en retour.
J'ai aussi vraiment eu l'impression de surfer sur les paradoxes.
Et dès que je me disais que j'avais acquis une certaine sagesse, je sentais que je la perdais aussitôt, comme ''L'Arhat qui médite sur le fait qu'il est Arhat, cesse par là d'être Arhat'' (A.Huxley).
J'étais donc pleinement conscient d'un des dangers sur le chemin du pratiquant spirituel :
La récupération égotique d'une de ses avancées sur sa voie, ce qui au mieux en fait une personne avec un fort égo spirituel et dans le pire des cas un gourou qui essayera d'imposer sa vision des choses à des personnes plus naïves à toute fin de renforcer encore son estime de lui, détruisant par là son bonheur et celui de ceux qui le suivent.
En même temps on ne peut pas garder une expérience comme celle ci uniquement pour soi.
Je suis quelqu'un d'un naturel solitaire - je suis aussi parfaitement conscient que quoique qu'il advienne on naît seul et on meurt seul - mais, et j'ai réactualisé ma conscience de ce fait à la lumière de ce combo détonnant, il est absurde de vouloir vivre seul et d'être heureux par soi même, mon bonheur est inextricablement lié à celui des autres humains.
Ainsi, si je comprends des choses sur le bonheur, je me dois d'essayer de les partager, mais quand je le fais je suis bien conscient de l'impossibilité des mots à décrire ce que j'ai vécu, je sais aussi que mon système de pensée n'est pas la vérité et que tout à déjà été dit, néanmoins si l'humanité ne veut pas tomber dans l'attachement aux mots (on voit bien ce que ça amène dans certaines religions...) il faut, je pense sans cesse reformuler et réactualiser la description des mécanismes du bonheur.

C'est d'ailleurs pour ces raisons et dans cet état d'esprit que je m'efforce aujourd'hui de retranscrire mon expérience et pour avoir une autre formulation de ce que je dis je ne peux que conseiller le cours essai '' la réalité et les mots'' d'Huxley (toujours dans le recueil de texte qui accompagne les portes de la perception).

Fort de ces réflexions, je décidais que j'allais les écrire sur mon carnet, une fois debout j'ai senti une vague d'énergie monter en moi et je me suis mis à courir et à danser dans le pré jusqu'à la bergerie.
C'est un des effets remarquable de ce combo je trouve, je me sentais à la fois plein d'énergie des champignons et apaisé par le LSA, et ce sans que ce soit conflictuel, j'ai fait le choix de rester calme la plupart du temps me laissant aller à quelques éruptions par moment mais j'aurais très bien pu passer le trip à danser (alors que j'aime pas trop ça à la base)
Arrivé à mon carnet ça m'a paru complètement impossible et vain d'écrire ce à quoi je venais de penser j'ai simplement marqué : ''Expérimentez !''
J'ai aussi noté que mes pensées et ma mémoire étaient maintenant fortement affectées, j'avais aussi le sentiment d'avoir mangé du ''pain de l'âme''. Et je le pense toujours, les psyché que je connais sont pour moi de la nourriture spirituelle*.
*à consommer avec modération, voir conditions dans tout les centres de RDR participants.

J'étais heureux et avais la sensation de m'être trouvé, et en même temps j'ai commencé à sentir que j'étais complètement pommé dans ma notion du temps et ma perception de l'espace (il devait être environ 13h). à plusieurs moment aussi je me sentais normal, comme si je n'avais rien pris, ou plutôt je ne discernais plus ce qui venais des produits de ce qui était habituel.
J'ai eu envie de me mettre dans le noir complet pour voir ce qui allait se passer.
Il y a une petite bergerie secondaire en dessous de la première, dans la forêt, construite par un de mes oncles dans sa jeunesse et elle à l'avantage d'être très sombre.
Au moment ou je me décidais à y aller je me disais, tiens je vais peut être vivre une mort renaissance, ce sera un peu comme l’œuvre au noir alchimique, je vais me dissoudre dans l'univers.
Bref j'étais empli d'attentes.
En descendant dans la forêt, je me suis alors mis à danser la danse du pèlerin -celui qui pèle- et j'enlevais les peaux de mes attentes quant à ce que j'allais vivre, à mesure que je dansais, je me sentais de plus en plus libre et calme et j'entrais dans la bergerie avec un esprit vidé.
Une fois la porte et le volet bien fermé, je me suis allongé sur un matelas à même le sol et me suis enfoui sous une coolverture. Je ne sais plus exactement quelles étaient mes pensées à ce moment là, mais j'étais très calme et apaisé, je me sentais un peu hors du monde.
Niveau visuel le volet laissait passer une mince raie de lumière qui se diffractait et était irisée de milles couleurs sur les bords, les yeux fermés ou sous la couette je voyais des formes arrondies qui ondulaient mollement, l'intérieur de ces formes était quadrillé de lignes d'énergie électrique organisées de manières très géométrique, c'était pas des couleurs très flash ou vive, plutôt une lumière sombre au ressenti électrique et organique à la fois, un peu comme des touts petits fils de néons qui luiraient faiblement dans le noir. C'était joli et ça se passait d'interprétations.
Ça évoluait lentement et dessinait des sortes d'architectures en plusieurs dimensions.
Au niveau auditif aussi j'ai eu de fortes hallucinations, j'entendais des notes de synthétiseur au loin, et dans mon cerveau il y avait pleins de bruits électroniques (bruit de modems, bip bip et autres buzzer) un peu comme si on le triturait avec des instruments modernes et étranges. C'était pas désagréable et encore une fois ça n'a pas engendré d'interprétations particulières de ma part, c'était juste là.

Je suis resté un bon moment, bercé par cette musique étrange dans le noir, puis j'ai décidé qu'il était temps de revoir le soleil.
Le monde environnant était toujours aussi absurde insensé et non humain, les troncs d'arbres gonflaient un peu aussi et il y avait des couleurs en plus sur certaines surfaces.
Dans la forêt qui fait face au pré, les arbres étaient un immense parterre de tentacules épineux qui se boursouflait lentement et si j'observais à la fois la forêt et les montagnes plus hautes en arrière plan, j'avais l'impression que celles-ci étaient à l'envers comme si le haut de ma vision était inversé, ça aurait du me terrifier mais ça me laissait en fait terriblement indifférent et je n'ai par la suite que très peu prêté attention aux effets visuels de ce combo (alors que d'habitude ça m’intéresse tout particulièrement), le monde était déjà tellement absurde en soi que le fait qu'il bouge, qu'il soit à l'envers ou pas aux bonnes couleurs ne changeait rien à sa nature fondamentalement autre.
Après un moment qui m'a paru fort long dans cet état je me décidais à aller voir l'heure qu'il était,
sûrement 15h30 pensais-je, mais non le téléphone indiquait un truc comme 7h20 (soit 14h20) ouch la distorsion était extrême j'ai encore écris '' fortes pertes de repères''

Je suis donc allé m'allonger un peu dans la bergerie histoire d'avoir un environnement un peu plus humain sous les yeux, mais toute chargée des symboles laissé par ses visiteurs au cours des dernières décennies qu'elle était, je ne me laissais pas abuser par cette illusion de familiarité, je sentait que quoiqu'on y fasse sa nature était aussi essentiellement non-humaine.
Un peu déprimant mais j'étais prêt à accepter cette vérité. Je restais un long moment à ressasser et à essayer de formuler et théoriser cette notion d'étrangeté, et pourtant le temps n'avançait toujours pas, il n'était toujours pas 15h.
En plus j'entendais des bruits dans la forêt, sûrement des animaux, mais j'avais aussi l'appréhension que ce soit un ou des humains. J'avais tout sauf envie d'une interaction avec quelqu'un à ce moment là, qui aurait très certainement tourné à mon désavantage.
Je sortais donc régulièrement vérifier qu'il n'y ai personne autour ( légère parano mais j'étais pas plus flippé que ça).
Je commençais juste à en avoir un peu marre de tourner en rond et à trouver le voyage un peu long,
avec toujours les bonnes vieilles questions dans le genre mais pourquoi j'ai pris ces substances ? Ça va finir un jour ? (Je me les suis quand même bien moins posées que pour pas mal de mes trips)
J'organisais donc ma journée du lendemain et les tâches que j'allais accomplir, mais pour rester dans le présent je me forçait à me dire je ferais ça et ça, sans imaginer comment je ferais ces choses ni y mettre d'attentes. Ca m'a aidé à passer le cap des 15h que je trouvais particulièrement difficile, je me suis aussi dit qu'une fois le soleil couché j'irais marcher jusqu'à une ruine (Jevis) ou il y a du réseau pour remettre mon téléphone à l'heure.
Je m'efforce depuis de garder cette façon d'organiser les choses dans ma vie, je me fixe des plans à plus ou moins longue échéance ou des choses à faire (en essayant de pas trop surcharger quand même) et c'est tout, je ne perds plus (enfin j'essaye au maximum) mon temps à les anticiper sans fin pour au final les vivres moins intensément et avec moins de naturel (surtout pour des choses stressantes).

Ensuite je suis retourné une énième fois dans le champ pour m'y allonger, et j'ai décidé d'y rester jusqu'au coucher du soleil. Je me suis remis à écouter le bruit des ailes d'oiseaux fendant l'air, fascinant et apaisant. Comme je suis resté longtemps silencieux et immobile il y a des petits oiseaux qui sont venus sur les basses branches à à peine un mètre de moi, ça m'a fait plaisir que je ne leur fasse pas peur et qu'ils vivent leur vie tranquillement sans se préoccuper de moi. J'ai aussi senti que l'effet des champignons commençait à diminuer un peu.
Je suis resté fasciné par la lente progression de l'ombre sur le pré, j'étais heureux d'assister à ce lent changement, je me souviens avoir beaucoup pensé aux humains d'il y a quelques siècles qui ne savaient pas si le soleil allait se relever après qu'il ait disparu sous l'horizon, ça devait être une source de peur pour beaucoup d'entre eux. Et en fait moi non plus je ne savais pas si il allait revenir, j'en étais presque certain mais bon qui sait, la terre allait peut-être exploser entre temps sous l'impulsion de quelques humains malintentionnés, je pouvais aussi mourir dans mon sommeil de tout un tas de choses, mais à l'inverse de mes ancêtres terrifiés à l'idée qu'il ne reparaisse pas, j'acceptais avec sérénité que ce soit mon dernier coucher de soleil et je savourais chaque seconde de sa lente course et chaque photon qui me communiquait son énergie.
J'ai aussi pris conscience de l'assourdissant silence de la montagne qui reparaissait entre chaque pépiement d'oiseau et chaque bruissement dans les feuillages, tu sais, ce tout petit sifflement dans les oreilles qu'on entends quand tout les autres bruit ont disparus (je crois que ça vient de la vibration naturelle des cellules ciliées). Et une fois ce bruit remarqué j'ai eu une difficulté extrême à ne pas l'entendre en permanence, surtout jusqu'à la fin du voyage mais j'ai continué de le remarquer fréquemment pendant encore deux trois jours.
Avec la confusion je ne savais pas si c'était une hallucination auditive, un acouphène que j'aurais attrapé pendant le trip ou le bruit naturel du silence.
Ce qui m'a rassuré c'est que de temps en temps quand il y avait du bruit autour ou que j'étais très concentré sur autre chose je ne l'entendais plus, mais j'y repensais alors tout de suite et me remettait à l'entendre, bref un peu mauvais délire surtout quand tu commences à le prendre personnellement et à te demander pourquoi ça t’arrive à toi et si ça va durer toute ta vie...
Je compris alors pourquoi la plupart des humains ne supportent pas de rester plus de 45 mins dans une chambre anéchoïque.


Retour au calme :


Une fois le soleil passé derrière les montagnes, je suis retourné à la bergerie prendre un pull, je me sentais significativement moins trippé et avec pas mal d'énergie, c'est donc d'un bon pas que j'ai fais le chemin jusqu'à Jevis (la bergerie en ruine), une bonne partie de mes pensées ont étés parasités par ce bruit dans mes oreilles, j'ai aussi commencé à analyser et démêler un peu ce que j'avais vécu.
Sur place, il était 17h00 j'ai profité d'un rab de soleil d'environ trente minute, le lieu étant nettement moins encaissé que la bergerie, ce qui m'a bien fait plaisir.
Je ne suis reparti qu'avec l'arrivé du froid, je sentais que le plus gros du voyage était passé, les champis avaient finis leur bal et le LSA n'allait pas tarder à suivre.
Une fois de retour à la bergerie je ne voulu pas m'enfermer de suite et je suis resté dans le pré au chaud sous la coolverture jusqu'à ce que le soleil quitte complètement les sommets les plus hauts des montagnes.
Je suis resté longtemps à observer fixement le ciel d'un bleu de plus en plus profond et sans nuages aucun, j'avais l'impression de me faire aspirer par celui-ci et de me fondre dans le bleu et toujours ces bruits d'ailes, rapaces ou volées de mésanges, qui m'ont apporté un grand réconfort sonore.
J'ai aussi assisté à l'étrange danse de gros moucherons, qui montaient et descendaient à la verticale au dessus de mes yeux à un rythme effréné, un peu comme des ascenseurs fou, je trouvais cette dépense d'énergie parfaitement démesurée et encore aujourd'hui je me demande ce que ça leur apporte de faire des va et vient comme ça !

Ensuite - vers 19h - je suis allé m'allumer un bon feu de cheminé, j'ai mangé un avocat et du riz au lait en contemplant les flammes, j'ai aussi relu mes notes de la journée avec une pointe d'amusement
ainsi que ce que j'avais écrits les jours précédents.
En parlant d'amusement, je dirais que je ne me suis absolument pas amusé (âme user) ce jour là, j'avais vraiment la sensation de m'être un peu plus trouvé et d'avoir fait quelque chose d'utile à ma vie. Mais c'est vraiment parce que j'avais décidé de vivre ma journée de façon spirituelle, je sentais que ces deux substances étaient aussi compatibles avec une optique plus sociable et moins introspective.
Je suis resté encore un bon moment à observer les flammes et le rougeoiement des braises, je me sentais plus détaché des choses et de mes sensations qu'a l'habitude, j'avais pris du recul.
Bon y avait toujours ce petit bruit qui m'embêtais et qui me laissait une pointe d'angoisse quant au futur de la qualité de l'aspect sonore de ma vie.

La fatigue est arrivée peu avant 21h et en me levant pour aller me coucher j'ai pu constater que j'étais de retour à la sobriété.
Cette nuit là j'ai dormis 11h d'une traite, d'un sommeil profond et sans rêves.
Au matin je me sentais vraiment bien dans mon corps et ma tête, le sentiment d'étrangeté et de détachement par rapport à la nature et aux sensations qu'elle m'offrait à perduré de manière diffuse jusqu'en milieu d'après midi.
Et le silence à aussi lentement repris sa place de bruit que j'entends occasionnellement, et ce de manière très significative une fois de retour dans la société !


Conclusion :


Rétrospectivement, je dirais que outre ce que cette expérience m'a apportée sur mon chemin personnel, et qui est un effet exclusivement Set dépendant et non reproductible à l'identique, je trouve la combinaison de la psilocybine et du LSA intéressante.
Absorbé ainsi, très peu de bodyload (un tout petit peu la première heure), un ressenti mental clair même au plus fort de la perte de repères (paradoxal moi ? Noooon!) et au niveau énergie j'ai trouvé ça à la fois sédatif et stimulant, mais dans le sens ou ça laisse le choix.
Les deux substances se marient bien, les effets n'entrent pas en conflit et si j'ai bien ressenti ce qui était issu de l'un ou de l'autre des produits, la résultante dépasse quand même la somme de l'action individuelle de chaque produit en produisant une expérience et des ressentis nouveaux.
Je pense qu'il faut l'aborder avec les mêmes précautions d'usage que pour n'importe quel psychédélique, sauf en ce qui concerne le dosage, j'ai trouvé la synergie particulièrement forte (et du peu que j'ai pu en lire je ne suis pas le seul) en effet, avec une dose respectivement faible pour chacune des substances j'ai vécu une expérience d'une très forte intensité (relativement à mes autres expériences).
Je ne peux que conseiller d'y aller molo avec les dosages.

Et puis j'ai découvert le bruit d'une aile d'oiseau qui fend l'air, et ça, ça n'a pas de prix ! 
 
D

Deleted-1

Invité
Cool cool le Tr ! tu as eu bien profité en usant ton âme :)

En tout cas c'est intéressant ta description d'accéder au bonheur via le moment présent, mais c'est pas évident d'arriver à ne plus penser, enfin pour ma part j'ai du mal à ralentir le flot de pensée dans ma tête, j'essaye au mieux d'avoir des pensées englobant toutes les autres, de manière à ne pas avoir à analyser, donc une simple idée ou la connaissance d'un simple concept m'aide à être dans le moment présent sans trop penser, là où avant j'aurais tout décortiqué pour en saisir le pourquoi du comment, et lutter contre mes angoisses de me faire dépasser par mes propres ressentis.

Aujourd'hui je ne crois pas au bonheur, juste au fait d'être heureux par-ci par là, mais ce n'est peut-être qu'une question de choix lexical en comparaison avec ton propos. Je me dis que la meilleure façon d'être heureux, n'est pas de chercher à l'être, mais plutôt de tendre à limiter les déplaisirs. Il y a là dedans une certaine recherche de la neutralité, et ça peut paraitre mortifère parfois de ne pas rigoler parce que je n'en ai pas envie, mais j'essaye comme ça de réduire les excès de souffrance en profitant des kiffes, sans passer d'un extrême à l'autre et d'en ressortir déboussolé, en subissant les variations de mes humeurs.
 

L'huitrerampante

Glandeuse pinéale
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4 Juin 2016
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214
Merci pour le retour,

Oui ne plus penser ça me parait pas trop possible à moi aussi (ou extrêmement fugace), en revanche il est possible de ne pas s'accrocher à chacune de ses pensées et de les laisser se dissiper d'elles mêmes, en arrêtant de les nourrir, ce qui nous rend plus présent et nous permet de demeurer l'esprit disponible et à l'écoute dans un état de ''pleine conscience'', c'est cet état que j'ai atteins à plusieurs reprise avec des psyché certes mais aussi dans des moments du quotidien.

En ce qui concerne le bonheur, j'y crois optimiste que je suis :) et je ne considère pas ça non plus comme le fait d'être heureux par ci par là ( ou comme une succession de plaisirs éphémères) . Je suis aussi d'accord que pour être heureux il ne faut pas chercher à l'être (au sens se poser la question en permanence de savoir si on est heureux ou pas).
En revanche je ne pense pas que juste limiter les déplaisirs puisse rendre heureux.
Pour moi c'est plus un sentiment/état durable qui découle d'un état d'esprit altruiste et libéré d'un attachement fort à son égo. Et je pense qu'en cultivant cette façon de voir le monde, en apprenant à ne pas s'attacher à nos émotions et projections et en se rendant compte que l'on ne peut être heureux seul, jour après jour on clarifie et stabilise cet état (sans le chercher en permanence, encore une fois c'est une conséquence).
 
D

Deleted-1

Invité
Je vois ce que tu veux dire, faut inscrire le bonheur (ou l'état heureux) dans un temps long pour l'atteindre et le vivre pleinement, mais j'ai du mal à me défaire de l'idée qu'il y a plus de micro déplaisir au quotidien, que de plaisir. Enfin si j'étais juste un esprit errant, tout irait pour le mieux, mais mon corps me rattrape toujours, et c'est lui qui me procure tous ces déplaisirs, et qui font que je ne me sens pas heureux assez longtemps pour dire que je le suis.

J'ai toujours un truc qui me démange quelques part, une gêne musculaire, articulaire, nerveuse, bref mon corps me saoule autant que je le kiffe pour sa sensibilité et sa vigueur, mais le plus dur c'est de vivre avec lui plutôt qu'être juste dans mon esprit je trouve. Je pense que l'idée de bonheur vient d'une extinction/dissociation du corps de l'esprit, c'est à dire qu'en se distançant de ses passions et affects, de ses désirs, on subit moins les hauts et les bas de son corps, et l'esprit est plus posé, plus tranquille, plus heureux...
 

Xochipilli94

Holofractale de l'hypervérité
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Chercher le bonheur en se distançant des passions, désirs et affects, et de tout sentiment trop corporel est le fondement même su stoïcisme.
Pour les écoles eudémonistes en règle général (donc stoicisme, épicurisme et quelques autres). Le bonheur n'est pas un sentiment de l'instant présent (comme peut l'être le plaisir) avec donc un début et une fin (alternance avec le déplaisir) mais un constat qui est fait a posteriori sur l'état et la qualité de notre vie. Alors bien sur cela sous entends de ce satisfaire de chose simple (ce qui rejoins pas mal la notion du bonheur du moment présent que tu évoques et qu'on retrouve pas mal dans le bouddhisme notamment). C'est pour cela que parfois le mot félicité est préféré au mot bonheur pour les traductions des textes philosophiques antiques.

Je trouve que ça rejoins pas mal vos propos dans le sens où même si c'est un quête profonde de tout être, ce n'est pas un but qui est atteignable dans le présent. Seulement une sorte de félicité qu'on reconnait sur un temps long.

Sinon plus directement sur ton tr, j'ai déjà envie de dire, quel trip ! Ça avait l'air vachement cool, c'est typiquement le genre d'expérience que j'aimerais vivre (ou plus souvent du moins). Au niveau des dosages, est-ce que pour toi ta dose de LSA et de champignons te paraissait moyenne ou forte ? (si jamais tu les avais déjà pris indépendamment du même "batch").

Par ailleurs j'ai trouvé très intéréssant cette partie:

Je suis quelqu'un d'un naturel solitaire - je suis aussi parfaitement conscient que quoique qu'il advienne on naît seul et on meurt seul - mais, et j'ai réactualisé ma conscience de ce fait à la lumière de ce combo détonnant, il est absurde de vouloir vivre seul et d'être heureux par soi même, mon bonheur est inextricablement lié à celui des autres humains.

Je me reconnais pas mal dans ce que tu dis. D'un côté le bonheur est une quête éminament attaché à notre être, notre existence propre. C'est assez intime. Mais dans le même temps force est de constater que l'on ne serait rien si l'on était pas façonné par les autres, d'abord par nos parents puis par des pères spirituels en qui on peut se reconnaitre philosophiquement pour mieux aiguiser nos conceptions.
Au fond c'est ça la nature de nous autre mammifère, on érige un patrimoine de savoir acquis qu'on transmet de génération en génération qui fait qu'on peut savoir pour une jeune vie plus de 3000 ans de réflexion sur la sagesse et le bonheur. Le plus dur étant après de s'appliquer à la sagesse, du mieux qu'on peut.

Par contre c'est par la suite que je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi, je ne pense pas qu'il faille sans cesse réactualiser les mécanismes du bonheur. Je pense que les mécanismes (que nous identifions similairement) sont profondément ancrés en nous et qu'il faut justement s'y tenir le plus simplement possible pour réussir à s'adapter à chaque épreuve nouvelle de la vie. Alors certes il y a cette ambivalence entre "authenticité/radicalité" et adaptation. Mais je ne place pas le curseur au même endroit.

En tout cas je suis assez étonné à la lecture de ce tr, les psylos pouvant être parfois assez mindfuck et le LSA parfois trop porté sur les effets physiques, au final tu as réussi à obtenir le trip que tu cherchais.
C'est vraiment cool, respect !
 

L'huitrerampante

Glandeuse pinéale
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Merci pour ce retour Xochi,

Effectivement, ''félicité que l'on reconnait sur le temps long'' se rapproche assez de ma conception du bonheur, et pas étonnant que tu trouves des liens avec le bouddhisme dans ce que je dis, c'est un courant de pensé qui m'inspire beaucoup ;)

En ce qui concerne la réactualisation, ce n'est pas tant les mécanismes qu'il faut réactualiser car il sont immuable (ou comme tu le dit profondément ancré en nous) mais c'est leur description qui est à mettre à jour régulièrement selon moi.
Par exemple admettons que quelqu'un les comprenne bien et les expliques, il utilisera forcément des images et métaphores, pour les décrire ainsi que la voie permettant de l'atteindre. Et si ses paroles éclaireront certaines personnes et leur permettrons d'atteindre la félicité c'est parfait, mais il y aura forcément des gens qui ne saisiront pas les subtilités ou sens cachés de ses paroles (quand le sage montre la lune, l'idiot regarde le doigt) et sa parole finira interprété et déformé jusqu'à ce que le message initial se perde. (c'est comme cela que je considère les textes religieux en tout cas, qui ont été écrits par des grands mystique ayant fait l'expérience directe de la ''réalité ultime'' des phénomènes et qui l'ont transmis à leur manière, et qui se retrouvent utilisés pour justifier des actes à l'exact opposé de ce qui était initialement transmis )

Alors pour les dosages:
-les psylos viennent du seul batch que je n'ai jamais consommé donc peu de comparaison, mais individuellement je les ai trouvé assez mindfuck en effet (mais c'est probablement pareil avec les autres psylos tu me diras), et avec la dose que j'ai pris dans le combos prise individuellement j'ai déjà de bons effets
-pour les HBWR, ils viennent d'un pochon inépuisable (800 graines commandées il y a qq années je crois ^^) et avec 4 graine j'ai une expérience qui en général laisse un souvenir marquant. Et pour le côté physique du LSA, il est clairement très atténué par la façon dont je le prépare (en potion).
Mais il y a une telle part de subjectif avec l'intensité d'une expérience déjà dans la manière dont on la juge et ensuite c'est des prod dosés par mère nature (d'une graine à l'autre ou d'un champi à l'autre ça varie pas mal) que c'est dur d'extrapoler à autrui, mais je dirais que c'était individuellement deux dose faible à moyenne

Après je sais pas si j'ai obtenu le trip que je cherchais vu que je savais vraiment pas à quoi m'attendre, mais ce qui est sur c'est que c'était un voyage bien enrichissant et intense !

Et pour te répondre Laura, c'est sur que j'ai la chance d'avoir un corps qui ne me fait que rarement souffrir, je ne sais pas si j'aurais la même vision que toi dans ton cas....
 
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